Chapitre 100
|Vildred|
Isaac, le téléphone à la main, ne fait que de répéter le nom de Laura. La jeune femme qui était à l'autre bout du fil à l'instant, ne semble plus répondre. Quelqu'un vient de mettre fin à l'appel, et il est évident que ce n'est pas elle. Elle s'apprêtait à leur communiquer les résultats de la machine de séquençage, les laissant dans le suspens le plus total.
Isaac est désorienté. Il ne sait plus véritablement quoi faire. Il s'arrête alors dans leur marche effrénée, regarde partout autour de lui, d'une manière hésitante.
— Va la retrouver. Je m'occupe de mettre en sécurité, Linda, lui propose alors le Chasseur, lisant les pensées du loup-garou dans ses yeux.
Isaac hoche la tête et fait demi-tour pour gagner du temps. Il connaît le plan du palais. Il sait qu'une des sorties donne sur une route qui mène directement aux bâtiments de l'Enclave. C'est plus risqué pour lui, c'est vrai, mais beaucoup plus rapide pour retrouver Laura. Il n'hésite pas longtemps.
Vildred se retrouve alors seul avec la jeune fille. Ils continuent alors d'arpenter tous les deux silencieusement mais rapidement les longs et interminables couloirs en direction de la sortie. Cette dernière marche plus vite que lui, le bruit de ses escarpins résonnent fortement dans l'enceinte du palais. Se retrouvant dans un couloir complètement dépeuplé, et vérifiant qu'ils sont bien seuls, il sort de sa veste une arme à feu qu'il pointe sur la jeune femme. Un bruit métallique et terrifiant se fait entendre. Il vient de charger son arme.
La jeune femme s'arrête alors net dans sa course. Elle se retourne lentement en pivotant de trois quarts, fixant son interlocuteur, pointer de sang froid son pistolet en direction de son cœur, malgré les deux mètres qui les séparent.
— Qu'est-ce tu fais ? articule-t-elle distinctement.
— Où est Linda ?
Un petit silence retentit alors avant qu'elle ne réponde.
— Excuse-moi ?
Vildred fait un pas, continuant de défier son interlocuteur du regard, et de maintenir son arme sur elle.
— Où est Linda, Bella ?
La jeune femme détourne quelques secondes son regard avant de le replanter dans les yeux inexpressifs de son interlocuteur. Un sourire léger mais machiavélique de dessine alors sur ses lèvres.
Vildred l'a démasquée.
— Qu'est-ce qui m'a trahie ? lui demande-t-elle.
— Le bruit de tes talons sur le sol. Je le reconnaîtrai entre mille. Je te repose la question. Où est Linda ?
Bella fait quelques pas audacieux, contemplant le paysage enflammé par la fenêtre. Dans ses yeux loge mystère et arrogance.
— A cet instant précis, je me doute qu'elle soit dans la meilleure position possible. Mais, ce n'est pas moi qui donne les ordres, réplique-t-elle, en maintenant son sourire provoquant.
Vildred lui barre alors le passage.
— Pose ton arme au sol. Je sais que tu en as toujours une sur toi.
Bella passe sa main dans ses cheveux d'une façon séductrice en exécutant une petite moue.
— J'ai bien appris mes leçons, Monsieur Kahn. N'est-ce pas ?
Vildred commence à perdre patience. Mais, il sait se montrer convaincant, et surtout quand il s'agit de Bella.
— Pose ton arme, sinon je t'explose la cervelle maintenant. Et fais-la glisser au sol avec ton téléphone.
La jeune femme soulève sa robe déjà courte et décroche de sa jambe arme à feu qui y était dissimulée. Elle s'accroupit, la pose au sol et la fait glisser comme demander à son ex petit ami.
— Tout ce théâtralisme pour pas grand chose, renchérit-elle sur un ton condescendant, et en levant avec désinvolture ses yeux au ciel.
— Ton téléphone, renchérit plus autoritairement son ravisseur.
Elle le récupère alors et, cette fois-ci, au lieu de le faire glisser comme son arme, elle retire la carte SIM qu'elle brise entre les mains, dans une vitesse fulgurante, avant d'exploser au sol l'engin.
Vildred lève un sourcil et toise son interlocutrice d'un regard énigmatique.
— Il est inutile de continuer à dissimuler tes secrets, Bella. Dans quinze minutes, tu seras morte.
Le sourire que Bella arbore s'efface alors de ses lèvres. Elle plante de nouveau son regard dans les yeux vides d'humanité de son interlocuteur.
— Tu vas me tuer ? Vraiment ?
Vildred ne lui adresse pas de réponse directe. Il n'en a pas besoin et il le sait.
— Tourne-toi et avance, lui ordonne-t-il.
La jeune femme s'exécute.
— Isaac t'en voudras à vie si tu me tues.
Vildred voit dans ses yeux que pour la première fois de la soirée, Bella ressent de la peur face à ce qu'il vient de lui dire. Elle prend de toute évidence ce qu'il prévoit au sérieux. Tous les moyens sont donc bons pour essayer de dissuader le Chasseur. Mais, rien ne peut le faire. On ne peut pas persuader quelqu'un qui ne ressent pas d'émotion.
— Au contraire. Isaac me remerciera chaleureusement jusqu'au restant de ses jours quand je lui diras que j'ai découvert ton secret.
La jeune femme laisse échapper un rire jaune avant de secouer la tête.
— Tu bluffes...Tu n'as rien découvert du tout.
Vildred penche légèrement sa tête sur le côté, contemplant sa cible. Il est en position de force et le simple fait de le savoir le satisfait. Il a cherché Bella pendant des mois, et aujourd'hui, il est enfin parvenu à la retrouver.
— Je n'en serais pas si persuadée si j'étais toi. Je sais ce que tu as manigancé. Et je sais aussi qu'au moment même où Isaac l'apprendra, ton existence sera réduite en cendres.
La jeune femme devient blême. L'assurance dont elle faisait part à l'instant laisse place à de nombreux doutes. Elle en sait pas si elle doit croire son interlocuteur. Mais, ce qui lui dit semble totalement coïncider avec la vérité.
— Tu m'emmènes où ? lui demande-t-elle alors en continuant d'avancer et en commençant à trembler, commençant visiblement à craindre pour sa vie.
— Dans un endroit un peu plus tranquille. Et sur le chemin, je vais te poser quelques questions, auxquelles je t'invite très sérieusement à répondre. La première est la suivante. Comment c'est possible ? Comment tu as réussis à te procurer ses vêtements ?
— Ça n'a pas été compliqué. Disons que vos « amis » ne sont pas tous attachés à la loyauté, sourit-elle mesquinement, en mettant en évidence des sous-entendus évidents.
— Nathanaël, devine-t-il.
Lui revient le souvenir du jeune sorcier et du moment où il a dupliquer le débardeur taché de Laura. Il a la capacité de le faire.
— Ça n'a pas été difficile de le convaincre quand on sait trouver les bons arguments. Tu vois de quoi je parle ? continue-t-elle de le provoquer.
Les vampires ont dû faire pression sur lui. Ils ont dû trouver un objet de chantage. Vildred s'occupera de Nathanaël plus tard. Il lui réglera son compte, de toute évidence, mais pour le moment, priorité aux femmes.
Bella et Vildred finissent par sortir du palais. Le Chasseur semble se diriger vers l'orée du bois qui borde Central Business District.
C'est plus facile pour commettre plus discrètement un meurtre.
Alors que Bella faisait la maline, elle commence peu à peu a comprendre qu'il ne lui reste plus que quelques minutes à vivre. De la panique commence à loger dans ses grands yeux verts. Déjà bien avancés dans la forêt, il lui ordonne de s'arrêter. Elle se tourne vers lui, plantant ses yeux dans les siens.
— Tu ne peux pas faire ça Vildred ! Pas après tout ce que j'ai fait pour toi, s'exclame-t-elle, désorientée.
— Tes plaintes ne me rendent pas sensibles, Bella. Ce sont la conséquence de tes actes. Et tu les paies aujourd'hui.
Bella commence à s'emporter. Elle ne parvient plus à maîtriser ses émotions. Elles se trouve aux portes de la mort et elle le sait.
— Je n'ai rien fait ! On me manipule depuis toujours...! tente-t-elle de se défendre.
— Arrête de te faire passer pour la jolie petite fille effarouchée que tu n'es pas. Ce que tu as fait est lourdement répréhensible. Ton histoire s'arrête ici. Mais, si pour honorer ta mémoire et te rattraper te prend l'envie de tout avouer maintenant, je t'y encourage.
— Si je meurs maintenant, ce sera en emportant tous mes secrets, rétorque-t-elle agressivement en serrant les poings et les dents.
Vildred hausse les épaules. Il savait qu'elle ne parlerait pas, de toute façon. Mais, cela ne lui importe peu. Il finira un jour ou l'autre par déterrer un à un ses secrets. Il a déjà découvert le principal. Les autres suivront.
— Ta décision est accepté.
Une onde de regret habille alors les grands yeux verts de Bella. Étrangement, elle ne semble pas avoir peur. Comme si finalement, elle avait attendu la mort toute sa vie.
— Avant que tu me tues, est-ce que je peux te poser une dernière question ? lui demande-t-elle alors.
Vildred est étonné qu'elle baisse aussi rapidement les bras. Elle n'était pas comme ça quand ils s'étaient connus. Sa curiosité lui en vient à se demander quelle est sa dernière préoccupation, aux portes de la mort.
— Une seule.
Un petit silence s'en suit alors. D'une voix pleine d'amertume et de regret, Bella pose sa dernière question.
— M'as-tu vraiment aimée ?
Vildred ne répond pas tout de suite. Il continue de viser adroitement avec bout de son arme le cœur de la jeune femme, avant de lui apporter sa réponse.
— Il fut un temps oui.
— Jusqu'au jour où tu as perdu tes émotions ? renchérit-elle instantanément.
— J'avais dit une seule question. Et ça fait deux.
— Réponds-moi ! Si tu dois me tuer, j'ai besoin de savoir.
— Tu veux savoir si tu avais ta part de responsabilité dans notre rupture ?
La jeune femme hoche doucement la tête.
— Je veux savoir, s'il ne t'était pas arrivé cet événement, si on aurait été toujours ensemble à l'heure actuelle.
— Tu aurais été dans quel camp ?
— ...
— Tu ne sais pas ?
— J'ai toujours été dans le camp de ceux qui savaient me protéger, lâche-t-elle.
— Ton principal ennemi n'a jamais été les autres, Bella. Mais, toi-même.
Vildred tend alors de nouveau son bras et plaque son doigt sur la gâchette. Il regarde une dernière fois sa victime prêt à commettre le geste qui l'exécutera de sang froid.
Bella avait raison. Il l'avait aimé jusqu'au dernier instant où il avait pu ressentir quelque chose. Mais, dorénavant, c'était terminé. Bella n'était plus qu'un obstacle à abattre, et aujourd'hui, rien ne pourrait l'arrêter. Il irait au bout de sa décision, pour se protéger lui et tout ce qu'elle savait à son propos que que tous ignoraient encore.
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