Chapitre 37
Vildred m'a installée devant son immense écran plat accroché aux murs de son salon panoramique. Il a connecté à ce dernier à son ordinateur pour me projeter des vidéos de Bella.
— On ne devient pas quelqu'un uniquement en prenant son apparence, mais en adoptant sa manière de parler, de se mouvoir, de se comporter. Prête bien attention à la manière dont elle se comporte dans les vidéos, déclare-t-il.
Il démarre la première vidéo.
Bella est en train de marcher, devant un soleil radieux se couchant à l'horizon.
— Pourquoi tu me filmes? Sourit-elle en faisant mine de poser sa main sur l'objectif, avant de finalement de se prêter au jeu.
C'est très perturbant de l'entendre parler parce qu'elle a la même voix quand moi. Pourtant, elle n'a pas la même façon de parler. Elle semble plus mielleuse et plus confiante. Son sourire lumineux est adressé à la personne qui la filme.
— Ça c'est parce que tu es si belle...!
Je reconnais la voix de Vildred. Je comprends que c'est lui qui est derrière l'objectif. Mais, son intonation de voix à lui semble différente. Même si je ne le vois pas, je sais qu'il sourit, chose qu'il ne fait jamais. Sa voix est douce mais enjouée à la fois. Je peine à le reconnaître, me faisant comprendre que cette vidéo a été tournée avant qu'il perde ses émotions.
Bella lève les yeux au ciel, en secouant gracieusement sa tête.
— Espèce de beau-parleur! S'esclaffe-t-elle, alors qu'un sourire taquin se dessine sur ses lèvres maquillés d'un rouge à lèvres d'un ton plus foncé de la carnation de ces dernières.
Elle porte une robe mis longue et près du corps, de la même couleur que ses lèvres. C'est moi en plus élégante...! C'est bluffant.
— Beau-parleur, je ne sais pas, mais amoureux ça c'est sûr! Renchérit-il.
— Moi aussi, je t'aime, lui sourit-elle de nouveau en plissant ses yeux maquillés d'un liner parfaitement bien exécuté, d'une manière tout à fait adorable.
J'ai du mal à voir à ce moment là de la méchanceté en elle, comme l'avait décrit Isaac, le soir où les vampires avaient tenté de m'agresser. Elle parait toute mignonne et si innocente...Et,elle a l'air sincère. Dans ses yeux se logent un sentiment d'amour évident et intense à l'égard du Chasseur. Je ressens presque de la nostalgie pour leur couple qui a volé en éclat le jour où Vildred a perdu ses émotions.
Je me tourne vers le Chasseur.
— Elle a l'air gentille, je déclare alors, étonné du portrait désastreux que tous m'ont dépeint d'elle depuis mon arrivée à La Nouvelle Orléans. Ce n'es pas ce qu'elle renvoie a l'écran.
— Oh, elle a toujours su manipuler ses cibles, avec ses beaux sourires. Ne te fais pas avoir par ça, réplique-t-il sans émotion dans la voix.
On poursuit la vidéo.
— Dis-nous où on va, Bella.
— A la cérémonie de ton diplôme! Tu vas être nommé officiellement Chasseur d'Ombre! Réplique-t-elle en lui lançant un regard amoureux et rempli de fierté.
J'ai du mal à douter de ses sentiments. Elle semble très attachée à lui, visiblement.
— Et qu'est que tu fais toi?
— Je t'accompagne, pour que les autres filles sachent que tu es bien à moi! Lance-t-elle en continuant de marcher, en esquissant une petite moue qui exprime sa possessivité.
— Petite jalouse! S'esclaffe le Chasseur, alors qu'elle laisse échapper en réaction un rire éclatant.
Vildred met en pause la vidéo en appuyant sur la télécommande.
— Qu'est-ce que tu as noté?
Je réfléchis alors.
— ...Elle paraît tellement confiante...Je déclare alors, pensive.
— Et pourquoi?
— Je ne sais pas...
— Parce qu'elle sait exactement comment se présenter. Bella n'avait en réalité pas tellement confiance en elle. C'était une fille assez insécure, mais elle savait jouer des apparences. Regarde sa posture.
— Elle se tient droite...
— Pas que. Son menton est toujours levé et elle fixe toujours dans les yeux. C'est ta première différence. Tu as du mal à soutenir un regard. Tu le détourne quand tu ne maîtrises plus la conversation.
— Ah bon? Je lâche un peu vexée.
— Je ne te demande pas d'avoir totalement confiance en toi mais de le faire croire comme le faisait Bella.
Il me tend gracieusement sa main que je saisis, pas très rassurée. Il m'invite alors à me lever, et relève mon menton.
— ...Tu sens tes épaules? La manière dont tu te tiens ne les mets pas en valeur. Prends une inspiration, grandis toi, et maintient-les en arrière. Déjà, ta posture est un peu mieux.
Je m'exécute docilement sans rien dire.
Vildred pose ensuite sa main délicatement à plat sur ma clavicule.
— ...Ensuite, ta respiration. Tu respire par le haut du corps, ce qui amplifie ton aspect nerveux.
Il pose ensuite sa main sur le creux de mon ventre, ce qui me fait légèrement frissonner.
— ...C'est là que doivent venir tes inspirations, pas d'en haut. L'énergie par de ton ventre pour circuler dans tout ton corps. Essaie.
J'enchaîne alors quelques respiration, essayant de me concentrer.
— ...Tu vois, même pour une simple tâche, tu as du mal à me fixer dans les yeux, relève le Chasseur, alors que j'ai en effet détourner le regard.
Mais, le sentir aussi prêt de moi me déstabilise considérablement. Vildred a une aura tellement impressionnante qui ne me met pas forcément a l'aise, bien que je sache qu'il est seulement là pour m'aider.
Il retire sa main de mon ventre et me fait signe de recommencer. Je poursuis mes inspirations en maintenant mon regard dans ses yeux violets perçants, remplis de mystères.
— ...C'est mieux, déclare-t-il.
Vildred pointe alors Bella du menton.
— ...Regarde sa façon de marcher. Déjà elle ne se déplace jamais sans des talons de huit centimètres et tu sais pourquoi?
Je secoue la tête.
— Non...
— Parce qu'elle paraît plus grande, plus imposante et plus confiante, malgré son mètre soixante-cinq. Les femmes ne mettent pas des talons uniquement pour séduire. Elle le font parce qu'elle se sentent plus femmes, et plus confiante. Donc, si tu veux imiter Bella c'est escarpins obligatoires.
Je hausse un sourcil, d'une façon légèrement désapprobatrice, peu convaincue, lâchant un petit rire gêné.
— Alors maladroite comme je suis, ça va être compliqué...
— Bella n'est pas maladroite, et tu sais pourquoi? Parce qu'elle réfléchit scrupuleusement avant d'agir et de parler. Elle n'est jamais dans la précipitation ou l'impulsivité. Elle analyse tout. Être maladroite n'est pas une fatalité, ce peut être modifiable à condition de travailler dessus.
Il me fait signe de le suivre dans le couloir menant à sa chambre.
Je comprends qu'il m'autorise à y entrer, ce qui provoque en moi un élan d'excitation de pouvoir enfin voir cette pièce interdite.
Elle est encore plus grande que celle dans laquelle je dors. Elle est décoré assez sobrement mais très élégamment, alliant les couleurs noires et brunes à la perfection, mises en valeur par un éclairage tamisé.
Vildred s'éclipse dans son dressing sûrement plus grande qu'une chambre lui aussi, et revient avec une paire d'escarpin. Il ne sont pas très hauts, mes les talons sont fins, ce qui me crispe alors.
— Donc, c'est ce que je vais devoir mettre? Je devine alors.
— Je les ai prises le jour où on s'est rendu dans l'appartement de Bella, en plus de quelques vêtements que tu devras porter. Essaie-les, je doute que tu ne fasses pas la même pointure, comme tu es son sosie.
Vildred me tend sa main tel vrai gentleman, m'aidant à me tenir pour les enfiler sans que j'ai à me baisser.
Je fais alors quelques pas timides.
— ...N'oublie pas: épaules en arrière, tête droite et menton levé. Déjà si tu as la bonne posture, ce sera plus facile de trouver ton point d'ancrage. L'équilibre viendra ensuite.
J'applique ses conseils et me mets à marcher dans le long couloir qui mène à l'entrée, sous le regard affûté du Chasseur qui guète tous mes faits et gestes.
— ...C'est déjà un bon début, Sosie. Suis-moi, poursuit-il en retournant au salon.
— Autre chose à savoir: sa manière de parler. Est-ce que tu sais comment parle quelqu'un qui a confiance en soi?
Je secoue la tête.
— Non...
— En ne se répétant jamais. Première chose. Les gens n'ont pas besoin de te faire répéter parce qu'ils sont suspendus aux lèvres des gens confiants. Leur diction est fluide, leurs mots toujours bien choisis, et surtout, très important: leurs fins de phrase se ponctuent toujours vers le bas. Il évite de poser des questions et baisse leur intonation en fin de phrase, chose que beaucoup ne font pas. Ils n'ont pas besoin de hausser la voix pour se faire entendre. Est-ce que tu as compris?
Je hoche la tête.
— C'est clair, j'acquiesce alors.
— Je sais qu'il est impossible que tu sois parfaitement identique à elle en vingt-quatre heures, mais essaie de te souvenir de tout ça. Ce devrait suffire pour te glisser dans sa peau pendant quelques heures. Si tu es trop anxieuse, tu n'auras qu'à pas beaucoup parler. Je serais toujours à côté de toi de toute façon pour te rattraper si tu fais une bêtise.
— Merci pour ces conseils, j'essaierai de faire le mieux que je peux, je souris alors.
— Tu peux revisionner la vidéo autant de fois que tu veux jusqu'à demain.
Je hoche la tête, puis pose mes yeux sur Bella, sur son sourire radieux qu'elle lui adresse sur la vidéo. Des interrogations se mêlent alors dans ma tête.
— Tu étais la seule personne qu'elle aimait, n'est-ce pas? Je souffle alors, touchée par les images.
Vildred pose ses yeux sur moi et prends quelques secondes avant de répondre.
— En effet.
— Tu l'as aimée?
Un petit silence résonne alors.
— Je me souviens l'avoir aimée, effectivement, finit-il par répondre.
— Mais ce n'est plus le cas, maintenant...Je murmure.
Vildred secoue la tête.
— Je n'ai plus la capacité de ressentir quoique ce soit.
— Tu te souviens de tout?
— Absolument de tout, et ce, dans les moindres détails.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro