Chapitre 133
Le retour de Jayden se fait dans une ambiance très tendue. C'est le moins qu'on puisse dire.
Isaac et Parker sont côte à côte, les bras croisés et le regard défiant. Bella est assise un peu à l'écart, l'air désinvolte, en faisant claquer des bulles de chewing-gum, comme si elle s'ennuyait et trouvait le temps long. Et moi, je suis à côté de Laura, essayant d'arborer une attitude neutre. Je ne sais pas trop comment me comporter. Je sais qu'Isaac et Parker déteste Jayden, et lui en veulent d'avoir fait partie du programme, mais de mon côté, je fais la part des choses. Il a été forcé par l'Enclave depuis tout petit à collaborer avec eux. Mais, je sais qu'il ne les soutient pas. Jayden a essayé de me sauver la vie en me révélant ce que les vampires avait prévu lors de la fête de commémoration de l'Enclave. Il a fait un part vers moi, et je ne dois pas fermer les yeux sur ça.
Jayden n'est pas un méchant. Il a essayé de m'aider, et je le sais. Je ne lui en veux pas d'être naît dans le camps adverse. Mais, je sens qu'Isaac et Parker ont plus de mal à faire la part des choses.
Jayden se fige quand il pénètre en compagnie de Vildred dans l'enceinte du salon. Il est très mal à l'aise face aux regard insistants et parfois même hostiles de la part de tous. Il devient livide.
— Le retour du fils prodigue. Vos remerciements ont intérêt à être à la hauteur, au vu de tout ce que j'ai dû faire pour le récupérer, lance le Chasseur en se tournant vers la petite foule.
Je m'avance vers Jayden et lui fait une accolade pour lui faire comprendre que je ne suis pas fâchée envers lui après tout ce que j'ai appris. Après tout, il fait partie de ma famille proche.
Je suis soulagée qu'il n'ait rien. On ne sait pas ce que l'Enclave aurait pu lui faire vivre.
— Je suis content que tu ailles bien. De là où j'étais incarcéré, je n'avais pas de moyen de savoir ce qu'il se passait, finit par déclarer le garçon.
— Comme ces retrouvailles sont touchantes. Trêve de plaisanterie, on n'est pas là pour ça, tranche Parker, en s'interposant entre nous pour éloigner Jayden de moi.
Je jette un regard ferme à Parker pour lui signaler que ça va.
— Tu as besoin de quelque chose ? je demande alors à Jayden.
Le garçon n'a pas le temps de répondre.
— D'une bonne douche, ça n'en fait aucun doute, lâche Isaac, avec son cynisme habituel, en dévisageant mon cousin d'un air dédaigneux.
Je lève les yeux au ciel. Je n'ai aucune envie de revivre ce qu'on a vécu avec Bella quelques jours auparavant.
Jayden fait quelques pas, mal à l'aise, évitant le regard avec tout le monde.
— On ne va pas tourner autour du pot. Bella nous a dit que tu saurais obtenir une preuve de ce que l'Enclave a fait, tonne directement Parker, ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits.
Jayden lève la tête, le regard inquiet.
— Une...une preuve...? Quelle preuve ?
— Bon sang, Jayden, ne fait pas l'innocent ! Tu as collaboré pendant des années avec eux. Tu dois forcément avoir des preuves contre eux, s'exaspère Isaac.
Son interlocuteur secoue la tête.
— Non, je n'ai rien, que ce soit au Village ou autre part. L'Enclave est bien trop précautionneuse pour me laisser détenir des choses qui pourraient les faire couler, se défend le garçon.
— Ne me dites pas que vous avez fait tout ça pour rien ! Il ne nous servira à rien si il ne détient rien ! Mais, ce n'est pas si étonnant que ça quand on voit le personnage, s'exclame Parker, avec mépris.
Jayden lui accorde un regard mauvais mais ne répond rien.
Vildred retire son manteau, l'accroche dans la penderie et vient s'asseoir sur un fauteuil, en croisant nonchalamment ses jambes.
— Oh que si, Messieurs. Jayden est au contraire l'individu qui nous servira le plus dans cette histoire.
Jayden évite le regard du Chasseur, visiblement peu à l'aise d'être devenu le centre de l'attention.
Isaac fronce les sourcils et s'adosse nonchalamment.
— Et pourquoi ça ?
— Parce il sait énormément de choses.
— Mais, parlera-t-il ? Il a collaboré avec l'Enclave. C'est comme Bella, on ne peut pas lui faire confiance, tranche le loup-garou.
La jeune fille lève les yeux au ciel, continuant de faire claquer avec insolence des bulles de chewing-gum, avachie sur un fauteuil à l'autre bout de la pièce.
— Je n'ai pas eu le choix. Je n'étais qu'un bébé quand ils m'ont intégré dans le programme, se défend le garçon.
— Tu avais le choix de tout révéler quand ton père est mort. Et tu ne l'as pas fait, à aucun moment, rétorque avec rancoeur Isaac.
Le garçon fronce les sourcils, commençant à s'agacer.
— Vous croyez que c'est facile ? Vous n'imaginez même pas comment ils nous surveillent ! On risque très gros à parler. Alors peut-être que je ne me suis pas confié, mais j'ai aidé Linda, comme j'ai pu. J'ai voulu la protéger du danger qui la menaçait.
— Tu parles des vampires ? Comment tu as pu savoir qu'ils prévoyaient une attaque ? l'interroge Isaac, suspicieux.
— Quand vous passez beaucoup de temps seul, vous devenez un pro de l'observation. J'ai entendu des discussions, j'ai vu des choses. Je savais qu'ils passeraient à l'action ce soir-là et ça n'a pas loupé.
— Alors si tu es si observateur que ça, comment tu expliques que tu es incapable de nous sortir une preuve contre l'Enclave ? s'exaspère Parker.
— Je n'en ai peut-être aucune, mais je pense savoir comment vous pouvez vous en procurer une.
— Comment ? je demande alors, le cœur battant.
— L'institut de Londres. Les dossiers sont stockés là-bas, pour pas qu'ils soient directement accessibles depuis les États-Unis.
— Et comment on entre dans l'institut de Londres ? demande Parker.
— On ne peut pas, tranche Isaac.
— ...Sauf si on a un badge, réplique Jayden.
— Et comment on se le procure, ce badge ? poursuit Parker.
— Il faut avoir travaillé là-bas ou avoir fait parti du programme Doppelgänger, explique-t-il.
— Donc, si j'en suis ta logique, tu devrais en avoir un, toi, réplique son cousin.
Jayden hausse un sourcil, en secouant la tête.
— Vous croyez que l'Enclave aurait pris le risque ?
— Alors, comment on peut trouver quelqu'un qui es en possession de ce foutu badge ? On ne connaît personne ! grommelle Isaac.
— Nous, non. Mais, elle oui, déclare Vildred.
On tourne tous notre regard vers lui. Il fixe Bella de manière prononcée.
La jeune femme lui adresse un regard hostile, mais ne répond pas, les bras croisés sur sa poitrine.
— De qui tu parles, Vildred ? demande Isaac.
— Luis Jimenez, son précepteur. Il a fait partie du programme et nous revient tout droit de Londres. On l'a croisé dans Central Business District un jour avec Linda. Il l'a prise pour elle.
— Comment tu sais qu'il revient de Londres ? demande Isaac.
— Parce que j'ai fait des recherches sur lui. Il y a travaillé pendant sept ans, répond le Chasseur.
— ...Juste après qu'on ait été échangée, Bella et moi, je murmure alors, en faisant la calcul.
— Nous avons notre homme. C'est une nouvelle mission pour moi, sourit le Chasseur, en se levant pour se diriger vers son armoire pour récupérer son manteau.
Bella, qui ne montrait jusqu'alors aucune émotion, en faisant preuve de désinvolture et d'exaspération, change tout de suite d'attitude. Elle bondit de son fauteuil et se jette sur Vildred pour lui barrer le passage.
— Laisse Luis tranquille ! C'est quelqu'un de bien ! s'exclame-t-elle presque au bord de la panique.
— Du calme, Bella. On va juste le retrouver pour lui poser quelques questions, tempère Isaac.
Vildred attrape la jeune femme par les épaules pour la pousser sur le côté, afin de pouvoir passer.
La jeune femme secoue la tête.
— Je connais ses méthodes ! Il utilisera la torture pour le faire parler ! s'écrie-t-elle, le visage marqué par la colère et la peur.
— Ferme-là, Bella. Déjà que tu nous sers à rien. Alors on se passerait bien du son de ton insupportable voix, tranche le Chasseur.
Vildred est sur le pas de la porte, prêt à partir, rangeant à l'intérieur de sa veste une arme à feu.
— T'es vraiment qu'un connard, vocifère-t-elle, les yeux brûlants de haine.
— Venant de toi, c'est un compliment, réplique le Chasseur, en lui accordant un regard provoquant.
Je vois dans ses yeux qu'elle est terrifiée. Je sais qu'elle a été très proche de Luis Jimenez, ce qui justifie que le simple fait de savoir que Vildred usera probablement de la violence pour le faire parler lui est insupportable. D'autant plus qu'elle a subi de la torture étant plus jeune. Il a été apparemment la seule figure paternelle qu'elle a pu avoir, la seule personne qui a pu lui éprouver de la tendresse dans son enfance cauchemardesque.
— Va en enfer ! crache-t-elle alors.
— Oh mais voyez-vous ! Qui aurait cru que Bella pourrait éprouver un jour de la pitié pour un être humain ? continue de la provoquer son ex petit ami.
La jeune fille est aux bords des larmes. Elle a les poings serrés, et les muscles tendus. Mais, elle sait qu'elle ne peut rien faire. Et cette impuissance semble immensément douloureuse pour elle.
Vildred referme a clé la porte derrière lui, et la jeune fille se met à frapper la surface violemment, éclatant en sanglot.
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