Chapitre 80
Je voulais juste vous prévenir qu'à partir d'aujourd'hui je vais essayer de publier des chapitres tous les deux jours.
Je voulais infiniment vous remercier pour vos si gentils commentaires et messages. Je les lis tous. Vraiment. Et c'est toujours très enrichissant pour nous, auteurs, d'avoir ces commentaires, puisqu'ils nous permettent de savoir ce qu'il plait ou pas. Ils ont donc un impact direct sur la qualité de l'histoire. C'est vraiment ça qui me motive à continuer d'écrire et à vous sortir des chapitres, qui j'espère, sont de qualité. Cette histoire est assez particulière pour moi parce que de toutes celles que j'ai écrites jusque-là, je pense que c'est celle avec laquelle j'ai pris le plus de plaisir à travailler.
On m'a posé la question, donc je vais le préciser ici pour que vous puissiez tous y avoir accès : j'ai prévu un grand nombre de chapitres. Je dirais qu'il y aura encore autant de chapitres que ce qu'il y a actuellement. De nombreux rebondissements vous attendent, en espérant que vous puissiez continuer d'aimer cette histoire autant qu'elle est chère pour moi.
Avec toute la reconnaissance que j'ai pour vous,
~ Apo-Logie ~
~*~
Les trajets en voiture avec Isaac sont si apaisants.
On ne fait pas grand chose à part se concentrer sur la route, mais j'aime l'ambiance. Il me fait écouter de la musique, me fait découvrir des coins de la Louisiane, tout en discutant de choses et d'autres.
Un soleil radieux illumine la route. La fenêtre grande ouverte, je laisse le vent balayer mon visage. J'aime la vitesse. J'aime cette sensation de liberté.
J'aperçois Isaac sourire, quand il voit sur mon visage la simple expression du bonheur.
— Quoi ? Je souris à mon tour, alors qu'il me fixe tout en conduisant.
— Rien. J'aime juste te voir sourire.
Je détourne mon regard pour le repositionner sur la route.
— Il y a quelque mois, ma vie était misérable. Cette liberté, c'est ce que j'ai toujours voulu, je réplique, en laissant mon regard se perdre dans mes souvenirs.
— Je ne peux pas effacer de ta mémoire la violence que ton père t'a fait subir. Mais, je peux te créer de nouveaux souvenirs. Je peux te persuader que tous les hommes ne sont pas mauvais.
Je dirige à nouveau mon regard vers lui, touchée par sa prévenance. Isaac est quelqu'un bienveillant. Par dessus tout.
— J'aurais aimé connaître quelqu'un comme toi quand j'étais plus jeune.
Ça m'aurait aidé à tenir, c'est certain. La simple présence d'Isaac m'apaise et me fait me sentir en sécurité. Je ne peux pas me l'expliquer. C'est la seule personne avec qui je ressens ça.
Mais, j'ai du me construire et faire face aux abus de mon père, seule. Quelque part, c'est aussi ça qui m'a forgée, qui m'a appris à me méfier des autres, à me méfier des personnes qui sont censées être les plus proches de moi.
— Crois-moi que je n'aurais pas laissé ton père faire tout ce qu'il a fait.
Je souris.
— Je ne savais pas que tu avais un coté beau-parleur, je réplique, d'un air taquin.
Mais, le jeune homme reste très sérieux. Dans son regard règne une lueur vive et pugnace qui, je dois reconnaître, ne me rends pas insensible.
— Ce n'était pas des paroles en l'air. Tu le verras ce week-end : les loups-garous sont des créatures très soudées qui ne laissent personne porter atteinte aux membres de la meute. Nous avons l'esprit de vengeance, et bien plus que tu peux l'imaginer.
Je laisse ma tête se poser contre la fenêtre, tout en maintenant mon regard au niveau de ses beaux yeux ambrés.
À ce moment-là, je n'avais pas encore percuté que j'allais en avoir la confirmation ce week-end.
— Mais, je ne suis pas loup-garou, je murmure.
Isaac repose son regard sur la route, en accélérant un peu plus le véhicule.
— Peut-être, mais, disons que tu fais quand même partie de mon troupeau à moi.
Je souris à nouveau. Il ne le voit pas, mais je sais qu'il le sent. C'est un loup-garou. Ils savent reconnaître les émotions de ceux qui les entourent. Ce sont des êtres empathiques, même si leur principal défaut est de parfois se laisser emporter par leur propres émotions, à défaut de trop ressentir celles des autres.
Une onde d'angoisse soudaine me fait alors frémir.
— Tu crois qu'ils m'accepteront, eux ?
— Ton avantage principal, est que ça ne peut pas être pire pour toi, me répond le loup-garou, en laissant échapper un petit rire.
— Merci de me rassurer, j'ironise, en appuyant ma tête sur ma main.
— Fais-moi confiance, Prior. Si je t'emmène ici c'est que je sais que ça ne va pas mal se passer.
Je hoche succinctement la tête.
— Y a des trucs que je ne dois pas dire ou pas faire ? Des genres de choses spéciales concernant la culture des loups-garous et leurs coutumes...
Isaac pince ses lèvres et se met à réfléchir.
— Mmmmh. Tu as raison de me poser la question, parce qu'ils pourraient très sérieusement se méprendre si tu prononces certains mots. Par exemple, les mots « lunaire », « lunatique », ou l'expression « décrocher la Lune », par exemple. Inutile de t'expliquer qu'ils peuvent réactiver chez les loups-garous un certain traumatisme face à l'objet de leur malédiction.
— Ah oui ? Sérieusement ? Je réplique, partagée entre la surprise et l'inquiétude.
Isaac laisse échapper un petit rire.
— Je te fais marcher, Prior. On est des gens normaux.
Ma naïveté finira par m'achever.
Je croise les bras sur ma poitrine.
— Normaux à quelques détails près, oui.
— Normaux 27 jours sur 28 si tu préfères, me souris Isaac.
Apres avoir traversé une longue route boueuse dans une forêt oubliée, on arrive dans une sorte d'immense clairière qui fait office de village, ressemblant à celui de Bella que j'avais été amenée à visiter il y a un certain temps.
Des enfants et des adolescents qui étaient en train de jouer dehors s'arrêtent brusquement pour s'avancer avec suspicion vers la voiture.
— Ils guettent les étrangers. Les plus jeunes s'adonnent souvent à cette tâche, et vont prévenir le reste de la meute des venus, m'explique le jeune homme.
Un peu anxieuse, je reste adossée sur moi fauteuil, observant frénétiquement les mouvements de foule.
— Ils sont nombreux...Je murmure.
— Tu veux un conseil ? Si tu veux être acceptée des adultes, fais-toi accepter des plus jeunes, poursuit-il avant d'enclencher le frein à main et d'ouvrir la porte.
Quand les enfants les reconnaissent, un élan d'enthousiasme et d'excitation se propage dans la foule.
— C'est Isaac ! C'est Isaac !
Dans les yeux des jeunes, je perçois de vraies ondes de bonheur. Je souris alors. Je ne savais pas qu'il était autant populaire.
J'ouvre la porte et sors à mon tour.
Trois enfant, une petite d'environ six ans, et deux petits d'environ quatre ans accourent vers le jeune homme pour sauter dans ses bras. Ce dernier s'accroupie devant eux, alors que de leurs petits bras ils serrent contre eux le loup-garou.
— Tu es revenu, Isaac ? Lance la petite avec une onde d'espoir un peu triste dans les yeux.
— Pour le week-end. Et regardez ce que j'ai pour vous.
Il se relève, se dirige vers l'arrière du pickup et récupère un des sacs de jouets pour le poser au sol. Il leur en tend alors un chacun.
Surexcité, les autres se précipitent autour de nous pour en recevoir un à leur tour.
Isaac me fait signe de l'aider à les distribuer. Silencieuse, je me prête à la tâche, attendrie par cette joie enfantine.
— Eh ! Isaac ! On peut s'avoir pourquoi tu as ramené l'humaine qui se fait passer pour Bella ? L'interpelle un adolescent un peu plus loin sur le ton de la provocation.
Enchantée de même.
Isaac saisit un ballon dans le sac et le lance sur le garçon, qui face, à la puissance du tire, perd l'équilibre en le rattrapant.
— Pour tous vous emmerder, lui répond-il.
L'adolescent s'approche alors de nous, l'air suspicieux, tout en me dévisageant.
— Non, mais sérieusement.
— Elle ne se fait passer pour Bella, Steven. Elle m'aide à la retrouver. Comme on entend tout et n'importe quoi que elle, j'aimerais que vous apprenez à la connaître. Tu n'es pas assez con pour croire naïvement les rumeurs que tu entends ? Ça ne m'étonnerait pas venant de toi, réplique Isaac, un sourire taquin aux lèvres.
— Arrête de dire que je suis con, rétorque le garçon un peu piqué, en s'approchant du loup-garou faisant mine de le défier
Isaac lui ébouriffe les cheveux avant que l'adolescent tente d'exécuter une prise contre lui, et finit par le lâcher alors qu'il se débat.
— T'as intérêt à venir jouer au basket avec nous.
— Je viendrais, Steven, lui répond le jeune homme.
L'adolescent se tourne vers moi et me désigne du menton.
— Amène-là avec toi. Je la testerais.
Il tourne alors les talons, en gardant précieusement avec lui son nouveau ballon et va rejoindre son groupe d'amis.
— Est-ce que ça veut dire qu'il me laisse une chance ? Je lui demande.
— Peut-être bien. Steven est une tête brûlée. Un peu provocateur mais c'est un gentil. Il me fait penser à moi au même âge, déclare-t-il.
Je souris alors, en continuant de distribuer les jouets.
Isaac me confie régulièrement qu'il était un adolescent pugnace et un peu rebelle. Il semble avoir changé. Il ne m'a pas expliqué pourquoi, mais je sens qu'il y a encore toute une partie de l'histoire qu'il ne m'a pas raconté.
Je m'aperçois que petit à petit des gens sortes des maisons, prévenus par les enfants, nous encerclant alors qu'on termine de vider le sac de jouets. Je lève les yeux vers la foule qui devient à vue d'œil plus que conséquente. Une montée d'appréhension me fait frémir.
— Mon Dieu...Le village fait quelle taille ? Je murmure le souffle coupé.
— Bienvenue chez moi, Linda, me sourit Isaac.
Deux jeunes adultes se démarquent de la foule et avance vers nous : un homme d'à peu près l'âge d'Isaac, peut-être un peu plus, un peu baraqué, les cheveux noirs longs et attachés en chignon, et une jeune femme blonde enceinte, les joues roses et parsemées de magnifiques taches de rousseur.
— C'est pas vrai ! Je n'y ai pas cru quand les jeunes sont venus nous prévenir de ton retour. Mais, si, c'est bien toi ! Lance le nouveau venu.
Un sourire espiègle se dessine subitement sur le visage d'Isaac. Il lui fait alors une accolade virile.
— Ne vous emballez pas. Ce n'est pas un retour définitif, Jack, réplique-t-il.
Il se tourne ensuite vers la femme pour la prendre elle aussi rapidement dans ses bras.
— J'y crois pas, Jenna...Tu es enceinte ! S'exclame-t-il.
Jack fait alors passer son bras au niveau de la taille de la jeune femme.
— C'est Sam qui est content. Lui qui fait que de nous réclamer un petit frère, réplique-t-il, alors que l'un des petits d'environ quatre ans et qui était venu nous voir au début, vient nous rejoindre, son nouveau jouet à la main.
Jack se baisse à son niveau pour le prendre dans ses bras.
— Félicitations ! Je suis tellement heureux pour vous, réplique alors Isaac, le regard sincère.
— Ne tarde pas trop, Isaac, si tu veux que nos futures enfants fassent les quatre cent coups ensemble ! Le taquine alors Jack.
Isaac ignore sa remarque et dirige enfin ses yeux sur moi. Il se racle la gorge, et pose sa main sur mon épaule pour m'engager dans la conversation.
— Jack et Jenna sont des amis d'enfance très proches, m'explique-t-il.
— Je vois. Ravie de vous rencontrer, je réplique poliment, en hochant doucement la tête.
— Je vous présente Linda. Je sais que vous avez entendu parler d'elle. Et, je sais aussi que pas forcément en bien.
Le couple hoche la tête.
— En effet. Mais, nous on te fait confiance, Isaac. Tu le sais bien, réplique la jeune femme.
— J'aimerais que la meute apprenne à la connaître. Il y a beaucoup de rumeurs à démentir, renchérit Isaac.
Jack hoche la tête et me tend amicalement sa main.
— Eh bien, dans ce cas, bienvenue, Linda.
— Merci, je réplique en lui adressant un sourire reconnaissant.
On se tourne alors vers la foule. Tout le monde nous observe, en chuchotant. Certain me dévisage d'un regard mauvais et d'autres attendent silencieusement qu'il se passe quelque chose.
— Tu devrais prendre la parole, Isaac. Ils n'attendent que ça, murmure alors Jenna, un peu inquiète.
Le loup-garou hoche alors la tête en contemplant ses semblables.
— Chaque chose en son temps. Je le ferai une fois qu'on sera posé.
Soudain, surgit de la foule une jeune adolescente, interpellant Isaac. Je la reconnaît assez rapidement, grâce à ses longues tresses blondes vénitiennes.
Elle accoure alors vers lui pour finir dans ses bras.
— Maddie ! Mon Dieu...! Comme tu grandis de jour en jour ! Une vraie femme...! S'exclame-t-il, après s'être détachée d'elle, ses mains posées d'une manière fraternelle sur ses deux épaules.
Elle n'a pas le temps de répliquer qu'une voix masculine forte s'élève dans la foule et nous interrompt.
— Isaac. Le retour du fils prodigue.
On lève alors nos yeux vers le nouveau venu, que je reconnais à l'instant même où j'entends le son acerbe de sa voix.
Le visage d'Isaac se renferme subitement. Son sourire disparaît et les traits de son visage se durcissent alors.
— Parker.
Le cousin de Bella s'écarte de la foule pour s'avance vers nous.
— Je vois que tu n'es pas venu seul, renchérit-il en posant un regard froid et méprisant sur moi.
Je croise les bras sur ma poitrine, le défiant du regard et décidant de rester silencieuse, même si je meure d'envie de l'insulter après ce qu'il a fait. C'est lui qui fait colporter des rumeurs à mon égard dans les deux meutes, après avoir fait tourner des documents confidentiels sur mon passé.
Mais, tout le monde nous observe. Je ne dois faire aucun faux pas, si je veux gagner leur confiance. Et puis, je sais aussi que Parker a une place importante au sein de la meute de Bella. Beaucoup sont de son côté et le croient. Face à eux, je ne peux rien faire.
Moi qui était heureuse de ce week-end, je ne suis plus sure d'être autant enthousiaste. Séjourner avec Parker n'était pas prévu, et visiblement, Isaac ne semblait pas au courant.
— Qu'est-ce que vous faites là, Maddie et toi ? Vous n'êtes pas auprès de votre meute ? Le questionne froidement Isaac.
— J'avais quelques missions à remplir. Et, j'ai amené avec moi Maddie pour la former un peu, lui répond-il. Et toi ? Quel bon vent t'amène ici ?
— C'est ma meute, au cas où tu l'aurais oublié. Je ne pense pas avoir besoin de me justifier.
— Après l'avoir abandonnée pendant des mois ? Tu reviens un jour par-ci, un jour par-là, sans jamais véritablement te poser et remplir tes engagements. Alors, tu crois vraiment que la question ne se pose pas ?
Le regard d'Isaac change subitement. Un élan de colère l'anime alors. Ses poings se serrent et ses muscles se tendent. Je me mets alors entre les deux hommes pour le calmer et l'empêcher de commettre un geste qu'il pourrait rapidement regretter.
— Arrête, Isaac. Ça n'en vaut pas la peine, je lui souffle alors.
— Écoute ta copine, Isaac. Apparemment, à ça tu y es habitué.
— Crois-moi qu'on continuera cette conversation, bien assez tôt.
— Ça c'est une d'évidence. Viens Maddie. On a encore beaucoup de chose à faire, l'interpelle Parker alors qu'il commence déjà à nous tourner le dos.
La jeune adolescente de quatorze ans alterne son regard entre les deux hommes, visiblement embarrassée. Je sens chez elle qu'elle est attachée aux deux.
— ...Maddie ! Réitère plus fortement Parker.
La jeune fille finit finalement par suivre son cousin, après m'avoir adressé un regard mystérieusement silencieux dont je n'ai pas pu déceler le sens.
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