Controverse
Je leur explique brièvement mes intentions. J'ai ensuite demandé à Tori de nous amener dans la salle où elle fait passer les tests d'aptitudes qui précédent le choix des factions. J'ai besoin de ses talents afin de pouvoir mettre en pratique ma théorie. Du moins, ma pseudo théorie, car si je ne me connaissais pas, je me prendrais surement pour une cinglée, tout droit échappée d'un hôpital pour les fous.
Une fois à l'intérieur du bâtiment et de la salle en question, elle referme la porte derrière nous. Préparant ensuite tout le matériel dont on a besoin et laisse ensuite Quatre faire le reste étant donné qu'il sait la démarche à suivre. Elle quitte ensuite la pièce afin de garder l'entrée et nous prévenir en cas de visite inattendue.
Une fois seuls, je regarde Tobias préparer le matériel et une fois qu'il a terminé, il s'approche de moi, enfonce délicatement l'aiguille dans ma nuque après avoir retiré quelques mèches de cheveux qui le gênent et au moment où il va pour se piquer, je le stoppe, posant doucement ma main sur la sienne.
– Attend, dis-je, un léger sourire sur les lèvres. Laisse-moi faire, l'observé-je d'un regard entendu.
Il me sourit et me donne la seringue avant de me donner les explications pour savoir où piquer et comment m'y prendre.
– Tu es prête ? demande-t-il tout en plongeant son regard dans le mien.
– Oui, réponds-je alors que j'enfonce l'aiguille dans son cou d'une légère pression, injectant délicatement le sérum.
Il place ensuite les capteurs sur chacune de nos tempes, avant de prendre place, tous deux sur le fauteuil, lui contre le dossier, une jambe de chaque côté du siège, tandis que je me place entre ses cuisses, jambes tendues, mes mains posées à plat sur mes genoux. Ma tête calée contre son torse, tandis qu'il pose ses mains sur les miennes.
Nous n'avons pas tarder à nous endormir avant de nous retrouver dans mon paysage de peurs.
– Qu'est-ce qu'on fait là Ady ?
– Laisse-moi juste quelques minutes d'accord, prenant sa main dans la mienne, la serrant presque à la lui broyer sous la pression. Il me faut un peu de temps pour, marquant une pause, ne sachant même pas comment expliquer ce que je m'apprête à lui faire vivre. Je te demande un peu de patience.
Je prends alors une grande inspiration et repense à tout ce que j'ai pu ressentir lors de cette intrusion dans le rêve de cette femme. Sans parler du reste. Je me concentre uniquement sur ma haine pour Jeanine. La noirceur qui s'empare peu à peu de moi. Cette noirceur que Jeanine a fait naître en moi après avoir assassiné mon frère.
Après deux minutes qui paraissent durer une heure, des images défilent devant nous à une vitesse folle, comme si la pièce tournait autour de nous. Jusqu'à ce que le temps s'arrête et se fige, et qu'on se retrouve tous les deux dans cette pièce blanche. Sans fenêtre, avec pour seul décoration, le miroir posé en plein centre du mur face à nous.
Quatre me tient toujours la main et scrute les alentours avant que son regard s'arrête sur une silhouette qui se trouve de dos, mais devant nous. Je n'ai aucun mal à la reconnaître, puisqu'en réalité, il s'agit de moi. La moi d'un peu plus tôt. J'ai réussi à mettre en pratique ma théorie, même si j'ignore encore comment. Le principal, c'est que le résultat est là.
Quatre m'observe dans l'incompréhension la plus totale alors que son pouls commence sérieusement à s'accélérer.
– Tout va bien se passer, le rassuré-je, plongeant mon regard dans le sien. Tu n'as pas à avoir peur, lui faisant signe de regarder la personne dos à nous, jusqu'à ce qu'elle se retourne et qu'il s'aperçoive qu'il s'agit en réalité de moi.
– Quoi... fait-il, les sourcils froncés, alors que son pouls s'accélère davantage. Plus fort, avant de reporter son regard dans le mien. C'est... C'est impossible... Addison.. Qu'est-ce qui se passe ?
Il me lâche subitement la main avant de courir vers mon autre moi, tentant de poser sa main sur son épaule. En l'occurrence la mienne, mais elle traverse son corps, étant donné que je ne suis qu'une projection de l'un de mes souvenirs, lui-même caché dans un autre souvenir qui ne m'appartient même pas.
– Elle ne... marquant une pause avant de reprendre. Je ne peux pas t'entendre. Je ne suis qu'une projection astrale de mon propre esprit, lui dis-je alors qu'il semble totalement perdu.
Il me regarde, complètement abasourdi par la situation avant de me rejoindre. Tentant de comprendre et essayant de me parler alors qu'aucun son ne parvient à sortir d'entre ses lèvres.
– On doit juste suivre et écouter, tenté-je de le rassurer. Il n'y a que comme ça que tu pourras comprendre ce qu'est le sérum et ce qu'il ma fait, prenant ses mains dans les miennes.
– Comment tu fais ça ?
– Je ne sais pas vraiment, rié-je nerveusement. J'essaie surtout de me concentrer sur l'essentiel. Est-ce que... fronçant les sourcils tout en le fixant droit dans les yeux. Est-ce que tu as confiance en moi ? demandé-je, relâchant mes mains des siennes, craignant sa réponse.
– Plus que ma propre vie, répond-il tout en posant délicatement sa main sur ma joue avant de me sourire maladroitement.
– Alors suis-moi, lui tendant ma main qu'il attrape sans une once d'hésitation.
Nous suivons donc mon autre moi et tandis que je sens Quatre se détendre peu à peu, au fur et à mesure de l'avancée du souvenir, il peut voir tout ce que j'ai pu voir lors de mon épisode psychotique, après avoir eu la très bonne idée de boire le sérum dans sa totalité. Il entend tout ce que j'ai entendu. Cette femme dont je ne connais pas le prénom. Luther attaché par des sangles sur un lit, complètement déchaîné. Les érudits lui injectant le sérum le rendant subitement et totalement docile, puis à leur merci. Puis arrivent les coups de feu. Mon corps qui tressaille à chaque détonation qui résonne à travers les vitres tandis que je frappe dessus de toutes mes forces pour empêcher tout ça. Quand vient enfin le moment de presque vérité quand la femme qui m'a aidé s'apprête à me révéler quelque chose et là... D'un coup, nous sommes réveillés en sursaut. Étant subitement éjectés de mon esprit, alors que du sang coule de mon nez.
Quatre m'observe, inquiet, essuyant le sang qui coule avec le revers de son pouce, tandis qu'il est essoufflé et qu'il tente encore de comprendre ce qu'il vient de se passer.
Moi-même, je suis en train de me poser un tas de questions. La première étant de savoir comment j'ai pu faire pour projeter un souvenir qui ne m'appartient même pas, dans l'un de mes propres souvenirs, dans la tête de quelqu'un d'autre, et ça, en si peu de temps qu'il faut pour le dire.
Quatre retire les transmetteurs de sur nos temps avant de nous lever pour quitter la pièce. Je remercie Tori pour son aide, avant qu'elle nous dise de partir car valait mieux pas qu'on nous voit traîner à cette heure-ci.
Nous avons tous pris des chemins différents pour ne pas être vus ensemble.
Le soleil commence à peine à se coucher quand j'arrive au centre des audacieux. Je pars directement à l'appartement de Quatre, sans me poser de questions. Tout ce que je veux à cet instant précis, c'est pouvoir le rejoindre afin de retrouver la sécurité et la stabilité qu'il m'apporte. Il est sans doute le seul à réussir à me canaliser et sans avoir à faire quoi que ce soit. C'est naturel chez lui. Et viscéral chez moi. Il est mon yin et je suis son yang. Mais dans ce cas de figure, il est plutôt ma lumière. Celle qui chasse peu à peu mes ténèbres. On est totalement opposés et pourtant si complémentaires à la fois. C'est assez étrange d'ailleurs. Deux forces qui s'opposent parfaitement, mais qui ne peuvent pas vivre l'une sans l'autre, dans ce monde si parfaitement imparfait.
Après une longue demie heure à l'attendre assise sur son lit, il arrive enfin. Il ferme la porte derrière lui, alors que je me lève subitement, sans lui laisser le temps de comprendre ce qu'il vient de se passer. Je cours aussitôt dans sa direction afin de me blottir dans ses bras. Instinctivement, il me serre contre lui de ses mains puissantes, déposant un baiser sur le haut de ma tête avant de me resserrer à nouveau contre son torse.
– Comment te sens-tu ? demande-t-il, tout en se détachant de moi, prenant ensuite mon visage entre ses mains, plongeant son regard dans le mien.
– C'est plutôt à moi de te poser cette question, tu ne crois pas ? dis-je, un faible sourire sur les lèvres avant de lui tourner le dos, mal à l'aise quant à la façon dont il peut me percevoir après avoir vu cette autre partie de moi.
– Hey, posant une main sur mon épaule, me forçant à lui faire face, alors que j'ai les bras croisés sur ma poitrine.
– Je sais que tout ça peut te paraître déroutant et très perturbant mais...
– En effet, me coupe-t-il tout en souriant. Ça l'est.
– Ce que tu as vu aujourd'hui. C'est... C'est ce que j'ai vécu après avoir avalé le sérum des érudits. Il n'a aucun contrôle sur moi. Ni aucune emprise. Mais il a fait bien pire que ça. Tu l'as vu de tes propres yeux et... marquant une pause, m'agitant dans tous les sens.
– Addison, reprend-il, posant une main sur mon épaule. On a entendu des tas de rumeurs sur celle que l'on appelle Elsewhere. C'est vrai, faisant le rapprochement avec les derniers événements. Et jusqu'à maintenant, on ne savait pas si elles étaient fondées. Mais aujourd'hui, marquant un arrêt, prenant une grande inspiration avant d'expirer longuement. Aujourd'hui. La seule certitude qu'on a. C'est qu'on ne peut plus nier le fait que tu sois celle dont tout le monde parle. Que tu le veuilles ou non. Que tu l'acceptes ou pas. Tu es Elsewhere, lance-t-il tout en plongeant mon regard dans le sien, un faible sourire sur les lèvres.
– Mais je ne veux pas être cette personne ! haussé-je, furieuse de me prendre la vérité en plein visage.
– Ça ne peut pas être si terrible que ça. Si ? lance-t-il, attendant sans doute une réponse de ma part alors que je suis incapable d'y répondre. Pourquoi refuses tu de l'admettre ?
– Parce que je ne veux pas être ce monstre dont tout le monde parle. Je veux juste... Je veux juste être moi, laissant couler une larme le long de ma joue sans pouvoir la contrôler.
– Tu n'es pas un monstre, me sourit-il tout en caressant ma joue, essuyant ma larme de son pouce. Pas du tout, déposant un baiser sur mon front.
– Tu as pourtant eu l'air d'avoir peur de moi quand tu étais dans mon souvenir.
– Ce n'était pas de la peur. J'ai été surpris. C'est vrai, prenant mes mains dans les siennes. Je te le répète. Jamais je pourrais avoir peur de toi, m'observe-t-il un instant, souriant, avant de venir plaquer furieusement ses lèvres sur les miennes, comme si subitement, sa vie en dépendait.
Je réponds à son baiser, l'accentuant avec ardeur et continue de l'embrasser jusqu'à ce que nous manquions tous les deux de souffle. On se détache, nous observant un moment tout en nous souriant maladroitement, alors que je prends de la distance, prenant soudainement un air sérieux.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? demande-t-il tout s'avançant vers moi.
– Tu sais ce que ça veut dire pas vrai ? Pour le sérum ? plongeant mon regard inquiet dans le sien.
– Oui. Jeanine va s'en servir sur nous pour pouvoir nous contrôler. Elle va déclencher une guerre qu'elle ne pourra ni contrôler, ni même arrêter.
– Elle va faire des innocents, en transformant d'autres innocents en tueurs. Elle ne s'arrêtera pas tant qu'elle n'aura pas fini de traquer et de tuer tous les divergents. C'est probablement pour ça qu'ils ont avancé l'épreuve finale.
– C'est fort possible. Jeanine va bientôt attaquer et quand ce sera fait, rien ni personne ne pourra l'arrêter. En tant que leader audacieux, on vous apprend à vous préparer à toute éventualité. Mais ce qu'on ne vous apprend pas en revanche, c'est qu'il est impossible de contenir une menace qui n'est même pas visible alors que son ennemi...
– Est aussi celui qui se fait passer pour votre ami. Quatre, relevant subitement mon visage dans le sien. On ne peut plus se fier aux autres. On ne doit avoir confiance qu'en nous. Et nous seuls.
– Je suis d'accord avec ça.
– Trop de vies dépendent de nous dorénavant. Alors dis-moi Tobias. Te sens-tu prêt à sauver le monde avec moi ? plongeant mon regard dans le sien, un léger sourire sur les lèvres.
– Sans aucune hésitation. Addison Clarke, marquant une pause avant de poursuivre. Elsewhere.
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