Chapitre 50
Isaac repose son téléphone sur la table.
Il se tourne vers moi.
— Désolé que tu aies eu à assister à ça. Maintenant, tu sais qui est à l'origine de tout ça.
Son ton est un peu plus calme. Il semble moins nerveux. J'apprécie qu'il se soit mis en colère pour moi. Laura m'avait affirmé que quand les loups-garous accordaient leur confiance à quelqu'un, ils faisaient preuve d'une loyauté sans faille. Isaac est prêt à se mettre à dos les loups-garous pour me défendre. Je lui en suis entièrement reconnaissante.
— Merci. Merci d'avoir pris ma défense.
— Parker n'est pas quelqu'un de méchant. Il est juste très loyal à sa meute, voir un peu trop. Il aime tellement Bella qu'il est obligé de trouver un coupable à son départ. Mais, la vérité c'est qu'il n'y aucun coupable si ce n'est elle. C'est elle qui a décidé de partir, c'est elle qui s'est alliée aux vampires, c'est elle qui veut ta mort. Parker est trop aveuglé par son zèle pour s'en rendre compte, déclare-t-il plus calmement.
— Qu'est-ce que je risque? Je demande alors, un peu inquiète.
— Rien. Parker ne fera rien. Il n'a aucune preuve de toute façon. Ton dossier ne va pas en ta faveur, c'est vrai, mais rien n'affirme que tu es impliquée dans le départ de Bella. Les parents de Bella sont des gens intelligents et je sais qu'il m'estime beaucoup. Je vais leur téléphoner pour leur expliquer la situation. Son père dirige la meute, il saura les tempérer.
Je hoche la tête, toujours préoccupée par la situation.
— J'ai de moins en moins l'impression que ma place est ici. Je ne vous attire que des ennuis, je souffle alors, pensive.
Isaac s'assoit à côté de moi et secoue la tête. Il pose sa main sur mon poignet pour me rassurer.
— Je trouve pourtant que plus le temps passe et plus tu développes des traits de Surnaturel. Je t'ai vue t'entraîner. Malgré tes tous petits muscles, ta technique est bonne, sourit-il l'air taquin, en me pinçant le haut du bras.
Je lui flanque alors une tape sur le torse. Je sais qu'il adore me répéter que je n'ai pas de muscles et que ma condition physique inadaptée pour toute vie dans le monde du Surnaturel. Cependant, je ne lui montre pas par fierté, mais son compliment implicite me fait du bien.
— Vildred est un très bon entraîneur, je déclare alors, en lui adressant un sourire exagéré volontairement provocateur.
Isaac croise les bras, soulève son menton, fronce les sourcils, l'air un peu suspicieux et me fixe de son regard analysant.
— Vous semblez proche tous les deux, relève-t-il.
— Vildred est adorable. Il est aux petits soins pour moi. Tout est absolument parfait, avec lui.
Forcément, j'en rajoute des caisses. Je veux voir la réaction d'Isaac, le titiller un peu comme il adore le faire. Et j'apprécie même faire ça. Je suis diabolique.
Je sens que les questions fusent dans son esprit.
— Mmmh. Tu as des vues sur lui?
Je hausse un sourcil. Sa question est directe, je ne pensais pas qu'il allait la poser.
Je me redresse, croise mes bras sur ma poitrine et plante mon regard dans ses beaux yeux ambrés.
— Ça t'intéresse?
— C'est mon rôle de surveiller les relations entre mes employés et de les mettre en garde. Depuis qu'il a perdu ses émotions, Vildred enchaîne les relations courtes. Il se sert des filles pour obtenir leur faveurs. Il les charme, devient tout gentil, leur fait croire qu'il ressent des choses pour profiter d'elles. Il sait parfaitement les manipuler. Et, elles tombent dans le panneau. Elles connaissent tous son histoire, et elle pense toutes qu'elles sont celles qui parviennent à lui faire ressentir des sentiments, ce qui les attire encore plus. Alors, sois honnête. Est-ce qu'il a tenté quoique ce soit avec toi?
Son ton est plus ferme, et son regard très appuyé au niveau de mes yeux pour guetter mes émotions.
Je trouve ça mignon qu'il s'inquiète pour moi. J'essaie cependant de ne pas trop me faire de film. Isaac est du genre protecteur. Il l'est avec tout le monde.
— Vildred n'a jamais eu aucun comportement déplacé envers moi. Il n'a jamais rien tenté. Il est juste à l'écoute et de bon conseil. Et pour répondre à ta question, non. Je n'ai pas de vue sur lui.
Isaac hoche légèrement la tête.
Nos yeux se portent alors vers la fenêtre. La conversation est soudainement interrompue par une violente averse de pluie.
Le loup-garou se lève alors, et fixe le paysage.
— Et bien, dis donc. C'est le déluge. Qu'avons nous fait pour mériter ça?
— Et bien, construis ton arche, Noé. Et n'oublie pas de choisir pour chaque espèce de Surnaturel un individu de sexe masculin et un de sexe féminin pour faire perdurer chacune d'entre elle. Ou bien, tu peux décider d'en éradiquer certaines. À vous de choisir, Monsieur le Directeur.
Isaac laisse échapper un petit rire.
— Par exemple les vampires? Stan me tape sur le système en ce moment, marmonne-t-il en levant les yeux au ciel.
— C'est Stan ou Stanislas, d'ailleurs? J'ai entendu les deux noms, je demande alors, curieuse.
— A la base, il s'appelle Stanislas Newport. Quand il est devenu vampire il a volontairement supprimé son nom et s'est fait appelé Stan. Les vampires aime se la jouer personnalité célèbre en changeant leur nom.
Je hoche alors la tête, pensive, laisse quelques secondes s'écouler avant de me lever pour récupérer les ordinateurs du jeune homme que je lui tends ensuite, en lui accordant un regard de gratitude.
— Merci encore pour ça.
— Sens-toi chanceuse. D'habitude, je n'accepte jamais que quelqu'un fouille dans mes ordinateurs ou mon téléphone.
Vous êtes trop aimable avec moi, Monsieur le Directeur.
Il disparaît alors, sûrement dans sa chambre pour ranger ses appareils, et je me retrouve seule dans son salon. Je fais quelques pas, regardant plus précisément ses meubles et sa décoration qui est très sobre. Je remarque alors que sur un guéridon est posé la boîte du DVD du film d'horreur Smile. Je saisis la boîte et m'exclame alors.
— C'est pas vrai! Tu as Smile en DVD? Il est comment? Je voulais absolument le voir!
Isaac revient dans le salon et pose les yeux sur la boîte du film.
— Je l'ai acheté il y a quelques semaines, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le regarder.
— Isaac Peterson serait-il un fan de film d'horreur? Je souris alors, l'air espiègle.
Le loup-garou hausse innocemment un sourcil, surpris.
— Toi aussi?
Je hoche la tête.
— Une grande fan de la série Conjuring. Je me suis toujours intéressée au paranormal, je déclare alors.
Isaac récupère la boîte et se tourne vers moi.
— Apparemment celui-là traite de ce sujet. Tu veux qu'on se le regarde? Me propose-t-il.
— Maintenant?
Isaac hausse les épaules.
— Tant qu'on est là.
— Pourquoi pas, je souris alors.
Isaac pose la boîte sur la table basse et me fait signe de lui suivre jusqu'à sa cuisine.
Elle est petite, mais semble avoir le nécessaire.
Il ouvre un placard et dépose sur le plan de travail un sac rempli de grain de maïs.
— J'avais acheté ça un jour et je ne les ai jamais utilisé. Tu veux qu'on essaie? Me demande-t-il.
— C'est pour faire du pop corn?
— C'est ça.
— Bonne idée. J'ai un peu faim.
Isaac me saisit brusquement par les épaules, de dos, pour me faire sursauter.
— Moi aussi. Et comme je suis un loup-garou, je risque de te dévorer si je ne mange pas maintenant.
Je laisse échapper un petit rire et le repousse en lui flanquant une tape un peu brusque sur son buste.
— Tu me prends pour le petit chaperon rouge?
Isaac hausse les épaules.
— Plutôt pour une jeune fille sans défense qui se trouve dans la même pièce qu'un méchant et dangereux loup-garou, sourit-il de manière machiavélique.
— Tu cherches à me faire peur? Attends au moins le film, je m'exclame.
— Tu vas regretter, Linda Prior, d'avoir accepter de regarder un film d'horreur avec moi.
— C'est ça. Va faire ton pop-corn toi, au lieu de jouer les gros durs.
Isaac sort une casserole dans laquelle il verse un fond d'huile puis les grains.
— Pour être honnête je ne sais pas trop comment ça marche, déclare-t-il.
Mais, je l'écoute qu'à moitié. Mon regard est fixé sur les photos qu'il a collé sur son réfrigérateur. Des photos de lui et sa meute, et avec sa famille. Je crois reconnaître un air de famille sur deux adultes un peu plus vieux. Ce doit être ses parents.
Soudain, j'entends les pop-corn « poper ». Sauf que le bruit me paraît un peu trop fort.
— Merde...! S'exclame le loup-garou.
Je me retourne alors subitement vers Isaac.
Quel idiot.
Il n'a pas mis de couvercle, donc les pop corn se mettent tous à sauter à côté. C'est un véritable carnage.
Je me précipite sur la casserole, l'enlève du feu, attrape une assiette dans le premier placard que je trouve et la pose rapidement dessus pour empêcher le reste des pop-corn de s'évader.
— Mais, tu as quelque chose dans la tête? Je m'exclame alors.
— Tut-tut-tut. On ne manque pas de respect au directeur administratif de l'Enclave, comme ça! Réplique-t-il en me tirant vers lui par le col de mon haut.
Isaac me lâche ensuite alors que je tente de me débattre, et ramasse les pop-corn tombés par terre.
Je lui adresse alors un sourire taquin.
— Voyez-vous ça! Le célèbre Isaac Peterson aux multiples compétences connaîtrait-il des difficultés dans un domaine aussi facile que la cuisine?
— On ne peut pas être parfait partout, réplique-t-il en me rendant mon sourire.
— C'est mignon, je réplique d'une voix espiègle en l'aidant à ramasser les pop-corn qui traîne.
— J'ai sept ans pour être qualifié de mignon? S'exclame-t-il sur un ton indigné.
— Oh pardon, je t'ai attaqué dans ta masculinité, je réplique toujours un sourire taquin aux lèvres qui semble agacer gentiment le loup-garou.
Il me fait pivoter par les épaules et me pousse vers l'extérieur de la cuisine, ses mains dans mon dos.
— Et toi, t'es plus mignonne quand tu la fermes, réplique-t-il sur un ton faussement autoritaire.
On se retrouve alors dans le salon. Il me confie le bol de popcorn et me fait signe de m'asseoir, pendant qu'il insère le DVD dans le lecteur.
Une fois fait, il se relève et vient s'asseoir juste à côté de moi. Son épaule frôle la mienne, ce qui me fait légèrement frissonner. Je croise son regard quelques secondes puis le détourne un peu intimidée.
Le film commence.
Le début est assez angoissant. Le personnage principal qui psychiatre assiste au suicide d'une des patientes qui se tranche la gorge devant elle. Mon souffle reste en suspens durant tout le début film. Il a un côté assez terrifiant mais en même temps captivant qui me plonge complètement dedans. Paradoxalement, même si ça me dégoûte, j'ai toujours été attirée plus ou moins attirée par les trucs gores. Pas parce que je suis une psychopathe, mais parce que j'aime tester mes limites, voir jusqu'à où je suis capable de regarder.
Mais, pour être totalement honnête, une partie de moi se déconcentre rapidement du film. La présence d'Isaac juste à côté de moi, mon épaule contre son bras, ma cuisse frôlant la sienne, fait naître des picotements chauds dans le bas de mon ventre. Mes pensées vont alors très vite. Je me pose une infinité de questions. Est-ce que c'est déontologique de regarder un film dans son appartement avec une de ses employées? Est-ce qu'on invite n'importe qui dans ces circonstances? Il y aurait-il pu avoir une autre fille à ma place ce soir? Sommes-nous amis, lui et moi?
La situation est particulière. Et c'est ces particularités qui me titille, qui fait grandir une certaine excitation palpitante de me trouver à un endroit dans lequel je ne devrais pas être. Il y a une certaine tension enivrante entre nous, dans cette pièce. Quand je plonge ma main dans le large bol de pop-corn et que je frôle malencontreusement la sienne, une partie de moi a terriblement envie que cela se reproduise. Une certaine obsession pour Isaac se développe en moi, se propage, me fait vibrer. Je sens dans ma poitrine mon cœur battre un peu plus rapidement. Les picotements chauds dans mon ventre s'intensifient, me déconcentrant totalement de reste du film. J'ai alors peur qu'il perçoivent mon état actuel. Qu'il perçoive l'attirance que je ressens pour lui.
je me redresse et tourne alors subitement vers Isaac.
— Où est la salle de bain? Je lui demande alors.
Le loup-garou pointe du menton long corridor sur lequel donne le salon.
— Au fond du couloir, avant-dernière porte, me répond-il, sur un ton neutre.
Je me lève alors et Isaac met le film sur pause, continuant d'attaquer le pot de popcorn. Je marche d'un bon pas tout le long du couloir plongé dans le noir, et allume la lumière de la salle de bain avant de refermer la porte.
Je fais couler l'eau, me fouille le visage et fixe mon reflet. Mon chignon est un peu lâche, je décide donc de le défaire et de me détacher les cheveux, et me recoiffe brièvement.
Je prends une grande inspiration, et éteins la lumière. Je m'introduis dans le long couloir qui mène jusqu'au salon, marchant doucement et faisant craquer le parquet sous mes pas.
Je remarque que l'appartement est devenu subitement très silencieux. Je n'entends plus Isaac bouger sur le canapé qui couine, je ne l'entends plus farfouiller dans le bol à popcorn.
J'ai l'impression que l'atmosphère a changé. Il y a quelque chose d'étrange, quelque chose de déroutant, quelque chose de presque angoissant.
Il fait déjà nuit noire. Il ne pleut plus mais de gros nuages semblent masquer la lueur de la lune, plongeant l'appartement tout entier dans une obscurité déconcertante.
Le seul bruit que j'entends est l'aiguille de l'horloge qui se trouve dans la cuisine et celui de mes propres pas faisant craquer le parquet ancien.
— Isaac? Je lance alors pour briser le silence qui devient pesant, dans une volonté de me rassurer.
Pas de réponse.
Le cœur battant, je m'avance doucement vers la deuxième moitié du couloir, sur mes gardes.
Soudain, un gros cri venant de derrière me faire friser la crise cardiaque.
Deux mains de pause brutalement sur mes épaules, me faisant instantanément sursauter et pousser à mon tour un hurlement de frayeur.
Isaac éclate de rire.
Agacée qu'il se soit amusé à me faire peur, je lui flanque un coup de poings sur le torse et le pousse brusquement contre le mur.
— T'es con! Je m'écrie alors, au bord de la syncope.
Isaac perd son équilibre, mais regagne sa stabilité rapidement, et réagit instantanément en m'attrapant par le haut des bras pour me faire pivoter, et me bloquer à mon tour contre le mur pour se défendre.
Mon dos cogne contre la surface un peu brusquement, m'empêchant de m'enfuir et me prenant à mon propre jeu.
Isaac est tout près de moi, ses mains toujours sur mes bras, mais relâchant un peu la pression. Je frisonne à son contact. Mon souffle s'accélère, le sien aussi, je fixe ses beaux yeux ambrés qui brillent légèrement dans le noir. Les picotements reviennent avec plus d'intensité dans mon ventre, et je deviens totalement enivrée par la présence d'Isaac. Ma tête se met à tourner. Je ressens cette tension. Cette tension si forte contre laquelle je ne peux pas luter. Je crois qu'il la ressent aussi, je le vois dans ses yeux.
Son visage est prêt du mien, je fixe ses lèvres, il fixe les miennes. On est a deux doigts de s'embrasser.
Mais, à cet instant précis, le téléphone dans la poche du jean d'Isaac se met à sonner, nous interrompant brusquement.
— Merde...Souffle-t-il.
Il me lâche alors, s'écarte de moi, s'éclaircit la voix décroche immédiatement, un peu nerveux, reprenant son air sérieux de directeur habituel, qu'il avait laissé ce soir.
— Vildred? Tonne-t-il d'une voix rauque.
— Bien le bonsoir, Isaac Peterson. Je suis à la recherche d'une jolie rousse qui n'a pas respecté, ce soir, son couvre-feu et qui ne répond à aucun de mes messages et de mes appels depuis un bon moment déjà. Au tout hasard, ne serait-elle pas avec toi? Questionne-t-il sur un ton chantonnant, suspicieux, et rempli de sous-entendus, comme s'il avait deviné ce qu'il se passait.
Isaac met quelque temps à répondre, et me lance un regard embêté.
J'ai oublié de prévenir Vildred que j'étais avec Isaac. C'est ma faute. On avait un deal à cause des vampires : Quand il fait nuit, je dois être chez Vildred, ou si je suis avec un autre membre de l'Enclave, le tenir au courant. J'étais tellement absorbée par mon moment avec Isaac, que j'ai complètement oublié de le faire.
Ce moment est assez gênant et je sens que le loup-garou est autant embarrassé que moi.
— Elle est bien avec moi, finit-il par rétorquer.
Il ne peut pas le nier de toute façon...
— Oh. Voyez-vous ça...Aurais-tu l'amabilité de la raccompagner chez moi quand vous aurez terminé...ce que vous faites actuellement? Je ne veux pas qu'elle traîne dehors toute seule.
— Assurément.
Isaac raccroche alors, je me recoiffe légèrement et on s'échange un regard embarrassé.
— C'est ma faute. J'aurais dû le prévenir, je souffle alors pour combler le silence qui devient gênant.
— Je crois qu'il est temps de rentrer, déclare-t-il doucement.
Je hoche la tête.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro