Ferons-nous un jour ce saut, tous ensemble, dans ce grand bain qu’est le désespoir ?

La mort nous parachèvera tous. Voici une finalité indiscutable et irrépressible. L'essence de la vie ne serait-elle donc pas la sœur jumelle et maléfique de l'espoir ?

Les plus chanceux se gorgent d'espoir depuis la plus tendre enfance. Les moments qui précèdent la corvée d’affronter la réalité sont un berceau pour les rêves et les cauchemars les plus puériles, les plus fous.Les plus humains.

Les moins chanceux sont tabassés par le monde du tangible au plus tôt. Autour d'eux ne gît que ruine et désespoir. Ce qui rend leurs rêves et leurs cauchemars d'autant plus puissants pour ceux qui n’ont pas appris ces deux notions que tout oppose.

Les moins chanceux seraient donc les plus chanceux ?

Pour une majorité, ce sentiment arrive en cours de route. Une infirmité, une perte irremplaçable, une déception suicidaire.. La liste est aussi longue qu’inimaginable.

Malgré ces épreuves du réel, certains persistent, se voilent la face et continuent d’espérer.

Comme l'âme perdue dont le manque rend fou et que l’imagination des sensations de la prochaine dose l'aide à tenir le coup.

Souvent cette dose n'arrive jamais.

Il y en a qui ont totalement abandonné l'espoir sans pour autant s'abandonner au désespoir.

Ce sont les cyniques de mauvais ton.

Ceux qui appâtent les égarés et les fragiles avec des miettes d'espoir sans avoir la force d'imaginer ce qu'il y a de l'autre côté.

À la plus grande tragédie humaine provient l'existence de ces êtres.

Qui, de par leur inconfort d'exister entre deux mondes, envoient valdinguer les autres d'un monde à l'autre d'une manière parfois bien trop brutale pour survivre au voyage le plus dur mais le plus important de chaque individu.

L'existence du désespoir est ma meilleure amante après la solitude.

Et comme toute amante qui nous happent du chemin balisé, j'ai failli plusieurs fois ne pas supporter sa compagnie.
Désormais je l'aime comme si elle était l'élue qui m'acompagnera jusqu'à la fin. Celle avec qui j'ai fait le serment de me lever et me coucher chaque jour à ses côtés.
Un amour partagé entre plusieurs états d'âme dont je suis leur unique amour.

Je ne pourrai faire autrement.
Ce fut un voyage à sens unique.
Je ne peux plus accéder à la naïveté de quelconque espérance et ne pas accepter cette désespérance dans mon quotidien me rendrait fou.
Sans elle, en plus de savoir que rien n'a de sens, je vivrais avec un cœur vide de sentiment.