Dans la tête d'Éric
Je lui souris avant de déposer mes lèvres sur les siennes.
– Écoute. Il faut que j'y aille. Les autres me posent beaucoup trop de questions ces derniers temps à cause de mes absences, et je n'ai pas envie de subir un énième interrogatoire. Pas ce soir.
– Je comprends, me souriant à son tour. Va retrouver tes amis.
– Merci, dis-je avant de me diriger vers la porte.
– Va rejoindre Al, lance-t-il soudainement.
– Serait-ce une pointe de jalousie que j'entends dans ta voix ? demandé-je un brin moqueuse, me tournant face à lui, amusée par sa réaction.
– Tu es probablement la seule qui ne voit pas ce que tu représentes pour lui.
– Vraiment. Crois-moi Quatre. Je ne suis pas son genre, dis-je, haussant un sourcil, toujours amusée.
– Crois-moi. Tu es tout à fait son genre, rit-il nerveusement.
– Alors laisse moi te dire ceci, poursuis-je, la voix un brin rieuse. Al est plutôt branché... Athlète. Grand. Et sans trop de poitrine, continué-je, le faisant mariner sous son regard perplexe. Quatre... marquant une pause avant de poursuivre. Al est gay, lui souris-je, plus qu'amusée, tandis qu'il se met à rire juste avant que je quitte son appartement.
Il n'est pas loin de dix-huit heures, alors je me rends au réfectoire et pars directement m'asseoir avec mes amis.
– Salut. Je pensais bien vous trouver ici, lancé-je, prenant place à côté de Chris.
– Salut Ady. T'as encore disparu, dit-elle tout en m'observant droitement.
– Oui. Je sais. J'avais besoin de me retrouver seule avant l'épreuve finale.
– Et maintenant tu te sens mieux ? poursuit Will.
– Oui, lui souris-je timidement. Enfin, je crois. On verra bien demain. Et vous alors. Vous avez fait quoi de votre temps libre ?
– On s'est reposé.
– Will te ment, sourit Chris, un brin taquine. On a flemmardé comme des larves, se mettant à rire, hilare.
– Je vois, fais-je, riant de bon cœur moi aussi.
– Hey... reprend Will, lançant un morceau de pain sur Chris. Avoue que la limite est floue entre se reposer et flemmarder, sourit-il de plus belle. Elle est même très mince.
– C'est pas faux, continue Christina.
– Et toi alors ? m'adressé-je à Al. Qu'as-tu fais ?
– Rien de particulier. J'ai traîné un peu partout. J'ai juste envie de passer ce dernier fichu test pour enfin être débarrassé de la formation.
– Comme je te comprends, soupiré-je, tout en lui souriant maladroitement. Vous êtes prêt pour demain ?
– Oui. Pour ma part, je le suis, fait Will. Je veux dire, ça fait des mois qu'on s'entraîne pour arriver à ça.
– Il a raison, surenchérit Al. Au départ on était plus de trente novices. Natifs et transferts confondus. À la première phase, on était que vingt à franchir la ligne rouge et maintenant on fait parti des chanceux qui peuvent prétendre au titre d'audacieux. Il n'y a pas de raison que ce soit différent demain, me sourit-il. Et toi, comment tu te sens Ady ?
– Je ne sais pas trop Al. Je me sens à la fois stressée. Anxieuse. Mais surtout pressée... Je suis stressée de ne pas y arriver. Anxieuse que quelque chose puisse mal se passer pendant ma simulation. Mais je suis aussi pressée d'en terminer, car on va enfin pouvoir choisir nos futurs postes. Vous y avez réfléchi d'ailleurs ?
– Pour ma part, vous ne serez pas vraiment surpris, commence Will. Même si je parviens à réussir le test final et devenir un vrai audacieux, il y aura toujours une part d'érudit en moi, alors sans surprise, j'aimerai pouvoir travailler dans la sécurité.
– Pourquoi ça ne m'étonne pas, s'amuse Chris.
– Je te l'ai dit. Je ne renierais jamais qui j'ai été. Ça fait parti de moi. Et toi Christina, que voudrais tu faire ?
– Je pense devenir formatrice pour les novices. Je pense que j'en suis capable.
– J'en suis certaine, lui souris-je. Tu as les épaules pour. Et toi Al. Tu as réfléchi à ce que tu veux faire.
– Ouais. Je voudrais devenir ambassadeur auprès des sans factions. Ils sont laissés pour compte, et j'estime qu'eux aussi ont droit à un porte parole. Ils ont le droit d'être écoutés. Honnêtement, si j'avais été un sans faction, j'aurais aimé que quelqu'un s'intéresse à notre sort. Que quelqu'un nous prouve que nous aussi on existe. Qu'ils ne sont pas seulement des parias.
– C'est très noble de ta part, poursuit Will avant de reporter son regard sur moi. Et toi Addison ?
– Moi ? Je vous avoue que je n'y ai pas vraiment réfléchi jusqu'à maintenant. Je me suis un peu perdue ces derniers temps et j'avais besoin de me retrouver seule afin de rassembler mes idées pour les mettre au clair et pouvoir penser à mon avenir au sein des audacieux. Je crois que je suis parvenue à une décision, même si elle risque de vous surprendre.
– Allez, dis nous, me sourit Al.
– Je veux surveiller la clôture.
– Quoi, souffle Chris, presque choquée.
– T'es sérieuse, demande Will. Tout le monde essaie d'éviter ce job et toi...
– Moi je fonce, le coupé-je. Je sais, c'est dur à croire, rié-je nerveusement. Mais de ce côté de la barrière, on peut contrôler qui entre et qui sort. Et même si le système des factions semble fonctionner, on n'a pas besoin d'être prisonnier. C'est une sorte d'échappatoire et puis... marquant une pause avant de poursuivre. On ne peut pas être les seuls survivants au delà du mur. Le monde est trop vaste. C'est... C'est impossible, vous ne pensez pas que...
Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase que nous sommes appelés pour passer le dernier test d'entraînement.
– Et bas, on peut pas dire qu'on a vu passer les dernières heures, souffle Chris tout en se levant.
Nous faisons de même avant de nous diriger à la salle d'entraînement. Bien sûr, je suis la dernière à passer, alors je prends place sur une chaise, allongeant mes jambes tout en croisant mes bras sur ma poitrine, attendant qu'on m'appelle.
Après plus de deux heures, les jambes engourdies, et un mal de dos. Je finis enfin par être appelée, et quelle n'est pas ma surprise quand j'aperçois Éric se tenir debout près de la porte.
– Éric, dis-je, surprise de le voir alors que j'entre dans la pièce.
– Ferme la porte s'il te plaît, m'ordonne-t-il.
Ce que je fais sans tarder.
– Vas-y. Installes toi, poursuit-il, tout en me faisant signe de prendre place sur le siège. Je vais pas t'apprendre comment ça se passe.
– Où est Quatre ? demandé-je d'une voix non assurée. C'est lui qui supervise les tests d'habitude.
– Je sais. Mais ce soir, je lui ai demandé de m'assister. On a créé deux listes et on s'est partagé les candidats afin de ne pas perdre de temps. Et devine quoi. T'es tombée sur moi, lance-t-il, un sourire moqueur sur les lèvres.
– Je vois, soufflé-je tout en essayant de me détendre alors que ça m'est impossible en me retrouvant seule avec Éric.
Il s'approche de moi puis enfonce l'aiguille dans ma nuque. Il ne me faut que quelques secondes pour m'endormir. Mais une fois réveillée, je n'ai pas l'impression d'être dans mon paysage des peurs. Je me retrouve au milieu d'une rue déserte, entourée de grands bâtiments. Il n'y a pas âme qui vive. Je scrute les alentours alors que le vent souffle, me donnant la chair de poule.
Après quelques minutes, j'aperçois une silhouette au loin qui s'approche de moi. Je n'ai pas l'impression de la reconnaître, mais plus elle s'approche, plus je crois distinguer le corps d'Éric.
– Faut pas rester là, dit-il essoufflé, m'attrapant fermement par le bras.
– Qu'est-ce que t'as fait ? demandé-je en me dégageant furieusement de son emprise. Où est-ce qu'on est ?
– On est dans mon paysage des peurs, lance-t-il tout en plongeant son regard dans le mien.
– Quoi... Mais pourquoi t'as fais ça ?
– Écoute. Même si tu es divergente, tu n'es pas à l'abri d'un souci pendant une simulation.
–Je pense que j'arrive à gérer mes peurs dorénavant.
– J'en doute pas, surtout quand on sait pour tes entraînements nocturnes avec Quatre.
– Quoi...
– Ne cherche pas à le nier. Je suis au courant.
– Alors tu sais que je suis capable de m'en sortir.
– Peut-être... Ou peut-être pas. Tu as besoin d'envisager tous les points de vue afin de mettre toutes les chances de ton côté demain. Tu dois penser comme une audacieuse.
– Et en quoi ton entraînement sera différent de celui de Quatre ?
– Quatre n'est pas assez brute. Pas assez tenace. Je ne remets pas en doute ses aptitudes, mais il est faible quand il est avec toi.
– Ferme là, crié-je, ne supportant pas qu'il puisse parler de lui de la sorte.
– Écoute. Je vais t'apprendre à penser, agir, et ressentir comme un vrai audacieux le ferait d'accord. Mais pour ça, tu dois me faire confiance, poursuit-il, marquant une pause avant de poursuivre. Au moins pour cette fois.
– Très bien, dis-je sur un ton agacé. Alors dis-moi petit malin. C'est quoi ta peur dans ce contexte ?
– La peur de l'isolement, répond-il, alors qu'il commence à marcher.
Je le suis sans me poser de questions, et plus j'avance, plus je peux ressentir ce sentiment d'isolement. Tout est si calme et si violent à la fois. L'air ambiant est pesant, comme si on s'attendait à ce que quelque chose nous tombe dessus. C'est oppressant et angoissant à la fois, et bien que ce ne soit pas ma peur, je peux ressentir les émotions d'Éric passer à travers moi, comme si j'étais dans son corps. Dans son esprit.
Je le vois soudainement perdre pied. Il commence à s'agiter, puis finit par tomber à genoux, sur le sol, les poings serrées sur ses cuisses, avant que je l'entende crier.
– Y a quelqu'un ?! Hey ! Y a quelqu'un ?!
Il est complètement perturbé par sa peur et si je veux sortir d'ici, alors je n'ai pas le choix, je dois le faire réagir.
– Éric. Qu'est-ce que je dois faire ? demandé-je tout en attrapant son visage entre mes mains, plongeant mon regard dans le sien. Hey, le secouant un peu en lui mettant quelques claques. Tu disais vouloir m'aider alors fais le, insisté-je, n'ayant toujours aucune réponse de sa part. Éric ! lui hurlant dessus tout en le giflant à nouveau. Reprends-toi ! tentant de le frapper à nouveau pour le faire réagir, alors qu'il stoppe ma main dans la sienne. Qu'est-ce que je suis censée faire ? demandé-je à nouveau.
– Ce que ferait une audacieuse. Rester calme et trouver une issue. Regarde autour de toi. Penses, agis et réfléchis comme une audacieuse.
Je prends donc une grande inspiration et finis par faire ce qu'il attend de moi, jusqu'à ce que je vois au loin, une porte d'un immeuble qui ne ressemble à aucune autre.
– Par là, dis-je, lui indiquant l'endroit alors qu'il se relève pour me suivre.
Une fois la porte passée, on se retrouve cette fois-ci dans un bain de foule.
– Sérieux... soupiré-je lourdement. Après l'isolement, la foule. Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ? essayant de me frayer une chemin alors que je suis écrasée par tous ces corps d'inconnus qui me collent. Me bousculent et me regardent comme si je suis un monstre.
– Qu'est-ce qu'un audacieux ferait dans ces conditions ? me questionne Éric.
– Il essaierait de prendre de la hauteur pour avoir une vue sur tout l'ensemble.
– Bien, me sourit-il. Comment tu comptes t'y prendre ?
Une fois de plus, j'essaie de regarder partout autour de moi, me mettant sur la pointe des pieds, écartant les personnes qui me gênent, quand j'aperçois un bus. Ceux qui possèdent deux étages. Un grand bus rouge et blanc, tout seul, au milieu de la chaussée. Alors sans réfléchir, je m'y précipite, Éric me suivant de près.
Je grimpe dessus et me relève afin d'observer les alentours, quand soudain, en tournant la tête, je me retrouve perchée sur le rebord d'une fenêtre d'un immeuble, à plusieurs kilomètres du sol.
– Qu'est-ce que ça veut dire ? demandé-je, tentant de me tenir du mieux que je peux sur la façade, alors que je n'ai pas vraiment de prise. Et maintenant ?
– Réfléchis.
– On a qu'à briser la vitre derrière nous.
– Impossible, lance-t-il en se tenant du mieux qu'il le peut lui aussi.
– Pourquoi ?
– Regarde la vitre. C'est du verre trempé. Incassable Addison. Alors trouve une autre solution pour nous sortir d'ici, poursuit-il toue en fixant le câble, un peu plus bas, face à nous.
– T'es pas sérieux, haleté-je, comprenant où il veut en venir. Tu crois que je faisais quoi chez les altruistes pendant mes heures perdues ? Trapéziste, lâché-je sur un on ironique et cassant.
– T'as pas le choix, alors observe. Fais comme moi et apprends.
D'un coup, je le vois retirer sa ceinture qu'il enroule solidement entre ses mains, avant de se jeter sur le câble. Il a les jambes dans le vide mais finit par les passer autour du câble et à la force de ses bras et de ses cuisses, il se fait glisser jusque de l'autre côté.
Après plusieurs longues minutes à paniquer, tentant de reprendre une respiration normale, je finis par faire comme lui. Éric a un paysage de peur plutôt flippant, car moi qui n'aie jamais eu peur du vide, je me surprends à flipper complètement à l'idée que je puisse tomber et m'écraser comme une crêpe sur le béton, alors que je sais pertinemment que je suis dans une simulation. Tout comme je sais que la moindre blessure. La moindre égratignure peut m'être fatale, aussi bien dans la tête d'Éric, que dans le monde réel.
Je prends de nouveau une grande inspiration et me lance à la poursuite du leader, jusqu'à le rejoindre, dans l'immeuble d'en face. Une fois à ses côtés, on se retrouve dans un espace sombre et confiné, alors que je remets ma ceinture en place. Soudain, j'entends comme des craquements dans le mur, avant de le voir bouger.
– Qu'est-ce que c'est ce que ça ?
– La peur de mourir écrasé entre quatre planches.
– C'est pas vrai, soupiré-je bruyamment.
– Concentres-toi Addison. Que ferait un audacieux ?
– Je ne sais pas... Je... bégayé-je, prise d'une soudaine vague de panique.
– Réfléchis ! me hurle-t-il dessus alors qu'il tente de retenir les murs du mieux qu'il peut, tandis que j'aperçois des gouttes de sueur perler sur son front.
– Je n'en sais rien ! crié-je à mon tour, totalement paniquée, sentant l'air manquer à mes poumons. Okay... Okay, je peux le faire, me parlé-je à moi-même afin de me donner du courage. Donne-moi ta ceinture, lui tendant la main pour qu'il me la donne.
– Je ne peux pas faire ça.
– Et pourquoi pas ? lâché-je sur un ton sarcastique, agacée par sa réponse.
– Je te rappelle que demain tu seras toute seule pour l'épreuve finale. Alors trouve une autre méthode. Trouve le moyen de survivre toute seule, dit-il, me lançant un regard en biais, alors que je vois ses bras trembler sous la force qu'il emploie à repousser les murs. Addison... Dépêches-toi bordel... C'est pas comme si j'avais toujours rêvé de me faire aplatir vivant, grogne-t-il, serrant les dents tout en grimaçant sous la douleur de ses muscles tétanisés par l'acharnement qu'il adopte depuis plusieurs minutes maintenant, en puisant au maximum de ses capacités physiques.
– Okay, passant mes mains dans mes cheveux, avant de sentir ma grosse barrette.
Sans hésiter, je la prends et essaie de la coincer du mieux que je peux entre le sol et le mur qui se déplace. Mais ça ne suffit pas. Alors je prends ma ceinture et coince la grosse boucle près de la barrette, quand soudain. Plus rien. On se retrouve sur le toit d'un immeuble. Menacés par un orage qui gronde au dessus de nos têtes.
– Ne me dis pas que tu as le vertige ?
– Non.
– Éric, entends-je alors que la voix provient de derrière nous.
Je me retourne et aperçois Léya, un sourire radieux sur les lèvres.
– Lèya, murmuré-je avant de m'avancer vers elle.
– Elle ne peut pas t'entendre, me coupe Éric. Ni même te voir. Je te rappelle que tu es dans mon paysage des peurs Addison, me regarde-t-il avant de s'avancer à son tour jusqu'à sa mère.
– Quelle est ta peur alors ? demandé-je, lui jetant un regard en biais.
Je n'ai pas le temps d'entendre sa réponse, que l'orage se met à gronder violemment, avant qu'un puissant halo de lumière traverse le toit. Sans doute la foudre. Et là, sans que je m'y attende, l'immeuble se met à trembler d'une force insoupçonnable. Je perds l'équilibre et tombe durement sur le sol, avant de voir Éric se précipiter sur sa mère qui est sur le point de tomber dans le vide, la partie du toit où elle se trouvait, ayant cédée.
Sans réfléchir, je me relève malgré mes jambes qui tremblent et je rejoins Éric afin de l'aider. J'essaie d'attraper la main de Léya mais je me souviens subitement que je suis dans son paysage des peurs et que je n'ai donc aucun contrôle sur ce qui se passe à l'intérieur de sa tête.
– Tu ne peux pas l'aider, crie-t-il, alors qu'il agrippe fermement sa mère, tandis qu'elle le fixe.
– Tu dois me lâcher maintenant, fait Léya, un sourire sur les lèvres.
– Non... Je ne te laisserais pas tomber.
– Alors tu mourras avec moi, poursuit-elle, alors qu'une larme coule le long de sa joue.
Je suis en train d'assister en direct aux adieux d'une mère à son fils, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Ce qui je dois bien l'admettre, me met vraiment hors de moi. Je sens la peine m'envahir, mais pas seulement. La colère. La rage et la détermination s'emparent également peu à peu de moi. Alors, dans un dernier élan de désespoir, je me penche à nouveau, mes bras dans le vide, tentant d'attraper celui de Léya, sous les yeux angoissés d'Éric.
– Tu ne peux rien faire, répète-il en me scrutant du coin de l'œil. Addison, tu ne...
Mais avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, je réussis à attraper fermement l'avant bras de Léya. Je lance un bref regard à Éric alors que la pluie s'est mis violemment à nous tomber dessus.
– Bouge toi Éric ! lui crié-je dessus alors qu'il semble soudainement paralysé par la peur. Par moi. Éric !
D'un coup, je le vois froncer les sourcils, décontenancé, avant de m'aider à relever sa mère, nous écrasant méchamment sur le bitume une fois Léya remontée. Le leader s'apprête à prendre la parole quand nous nous réveillons en sursaut, sortant de la simulation.
Je retire rapidement le transmetteur de sur ma tempe avant de me lever et de me diriger rapidement vers la sortie.
– Comment t'as fais ça ? m'interrompt-il alors que je me raidis et me fige instantanément en entendant sa question.
Je tourne mon visage afin de croiser son regard, mais je n'ai aucune réponse à lui fournir, car moi-même, j'ignore comment j'ai fait. Pour dire vrai, il y a encore beaucoup de choses que j'ignore à mon sujet. Tout comme le fait d'essayer de comprendre de quoi je suis encore capable. Ce que je peux faire ou ne pas faire. Je suis moi-même perturbée par tout ça et tout ce qui est en train de m'arriver. J'ai vraiment la sensation de perdre pied et de devenir complètement cinglée.
– Addison ! hausse-t-il sur un ton ferme et sec, ce qui me fait sursauter.
– Je ne sais pas, réponds-je avant de marquer une pause et de poursuivre. Je suis désolée, le fixant une dernière fois avant de quitter la salle d'entraînement en courant.
Je cours sans jamais m'arrêter jusqu'à me retrouver dehors, en pleine nuit alors que le vent souffle et que le froid se fait beaucoup plus ressentir que les nuits précédentes. Sans m'en rendre compte, je finis par atterrir près de l'immeuble dans lequel se cachaient les sans faction que j'ai aidé à quitter la ville. Je rentre à l'intérieur du bâtiment et en fais le tour, me rappelant mes conversations et mes moments passés avec eux. L'époque où tout semblait facile et tellement plus gérable à supporter.
Je m'avance vers de grosses caisses qui ont été conçues pour faire des lits de fortune et je m'assois dessus. Les jambes en tailleur, mon dos et ma tête calés contre le mur, tandis que mes mains sont posées sur genoux. Je reste ainsi un certain temps, alors que j'entends un grondement dans le ciel, avant d'apercevoir la pluie tomber depuis la fenêtre qui est en face de moi.
Je me surprends à sourire face à ça. La fatigue a probablement raison de moi. Je décide de rester un moment dans le bâtiment afin de m'éclaircir les idées et d'essayer de reprendre contact avec la réalité, après être entrée dans la tête d'Éric.
Je prends une grande inspiration et expire profondément, quand j'entends du bruit au loin. Instinctivement, je me relève pour partir quand je tombe nez à nez avec Quatre.
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