J'aperçois la tête de Mattéo à travers la porte. Le soleil est déjà couché, les rideaux sont fermés. Je m'assieds sur mon lit en le dévisageant. Je déteste passer la soirée sans savoir où il se trouve.

- Désolé, murmure-t-il.

Sa voix tremble. Il me connaît par cœur alors pourquoi est-il parti comme un voleur ? La colère et la fatigue s'emparent de tout mon être, je ne parviens pas à me calmer.

- Tu te fous de moi ? Je t'attends depuis des heures ! Tu ne pouvais pas m'envoyer un message ?

- J'était avec mes potes, calme-toi.

Il ne comprend pas mon agacement. Il ignore que tout est en train de nous filer entre les doigts. Peut-être ne le voit-il pas ? Même s'il profite de ses derniers moments en Belgique, il a tendance à oublier l'existence de sa petite amie.

- Je suis crevé, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec toi, soupire-t-il.

- Tu choisis toujours la facilité !

Je suis aussi froide que de la glace et si j'avais des fusils à la place des yeux, mon petit ami n'existerait plus.

- On peut en parler demain ?

L'impression de déjà vu prend le dessus.

- Continue de fuir, j'ai l'habitude.

À bout, il tape dans le mur. Il remet sa veste, attrape son portable et claque la porte, me laissant bouleversée. Encore une fois.

Les larmes se déversent le long de mes joues et je m'enroule dans la couverture. La chaleur ne m'apaise pas, une douleur s'installe dans ma poitrine.

Mattéo et moi nous disputons depuis des semaines. Au début, nous ne partagions pas le même avis sur certains points. Ces différents créaient des petites embrouilles, rien de dramatique. Il revenait vers moi en s'excusant de son comportement. Puis les engueulades se sont enchaînées, devenant plus fréquentes, plus violentes. Nous ne les avons pas vues s'immiscer entre nous, nous éloigner. Elles nous ont entraînés dans un cercle infernal dont nous sommes désormais prisonniers.

J'ai peur. Parce que mon copain s'envole bientôt à l'autre bout du monde pour ses études. Des milliers de kilomètres nous sépareront et je crains la fin de notre relation. Il tient encore à moi, je le remarque quand il pose ses yeux sur moi. Pourquoi nous déchirons-nous si nous nous aimons ? Pourquoi mon cœur se fissure-t-il de plus en plus profondément ?

Nous avons dix jours. Dix jours pour surmonter les obstacles, remonter la pente. Pour prouver que notre couple ne terminera pas aux oubliettes. Qu'il reste de l'espoir, que notre flamme ne demande qu'à être rallumée. Trouverons-nous un terrain d'entente ? Poursuivrons-nous nos vies dans des directions opposées ?

Dix jours. 240 heures. 14 400 minutes. 864 000 secondes.
Ces données représenteront notre combat.