Le choix
Jour présent, j'ai vingt-et-un ans et c'est un jour assez particulier puisque je dois passer mon test d'aptitude afin de savoir à quelle faction j'appartiens.
Une fois devant la salle, on me demande de rentrer. Tori se trouve dans la pièce, mais ce qu'elle ignore, c'est que je me souviens de tout. En effet, au fil des années, nous étions devenues proches. Elle est devenue mon amie, sans doute la seule d'ailleurs. Comme la sœur que je n'ai jamais eu. C'est elle qui m'a appris ce que Jeanine m'avait fait et voulant me forcer à me souvenir, c'est elle qui m'a parlé de mon arrestation, de mon père qui était violent, et du frère que j'ai perdu. Elle a fait ça dans l'espoir que je puisse me rappeler, mais en vain. Aujourd'hui, c'est différent, parce que je me souviens de tout et même si elle l'ignore, je suis heureuse de savoir qu'elle est toujours restée à mes côtés dans cette vie.
Une fois à l'intérieur, je referme la porte derrière moi avant de m'avancer vers elle.
– Salut Ady, me dit-elle tout en me souriant. Je t'en prie, installe toi, continue Tori, jetant un coup d'œil dans ma direction, avant de préparer son matériel pour le test.
– Tori, commencé-je à dire d'une voix quasi inaudible, mes mains croisées devant mon ventre.
Je lui souris, m'approche ensuite d'elle avant de la prendre instinctivement dans mes bras, tout en lui murmurant je me souviens.
Tori se dégage de mon emprise, sous le choc, me regardant tout en se tenant à mes bras.
– C'est impossible, dit-elle tout en m'observant avec incompréhension, sous le coup de la nouvelle.
– Crois-moi Tori. Ça l'est. Je me rappelle de tout. Dans les moindres détails, dis-je, insistant bien sur mes derniers mots, laissant couler une larme le long de ma joue alors que je lui souris timidement.
– Ady, me sourit-elle faiblement à son tour avant de me serrer contre elle. Je suis désolée. J'ai essayé de...
– Tori, la coupé-je. Ce n'est pas de ta faute, dis-je, me détachant d'elle. La seule responsable ici. C'est Jeanine, continué-je tout en prenant ses mains dans les miennes en la fixant droit dans les yeux.
– Je suis tellement contente que tu sois de retour, poursuit-elle, me prenant à nouveau dans ses bras.
– Moi aussi. Moi aussi, répété-je, resserrant mon étreinte autour d'elle tout en posant ma tête sur son épaule.
Nous étions restées comme ça quelques instants avant de nous détacher l'une de l'autre.
– Allez. Installe-toi maintenant, reprend-elle, un sourire sur les lèvres avant de me tendre un verre rempli d'un liquide bleu. Tu sais comment ça fonctionne, dit-elle, prenant ma main dans la sienne alors que je viens de m'installer sur le siège.
– Oui, dis-je avant de boire le liquide d'une traite.
Je commence déjà à sentir le produit agir. Mes paupières deviennent lourdes, de plus en plus lourdes, jusqu'à ce que je finisse par m'endormir, avant de me réveiller, en pleine nuit, au milieu d'une forêt sombre et humide.
Je mets plusieurs instants avant de comprendre qu'il s'agit du test et que je suis dans une sorte de simulation. J'observe scrupuleusement les alentours, écoute les bruits qui m'entourent, quand j'entends une voix familière derrière moi.
– Tu dois faire un choix, m'impose une voix alors que j'observe des objets de défenses, posés sur des tables non loin de moi.
– Zac, fis-je, surprise de le voir devant moi. Qu'est ce que... bégayé-je, ne comprenant pas ce qui se passe.
– Choisis Ady, dit-il tout en pointant du doigt les objets.
– Je ne comprends pas, poursuis-je tout me tournant vers les tables. Qu'est ce que je suis censée faire de ces objets ? demandé-je, totalement perdue. Zac, je... lancé-je, me retournant vers lui, puis m'arrêtant net, ne voyant plus mon frère.
Soudain, j'entends grogner. Je me retourne doucement avant d'apercevoir deux loups devant moi. Leurs poils du dos dressés et leurs crocs sorties, de la bave s'en échappant. J'ai peur, mais ne réagis pas tout de suite, tandis que les loups continuent de grogner, tout en s'approchant dangereusement de moi. Je tente de prendre l'un des objets sur l'une des tables avant de m'apercevoir que tout a disparu. Alors, sans comprendre pourquoi, je m'agenouille, ferme les yeux une micro seconde avant de les rouvrir et de prendre une grande inspiration, tout en les fixant intensément. Ils continuent d'avancer, avant de s'arrêter à quelques centimètres de mon visage, quand surprise, l'un des deux vient me lécher la joue.
Je souris légèrement puis soupire de soulagement en sentant la bave du loup sur ma peau et la chaleur de son souffle dans mon cou. Je prends le risque de le caresser, quand l'autre s'enfuit en entendant un craquement de branches non loin de nous, alors que son acolyte le suit quelques secondes après.
Je soupire de nouveau avant de me relever et de parcourir les bois, quand mon frère apparaît une nouvelle fois face à moi, avant de me sourire et de se mettre à courir.
– Zac ! Attend ! crié-je tout en lui courant après. Ne pars pas, continuant de courir tout en dégageant de mes mains, les branches qui me barrent le passage.
Je peux entendre mon petit frère rire à travers les bois, quand subitement, plus rien. Puis ensuite, un cri strident et assourdissant fait écho jusque dans les tympans.
– Zac ! Où est tu ? hurlé-je, courant de plus en plus vite, le cherchant partout, tout en entendant ses hurlements. Zac ! crié-je à pleins poumons, complètement paniquée, suivant l'écho de sa voix avant de, finalement, le retrouver.
Là, en l'apercevant, je m'arrête net avant de le voir aux prises de notre père adoptif, Nicholas, tenant le petit d'une main par les cheveux, tandis qu'il tient une ceinture dans l'autre, prêt à le frapper, un sourire sournois et malsain sur le visage, pointé dans ma direction.
Sans réfléchir, je me précipite sur lui pour protéger mon frère, mais arrivée à sa hauteur, il le lâche avant de le jeter violemment au sol, pour ensuite me gifler furieusement d'un grand revers de la main, ce qui me fait tomber par terre. Je me relève aussitôt en essuyant le sang qui coule de ma lèvre, m'étant mordue à cause de la violence de la gifle. Au moment où je m'apprête à frapper cette pourriture, je me réveille en sursaut dans la salle du test, tremblante et désorientée, près de Tori, qui semble visiblement inquiète.
– Tori. Qu'est ce qui se passe ? demandé-je, la voyant s'agiter dans tous les sens. Tori ! haussé-je face à son silence.
– Ça recommence, dit-elle, tout en me fixant droit dans les yeux. Faut que tu t'en ailles Ady.
– Quoi. Mais de quoi tu parles ? la questionné-je, inquiète alors que je me lève tout en m'approchant de mon amie.
– Ton test a échoué, lance-t-elle, me fixant à nouveau d'un air grave.
– Qu'est ce que c'est censé vouloir dire ? Ne me dis pas que je suis comme Zac. Ça n'aurait pas de sens.
– Pourtant, tu l'es. Comme lui je veux dire. Tu es divergente et pourtant aucune faction ne te convient.
– C'est impossible Tori, réponds-je sur un ton affirmé.
– C'est pourtant ce que le test indique.
– Non, tu ne comprends pas. Je te dis que c'est impossible, redis-je agacée, alors que je m'agite à mon tour, prenant mon visage entre mes mains. Zac n'était pas... continué-je, marquant une pause avant de reprendre, une main posée sur mon front, l'autre sur ma taille. Il n'était pas mon frère de sang. J'ai été placée à ma naissance parce que mes parents m'ont abandonné quand je suis née. Alors je ne peux pas être comme lui. Le test s'est forcément trompé, dis-je, sur un ton agacé.
– Non. Il ne se trompe jamais, dit-elle sur un ton ferme et catégorique.
– Alors qu'est-ce que je suis censée faire ? Demain, c'est la cérémonie et je dois faire mon choix. Le test sert à déterminer quelle faction nous convient, alors si je suis divergente mais qu'aucune faction de ne me correspond, qu'est-ce que je dois faire ?
– Écoute, reprend-elle, me regardant droit dans les yeux, prenant mes mains dans les siennes. Tu es altruiste, parce que c'est ce que j'ai indiqué suite aux résultats du test. Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose qu'à Zac, alors fais ce que je te dis et tout ira bien, me sourit-elle timidement. D'accord, insiste-t-elle face à mon silence.
– D'accord, réponds-je tout en hochant ma tête de bas en haut.
– Allez, fait-elle tout en me prenant dans ses bras. Maintenant file avant qu'un des dirigeants se pointe, continue-t-elle, après s'être détachée de moi, m'observant une dernière fois avant que je quitte la pièce.
Une fois dehors, je prends une grande inspiration avant de rentrer chez moi. Sara et James, ma nouvelle famille d'accueil, m'attendent. La nuit vient de tomber et nous allons passer à table. J'ai aidé Sara à terminer de préparer le repas.
Une fois devant nos bols, nous commençons à manger, tandis que James m'observe, semblant vouloir me demander quelque chose alors qu'il n'ose pas.
– Si tu as quelque chose à me demander James, fais le, dis-je tout simplement en le regardant. Faut pas avoir peur, lui souris-je tout en prenant une gorgée d'eau.
– Je sais, dit-il, un sourire sur les lèvres, laissant échapper un petit soupir de soulagement. Comment s'est passé ton test ?
– Très bien, réponds-je instantanément. Tout s'est bien passé, continué-je à lui mentir, le fixant droit dans les yeux, avec le plus d'assurance possible.
–Tant mieux. Tu es nerveuse pour demain ?
– Non. Je ne crois pas. Vous l'étiez vous, demandé-je tout en m'adressant au couple. Nerveux.
– Moi j'étais morte de trouille, poursuit Sara en me souriant. Mais ce n'était pas fondé au final. Tout s'est très bien passé et ce sera le cas pour toi, dit-elle, posant naturellement sa main sur la mienne.
– Je vois, soupiré-je, réconfortée par sa réponse.
Nous terminons de manger en silence, avant que je ne lave la vaisselle. James l'essuie et Sara la range. Une fois terminé, ils me fixent sans dire un mot, ce qui me met plutôt mal à l'aise, alors je décide de rompre ce silence gênant.
– Qu'est-ce qui se passe ? demandé-je, les regardant tour à tour.
– Écoute, commence alors Sara, tout en prenant mes mains dans les siennes. C'est vrai qu'on ne se connait pas si bien malgré les années qu'on vient de passer ensemble, mais peu importe le choix que tu feras demain, je veux que tu saches que je suis fière de toi, me sourit-elle, resserrant ses mains sur les miennes.
Je lui souris en retour, émue par ses paroles.
– Sara a raison, reprend James. Nous t'aimons malgré que nous ne sommes pas tes vrais parents. Alors fais le choix qui te parait le plus juste. Celui qui semble le mieux te correspondre. Et même si tu ne choisis pas notre faction, sache que ça ne changera pas l'amour que nous te portons. Jamais, me souriant à son tour.
– Merci, lancé-je, laissant couler une larme le long de ma joue. Merci à tous les deux pour tout ce que vous m'avez apporté durant ces dernières années, dis-le, les sourcils légèrement froncés. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, leur souris-je timidement, avant de me jeter dans leurs bras.
Ils m'enlacent, puis m'embrassent chacun leur tour avant d 'aller de se coucher. J'en fais autant, car la journée de demain est importante, et malgré les conséquences que mon choix peut avoir sur eux, je dois choisir en connaissance de cause. Et c'est ce que je ferais.
Il est à peine sept heures quand Sara vient me réveiller afin de me préparer pour la cérémonie.
Après deux heures, je suis fin prête et tous les trois partons pour nous rendre au bâtiment dans lequel se déroule le choix des factions.
Nous sommes assis quand Marcus Eaton, le leader des altruistes, prend la parole.
– Aujourd'hui, vous ne serez plus jamais seuls. Vous ferez partis d'une seule communauté. La faction avant les liens du sang.
– La faction avant les liens du sang, entends-je émanant de toute la salle.
La cérémonie n'a même pas commencé que je suis déjà mal à l'aise, lorsque Marcus appelle un premier nom. J'ai dû attendre sept noms avant que ce soit enfin mon tour.
– Addison Clarke, continue le leader tout en m'observant, un sourire sur les lèvres.
Je me racle la gorge avant d'observer Sara et James qui me sourient, puis je me lève, les serrant dans mes bras une dernière fois, tandis qu'ils me murmurent qu'ils m'aiment malgré le choix que je m'apprête à faire.
Une fois devant les récipients face à moi, je prends la lame posée sur le rebord et me fais une entaille à la main droite, étant gauchère, avant de placer celle-ci au dessus des bols, hésitant un moment sur mon choix. Me posant mille et une questions. Puis, après quelques secondes, je finis par faire couler mon sang et choisis le récipient des audacieux, laissant couler mon sang sur les pierres noires qui dégagent une légère fumée à son contact.
– Audacieux, lance Marcus en me fixant dans l'incompréhension la plus totale.
Je jette un dernier coup d'œil à Sara et James avant de rejoindre ma nouvelle faction qui m'accueille à bras ouverts.
Mon choix est fait et malgré le chagrin et la fierté que j'ai pu lire dans les yeux de ma famille, je sais que dorénavant, je peux me préparer pour pouvoir me venger de Jeanine Matthews.
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