Prologue
À quoi ai-je pensée lorsque j'ai fait cela ? Comment ai-je pu produire un acte pareil ? Je n'en sais rien ... s'agit-il de la sécurité de ma fille ? De la mienne ? Tout est désormais confus dans ma tête ! Je l'avoue, je n'ai pas réfléchi de manière assez cohérente et j'ai agi sur un coup de tête au moment où j'ai su qui est-ce que je portais au sein de mon ventre. Parce que je sais ce qu'Ils veulent. Dois-je regretter ma décision ? Seul le temps nous le dira ...
Il y a longtemps, j'ai été une femme naïve, très naïve. Le prix de mes actions s'est d'ailleurs abattu sur moi plus vite que je ne le croyais. À l'époque, cependant, je pensais qu'une histoire entre nous deux était possible. Qu'un homme comme lui pouvait réellement être avec une femme telle que moi était une idée qui m'étais plus que séduisante.
J'étais sincèrement convaincu que l'amour entre nous changerait les idées que les autres se faisaient de notre union. Lui-même disait qu'il se fichait pas mal de ce que disait les autres du moment que nous, nous nous aimions. Par les Dieux, que j'ai été aveugle ! Il se trouve que les autres avaient finalement raison depuis le début.
Nous étions tous les deux opposés et n'avions rien en commun, si ce n'était notre caractère. J'étais une Divinité promise à l'éternité et aux pouvoirs de la déesse que j'incarnais. C'était une Abolition, promis à la mort du commun des Humains, et dont la tribu s'est promis de nous éliminer les uns après les autres. Malgré les espoirs que j'avais en moi, une plus petite partie de mon être savais au fond que ces deux personnages que nous représentions ne pouvait pas s'unir. Je ne l'ai malheureusement compris que trop tard lorsque j'ai appris ses réelles intentions envers nous, moi et l'enfant que je lui avais fait.
Il savait de qui j'étais la Renaissante, il ne lui a donc pas fallut beaucoup de temps ni de réflexion pour comprendre que l'enfant que j'attendrais de lui ne serais pas comme les autres... Je pense même qu'il savait pertinemment qu'en me faisant croire en cet amour, je lui donnerais aveuglément ceux pour quoi Ils veulent notre peau. Mais il faut croire qu'à un mois près de mon accouchement, je réussis à déjouer ses manigances. Alors la nuit suivante je me suis enfuis loin, très loin, et ceux malgré les douleurs atroces que mon ventre m'infligeait. Tu étais vraiment pleine d'énergie petite chipie, difficile de t'arrêter !
Après des jours de marche de plus en plus difficiles, je suis arrivé ici avant de te faire venir au monde une semaine après mon arrivée. Tu n'as cependant pas eu le temps de voir grand-chose car je t'ai déposé chez une femme trois mois plus tard. Voilà maintenant quinze longues années que je ne t'ai point revu. Même si je sais que ta petite frimousse de bébé a sûrement disparue, je me languis de savoir à quoi tu peux bien ressembler maintenant. Tu dois être une femme magnifique. Tu as tout de même hérité de mes yeux, et même si cela me fait mal de le reconnaître, tu as aussi les longs cheveux ébènes de ton père...
Aujourd'hui je fais la vaisselle, mes mains me font légèrement mal, mais ce n'est rien en comparaison de tout ce que j'ai enduré pour me retrouver dans ce palais. Je n'arrêterais donc pour rien au monde ce que je fais. Du moins pas tant que je ne t'aurais pas vue marcher tranquillement sur ce carrelage et cette tapisserie, si possible avec une personne très précise au bout de ton bras.
Je pense régulièrement à toi ma chérie ... Mes pensées divaguent souvent dès que je me retrouve seule. Je nous revois alors toutes les deux : moi les larmes aux yeux, toi en train de gazouiller dans ta petite et épaisse couverture. Tu étais si adorable, si innocente ... tu ignorais qu'à peine venue parmi nous, nous étions en train de nous voir pour la toute dernière fois.
Te souviens-tu seulement encore de moi ? De mon visage ou de mon nom ? Te rappelles-tu cette berceuse que je te chantais sans cesse avant de t'endormir ? Pour peu du temps que nous avons passés ensemble, je n'en suis pas si sûr. Mais mon esprit se remémore bien ces souvenirs. Tu te calmais dès que je commençais à la chanter. J'avais beau utiliser d'autre stratagèmes pour détourner ton attention, seule cette petite mélodie avait le pouvoir de te captiver tout entière.
Je n'ai pas touché le moindre mot à ta tutrice là-dessus. Je veux que cette chanson soit la nôtre, et je souhaiterais pouvoir te la chanter de nouveau lorsque tu reviendras ici. Même si je sais qu'elle ne veut que ton bien, savoir que tu partages un peu de moi avec quelqu'un d'autre est une idée que je ne peux accepter. Peut-être que tu sais désormais qui tu es et qui tu représentes ... Dans ce cas je te retrouverais bien assez tôt. Sinon je n'ai plus qu'à me résoudre à t'attendre sagement ici ... Je ne peux malheureusement que faire cela.
T'attendre ....
T'attendre irrémédiablement ...
T'attendre jusqu'à ce que ce carrelage et ce parquet viennent fouler tes chaussures. À ce moment-là alors je serais la Divinité la plus heureuse du monde. La mère la plus heureuse du monde. En revanche, le compte à rebours se mettra en route, et tu ne disposeras que de quelques instants pour désamorcer une des plus grosses bombes que le monde n'ait jamais connues.
Ma chère fille, j'ai tant de choses à rattraper avec toi, nous avons tellement de choses à rattraper ensemble. J'ignore encore combien de temps il va falloir que je patiente avant de pouvoir regarder de nouveau ton visage. Mais surtout, j'ignore combien de temps il te reste avant que ces crapules ne te rattrapent, et te fasse tout ce qui leur passe par la tête. Mais ils n'ont jamais vu ton visage, ce qui te donne un petit train d'avance. Les Dieux seuls savent qu'ils sont capables de toutes les atrocités possibles et imaginables.
Personne ici ne sait que j'ai eu une fille et encore moins que je me suis enfuie de chez moi. Je t'ai gardé pendant les trois meilleurs mois de ma vie dans le plus grand des secrets. Seul le Souverain Ekaitz fut au courant de mes mésaventures, il sait donc que je suis ta mère mais ne t'a jamais vu que dans un landau avant que je ne lui dise ce que j'avais décidé de faire par la suite. Personne donc ne connait ta véritable identité au moment présent.
Mea puella, même si je sais que tu ne peux pas m'entendre de là où tu es, saches néanmoins que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger ... malgré les années et la distance qui nous séparent. Tant que je vivrais, personne, je dis bien, personne ne te fera le moindre mal. J'en fais le serment.
*Ma fille en latin
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