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Chapitre 112

Je n'ai jamais autant redouté une nuit.

Le crépuscule vient de pointer le bout de son nez, et ma nervosité s'accentue d'heure en heure. La lune sera pleine dans quelques dizaines de minutes, ce qui nous laisse le temps de nous préparer.

Isaac m'emmène au fin fond de la forêt, dans une crypte laissée à l'abandon appartenant pourtant à sa famille, mais plutôt bien préservée. On descend un escalier étroit en pierre, qui nous mène dans un espèce de caveau creusé en sous-terrain. L'endroit est plutôt lugubre et accentue la tension qui prend part en moi depuis que le soleil a perdu de son intensité.

Je n'ai jamais été autant anxieuse. D'habitude, je suis plutôt calme et rationnelle, mais là, c'est comme si je luttais contre une force extérieure qui tentait de me faire perdre la raison. Mon cœur bat de manière désynchronisée, ma respiration est rapide, tous mes muscles sont tendus...Je ne vais décidément pas bien, et je sais que ça ne va pas aller en s'améliorant.

Isaac pose son sac par terre et fait glisser d'un geste franc la fermeture de ce dernier. Il farfouille à l'intérieur, et s'interrompt subitement pour lever la tête vers moi, après m'avoir entendu marcher nerveusement en rond dans la crypte. Il saisit le talisman qui pend à son cou et alterne son regard entre lui et moi.

—  Si ça ne tenait qu'à moi, je te l'aurais donné cette nuit. Mais, c'est ta première transformation. Il faut que tu l'affrontes tôt ou tard, et la retarder ne fera qu'empirer ton anxiété.

Je hoche la tête, et m'adosse contre le mur froid et humide de la crypte. Je vois dans ses yeux qu'il me témoigne beaucoup de compassion. Ça me réchauffe un peu le cœur, même si ça ne me fait pas oublier toute cette tension incontrôlée qui grandit en moi.

— Je sais. Merci d'être là ce soir.

Isaac ne se transforme plus les nuits de pleine lune depuis qu'il porte son talisman. C'est un avantage pour lui, même si de ce fait, il a dû renoncer aux principaux atouts des loups-garous. Il est en quelques sortes plus humain qu'eux, plus humain que moi.

— Je ne te laisserais pas affronter ça toute seule, Linda.

Son regard est doux et sincère. Il me touche un peu. Il est la seule personne que je souhaite m'accompagner dans cette épreuve.

Parce qu'il l'a vécu quelques années avant cela.

— Tu les ressens ? Les effets de la pleine lune, je lui demande alors.

Isaac met quelques secondes avant de répondre.

— Un peu. Je ne me transforme plus, mais je sens cette énergie, je sens cette tension. On est plus agressif les soirs de pleine lune, plus pessimiste, plus dérouté. Mais, j'y suis habitué maintenant. Je ne fais plus attention à ce que je ressens.

Il se penche de nouveau vers son sac et sort deux longues chaînes en fer. Je frisonne à la vue du matériel.

— Est-ce que c'est nécessaire ?

— Alors, je te l'accorde, je suis un homme athlétique, mais ma condition physique ne me permet pas de pouvoir contrôler la transformation d'un loup enragé, réplique-t-il avec cynisme, sur le ton de la plaisanterie.

Il accroche les deux chaînes à des maillons coincés dans le mur, et me tend délicatement sa main pour me demander la mienne. Je baisse mes yeux vers la chaîne, sentant mon rythme cardiaque s'accélérer.

— « Loup enragé »...je murmure, décontenancée, en imaginant ce que je vais devenir dans quelques dizaines de minutes.

— Tu me fais confiance, Linda ?

Je déglutis, laisse quelques secondes de silence s'écouler puis saisis sa main, en transperçant ses beaux yeux ambrés, desquels émane un sentiment de protection prononcé.

— Oui.

Ce n'est pas un oui hésitant. Je lui fais pleinement confiance. Il n'y a que lui qui puisse m'aider ce soir.

Il commence alors à passer délicatement les chaînes tout entour de mes membres. Elles sont lourdes et épaisses. Je peine à rester debout sous leur poids. Je m'assois alors qu'Isaac finit de tester la résistance.

— Tu crois qu'elles vont tenir ? je lui demande.

— Une seule devrait suffire. Mais, on ne sait jamais. Tu as la force malgré tes petits bras, me sourit-il.

Je me détends un peu. Isaac paraît calme et relaxé. Je sais qu'il ne l'est pas, mais il ne me le montre pas, ce qui m'aide à me rassurer un peu.

— C'est comme ça que s'est déroulée ta première transformation ? je le questionne alors.

Parler m'aide à oublier toute cette tension incontrôlée.

— A quelques détails près, oui. Sauf que j'étais seul. Mon père m'a aidé à m'installer, mais comme c'est un loup-garou lui aussi, j'étais livré la nuit à moi-même.

— Je ne me souviendrai de rien, demain matin ?

Le loup-garou secoue la tête.

— A partir du moment où la transformation va commencer, tu vas occulter ce que tu vas dire et faire. Je te préviens déjà que tu vas sûrement dire des choses qui dépasserons tes pensées. Tu ne t'en rendras pas compte.

— ...Mais, toi si, je le coupe alors, un peu préoccupée.

Isaac secoue la tête.

— Je n'y prêterai pas attention.

Je déglutis et laisse s'écouler une petit silence avant de répliquer.

— Qu'est-ce que ça te fais ? De revivre tout cela.

Des souvenirs semblent remonter dans son esprit. Il laisse s'écouler quelques secondes avant de répondre.

— Ça me rappelle une certaine époque difficile, mais je ne veux pas cela le soit pour toi. Même si je sais que ce que tu vis depuis l'attentat est hors de pensée, réplique-t-il en me tendant une couverture, l'air pensif.

— On en n'a pas parlé, depuis qu'on sait que je suis Bella.

— De quoi ?

— De nous.

Silence.

Isaac pose les yeux sur moi, pas forcément à l'aise.

— Tu veux en parler ?

Je hausse les épaules.

— On a le temps avant la transformation. Et puis on ne peut pas faire comme si de rien n'était. On a été ensemble. On a été en couple. On ne peut pas le nier.

Le loup-garou semble se plonger dans ses pensées. Il s'assoit alors, se laissant glisser contre le mur, et se met à fixer le vide.

— Je ne le nie pas. C'est vrai. On a été ensemble, finit-il par répondre d'une voix plus basse.

— C'était quelle genre d'histoire ? Une amourette de collégiens ?

Isaac secoue la tête, de manière franche, en fronçant légèrement ses sourcils noirs.

— Non. Ça n'a jamais été qu'une amourette. Je t'aimais vraiment. Et je crois que c'était aussi le cas pour toi.

— C'est pour ça...

— C'est pour ça ?

— Que la première fois que je l'ai vu, tu me semblais familier. J'ai cru que mon cerveau me jouait des tours, mais en réalité, il y a des choses qu'un sortilège d'oubli ne peux pas effacer.

Isaac hoche doucement la tête, toujours l'air pensif.

— Tu veux que je te raconte ?

— Quoi donc ?

— Notre histoire.

Je hoche alors la tête.

— J'aimerais beaucoup.

Isaac laisse alors de lointains souvenirs revenir à la surface de sa pensée. Des souvenirs qui semblent heureux, mais qui n'empêchent pas un sentiment de tristesse naître dans ses yeux ambrés.

— On s'est mis ensemble très tôt. C'est un mot fort pour deux adolescents, mais je me souviens t'avoir préparé quelque chose. Tu avais douze ans et moi quatorze. On était encore que deux gamins insouciants, mais ça a toujours été plus ou moins une évidence. Aussi loin que je me souvienne, on était inséparable, sourit-il.

Je souris à mon tour. Ce qu'il me raconte m'aide à publier l'angoisse de cette nuit infernale, qui s'apprête à débuter. Ça me fait du bien. Beaucoup de bien.

— Qu'est-ce que tu avais préparé ?

— Je t'avais emmené sur une colline, au dessus d'un bois, observer les étoiles filantes. Tu n'en avais jamais vu de toute ta vie. Je t'ai proposé de faire un vœu à la première qu'on a vu.

— On a fait quoi comme voeu ?

— De ne jamais se quitter.

Je souris alors de nouveau.

— C'est vrai ?

— C'est assez ironique comment la vie en a décidé autrement. Deux ans plus tard elle t'avait arrachée à tous les gens qui t'aimaient, réplique-t-il plus sombrement.

Je frissonne alors.

— Tu crois que c'était le destin ? Tout ce qui m'est arrivé.

— Je crois surtout que quelqu'un l'a forcé. Mais, on n'y échappe jamais complètement. Regarde, tu es là aujourd'hui. Tu es revenue sur la terre de tes ancêtres.

— C'est vrai.

Isaac réfléchit alors.

— En fait, ce n'est pas au destin que je crois, mais au karma. Je pense que tout mal fait face à un prix et que toute victime d'injustice obtiendra avec le temps une compensation.

Un petit silence s'écoule alors ahane que je réponde.

— Ce soir-là, c'était notre premier bisou ?

Isaac hoche calmement sa tête, fixant dans le vide pour mieux se plonger dans ses remémorations.

— Un bisou maladroit des deux côtés, mais c'est normal. On était très jeunes. Je n'oublierai jamais cette soirée. J'aurais aimé que tu t'en souviennes, toi aussi, réplique-t-il avec regret et nostalgie.

— ...

Je hoche la tête tristement, mais ne parviens pas à répondre. Il poursuit.

— Mais, je ne perds pas espoir.

Je me lève alors, brusquement, sentant un sentiment brusque d'hostilité prendre part en moi.

— Tu devrais. Il n'y a plus aucun espoir.

Isaac se tire brusquement de ses pensées et pose les yeux sur moi, étonné de ma réaction quasiment agressive, alors que j'étais calme une seconde avant. Il fixe sa montre et je vois dans ses yeux une certaine inquiétude et fatalité s'y mêler.

— Il est bientôt l'heure, Linda.

— Pourquoi tu évites le sujet ? Tu me donnes des espoirs depuis des jours, tu me promets que je vais retrouver la mémoire, mais rien ne se passe ! Tu me nourris de faux espoirs ! je m'exclame alors, indignée.

Isaac reste calme, toujours assis contre le mur. Il observe attentivement mon changement brutal de comportement.

— Tu commences à délirer. C'est normal. L'angoisse, le désespoir, la colère...tout commence à se mélanger en toi.

— Arrête de trouver des excuses, Isaac. Tu sais très bien que tu ne fais rien pour m'aider. Tu fais semblant c'est tout, pour te dédouaner de tout le mal que tu as fait !

Debout, je force sur les chaînes pour m'y défaire. Mon cœur s'emballe alors, je n'arrive plus à penser et les tensions qui prenaient part jusqu'alors en moi deviennent subitement insupportables. Un nombre de sentiments incalculables se mélange en moi. De la colère, de l'impuissance, de la frustration.

— La température interne de ton corps va commencer à drastiquement augmenter. Tes sens sont amplifiés. Tu vas entendre les moindres bruits, percevoir toutes les odeurs, voir les moindres détails. Cette hypersensibilité amplifie les émotions négatives que tu ressens et qui sont la conséquence directe de la transformation.

— Tu minimises ce que je ressens ! C'est plus facile pour toi, hein ? Tu te dédouanes alors que tout est de ta faute !

— Tu ne sais plus ce que tu dis. Tu commences à délirer. Tu n'es plus toi-même et c'est normal.

— Oh que si, je suis normal !

Je tire alors avec plus de virulence sur les chaînes pour les briser, sans succès. Mes cris s'intensifient. Isaac ne répond pas, restant à l'écart, continuant silencieusement de m'observer.

— ...Détache-moi ! Je n'arrive pas à respirer ! je lui ordonne alors.

Isaac reste très calme. Comme s'il était habitué.

— C'est pour ton bien. Tu me remerciera demain d'avoir laissé les chaînes.

— Je te remercierai ? Tu es complètement à côté de la plaque ! Détache-moi tout de suite ! je continue de hurler.

— Non.

— Non ? Alors, je vais le faire toute seule ! je rétorque avec virulence.

Une douleur incontrôlée se propage alors dans mon corps, comme si mes os étaient en train de se briser.

Je hurle alors de plus belle, commençant à sentir mes larmes de colère se transformer en larme de douleur. Je m'accroupis alors au sol, ne parvenant plus à faire abstraction de la sensation corporelle insupportable.

Isaac est mal pour moi, mais je ne le remarque même pas. Partagée entre un délire persécutoire, et la douleur qui est insoutenable, je ne parviens plus à penser de manière raisonnable.

Je perds connaissance un certain temps après.




***



C'est avec un mal de crâne atroce et des douleurs articulatoires handicapantes que je me réveille. Je ne sais pas quelle heure il est, comme le sous-sol dans lequel je suis est plongé dans l'obscurité malgré quelques bougies accrochées aux murs.

Alors que j'étais allongée dans une couverture, je me redresse douloureusement, et fixe mes mains et mes bras. Je suis bien dans une forme humaine. Est-ce que la transformation a eu lieu ?

Je pose les yeux autour de moi. Isaac semble s'être assoupi, dans le coin de la pièce lugubre. Je tire alors sur les chaînes pour vérifier si elle ne sont pas brisée. Je suis rassurée de voir que ce n'est pas le cas.

— Isaac ? j'interpelle alors le loup-garou.

Mon interlocuteur, ouvre alors difficilement les yeux avant de s'étirer, les cheveux ébouriffés.

— Bienvenue dans la cours des grands.

Je fixe alors mes plaies sur mes mains.

— Je me suis transformée ? je demande le cœur battant.

— C'est peu de le dire.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? je demande alors subitement, cédant à la panique.

— Oh, à part hurler, essayer de t'échapper, et tirer sur ses chaînes, pas grand chose, répond-il avec un humour cynique.

— Isaac...qu'est-ce que j'ai dit ?

Le loup-garou ne répond pas tout de suite.

— Tu te souviens de quoi ?

Je secoue la tête, décontenancée.

— Pas grand chose. Tout semble flou, à part quelques flashs visuels.

— Mmmh.

Le silence d'Isaac m'inquiète considérablement.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? je réitère alors, le cœur s'emballent dans ma poitrine.

— Oh, pour résumer, que j'étais un vilain méchant loup. En fait, je crois que tu avais beaucoup de choses à me reprocher.

Je palis, très embarrassée.

— Oh la la...Je suis absolument confuse...Je ne sais pas quoi dire...De toute façon ce n'était pas la réalité, n'est-ce pas ? Je ne le pensais pas...je délirai...

Isaac n'a pas l'air d'être convaincu, du coup je ne le suis pas non plus. Mais, il reste calme et rassurant.

— On dit que les sentiments qu'un loup-garou ressent lors de la pleine lune sont amplifiés mais bien réels, à la base. Les reproches que tu m'as fait étaient en effet très forts, mais ils n'auraient jamais été dits si tu ne les ressentaient pas au fond de toi.

Blanc.

L'angoisse commence alors à m'empêcher de penser correctement. Je ne sais plus où me mettre.

— Je suis désolée si j'ai dit des choses désagréables.

— Ne le sois pas. Tu avais raison au fond. C'est moi qui devrait être désolé. Je n'ai pas été très cool avec toi. Il y a des choses que je n'aurais pas dû dire ou faire.

Je hoche alors doucement la tête, finalement touchée par ses excuses. Il est sincère, et ça se voit. Je lui en ai voulu en effet, mais je n'ai pas envie d'être en froid avec lui. J'ai envie de passer à autre chose pour me concentrer sur la suite des événements.

— On laisse tout ça derrière nous ? je lui propose alors.

Isaac me sourit.

— Je suis de cet avis.

Je souris à mon tour, détourne mon regard puis m'étire. Isaac me détache ensuite.

— Comment tu te sens ? me demande-t-il alors.

— Vaseuse. J'ai mal partout, je réplique, en faisant craquer mes articulations.

— C'est normal. Les douleurs disparaîtront d'ici quelques jours, me répond-il.

— Je ne me souviens de rien. De rien de ce que je t'ai dit, de toute la période où j'étais transformée...Est-ce que c'est toujours comme cela ?

— Oui. L'état de conscience est altéré. Tu n'es plus la même personne pendant une nuit. C'est comme si tu étais possédée. Quand tu reprends tes moyens, tu as oublié tout ce que tu as pu dire ou faire. Mais, de toute façon qu'est-ce que ça pourrait t'apporter ?

Je hoche la tête, pensive.

— Et maintenant ? Quelle est la suite ?

— Continuer à chercher une preuve de ton identité. On n'a pas le choix si tu veux survivre.

Isaac a raison. Je n'ai pas le choix.

Les prochains jours vont être préoccupants. Mais, je ne dois gaspiller pas une seule seconde. Le temps est précieux, et j'en aurais sûrement pas assez.

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