Chapitre 138
Ce soir, règne une atmosphère très particulière. On est tous tendus parce qu'on organise un dîner formel avec Stan, afin de discuter de la suite des événements.
Alors forcément, entre Bella et Jayden qui ne font pas l'unanimité auprès des autres, Parker qui souhaite étriper chacun des individus qui ont cherché à me tuer, Vildred qui n'en fait qu'à sa tête, et Laura qui éprouve une rancoeur monumental pour Stan, ce repas prévoit d'être un vrai cauchemar. Il n'y a qu'Isaac qui semble s'être assagit. Sa relation tumultueuse avec Bella paraît s'être calmée et il ignore désormais Jayden. Il est focalisé uniquement sur le plan, et ça me fait du bien qu'il prenne les reines de la situation. On a besoin d'un leader qui sait faire preuve de calme et de bon sens. Et pour le moment, c'est le seul de la petite troupe qui en est pourvu.
Je suis plutôt nerveuse et le loup-garou le remarque aux traits crispés de mon visage. Je suis dans la cuisine à surveiller le rôti dans le four.
— Tout va bien se passer, me dit-il, en posant délicatement sa main sur ma taille, en signe de réconfort.
Je hausse les épaules, peu convaincue.
— Si on n'arrive pas tous à s'entendre, cela nous mènera à rien. Stan n'est pas quelqu'un de patient. Quand il découvrira qu'on n'est pas soudé, il mettra fin à l'accord. Je lui ai fait la promesse que j'arriverai à lier tout le monde. Je n'aurais jamais dû faire une promesse que j'étais incapable de tenir, je lâche, en faisant tomber ma tête dans mes mains, dans un élan de pessimisme.
Issac hausse les épaules, et relève mon visage, m'accordant un regard rassurant.
— Moi, je trouve que tu as fait du bon travail. Tout le monde est réuni ce soir, et ça c'est parce que tu as réussi à les convaincre qu'on avait tous un intérêt commun.
Je pousse alors un léger soupire, ouvre le four et arrose le rôti, pour faire évacuer ma nervosité. Je ne peux pas attendre sans rien faire. Je suis trop angoissée.
— Tu penses qu'on peut leur faire confiance ?
je poursuis, alors.
Isaac lève un sourcil et s'appuie d'une main contre le plan de travail, pensif.
— Tu parles de qui précisément ?
Je hausse les épaules, laissant mes préoccupations se verbaliser.
— Je me pose des questions. Principalement sur Vildred. Pourquoi accepterait-il de nous aider à renverser l'Enclave, alors que ses dirigeants lui verse t chaque mois un salaire astronomique ? je réplique d'une voix plus basse.
Il est dans la pièce d'à côté et je sais que les Chasseurs sont dotés d'une ouïe très fine. Je ne voudrais pas qu'il écoute cette conversation.
— Pour ne pas se mettre à dos les loups-garous ? suggère le loup-garou.
Je secoue la tête, dubitative, et croise les bras sur ma poitrine après avoir refermé le four.
— Je ne crois pas en cette excuse. Je n'y crois plus. Il ne ressent pas d'émotion. Je pense que les loups-garous ne sont pas une menace pour lui. Il n'a peur de rien. La seule chose qu'il recherche c'est de l'argent. Et notre quête n'est pas une quête d'argent mais de justice. Et la justice, il a montré à de maintes fois qu'il n'en avait rien à faire.
Un petit silence nous livre alors dans de profondes réflexions. Isaac entend mes craintes mais n'a pas l'air plus inquiet que ça.
— Donc, tu doutes de ton meilleur coéquipier, réplique-t-il.
Je fronce légèrement les sourcils, dubitative.
— Tu n'as pas l'air d'être autant inquiet que moi. Qu'est-ce que tu en penses ?
Isaac pousse un léger soupire avant de répondre.
— Je pense qu'il ne faut pas trop de prendre la tête. Toute cette histoire nous fait devenir paranoïaque. On se méfie de tout, de tout le monde jusqu'à nos alliés. C'est ce que veulent l'Enclave. Qu'on se sente seul.
Les paroles d'Isaac sont sages et son discours raisonnable. Il a peut-être raison. Je devrais moins me laisser aller à mes angoisses et faire confiance en mes alliés. Le mal n'est sûrement pas présent partout. Mais, je ne peux m'empêcher de garder en tête la trahison de Nathanaël. Je ne me serai jamais doutée de lui, et pourtant...
— Tu t'habilles comment ce soir ? je demande pour changer de sujet.
— Connaissant Stan, ce sera un dîner plus que formel. Il doit me rester un smoking qui traîne dans un placard, répond-il.
— Tu crois que c'est si habillé que ça ? Je ne me vois pas porter une robe de soirée, je réplique, dubitative, en levant les yeux au ciel.
Isaac m'attrape par la taille pour ramener brusquement mon dos contre lui.
— Ah bon ? Tu veux que je te motive pour en porter une ? me murmure-t-il à l'oreille d'une voix séduisante et ensorcelante.
Je tente de me détacher prudemment de lui.
— Ce n'est pas vraiment l'endroit adapté pour ça, je murmure à mon tour en me retournant face à lui et en lui adressant un sourire espiègle mais raisonnable.
Isaac m'attire de nouveau vers lui.
— Oh, on est chez moi ici. Toutes les pièces sont adaptée pour tout si je le décide, me sourit-il tendrement à son tour.
Je me laisse alors tomber dans ses bras. Je ne sais pas pourquoi, mais ce dont j'ai besoin à ce moment-là est de le sentir contre moi, de me sentir toute petite entre ses bras chauds qu'il passe derrière mon dos.
Je ferme les yeux. Je suis bien, blottie contre lui. C'est ça qu'il me faut actuellement, de me sentir protégée, en sécurité. Et quand je suis dans ses bras j'en ai l'illusion.
— On s'en sortira. Je t'en fais la promesse, me murmure-t-il tout bas, en me serrant fort contre lui.
Je sais qu'il n'en ait pas certain, mais l'entendre me le dire propage en moi un profond apaisement. Certes qui disparaîtra quand il m'aura lâchée, mais, c'est déjà ça. Ces moments sont pour moi un luxe dont je veux profiter au maximum. Isaac prend soin de moi comme aucun ne l'a jamais fait. Du moins selon mes souvenirs.
Je me détache enfin de lui, lui adressant un sourire triste, et il pose sa main sur ma joue.
— Tu vas la chercher, cette robe ? lance-t-il d'un air espiègle.
— Peut-être que vous apprécierez m'accompagner pour les essayages, Monsieur Peterson ? je réplique en imitant son air malicieux.
Il hausse un sourcil, les yeux pétillants.
— Oh, avec plaisir.
*
L'ambiance est fortement pesante. Notre nervosité a tous est au maximum. Ce dîner a l'air simple en apparence, mais les enjeux qu'ils soulèvent sont des plus importants. Il ne faut absolument pas froisser Stan, empêcher les altercations entre chacun, et réfléchir au plan. Donc, nous devons faire preuve d'un sang froid évident.
On est tous debout dans la salle à manger, à terminer les derniers ajustements. Bella est dans un coin de la salle à manger, assise nonchalamment sur un fauteuil, les jambes croisées. Elle porte une robe noir courte avec des manches et un col en dentelles qui mette en valeur sa silhouette mince. Elle a tiré ses cheveux en chignon haut. Quand à moi, j'ai opté pour une robe bleu nuit au tissu léger qui se termine à mes pieds. Au contraire de mon sosie, j'ai laissé mes cheveux roux détachés, n'ayant pas eu le temps avec tous les préparatifs de me lancer dans une coiffure et un maquillage sophistiqué. Les garçons portent quant à eux un costume noir classique, à l'exception de Vildred, qui ne fait jamais dans la mesure ni la sobriété. Ça, il l'a prouvé à maintes reprises. Il porte un costume excentrique noir et violet qui s'accorde avec perfection à la profondeur de ses yeux, ainsi que parsemé de détails argentés. Ses longs cheveux noirs sont attachés en demi queue de cheval dans laquelle s'éparpillent quelques tresses. De tous, je dois avouer qu'il a la plus grande prestance.
Et puis, par dessus tout, Vildred vient d'une famille anglaise très bien éduquée, toujours tirer à quatre épingle. Il en a hérité l'élégance et la posture, c'est une évidence. Dommage qu'il n'ait pas d'émotion.
Et puis, il y a Jayden. Je ne sais pas si c'est lui qui n'a pas osé demandé aux garçons un costume ou si ce sont ces derniers, avec mépris, qui ont refusé de lui en prêter, mais c'est le seul qui n'est pas bien habillé. Il porte son éternel sweat à capuche et un jean large gris en mauvais état. J'ai en réalité pitié de lui.
Jayden reste dans son coin, à fixer ses alliés qu'il déteste pourtant tant, les mains dans ses poches. Il n'a que peu parlé depuis qu'on l'a retrouvé. Il est comme Bella, un élément indésirable pour la plupart de nos coéquipiers. Si Jayden se montre très silencieux, la jeune fille, à l'inverse, ne fait que de multiplier les provocations face à Vildred et Isaac, qui l'ignorent désormais. Mais, le fait qu'ils soient tous les deux les bêtes noires de la petite troupe ne les a pas fait se rapprocher pour autant. Pourtant, je sais qu'ils se connaissent bien. Ils ont grandi ensemble, ils se sont entraînés ensemble. Mais, je crois que Bella ressent pour lui, elle aussi, du mépris. Il n'y a personne de toute façon pour qui elle n'en ressent pas.
Je suis allée voir Jayden pour savoir comment il allait depuis qu'on l'a récupéré. Il m'a avoué vouloir revenir au sein de la meute. Je n'en l'ai pas dissuadé. Après tout, c'est son choix et je le respecte. Il nous a aidé en remplissant sa part du marché, il n'est donc pas obligé de rester parmi nous. On se retrouvera de toute façon quand on apportera à la meute la preuve que je suis bien Bella. Je peux comprendre qu'il préfère prendre ses distances avec Isaac et Parker. Tout a été très compliqué pour lui jusque-là. Et puis, il sera plus en sécurité au sein de la meute. L'Enclave ne le retrouvera pas facilement s'il s'en tient à ne pas en sortir jusqu'à que la situation s'améliore.
On toque alors à la porte. Je prends une grande inspiration, anxieuse et sentant mon sang faire un seul tour dans mes veines.
— Ce doit être Stan. Je vais l'accueillir, je lâche, les mains tremblante.
Je me dirige vers la porte d'entrée pour l'ouvrir. Le vampire se tient sur le pas de la porte, vêtu d'un long manteau sombre et tenant dans sa main droite un parapluie. Le temps est très humide en ce moment.
— Bonsoir. J'en déduis à vos yeux que vous êtes Linda, initie-t-il en refermant son parapluie.
Je lui fais signe de rentrer et fronce légèrement mes sourcils surprise.
— Mes yeux ?
— Vous êtes identiques, Bella et vous, mais vos regards vous trahissent respectivement. C'est grâce à ce dernier que j'ai pu aisément déduire que vous n'étiez pas Bella, le soir où vous vous êtes introduite dans mon établissement en quête d'informations.
Je vois ce qu'il sous-entend. Un mauvais moment, où j'avais finalement par miracle réussi à lui échapper.
— Votre associé, n'avait pas fait preuve des mêmes qualités d'observation que vous, je lâche, en faisant référence à Straze, que j'avais facilement réussi à duper.
Stan laisse échapper un bref ricanement.
— Vous vous êtes montrée imprudente plus d'une fois, Mademoiselle Johnson. Par le passé, cela m'a été favorable, mais dans l'état actuel des choses, il est dans notre intérêt respectif que vous agissez avec réserve et précaution.
— Ne t'en fait pas pour ça, on gère très bien, lance Isaac sèchement, qui nous a rejoint, et qui s'approche de moi, en posant sa main sur mon épaule pour lui faire comprendre que je suis accompagnée.
J'apprécie quand il a ce côté protecteur qui se mêle à un soupçon de jalousie. Mais, ça, je le garde pour moi, de toute évidence.
Stan se tourne vers le nouveau venu, pour le toiser d'un regard légèrement et subtilement arrogant.
— Isaac Peterson. Le loup-garou garou le plus téméraire de toute la Nouvelle Orléans. Je vois que Mademoiselle Johnson est entre de bonnes mains.
— Elle l'est. Tu n'as donc pas à t'inquiéter, réplique-t-il en lui adressant un sourire. volontairement ironique, et en se rapprochant davantage de moi.
J'ai compris.
J'ai affaire à deux mâles dominants qui risquent de passer la soirée à se tester.
Ça commence bien.
— Je pense que nous pouvons directement passer à table pour ne pas perdre de temps. Si vous voulez bien me suivre, je renchéris en faisant signe à Stan de se diriger vers la salle à manger.
Il s'exécute alors silencieusement, arborant comme à son habitude une aura très mystérieuse, et on se retrouve tous debout autour de la table.
Bella et Stan échange alors un regard. De la part de la jeune fille, c'est un regard de rancoeur, et du côté du vampire, c'est un regard d'arrogance et de satisfaction.
— Je vois que tu as pris tes aises, Bella. Je suis heureux d'apprendre que tu t'es acclimatée à ton nouveau logement, déclare-t-il sur un ton qui sonne volontairement faux.
La jeune femme lui adresse un sourire mauvais et provoquant à la fois.
— Les locaux ne sont pas luxueux mais, j'ai pour avantage de ne pas à avoir à être anémiée pour rester ici, lui réplique-t-il sur un ton piquant.
— Chaque logement son loyer, lui sourit faussement alors le vampire.
— Qu'elle ne se plaigne pas trop, celle-là. Elle est logée gratuit. J'aurais pu la faire dormir dehors c'est déjà ça, tonne Isaac, avec agacement.
Bella lève les yeux au ciel et lui adresse le même sourire ironique qu'à Stan.
— Tu te montrais plus gentleman dans le passé avec moi. Tu t'en souviens ?
Isaac hausse un sourcil et croise les bras.
— Oh, tu parles de la période où tu te faisais passer pour une autre, Bella ? lui répond-il en lui rendant son insupportable sourire faux.
Dans un élan d'impatience, je les interromps. Je ne veux pas que ça se finisse dans une bataille avec comme arme nos couteaux de cuisine. On n'est pas là pour ça.
— S'il vous plaît ! Est-ce qu'on ne s'installerait pas ?
Parker se dirige vers la cuisine et m'accorde un regard approbateur.
— Attribue les places, je vais couper le rôti, déclare-t-il en disparaissant dans la pièce d'à côté.
Quelle est la pire chose concernant ce dîner ?
...Le plan de table, bien évidement. Ça a été un véritable casse tête pour ne pas mettre à côté les rivaux.
On emprunte alors tous nos places, Parker revient avec le plat, s'assoit à la sienne et un blanc retentit alors.
Le regard de Stan se pose sur la chaise vide qui se trouve de l'autre côté de la table. Je vois dans la lueur de ses yeux qu'il se pose des questions.
Tout le monde s'en pose, d'ailleurs.
La jeune femme n'a pas donné signe de vie depuis la fin d'après-midi.
— Je ne sais pas si Laura va venir, je réplique, embêtée.
Personne n'a le temps de répondre, qu'un bruit de porte plus loin se fait entendre, suivi de celui de talons résonnant sur le parquet, s'approchant de la pièce.
— Pardonnez mon retard, déclare Laura, avec désinvolture, froideur et détachement.
La jeune femme arbore alors la salle à manger d'un pas assurant, regardant droit devant elle, avant de regagner sa place.
Plus personne ne parle.
Je ne sais pas si c'est dû à la situation très gênante ou bien à l'entrée absolument fracassante et charismatique de la jeune fille.
Nos yeux suivent la silhouette avantageuse de la vampire, jusqu'à qu'elle s'installe à sa place, le menton relevé.
Laura porte une robe rouge décolletée qui met parfaitement en valeur son corps svelte de mannequin. Ses longs cheveux bruns et lisses sont relevés en queue de cheval haute, et elle porte un maquillage charbonneux sur ses yeux et un rouge à lèvre sombre.
Cette entrée et incarne de toute évidence le summum de la provocation. Une provocation faite toute en finesse et avec élégance, qui laisse toute la table bouche bée, autant de la part des hommes que des femmes présents autour.
Cette femme est définitivement l'une des plus charismatiques que je connaisse, ça n'en fait aucun doute, et sa venue jette un malaise dans toute la salle.
Face au silence déconcertant qui s'insère brusquement dans la conversation, et surtout face à notre inaction soudaine, elle hausse un sourcil et nous toise brièvement.
— On dîne ? Je meurs de faim, renchérit-elle en jouant suggestivement avec son couteau de table, en accordant à Stan le regard le plus glacial et provocant de toute l'histoire de l'humanité.
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