Révélations
Une fois au salon de tatouage, il me semble reconnaître Tori. Je me dirige donc vers elle, un sourire aux lèvres.
– Salut, dis-je un sourire sur les lèvres.
– Tu ne devrais pas être là, me répond-elle sèchement, avec un regard froid.
– Est-ce que j'ai dit ou fait quelque chose qui t'a énervé ? demandé-je, ne comprenant pas son trop comportement à mon égard.
– Être libre ne signifie pas faire n'importe quoi Addison, lâche-t-elle presque méchamment.
Généralement, quand Tori m'appelle par mon prénom complet, c'est qu'elle est fâchée après moi. Et vu son regard, elle l'est forcément.
–Tu n'aurais jamais dû choisir les audacieux, poursuit-elle tout en me tirant par le bras pour m'éloigner de la foule, alors qu'elle me fixe droit dans les yeux.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce qu'ils vont découvrir qui tu es. Ils finissent toujours pas le savoir. Tu ne dois faire confiance à personne.
– Tu sais très bien que la seule personne en qui j'ai confiance se trouve juste en face de moi en ce moment.
– Alors tu vas devoir être prudente, continue-t-elle tout en posant une main délicate sur ma joue, le regard mélangé entre inquiétude et tendresse.
– Je sais, réponds-je, lui souriant tendrement.
– Ady, reprend-elle sur un ton ferme alors qu'elle m'attrape fermement le poignet. Je ne plaisante pas, surenchérit-elle, plongeant son regard dans le mien.
Nous nous regardons un instant, sans un mot, quand elle rompt enfin le silence.
– Je suppose que t'es ici pour un tatouage.
– Oui. C'est une idée de Chris, dis-je tout en la désignant du regard.
– Elle, je l'aime bien, sort-elle, l'observant à son tour avant de replonger son regard dans le mien, un sourire sur les lèvres.
Je lui souris en retour, avant de prendre place sur le fauteuil, où je m'installe convenablement.
– Tu veux quel motif ?
– Laisse moi deux minutes pour y réfléchir, d'accord, réponds-je tout en me levant avant d'aller choisir ce que je veux.
Une fois la plaque de verre entre mes mains, je la donne à Tori, qui, en la prenant me sourit, un regard attendrissant à mon égard.
– Tu es sure de toi ? demande-t-elle.
– Oui, pourquoi ?
– Tu n'as pas peur qu'on te pose des questions à propos de l'initiale.
– Personne ne le verra là où je vais le faire.
– Tu veux que je te le fasse où ?
– Juste là ? dis-je tout en soulevant mon tee-shirt, lui désignant mon flan gauche. Sur toute la longueur.
– Okay. Allonge-toi.
Tori prépare son matériel, tandis que je retire mon haut après qu'elle est fermé le rideau qui nous sépare des autres. Elle vient ensuite poser le patch sur mon corps, à l'endroit désigné, avant de lancer sa machine. Après quelques minutes, c'est déjà terminé. Je remets mon tee-shirt et me redresse, un léger sourire aux lèvres, observant mon amie.
Je la remercie et m'apprête à partir quand elle m'interrompt.
– Ady, attend, lance-t-elle alors qu'elle s'avance vers moi. Je ne rigolais pas tout à l'heure quand je te disais de ne faire confiance à personne.
– Je sais Tori.
– Non, tu ne sais pas, répond-elle durement. Ce que j'essaie de te dire, c'est que ça s'applique aussi à eux, tournant son visage à gauche pour désigner mes amis du regard.
Je regarde dans la même direction qu'elle, observant le groupe discuter et rire ensemble, avant que les yeux d'Al se posent sur moi. Il me sourit naturellement, j'en fais autant avant de reporter mon regard sur Tori.
– Je ferais attention. Je te le promets. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.
– Si je ne le fais pas. Qui le fera ? me sourit -elle à nouveau avant de me prendre dans ses bras. Fais attention à toi d'accord.
– Promis, dis-je tout en me détachant d'elle avant de rejoindre mes amis.
Après nous être fait tatouer, nous quittons ensemble le bâtiment avant de nous rendre directement au centre, direction le réfectoire. Je vais pour m'asseoir quand Éric se pointe.
– Toi, lance-t-il, me désignant du regard. Tu viens avec moi, continue-t-il, le regard froid et le visage fermé, ne laissant paraître aucune émotion.
Sans comprendre pourquoi, je me lève et le suis sans poser de questions, sous le regard inquiet de mes amis et celui interrogateur de Quatre qui passe pile à ce moment.
– Où est ce qu'on va ? me risqué-je à demander, alors qu'il continue sa marche sans un mot. Hey ! haussé-je tout en l'attrapant par le bras afin de le le forcer à me faire face. Qu'est-ce qui se passe ?
– Jeanine veut te voir, lance-t-il tout en dégageant méchamment son bras de mon emprise.
– Pourquoi ?
– Ça, tu le sauras une fois que tu y seras, poursuit-il, un sourire sournois sur les lèvres avant de me tourner le dos et de reprendre sa marche.
– Tout ça t'amuse pas vrai ? lâché-je naturellement sans penser aux conséquences de mes paroles.
– Je ne fais que suivre les ordres.
– Si ça t'arrange de croire ça, soufflé-je.
– Qu'est-ce que tu viens de dire ? dit-il, se tournant brusquement vers moi.
– T'as très bien entendu. Tu peux bien faire croire à tout le monde que t'es quelqu'un de froid. Distant et apathique, mais je reste persuadée que sous cette image de mâle dominant qui veut tout contrôler. Sous cette carapace de brute sans scrupules se cache un cœur qui bat. Je le sais, persisté-je tout en le fixant droit dans les yeux.
Il s'approche de moi, l'air grave, un sourire malsain sur les lèvres avant de plonger son regard dans le mien, approchant ensuite son visage près du mien. Si près que je peux sentir son souffle caresser ma nuque.
– Fais gaffe à toi Addison. Si tu me cherches, tu vas me trouver et ce sera pas bon pour toi, poursuit-il alors qu'il approche encore plus près son visage du mien avant de murmurer au creux de mon oreille. Compris, lâche-t-il avant de se reculer tout en me fixant durement.
Son dernier mot et le ton qu'il a employé me fait frissonner. Je l'observe sans répondre et le suis quand il me tourne à nouveau le dos pour poursuivre sa route. Nous parcourons les tunnels de la base des audacieux avant de nous rendre dans un genre d'entrepôt, où se trouve une pièce remplie de machines informatiques ainsi que des érudits. Beaucoup trop à mon goût, concentrés sur des écrans, à faire je ne sais quoi. Éric s'avance alors vers Jeanine.
– Jeanine, l'interrompt-elle. Elle est là.
– Merci Éric, dit-elle sur un ton poli alors qu'elle se tourne vers nous, un sourire aux lèvres avant de s'approcher. Tu peux nous laisser maintenant, continue-t-elle s'adressant au leader.
Là, sans que je comprenne pourquoi, Éric m'observe une micro seconde avant de partir, hésitant, alors qu'à cet instant, je suis persuadée d'avoir lu de l'inquiétude dans son regard.
– Bonjour Addison. Suis-moi, je te prie, lance-t-elle, me souriant tandis que je jette un dernier regard vers Éric qui s'apprête à quitter la pièce.
Sans dire un mot, je suis Jeanine jusque dans une pièce fermée et à l'abri des regards.
– Je t'en prie. Installe-toi, poursuit-elle, me faisant signe de prendre place sur le siège face au sien. Alors, dis-moi. Comment te sens tu dans ta nouvelle faction ? As-tu trouvé tes marques ?
– Oui, réponds-je, mal à l'aise. Je me suis adaptée, lui souris-je maladroitement alors que je trifouille mes doigts, mes mains posées sur mes cuisses.
– J'ai entendu parler de tes évaluations. Malgré ton classement, les instructeurs semblent conquis par ton potentiel. Moi aussi d'ailleurs.
– J'essaie de faire du mieux que je peux. Enfin je crois, dis-je, fronçant les sourcils. Écoutez. Sans vouloir vous manquer de respect. Qu'est-ce que je fais ici ?
– Je voulais m'assurer que tout se passe bien pour toi.
– Ça va. La plupart des audacieux sont gentils avec moi et la formation se passe bien. Je n'ai pas à me plaindre. Vraiment.
– Bien. Tant mieux. Je suis contente de l'apprendre. Dernière question. Est-ce qu'à tout hasard le nom de Zac Snyder te dit quelque chose ? demande-t-elle tout en plongeant son regard dans le mien, cherchant sans doute à m'intimider.
En entendant le prénom de mon petit frère, mon cœur manque un battement, et bien que la haine refasse cruellement surface, je sais pertinemment que je dois feinter afin de ne pas être dévoilée.
– Qui ça ? réponds-je, tentant de garder mon calme alors que je bouillonne de rage à l'intérieur.
– Zac Snyder, répète-t-elle, tout en insistant bien sur le prénom de Zac.
– Non, poursuis-je vivement, hochant ma tête de droite à gauche, avec le plus d'assurance possible. Pourquoi ? Qui 'est-ce ? la questionné-je, alors que je l'observe droit dans les yeux pour la déstabiliser à mon tour sachant très bien où elle veut en venir.
Elle a probablement des soupçons quant à ma mémoire retrouvée. Elle se doute de quelque chose et cet entretien n'est rien de plus qu'une mascarade. Un test d'intimidation pour me faire craquer, sauf que je ne céderais pas.
– Non. Une intuition, c'est tout, lance-t-elle, me souriant à nouveau avant de me fixer un moment puis de reprendre la parole. As-tu revu James et Sara depuis ton départ ?
– Non. Je n'ai pas quitté le centre des audacieux depuis que je les ai intégrés. Vous savez parfaitement qu'une fois que l'on a choisi notre faction, nous devons couper tout lien avec l'ancienne. Sachant cela, puisque vous êtes celle qui instauré les règles, pourquoi cette question ? Il s'est passé quelque chose ? Est-ce qu'ils vont bien ? demandé-je, sentant mon corps se crisper sous une menace qui plane au-dessus de ma tête.
– Ne t'inquiète pas pour eux. Ils vont bien, me sourit-elle. Tu n'es pas censée savoir que les altruistes sont une menace pour notre sécurité. C'est pourtant le cas.
– Comment ça ? Je ne comprends pas, demandè-je en me redressant au fond de mon siège, les muscles tendus et la mâchoire crispée.
– Ils vont à l'encontre de notre idéologie de paix et se fichent éperdument des règles. Ils sont dangereux pour l'accalmie de la société.
– Quel est le rapport avec moi ?
– J'y viens. Certains altruistes protègent les divergents et les aident même à se cacher. Ce qui, comme tu le sais, est considéré comme un crime.
– Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir Jeanine, persisté-je, un sourire nerveux s'échappant de mes lèvres alors que je peux sentir des larmes qui menacent de couler à tout instant.
– Je veux que tu m'aides Addison, lance-t-elle, plongeant son regard dans le mien.
– Je ne vois pas comment, soupiré-je, sentant ma respiration s'accélérer soudainement.
– Je veux que tu débusques les divergents et que tu me donnes leurs noms. Tu as certaines capacités pour le faire et je compte sur toi pour m'aider dans cette tâche. Tu es d'accord pour m'aider, n'est-ce pas ? fait-elle, me souriant faussement d'un air sympathique, alors qu'on sait toutes les deux qu'il ne s'agit pas là, d'une question, mais plutôt d'un ordre.
– Je... bégayé-je, ne trouvant plus mes mots. Je ne sais pas si je pourrais. Je...
– Bien, me sourit-elle à nouveau, mettant un terme net à notre discussion. Je ne te retiens pas plus longtemps, poursuit-elle, se levant avant de me ramener jusqu'à la sortie.
Mais une fois que je m'apprête à franchir la porte, elle m'interrompt, posant sa main sur mon bras tout en plongeant son regard dans le mien.
– Réfléchis à ce que je t'ai dit.
Elle n'a comme réponse qu'un signe de tête, ne sachant même pas quoi répondre, étant donné que je suis le genre de menace dont elle parle. Elle me sourit une dernière fois alors que j'évite son regard. Je quitte ensuite la pièce, me retrouvant de nouveau dans les tunnels. J'erre sans but, me retenant aux parois du mur, ma respiration venant à me manquer, alors que mes jambes tremblent, jusqu'à ne plus me porter et que j'atterrisse les fesses par terre. Mes mains accrochées sur la paroi rocheuse, tentant de reprendre mon calme et mon souffle, alors que des larmes viennent de couler le long de mon visage. Je suis totalement paniquée et désorientée quand je sens deux mains fermes me soulever vivement par les épaules afin de me remettre sur mes pieds. Quand je me rends compte qu'il s'agit d'Éric, une vague de rage m'envahit subitement. Je le repousse violemment, alors qu'il tente une nouvelle fois, de s'approcher moi. Mais plus il le fait, plus je l'assène de coup de poing sur le torse, jusqu'à ce qu'il parvienne à me bloquer contre lui, une main posée derrière ma tête, l'autre derrière mon épaule gauche.
– Calme-toi Addison, dit-il, resserrant son emprise sur moi. C'est bon.
Ses paroles ont le don de m'énerver encore plus, et même si je suis bloquée contre son torse, je le frappe à nouveau avant de réussir à me dégager de son emprise. Il tente une nouvelle approche mais je le repousse une fois de plus violemment, le fixant avec hargne. Un silence vient de s'installer entre nous alors qu'on se toise, jusqu'à ce qu'il prenne la parole.
– Je suis désolé, lance-t-il tout en me fixant droit dans les yeux.
Je l'observe un instant et hausse les épaules avant de partir, jusqu'à ce qu'il crie :
– Elsewhere !
En entendant ce surnom, je me stoppe net, mon cœur ratant de nouveau un battement dans ma poitrine.
– Je sais qui tu es Addison Clarke, reprend-il. Ou devrais-je, dire Addison Spencer.
À cet instant, c'est comme si le sol venait de se dérober sous mes pieds. Je me retourne vivement et m'avance vers lui avec colère.
– Qu'est-ce que tu veux Éric ? demandé-je tout en secouant ma tête de droite à gauche. Si tu sais qui je suis, pourquoi tu ne me dénonces pas ?
– Parce que ce n'est pas ce que je veux, souffle-t-il, me fixant une dernière fois, ses iris plongés dans les miens avant de me planter sur place comme une idiote.
Je le regarde partir sans savoir quoi penser de tout ça. Éric est au courant pour mon soit disant surnom. Il est donc forcément au courant de qui je suis et le secret que je cache. Enfin que je pensais cacher étant donné qu'il l'a découvert.
Je reprends mes esprits et le suis jusqu'à ses appartements afin d'y avoir une franche discussion. Il est prostré devant une baie vitrée, semblant perdu dans ses pensées quand je claque violemment la porte derrière moi pour attester de ma présence, ce qui le fait se tourner aussitôt dans ma direction.
– Putain Addison, soupire-t-il lourdement tout en restant sur place. Qu'est-ce que tu fous là ?
– T'es sérieux ? haussé-je, croisant mes bras sur ma poitrine. Tu ne peux pas me balancer mes quatre vérité en pleine figure, et te tirer comme ça, continué-je tout en m'agitant soudainement dans tous les sens. Comment t'as su pour moi ?
– Peu importe.
– Comment ? répété-je, l'observant durement. Hein ! lui hurlant dessus face à son silence. Tu vas me répondre, m'agacé-je de plus en plus, perdant patience et prenant le premier objet qui me vient sous la main avant de lui balancer en plein visage.
Il a à peine le temps de l'esquiver qu'il s'approche furieusement de moi, m'attrapant fermement par les bras avant de me les passer derrière mon dos, me plaquant ensuite contre la porte et resserrant ses mains sur moi jusqu'à me faire mal.
– T'aurais jamais dû choisir les audacieux Addison Clarke, lance-t-il, plongeant son regard dans le mien.
– Qu'est-ce que tu caches Éric ? demandé-je en me dégageant furieusement de son emprise. Pourquoi jouer les gros durs alors qu'à cet instant précis, t'es mort de trouille ? poursuis-je alors qu'il se frotte le visage avant de me tourner le dos et de murmurer un prénom.
– Léya...
– Quoi, soufflé-je, tout en m'approchant de lui, en posant ma main sur son bras. Qu'est-ce que t'as dit ?
– Léya, répète-t-il en se tournant face à moi, m'observant de toute sa hauteur. Léya est ma mère.
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