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Papa : On lui a tiré dessus.
Mon coeur s'est mis à battre très fort lorsqu'il a prononcé cette phrase. J'arrivais pas à y croire. On a tiré sur oncle Amerigo, mon oncle préféré.
J'arrivais même plus à parler correctement.
Moi : C-comment ça ?
Mon père avait du mal à en dire plus donc c'est ma mère qui a pris le relais.
Maman : Il rentrait chez lui lorsque deux gars armés lui ont tiré dessus, d'après les témoins.
C'est vraiment horrible de faire une chose pareille à mon oncle. Il mérite pas ça.
Moi : Et...Il est mort ?
Maman : Non mais il est dans le coma.
Intérieurement, c'est comme si j'avais arrêté de vivre là. Ça m'a fait grave mal au cœur de savoir qu'il est entre la vie et la mort.
Je savais même plus quoi dire donc je suis partie me réfugier dans ma chambre et me suis allongée sur mon lit.
J'avais un sentiment de tristesse mélangé à de la haine. J'avais envie de pleurer mais la colère prenait le dessus sur moi.
Pendant tout ce temps où je réfléchissais à ce qu'on a affligé à mon pauvre oncle, j'ai reçu une dizaine d'appels et de messages vocaux de Chris :
"Allez Jess' remets-toi avec moi"
"Si on se remet ensemble j'dirais à Drizzy de te mettre des 20 en sport allez s'te plaît"
"Mais putain Jessy tu m'rends dingue là j'veux pouvoir retoucher tes belles lèvres comme j'le faisais avant"
"Tu trouveras jamais un mec avec qui t'es aussi complice qu'avec moi"
"Mais Jessy réponds là je sais que tu vois mes messages"
"T'es avec un mec c'est pour ça tu réponds pas hein ?"
"Eh tu m'fous la haine vas-y reste avec tes pd"
"C'est pas Dylan qui payerait des shoes à 300$ pour toi, retiens ça"
"MAIS RÉPONDS LÀ"
"Jessy faut que j'te parle s'te plaît réponds."
En écoutant ses messages vocaux, j'ai vite compris que Chris est un gars très bipolaire.
Je voulais lui répondre mais mes mains tremblaient tellement que j'arrivais même plus à écrire. Tout ce que je voulais c'est savoir qui a tiré sur mon oncle et pourquoi on a tiré sur lui.
Je pensais encore à tout ça lorsque Jason a franchi la porte de ma chambre.
Jason : Ça va ?
À ce moment-là, j'ai eu un flash-back. J'ai vite compris quelle est la raison de ce qu'il vient d'arriver à mon oncle.
Moi : La lettre...
Jason : Quoi ?
Moi : C'est à cause de la lettre de menace que que tout ça arrive !
Il a vite fermé la porte de ma chambre, de peur que les parents nous entendent.
Jason : Mais dis pas n'importe quoi ça a rien avoir avec la lettre.
Moi : Bien sûr que si ! C'était écrit qu'ils allaient se venger sur les membres de la famille !
Jason : Non ils ont juste dit qu'ils allaient faire du mal à ses enfants.
Moi : Mais t'es con ou c'est comment ? C'est une sorte d'ultimatum ! D'abord ils commencent par les membres éloignés de la famille mais bientôt ça sera nous qu'ils tueront si tu montres pas cette foutue LETTRE !
J'ai parlé tellement fort que ma mère est entrée dans la chambre, paniquée.
Maman : Mais pourquoi ça crie ici ?
Jason : C'est elle qui crie là.
Moi : Ouais bah à ton avis pourquoi je crie ?
Il ne répond pas et baisse la tête.
Maman : Vous me cachez quelque chose ou bien ?
Moi : Demande ça à Jason...
Maman : Jason tu as quelque chose à me dire que j'ignore ?
Il a pris du temps à répondre mais a finalement déclaré.
Jason : On a reçu une lettre y'a deux semaines.
Maman : Quelle lettre ?
Il sort la lettre de sa poche arrière, la déplie puis la donne à ma mère.
Elle se met à la lire. Plus elle avance dans sa lecture, plus son expression du visage change et laisse place à de la crainte.
Jason : Désolé je savais pas que cette lettre aurait fait autant de dégâts.
Ma mère relève sa tête et fixe Jason d'un air déçu.
Maman : Pourquoi tu nous l'as pas montrée Jason ? Pourquoi ?
Jason : Je sais pas j'avais peur que vous m'empêchiez de partir en Italie.
Maman : Ton oncle s'est fait tirer dessus à cause de ton égoïsme. Bravo...
Et sur ces mots, elle a quitté la chambre.
Jason avait l'air de culpabiliser à mort. Il faisait que de se répéter qu'il avait merdé. Mais c'était trop tard et le mal était fait.
Quelques minutes après, ma mère a montré la lettre à mon père. Pas besoin de vous dire que Jason s'est fait disputer comme jamais. Mais ce que j'ai retenu, c'est que mon père n'avait pas l'air si inquiet que ça en lisant la lettre, comme s'il s'y attendait déjà. Je commençais à penser qu'il me cachait quelque chose.
On est ensuite tous allé voir oncle Amerigo à l'hôpital. J'ai pas pu m'empêcher de verser une larme. J'ai l'habitude de le voir souriant mais là il était inerte, entre la vie et la mort. Je réalisais pas.
J'ai pas dormi de la nuit.
Le lendemain, j'ai déverrouillé mon téléphone qui était toujours en mode silencieux et j'ai vu pleins d'appels manqués de Chris. Donc je lui ai envoyé un message.
À "Chris 💍" : "J'ai pas envie de parler pour l'instant"
Il m'a répondu à la vitesse de la lumière.
De "Chris 💍" : "Pourquoi y'a quoi ?"
À "Chris 💍" : "Je t'expliquerai lundi"'
De "Chris 💍" : "Ok"
J'ai posé mon téléphone et suis allée prendre mon petit-déjeuner.
Jason et Jamie dormaient tandis que mes parents étaient allés voir certains membres de la famille pour parler du drame.
Quant à moi, j'étais un peu perdue et je savais même plus ce que je faisais. J'allais dans des appli sans comprendre pourquoi. J'ai même vu un message d'August datant de quelques semaines auquel je n'ai jamais répondu et que je ne répondrai jamais :
"Bon pourquoi tu t'es embrouillée avec Chris ? Il t'a mis une mauvaise note c'est ça ?"
S'il savait...
J'ai pas envie qu'August soit au courant qu'il y a quelque chose avec Chris, et je pense que Chris n'ose pas non plus lui dire. Je sais qu'il en aurait fait un cirque, malgré qu'il ait pourtant dix-neuf ans...
Lundi
10h20, en cours de maths
J'avais terriblement mal à la tête et la voix aigue de Thugga n'arrangeait pas les choses. J'avais mis ma tête dans mes bras croisés.
Thugga : JESSY !
J'ai légèrement sursauté et ai relevé ma tête.
Moi : Hum ?
Thugga : Viens corriger l'exercice au tableau au lieu de dormir.
Je l'ai fixée en plissant des yeux.
Thugga : Qu'est-ce que t'attends ?
Moi : Je...J'ai mal à la tête monsieur.
Thugga : Oh mais faut arrêter de trouver des excuses.
Moi : Je vous assure que c'est la vérité.
Il me lance un regard douteux puis avance jusqu'à mon rang. Et il a osé mettre sa main toute froide et manucurée sur mon front brûlant.
Thugga : Ah ouais vaut mieux que t'ailles à l'infirmerie là.
J'ai acquiescé et suis sortie de la classe.
Je suis entrée à l'infirmerie et Madame Knowles m'a accueillie amicalement.
Knowles : Alors qu'est-ce qui t'arrive ma chérie ?
Moi : J'ai des maux de tête.
Knowles : Ah, j'ai un petit remède pour ça.
Moi : Le doliprane je devine.
Knowles : Exactement cocotte.
C'est bien ce que je disais...
Elle m'a donnée du doliprane et m'a dit de patienter le temps qu'elle aille se faire un café.
J'étais donc seule à l'infirmerie et je tournais en rond dans la salle où il y a une tonne de médicaments.
Quelques minutes après, j'entends un bruit de porte qui s'ouvre. Je sors de la salle de médicaments et avance vers l'entrée. C'était Chris...
Chris : Eh Yoncé t'aurais pas la liste de-
Il m'aperçoit et arrête sa phrase.
Chris : Qu'est-ce que tu fais là ?
Moi : J'ai super mal à la tête.
Chris : Tu t'es cognée contre un mur ?
Moi : Non.
Chris : T'es myope ?
Moi : Non...
Chris : T'as regardé Netflix trop longtemps ?
Moi : Non !
Chris : T'es fatiguée ?
Moi : OUI !
Je suis retournée dans la salle de médicaments et il m'a suivie.
Chris : Dors alors.
Moi : C'est pas ça le problème.
Chris : Alors c'est quoi ?
Moi : J'ai appris qu'on a tiré sur mon oncle et qu'il est dans le coma.
Chris : Ah désolé je savais pas.
Juste le fait d'en parler m'attristait. Ça me nouait la gorge et j'y pouvais rien.
Chris s'approche de moi et me prend dans ses bras.
Chris : Ça va aller, t'en fais pas.
J'étais bien dans ses bras. Il a ce truc qui fait que je me sens apaisée, je sais pas.
Il me relâche deux minutes après.
Chris : C'est pour ça que tu répondais pas à mes messages ?
Moi : Oui...Et pour ton information j'étais pas avec d'autres gars tu sais.
Chris : Ouais mais bon on sait jamais.
Sa phrase m'a refroidie. J'avais l'impression qu'il avait une mauvaise image de moi là.
Moi : Mais tu penses vraiment que je suis du genre à aller voir de tous les côtés ?
Chris : J'ai pas dit ça.
Moi : Pourtant c'est ce que t'as insinué.
Chris : Mais non j'ai-
Moi : Bref c'est bon ça me donne mal à la tête de parler.
Chris : Hum...
Le doliprane n'avait pas encore agi et j'avais l'impression d'avoir une migraine. C'était tellement douloureux.
Moi : Dis-moi ce que tu voulais me dire ce week-end.
Chris : C'est pas le moment.
Moi : Bien sûr que c'est le moment.
Chris : Non j'te dirai quand t'iras bien.
Moi : Mais je vais bien !
Il ne répond rien et me fixe comme si j'étais folle.
Moi : Écoute Chris j'ai un mal de tête terrible et en me faisant parler pour rien tu l'accentues encore plus alors j't'en supplie dis moi ce que tu dois-
Chris : Je t'aime.
J'étais choquée parce ce qu'il venait de me dire. J'ai cru mal entendre.
Moi : Q-quoi ?
Chris : J'ai dit que je t'aime et j'peux pas rester plus longtemps sans qu'on se remette ensemble. Ouais j'ai fait des erreurs, ouais j'ai agi comme un con, ouais je t'ai fait souffrir mais au fond j'suis pas une mauvaise personne. J'suis sincère avec toi et j't'aime vraiment. Tu sais bien que c'est moi qu'il te faut et pas un autre gars. Alors par pitié laisse-moi une dernière chance.
Au même moment, Madame Knowles entre de nouveau dans l'infirmerie.
Knowles : Cette machine à café déconne vraiment c'est incroyable ça.
Elle nous remarque et nous lance un étrange regard.
Knowles : Chris qu'est-ce que tu fais là ?
Chris : J'suis juste venu prendre la liste des élèves passés à l'infirmerie.
Knowles : Ah pas de problèmes je te la donne tout de suite.
Elle lui a donné sa liste puis il est parti en me lançant un regard profond.
Je suis perdue en ce moment. Entre les révisions pour le bac, mon oncle qui est dans le coma et Chris qui me fait une "déclaration", je sais plus où donner de la tête.
À suivre...
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