Chapitre 7
J'hurlais un bon coup pour évacuer toute ma rage avant de remettre tout en place dans ma maison en un claquement de doigts, excepté mon pauvre livre un peu cochon.
Je ne pris que quelques minutes à élaborer ma vengeance avant de mettre directement mon plan en action.
Je me téléportais sur un sentier qui, je savais, me mènerait à la maison d'un des coupables. Danaé me l'avait présenté comme un simple sentier de randonnée mais avait bien fait attention à changer rapidement de lieu, cela m'avait mis la puce à l'oreille. Et mon intuition me disait que j'étais au bon endroit.
Je me serais bien directement téléportée devant la maison d'Alistair mais mes pouvoirs avaient tout de même leur limite et je devais avoir vu -en photographie ou des mes propres yeux- le lieu au moins une fois pour m'y téléporter. Je camouflais ma présence au monde pour qu'il ne me sente pas arriver et continuais l'exploration du chemin.
Après quelques minutes, je vis une énorme bâtisse blanche dans un style coloniale se dresser au bout du chemin. La maison était grande et magnifique et, je devais avouer qu'il avait bon goût pour choisir sa maison -mon palais à Lunaland était quand même mille fois mieux-. J'aperçus plusieurs voitures dont la sienne et fus ravie de constater qu'il n'était pas seule pour vivre ma vengeance au vu des autres voitures présentes.
Je serrai plus fortement les bords de l'assiette et franchis les derniers mètres qui me séparaient de la porte. Là, je sonnais -il faudrait que j'en installe une à ma maison d'ailleurs-.
J'entendis du bruit derrière la porte, une clé qui entre dans la serrure et puis, un Alistair surpris apparut devant moi, me confirmant qu'il pouvait exprimer d'autres émotions que la frustration, la colère ou l'impassibilité.
- Bonsoir mon chou, j'ai vu que c'était la tradition de se présenter à ses voisins avec un gâteau alors j'ai fait ce magnifique gâteau pour vous et vos amis, déclarai-je avec le ton le plus mielleux possible.
J'avais entraperçu par la porte Max, Selena, Danaé et le patron de Joe's Adventure. Il y avait également d'autres personnes que je n'avais jamais vues. Cela m'importait peu après tout de savoir qui était présent, mais j'avais l'intuition que ces personnes n'étaient pas innocentes au saccage de ma maison non plus.
Je ne lui laissais pas le temps de répondre et lui balançais le gâteau à la crème à la figure. Pris par surprise, il n'avait pas eu le temps d'esquiver.
- Ça, c'est pour avoir retourné toute ma maison. Et ça, dis-je avec un ton menaçant. C'est pour avoir perdu la page de mon livre.
Je claquai des doigts et mis le feu à son SUV noir.
- Oh putain, non! Ma voiture! dit-il en se précipitant sur la voiture en feu alors qu'il venait à peine de frotter ses yeux pleins de gâteau.
Une nouvelle émotion débloquée!
Il était donc bien capable d'exprimer d'autres émotions que la "grognon-attitude" qu'il arborait à chaque fois qu'il me voyait.
Ses autres convives sortirent de la maison, horrifiés. Ils ne s'attendaient sans doute pas à des représailles, comme si leur petit carnage allait me faire fuir ou me faire peur.
Selena s'affaira vite à essayer d'éteindre l'incendie mais non sans peine. Je me retournais pour partir et avant de ne claquer des doigts pour me téléporter chez moi, je lançais une dernière tirade à l'attention d'Alistair.
- Alistair, le gâteau est au chocolat, faites attention, il paraît que c'est toxique pour les chiens! le prévins-je.
Et je claquai des doigts. Me revoilà donc à la maison. Supposant qu'il n'en resterait pas là, je décidais de lancer un sort de protection empêchant quiconque d'approcher jusqu'à ce que je sois levée demain matin -le sort devant normalement fonctionné sur les loups-garous aussi-. Mon sommeil était sacré et je pouvais être très mal lunée si quelqu'un me réveillait avant que je ne sois opérationnelle -et je ne voulais pas gâcher l'euphorie que je ressentais pour le moment-. Je m'apprêtai donc pour dormir, repensai à mettre une sonnette devant chez moi, ce que je fis immédiatement et m'attardai à retrouver la page où j'en étais dans le livre.
Par miracle, je la retrouvai et continuai ma lecture avant de m'endormir d'un sommeil de plomb et reposant.
Je me réveillais vers dix heures en ayant parfaitement bien dormi, un sommeil réparateur faisait toujours du bien au moral, c'était d'ailleurs pour cela que j'étais de très bonne humeur.
A peine étais-je levée que la sonnette retentit.
- J'aurais dû prolonger le sort, déclarai-je pour moi-même.
Je descendis les escaliers absolument pas pressée, contrairement à la personne qui en était à sa cinquième fois sur la sonnette.
J'ouvris la porte encore en pyjama et les cheveux en pagaille pour tomber sur Danaé.
- Oh, une traîtresse, dis-je en baillant.
Elle baissa la tête et me dit d'une petite voix:
- Bonjour Luna, je suis désolée pour hier. Je m'en veux, tu sais.
- Tu t'en veux de quoi? D'avoir fait diversion pendant que ta meute venait mettre le bordel dans ma maison ou d'avoir fait semblant qu'on pourrait devenir amies? demandai-je sarcastiquement.
- Je ne faisais pas semblant! Enfin si, peut-être au début mais on partageait tellement de points communs que finalement, je me suis dit que je t'appréciais bien. C'était Alistair qui m'avait demandé de te garder le plus longtemps possible éloignée de ta maison, et quand l'alpha ordonne, on exécute. Je suis désolée d'avoir fait ça et je veux vraiment devenir ton amie cette fois-ci, m'expliqua-t-elle honteuse.
Elle n'osait pas me regarder dans les yeux mais elle semblait sincère cette fois-ci. Je ne comptais cependant pas lui faciliter la tâche.
- Et comment puis-je avoir confiance en tes paroles? Qui me dit que ce n'est pas un autre piège d'Alistair? m'enquis-je.
- Je...
Elle releva les yeux et me regarda enfin, je commençais à penser que ses pieds étaient plus intéressants que moi.
- Je comprends que tu ne puisses pas me faire confiance mais je te jure que ce n'est pas un autre piège. Il est certes furieux mais je crois qu'il a compris qu'il ne fallait pas impliquer d'autres membres de la meute dans votre querelle, m'avoua-t-elle.
- C'est une sage décision, affirmai-je.
- Alistair est souvent rustre et grognon mais pour lui, chaque membre de la meute est comme sa famille et il préférera toujours se sacrifier plutôt que de voir souffrir un membre de la meute.
Je ne comptais pas m'en prendre à la meute entière de toute façon -même si j'aurais fini par rétorquer si on m'en avait pas laissé le choix- , et avec ces paroles, je laisserais ce conflit uniquement entre Alistair et moi. Je pris ma décision et l'invitai à rentrer.
- Tu veux rentrer boire un thé? lui demandai-je.
Je vis le soulagement traversé son visage et elle me sourit sincèrement.
- Si ce n'est pas trop le désordre, je veux bien. Ou je peux t'aider à tout ranger si tu veux, me proposa-t-elle.
- Oh, ne t'en fais pas, j'ai tout réparé hier avec ma magie, dis-je en la laissant entrer.
- Encore désolée pour ça, j'ai cru comprendre de la bouche de Max qu'ils avaient été un peu loin. Je ne savais pas que tu pouvais faire ça avec ta magie.
- Si tu savais toutes les choses que je peux faire avec ma magie! Pourquoi ça ne m'étonne pas qu'il était là? ris-je en évitant subtilement le sujet de ma magie et en me rappelant la scène du magasin.
- En tout cas, il semblait avoir une dent contre toi, tu lui as fait quoi? demanda-t-elle curieuse.
- Il ne vous a rien dit?
- Non, il n'a pas voulu cracher le morceau.
Je lui racontais alors la petite scène dans la boutique et elle rit de bon cœur.
- Je ne te l'ai pas encore dit mais Max est mon grand frère alors cette histoire est incroyable!
Venais-je de réveiller un monstre de gossip? Peut-être bien. Est-ce que j'en avais quelque chose à faire? Pas vraiment.
J'étais néanmoins surprise, je ne m'attendais pas à cette révélation.
- Je sais, on ne se ressemble pas. Il ressemble à mon père et moi à ma mère, me répondit-elle en voyant l'interrogation sur mon visage. Il est le meilleur ami d'Alistair et son second dans la hiérarchie de la meute.
- Vous avez combien d'années de différence? la questionnai-je intéressée.
- J'ai vingt-six ans, bientôt vingt-sept et Max vient d'en avoir trente. Ça nous fait trois ans et trois mois de différence. Alistair en a vingt-neuf, me répondit-elle en sirotant son thé aux fruits rouges que je lui avais apporté.
- Je ne voulais pas savoir pour Alistair.
Elle me fit un sourire espiègle que je ne compris pas.
- Tu sais, Alistair a toujours dit qu'il ne prendrait jamais de compagne et il n'a jamais été attiré par les femmes, ni les hommes d'ailleurs, au point qu'on se demandait tous s'il était asexuel mais depuis que tu es arrivée, il fait une fixette sur toi.
- Je ne sais pas où tu veux en venir avec cette histoire sur Alistair qui ne me regarde pas mais je t'assure que ce n'est pas de l'attirance qu'il ressent pour moi, envoyai-je balader toutes ses insinuations. Et je n'en ressens pas plus pour lui. Je dirai même qu'il me débecte.
- Allez, toutes les femmes ayant des yeux pour voir peuvent attester que c'est un canon, enchérit-elle.
La louve semblait déterminer à vouloir me caser, se souvenait-elle seulement que j'avais fait brûler la voiture de ce type à peine la veille au soir?
- Objectivement parlant, il est vrai qu'il est beau, tout comme Max l'est. Ou comme toi par exemple. Mais pour ce qui est du reste, il ne me donne pas envie de l'approcher! Et ce n'est pas ce que je suis venue chercher. Les hommes, j'ai déjà donné suffisamment alors maintenant, je profite de ce célibat! la rabrouai-je.
La vérité était que je n'étais pas prête à passer le cap, IL était encore bien trop présent et même si j'essayais de fuir les souvenirs que j'avais avec lui, je pouvais parfois encore sentir ses bras autour de moi. Je ne pouvais juste pas, pas encore. Pas tant que je n'aurais pas fini ce deuil qui me paraissait interminable.
- Maintenant, arrêtons avec ce sujet ou je te mets dehors, essayai-je de faire passer cela pour un ricanement mais je sentis qu'elle avait compris qu'il y avait quelque chose que je gardais pour moi.
Elle fit la moue mais changea de sujet et me parla de son travail.
L'ambiance entre nous deux s'était allégée et je pensais à vraiment croire ses excuses. Elle me paraissait sincère et rien de louche ne me titillait mais de là à lui faire totalement confiance, je n'en étais pas sûre.
Elle me quitta vers midi et je la regardai s'éloigner avant de me rendre compte que j'étais toujours en pyjama et les cheveux en pétard.
- Il y a du relâchement, Luna! maugréai-je pour moi-même en refermant la porte.
Je pris rapidement une douche et décidai qu'en ce beau dimanche, j'irai pique-niquer en forêt, ayant soudainement envie d'explorer les environs. Je m'habillais donc de vêtements confortables et pratiques pour la marche avant de lancer la cuisine à la préparation de mes sandwichs.
Une fois le tout terminé, je mis tout dans un panier en osier recouvert d'une couverture et sortis de ma maison. J'entrais à l'arrière de la voiture et lançais mon conducteur automatique vers un chemin que Danaé m'avait montré hier.
Quand je fus arrivée, je me sentis d'humeur joyeuse et commençai ma découverte de la forêt, cela me rappelait l'époque où j'avais été druide pour des celtes. Au bout d'une demi-heure, je trouvais un gros rocher au centre d'une magnifique clairière baignée par le soleil et décidais qu'il serait l'emplacement idéal pour moi manger et faire le plein de vitamine D -ma peau blanche ne me permettant pas de bronzer et ma magie m'empêchant de prendre des coups de soleil-. J'installai la couverture sur le rocher et sortis mes sandwichs avant de les déguster. Je pris le temps de faire une petite sieste ensuite, bercée par les bruits de la nature. Cela aurait été parfait si je ne me savais pas épiée depuis que j'avais posé un pied dans la forêt.
Aimant la provocation, je décidais de chanter une vieille comptine pour enfants.
- Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y ait pas. Si le loup y était, il nous mangerait mais comme il n'y ait pas, il nous mangera pas, chantai-je.
Ce n'était pas pour me vanter mais je savais que j'avais quelque talent de chanteuse. Ma voix m'avait permis de séduire un célèbre empereur romain que j'avais réussi à rendre complètement fou, il me semblait que son nom commençait par N.
- Allez, sors de là. Je sais que tu me suis depuis que je suis rentrée dans la forêt.
Au début, je crus que j'étais folle car personne ne sortit de sa cachette et je remis presque en doute mon sixième sens de sorcière mais finalement, un énorme loup -quand même plus petit que Fenrir, n'exagérons rien- sortit d'un buisson de ronces.
Il était clairement plus grand qu'un loup normal, d'une dizaine de centimètres peut-être, et était massif. Son pelage était fauve et ses yeux jaunes. Une bête somptueuse, il fallait l'avouer.
- Tu dois être un loup-garou. Tu es le premier que je vois sous cette forme et je dois avouer que tu es magnifique. Je ne te ferai pas de mal alors est-ce que je peux te caresser, s'il te plait? demandai-je pleine d'espoir.
Son pelage avait l'air si doux, j'avais presque envie de crier intérieurement tellement ses poils soyeux me donnaient envie de plonger ma tête dedans. Je n'avais pas ressenti une telle excitation depuis longtemps. Fenrir était définitivement doux mais cette fourrure me paraissait infiniment plus douce.
Il parut surpris de ma demande et hésita un instant puis il secoua la tête, reprit ses esprits et amorça une transformation -je le compris en entendant ses os commencer à craquer-.
- Pitié Mère, faites que ce ne soit pas Alistair, pas Alistair, je vous en prie, suppliai-je les yeux fermés.
- Que faites-vous dans la forêt, me sentis-je agressée et je reconnus immédiatement la voix.
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