Vulnérable
Les semaines se sont dorénavant transformées en mois. Cela fait cinq mois maintenant que nous sommes chez les audacieux, à suivre une formation qui n'en finit plus. J'ai pris en assurance, en muscle et bien que je remonte dans le classement, je suis toujours en dessous de la ligne rouge, et bien sûr, il ne me reste plus beaucoup de temps afin de déterminer qui va dégager lors des épreuves finales de la première phase.
Alors toutes les nuits, je me lève et continue de m'entraîner sans relâche, afin de montrer de quoi je suis capable, sans forcément dévoiler qui je suis et même si les sans faction me guettent depuis derrière leurs murs, je persiste et ne me laisse pas distraire.
Durant ces dernières semaines, Will et Christina sont devenus plus que proches et bien que je ne les ai jamais vu se faire de gestes tendres ou s'embrasser, je les soupçonne d'être ensemble. Al est devenu assez proche de moi ainsi qu'Edward, mais il n'est question que d'amitié. Nous sommes devenus le petit groupe inséparable qu'il faut à tout prix dissoudre, puisque le fait d'être autant soudés nous rend moins vulnérables, et ça, Éric, l'a bien compris. Alors, il fait en sorte de nous mettre ensemble lors des combats afin de nous déstabiliser et de nous retourner les uns contre les autres, sauf que ça a eu tout l'effet contraire, puisque son intervention n'a fait que nous rendre plus forts et encore plus soudés qu'auparavant. Ce qui a le don de le mettre en rogne. Puis il y a Peter. Peter et sa bande de petits chiens galeux. Andro, Shay et David. Ils me vouent une haine que je ne comprends pas et je soupçonne Peter d'être à l'origine de ce malaise entre nous, même si bien sûr, ce lâche, ne fait que nier en boucle. Je ne le crois pas et je n'ai aucune confiance en lui, tout comme je n'ai aucune confiance en ses trois toutous décérébrés.
En dehors des activités physiques, je suis plutôt douée au tir mais surtout avec des couteaux. Ce qui me surprend, je dois bien l'avouer car je suis plutôt le genre de personne à réagir avec mes poings et non avec une arme. Je n'aime pas ça, mais étant une future audacieuse, je n'ai pas d'autre choix que de me plier à leurs règles et leur entraînement.
Plusieurs mois coincée ici, et la seule chose qui me réconforte, c'est que je peux venir en aide aux sans faction. En effet, depuis le premier jour de notre entraînement où je les ai vu démunis, et à la recherche de nourriture, j'avais décidé de leur venir en aide. Alors, après mes entraînements nocturnes, je parcoure la ville de Chicago et me rapproche un peu plus chaque jour du mur afin d'y trouver une faille. Une sortie. Mais bien sûr, tout a été construit pour faire en sorte que personne ne rentre ou ne sorte, sans l'approbation de Jeanine. J'ai cherché des semaines durant une solution et des chemins pour ne pas me faire remarquer, jusqu'à ce que je finisse enfin par y arriver.
Le mur a une faille côté ouest, et j'ai trouvé une issue à l'abri des caméras mais aussi à l'abri des capteurs de mouvement placés tout autour de la clôture. Il y a une sortie sûre, surveillée de personne et je l'ai enfin trouvé.
Depuis cette découverte, j'ai diminué mes entraînements et me suis consacrée à trouver une terre viable afin que les sans faction puissent cultiver, ainsi qu'un endroit sûr afin qu'ils puissent s'installer et après trois mois, vingt-et-un jour et quatorze heures, j'y suis parvenue. J'ai trouvé une très grande ferme entourée d'Hectares de champs libres, invisible aux yeux de tous, puisque située derrière le mur, mais aussi parce qu'il faut d'abord traverser des kilomètres et des kilomètres de terre brûlée et ravagée, vestiges de la guerre afin d'y parvenir. Mais ça en vaut vraiment la peine. Si Jeanine était au courant de l'existence de cet endroit, et que ces drones ou ses satellites l'avaient découvert, elle l'aurait déjà fait partir en fumée, c'est une certitude, mais ce n'est pourtant pas le cas.
Alors, toutes les nuits, je me rends là-bas en espérant ne pas me faire prendre par les leaders, puisque partir sans leur accord revient à s'échapper et c'est un acte interdit chez les audacieux. Si Éric ou Quatre apprennent à ce que je fais, ils ne prendraient pas de demi mesure et me dégageraient aussi sec de leur faction, et ça, c'est s'ils sont de bonne humeur. Mieux vaut ne pas imager s'ils ne l'étaient pas.
Une nouvelle journée commence et ce matin, nous nous entraînons à nouveau au lancé de couteau. Tout le monde est plutôt doué, mis à part quelques uns qui ne savent pas vraiment comment tenir leur larme. Leur faisant l'adhérence qu'il faut pour pouvoir la lancer correctement et la planter dans la cible face à nous.
Éric et Quatre sont toujours à nous seconder, jusqu'à ce moment. Celui où Éric passe près d'Al alors que celui-ci rate une fois de plus sa cible.
– T'es vraiment pathétique, lui souffle-t-il alors que je le fixe, soupirant d'exaspération tandis qu'il s'en prend à mon ami.
– La lame a glissé, dit Al.
– Alors va la récupérer et recommence, continue Éric, le fixant droit dans les yeux.
– Maintenant ? demande-t-il, surpris.
– Oui maintenant, poursuit-il, alors qu'il emploie un ton froid et qu'il a le regard sévère. Aurais-tu peur ?
– Disons que j'ai pas vraiment envie de me faire embrocher par une lame.
– Que tout le monde s'arrête, hurle Éric tout en levant son bras droit, le poing serré. Place toi devant la cible, ordonne-t-il à Al alors qu'il la désigne du regard.
Alors que tout le monde a arrêté de s'entraîner, Al s'avance jusqu'à la cible, tandis qu'Éric appelle Quatre.
– Quatre. S'il te plaît. Récupère des lames.
Quatre lui obéit sans trop de conviction alors qu'Éric continue de s'en prendre à mon ami.
– Si tu clignes des yeux, tu dégages. Tu bouges un cil, tu dégages. Tu hausses les épaules, tu... Enfin t'as compris, lui rit-il au nez. Vous apprendrez qu'ici, les règles ne sont pas optionnelles. Quatre, je t'en prie, poursuit-il tout en lui faisant signe de prendre place alors qu'il a les lames en main.
Mais, au moment où il s'apprête à lancer la première, je l'interromps, sans vraiment réfléchir à ce que je fais.
– Arrête, dis-je tout en fixant Quatre avant de reporter mon regard sur Éric.
– Qu'est-ce que t'as dit ? demande Éric, après s'être approché de moi, le regard furieux.
– Le placer devant cette cible ne le rendra pas meilleur et ne fera pas de lui un meilleur soldat, lancé-je, le fixant toujours droit dans les yeux.
– Alors tu ne verras pas d'inconvénient à prendre sa place, me sourit-il avec dédain.
Je l'observe un instant avant de rejoindre Al et de prendre sa place. Je cale ensuite mon dos contre la paroi, croise mes mains entre elles que je place devant moi.
– Les règles sont les même que pour ton ami, dit Éric, me souriant à nouveau sournoisement. Quatre, je t'en prie.
Je fixe mon instructeur prendre place alors qu'il m'observe avec un regard que je ne lui ai jamais vu jusqu'à présent. Il prend la première lame, la lance d'une force que je ne lui soupçonnais même pas. Elle est venue se loger au dessus de ma tête, à quelques centimètres de mon crâne. Puis, il en lance une seconde qui vient se plaquer près de mon oreille gauche.
– Je suis sûr que tu peux mieux faire, reprend Éric.
– Tu veux que je lui fasse une nouvelle coupe, balance Quatre, n'approuvant pas forcément les méthodes de son acolyte.
– Pourquoi pas ? lui sourit-il.
Quatre continue donc de lancer ses lames, la troisième venant se plaquer contre mon oreille droite, à quelques millimètres de mes cheveux, tandis que la dernière est venue se loger au dessus mon épaule, près de ma nuque, si près, que je peux sentir un liquide chaud couler le long de mon cou.
– C'est bon, hausse Éric. Ça suffit pour aujourd'hui.
Tout le monde quitte la pièce tandis qu'Éric s'approche de moi avant de plonger son regard furieux dans le mien.
– Tu apprendras qu'ici, on forme des soldats et non des rebelles, alors tâche de t'en souvenir la prochaine fois que l'envie d'ouvrir ta grande bouche te prendra, termine-t-il tout en me toisant avec amertume avant de quitter à son tour la pièce.
Quant à moi, je prends une grande inspiration avant de quitter la salle d'entraînement quand j'arrive à hauteur de Quatre qui est en train de ranger les lames.
– Ça va ? demande-t-il soudainement, sans même me regarder.
Surprise, je m'arrête net et le fixe un instant sans rien dire jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.
– Si j'avais vraiment voulu te faire du mal, je l'aurai fait.
Je l'écoute, cependant, il n'a aucune réponse de ma part. Je me contente juste de le fixer avant de hausser les épaules et de partir sans me retourner.
Une fois au dortoir, la plupart de mes camarades m'applaudissent suite à ma conduite envers Éric.
– Comment tu la remis à sa place, me sourit Christina.
– Personne ne s'est jamais frotté à Éric. T'as tout mon respect, poursuit Edward.
– Je ne sais pas quoi te dire Addison, s'avance Al. Je ne suis pas certain que j'aurais fait la même chose si nos rôles avaient été inversés.
– Laisse tomber d'accord, dis-je en lui souriant. Tout ce qu'Éric souhaite, c'est nous déstabiliser pour nous diviser. Mais ça n'arrivera pas. On est plus fort que ça, okay, lui souris-je à nouveau. Alors, on en parle plus.
– Addison. Addison. lance Peter tout en s'approchant de nous. Tu penses sincèrement qu'Éric va te foutre la paix après ça. Qu'est-ce que tu crois ?
– C'est bon Peter, lâche-moi un peu et retourne jouer avec tes toutous, les désignant du regard. À moins qu'eux aussi, se soient déjà lassés de toi. Ce ne serait pas étonnant, continué-je tout en le fixant droit dans les yeux.
– Tout ce que je dis, c'est que depuis qu'on est ici, tu fais ta rebelle et tu joues la faible alors qu'on sait très bien de quoi tu es capable. On sait tous ici que tu caches quelque chose, pas vrai ? dit-il, me toisant de toute sa hauteur. Alors sois cool, même si on n'est pas pote, tu pourrais au moins dire la vérité à tes amis.
– De quoi il parle ? me questionne aussitôt Christina.
– Je n'en sais rien, réponds-je sur un ton plus qu'agacé. Il dit ça juste parce qu'il ne sait pas quoi inventer pour me mettre en porte à faux parce que je remonte dans le classement devant sa bande de chiens galeux et ça l'emmerde. J'ai pas raison, lui demandé-je tout en plongeant mon regard dans le sien.
Il m'observe, le regard dur avant de s'avancer vers moi et d'approcher son visage près du mien.
– Nicholas Snyder, chuchote-t-il au creux de l'oreille.
En entendant ce nom, je me recule, un regard de terreur sur le visage, alors que lui me sourit, en haussant un sourcil.
– Fais gaffe à toi Addison, c'est tout ce que je dis, poursuit Peter, avant de me rire au nez tout en me faisant un clin d'œil avant de partir.
– On peut savoir ce qu'il vient de se passer là ? demande Will, alors qu'il me dévisage.
– Je... bégayé-je, fronçant les sourcils tout en haussant mes épaules. Je ne sais pas, dis-je, les poings serrés, ce que remarque Christina.
– Hey les mecs. Laissez la tranquille okay, intervient Christina. Il s'agit de Peter. Depuis quand on se soucie de ce que raconte ce connard ? Vous savez comment il est.
–T'as raison Christina, conclut Al. Qu'il aille se faire voir.
– Allez, viens par là, dit Christina tout en prenant mon bras. Je vais soigner ta nuque, me sourit-elle avant de m'éloigner des autres.
Elle prend ce qu'il faut pour nettoyer le sang qui a coulé le long de mon cou, avant de déposer un pansement sur la plaie.
– Je sais que je te dois des explications Christina, mais comme tout le monde ici, je suppose, tu as toi aussi, tes propres secrets pas vrai ?
– C'est vrai.
– Sauf qu'à la différence de toi, les miens peuvent me tuer et tous ceux qui me sont proches alors, me coupé-je net.
– À ce point, souffle-t-elle, tout en plongeant son regard dans le mien.
– Oui, lui souris-je timidement avant de baisser mon visage.
– Écoute. Tu viens de le dire toi-même. On a tous nos secrets et si tu ne veux pas les partager, tu n'es pas obligée Ady, lance-t-elle alors qu'elle pose une main sur la mienne tandis que je relève mon visage vers le sien. Je le comprends parfaitement, alors il n'y a pas de malaise okay, continue-t-elle, me souriant franchement cette-fois.
– T'es sure ? la questionné-je en plongeant mon regard dans le sien.
– Certaine.
– Cool, lui souris-je.
– Allez. On ferait mieux de se coucher si on veut être en forme pour demain. Ce sont les évaluations des épreuves physiques avant de connaître le classement, dit-elle avant de se glisser dans son lit.
J'acquiesce d'un signe de la tête et me couche, tous les autres suivant naturellement. Comme à mon habitude, j'attends que tout le monde dorme afin de sortir à nouveau, non pas pour m'entraîner cette fois, mais pour venir en aide aux sans faction.
Après de longues minutes, tous mes camarades sont endormis. Je me lève, mets mes chaussures, puis je réunis un sac à dos avec une lampe torche et me rends dans les tunnels au dessous de la fosse afin d'y récupérer une carte et du matériel que j'ai planqué là où personne ne penserait à chercher. Je prends le tout et fourre l'ensemble dans mon sac. Je pars ensuite retrouver les sans faction, sauf qu'à cet instant, j'ignore que Quatre est lui aussi debout. Qu'il m'a vu et qu'il a suivi chacun de mes mouvements.
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