Chapitre 150
Ulrick se tient devant nous, une arme à feu à la main. Bella, l'épaule collée contre la mienne se met à trembler. J'essaie de rester calme. Garder la tête froide est vraiment nécessaire dans ce genre de situation, notamment en compagnie de Bella qui a une forte tendance à faire des crises d'angoisse. Je dois tout faire pour éviter un débordement.
— Voyez-vous ça...ça fait des semaines que je vous recherche toutes les deux, et vous voilà servies comme sur un plateau d'argent.
Je frisonne. Ce que je vois me rends complètement perplexe. Donc, Jonas était-il Ulrick en réalité ? C'est une hypothèse que je n'avais pas du tout penser.
— Tu es le fils de Zachary Prior ? je demande alors, la voix tremblante.
Mon interlocuteur acquiesce, sans aucune expression d'humanité dans son regard.
— Je suis le fils de Zachary Prior, en effet. A la simple différence que je ne le considère par comme mon père. Pas après ce qu'il a fait.
Ulrick tient toujours dans sa main son arme à feu. Je sais qu'il n'est pas du tout équilibré. Je dois donc le plus rapidement possible lui faire croire qu'on est de son côté. Il faut absolument que je trouve de quoi nous lier à lui, sinon on sera toutes les mortes avant le coucher du soleil. Je mets mes mains en évidence pour lui faire comprendre que nous ne sommes pas ses ennemis.
— Je comprends ce que tu dis. Nous sommes toutes aussi remontées pour le mal qu'il a causé. Nous nous sommes en capacité de nous venger de lui et de l'Enclave, pour ce qu'ils ont fait.
— Ce n'est pas de l'Enclave ou de Zachary Prior que je souhaite me venger, petite rousse. Mais, de ceux qui ont fait basculer ma vie. Ceux qui ont tué une partie de ma famille. A savoir la famille des Johnson.
Mon cœur se soulève et un immense frisson parcourt mon échine. On fait alors un pas en arrière, Bella et moi terrifiée. Le regard d'Ulrick transpire de haine et de folie. Je commence à croire qu'il ira au bout de son idée, qui semble fanatiquement l'habiter.
C'est donc pour cela qu'il a rejoint l'Enclave ? Pour accéder plus facilement à des informations sur la famille pour mieux ensuite l'anéantir ?
Visiblement il est au courant de toute l'histoire grâce à ses recherches dans l'Enclave. Et c'est de toute évidence en notre défaveur.
Il plante alors son arme à feu vers nous, alternant entre Bella et moi.
— Assez parler, mesdemoiselles. Laquelle de vous deux est la vraie Bella Johnson ?
Silence de mort.
Je me paralyse sur place. Je n'ai même pas le temps de répondre que Bella réplique.
— C'est moi, articule-t-elle sèchement.
Il dévie alors son arme en sa direction. Je fixe alors la jeune femme d'un regard effaré.
— Mais, qu'est-ce que tu fais..? C'est moi qui suis la véritable Bella ! je m'exclame horrifiée.
Bella secoue la tête, gardant les traits de son visage durs, défiant Ulrick du regard.
— Non. Ne l'écoute pas. Je suis la véritable Bella, réplique-t-elle sans émotion dans la voix, comme si elle était déterminée à rester campée sur ses positions.
Je comprends qu'elle est en train de se sacrifier pour moi.
Sauf qu'Ulrick, qui est incapable de nous différencier physiquement commence à s'impatienter. Il marche nerveusement et frénétiquement dans le petit chalet, alternant son arme de cible entre mon sosie et moi.
— Arrêtez vos conneries ! Dites-moi immédiatement qui est cette foutue garce, s'indigne-t-il sur un ton agressif qui me glace le sang.
Sauf que Bella comme moi voulons s'attribuer du mauvais rôle pour sauver l'autre. Parce qu'on sait qu'il épargnera sa sœur, et qu'il tuera l'autre fille. Mais, je préfère mourir plutôt que Bella s'accuse à ma place.
— Vous ne réussissez pas à vous mettre d'accord ? Eh bien, on va utiliser nos bonnes vieilles méthode, crache-t-il alors, avec agacement.
Il fouille nerveusement dans une commode pour y dénicher une lame que je suspecte immédiatement d'être en argent. Il la saisit fermement et se rue vers nous. Il attrape le bras de Bella pour y creuser une entaille, puis se place devant moi, pour y me faire subir le même sort. Quand il m'entaille le bras, je ressens une douleur inouïe qui me fait confirmer ce que je craignais. Je hurle alors de douleur.
Bella fond immédiatement en larme, pleurant sur mes épaules.
— Je suis tellement désolée...sanglote-t-elle quand elle comprend qu'il n'y a plus aucune issue possible.
A mon tour, je verse une larme, qui s'échoue fatalement sur ma plaie. Cette dernière, à mesure que les secondes passent commencent à devenir noire, indiquant un empoisonnement à l'argent.
Un sourire de satisfaction se dessine sur le visage déshumanisé de notre assaillant, qui guette avec insistance nos blessures respectives.
Il m'attrape alors par le bras pour m'emmener à l'extérieur avec lui. Bella se met alors à hurler et se jette sur moi pour l'en empêcher.
— Arrête ! Laisse-là !
Son cri déchire la pièce.
Bella réussit à me serrer une dernière fois dans ses bras, le temps de quelques secondes. Je sens son cœur battre à mille à l'heure. Le mien se serre douloureusement dans ma poitrine. Ses larmes se mélangent aux miennes. Ulrick nous sépare brutalement en projetant violemment Bella contre l'armoire, qui chute au sol. Le bout de son arme à feu planté sur ma la tête, il me pousse de nouveau vers la jeune femme après m'avoir séparée d'elle et me balance une corde entre les mains.
— Attache-là, m'ordonne-t-il.
Tremblante, et sentant la douleur se propager dans ton mon bras, j'attrape Bella du regard. Elle continue de sangloter, les yeux brillants d'excuses, qui me déchire le cœur. Je m'exécute parce que je n'ai d'autres solutions. Ulrick m'insulte à plusieurs reprises parce qu'il juge que les chaînages ne sont pas assez serrés, puis, enfin satisfait, il m'empoigne par le bras pour m'attirer à l'extérieur. Bella continue d'hurler, essayant de se débattre, mais en vain. Ses cris ne semblent pas atteindre son demi-frère, bien décidé à mettre à exécution son sombre plan de vengeance. Il verrouille la porte, puis m'entraîne dans la forêt. La manière avec laquelle il m'empoigne le bras me fait horriblement mal, d'autant plus que c'est celui qui est a été touché par l'empoisonnement à l'argent.
— Qu'est-ce que tu vas faire ? Me tuer ? je lâche.
— Exactement, rétorque-t-il sèchement, dans un discours hermétique, alors qu'il continue de me tirer par le bras pour atteindre les profondeurs de la forêt, là où il pourra faire plus facilement disparaître mon corps, certainement.
— C'est ça ta vengeance ? Tuer quelqu'un qui n'est pour rien à ta souffrance ? je m'indigne.
— Ta famille est à l'origine de mes souffrances. A moi de les faire souffrir, quand ils verront que leur fille chérie qu'ils viennent de retrouver a été vidée de l'intégralité de son sang.
Je me mets alors subitement à réfléchir. Je comprends qu'il est au courant de beaucoup de choses sur moi et ma famille.
— Tu sais. Tu sais qu'ils sont fraîchement au courant de mon identité...,je souffle. Donc, ça veut dire que tu m'observes. Tu les observes...
Ulrick ne nie pas, m'accordant un regard rempli de dédain.
— Et je sais bien des choses sur vous. Sur les loups-garous. Tu peux me croire, rétorque-t-il d'une voix plus calme.
Je me fige alors, sentant mon cœur se soulever. Je commence à comprendre.
— C'était toi...c'était toi l'individu qui a tué les enfants de la meute d'Isaac...je souffle, complètement déconcertée, mais commençant à acquérir une certaine lucidité.
— Ça n'a pas été difficile. Tu sais comme les enfants sont facilement manipulables, ricane-t-il alors.
C'était donc ça...
Je déglutis alors. J'ai envie de vomir. Tout cela me sidère.
— Pourquoi ?
Il hausse un sourcil me dévisageant avec condescendance.
— Pourquoi ? Parce que je voulais que tu te sentes seules et vulnérable. Quand tu es arrivée à l'Enclave prétendant t'appeler Linda Prior, j'ai eu de gros doutes sur toi. Je ne savais pas encore ce que l'Enclave avait fait, ni connaissait l'existence du projet Doppelgänger, mais j'ai tout de suite eu des doutes. J'étais tombé sur des documents étranges, qui me laissait comprendre que la Bella que je côtoyais a l'époque en tant que collègue, avant qu'elle en s'enfuie de l'Enclave n'était pas celle qu'elle prétendait être. Ainsi, je savais que tu te rapprochais des loups. Je ne voulais pas qu'ils découvrent avant moi la vérité sur toi. En t'éloignant d'eux, j'étais certains qu'ils ne découvriraient pas la vérité. Puis, en fouillant un peu plus, je suis tombé sur des papiers d'identité, des actes de naissance. J'ai eu la confirmation de mes doutes. Tu n'étais pas plus Linda Prior qu'elle était Bella Johnson. Vous aviez été échangées.
Tout cela est complètement insensé. Je remarque que les propos d'Ulrick sont à la limite du délire. Le sentiment de persécution qu'il ressent le rend complètement fou. Il est extrêmement fragile et tourmenté, ce qui le rend très dangereux. Je sais qu'il ne bluffe pas quand il dit qu'il va me tuer. Il va le faire. Peut-être que je peux encore réussir à le faire changer d'avis. Il faut au moins que j'essaie, même s'il semble hermétique à tout argument extérieur.
— On est tous les deux des victimes de l'Enclave, Ulrick. Mais, ça peut encore changer ! Ne supprime pas quelqu'un qui pourrait t'aider. L'Enclave a fait bien trop de dégâts.
Ulrick s'arrête alors et me balance au sol, braquant son arme chargée en direction de mon crâne, le regard vidé de toute humanité. Je n'y vois plus qu'une haine et une rage débordante.
— Je me contre-fiche de l'Enclave ! Mais, toi, Linda, Dieu que tu m'es extrêmement précieuse. J'ai attendu ce moment si longtemps. Tu vas mourrir aujourd'hui. Et, ma mère et mon cousin seront vengés. Les Johnson périront un à un, à commencé par leur héritière.
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