Quatrième jour
Vendredi, 12 avril 2017
Camille entre dans la chambre avec un plateau qu'elle dépose sur son lit. Dessus, il y a des tonnes de bonnes choses et je m'assieds rapidement. J'hume l'odeur envoûtante des petits pains au chocolat chauds, mélangée à celui du jus d'orange frais et pressé.
- Tu es la meilleure ! dis-je.
- Je sais ! Dépêche-toi de manger avant que tout ne soit dans mon estomac !
Je m'esclaffe un instant et commence à déjeuner.
- J'ai reçu plusieurs messages de Mattéo, avoué-je.
- Sérieusement ?
- Oui. C'est dommage qu'il ne le fasse que quand ça soit trop tard, hein ?
Elle soupire.
- Même si je t'adore, tu ne peux pas continuer à lui en vouloir. Il a fait un petit effort...
- Tu trouves que c'est un effort ? On n'a pas tous la même notion de ce mot.
- N'oublie pas que c'est Mattéo ! Un petit pas pour l'homme, un grand pour l'humanité !
Je lève les yeux au ciel, bien qu'un sourire se soit installé sur mes lèvres.
- Ouais...
Nous terminons rapidement notre repas.
- Tu vas te doucher ?
- Si ça ne pose pas de problème.
- Bien sûr que non. Tu sais où sont les essuies et le reste.
- Yep !
Je marche jusqu'à la salle de bain. La douche est près de la fenêtre, tandis qu'une baignoire est juste à côté de la porte. L'évier, le miroir et quelques étagères sont perpendiculaires à celle-ci. Dans le fond, il y a également les toilettes. La pièce est assez spacieuse et le papier peint fleuri aux tons roses s'accorde parfaitement au mobilier.
Je me déshabille puis passe sous l'eau. Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour me laver, c'est pourquoi j'en ressors au bout d'une poignée de minutes. Cela m'a pas mal réveillée et je me sens prête pour affronter mon copain. Je ne suis même plus sûre d'être encore en colère contre lui.
De retour dans la chambre, Camille parle :
- Je te reconduis déjà ?
- Oui. C'est l'heure des aveux.
- Tellement dramatique ! C'est surtout le moment de se réconcilier.
Nous descendons, je salue sa maman qui n'a une réunion entre professeurs qu'à treize heures quarante cinq et nous allons dans la voiture. À l'intérieur, Camille allume la radio qui diffuse Unforgettable. Ma meilleure amie et moi chantons les paroles à tue tête en nous amusant. Nous sommes aussi tarées l'une que l'autre et ce genre de moment m'apaise.
Garée près de l'immeuble, elle m'encourage.
- Tout se déroulera bien. Bonne merde ! Bisous !
Je la remercie et monte les escaliers. Quelques mètres doivent nous séparer, Mattéo et moi. Je respire un bon coup, fais bouger mes bras et rentre la clé dans la serrure. Je baisse la clenche et tombe nez à nez avec lui. Ma bouche s'ouvre par surprise. Je n'ai plus le choix, je vais devoir l'affronter.
Il m'invite à m'asseoir sur le canapé.
- Ça va ? lance-t-il, sur un ton hésitant.
- Hum, oui, réponds-je, étonnée.
- Écoute, je suis désolé pour hier. Je n'ai vraiment pas voulu te blesser, ni t'oublier. C'est juste que... cela faisait un bail que je n'avais pas revu les gars et les choses se sont enchaînées et...
- Est-ce que tu essayes de te chercher des excuses ? m'agacé-je.
- Non mais... Je ne suis pas doué pour me faire pardonner, tu le sais. Enfin, je voulais que tu saches que je suis désolé.
Je ferme les yeux pendant quelques secondes. Dans ma tête, tout se bouscule, mes neurones s'activent. Continuer de lui faire la gueule serait immature et passer à autre chose serait bénéfique, pourtant, une partie de moi en a marre d'être prise pour une conne. C'est ce genre de petits détails accumulés qui ont fait que notre situation se soit aggravée. Néanmoins, le voir dans un tel état est... surprenant. C'est complètement nouveau pour moi et au final, je sais que je retomberai dans ses bras.
- Tu me promets que tu te rattraperas ? demandé-je, naïvement.
- Oui. Je t'aime.
- Moi aussi, murmuré-je en m'approchant de lui.
Il m'enlace tendrement et je pose ma tête contre son torse. La chaleur de ce câlin me remonte le moral et pour une fois, je suis contente d'avoir pris la bonne décision. Pour une fois, je n'ai pas écouté ce que mon cerveau me disait mais mon cœur. Et même si je prends à nouveau le risque de me faire du mal, rester sur cette dispute aurait été stupide.
- Ce soir, on va manger chez Véro ?
Je hoche la tête, heureuse de voir qu'au final, rien de concret n'a changé. Même si ce n'est plus exactement comme avant, les bonnes vieilles habitudes ne s'en sont pas allées. Depuis que nous sortons ensemble, c'est comme une sorte de tradition d'aller souper dans ce restaurant et nous sommes devenus des clients fidèles. À tel point que Véronique nous fait des prix plus abordables pour nous remercier.
Toute l'après-midi, je parle par texto à ma meilleure amie, coincée entre les bras de mon petit ami. Nous avons mis une série à la télévision, mais elle ne nous a rapidement plus intéressée. Je remets les mêmes vêtements que tantôt. Je n'ai pas besoin d'en avoir des chics, ce n'est qu'une simple sortie hebdomadaire.
Nous partons à pied de l'appartement. Chez Véro est à l'autre coin de la rue, près du parc. Lorsque nous arrivons, la brune nous accueille avec un grand sourire.
- Bonsoir ! commencé-je.
- Coucou ! Je vous ai gardé la même table que d'habitude.
- D'accord, merci.
Nous nous asseyons au fond du restaurant, en face de la fenêtre. Il n'y a pas énormément de personnes pour un vendredi, mais je suppose que les gens vont bientôt venir. Véronique est une des nombreuses amies de ma maman. Elles se sont rencontrées lors d'une soirée il y a pas mal de temps. Elle est connue dans la région et tout le monde l'adore. Elle propose parfois des soirées karaoké ou des activités de ce genre.
Véronique nous apporte des boissons. Un Ice-Tea pour moi, un Coca pour Mattéo. J'imagine qu'il a assez bu hier et je ne prends presque jamais d'alcool ici. Je ne suis pas une grande amatrice de cette boisson. Elle nous donne également les menus, avant de retourner à l'entrée.
- Tu veux quoi ? me questionne Mattéo.
- Une escalope panée avec des frites et toi ?
- Je crois que je vais me diriger vers un trio de pâtes.
- Très bon choix !
Nous faisons trinquer nos verres, en nous regardant amoureusement. Véronique note nos commandes et ces dernières ne tardent pas à nous être servies.
- Bon appétit ! répliqué-je.
- Bon appétit.
Nous nous précipitons sur nos assiettes, affamés. Le poulet est aussi délicieux que les pommes de terres maison. Elles sont croustillantes et tout simplement exquise. Je ne regrette pas de les avoir pris.
Je fixe les tableau, accrochés à ma gauche. Je ne sais pas exactement ce qu'ils représentante, pourtant, ils s'accordent à merveille avec la couleur beige du papier peint. Un aquarium est posé juste à côté de nous et nous pouvons admirer les différents poissons qui nagent dans leur maison. La musique douce qui est diffusée rend ce moment parfait, l'ambiance est très apaisante.
- Sinon, Anthony va bien ?
- Oui. Il a trouvé l'amour !
- Avec qui ? m'étonné-je.
- Une étudiante de Bruxelles. Ils se sont rencontrés en France, quand il est parti au camping en février. C'est tellement bizarre, non ?
- Je trouve cela romantique. Ça lui permettra peut-être de se poser.
- Ce serait stupéfiant de sa part. Mais bon, il est assez grand pour prendre les bonnes décisions. Et Camille ? Tout roule de son côté ?
- Oui. Elle n'est pas vraiment en couple, cependant je pense que c'est pour bientôt.
- Tu sais qui est venu me reparler ?
- Non ? dis-je curieusement.
- Lina, celle qui était en première secondaire avec nous. À l'époque, elle avait des cheveux coupés en carré et des lunettes. Son style vestimentaire était toujours original.
- Oui ! Je me souviens, m'écrié-je. Je l'ai toujours admirée de ne pas se soucier du regard des autres. Elle était pleine de confiance en elle, elle s'en fichait des gens qui la critiquaient.
- C'est juste, approuve-t-il. Soit, elle m'a proposé d'aller au café un de ces quatre. Elle est revenue habiter dans la région.
- Elle avait déménagé où déjà ?
- Vers la Panne.
- Elle sait qu'on est ensemble ?
- Aucune idée. Si elle traîne assez sur ton Instagram, elle doit être au courant, se moque-t-il.
Je lève les yeux au ciel.
- Je n'abuse pas non plus ! Il n'y a que cinq photos de nous deux.
- C'est beaucoup ! C'est si important de montrer qu'on s'aime ?
- À mes yeux, oui, soupiré-je. Chacun sa vision des choses.
- Oui, je ne voulais pas te vexer. Enfin, j'ai accepté et c'est prévu pour le 14 avril.
- Ok.
Il me dévisage, ne comprenant pas le changement de ton que j'ai employé. Je hausse les épaules. Le fait qu'il ne m'est pas invité à revoir Lina m'agace légèrement. Je sais que dans une relation, il faut laisser sa moitié respirer pour ne pas devenir trop lourd, mais c'est... étrange. J'ai l'impression qu'il me met de côté.
- Un moelleux au chocolat ? me questionne Véronique, qui vient juste de débarquer.
- Non merci. Je suis saturée.
- Donc pas de dessert ? Ni de café ?
- Non, c'est gentil. Je suis fatiguée.
Elle lève un de ses sourcils, surprise. En tant normal, je me serais accordée ce petit plaisir, en revanche, je n'ai soudainement qu'une envie : rentrer. Je lui paye notre repas en cash et fonce vers la sortie. Mattéo court derrière moi, en m'appelant.
- Ilona, attends-moi !
Je ne me stoppe pas. Il empoigne fermement mon poignet.
- Est-ce que j'ai fait un truc de mal ?
- Non ! haussé-je le ton, sans aucune raison particulière.
- Alors explique-moi ce qui cloche.
- Rien.
Nous franchissons les portes de l'appartement. Je pénètre dans l'ascenseur et pousse sur le bouton du quatrième étage. L'atmosphère se refroidit considérablement. Elle est en accord avec le temps d'aujourd'hui.
- Si ça te dérange que je passe du temps avec Lina, tu peux me le dire.
- Non, je m'en fous.
Ses yeux bruns deviennent tristes.
- Je n'aime pas quand tu te renfermes sur toi.
- Il faudra faire avec, je ne suis pas parfaite.
Au moment où il s'apprête à répliquer, je me dégage de cette cage et sprinte jusqu'à la porte. Heureusement, c'est moi qui ai les clés ! Je m'enferme dans notre chambre, enfile un pyjama et me glisse sous les couvertures. Je ferme les paupières, tandis que Mattéo me rejoint.
- Écoute, je suis désolé si j'ai dit ou fait quelque chose de mal et je sais que tu ne dors pas réellement.
Je me penche sur la droite pour éteindre la lampe de chevet. Je l'entends souffler et pour une fois, ça m'est égal. Je ne sais pas pourquoi la jalouse a pris le dessus sur moi, ni pourquoi je lui ai parlé de cette manière. Mes réactions étaient complètement immatures, digne d'une gamine de cinq ans mais pour une fois, ça m'a fait du bien de ne pas me poser de question.
- Je t'aime. murmuré-je, alors que je suis certaine qu'il ne puisse pas m'entendre.
[...]
Hey !
Le chapitre quatre est le plus long jusqu'à maintenant. Je crois que j'avais été pas mal inspirée pour l'écrire et je me suis vraiment amusée !
- Camille n'est-t-elle pas la meilleure des meilleures amies ?
- La réconciliation entre Ilona et Mattéo ?
- Le petit froid à la fin ?
Julie.
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