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▫️Chapitre 16

💦 L'île aux belles eau 💦

Après ma discussion avec Cyril, je n'ai pas vraiment voulu attendre pour apprendre la situation à ma famille.

Comme Cécilia et Caroline devaient venir, ce vendredi, j'ai eu la bonne idée d'organiser un déjeuner chez Nana. Faut dire que je sais pas trop comment on procède pour ce genre de choses... Ma mère était plutôt partante et déjà préparée à voler dans les plumes de quiconque se permettrait des commentaires déplacés par la suite.
Je suis un peu stressé quant au dénouement de la journée, mais n'ai pas vraiment de grandes inquiétudes. Toutes les personnes à qui j'ai demandé de venir aujourd'hui tiennent une place à part dans ma vie ; Jean, son frère, en plus de Didier et Émilie - un couple d'autres amis très proches. Sans oublier Arold et Rosa. Donc théoriquement l'annonce devrait bien se passer, même si je m'attends à jeter un sacré froid.

Tout ce que je leur ai dit avant-coup, c'est que leur présence était importante. Je n'ai pas très envie de rejouer cette scène plus que nécessaire et j'ai été soulagé qu'ils soient tous au rendez-vous. À l'heure, qui plus est. Enfin, sauf Jean... Lui, il compte pas niveau ponctualité. Le jour où il sera à l'heure quelque part, il neigera instantanément en Guadeloupe.

Il est 11h23 et nos invités on été installés dans la bonne humeur dès leur arrivée.

Tout le monde se connaît, hormis Émilie et Didier qui rencontrent Cyril pour la première fois et font connaissance sans particulièrement chercher à trouver son lien avec ma famille. Les deux doivent se dire que sa présence à elle seule signifie qu'il en fait partie. Ce qui n'est pas totalement faux.

Pour respecter un minimum de distanciation et éviter qu'on soit les uns sur les autres, Cyril m'a aidé à déplacer le fauteuil de la véranda et y installer la grande table. Il a aussi assisté ma mère dans la préparation du repas et je dois dire que ces deux là s'entendent trop pour mon bien, je le sens...

Blague à part, lui et moi n'avons officialisé notre relation que depuis quinze jours. J'ai eu les filles à la maison tout le long. Mercredi dernier, on a pris le temps de faire une sortie plus ou moins pédagogique avec elles à la Pointe des châteaux*.
Mes abeilles étaient en effervescence, durant l'ascension du sentier menant au point de vue panoramique, tourbillonaient inlassablement autour de Cyril et moi en piaillant avec leurs sinobols* aux mains. Ce n'était pas notre première escapade à quatre et ça m'a rassuré que mes petites semblent assez bien apprécier la compagnie de Cyril. C'est primordial pour la suite, même si on ne se met pas la pression. Il se montre incroyablement patient, avec elles. En même temps, je crois que supporter mes imbécilités a été plus ardu pour lui que passer la journée avec deux gamines de six ans. Tout se passe donc à merveille dans notre couple. Lui et moi sommes encore sur notre petit nuage, Cyril est du coup d'autant plus inquiet quant à notre révélation du jour.

Il redoute que je regrette ma décision si notre histoire ne dure finalement pas. Mais déjà d'une, j'ai pas l'intention la laisser foirer. Parce que j'y tiens, à mon rayon de soleil. Et de deux, si par malheur on venait à se séparer, je ne pense pas regretter être sorti du mensonge. Je le fais aussi pour moi, pour me libérer de ce poids. Et franchement, à 35 ans, il est bien temps que je commence à vivre ma vie pour moi et plus dans la peur des ''on dit''.

- Chris, tu peux ramener les quiches de l'autre côté s'il te plaît ? m'invective ma mère tandis que je quitte la cuisine avec trois briques de jus et une bouteille d'eau sous le bras.

- Euh, j'ai que deux mains, je lui fais remarquer en me tournant légèrement vers elle.

- Alors tu les vides et tu reviens, petit insolent, rétorque-t-elle en me toisant un peu.

Arf... Elle me met toujours à l'amende.

- Laisse, chou, je m'en occupe.

Ah, je suis sauvé !

Cyril, l'homme de la situation, entre à son tour dans la pièce et se charge de la corvée supplémentaire qu'a voulu me coller Nana.

- Merci bébé.

Je lui adresse un petit clin d'œil auquel il répond par un charmant sourire. On n'a encore rien dit aux autres, mais il n'y a que maman avec nous, à la cuisine. C'est no stress. Il m'accompagne ensuite dehors et on dispose les boissons ainsi que les amuse-bouche additionnels sur la table.

Midi arrive vite. Tout le monde jacasse, rit à gorge déployée, prend des nouvelles des proches des amis aujourd'hui réunis et discute du climat social assez tendu qui s'est installé durant ce mois de novembre.

- Sur BFMTV, ces abrutis racontent que le mouvement de contestation prend naissance à cause du refus de l'obligation vaccinale, s'insurge Émilie qui est infirmière et donc en ligne de mire dans ce conflit. Ils ne réalisent même pas que les suspensions sans salaires et licenciements sans soldes, dans un département où on croule sous les prix exorbitants d'absolument tout, ne sont que la goutte qui fait déborder le vase ! On n'est quand même pas dans une dictature, pour tous accepter ce genre de choses sans broncher.

- C'est vrai, s'accorde Rosa.

- ''Liberté, égalité, fraternité'', ce n'est que sur le papier pour faire joli, embraye son compagnon, d'un ton plus tempéré qu'Émilie. L'opinion publique ferme les yeux sur le plus important. Prenons juste en exemple le fait que durant une satanée pandémie, la moitié de la population de la nommée île aux belles eaux n'ait ironiquement même pas accès à l'eau courante pour maintenir une hygiène normale, avec les coupures d'eau intempestives.

- Ah ben oui, on avait déjà eu une grève pour ça en 2009, non ? l'interroge Henri.

- Exactement, acquiesce Arold. Ce problème traîne depuis plus d'une décennie. On a eu des fausses promesses suite à ce mouvement de 2009 et personne ne bronche sur leur non-application. Mais ça, évidemment, les médias s'en foutent. Ça ne fait pas assez sensation pour passer aux infos en métropole...

- En tout cas, moi je suis contre ces histoires, râle Caroline. À quoi ça sert de barrer les routes, foutre le feu et piller des magasins ? C'est toujours la population guadeloupéenne qui paie les frais de cette grève et des pénuries qu'elle engendre. Pas Macron !

- Mh... Et encore, sur Sainte-Anne et le Moule ça va, Dieu merci, souffle Nana. On arrive encore à circuler et se ravitailler correctement en provisions. Mais du côté de la Basse-Terre, les blocages sont terribles.

La conversation se poursuit. Moi, je parle pas politique. Mais c'est vrai qu'on observe quand même un certain mépris et du foutage de gueule dans les réponses qu'apporte l'État face à toute cette situation... Le sujet finit par dévier avant que les esprits s'échauffent trop autour de la table. Au détour d'une discussion banale, Didier lance en plaisantant :

- D'ailleurs, Toto, qu'est-ce qui est important au point de nous réunir aujourd'hui ? Alors qu'on se voit généralement chak kou on labé *.
[À chaque fois qu'un abbé meurt.]

- J'avoue... Tu vas te marier aussi, ou quoi ? rigole sa copine.

Sa blague déclenche un éclat de rire quasiment général. Ma mère se contente de sourire en me lançant un regard encourageant et Cyril, qui n'est pas assit à mes côtés mais auprès de Nana, me soutien aussi visuellement.

Mon cœur bat la chamade, c'est mon occasion. Je déglutis après un rire nerveux et me lance en me grattant machinalement la nuque.

- Non, j'en suis pas là. Mais... J'ai bien une nouvelle similaire à partager.

Je vois Jean jetter des coups d'œil suspicieux à Cyril, je pense qu'il est le seul a déjà avoir compris où je vais en venir. Tous les autres restent pendus à mes lèvres, sûrement assez perplexes.

Inutile de faire durer le suspens, ça va être un peu abrupte. Ils s'en remettront.

- Vous êtes des personnes qui comptent beaucoup dans ma vie. C'est pour ça que je voulais vous l'annoncer de vive voix.

- Toto, c'est rien de grave j'espère, s'inquiète Cécilia.

Ma mère lui tapote gentiment la main et secoue la tête, la rassurant tout en lui intimant de me laisser terminer. Je me râcle la gorge avant de répondre, la voix sinueuse.

- C'est rien de grave, Céci. Juste que, si vous l'aviez pas remarqué, les femmes ne m'intéressent pas vraiment... Et je- Cyril et moi, on est... On est ensemble.

Cyril me fait son regard doux-méchant, un truc bien à lui pour me dire que j'abuse.

Et oui, ok, je l'ai un peu poussé sur le devant de la scène à l'improviste. Mais avec tous ces yeux braqués sur moi, j'ai d'un coup perdu mon assurance et joué la carte facilité.

C'était plus simple d'annoncer notre relation que dire ''Je suis gay''. Mais, les deux sont liés, donc... bon. Ça le fait, non ?

Après un léger temps de flottement, marqué par mes proches qui nous dévisagent tour à tour, Caroline est la première à prendre la parole.

- Comment ça « ensemble » ? demande-t-elle sourcils exagérément plissés.

- En couple.

Je m'étonne d'avoir réussi cette précision sans balbutier. Elle étonne aussi les quelques uns qui n'avaient pas encore capté que je suis sérieux quand je dis ça.

- Il t'a endoctriné, c'est ça ? reprend subitement ma sœur en se levant de table. Tu vois, quand je disais qu'il ne fallait pas traîner avec des personnes comme lui !

- Et je te répète encore que tu racontes des conneries ! J'ai pas attendu Cyril, pour être homo. Je sais l'être depuis que j'ai 16 ans.

- C'est n'importe quoi. C'est ce type qui t'a mis ces sales idées dans la tête ! Ça n'existe pas dans notre famille.

- Caro, arrête tout de suite ces bêtises, la prévient Nana, le regard dur.

- Je te rappelle aussi que tu parles de mon neveu, jeune fille, et que c'est une personne respectable ! insiste Rosa.

- Ah, donc vous trouverez ça normal, vous ? tonne ma sœur. Deux hommes ensemble !

- Chacun voit midi à sa porte, lance Émilie en haussant des épaules.

Je la fixe, mitigé, avant de comprendre qu'elle est de notre côté. Et personne d'autre n'intervient, ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose. Il leur faut sûrement du temps pour enregistrer l'information. Je cherche maintenant à capter le regard de Cyril. On s'attendait tous les deux à la réaction de mon aînée, je ne crois pas qu'il en fera affaire personnelle. Ma tension se dénoue alors petit à petit.
Comme d'hab, Caro est la seule à faire chier et ça m'agace à présent plus qu'autre chose.

En fait, à part elle, tout le monde a l'air de prendre la nouvelle avec humilité. Suite à sa phrase, Émilie se penche par dessus la table et me tend le poing pour un check amical. Je lève le mien en réponse, elle ajoute :

- Si vous êtes bien ensemble, on est contents pour vous.

- Merci Émi.

- Bon courage à toi, mon gars, plaisante Didier en se tournant vers Cyril, bras croisés sur la table et rictus aux lèvres.

- Je vais en avoir besoin, sourit poliment mon homme.

- C'est n'importe quoi ! réplique Caroline en le toisant d'un air mauvais. Cécilia, on y va. Je ne participerai pas à cette mascarade une seconde de plus.

- Tu fais ce que tu veux, souffle Céci, moi je vais nulle part.

- Ok. Alors dépose-moi chez moi.

- Je viens de te le dire, moi je bouge pas. Chris a le droit de faire ce qu'il veut, ta réaction est vraiment ridicule, Caroline.

On est d'accord. Mais autant ne pas la retenir contre son gré.

- C'est pas grave Céci, si elle veut partir raccompagne-la.

- Même pas en rêve, me répond ma sœur. C'est l'heure de servir le déjeuner à tes invités et Maman a besoin de moi. Si ça dérange Caro de manger avec nous, elle va devoir rentrer à pieds.

Cécilia est aussi butée que moi, il a l'air assez remontée contre notre sœur et ne changera pas d'avis.

Caroline peste et détale, allant chercher ses affaires à l'intérieur de la maison. Elle est bien décidée à partir. Je pousse un soupir et me lève dans l'optique d'aller lui parler. En passant derrière Cyril, je pose une main sur son épaule.

- Désolé.

- Ce n'est rien, ne t'en fais pas, m'assure-t-il.

- Ok. Je reviens.

Tandis que Cécilia agrippe le bras à son nouveau beau-frère et l'alpague à la cuisine, Nana rejoint Caroline à l'intérieur. Essayant sans doute de la raisonner. Ma sœur sort du salon en trombe et quitte la véranda en toute hâte. Sans ma mère. Je lui emboîte alors le pas et insiste en la suivant dans l'allée.

- Caro... Caroline, arrête-toi, je vais te ramener.

- Non ! hurle-t-elle en se tournant vers moi, le regard sévère. Je ne vais aller nulle part avec toi. Tu es complètement inconscient ! Comment tu peux déclarer une chose pareille ? Ramener la honte sur ta famille devant des gens, sans aucune gêne !

Je sais que je ne dois pas la laisser me faire culpabiliser.

- C'est toi qui nourris cette honte. Tu t'en rends pas compte ?

- Moi ?? C'est toi, qui fait n'importe quoi ! Comme toujours. T'as au moins pensé à tes filles, ou tu t'en fiches ?

- J'ai fait que ça ! Et j'en ai plus qu'assez que tu penses savoir mieux que moi ce qui est bon pour mes enfants.

- Mais putain, c'est normal. T'as rien dans la tête !

Je perds patience. C'est vraiment la phrase de trop.

- Ok, tu sais quoi, bonne marche Caroline. Envoi un message quand t'es arrivée.

Avec ça, je me détourne d'elle. Et maintenant elle me hurle de revenir parce que « on n'a pas fini de parler ». Je sais pas ce qu'elle attend de moi, honnêtement. Rien de ce que je fais n'est jamais assez bien ou moral pour elle.

Jean vient à ma rencontre alors que je retourne à la véranda et me saisit le bras. Il n'a pas l'air compatissant, ni outré, il est juste... Le Jean que j'ai toujours connu, en fait.

- T'en fais pas, Toto... Je vais la ramener chez elle, mon frère. Je reviens ensuite, donc laisse pas Henri engloutir toute la bouffe.

J'apprécie qu'il n'en fasse pas tout un plat, ni ne prétende être surpris par mon annonce. Rien n'a besoin de changer, entre nous. J'opine en lui attrapant amicalement la nuque.

- On te mettra un plat de côté.

- Merci mon gars. À toute.

Le reste de la journée se déroule ensuite de manière acceptable. Jean revient moins d'une heure plus tard.

La légèreté du début n'est maintenant plus au rendez-vous, mais globalement, ça n'a pas gâché le déjeuner. On continue à discuter de tout et de rien autour de la table et d'une bonne bouffe.
Bien que quelques regards curieux - voire mal à l'aise - nous épient par instants Cyril et moi, nos proches se montrent ouverts d'esprit et compréhensifs. Surtout quand vient l'heure pour moi de leur demander de faire preuve de discrétion par rapport à mon couple.

Il me reste encore à dire la vérité à Ludmila pour être complètement serein, dans ma relation avec Cyril. Et à côté d'elle, la réaction de Caroline... c'est du pipi de chat.

💦

Pointe des châteaux : site naturel à l'extrémité de la ville de Saint-François. C'est littéralement la pointe de la Guadeloupe (et vive les jeux de mots 🤭).

Sinobol : glace pillée compactée dans deux gobelets (utilisés comme une sorte de shaker), puis le cône obtenu est recouvert de sirop.

À chaque fois qu'un abbé meurt : équivalent de l'expression française ''une fois l'an''.

Bonus insulaire :
(Les photos m'appartiennent)


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