Chapitre 7
Retourner à Seventh Ward malgré les mises en garde de Vildred?
C'est bien ce que j'allais faire.
J'étais consciente du risque que je courrais, mais j'avais bien trop envie de visiter cette fameuse bibliothèque dont Nathanaël m'avait parlé.
Le seul problème?
Pour y rentrer, il faut scanner au niveau de la machine devant le portail du bâtiment, le dos de la main, au niveau du tatouage que tous les Surnaturels ont, sûrement pour éviter que les humains s'y aventurent.
Même si je ne suis en fin de compte sûrement pas une humaine, je n'ai pas ce tatouage, donc ne peut m'y introduire seule.
J'attends qu'une fille ouvre la porte pour accourir à son niveau avant qu'elle ne se referme.
Par chance, la fille me laisse passer avec elle, sans poser aucune question, ni même se retourner vers moi.
Le sourire aux lèvres et me félicitant de cette victoire en me disant que c'était trop facile, je m'aventure dans la petite cour qui était dissimulée par le haut portail. Elle mène à un vieux bâtiment en briques qui ressemble à une sorte d'usine désaffectée qui a probablement été réhabilitée en bibliothèque.
J'enfile alors la capuche de mon sweat sur ma tête et range à l'intérieur ma chevelure rousse qui ne passe pas inaperçu. Je n'ai pas vraiment envie qu'on me prenne à nouveau pour Arabella.
Je farfouille pendant des heures dans les ouvrages de la bibliothèque, me plongeant sur les histoires palpitantes des premiers Surnaturels de la ville. Je ne vois pas le temps passer.
Quand je relève mes yeux des pages des vieux livres, je me rends compte que la nuit est largement tombée sur La Nouvelle Orléans.
La bibliothèque s'est vidée et je ne suis plus que la seule ici.
Je commence doucement à angoisser. Je ferme les bouquins et les repose rapidement sur les étagères, avant de me dépêcher de rejoindre la sortie.
Sauf qu'au moment où je franchis la porte pour regagner la cour et sortir de l'enceinte, je me rends compte qu'il y a le même dispositif de sécurité « filtre humain » que celui à l'entrée.
Aïe.
Je remarque immédiatement que trois types adossés contre un des hauts murets de la cour me fixent avec insistance. Je perçois dans leurs yeux une lueur malsaine.
Je comprends rapidement que se sont des vampires, à leur couleur de peau anormalement pâle. J'ignore à ce moment-là s'il me suspecte d'être humaine.
Après tout, d'après Nathanaël et Vildred, je n'en suis pas une.
Ces types me font quand même paniquer. Je reste une jeune fille seule avec trois hommes louches...Il pourrait se passer bien des choses...
Le problème c'est que je ne peux pas sortir seule de l'enceinte, et encore moins demander à ces mecs de m'aider. Si je leur demande de m'ouvrir la porte, ils vont penser que je suis une humaine et par conséquent me vider de mon sang par la même occasion. Et, il n'y a personne d'autre à qui je pourrais demander de l'aide étant donné que le bâtiment est complètement vide.
Je me trouve dans une impasse.
Je décide de garder mon calme et de rentrer à l'intérieur, le temps de réfléchir à une solution.
Me vient alors une illumination.
J'ai sur moi le téléphone que Nathanaël m'a donné, avec tous les numéros de téléphone des personnes importante de l'Enclave que j'ai rencontrées.
J'appelle alors immédiatement Vildred. C'est celui qui m'apparaît pour le moment le plus protecteur, où du moins le plus menaçant pour l'extérieur.
Je lance immédiatement l'appel, et patiente en me dirigeant vers une colonne en pierre pour m'y dissimuler, tout en gardant un coup d'œil vigilant au niveau de la porte d'entrée de la bibliothèque, au cas où les trois vampires décident de me suivre.
Vildred ne décroche pas. Je tombe sur la messagerie, et décide de ne pas le rappeler pour me tourner vers Laura.
Après de longues secondes à attendre, la jeune femme décroche enfin.
— Allô? Je lance.
Un bruit de fond désagréable retentit à l'autre bout du fil. J'entends alors de la musique et un bruit de basse assez fort qui me font penser que la jeune femme se trouve actuellement dans une boîte de nuit ou un bar.
Je réitère mon « allô » un peu plus fort, le cœur battant.
Je l'entends a l'autre bout du fil s'esclaffer anormalement de rire.
— C'est qui? Finit-elle par répondre entre deux éclats.
Je comprends rapidement qu'elle est complètement bourrée.
— Laura, c'est Linda. Nathanaël m'a passé ton numéro...J'ai un petit problème...
Les rires continuent.
— Oh Linda! Comment ça va? Lance-t-elle, la voix complètement déraillée.
Je comprends rapidement que je ne vais pas pouvoir bénéficier de son aide.
— C'est pas grave, Laura. Je vais me débrouiller. Bonne soirée, je réponds alors avant de raccrocher, alors qu'elle interpelle au même moment d'autres gens dans la salle.
Le silence règne de nouveau dans mes oreilles et la pièce centrale de la bibliothèque. Je commence sérieusement à paniquer.
Je décide d'appeler Nathanaël en suivant, essayant de regagner un peu d'espoir.
Le garçon décroche par chance assez rapidement.
— Linda c'est toi? Devine-t-il à l'autre bout du fil.
Une montée de soulagement me fait alors frémir. Je soupire enfin.
— Nathanaël! Oui c'est moi! J'ai un problème: je suis bloquée à l'intérieur de la bibliothèque dont tu m'as parlé hier, mais le problème c'est que pour ressortir il faut scanner un tatouage de Surnaturel, que je n'ai pas. Il y a trois vampires qui zonent devant le portail, ce qui m'empêchent de trouver un moyen de m'évader.
— Mince...J'ai oublié de te prévenir que certains bâtiments sont réservés aux Surnaturels...Souffle-t-il.
— Qu'est-ce que je dois faire? Je commence vraiment à paniquer...!
— Je suis désolé, Linda, mais je ne peux pas venir te chercher, car je suis à un congrès de sorciers jusqu'à très tard ce soir. As-tu essayé d'appeler quelqu'un d'autre?
L'angoisse reprend alors. Nathanaël était ma dernière solution.
— Vildred et Laura semblent indisponibles...Je réponds sur un ton inquiet.
— Essaie Isaac. Il est H24 joignable, et il saura t'aider, me suggère alors le sorcier.
Génial...Manquait plus que lui...
— Tu crois...? Je murmure pas vraiment enchantée par sa proposition.
— Je vais devoir raccrocher, Linda. Essaie Isaac. S'il ne décroche pas, j'essaierai de contacter quelqu'un d'autre de l'Enclave. Ok?
— Merci, Nathanaël.
— Ne panique pas, Linda, tente-il de me rassurer malgré la situation.
— Je vais essayer.
— Ok, préviens moi si tu as le moindre problème.
Nathanaël raccroche alors, et je me retourne de nouveau seule avec mes vives inquiétudes.
Je ne sais pas ce qui m'ennuie le plus entre ces trois potentiels vampires ou le simple fait de devoir contacter Isaac et de me prendre une multitude de réflexions de la part de l'imbuvable loup-garou. Il va se moquer de moi, c'est sûr.
Sauf que je comprends rapidement qu'il est ma dernière solution.
La main tremblante, je clique sur son contact et finis après de longues secondes d'hésitation à l'appeler.
La sonnerie retentit et après de longues secondes d'attente, Isaac décroche enfin.
Je reste muette un moment, ne sachant véritablement quoi dire.
— Qui est à l'appareil? Lance une voix masculine, sur un ton suspicieux.
Je laisse s'écouler un petit silence, embarrassée de devoir en arriver là. Je finis par articuler difficilement les deux syllabes suivantes.
— Allô?
— Qui est a l'appareil? Réitère le jeune homme, sur un ton plus marqué.
Je fais des petits bons silencieux pour faire circuler l'adrénaline en moi et me racle la gorge avant de répondre.
Ce moment est très gênant.
— Salut Isaac, c'est Linda. Je t'appelle parce que...
Isaac m'interrompt immédiatement sans me laisser le temps de poursuivre.
— Qui ça? Réplique-t-il en prenant un ton étonné, que je suspecte d'être faux.
Je me fige alors.
Est-ce qu'il se fout de moi?
Probablement.
J'articule alors davantage, commençant déjà à perdre patience et à me dire que c'était une mauvaise idée de l'appeler.
Il n'y a rien de pire que de se sentir impuissant et de devoir quémander de l'aide à quelqu'un qu'on n'apprécie pas et qui nous apprécie pas en retour. Je ne suis pas du genre à me servir des autres normalement, je me débrouille toujours pour garder mon indépendance. Mais là, je suis prise de court.
— Linda. Tu sais la rousse dont tu étais persuadée qu'elle était métamorphe, je réplique sèchement, agacée par son ironie.
Ma réaction n'était peut-être pas nécessaire...
— Mmmh...Ça me dit vaguement quelque chose, ironise-t-il.
J'ai alors la confirmation qu'il se moque bien de moi.
Génial...Ça commence bien.
Il m'énerve de plus en plus celui-là. Sauf que je ne peux pas l'envoyer bouler étant donné que j'ai malheureusement cruellement besoin de lui.
— Euh...Tu plaisantes, là?
Je n'ai rien trouvé d'autre à répliquer. A vrai dire, je suis un peu déconcertée par la situation.
— Qu'est-ce que tu veux? Finit-il par déclarer d'une voix froide et blasée, manifestant instantanément son absence d'enchantement de m'avoir à l'autre bout du fil.
Je m'éclaircis la gorge et me convaincs de rester un maximum polie avec lui.
— Nathanaël m'a passé tous vos numéros de téléphone hier. Je t'appelle après avoir tenté d'appeler les autres mais sans succès, parce que j'ai un problème...
Je laisse alors un petit blanc pour vérifier qu'il m'écoute bien et analyser sa réaction.
— Poursuis, marmonne-t-il.
D'accord...Il est toujours autant blasé. Génial.
— Je suis allé visiter une bibliothèque de Surnaturels à Seventh Ward. Sauf que je ne peux pas ressortir parce que je n'ai pas le tatouage qui le permet. Le bâtiment est complètement vide hormis trois vampires qui zonent devant le grand portail.
— Ils t'ont vue, les vampires?
Je sens à son ton un brin d'inquiétude. Sa voix est plus forte, plus claire, plus affirmée.
Je me rassure en me disant qu'il a l'air de prendre au sérieux la situation.
— Oui. C'est pour ça que je suis rentrée à nouveau dans le bâtiment. Ils ne m'ont pas suivie mais c'est possible qu'ils aient compris que je n'étais pas Surnaturelle. Si je leur demande de m'ouvrir la porte, il vont comprendre...
Isaac souffle alors, visiblement exaspéré par mon imprudence.
— C'est pas possible d'être aussi peu précautionneuse! Tu n'as rien trouvé d'anormal à rester de nuit dans un bâtiments d'un quartier que grouillent de vampires qui n'attendent que ce que la nourriture vienne à eux? Lance-t-il irrité.
Sauf que je ne peux rien dire, parce qu'il a raison. J'ai été imprudente, comme d'habitude.
— Je n'ai pas fait attention à la tombée de la nuit, je tente alors de m'expliquer un peu confuse.
— Ne bouge pas, j'arrive. Si ça roule bien je suis là dans cinq minutes, réplique-t-il sèchement.
— Merci, j'articule honteuse.
Sauf qu'Isaac a déjà raccroché.
Je reste alors adossée à ma colonne, convulsant nerveusement de nervosité, mais soulagée d'avoir pu trouver une solution pour me sortir de mes idioties.
En vérité, je sais que je n'ai pas d'excuses. Isaac a raison. Je suis donc obligée de subir son exaspération et son jugement sans pouvoir dire grand chose. Ce qui est légèrement frustrant...
Au bout de quelques minutes, mon téléphone se met à vibrer.
C'est Isaac.
Je décroche immédiatement la main tremblante.
— T'es où? Je viens de passer le portail, lance-t-il à l'autre bout du fil.
— A l'intérieur, j'arrive.
Je me dépêche de rejoindre la sortie et pousse la porte. Je raccroche quand je vois Isaac.
Il a son casque de moto à son bras et son portable de l'autre. Il lève les yeux quand il m'aperçoit, et m'accorde un bref regard, le visage fermé, avant de plonger à nouveau ses yeux sur son écran, pianotant machinalement.
— Salut, j'articule alors.
Pas de réponse.
Isaac continue de pianoter sur son téléphone, alors qu'on se dirige vers le grand portail.
L'atmosphère est glaciale...
Je remets ma capuche pour ranger mes cheveux roux à l'intérieur, et échange un regard avec les vampires qui sont toujours postés près de la sortie.
Je frisonne et détourne immédiatement mon regard.
Une fois le portail passé et refermé nous, je peux enfin souffler.
— Merci...J'articule alors.
— Je t'appelle un Uber, réplique froidement le loup-garou, en continuant de pianoter sur son clavier.
— Pas la peine, je vais me débrouiller.
— Dans un quartier infesté de vampires? Je voudrais bien voir ça, rétorque le jeune homme d'un air condescendant.
— Désolée de t'avoir fait déplacer, je m'excuse alors.
J'ai sûrement dû empiéter sur sa soirée et son temps libre. Je m'en veux alors un peu.
— N'en parlons plus, lâche-t-il froidement, sans m'accorder un regard.
La voiture arrive enfin. Isaac tend alors un billet de cinquante dollars au conducteur.
— Gardez la monnaie, déclare-t-il.
— Isaac...Je souffle, embarrassée par son geste.
J'aurais pu me débrouiller pour payer.
— Bonne soirée, me répond-il froidement sur un ton sec en enfilant son casque.
Il grimpe sur sa moto et démarre immédiatement, disparaissant dans l'obscurité de la nuit.
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