Chapitre 55
-Il le faut, tu le sais autant que moi.
Jimin se tenait derrière Seokjin, qui lui, était assis face à un bureau qu'on lui avait attribué au district 4. Il massait ses épaules douloureuses, tout en lui murmurant des choses à l'oreille.
-C'est toi qui me l'a demandé. Je n'attends plus que ton feu vert.
Le chef du 1 soupira bruyamment. Il savait ce qu'il avait demandé, il en était pleinement conscient, mais la conversation avec Jungkook ne cessait de le perturber, pire, de le troubler.
Cette personne dans le corps de Jungkook. Qui était-ce ? Pourquoi parler de leurs choix ?
-Et si cette chose avait raison ? Finit-il par demander.
Le blond fronça les yeux en soupirant discrètement. Il avait compris que son ami était dubitatif à présent à cause de l'interrogatoire. Mais il se devait de lui rappeler pourquoi ils faisaient tout ça. Il exerça une plus forte pression contre sa peau et baissa étrangement le ton de sa voix.
-Imagine une seule seconde Jin, imagine seulement un monde où règne les Psyché. Un monde contrôlé par eux. Est-ce que ça te paraitrait juste, toi ? Toutes ces années consacrées à chercher un moyen de s'en débarrasser pour finalement, les accepter ? As-tu perdu la tête ?
-Jimin...
Mais il ne le laissa pas terminer.
-Quand tu m'as demandé d'être ton bras droit, j'ai été honoré, tu ne peux même pas t'imaginer à quel point. Je t'admirais, tu étais mon modèle, tu l'as toujours été, la confiance en toi qui se dégageait de toi était remarquable. Il soupira. Mais il y avait une tâche au tableau, quelque chose qui te freinait, te maintenait à une simple personne sans réels objectifs.
Ses mains quittèrent ses épaules et il le contourna, s'asseyant sur le bureau devant lui.
-Jungkook.
-Non. Non, tu ne peux pas dire ça...
-Et pourtant. Il roula des yeux. Sa gentillesse, son empathie, son besoin de faire le bien autour de lui, t'impactait plus que tu ne l'imaginais. Tu n'étais qu'un pantin du district, mais surement pas un chef digne de ce nom.
-Sans Jungkook j'ai disjoncté.
-Non, sans Jungkook, tu as pu enfin être le véritable toi. Un homme fort, puissant au summum de sa suprématie. Tu étais enfin quelqu'un, tu n'avais plus besoin de lui. Et encore aujourd'hui, tu te voiles la face. Tu ne l'aimes plus Seokjin, tu n'es plus amoureux de lui, mais tu continues de le croire.
Le plus vieux posa ses mains sur ses oreilles comme un enfant l'aurait fait. Il ne voulait pas l'écouter, ni entendre ce qu'il avait à lui dire. Il était maître de ses propres choix. La preuve, plus Jimin lui disait que Jungkook n'était pas bon pour lui, plus il voulait retomber dans ses bras.
Il savait qu'à certains moments, il n'avait plus de stabilité mentale, que quelque chose clochait, mais ses sentiments pour son ancien petit ami, n'ont jamais été aussi réels. Il l'aimait de tout son cœur et peu importe ce qu'il devrait faire pour le récupérer.
Il redressa la tête et ancra son regard dans celui de son bras droit.
-Contacte le comité international. Dis-leur tout. Absolument tout.
Et le sourire de Jimin se fit plus grand.
Ô qu'il aimait cette sensation grisante, qu'il aimait lorsque l'on faisait le contraire de ce qu'il disait. Car tout ce qui sortait de sa bouche n'était jamais vraie. S'il disait blanc, au fond de lui, il pensait noir. Et tout le monde finissait par choisir ce que lui voulait.
C'était un maître en manipulation, il en avait parfaitement conscience. Il poussait Jin dans les bras clos de Jungkook et plus il faisait ça, plus il le poussait à la folie de ne pas avoir ce qu'il désirait. Plus il dénigrait Jungkook, plus Jin fonçait tête baissée dans son piège.
Pour lui, il avait un objectif. Oh que oui, le seul et l'unique.
Éradiquer tous les Psyché de la terre, à commencer par son pays.
Avec un sourire, il prit son téléphone et composa le numéro du chef du comité internationale.
Il allait tout raconter, tout avouer sur ce qu'il savait. Et il savait ce que ça allait déclencher : la destruction. Son sourire se fit plus grand, il avait toujours ce qu'il désirait et encore aujourd'hui, il en avait la preuve.
*
Une caresse, un baiser, des paroles murmurées au creux de l'oreille. Tel était le réveil de Jungkook.
Il papillonna des yeux en gémissant, avant de les ouvrir sur ceux noisettes de son amant. Il avait un petit sourire sur ses lèvres et ses yeux pétillaient de bonheur. Le châtain le regarda un long moment avant d'également lui sourire.
-Bonjour mon amour, bien dormi ?
Jungkook gloussa en hochant la tête, ramenant ses mains derrière la nuque du plus vieux pour l'abaisser et poser ses lèvres sur les siennes.
C'était doucereux et innocent. Le contraire de ce qu'ils avaient fait cette nuit. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de sourire dans le baiser. Il se sentait tellement bien, il se sentait heureux. Et jamais, il ne l'avait été à ce point.
Ses mains entouraient à présent le visage du noiraud, qui avait les joues brûlantes. Ils se reculaient en même temps, se contemplant l'un et l'autre.
-Oui, très bien. Et toi ?
-Comme un loir.
Il re-déposait ses lèvres sur les siennes et commençait à les mouvoir tout doucement au début, puis avec plus de passion, d'appétence et le plus jeune gémissait dans leur échange. Ce qu'il aimait la bouche de son amant, ses lèvres parfaites, sa langue humide et chaude. Il aimait tant ses baisers.
Taehyung finit par se reculer, caressant avec douceur la joue du brun avant d'y déposer un chaste baiser. Il tourna la tête légèrement à droite et Jungkook suivit ce mouvement avant d'écarquiller les yeux et de sourire.
Il lui avait préparé un petit déjeuné sur un plateau et y avait déposé une rose blanche.
Il se leva et prit le plateau, le plaçant doucement sur le lit.
-Je me suis dit que tu aurais faim au réveil.
-Tu n'imagines pas à quel point. Il l'embrassait. Tu as mangé ?
-Non, je t'attendais.
Jungkook porta son regard sur le plateau. Il y voyait des roulés à la framboise, des toasts, des petits brownies au chocolat et un grand verre de jus qui à l'odeur semblait être du jus de poire. Il lui fit un sourire sincère avant de commencer à manger.
-Tu as eu le temps de cuisiner tout ça ?
-J'ai simplement fait les roulés à la framboise, tu sais à quel point c'est rapide d'en faire. Pour le reste, je suis allé à la pâtisserie en bas de chez toi. J'ai pu faire un rapide tour, c'est plutôt un endroit calme ici.
-C'est pour ça que j'y habite.
-Vous ne vivez pas en communauté ?
-Il y a des bases et dans chacune se trouvent cinq ou six familles. Ici, il y a cinq appartements. Le mien, celui de Namjoon en face. Puis à l'étage d'en dessous, trois autres appartements. Nous sommes une dizaine en tout.
-Quand j'ai vu le bâtiment de l'extérieur, ça m'a semblé gigantesque pour seulement cinq appartements. Mais quand j'ai vu la disposition, j'ai tout de suite comprit. Puis la taille des appartements est non négligeable.
-Ce sont des personnes spéciales qui sont dans ces bases. Tous ceux qui travaillent pour le district, donc des chercheurs, des constructeurs, des militaires ou ingénieurs. Et généralement, ceux du comité également.
Taehyung était pensif.
-C'est différent de chez nous. Nous vivons à plusieurs dans un appartement.
-Mais ce n'est pas tout le monde. Vous pouvez vivre seul.
-Oui, mais ce n'est pas une bonne idée. Tu sais, avec nos pouvoirs, il nous faut toujours quelqu'un à nos côtés. C'est assez compliqué à expliquer, mais être solitaire en étant Psyché n'est pas une bonne chose. Nous avons besoin d'extérioriser, c'est pour ça que nous possédons tous un pouvoir lié au partage des émotions et des sensations.
-Tes yeux verts.
-Oui, mais la couleur varie selon la personne. Pour ma part, je possède plus de pouvoir que la normale.
Jungkook gloussa, ce qui fit lever un sourcil à Taehyung.
-Je le sais. Ton taux de pouvoirs est de soixante-cinq pour cent.
-Mon quoi ?
Jungkook fourra un morceau de brownie dans sa bouche avant de poser sa main sur celle du noiraud.
-Les détecteurs ne sont pas là que pour détecter votre présence. Ils calculent aussi ce qu'on appelle un taux de puissance. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais votre taux d'oxygène est plus élevé que pour les humains. Taehyung hocha la tête. Mais, même entre vous il varie. Plus la personne à de l'oxygène dans son corps, plus elle est puissante.
-Mais comment tu peux connaître mon taux d'oxygène ?
-Grâce aux oxygénomètres présents dans chaque détecteur. Dès que vous passez près d'un détecteur, il fait son travail et calcule le taux d'oxygène chez la personne. Et grâce à ça, nous avons pu élaborer une courbe des statistiques de pourcentage de pourvoir. Ce n'est pas très intéressant, je te le conçois, mais grâce à ça, dès qu'un Psyché met un pied dans une zone où il ne le devrait pas, nous pouvons nous préparer à quel type de rencontre ça peut être.
-Comment ça marche ? Demanda curieusement le noiraud.
-En dessous de trente pour cent, ce ne sont pas des Psyché très forts ou qui ont des pouvoirs offensifs. Arrivé à cinquante pour cent, il faut une équipe complète de huit personnes et au-delà il faut une équipe complète plus des militaires.
-Et cent pour cent ?
-Nous n'en avons jamais eu pour le moment. Il semblait réfléchir. Mais tu veux mon avis ? Je suis persuadé que l'inconnu qui veut le collier, a un taux de puissance de cent pour cent.
-Comment tu peux en être sûr ?
-Je le ressens comme ça. Même Ji-sang n'est pas arrivé à quatre-vingt-dix pour cent.
-Et qu'est-ce qui est prévu si jamais un détecteur détecte un cent pour cent ?
Jungkook soupira en détournant le regard, mais le plus vieux lui prit le menton pour qu'il le regarde à nouveau.
-Qu'est-ce qui est prévu ? Demanda-t-il un peu plus rudement.
-Le protocole E.
-Le protocole E ?
-Élimination.
Le noiraud le lâcha et se recula légèrement.
-Sans le connaître ? Juste parce que son taux de puissance est au maximum ?
-Tu ne sais pas le nombre de règles et de protocole que nous avons contre vous. Ça me débecte, tu n'imagines pas, mais les lois sont les lois, je n'y peux rien.
-La loi est dure, mais c'est la loi, hein ? Ricana-t-il ironiquement.
Taehyung se leva brusquement, se passant la main dans les cheveux. Le plus jeune se redressa aussi, mais gémissant de douleur en essayant, ce qui attira immédiatement le regard du plus vieux sur lui.
-Merde.
Il s'approcha de lui et le prit dans ses bras.
-Ne bouge pas.
Il le reposa dans les draps en soupirant. Il n'était pas énervé contre lui, mais contre ce monde qui les prenait pour des monstres, pire, des animaux. Comment pouvait-il tuer une personne juste en se basant sur des statistiques. N'était-ce pas tout simplement cruel ?
Jungkook se pinça les lèvres, la tête baissée.
-Je ne suis pas en colère contre toi, Jungkook mais contre tous ces enfoirés.
-C'est moi.
Sa voix n'était qu'un murmure.
-Quoi ?
Il se mordit les lèvres en sentant ses yeux s'humidifier.
-C'est moi qui ai créé cette courbe statistique, ces pourcentages. J'ai fait tout ça. J'ai fait tout ça, pas par peur de vous, mais pour nous protéger. Tu n'imagines pas à quel point c'est effrayant de savoir que d'un claquement de doigt, vous pourriez tous nous tuer. C'est la peur qui conduit les hommes à vous haïr.
Taehyung ne bougea pas.
-Tu as peur de moi ? Cette question avait été chuchotée, forçant le scientifique à relever rapidement la tête.
-Quoi ? Non ! Jamais. Jamais je n'aurai peur de toi Taehyung, tu m'entends ?
Il s'approcha et prit son visage en coupe.
-Je n'ai pas peur des Psyché, de vous et encore moins de toi. Tu dois me croire, tout ce que j'ai pu faire n'a jamais été contre vous. J'ai toujours voulu protéger les autres sans vous faire de mal.
Le noiraud ne répondit pas, son regard fuyant celui de son amant.
-Je t'aime.
Il écarquilla les yeux et regarda finalement le plus jeune.
-Je t'aime Kim Taehyung. Je suis amoureux de toi et je veux faire ma vie avec toi.
Le plus vieux se mordit les lèvres, ses pensées vagabondaient inlassablement dans sa tête.
-Je t'aime, Taehyung. Je t'aime si fort, si profondément.
Il le regarda dans les yeux en s'approchant doucement de son visage. C'était une manière silencieuse de lui laisser le temps de se reculer s'il ne souhaitait pas qu'il l'embrasse. Mais il ne le fit pas, au contraire, ce fut lui qui plongea sur ses lèvres le premier, ressentant son cœur brûler douloureusement.
Il l'embrassait encore et toujours.
Il l'avait fait dans le passé, il le faisait dans le présent et...
Une voix.
Une voix lointaine, hachée, mais pourtant familière.
« C'est la fin. »
Puis ils fermèrent les yeux en même temps.
C'était le futur.
Un futur qui n'avait ni de fin heureuse, ni de fin triste. Un futur blanc et noir à la fois.
Un futur sans moi.
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