Je m'appelle Addison Clarke, mais seules les personnes de confiance m'appellent Ady. Avant je m'appelais Addison Spencer. J'ai tout juste vingt-et-un ans. Bébé, j'ai été placée dans une famille appartenant à la faction des altruistes. Mes parents m'ayant abandonné au bord de la ville dès ma naissance. J'ai vécu avec mes parents d'adoption jusqu'à l'âge de quatorze ans, avant que ma mère adoptive ne décède, suite à une maladie qu'elle avait contracté lors de sa grossesse. En effet, j'ai un petit frère, Zac. Né de l'union de mes parents adoptifs, Nicholas et Lucia.

Suite au décès de sa femme, notre père s'est occupé de nous, même si occuper est un bien grand mot. En effet, celui-ci reprochait à son fils la mort de Lucia, et pour évacuer sa colère et son chagrin, il n'a rien trouvé de mieux que de battre le petit Zac. Alors, sans ménagement, je m'interposais à chaque fois, recevant les coups de ceinture et les coups de poing à sa place, tout en veillant à protéger mon frère, pour lui éviter de subir une telle torture physique, alors qu'il n'était encore qu'un gosse. Nicholas était très violent et l'un de ses coups avait bien failli m'être fatal quand il me poignarda en pleine poitrine avec un couteau de cuisine, suite à une crise d'une extrême violence. Il visait mon frère et comme toujours, je m'étais interposée parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. Il était hors de question que Zac souffre à cause de ce sale type. Je ne le permettais pas. Jamais. Bien sûr, suite au coup porté, il avait tout de suite regretté son geste, mais pas par amour, même si je sais, que quelque part, il nous aimait à sa façon. La douleur peut provoquer différentes réactions chez les gens puisque chacun réagit différemment à sa peine. Il regrettait tout simplement parce qu'il savait les conséquences qu'il y aurait si ça venait à se savoir. Il avait donc tout fait pour me soigner sachant ce qui l'attendait si Jeanine venait à savoir ce qu'il m'avait fait.

Ce calvaire. Mon calvaire a duré plusieurs années, jusqu'à ce que Zac passe le test pour savoir à quelle faction il appartenait. Je me doutais bien qu'il était tout et rien à la fois. J'avais pu le constater à sa façon d'agir, de penser et de ressentir les choses. Je craignais fortement qu'il soit divergent, alors quand il était parti faire le test, j'avais demandé à l'accompagner jusqu'au bout, afin de le soutenir, mais surtout parce que j'avais peur que mes soupçons à son égard soient fondés, car si c'était le cas, Zac aurait été tué, et ça, c'est une chose que je ne n'acceptais pas et que je n'accepterais jamais.

Il avait huit ans lors du test. C'est Tori qui s'occupait de les faire passer. Après lui avoir donné un liquide à boire, il s'était endormi et le test avait commencé. Quant à moi, je me tenais près de lui tout en tenant sa main dans la mienne, observant les réactions de la formatrice. Et bien sûr, en voyant son regard s'assombrir au fur et à mesure que le test passait, j'avais compris que quelque chose n'allait pas. Elle mit donc fin au test sans tarder, nous disant qu'il fallait qu'on parte tout de suite avant que des dirigeants ne viennent. Elle m'avait appris que Zac était tout et rien à la fois. Il était à la fois divergent et pourtant, aucune faction ne lui convenait. Il était comme un genre d'anomalie génétique. Enfin ça, c'était probablement ce que penserait Jeanine si elle venait à savoir les réels résultats du test de mon frère. Tori avait alors indiqué que Zac appartenait aux altruistes afin de le protéger et de le sauver car elle savait très bien ce qui se passait pour les personnes qui étaient différentes et elle ne le permettait pas non plus, tout comme elle ne l'acceptait pas également.

Plusieurs jours après le test, Jeanine s'était déplacée en personne chez moi, et avait demandé à ses gardes qui l'accompagnaient d'emmener Zac et mon père, sous mes yeux impuissants, malgré les cris et les pleurs de mon frère que je tentais de rassurer du mieux que je le pouvais. Jeanine m'avait certifié que tout se passerait bien et qu'ils seront de retour d'ici quelques heures... Evidemment je l'avais cru, alors j'avais attendu des heures, des jours, puis des mois, mais ils n'étaient jamais revenus.

Suite à leur départ précipité, j'avais été de nouveau placée chez une autre famille d'altruistes. James et Sara Silver. Malgré la gentillesse de cette famille et l'amour qu'ils me portaient, je posais sans cesse des questions et continuais à remuer ciel et terre afin de savoir ce qu'il était advenu de mon frère, ce qui avait le don d'agacer sérieusement Jeanine. Du coup, celle-ci, m'avait fait arrêter le jour de mes quinze ans. Elle m'avait fait enfermer avant de me recevoir personnellement dans ses quartiers afin de m'injecter un sérum d'oubli, avant d'être renvoyée dans ma nouvelle famille.

Je ne me souvenais plus de rien. Ni de mes parents adoptifs, ni de Zac, pas même de ma nouvelle famille avec qui je vivais déjà depuis quelques mois.

Les années passèrent et à force d'oubli, j'étais devenue une très gentille et douce altruiste, aidant les sans factions. Écoutant chacun des ordres qu'on me donnait avant de les exécuter, sans jamais poser de questions. J'avais été conditionnée pour ça après qu'on m'ait arraché ma mémoire. Tout ce qui faisait qui j'étais.

Quatre ans s'était écoulé, quand une nuit, j'ai été prise de violents maux de tête. La douleur était telle que j'avais été obligée d'étouffer mes cris dans mon oreiller afin de ne pas réveiller mes nouveaux parents qui dormaient juste à côté de ma chambre. Ma crise avait duré cinq bonnes minutes, lorsque soudainement, des flashs. Des images me reviennent. C'est comme si d'un coup, je me réveillais d'un mauvais cauchemar qui avait duré des années et que je me rappelais tout ce qu'on m'avait volé. Tout ce qu'on m'avait pris. Car, effectivement, je venais de me souvenir. Je venais de récupérer chacun de mes souvenirs, et je me souvenais de tout, dans les moindres petits détails.

Après ma crise. Tout ce que j'avais enduré et tout ce que Jeanine m'avait fait subir, j'étais subitement envahie par une vague de haine et de rage et à cet instant précis, j'étais prête à reprendre ce qu'on m'avait volé. Zac.

Mes recherches m'avaient pris quelques années et en fouinant, j'avais trouvé des sympathisants, et en les questionnant, j'avais appris que Nicholas Snyder, mon père d'adoption avait été jugé et tué pour avoir battu mon petit frère, mais j'avais également découvert que Zac avait été tué à cause de ce qu'il était. Il avait été tué quelques jours après son arrestation. On lui avait même donné un surnom. L'enfant damné.

Aujourd'hui, J'étais prête à me venger de la mort de mon frère, même si pour ça, je devais cacher qui j'étais. J'étais prête à tout pour détruire Jeanine, et peu importe les conséquences qu'il y aurait, puisque dorénavant, je n'avais plus rien à perdre. Jeanine s'en était déjà chargée. Elle m'avait tout pris.