Chapitre 30
L'atmosphère mystique de La Nouvelle Orléans m'avait manqué.
J'avais réussi à effectuer mon trajet de retour sans rencontrer de véritables problèmes, ce qui m'avait paru un peu trop beau pour être vrai. J'avais envoyé un message à mon père pour lui dire que je devais rentrer pour réviser pour un examen, auquel il m'avait simplement répondu bon courage, sans chercher à obtenir davantage d'informations. Or, réagir de cette manière n'est pas habituel pour lui. Il aurait dû me poser une montagne inconsidérable de questions, mais là, rien...
Je me suis toutefois décidée de ne pas chercher trop à comprendre sa réaction pour me focaliser sur l'avenir, même si j'avais gardé tout cela dans un coin de ma tête.
*
Je me dirige d'un bon pas vers l'Enclave. Je suis en retard. Vildred m'avait demandé d'être là à 9h et il est déjà l'heure passée depuis quelques minutes. C'est vrai que j'avais un peu roupillé ce matin, tentant de rattraper mon manque évident de sommeil que je traîne depuis des jours.
Maintenant que j'ai été tatouée sur la main, je peux accéder aux locaux. Cependant, je galère à trouver la salle 105. Le bâtiment est grand et mal indiqué. Par chance, à force de déambuler dans les couloirs, je tombe sur un plan d'évacuation. Je glisse mon doigt sur chacune des pièces numérotée à tous les étages, dans l'espoir de trouver celle qui m'intéresse. Après quelques secondes de recherche, je me rends compte que la salle 1000 se situe au niveau -1.
Pourquoi au sous-sol?
Je commence à angoisser un peu à propos de qu'il m'attend.
En direction des escaliers, je jette un coup d'œil autour de moi pour voir si j'aperçois Isaac. Je l'avais prévenu par message hier que je revenais à La Nouvelle Orléans, mais il ne m'avait pas répondu, alors que le message était marqué comme lu. Je comprends rapidement que son attitude froide et distante est de nouveau de mise maintenant qu'on est revenu à l'Enclave. Il marque sûrement la distinction de grade entre lui et moi. Ce qu'on a vécu durant cette courte pose, nos relations améliorées semblent tomber dorénavant dans l'oubli.
Je chasse les ruminations de ma tête et cherche du regard la fameuse salle. Les autres pièces du sous-sol semble verrouiller par un badge. Il n'y a d'ailleurs personne à ce niveau là, ce qui renforce un peu mon anxiété. Un aspect mystérieux se dégage du long couloir que j'arpente. Les lumières ne sont pas toutes allumées et pour celles qui le sont clignotent d'une façon hasardeuse. J'arrive enfin devant la salle que je cherchais, qui se trouve tout au bout du couloir. La porte est entrouverte et donne sur une sorte d'immense gymnase. Les tapis posé sur l'intégralité du sol et des murs me font pensé à un dojo. J'enlève mes chaussures à l'entrée et balaie la pièce à nouveau du regard.
Je me détends considérablement quand j'aperçois Laura qui m'adresse un immense sourire, que je lui rends.
Vildred est là, lui aussi. Il est habillé très différent de d'habitude. Lui qui porte souvent des tenues très élaborées et sophistiquées et des bijoux massifs argentés, est vêtu plus sobrement d'un pantalon fluide noir et d'un teeshirt près du corps de la même couleur avec des signes asiatiques sur le dos. Ses longs cheveux noirs sont remontés en chignon, ce qui n'est pas habituel. Je remarque qu'il est en train d'ajuster à ses poignets des bandes sombres.
Il pose ses yeux violets sur moi, l'analysant de son regard déstabilisant, jusqu'à que je parvienne à côté d'eux.
— Salut! Je suis contente de vous voir, je déclare alors, pour combler le silence à mon goût qui devient un peu trop long.
— En forme Linda? Me demande la vampire assise témérairement sur une table, en m'invitant à retirer ma veste qu'elle pose sur le rebord d'une chaise à côté d'elle.
— Qu'est-ce qu'il se passe? Je demande, le cœur battant, voyant dans les yeux de mes camarades qu'ils ont prévu quelque chose de particulier pour moi.
Vildred me fait fait signe de me déplacer au centre du tapis. J'attache alors ma longue chevelure rousse en queue de cheval, parcourant du regard la salle, un peu anxieuse.
— On va t'entraîner, déclare Laura en esquissant un petit sourire malicieux.
Mon cœur commence à battre très fort.
Je fixe alors ma tenue: je ne suis pas sure qu'un débardeur et un jean soit la tenue la plus appropriée pour ça...mais passons.
— Ah oui?
— N'aie crainte. Vildred est l'un des meilleurs combattants du pays. Il saura t'enseigner les bonnes bases.
Une sensation d'honneur de me faire entraîner par une légende comme Vildred se mêle néanmoins à une certaine angoisse et à un syndrome de l'imposteur, qui m'inhibe alors.
— Je ne remets aucunement ces qualités de combattants, mais je ne m'attendais pas à m'entraîner avec le dernier champion des duels des Surnaturels. Est-ce que c'est une bonne idée? Je me mets à douter.
Vildred s'avance alors vers moi pour me rejoindre au centre du tatami.
— Tu avais quelqu'un d'autre en tête que tu aurais préféré pour un moment physique comme celui-ci? Relève alors Vildred en m'analysant de son regard dans lequel je note immédiatement le sous-entendu, s'amuser visiblement à me mettre mal à l'aise.
Peut-on s'amuser sans émotions?
Quoiqu'il en soit, mes joues se mettent à rougir légèrement.
Je prends sur moi pour chasser la gêne qui s'installe sur mes pommettes et soutiens son regard d'une manière légèrement insolente.
— Pas de moins du monde. Je suis même impatiente de te clouer au sol, je rétorque avec angoisse, en faisant craquer les articulations de mes petits doigts.
Vildred fait alors quelques pas et d'un geste de la main me fait signe de m'approcher, restant dans un calme absolu bien à lui que je continue de trouver toujours autant déroutant.
— Et bien, viens me clouer au sol, Sosie.
Je me concentre alors et essaie de me rappeler de deux-trois techniques que j'avais vu dans des vidéos.
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens à ce moment là un feu ardent embraser mes entrailles. Une montée d'enthousiasme et de motivation débordante s'empare de moi et génère une impulsion soudaine.
Je tente alors un coup d'attaque. Je tente de viser sa gorge pour le couper sa respiration, sauf que Vildred est d'une vitesse qui rend ses mouvement quasiment imperceptible. Il contre attaque, bloque mon bras, puis le tord, m'obligeant à plier les genoux tellement la douleur est désagréable. Je tombe au sol, comme une enfant sans défense, légèrement honteuse.
Mon impulsion redescend immédiatement.
Vildred me laisse me relever, fait quelques pas jusqu'à une grosse malle, qu'il ouvre et dans laquelle il déniche une paire de gant rembourrés, un peu comme des gants de boxe. Il me les lance, et je les rattrape maladroitement en plein vol.
— On évite de viser cette zone-là du corps quand on débute le combat. Trop prévisible et trop facile à contrer, déclare le chasseur en me dévisageant de son regard perçant.
Je hausse un sourcil, un peu vexée.
— Et, qu'est-ce que je dois faire alors?
— Pour le moment endurer. Enfile les gants, m'ordonne-t-il.
J'exécute ses ordres sans broncher et je vois Vildred faire un pas vers moi.
— Et...? Je réplique en attente qu'il me dise quoi faire.
— Quoi, « et... »? Frappe-moi.
Je pose mes yeux sur Laura au fond de la salle qui nous observe en silence depuis le début, et lui partage ma crainte du regard. Elle me fait cependant signe de me lancer.
Je me mets alors à donner des coups répétés, que le chasseur encaisse par la simple force de ses bras.
— On n'apprend pas à combattre en un jour. On ne finit d'ailleurs jamais d'apprendre à le faire. La plupart des Surnaturels sont nés dans les armes et ont appris à se battre comme ils ont appris à marcher. Chacun d'entre eux a sa propre technique. Les vampires visent les endroits les plus sanguinolants, car l'odeur du sang de leur victime booste leur motivation, les loups-garous utilise des attaques très offensives, et usent de leur force physique considérable pour faire perdre l'équilibre à leur adversaire et nous les chasseurs nous sommes des caméléons.
— Des caméléons? Je relève, tout en continuant de boxer sur Vildred qui ne semble pas du tout touché par l'impact de mes coups.
— Nous avons été formés pour pouvoir nous défendre de n'importe quel adversaire. Nous avons appris toutes les techniques possibles, toutes les failles de chaque espèce. Nous partons avec le principal désavantage d'avoir exactement la même force physique qu'un simple humain, contrairement aux loups-garous et aux vampires. Nos entraîneurs nous font apprendre toutes les combinaisons possibles, toutes les tactiques, pour faire de notre principal atout, notre vitesse et notre œil aguerri, une véritable arme de guerre.
Je m'arrête alors, déjà épuisée par les coups donnés.
— Il faut que je boive.
— Tu as bu juste avant le début de l'entraînement. Tu cherches des excuses pour fuir le combat. Continue de frapper. Les progrès seront possibles je si tu te dépasses. Sans effort, il n'y aura aucun résultat.
Je me remets alors à boxer contre Vildred, qui continue de bloquer machinalement mes coups. Mais, je ressens alors une frustration immense. Je veux combattre, mais mon corps ne suit pas. Je suis trop faible, je n'y arriverai jamais. Épuisée et énervée contre moi parce qu'honteuse de ma faible performance, j'enlève les gants et les jette par terre, pour essuyer mon visage humide de mes mains.
— Isaac avait raison. Je n'ai aucun espoir de devenir comme vous, je lâche.
Vildred ramasse les gants, gardant un calme rude à toute épreuve, reprenant un air particulièrement mystérieux.
— Non, Isaac avait tord.
— Quoi?
— La manière avec laquelle tu donnes tes coups est inscrite dans tes gènes. Tu aurais été entraînée depuis ta naissance tu serais aujourd'hui redoutable. Mais, tes muscles sont faibles et ton cardio pitoyable. A partir d'aujourd'hui, on court tous les soirs à dix-neuf heures, est-ce que c'est clair?
Je fixe alors le jeune homme avec deux yeux ronds, m'attendant pas du tout à ce qu'il me dise ça.
J'ai du mal à croire ses paroles, mais, je sais qu'il ne ment pas, car ce n'est pas son genre d'être pas dans la compassion.
Essoufflée, je sens mon cœur tambouriner fortement dans ma poitrine. Je fixe mes mains rougies par les rafales de coups que j'ai livrées faiblement, et fixe de nouveau le Chasseur.
— Comment tu peux être sûr de ça?
— La question n'est pas de savoir pourquoi je dis que tu as tes chances. C'est de savoir pourquoi Isaac refuse de le reconnaître. C'est l'un des loups-garous les plus entraînés et je sais qu'il sait repérer les potentiels. Tu ne te demande pas pourquoi il persiste dans ses persuasions?
Je reste alors silencieuse. Je secoue la tête, sans un mot, me mettant à réfléchir à ce sujet, sur lequel je m'étais jusque-là pas penchée.
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