Chapitre 142
Je reçois un message de Laura, me demandant de la rejoindre sur le pont.
Il est minuit passé. Après la discussion avec Bella, je quitte la cabine pour retrouver la vampire.
Elle est là, à l'extérieur, les mains posée sur la barrière, à fixer les vagues se briser sur la coque du bateau. Son regard semble plonger dans le vide.
Décidément, ce soir paraît faire remonter chez beaucoup de la souffrance.
— Hey, je lance.
— Hey. Merci d'être venue. Je ne voulais pas être seule, me répond-elle.
Laura ne pleure pas. Elle est stoïque, le visage fermé, comme si elle s'empêchait de hurler toute la colère qu'elle ressent.
— Stan ? je devine alors.
La jeune vampire hoche la tête. Son regard reflète alors une onde de haine pour ce dernier.
— Je crois qu'il ne mérite même pas que l'on parle de lui, lâche-t-elle.
— Tu ne veux pas en parler ?
Laura secoue la tête.
— Non. En fait, j'ai juste envie de passer un moment tranquille, loin de tout cela avec mon amie.
Je lui adresse un sourire de compassion et de complicité. Ça fait un moment déjà que je côtoie Laura. La situation nous a beaucoup rapprochée elle et moi, et j'apprécie beaucoup sa compagnie. On s'entend bien, on se comprend. Alors, que demander de plus ?
— Vous avez l'air proche Isaac et toi, déclare-t-elle en m'accordant un sourire espiègle.
Je laisse échapper un petit rire.
— Ce n'est désormais un secret pour personne, je réponds, avec tout de même une boîte d'embarras dans la voix.
— C'est quelqu'un de bien. Il saura te rendre heureuse, déclare-t-elle pensive, en se remémorant ses souvenirs.
— Tu crois que sa famille m'acceptera après tout ce qu'il s'est passé ?
Il est vrai que la dernière et seule fois que j'ai vu ses parents, ça s'est très mal fini. Trois des enfants de la meute ont été retrouvés morts et cette dernière m'a accusée. Bien que ses parents semblaient croire en mon innocence, ils ont fait comprendre à Isaac que sa relation avec moi n'aurait que difficilement un véritable avenir. Mais, maintenant c'est différent. Ils ne savaient pas à l'époque que j'étais la vraie Bella Johnson, la fille avec qui il sortait adolescent. Mais, je continue tout de même à appréhender leur réaction quand ils sauront qu'on est encore ensemble lui et moi, et qu'ils apprendront mon identité. Celle que j'appréhende est surtout sa mère. Je sais que les mères sont protectrices quand il s'agit de leur fils. Je me demande si elle m'acceptera après avoir fait comprendre à Isaac que sa relation avec moi serait compliquée comme je n'était pas loup-garou.
— Isaac semble confiant par rapport à cela. Il m'a dit que ses parents étaient aussi proches de toi quand vous étiez jeunes que les tiens étaient proches de lui.
Je lève un sourcil, étonnée.
— C'est vrai ?
Une voix masculine nous interrompt alors.
— C'est vrai. Sa mère a toujours rêvé d'avoir une fille. Elle n'a malheureusement pas réussi à avoir d'enfant après Isaac. Ce fut apparemment son plus grand regret. Alors, comme Isaac et toi étiez inséparable, elle se comportait avec toi comme si tu étais sa propre fille. Je sais qu'elle a été méfiante à ton égard, quand il s'est passé ce qu'il s'est passé dans la meute. Mais, au fond, ce qu'elle a toujours voulu, c'est le mieux pour son fils.
Je me retourne. Parker est là.
Laura se met alors en retrait. Un geste très élégant qui nous permet Parker et moi d'avoir une discussion tous les deux.
— Et elle a raison, au fond, je réplique, pensive.
— Je réparerai mes efforts. C'est moi qui avait lancé la rumeur que c'était toi qui avait commis ces meurtres. Je sais aujourd'hui que ce n'est pas vrai, et j'en suis désolé, réplique-t-il.
Je hoche la tête et par le regard, je lui fais comprendre que j'accepte des excuses. Je ne suis pas quelqu'un de rancunière. Je ne peux pas lui en vouloir son excès de loyauté auprès des loups-garous.
— Vous aviez su qui c'était ?
Parker secoue la tête.
— Non. Et on le saura sans doute jamais, réplique-t-il le regard assombri.
Un petit silence s'en suit. Puis il poursuit.
— Tu sais, j'approuve votre relation avec Isaac. On s'est beaucoup déchiré ses derniers mois lui et moi, mais il est mon ami le plus ancien. On a grandit ensemble, je sais qu'il prendra soin de toi.
— C'est le moment où tu joues les grands frères protecteurs ? je lui souris alors, en lui accordant un regard espiègle.
Parker me rend mon sourire, arborant un petit air coupable.
— Je l'ai toujours été, c'est vrai. Que ce soit avec toi ou Maddie.
La mention de ma petite sœur fait naître en moi un sentiment étrange. Je ne la connais pas, mais je l'aime très fort malgré cela.
— Je sais. J'ai vu comment tu t'occupais d'elle les fois où on s'est croisé dans les deux meutes.
— Maddie est une jeune fille fragile. Elle est malade, tu sais, elle est hémophile. Mais, c'est une des personnes les plus courageuses que je connaisse.
Je me tourne davantage vers mon interlocuteur, me remémorant un souvenir datant d'il y a quelques fois.
— Tu sais qu'elle m'a sauvé un jour ? Des vampires me traquaient et elle leur a envoyé avec son arc un pieu en bois dans le cœur.
Parker laisse échapper un petit rire.
— Elle ne m'écoute pas. J'ai beau lui dire qu'il n'est pas prudent qu'elle s'aventure hors des bayous seule, mais elle n'en fait qu'à sa tête.
— Elle a un sacré caractère, donc.
— Comme celui de sa sœur, me sourit-il.
Un petit silence s'en suit. Je pousse alors un petit soupir.
— Tu penses que je serai à la hauteur ? En tant qu'héritière ?
Une lueur de certitude habillé alors ses yeux noisettes.
— J'en suis persuadé. Et puis, tu auras ta famille derrière toi pour t'épauler.
— A ce propos...j'ai une faveur à te demander.
Parker hoche la tête, attentif.
— Dis-moi.
Je laisse un petit silence s'écouler avant de répondre. Ce que je m'apprête à lui demander me tient réellement à cœur.
— Faites la paix, Isaac et toi avec Jayden. Il m'a sauvé la vie et il nous a aidé. Il a prouvé qu'il était bien de notre côté et pas celui de l'Enclave. Il mérite une once de reconnaissance.
Parker détourne le regard et pousse un petit soupir. Ce que je lui demande ne semble pas l'enchanter. Mais, j'ai envie que les tensions s'apaisent, que Jayden ne soit plus vu comme la bête noire des loups-garous, mais comme un membre à part entière de la famille. Un véritable allié.
— Je n'ai jamais rien pu te refuser de toute façon, finit-il par souffler.
— On ne refuse rien aux Johnson, c'est ça ? je souris alors.
— C'est une sacrée famille, la famille Johnson. C'est important pour moi, la famille tu sais. Ton père m'a élevé comme son fils, à la mort du mien. Protéger ses filles sont pour moi une manière de le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi. Alors, si tu me demandes d'améliorer mes relations avec notre cousin, je le ferai. Pour toi.
Je lui adresse un regard reconnaissant. Parker est quelqu'un de bon, au fond, malgré ses pulsions belliqueuses souvent un peu extrêmes.
— Comment sont-ils ? Notre famille ?
— D'une gentillesse absolue. Ton père est quelqu'un de profondément valeureux et ta mère est d'une bonté sans nom. Tu t'entendras avec eux, c'est une certitude. Tes parents étaient si proches de toi quand tu étais jeune.
— Et Maddie ?
— Maddie, c'est ma petite chouchoute parmi les jeunes que je forme. Parce que oui, mon rôle dans la meute c'est de former les enfants au combat. Maddie, à cause de son hémophilie, ne peut pas se battre au corps à corps. Elle s'est spécialisée dans le tir. Elle est très douée. Mais, au delà de ça, c'est une jeune fille si généreuse et gentille. Vous étiez si proches.
— Quel âge a-t-elle aujourd'hui ? je lui demande alors.
— Quatorze ans.
Mon cœur se sert dans ma poitrine.
— L'âge que j'avais quand j'ai été enlevée, je murmure alors, pensive.
Parker m'adresse un regard bienveillant et réconfortant.
— Vous réussirez à rattraper le temps perdu, elle et toi, tu verras.
Il semble sûr de lui. J'ai envie de le croire. Je hoche alors la tête, un peu émue.
— Merci de t'être occupé d'elle pendant tout ce temps. Cela aurait dû être mon rôle.
Parker se tourne vers moi et m'accorde un regard rempli de compassion.
— On veille les uns sur les autres. Je n'aurais jamais imaginé faire autrement.
Je souris alors, fixant de nouveau loin devant moi, mon regard se perdant à l'horizon.
— Tu n'es pas si méchant que ça, finalement.
— Moi ? Non. Je ne suis pas quelqu'un de méchant. Peut-être un peu têtu, s'esclaffe-t-il.
— Je suis contente que nos relations se soient apaisées, je déclare alors.
Parker hoche la tête et fixe comme moi les vagues au loin.
— Merci.
— Pour quoi ?
— D'avoir pu apaiser mon cœur.
*
Laura et moi restons quelques instants supplémentaires ensembles sur le pont, alors que Parker rentre se coucher.
Cette soirée est très particulière. Les émotions se sont succédées toutes les heures, et pas que les plus gaies. Mais, ce soir, je me sens bien. Je me sens moi aussi apaisée. Me sentir entourée me fait énormément de bien.
Alors, qu'on papote elle et moi, je me concentre sur une lumière au loin qui retient alors mon attention. Je plisse les yeux et finit par percevoir qu'elle provient d'un bateau plus petit de nôtre qui se rapproche à toute vitesse.
— Qu'est-ce que c'est ? je murmure alors, suspicieuse.
Alors que je m'attends à ce que le bateau contourne le paquebot sur lequel on se trouve, ce dernier fonce sur nous, avant de s'arrêter juste avant qu'il n'entre en collision. Des hommes armés et cagoulés débarquent alors sur notre bateau et des bruits de tirs me soulève le cœur.
Les assaillants sont en train d'abattre un à un les voyageurs qui se dressent sur leur chemin.
Mon sang fait un seul tour dans mes veines. Je n'ai même pas le temps de penser que la panique me gagne.
— C'est eux. Ils nous ont retrouvés, déclare Laura.
Là, on a une demie seconde pour réfléchir. Quoi faire ? Se jeter à la mer ? Rentrer se cacher ? Prévenir les autres qu'on croise ?
On choisit la deuxième et la troisième option. On court se réfugier à l'intérieur, criant que des hommes armés viennent d'envahir la bateau. On sait qu'ils sont venus pour nous. J'ignore comment ils nous ont retrouvés. Mais, l'Enclave est toujours au courant de tout. Ils auront toujours une longueur d'avance sur nous.
Je cherche partout les autres, mais en vain. Tout le monde court, paniqué, dans la bateau, j'ai du mal à trouver mes alliés. On se dirige Laura et moi vers l'étage le plus bas, espérant que les assaillants ne viendront pas jusque-là. On entre dans un local, une sorte de garde-manger qui se trouve à côté des cuisines, et on referme tout de suite la porte. Le verrou semble plutôt solide. Mais, on a rien pour se barricader. Les étagères ne semble pas déplaçables comme elles sont incrustées dans le mur. Laura plaque ses mains contre la porte, pour empêcher les intrus de rentrer.
On reste alors comme ça, à attendre que les cris à l'extérieur cessent. Mais, ils s'empirent, s'intensifient, nous faisant comprendre que les ravisseurs se rapprochent.
Et puis, des rafales de tirs se font entendre, n'arrivant pas à ouvrir la porte verrouillée du local dans lequel on se trouve, ils tirent dessus. Laura recouvre la surface de la porte pour se prendre toute les bals, afin de m'éviter d'être blessée. Le local est petit, j'aurais été forcément touchée si elle n'avait pas pris cette initiative. Cela semble douloureux mais, elle n'en mourra pas. Les vampires ont la faculté de cicatriser rapidement.
On essaye de rester les plus silencieuses possible, mais c'est difficile de ne pas crier à chaque balle qui transperce la lourde porte qui nous sépare des hommes de l'Enclave.
Puis, plus rien. Les tirs s'arrêtent puis semblent se poursuivre dans une pièce à côté. On reprend notre souffle. Mais, pas pour longtemps. De la fumée noire passe à travers la porte.
— Ils ont foutu le feu, lâche Laura, paniquée.
Les vampires sont plus sensibles que les humains au feu. Ils peuvent en mourir.
La jeune femme tente alors de déverrouiller la porte mais n'y arrive pas. Quelque chose la bloque. Ils l'ont bloquée. J'essaie à mon tour, pensant que la jeune femme est trop affaiblie par les balles qu'elle a reçu partout dans son corps, mais n'y parviens pas non plus.
Les flammes commencent à se propager à l'intérieur du local. On s'écarte subitement de la porte pour se coller au mur du fond. Par réflexe je me déshabille légèrement et porte au niveau de mes voies respiratoires mon pull pour filtrer la fumée noire qui s'introduit peu à peu dans mes poumons.
Puis, une explosion dans une des pièces à côté retentit, faisant vibrer les murs. Les étagères jusque-là incrustées dans le mur tombent lourdement sur nous, sur nos jambes, nous faisant chuter et nous empêchant dorénavant de nous lever. Nos jambes sont emprisonnées dans les débris, on ne peut pas fuir. Je vois Laura encore plus mal en point que moi. Je suis paniquée.
On va mourrir. Il ne nous reste pas longtemps avant de perdre connaissance à cause du manque d'oxygène.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro