Chapitre 45 (présent)
Le guerrier noir à poils courts s'éloigna de Fleur d'Oranger et de la solitaire au pelage écaille. Il fit mine de quitter la tanière du guérisseur mais, ce qu'il entendit l'en empêcha. Ce n'était qu'un soupire, infime, presque inaudible pourtant, tous les chats présents regardaient la provenance du murmure, les yeux écarquillés. C'était Plume. Elle avait parlé, ils en étaient tous sûr.
Comme pour confirmer les doutes des guerriers, celle-ci se mit à toussoter doucement pour se racler la gorge. Ensuite, elle répéta ce qu'elle avait dit :
- C'était si triste...
Poils Électrifiés remarqua alors que la solitaire écaille avait des larmes qui perlaient au coin de ses yeux ambrés.
Poils d'Herbe s'exclama alors :
- Plume tu... Tu parles !!
Lui aussi, les larmes commençaient à lui monter aux yeux.
Fleur d'Oranger commença à sautiller sur place d'excitation tel un chaton, malgré la douleur qui lui lancinait le crâne. Leur but avait enfin été atteint ! Poils d'Herbe et elle avaient enfin réussi à redonner la voix à la solitaire ! Tout ça, c'était grâce à l'histoire de Poils Électrifiés ! La jeune guerrière dorée se jeta sur le guerrier noir en ronronnant.
Le vétéran éclata de rire mais fut bien vite ramené à la réalité. Vent d'Orage avait besoin de lui pour mener une patrouille à la frontière du Clan du Courage pour voir si les guerriers ennemis respectaient toujours la frontière ou si il fallait utiliser la manière forte pour leur faire comprendre qu'il fallait rester de leur côté du territoire. Il salua donc Plume, Poils d'Herbe et Fleur d'Oranger d'un signe de la queue avant de sortir de la tanière du guérisseur, un sourire accroché à ses babines.
Fleur d'Oranger se retrouva seule avec le guérisseur brun et la solitaire écaille. Elle s'approcha de Plume et lui demanda :
- Maintenant que tu peux parler, tu peux nous dire ce que tu ressens. Je suis sûre que ça aidera Poils d'Herbe à te soigner.
Plume se racla la gorge et murmura d'une voix très faible :
- J'ai mal... J'ai mal partout...
Elle se mit à tousser, ce qui lui arracha une grimace de douleur. Une boule se forma dans la gorge de Fleur d'Oranger. Certes, Plume pouvait maintenant parler, mais ça ne changeait rien à son état de santé. Elle était toujours au bord de la mort... Il fallait vite qu'elle finisse de lui raconter son histoire !
***
Cela faisait plusieurs jours que Plume s'était remise à parler. Tout le monde était au courant et très heureux pour la chatte écaille blessée. Malheureusement, celle-ci allait de plus en plus mal. Poils d'Herbe ne lui donnait plus que une lune, tout au plus, à vivre.
Là, Fleur d'Oranger était encore dans la tanière du guérisseur. Elle y passait le plus clair de son temps ces temps-ci. Poils d'Herbe était en train de devenir son meilleur ami. Elle observait Plume dormir. C'était la première fois depuis longtemps que la solitaire dormait aussi profondément. Il ne fallait pas la réveiller, pourtant, Fleur d'Oranger aurait aimé lui raconter la suite de l'histoire maintenant, tant qu'elle n'avait rien à faire...
- Fleur d'Oranger ?
Le guérisseur brun venait de surgir derrière elle.
- Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Je t'ai dis que tu allais mieux, ce qui veut dire que tu peux quitter ma tanière...
- Je sais... Mais je voulais vérifier si Plume dormait ou pas... Pour lui raconter la suite...
Le guérisseur brun lui fit un sourire triste.
- Dommage qu'elle soit en train de dormir... Enfin, bref, Vent d'Orage t'attend dehors. Il veut sûrement que tu participes à une patrouille.
Fleur d'Oranger hocha la tête et un frisson lui parcouru l'échine. La dernière fois qu'elle avait participé à une patrouille elle avait fini blessée dans une bataille frontalière...
Elle fit un signe de la queue à son ami guérisseur et sortit de la tanière. À l'extérieur, le soleil brillait et réchauffait son pelage doré. Fleur d'Oranger adorait cette sensation de chaleur qui se propageait dans tout son corps.
Elle avança jusqu'au milieu du camp où trônait le Grand Bloc et où, en bas de celui-ci, le lieutenant commandait les patrouilles. Quand le chat blanc vit la guerrière dorée arriver, il lui fit un grand sourire :
- Ah, Fleur d'Oranger ! Bon retour parmi nous ! Tu vas aller faire une patrouille de chasse avec Cœur Venteux et son apprentie, Nuage de Tortue, ça te va ?
La guerrière sentit son cœur faire un bond immense dans sa poitrine quand le nom du guerrier dont elle était amoureuse en secret sortit de la gueule du lieutenant blanc. Elle hocha rapidement la tête, la gorge nouée.
- Parfait, dépêche-toi de les rattraper, ils sont déjà sortis dans la forêt.
Fleur d'Oranger ne se fit pas prier. Elle se mit à courir vers la sortie du camp et failli rentrer dans Baie Statique qui rentrait justement dans le camp avec le reste de la patrouille nocturne. La jeune guerrière dorée s'excusa vaguement avant de reprendre sa course dans la forêt.
Elle huma l'air à la recherche de l'odeur du chat qui faisait battre son cœur anormalement vite. Elle la trouva bien vite, il n'était pas bien loin.
Quand elle trouva le guerrier blanc et son apprentie, celle-ci était aplati contre le sol meuble de la forêt et avançait à pas feutrés vers un campagnol qui était caché dans un buisson. Fleur d'Oranger décida de laisser Nuage de Tortue chasser sa proie avant d'intervenir.
Elle eu donc tout le loisir d'observer Cœur Venteux qui était resté en retrait et qui fixait son apprentie. Ses muscles étaient crispés comme si c'était lui qui était en train de chasser le campagnol et pas son apprentie. Il vivait vraiment la scène...
La contemplation de la guerrière fut interrompue par un cri aigue. Nuage de Tortue avait réussi à attraper le campagnol !
Cœur Venteux félicita son apprentie et Fleur d'Oranger décida que c'était le moment de se montrer. Son cœur battait la chamade.
- Salut, vous deux ! Vent d'Orage m'a demandé de vous accompagner durant votre patrouille de chasse !
Cœur Venteux lui jeta à peine un regard et déclara :
- Très bien.
Rien d'autre. La guerrière serra les crocs. Elle en avait marre de cacher ses sentiments. À la fin de la patrouille, elle lui parlerait, c'était décidé !
La fin de la patrouille arriva très vite et Fleur d'Oranger était plus déterminé que jamais. Ils avaient ramené deux souris, un écureuil, une grive, une musaraigne et le campagnol. C'était une belle chasse, Fleur d'Oranger pensait que ça pourrait lui porter chance...
Lorsqu'ils eurent posé leurs proies dans le tas de gibier et que Cœur Venteux ai laissé Nuage de Tortue rejoindre ses frères, Fleur d'Oranger saisit sa chance :
- Cœur Venteux ? Je... Je peux te parler ?
Le guerrier planta ses yeux rouge dans les siens mais les détourna aussitôt. Fleur d'Oranger prit ça pour une invitation à se lancer, ce qu'elle fit en prenant son courage à deux pattes :
- Je... Hum... Ça fait quelques temps que ça me trotte dans la tête et euh...
Elle ne savait pas comment s'y prendre pour avouer une chose pareille. Elle sentit une boule se former dans sa gorge et elle se sentit soudainement aussi stupide qu'une souris. Elle ouvrit la gueule mais aucun son n'en sortit. C'était pire que tout, elle était en train de s'humilier ! Elle préféra mettre fin au massacre :
- En fait, laisse tomber, ce n'est pas si important que ça...
Et elle se détourna en laissant le guerrier blanc aux yeux rouge seul. Et elle prit la fuite. Ses pas la menèrent directement dans la tanière de Poils d'Herbe. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
Quand le guérisseur vit son amie dans cette état, il plissa les yeux.
- Qu'est-ce qu'il y a, Fleur d'Oranger ?
La guerrière secoua la tête. Elle se sentait tellement nulle...
- Je n'ai pas envie d'en parler...
- Très bien... Tu m'en parleras quand tu le voudras.
Fleur d'Oranger se sentit reconnaissante envers le guérisseur brun. Elle eu l'impression que Poils d'Herbe était le seul à la comprendre véritablement.
Elle ravala ses larmes et demanda :
- Plume est-elle réveillé à présent ?
- Oui, justement ! J'allais partir à ta recherche, elle réclame la suite de l'histoire.
Fleur d'Oranger hocha la tête. Elle pourrait se changer les idées comme ça.
Elle se dirigea vers la litière de la solitaire. Celle-ci avait la tête posée sur ses pattes et les yeux fermés. Elle semblait dormir...
Mais dès qu'elle sentit Fleur d'Oranger s'approcher d'elle, elle leva la tête, les yeux brillants d'excitation mais aussi de fièvre.
- Salut, Plume, comment tu vas aujourd'hui ?
- Je suis toujours en vie...
Le cœur de Fleur d'Oranger se serra dans sa poitrine.
- Et toi, ça va ? Tu as l'air triste...
- Oh... Rien de grave...
- C'est Lave Fatale qui t'a embêté ?
- Non, cette cervelle de souris a enfin compris qu'il devait arrêter d'être lourd ! Mais, ne t'inquiète pas, ce n'est vraiment pas important !
Plume la fixa de ses yeux ambrés, pas convaincu. Mais elle ne répliqua rien. Fleur d'Oranger profita de cet instant de silence pour se lancer dans la suite de l'histoire.
«Enfin, bref, je sus venue te raconter la suite de l'histoire, on s'en fiche de mes problèmes de cœur ! On rentre enfin dans le vif du sujet, tu es prête ? Oui, alors, c'est partit !»
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