Chapitre 118
On arrive enfin dans les bayous, sains et saufs. Le chemin a été si long à parcourir mais on y est arrivé.
Isaac nous attend avec Monica devant la maison en bois. Voir enfin son visage me procure un immense soulagement. Je sors de la voiture, son regard croise le mien, mon cœur se soulève, mais je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit, que Vildred prend lui-même le lead de la conversation.
— Mais, quel accueil, pour nous trois, s'exclame-t-il.
Isaac fronce alors les sourcils et balaie le paysage du regard à la recherche de quelque chose.
— Où est Bella ? demande-t-il, le regard assombrit.
— Elle s'est enfuit. Tu diras à ta copine de surveiller son arme plus activement, ça éviterai d'aider nos ennemis à s'évader rapidement, grommelle le Chasseur, en me fusillant du regard.
Je lève les yeux au ciel et me dirige vers Isaac.
— Elle aurait saisi une autre occasion pour s'évader, de toute façon. Elle ne voulait pas avoir à faire à Isaac.
Le loup-garou me prend alors dans ses bras pour m'étreindre contre lui. Je ferme les yeux, ma joue posée contre son torse. Je suis bien. Enfin. La chaleur de ses bras procure en moi un soulagement si réconfortant. J'aurais aimer m'y noyer pour l'éternité.
— Comment tu vas, toi ? me demande-t-il, d'une voix plus douce.
— Ça va. Pour le moment.
Je me détache alors de lui, et soudain, dans un mouvement, une douleur soudaine se met à irradier le bas de mon ventre. Une douleur si vive et intense que je pousse un cri incontrôlé.
Tout le monde se retourne vers moi, surpris et inquiet.
Isaac comprend immédiatement que quelque chose ne va pas.
Il soulève délicatement le bas de mon haut, et une expression de stupeur déforme alors son visage.
Ce que j'ai sur le bas du ventre n'est plus une simple égratignure. C'est une véritable plaie, très disgracieuse, entourée de gros vaisseaux noirs qui prennent leur source au centre. Je ne m'étais pas rendue compte que la blessure avait évolué de la pire manière.
— Mon Dieu, Linda...souffle-t-il, les yeux brûlants d'inquiétude.
Vildred et Laura fixe alors la plaie à leur tour. Leur expression faciale ne me rassure pas.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Ça s'est infecté ?
Pas de réponse. Le groupe de Surnaturels continue de me fixer, la bouche entrouverte. C'est Vildred qui rompt le silence en répondant.
— La lame était en argent, déduit-il.
Je me fige alors, avant d'exécuter un pas de recul, dans un élan de stupeur. Je sais que l'argent est mortel pour les loups-garous.
Je me tourne vers Isaac, cherchant dans son regard quelque chose pour me rassurer, mais en vain.
— Combien d'heures se sont écoulées depuis que tu as été blessée ? me questionne-t-il.
— Une dixaine d'heures. Ça date de l'attaque dans la station service au Texas, répond Vildred à ma place.
Isaac devient livide. Je vois dans ses yeux la panique s'y proliférer de plus en plus.
— Attends...quoi ? Une dixaine d'heures ? Et tu ne t'en aies pas rendu compte ? s'exclame-t-il en s'étranglant, et en se tournant vers moi.
— La plaie était toute petite au départ. Je n'avais quasiment pas mal, ça ne m'a pas inquiétée...
Mais visiblement à tord vu l'expression faciale du loup-garou.
— Elle peut guérir ? Ce n'est pas trop tard hein ? s'inquiète alors Laura qui devient encore plus blanche que ce qu'elle n'est déjà.
Isaac me saisit par les épaules et me pousse alors à l'intérieur de la maison.
— Je ne sais pas. Il faut faire vite, parce que chaque minute peut-être décisive, réplique-t-il, gravement.
Je m'installe dans un lit en grimaçant. La blessure devient de plus en plus douloureuse, alors que je ne l'avais pas véritablement sentie jusque-là. Je commence à avoir chaud.
Isaac est nerveux. Et c'est peu de le dire. Le voir dans cet état est loin de me rassurer. Il me retire rapidement ma veste, et relève le bas de mon haut pour examiner de nouveau et plus méticuleusement la blessure.
— Et de l'antidote ? Tu en as ? lui demande Laura.
Il hoche brièvement la tête.
— J'en ai. Mais, peut-être pas assez. Les empoissonnements à l'argent doivent être traités instantanément. Plus on attend, plus la quantité d'antidote requise augmente.
Il sort alors une petite fiole dans laquelle il trempe une seringue stérilisée. Il m'introduit ensuite l'aiguille dans la plaie. Je grimace face à la douleur que cela me procure, et détourne le regard de la blessure. C'est vrai qu'elle n'est vraiment pas belle. De l'entaille convergent des sortes de gros vaisseaux noirs qui semblent progressivement diminuer à mesure que le produit est injecté. Isaac m'introduit la totalité de l'antidote, alors que Monica me lance un sort de protection pour empêcher les autres sorciers de me tracer.
Vildred s'approche de la blessure et l'examine à son tour, en fronçant les sourcils.
— Est-ce que c'est assez ?
— Je t'ai dit que je ne savais pas, rétorque le loup-garou.
— Et, tu sauras quand ?
— Si les vaisseaux se propagent encore plus.
— Ma question ce n'est pas « si », c'est « quand ».
— Eh bien, je ne peux pas y répondre !
Le ton monte encore plus entre les deux hommes.
— Ça sert à quoi d'être loup-garou si tu n'es même pas capable d'avoir un minimum de connaissances suffisantes sur ce qui vous est mortel ?
— Je suis peut-être loup-garou, mais pas médecin, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué !
J'interromps la conversation. Ma tête tourne déjà, et les cris amplifient mon malaise. Et puis, il n'y a pas de raison de s'acharner sur l'un ou l'autre. Ce n'est la faute de personne, ici.
— Ne vous disputez-pas, s'il vous plaît...
Vildred quitte la scène et va faire quelques pas plus loin, et Isaac se calme alors, même si je continue à percevoir sa nervosité.
Pour le moment, on attend de voir si la blessure s'améliore, avant de trouver une autre solution. Si ça se trouve, la quantité d'antidote a été suffisante.
— Monica, est-ce que tu n'as pas un sort qui pourrait améliorer la plaie ? demande le loup-garou en se tournant vers la sorcière.
— Aucun ne peut la guérir. Mais, je peux soulager la douleur, propose-t-elle.
Isaac hoche la tête, en signe d'acquiescement, et la sorcière s'approche de moi et appose ses mains fines sur la blessure, sans la toucher. Je sens comme une sensation fraîche anesthésier la douleur, qui devenait de plus en plus insupportable.
— Pourquoi ça me prend d'un coup ? La douleur, je demande alors.
— Tu es une jeune louve. Les réactions en début de transformation peuvent être imprévisibles, réplique Monica. On ne sait jamais comment le corps peut réagir.
Je fronce légèrement les sourcils étonnée qu'elle semble en connaître beaucoup sur les loups-garous.
— Tu as des connaissances dans le domaine ? je la questionne, en tournant ma tête vers elle.
— Les sorcières s'intéressent à toutes formes de manifestation surnaturelles. Il fut un temps où j'ai étudié en détail la lycantropie.
— Je me sens de plus en plus vaseuse...est-ce que c'est normal ? je lui demande, sentant ma tête s'alourdir.
Je vois dans les yeux de mes alliés une lueur sombre, et de désespoir. Ils essaient de m'adresser des maigres sourires pour me rassurer, mais je ne suis pas naïve. Je sens leur anxiété monter.
Laura me passe un tissus mouillé sur le front pour me rafraîchir. Ma blessure ne me fait plus mal grâce à Monica, mais j'ai de plus en plus chaud. Je crois que j'ai de la fièvre.
— Tu es forte, Linda. Tu t'en sortiras, me sourit la jeune vampire, d'une voix douce, accroupit au chevet de mon lit, en posant ses mains sur mes bras.
Mais je perçois une onde de tristesse dans ses yeux et un tremblement dans sa voix, qu'elle ne parvient pas réellement à cacher. Son contact me fait frissonner. Ma peau semble être devenue très sensible. Tout mes sens deviennent accrus. Si bien que j'entends mon propre cœur battre de façon rapide et désynchronisée dans ma poitrine.
— Vous devriez la laisser se reposer. Son corps doit travailler pour éliminer l'empoisonnement, suggère la sorcière.
Laura acquiesce, se relève et finit par se diriger vers la porte pour rejoindre Vildred, parti dans le séjour.
— Je reste ici surveiller l'évolution de la plaie, rétorque Isaac.
Monica hausse les épaules, par lesquels je traduis la réplique « comme tu veux », ne se fait pas prier et finit par s'en aller, nous laissant seuls, Isaac et moi.
Le loup-garou me passe de nouveau délicatement de l'eau froide sur le visage.
Je me crispe alors. Une sensation désagréable irradie mes muscles abdominaux. Je me mets à trembler légèrement.
— J'ai mal, je murmure alors.
Isaac secoue presque frénétiquement la tête, pour me rassurer, apportant à ma bouche un verre d'eau posé sur la table de chevet.
— Ça va passer. Ça va passer...répète-t-il presque sûr de lui.
Il veut y croire, je le sais intiment, mais, il se ment à lui-même. Je ne suis pas naïve, je comprends ce qu'il se passe progressivement dans mon corps. Je m'affaiblit de minutes en minutes.
— Pourtant, tu sais que non, je lui souris tristement.
Isaac pose ses yeux sur la blessure. Les veines noires semblent se proliférer de nouveau. Il se fige, et je vois dans ses yeux s'intensifier une émotion d'impuissance.
— ...je vais mourrir, hein, je murmure.
Isaac ne répond pas. Je vois une larme perler au coin de son œil. Il prend ma main dans la sienne, là serrant fort.
Un silence de mort retentit. Un silence de désespoir qui se reflète intensément dans les yeux ambrés du loup-garou.
— Je suis tellement désolé de n'avoir rien vu faire pour éviter que tout cela t'arrive, articule-t-il, la gorge serrée.
Je secoue la tête. Rien de tout ça n'est sa faute.
— Ne le sois pas. Tu as fait beaucoup.
Une quinte de toux se met alors à s'emparer de moi. Je m'arrête quand des nausées s'en suivent, pour éviter de vomir.
Isaac passe tendrement sa main sur mes cheveux pour dégager mon visage. Son visage est crispé. Il est mal pour moi.
Je pose mes mains sur ma blessure. Elle est brûlante. La douleur s'intensifie de plus en plus. L'antidote n'a pas fonctionné. L'infection repart, je le sens.
— Quelles sont les étapes suivantes ? je demande alors faiblement, en toussant de nouveau.
— Linda...
— Dis-moi, Isaac. Je sais que je vais mourrir. Je le sens. Je veux savoir ce qu'il m'attend.
Je vois dans son regard que de répondre à ma question lui est immensément douloureux. C'est difficile pour lui, mais je sais aussi qu'il ferait tout pour répondre à mes derniers souhaits. Il hoche la tête, déglutit, serre ma main encore plus fort dans les siennes.
— Eh bien, au début, tout corps lutte contre l'empoisonnement, en se livrant à plusieurs réactions physiologiques. La chaleur, la fièvre...Puis, à mesure que la douleur s'intensifie, ton corps va arrêter de lutter contre l'inflammation pour s'anesthésier. Tu finiras par ne plus rien sentir, à part une lourde fatigue qui ne te quittera plus. Certains ont des hallucinations, d'autres se mettent à délirer dans leurs paroles... Chacun réagit différemment dans cette phase là.
— Combien de temps ?
— Une heure, peut-être deux. Tout dépend de la manière dont ton organisme parvient à lutter, articule-t-il sombrement.
Je hoche alors la tête, en remerciement face à ces révélations. Je ferme pendant quelques secondes mes yeux, alors que la douleur semble envahir de nouveau chacun de mes tissus. Le sort de Monica ne fait plus effet.
Mais, avoir Isaac à côté de moi m'aide à lutter. Sa présence est réconfortante. Et même si je me dirige vers le chemin de la mort, je n'aurais pas espéré être mieux entourée. Peut-être en dehors de mes parents. Une partie de moi regrette amèrement de n'avoir jamais pu véritablement les connaître.
— Je veux que tu leur dises tout. A mes parents. Que tu leur parles de moi.
Isaac secoue légèrement la tête, les yeux humides.
— Linda...
— Promets-le moi. Je veux que vous continuez cette guerre sans moi. Empêchez d'autres innocents de payer pour le fanatisme de l'Enclave.
C'est difficile pour lui te répondre à ma demande puisque cela revient à renoncer à l'espoir que je guérisse. Mais, cela ne sert à rien de se mentir. Je ne vais pas m'en relever.
— Je te le promets, finit-t-il par répliquer d'une voix infiniment douce.
Voir dans ses yeux se refléter un tel sentiment d'impuissance et de désespoir me transperce le cœur. Je comprends à son regard à quel point il tient à moi. Je n'en étais pas sure jusqu'à aujourd'hui, mais j'en ai la certitude, dorénavant.
— Malgré tout, je crois que j'aurais été heureuse à quelques instants de ma vie. Je ne regrette pas t'avoir rencontré.
Je vois dans ses yeux naître un sentiment d'insatisfaction. Une insatisfaction dirigée contre lui.
— J'aurais aimé t'apporter plus. Je n'ai pas pu réparer mes erreurs.
Qu'il décide de me montrer ses regrets à ce moment-là, me touche. Je sais qu'il est sincère, et je ne lui en veux plus.
— Oh, je t'ai pardonné. On n'a pas eu une histoire facile c'est vrai, mais on a passé de bons moments, je réplique.
— Tu sais ce que je ressens pour toi, n'est-ce pas ? me murmure-t-il.
Un petit silence s'en suit alors. Nos regards se mêlent intensément. La chaleur de ses mains emprisonnant les miennes procure en d'agréables sensations, malgré la douleur qui continue de m'affaiblir.
— Est-ce que tu m'aimes encore ? j'articule alors, sans détacher mes yeux des siens.
Isaac secoue légèrement la tête, m'accordant un regard infiniment doux et sincère.
— Je n'ai jamais cessé de t'aimer.
Je hoche la tête à mon tour, et cligne lentement des yeux, sentant ma tête se mettre à tourner.
— Alors, je peux partir apaisée.
Isaac emprisonne mon visage entre ses mains pour y essuyer avec ses pouces les larmes qui s'écoulent fatalement sur mes joues.
Il déglutit, puis secoue frénétiquement la tête, avec agitation.
— Je ne peux pas te laisser comme ça.
Il saisit alors son téléphone et se met à composer un numéro. À ce moment-là, Vildred surgit dans la chambre, et pose ses yeux sur l'appareil.
— Qu'est-ce que tu fais ? articule-t-il froidement.
— Je n'aurais pas le temps de faire l'allée-retour jusqu'à la meute la plus proche, celle des Johnson, pour récupérer de l'antidote. Mais, je ne perds rien à demandé à l'un des membres de se déplacer pour nous en apporter.
— Si tu le fais, tu leur révèles officiellement et sans preuve sa véritable identité. Est-ce que tu es prêt à la défendre coûte que coûte contre sa propre meute ? rétorque le Chasseur.
— Je suis prêt à courir le risque de représailles. Sa vie vaut mieux que tout cela, lâche Isaac.
Le numéro vient d'être composé. Ça sonne à l'autre bout du fil pendant qu'Isaac patiente, et l'interlocuteur décroche enfin. Mes sens, dorénavant accrus par l'empoisonnement, me permettent d'entendre la voix à l'autre bout du fil. Je me crispe instantanément quand je la reconnais.
— Isaac ? Qu'est-ce que tu veux ? articule-t-il.
— Salut Parker. J'ai quelque chose à t'annoncer.
Leur relation est tendue depuis notre dernier passage à la meute. Ils s'étaient violemment disputés, et je crois qu'ils ne s'étaient pas véritablement reparlé jusque-là. Leurs intonations sont froides, mais pas agressives.
— Quoi donc ?
Isaac laisse échapper un petit silence avant de répondre.
— On a retrouvé Bella, finit-il par déclarer.
Mon cœur se soulève alors. Je me mets à fixer avec plus d'intensité Isaac, pour ne pas rater une miette de leur conversation. Qu'est-ce qu'il est en train de faire ?
— Oh mon Dieu...c'est vrai ? Elle va bien ? s'exclame Parker, à l'autre bout du fil.
Isaac secoue la tête, la voix tremblante et la gorge serrée.
— Non, elle ne va pas bien. Elle a été empoisonnée à l'argent. Je n'ai pas assez d'antidote et j'aurais besoin que tu m'en ramènes, en grosse quantité.
— Envoie-moi ta position GPS. Je prends ma moto et j'essaie de faire au plus vite, réplique le loup-garou, visiblement inquiet.
Isaac pianote quelques instants sur son téléphone avant de répondre.
— C'est fait. Merci Parker.
— Je devrais être là dans une heure. Ça ira ?
— Je croise les doigts pour.
— Alors, à tout à l'heure.
Isaac raccroche alors. Et se tourne vers moi.
— Tu vas t'en sortir. Je te le promets.
Je hoche lentement la tête, essayant de le croire. Mais, je sais qu'il n'en est pas certain. Mais, voir cette onde d'espoir renaître dans ses yeux qui était jusqu'alors éteint m'apaise enfin.
***
Attendre Parker est un véritable supplice. L'heure la plus longue de toute ma vie. Mon état s'empire de minute en minute. Je ne sens plus vraiment la douleur, et je sais que c'est mauvais signe. Je suis au stade 3, le dernier. La douleur a laissé place, comme Isaac l'avait prédit à une fatigue encore plus assomante. J'ai le visage trempé de sueur, tellement mon corps tente d'éliminer en vain les toxines. La fièvre est de plus en plus forte.
Isaac et Vildred se relaient à mon chevet. C'est au tour du Chasseur de s'occuper de moi. Il est dorénavant seul dans la pièce, trempant de nouvelles serviettes dans la salle de bain communicante. Il revient ensuite dans la chambre et m'essuie de nouveau le visage, puis me force à boire même si je décline sa proposition.
— Tu te déshydrate de minutes en minutes, Sosie. Alors, vide-moi ce verre si tu ne veux pas que je te le fasse avaler de force.
Je laisse échapper un petit rire. Sa présence m'apaise un peu. Son absence d'émotion me permet de prendre de la distance face à ce que je ressens alors.
Je vois qu'il est très appliqué à s'occuper de moi. Je ne l'ai jamais vu comme ça avec quelqu'un. Et cela m'étonne fortement. Ça me perturbe même, je dois dire.
— Pourquoi tu fais tout ça, Vildred ? Est-ce que tu m'apprécies au fond de toi ? j'articule faiblement.
J'ai besoin de le savoir, avant de mourir.
— Ça serait plus simple pour toi, n'est-ce pas ? De savoir que je t'aide par amitié.
Je pince les lèvres et déglutis.
— Peut-être, j'avoue alors.
—Tu veux savoir si je ressens quelque chose pour toi, ne serait-ce qu'un brin d'affection ?
Je hoche furtivement la tête.
— Est-ce que c'est le cas ?
— Non, ce n'est pas le cas. Je ne ressens aucune émotion quand je suis avec toi. Je ne t'apprécie pas, je ne tiens pas à toi. Je ne ressens ni pitié ni attachement.
Au fond de moi je le sais, et je l'ai toujours su. Mais, au fil des jours, je me suis attachée à lui. Je le considère comme un ami. Une partie de moi aurait aimé que mon amitié soit réciproque.
— Alors, pourquoi tu fais tout cela ? Pourquoi tu te démènes autant pour moi ?
Vildred plante des yeux dans les miens plus intensément.
— Tu le sais pourquoi.
— L'argent ? Donc c'est ta soif d'argent qui t'anime ?
— Ça l'a toujours été.
Et il s'en ait jamais caché, au fond. Quand les deux meutes apprendront qu'il m'a à plusieurs reprise qu'il m'a sauvé la vie, et que c'est lui qui a percé de mystère du projet secret Doppelgänger, il deviendra le héros de la situation. Il pourra donc augmenter ses prix. Tout est toujours calculé, chez lui. Il est le gagnant de toute cette histoire.
— Je peux te poser une question ?
— Je t'écoute.
Je me redresse alors légèrement, et le dévisage, comme si je pouvais lire dans ses yeux. Je sais que ce n'est pourtant pas possible.
— Pourquoi tu m'as choisie ? Tu aurais pu choisir d'être dans le camp de l'Enclave. Tu en faisais partie et tu gagnais beaucoup avec eux. Tu aurais tellement d'avantages à me livrer à eux.
Vildred ne répond tout de suite. Il lave de nouveau la blessure, pour la désinfecter de nouveau et stopper la croissance des veines qui recouvre dorénavant tout mon abdomen.
— Parce que je fais partie de ceux qui ont le plus de moyens.
Je secoue la tête, et fronce les sourcils, dubitative face à son énigmatisme.
— On en a pourtant aucun, comparé à eux.
Vildred plante alors de nouveau ses yeux intensément violets et profonds dans les miens, faisant naître sur ma peau sensibilisée des frissons supplémentaires.
— Tout est question de chronicité, ma chère Linda. Tu comprendras bien rapidement l'avantage qu'on a de choisir ton camp.
Je n'ai pas pu répliquer à sa réponse mystérieuse, que la conversation est interrompue par la venue d'Isaac, qui entrouvre la porte et pénètre dans la chambre.
Il est suivi de Parker.
Ce dernier pose ses yeux sur moi, et je vois dans ses derniers qu'il comprends que je ne suis pas la Bella qu'il connaît. Il se tourne vers Isaac, dans l'incompréhension.
— Ce n'est pas Bella ?
Le regard d'Isaac traverse le mien pendant quelques secondes. C'est comme s'il me demandait la permission pour tout avouer.
Je hoche alors faiblement la tête.
— Linda est Bella. Depuis le début.
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