Le garçon se fraye un chemin parmi la foule et j'écarquille les yeux de stupeur en le reconnaissant avant de les lever au ciel presque aussitôt. Oh non, pas lui... Le garçon grimpe sur l'estrade et se campe fièrement à côté de l'hôtesse.

-Comment tu t'appelles? demande-t-elle.

-Cato Hadley.

-Et tu as?

-18 ans.

L'hôtesse se tourne vers la foule et s'exclame:

-Un tonnerre d'applaudissement pour nos deux tributs qui vont représenter le District Deux aux 74èmes Hunger Games!

Tu parles, je pense amèrement. Quelques personnes applaudissent lentement, puis le silence retombe sur la Grande-Place. L'hôtesse nous conduit Cato et moi dans deux salles différentes. Je m'écroule sur un canapé et fixe la porte pendant quelques secondes. Celle-ci ne tarde pas à s'ouvrir à la volée. Une silhouette se découpe dans l'encadrement et se tient immobile, les cheveux virevoltant sous un courant d'air et les bras écartés. C'est Carmen. Elle se précipite et me serre de toutes ses forces.

-Ne t'en vas pas, dit-elle entre deux sanglots. Ne me laisse pas seule...

Pour la deuxième fois de la journée, je lui caresse les cheveux. Pour la première fois, j'ai peur. Je ne suis pas assez forte pour remporter ces Jeux. Je ne possède pas les compétences nécessaires. Et je ne peux pas laisser Carmen ici. Seule, avec mes parents, qui ne s'occuperont pas d'elle. Je l'aime, je ne peux pas la laisser seule...

-Tu ne seras jamais seule Carmen. Où que je sois, quoique tu fasses, je serais à tes côtés.

Elle renifle longuement et plonge ses yeux bruns dans les miens.

-Peut-être...peut-être que tu peux y arriver. C'est vrai, tu sais utiliser les couteaux...et un peu les épées aussi.

-Oui...peut-être que oui, j'ai les compétences nécessaires. Je suis une carrière...

-Promets moi que tu reviendras à la maison.

-Je te le promets. Je gagnerais ces Jeux. Pour toi Carmen. Ça fait beaucoup de promesse en une matinée, non?

Carmen rit à travers ses larmes et je la serre de toutes mes forces une dernière fois contre moi. La porte s'ouvre une seconde fois mais cette fois, c'est un Pacificateur qui entre.

-C'est fini.

-Clove NON!!!

-Eh, ne la touchez pas! je hurle.

Le Pacificateur m'ignore superbement, attrape Carmen et la jette sur son épaule. Puis la porte se referme, entrainant les pleurs de ma sœur avec lui. La pièce dans laquelle je me trouve redevient silencieuse.