Chapitre 89
Quelques jours sont passés, sans que je n'ai de nouvelles d'Isaac. Il n'avait pas répondu à mes messages. Je commençais à m'inquiéter quand, par des bruits de couloir, j'ai appris qu'il venait de rentrer aujourd'hui.
Je prétexte à Vildred un passage aux toilettes, pour pouvoir sortir de son bureau pour rejoindre celui d'Isaac.
Quand j'arrive devant, il en sort, s'apprêtant à la fermer à clé.
— Salut, je lance.
Je suis contente de le voir. Je suis surtout curieuse qu'il m'explique ce qu'il s'est passé ces derniers jours.
— Salut, réplique-t-il sans émotion dans la voix, et sans m'accorder un regard.
Ce qui me frappe subitement, c'est sa froideur. Il semble avoir retrouvé l'attitude qu'il avait quand on s'est rencontré. Je me raidis alors, ne m'étant pas préparée à des retrouvailles aussi détachées. Je décide néanmoins de passer outre, me disant qu'il y a sûrement une raison extérieure qui explique sa distance.
— Comment tu vas ?
Il fait pivoter sa clé dans sa serrure et la range ensuite, ne décidant visiblement pas de m'accorder un regard.
— Ça va.
Sa voix semble détachée, et il ne paraît pas vouloir apporter plus de détails.
— Je t'ai envoyé pas mal de message, et ne voyant pas de réponse, je me suis un peu inquiétée, j'avance alors.
— J'étais occupé, réplique-t-il brièvement, sans émotion.
— Est-ce qu'on peut aller parler ? Je lui propose alors, désirant éclaircir la situation.
— C'est à propos du travail ?
Je reste quelques secondes figée, étonnée de la distance qu'il continue d'instaurer et de faire perdurer.
— Non...
— Eh bien, ça attendra. J'ai un programme chargé et beaucoup de retard à rattraper.
Je ne sais pas quoi répliquer. J'ai l'impression que cette scène est irréel, tellement je ne m'y attendais pas.
— ...
Je reste sans voix.
— Si tu permets.
Je me décale alors pour le laisser passer, et le jeune homme s'en va, me laissant comme une idiote devant son bureau. Je reste quelques secondes, figée, essayant d'intérioriser et de comprendre ce qu'il vient de se passer.
Tout se bouscule dans ma tête. J'essaie de passer en revue tout ce qu'il vient de dire, mais, je ne peux ne pas me rendre à l'évidence. L'absence de message depuis ces derniers temps montre définitivement qu'il a choisi d'être distant avec moi. Et quelque chose me dit que ce n'est pas uniquement parce qu'il était occupé.
À vrai dire, je suis un peu troublée. Je ne m'attendais pas à ça. Le début du week-end qu'on avait passé avait pourtant été idyllique.
Je reviens m'asseoir à mon bureau, livide et préoccupée, emprisonnée dans un silence terriblement déconcertant.
***
L'appartement de Laura n'est pas très grand, mais très bien aménagé. J'avoue avoir un petit faible pour son immense lit, rembourré d'une multitude de coussins et recouverts d'épaisses couvertures. Allongée, je fixe le plafond songeuse, alors qu'elle range quelques vêtement dans sa penderie.
Je n'ai pas arrêté de penser à Isaac depuis ce matin. J'essaie de m'expliquer sa froideur, mais je ne veux pas trop m'avancer, continuant de penser naïvement qu'un élément extérieur explique sûrement son détachement.
— Laura...?
— Mmmh ?
La jeune femme continue de trier ses vêtements par couleur, très concentrée.
— Quand tu as passé la nuit avec un garçon et qu'il ne te calcule plus les jours qui suivent, ça veut dire que c'est mort ?
La jeune femme se retourne subitement vers moi, écarquillant les yeux de surprise.
— Attends...QUOI ? Qu'est-ce que je viens d'entendre ?
Elle pose ses vêtements s'assoie sur le lit m'adresse un regard espiègle, que j'essaie alors d'éviter, un peu embarrassée. Ma question était sortie toute seule, sans que je n'y ai véritablement réfléchi. Je me rends compte que j'ai pensé à voix haute.
— Laisse tomber, je sais ce que ça veux dire..., je souffle, pessimiste.
— Attends, mais tu as rencontré quelqu'un ? S'exclame-t-elle trop heureuse d'être dans la confidence.
Je n'aurais peut-être pas dû lui en parler. Je ne peux pas lui dire qu'il s'agit d'Isaac.
—...
Je reste silencieuse, ne sachant quoi répliquer.
Laura comprend alors que je souhaite rester évasive concernant cet événement. Et, elle semble le respecter.
Elle reprend un semblant de sérieux.
— Mmmh. Et bien, je dirais que ça dépend, se met-elle alors à réfléchir.
— Je n'aurais jamais dû aller aussi loin, je déplore alors.
— Si c'est quelqu'un d'habituellement occupé, je pense que tu peux ne pas forcément t'inquiéter.
— Même s'il n'a répondu à aucun de mes messages ?
— Aucun ?
— Aucun.
— Est-ce que tu as essayer de le voir en vrai, directement ?
— Je l'ai croisé.
— Et alors ? Me questionne-t-elle.
— Rien. Froid, distant. Je lui ai proposé de parler et il a écourté la conversation.
— Ah oui...
Je saisis un coussin et l'enfonce désespérément dans ma tête,
— C'est mort...
— Vildred avait raison. L'amour n'en vaut pas la peine. Regarde, moi, depuis que je suis passé à autre chose après ma rupture avec Brandon, je me sens encore mieux que durant la relation, renchérit-elle, en faisant voler gracieusement une mèche de ses incroyables longs cheveux bruns, lisses et brillants.
— Attends, t'es en train de citer un conseil d'un mec qui ne ressent aucune émotion, je réplique en lâchant un petit rire.
Laura sourit.
— C'est vrai. Mais, il n'a pas tord quand il dit que l'énergie qu'on met dans nos relations pourrait être investie d'une bien meilleure manière dans d'autres projets personnels.
Je me mets alors sur le ventre, croisant les bras devant moi et lançant un regard espiègle et curieux à la jeune femme.
— Et, c'est quoi tes projets ?
La jeune fille pince légèrement ses lèvres, esquissant un sourire quasiment imperceptible et mystérieux.
— Me faire vengeance.
Je me redresse alors, surprise par sa réponse.
— Te faire vengeance de quoi ? De qui ?
— T'as tes petits secrets, j'ai les miens, réplique-t-elle en se relevant soudainement.
Elle se dirige à nouveau vers sa penderie, pour continuer de ranger ses vêtements. Je comprends qu'elle ne parlera pas.
— En parlant avec Vildred, tu sais ce qu'il fabrique ? Je lui demande.
— Sûrement des choses de mecs sans émotion, déclare-t-elle, en rigolant, visiblement pas autant alarmée que moi.
— Sérieusement. Il sort souvent le soir et la nuit.
— Ça t'étonne ? Il traine souvent dans les bars. Rien d'alarmant, Sherlock.
Je secoue la tête, pas convaincue,
— Je ne pense pas. Je crois qu'il y a autre chose qu'il garde secret.
Laura se tourne de nouveau vers moi, et hausse un sourcils, se décidant à m'écouter.
— Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
— Tu ne trouves pas ça étrange qu'on n'avance pas, concernant Bella ? Que le type le mieux formé à traquer des gens n'ait aucune info ?
Laura s'assoit de nouveau sur son lit et plisse les yeux.
— Tu penses qu'il enquête en douce ?
Je hoche la tête.
— Ça ne serait pas étonnant.
— Et pourquoi il ne mettrait pas l'Enclave au courant ?
Je hausse les épaules.
— Pour l'argent. S'il découvre quelque chose d'important seul et qu'il n'implique pas l'Enclave, il sert uniquement ses propres intérêts. Et si contrepartie financière il y a, il empoche tout. Et tout seul.
Un petit silence s'en suit alors. Laura se met alors à réfléchir et finit par hocher doucement la tête.
— Mmmh. Pas idiot comme supposition.
— Après, je n'en ai aucune certitude. Je ne peux malheureusement pas sortir la nuit pour le suivre, étant donné que les vampires me traquent.
Un sourire étrange se dessine alors sur les lèvres rouges de la jeune femme.
— En effet, tu ne peux pas.
Je détourne mon regard et me remet sur le dos, fixant l'air pensive le plafond, dont je commence à connaître par cœur tous les détails.
Comme on vient d'évoquer l'Enclave, mes pensées dévient sur ses autres membres, plus particulièrement les membres du Conseil, rentrés très récemment.
Un plus particulièrement.
— Le type du Conseil, avec les cheveux argentés et longs, tu sais qui c'est ?
Laura hoche la tête.
— Alhorn Griffins, un puissant chaman, et entre autre, le bras droit d'Ingrid.
Je me redresse à nouveau et plisse les yeux, ayant un flot de questions remontant à la surface.
— Un chaman, c'est comme un sorcier ? Je demande alors.
Laura penche légèrement sa tête sur le côté en signe d'hésitation.
— Pas exactement. Ce n'est pas vraiment les mêmes pouvoirs. Griffins vient de Sibérie, d'une tribut de chamans assez réputée. Les chamans ont des facultés plus « douces ». La plupart du temps ils sont guérisseurs et se prête à des actes de voyances. Je dirais qu'ils sont encore plus connecté aux esprits que les sorciers, plus spirituels, m'explique-t-elle.
— Ce sont donc des gentils sorciers ?
Laura laisse échapper un petit rire.
— Griffins est tout sauf gentil. Il est froid et antipathique. Mais, en soit, oui. Si les sorcières usent de leurs pouvoirs entre autre pour attaquer, ce n'est pas le cas des Chamans. Ils s'en servent uniquement pour guérir ou pour communiquer avec les esprits de la nature.
— Donc, c'est quelqu'un avec de hautes responsabilités, j'en déduis, pensant alors à voix haute.
— C'est quelqu'un de respecté à l'Enclave. Mais, pour être honnête, je ne le côtoie jamais. Il préside le Service Juridique.
— De toute hasard, est-ce que Bella aurait eu des problèmes avec lui ?
Laura fronce les sourcils. Étonnée de ma question.
— Pourquoi tu me demandes ça ?
Je détourne le regard, fixant dans le vide.
— Un pressentiment.
Laura se met alors à réfléchir. Quelques secondes s'en suivent alors avant qu'elle ne brise le silence.
— Bella a eu des problèmes avec beaucoup de monde. Mais, je me souviens d'un jour où j'ai interrompu une conversation assez virulente entre les deux.
— Virulente ?
— C'était peu avant sa disparition. Je ne saurai pas dire sur quoi cela portait, mais, je me souviens qu'il lui avait attrapé vigoureusement le poignet et qu'elle avait des larmes de colère dans les yeux. C'est la seule fois d'ailleurs où je l'ai vu aussi troublée. Elle avait l'air d'habitude si sure d'elle.
— Tu penses qu'il avait découvert ce qu'elle mijotait ?
Laura hoche légèrement la tête.
— Sûrement. Et, cela ne m'étonne pas. C'est un homme observateur et intelligent.
Soudain, un détail me revient en souvenir.
— Tu m'as dit qu'il travaillait au Service Juridique ?
— Mmmh mmh.
— Est-ce que tu sais s'il s'est occupé il y a une vingtaine d'année d'une affaire concernant les meurtres qu'a commis l'oncle de Bella ?
Laura acquiesce.
— C'est possible. Il devait être en début de carrière. Il préside ce service depuis tant d'années.
— ...Et ça expliquerait aussi pourquoi leurs relations étaient tendues. J'imagine qu'elle ne devait pas l'apprécier, s'il a voulu envoyer quelqu'un de sa famille en prison. Et inversement, il devait se méfier d'elle comme elle était un loup-garou.
— Si tu veux mon avis, il avait découvert ce qu'elle mijotait. Ça fait un bout de temps qu'elle trainait avec les vampires. Ces derniers veulent plus de libertés, et se détacher de l'Enclave pour pouvoir outrepasser les lois qui les empêchent de s'attaquer librement aux humains. Je pense qu'elle leur transmettait des informations confidentielles de l'Enclave.
Je fronce les sourcils.
— Pourquoi elle ferait ça ?
— Parce qu'elle est dangereuse, Linda. J'ai travaillé avec elle. J'ai vu toutes sortes de choses peu morale, qu'elle se permettait de faire. C'est une arriviste et une opportuniste. Et parfois, on aurait même dit qu'elle était habitée par le démon. Je te le dis, cette fille à vendu son âme au diable. J'ai un très mauvais pressentiment. Ce qu'elle prépare avec les vampires est sûrement terrible, murmure-t-elle.
— Et qu'est-ce que l'Enclave peut faire ?
— En réalité ? Pas grand chose. On ne pourra rien contre une horde de vampire déchaînés. Ils sont bien trop entraînés. L'Enclave est qualifiée pour protéger les humains des Surnaturels, mais pas pour se protéger elle même. Et encore moins des vampires.
— C'est ce que Stan t'a dit ?
— J'ai côtoyé Stan pendant des mois. Je sais que ses ambitions sont fortes et qu'il veut avant tout anéantir l'Enclave. Et, quoi de mieux de soudoyer une ancienne employée pour arriver à ses fins ? Voilà la place qu'occupe Bella dans cette histoire. Elle leur sert à échafauder un plan contre l'Enclave. Ils vont s'insurger. Et, très bientôt.
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