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Chapitre 55

Je fixe mon reflet dans la glace un peu dubitative.

En réalité, je ne savais pas vraiment quoi porter pour le déjeuner avec Isaac. J'ai finalement décidé d'enfiler la petite robe noire que j'ai achetée avec Laura. Elle ne fait pas trop chic ni habillée, et en rajoutant dessus une petite veste courte en jean clair, cela lui apporte un côté décontracté.

J'essaie de trouver un juste milieu, une tenue mignonne et jolie mais sans en faire trop. Et puis, Isaac ne m'a pas dit explicitement que c'était un date, en soit. Ce pourrait très bien être un déjeuner entre collègue, après tout, même si je garde en mémoire la séance cinéma maison qui a failli déraper.

Il ne fait pas froid à La Nouvelle Orléans, même mi décembre. Aux heures les plus chaude, la température avoisine les vingt degrés, donc c'est assez dépaysant pour moi, qui suis habituée aux Noël passés sous la neige. New-York l'hiver à son charme, mais passer Noël au soleil est tout aussi incroyable.

Je récupère mon sac à main, arrange mes cheveux que j'ai lissé et me dirige dans l'entrée. Par chance, Vildred est parti de l'appartement ce matin. Cela m'évite ce moment gênant où il m'aurait demandé « qui vas-tu retrouver? » .

Je reçois un message d'Isaac m'informant qu'il est en bas. Le cœur battant, et sentant une onde d'anxiété se répandre en moi, je saisis mes clés, verrouille la porte et descends les escaliers. Je retrouve le loup-garou dehors.

Je le salue d'une main timide, un peu inhibée. Il m'adresse un sourire chaleureux qui me fait absolument craquer, attardant légèrement son regard sur ma tenue. Par délicatesse, il ne fait pas de commentaire dessus, mais son regard me suffit pour comprendre qu'il me trouve jolie.

Il porte quant à lui une chemise noire qui lui va à merveille et un pantalon de la même couleur. Facile de trouver ce qu'il serait s'il devait être une couleur. Il s'habille toujours plus ou moins sombrement, mais toujours sobrement.

— Le restaurant est à quinze minutes à pieds. Ça ne te dérange pas de marcher un peu? Me propose-t-il.

— Non, pas du tout, je souris poliment.

Un petit silence s'en suit alors. On se met en route vers une destination qui m'est encore inconnue.

— Tu m'emmènes dans un lieu secret? Je poursuis en lui accordant un regard complice.

Isaac laisse échapper un petit rire.

— Plutôt, oui. Le restaurant est petit et plutôt caché. On devrait être tranquille. Est-ce que tu aimes la nourriture cajun? Ils ont des spécialités de fruits de mer et poisson frits, ainsi que des viandes épicées.

— Oh, ça fait envie. C'est ton QG?

Le loup-garou acquiesce.

— J'aime bien y passé du temps. Les Surnaturels n'y vont pas parce qu'il se situe dans la partie la plus « humaine » de la ville. C'est donc assez tranquille et profitable quand tu as envie de te couper quelques instants du monde Surnaturel.

Je souris alors.

— « Envie de se couper du monde Surnaturel? » Ça t'arrive? Je lui demande, étonnée.

Le jeune homme se plonge dans ses pensées.

— Quelques fois. Le monde des humains est moins compliqué que le nôtre. Ils ont moins de choses à penser, moins de danger à affronter. Ça fait du bien parfois d'oublier quelques instants notre réalité pour se laisser bercer par l'illusion d'un monde plus paisible. Nos vies ne sont pas enviables.

Je comprends à son regard la pesanteur qu'il ressent face à son quotidien éprouvant de Surnaturel. Isaac a l'air d'être quelqu'un de sensible bien qu'il parait tout le temps si « fort » et impassible. Mais, ça le rend en quelques sortes plus...humain.

— Si tu avais pu choisir, tu aurais été humain?

Isaac ne répond pas tout de suite. Ses souvenirs silencieux lui reviennent davantage en mémoire. Il semble se remémorer les grandes étapes de sa vie.

— Je n'aurais pas choisi la vie d'un loup-garou, en tout cas, réplique-t-il, sans répondre directement à ma question.

Je fixe alors le talisman qu'il porte autour du cou. Je sais que c'est grâce à ça qu'il peut ne pas se transformer aux pleines lunes. Il contourne sa nature, il dénie la loi de cette dernière, à savoir en refusant les conséquences du meurtre qu'il a commis, à l'origine de se transformation.

Isaac n'a jamais parlé de ça. Je sais par Laura, que ce fut une période traumatique de sa vie. Il n'avait sans doute pas choisi de tuer cette personne. Ce serait donc pour ça qu'il se donne corps et armes pour protéger les humains, en dirigeant l'un des services les plus importants de l'Enclave. J'aimerais lui poser des questions sur cette partie de sa vie, mais je me refuse de le faire, par délicatesse.

— J'ai du mal à m'imaginer combien c'est dur d'être loup-garou.

— Nos journées ne sont pas toutes moroses. Nous sommes la plupart du temps des gens comme tous le monde. Mais, nous avons nos démons. Nous sommes régit par la pleine lune, durant laquelle nous perdons toute conscience et tout contrôle. Un loup-garou pourrait tuer son meilleur ami durant sa transformation. Ce n'est qu'à son réveil qu'il devra assumer ses actes non décidés et faire face à l'obscurité de sa nature. Beaucoup se suicident après leur première transformation. C'est souvent la pire. Et puis, les victimes humaines ne sont pas à négliger. Même si aujourd'hui, on use de stratagèmes pour empêcher que le drame arrive, beaucoup d'innocents ont péri à cause de nous. Nous nous en voulons beaucoup. Le poids de la culpabilité de nos ancêtres est réel.

— C'est terrible...Je murmure, absorbée par son récit.

— ...C'est pour cela que les loups ont une obligation de vivre en dehors de la ville. Grâce à cette restriction, plus aucune victime n'a subi un sort funeste depuis un bon nombre de pleines lunes. Mais, vivre en dehors de la société est impitoyable pour nous. Les conditions de vies dans nos villages se détériorent à vue d'œil. Mais bon. Nous ne sommes pas ici pour parler de choses tristes et désastreuses, n'est-ce pas? Me sourit-il.

Je secoue légèrement la tête en lui rendant son sourire.

— De toute évidence.

Isaac finit par nous faire tourner au niveau d'une ruelle étroite. Il s'arrête devant une porte qui semble être l'entrée du fameux restaurant. Le loup-garou rentre en premier, me tient la porte, et cherche directement un serveur du regard pour qu'il vienne nous placer.

J'observe alors le lieu. Tout est en bois lustré, la décoration est charmante et la salle un peu sombre est éclairée par des guirlandes suspendues de lumière orangées. Cet endroit semble chaleureux et apaisant. Je m'y sens déjà bien.

Un garçon très jeune, sûrement un apprenti se présente à nous et nous fait signe de le suivre. Il nous conduit à une table un peu isolée avant de nous laisser.

— Ça te va, ici? Me demande Isaac.

Je lui adresse un sourire satisfait.

— Oui. C'est parfait.

Le serveur revient avec les cartes et repart de si-tôt.
En voulant attraper ma carte, je renverse mon verre sur la table, qui pour le moment était vide. Je me relève pour le remettre à sa place ma manche entraine malencontreusement mes couverts par terre, dans un bruit métallique très désagréable. Tout ça dans une exécution de gestes brusques et incontrôlés.

La honte.

Je suis si nerveuse que je ne contrôle même pas mes gestes. C'est très embarrassant.

— Mince...je grommelle, en évitant à tout prix le regard du loup-garou.

Isaac me fixe sans rien dire avant d'éclater de rire.

— Tu es toujours aussi maladroite?

— Euh oui...enfin non...enfin si...enfin je sais plus ce que je veux dire.

Ma réponse est laborieuse, je n'arrive même pas à aligner trois mots.

En fait, me retrouver seule avec Isaac me rend très anxieuse, bien que j'attendais ce moment-là. J'ai peur de faire un faux pas, de contrecarrer ses attentes, de faire une bêtise...Dans les situations de stress, j'ai tendance à être maladroite dans les gestes donc forcément, l'être à table peut transformer le repas en véritable désastre.

Isaac demande au serveur de nouveaux couverts. Contre toute attente, il ne se moque pas. Il a l'air au contraire plutôt amusé de la situation. Mais, je lis sur son sourire une bienveillance qui me rassure un peu.

— Linda?

Je lève les yeux vers lui et hausse un sourcil, innocemment.

— Mmmh? Je relève.

— Est-ce que ça va?

— Mmmh, moui, pourquoi?

— Je ne sais pas. Je te sens...nerveuse. Est-ce que je peux faire quelque chose pour te mettre à l'aise?

Je laisse échapper un rire exagéré qui dissimule une gêne évidente que j'essaie pourtant de cacher.

— Moi? Nerveuse? Pas du tout! Je suis zen comme un professionnel de yoga!

Isaac sourit discrètement, peu convaincu et détourne son regard pour le poser sur son menu.

— Si tu le dis.

Je balaie ma carte du regard. Les plats semblent assez variés.

— ...Je ne sais pas ce que tu aimes, mais si tu n'as pas trop d'idées je te conseille le poulet cajun au citron ou alors le saumon glacé mariné. Les deux sont vraiment très bons, déclare le loup-garou, plongé dans son menu.

— Mmmh. Et bien je vais te faire confiance. Je vais choisir...le poulet. Et toi? Qu'est-ce que tu prends? Je lui demande.

Isaac fronce légèrement ses sourcils, fixant sa carte d'un regard hésitant, avant de me répondre quelques secondes après.

— Je pense que je vais prendre les linguines cajuns aux crevettes, finit-il par répliquer.

Le serveur revient noter nos plats avant de nous laisser de nouveau seuls.

— Donc...Pas de Surnaturels, ici? Je murmure, en balayant la pièce du regard.

Isaac secoue la tête, sereinement.

— Jamais dans ce coin de la ville.

Il semble bien connaître le quartier.

Je laisse mon regard vagabonder sur chacune des tables qui nous entourent.

— Il y a quelques mois, j'étais encore comme eux. Prise par le train quotidien et les aléas de la vie matérielle, sans me douter que tout un monde parallèle existait.

— Pas déçue d'être sortie de l'ignorance? Me sourit-il.

Son sourire est si charmant. Isaac tellement plus lumineux quand il sourit. Son visage exprime beaucoup de douceur et de bienveillance quand il est apaisé. Ça fait du bien. J'aime quand il est comme ça. Il a tellement de facettes différentes...

— J'ai eu quelques problèmes et conflits aux début avec certains membres de la direction, mais, quelque chose me dit que ça s'est apaisé, je souris alors, en plantant mes yeux dans les siens avec plus d'assurance.

Isaac laisse échapper un petit rire face à ma remarque visée.

— En réalité, je ne suis pas si terrible que ça, n'est-ce pas?

— Franchement ça me fait mal de l'admettre, mais c'est vrai. Mais, je n'oublierai pas le coup de pression que tu m'as mis, la fois où tu t'es pointé au restaurant dans lequel je travaillais.

Isaac sourit.

— Je mets toujours un coup de pression aux nouveaux. C'est mon petit plaisir on va dire. Mais, tu ne t'es pas démontée. Tu as un petit côté désinvolte qui me titille un peu.

Je laisse échapper un petit rire.

— Oh, je n'aime pas qu'on se montre autoritaire avec moi.

Isaac lève un sourcil, m'analysant davantage de son regard espiègle.

— Ah oui?

— Je pensais au début que tu étais le type de mec complètement pédant, qui use à tord de son autorité pour contrôler les filles. Ou même les garçons.

Isaac rit à son tour. Son sourire amusé s'accentue. Il semble cependant étonné du portrait si négatif que je viens de lui dépeindre.

— Non, je ne suis pas comme ça. Je peux me montrer froid avec les inconnus, mais avec mon entourage je suis toujours conciliant et respectueux. Je ne suis pas quelqu'un qui use de son statut pour obtenir quoique ce soit ou manipuler les autres.

Je hoche la tête.

Je me sens tout de suite plus détendue. Isaac réussi à me mettre à l'aise. Il a un côté si rassurant.

Je décide alors de poser des questions sur lui. C'est vrai que je ne sais pas grand chose sur sa vie. Isaac est du genre très discret. Il ne parle pas beaucoup de lui et quand il le fait c'est toujours en surface.

Mais, malgré tout, son passé m'intéresse. Son parcours aussi.

— Alors, comment passe-t-on de tatoueur, à numéro deux d'une organisation aussi importante que l'Enclave? Je questionne alors.

Isaac sourit légèrement.

— Certains te diront que le nom aide. Mais, en réalité, non, je m'en suis jamais servi pour m'attirer des faveurs. J'ai proposé mon aide à l'Enclave, je me suis fait des contacts, j'ai appris le métier...

— ...Et pouf! Te voilà à la tête d'un des plus grands services de l'organisation surnaturelle la plus prestigieuse? Je souris alors.

— J'ai aimé mon premier métier tu sais. Et parfois, il arrive que ça me manque, reconnaît-il.

— Ah bon? Tatouer toujours le même signe sur une main n'est-il pas captivant? Je réplique sur le ton de la plaisanterie en laissant échapper un petit rire.

— Pas pour un passionné, me sourit-il.

— De toute évidence. Qu'est-ce qui t'avait poussé dans cette voie, à l'époque? Je lui demande alors.

— Je dessine depuis que je suis tout petit. Et puis, chez les loups-garous, le marché du tatouage est fructueux. Tu veux un conseil pour reconnaître un loup-garou dans la rue? A la taille de ses bras, à sa moto et au nombre de tatouages qu'il possède. C'est un cliché, mais c'est assez vrai.

— Je ne t'imaginais pas artiste...Je souris alors amusée.

— Tu m'imaginais plutôt comme une brute et bagarreur? Fait-il mine de s'indigner.

— Tous les clichés ne sont peut-être pas fondés alors, je réplique en laissant échapper un petit rire.

— Non, en vrai, quand j'étais jeune j'étais bagarreur. J'étais même infernal, sourit-il, en se remémorant son adolescence.

— Je me disais bien, aussi...

— En fait, si tu veux tout savoir, à la base, quand je suis arrivée à l'Enclave, c'était pour être tatoueur là-bas. C'est moi qui ait imaginé et proposé les tatouages magiques que tous les Surnaturels portent sur le dos de leur main droite. C'était une manière d'empêcher les humains d'avoir accès aux endroits  réservés pour les Surnaturels, et donc de tenter de les protéger de notre influence. L'Enclave a tout de suite apprécié ma proposition. Il m'ont gardé et je suis monté dans les échelons. Aujourd'hui, je m'occupe du service administration, et je récence aussi tous les Surnaturels en les tatouant de cette manière, m'explique-t-il.

Le parcours d'Isaac est tellement atypique. La manière avec laquelle il réussi à monter dans l'échelle sociale m'a toujours intriguée et impressionnée. Quand je pense que Vildred, à côté, a utilisé la manipulation et le chantage pour négocier son statut et son salaire...Isaac a tout fait dans la vertue, et c'est honorable.

— Pour un tatoueur de formation, tu n'en as pas beaucoup des tatouages, je souris alors, en fixant ses bras nus.

C'est vrai qu'à part le tatouage commun à tous les Surnaturels et un autre tatouage à l'intérieur de son poignet gauche en forme de boussole, il n'en porte pas. Ce qui m'étonne un peu.

— Oh, ça c'est parce que tous les autres sont cachés, réplique-t-il mystérieusement.

Je souris, et laisse malgré moi glisser mes yeux sur son torse, imaginant où il pourrait être tatoué.

— Est-ce qu'à part pour les tatouages « utilitaires » des Surnaturels sur leur main droite, tu tatoues toujours? Je finis par demander, dans un élan de curiosité.

Isaac secoue la tête.

— Non. Je n'ai pas été employé à l'Enclave pour ça. Cette partie de ma vie est derrière-moi. Je n'ai plus de temps pour cela.

— Oh...d'accord, je déclare, plus bas.

Isaac plonge ses yeux ambrés dans les miens, et fronce légèrement ses sourcils, remarquant ma réaction.

— Pourquoi ce léger air de déception? S'étonne-t-il.

— Oh, pour rien. En fait, je m'apprêtais à te demander si tu pourrais un jour prochain me faire un tatouage, je réplique en laissant échapper un petit rire gêné.

En effet, ça fait plusieurs semaines que j'y pense. J'aimerais bien en avoir un discret, pas forcément voyant, mais j'ai du mal à accorder ma confiance à un inconnu, au point de le laisser me « trouilloter ». Isaac m'a déjà tatouée pour la marque Surnaturelle sur ma main droite. Son tracé et précis et sa manière de faire douce et peu douloureuse. C'est pour ça que j'avais pensé à lui.

Isaac lève alors un sourcil, étonné.

— Vraiment?

— Non, laisse tomber. Mais, si tu connais des adresses recommandables, ça pourrait m'intéresser.

Le loup-garou croise les bras sur sa poitrine, s'adosse et continue de me fixer de son regard mystérieux.

— Je peux faire une exception. En effet, ce n'est pas mon travail dans le cadre de l'Enclave, mais, on peut arranger ça.

— Oh, c'est vrai? Tu accepterais? Je m'exclame, dans un élan d'enthousiasme.

— Qu'est-ce que tu veux?

Je lui sors mon téléphone pour lui montrer des images que j'avais sélectionné ces dernières semaines.

— Tu vois? Ce genre de choses.

Ce que j'aimerais serait quelque chose de petit, fin et graphique. Pourquoi pas des ornements avec une fleurs ou une plume.

Le loup-garou hoche doucement la tête, les yeux rivés sur mon téléphone.

— Mmmh. Ce doit être dans mes cordes.

Je lui souris, lui lançant un regard espiègle.

— Quelle modestie. Je suis sure que tu as fait bien plus impressionnant.

Isaac ne quitte pas son air mystérieux et ténébreux. A force, j'y suis habituée.

— Sûrement, répond-il évasivement.

Le jeune homme semble rester sur la retenue quand on parle de ses productions. Je ne comprends pas trop pourquoi. Est-ce de la modestie? De la pudeur?

— Tes productions artistiques...tu ne les montres à personnes, n'est-ce pas? Je devine alors.

— Je suis quelqu'un de secret, finit-il par répondre, en murmurant, et en souriant.

Je hoche la tête et lui rends son sourire.

Le serveur nous apporte enfin nos plats. Deux immenses assiettes bien garnies qui n'attendent plus qu'à être dévorées. On débute alors nos plats.

— Et toi?

— Mmmh? Je questionne, en relevant mes yeux vers le loup-garou.

— A quoi ressemblait ta vie avant l'Enclave?

Un petit silence s'en suit alors.

— Oh. A une vie assez insipide à côté des vôtres, je finis par répondre.

Des souvenirs refont surface. J'ai détesté mon adolescence, j'ai détesté mon père, mais j'appréciais apprendre, rencontrer des gens. Mais, malgré tout, j'ai toujours senti que quelque chose clochait chez moi, sans avoir pu jamais me l'expliquer.

Isaac, reste silencieux, à me fixer dans les yeux, attendant attentivement que je poursuive.

— ...A part ça, j'aimais bien étudier. La fac, c'était cool, les gens étaient sympas. Mais, je ne sais pas, j'avais constamment ce truc de...je ne sais pas comment dire...de me sentir en décalage?

— C'est pour cela que tu es venue à la Nouvelle Orléans? Questionne-t-il.

Je hoche la tête.

— J'ai toujours été attirée par La Nouvelle Orléans. Ses légendes sur les sorcières et les vampires, son histoire mystérieuse, et son implication dans le monde du paranormal...Tu sais, chez les humains, tu ne peux pas dire que tu crois en ces choses là, sous peine d'être automatiquement diagnostiquée psychotique. Ils ne comprennent pas.

Isaac fronce légèrement ses sourcils, semblant intrigué par ce que je lui raconte.

— Tu y croyais depuis toujours?

— Mmmh, disons que je n'ai pas le souvenir de ne pas y avoir cru. En fait, j'ai du mal à me l'expliquer, je n'ai jamais eu de preuve jusqu'à aujourd'hui que ça existait, mais j'en ai toujours été persuadée. Je le sais, c'est tout. Sans expliquer pourquoi.

— Ton sang est celui d'un Surnaturel. Sinon, tu n'aurais pas survécue quand je t'ai fait la marque sur ta main droite. Et, tu n'aurais pas pu résister quand Nathanaël a essayé de d'hypnotiser. Ça a sûrement un lien.

— Je suis quoi alors? Une extraterrestre? Je renchérit, en laissant échapper un petit rire.

— Peut-être, réplique Isaac, d'un air amusé.

— Mais sérieusement...! Y a bien un moyen de savoir?

— Il faudrait que tu saches déjà ce que sont tes parents. Généralement, c'est héréditaire ces choses-là, à part le vampirisme. Mais, comme tu ne brûles pas au soleil, je pense écarter cette hypothèse, sourit-il.

Je lève les yeux au ciel et laisse échapper un petit rire.

— Quoique, vu comment ma peau est blanche, on peut dire que je brûle quand je m'expose trop.

— Tu aurais des envies alimentaires un peu particulière, si tu étais vampire. Je ne me fais pas de soucis, pour ça. De toute façon, si c'était le cas, je l'aurais senti. Les loups-garous peuvent ressentir ces choses là. En tout cas pour les créatures les plus typiques: sorcières, loups-garous, vampire. C'est facile de les reconnaître. Mais, tu sais, il y a plein d'espèces Surnaturelles beaucoup plus rares qui peuvent passer inaperçu, à partir du moment où tu n'apprends pas à te servir de tes pouvoirs.

— Vildred a employé le mot de « Doppelgänger ». Je relève alors, me remémorant cette fameuse scène. Ce mot inconnu était resté gravé dans ma mémoire.

Isaac lève un sourcil.

— Les Doppelgängers restent un mythe infondé.

— Pourtant, c'est sûrement ce que je suis. J'ai un sosie diabolique, au cas où tu l'aurais oublié. Et, tous les mythes ne sont pas si infondés que ça, je te rappelle.

— Peut-être. Peut-être que c'est ça, peut-être que non. Mais, tu sais, le monde du Surnaturel est tellement imprévisible que la première hypothèse qui nous vient à l'esprit dans ce domaine n'est quasiment jamais la bonne.

Peut-être qu'Isaac a raison. Peut-être qu'il faut voir plus loin que ça, penser à quelque chose qui ne nous ai pas encore venu à l'esprit. En tout cas, une chose est sure, une des seules personnes susceptibles de savoir ce que je suis, c'est mon père. Et le seul moyen d'avoir les réponses à mes questions et de lui demander en face.

Le repas se termine alors. C'était plutôt sympathique. En réalité, jusque-là, ça ressemblait plutôt à un simple déjeuner entre amis. Isaac, n'a mentionné à aucun moment ce qui avait failli se passer chez lui, le soir où on a regardé le film d'horreur, ni tenté quoique ce soit. Il s'était montré absolument normal, comme à son habitude, comme il peut être avec Laura ou Nathanaël, par exemple. Je m'en viens même à me demander si je n'ai pas imaginé certaines choses, à tord. Ce déjeuner me semble juste très amical, sans véritable ambiguïté de sa part.

— Est-ce qu'on pourrait avoir l'addition? Interpelle-t-il le serveur.

— Tout de suite, Monsieur.

Je plonge alors ma main dans mon porte-feuille pour y dénicher ma carte bleue, le temps que le serveur revienne.

— Vous payez comment?

— Séparément, je réplique, en lui tendant ma carte.

Isaac saisit fermement mon bras pour le reposer sur la table.

— Mettez tous sur mon compte, réplique-t-il sur un ton affirmé.

— Bien, Monsieur.

Le serveur saisit alors la carte du jeune homme. Je me retourne vers Isaac, embêtée.

— Isaac...! Je peux payer. vraiment!

C'est vrai que je suis toujours habituée à payer ma part. Je ne suis pas du tout le genre de fille qui cherche à se faire entretenir. J'ai l'impression de profiter de cet argent.

Isaac m'adresse un sourire, et tend sa main pour récupérer sa carte.

— Oh, ce n'est pas à toi de le faire.

Le serveur encaisse alors, et tend au loup-garou son reçu.

— Merci messieurs-dames. Je vous souhaite une très bonne journée, déclare le serveur.

— Merci, à vous aussi.

Le loup-garou se lève déjà de table.

— Isaac...Il ne fallait pas.

— Ce n'est rien. Je t'ai proposé de venir, c'est donc normal.

— Merci beaucoup, je lui souris alors.

On sort alors du restaurant. J'ai le cœur léger. Peut-être qu'il n'est pas le genre de garçon à être explicitement dans la séduction, mais son geste et sa réaction m'indique subtilement que ce n'était sûrement pas un déjeuner complètement amical.

J'aime ces manières subtiles de se comporter avec moi. J'aime son côté éduqué et prévenant. Plus le temps passe et moins les défauts qui m'insupportaient chez lui au début, me sont perceptibles.

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