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▫️ Chapitre 1

23 novembre 2014 - Aéroport de Muskoka, Canada.

Les mains fourrées dans son sac, à la recherche du petit pêché goût nicotine lui permettant de résister à son ancienne addicion, une jeune femme bouscula l'homme descendant tranquillement de son VTC.

Bâti comme l'était ce bougre d'un mètre quatre-vingt neuf, issu d'une union nambienne, ce fut la brindille de cinquante kilos tout mouillé qui chancela.

Elle se tordit le cou pour regarder en face la montagne à laquelle elle venait de se heurter.

L'homme se retourna et baissa la tête.

— Pardon, mademoiselle. Je vous avait pas vue. Ça va ?

Additionné à son visage fermé, souvent jugé trop dur, sa voix aux accents graves fit presque sursauter la jeune femme. Elle fronça ses fins sourcils, le fixant toujours d'un air penaud.

— Everything's ok ? repris alors Éphrem dans la seconde langue nationale.
[Tout va bien ?]

Cela suffit à ranimer la demoiselle, qui se confondit en excuses.

— Oh... Yea... Yes. I-I'm really sorry. I wasn't paying attention. Sorry.
[Oh... Oui... J-Je suis vraiment désolée. Je ne faisais pas attention. Pardon.]

— No worries. Have a nice day, conclut le voyageur d'un sourire avenant.
[Pas de soucis. Passez une bonne journée.]

La jeune femme repartit de son côté, prenant à présent bien soin de ne plus se laisser distraire durant sa marche.

Éphrem débloqua la poignée de son bagage, qui le suivit docilement sur quelques mètres. Il prit le temps de lever la tête pour admirer une dernière fois ce radieux soleil dans le ciel clair s'étendant au-dessus de sa tête. La mélodie enjouée de son portable vint néanmoins le déranger dans son avancée distraite vers la porte d'entrée de l'aéroport.

Poussant un soupir, il s'arrêta pour ouvrir la sacoche imitation cuir qu'il portait en bandoulière autour de son buste et décrocha. Nul besoin pour lui de regarder l'identifiant, la chanson qu'il venait d'interrompre froidement était associée à la belle-mère de son aîné.

— Tantie Nafissatou ! chanta le bordelais pour donner le change.

— Éphrem, mon garçon, bonjour. Tu es déjà arrivé à l'aéroport, j'espère !

— Oui, Tantie... J'ai dit à maman que j'étais en route y'a à peine une heure.

— Ah, bon. C'est bien, c'est bien. Parce vous, les Kaleb, je vous connais, deh. Vous êtes toujours en retard dans cette famille ! Ton frère même a failli rater le début de son propre mariage. Tu as déjà oublié ô ?

— Non, Tantie, répondit le jeune homme dans un rire bourru. Mais les avions, ça attend pas. Si je rate le mien, je vais devoir à nouveau payer un autre billet. Et ton fiston n'est pas riche, Tantie ! Donc je vais devoir te laisser.

— D'accord, d'accord. Pas de problème, mon fils. Bon voyage et embrasse ta grande maman pour nous quand tu rentres.

— Sans fautes, Tantie. Aller, bisous.

— Bises. Et n'oublie pas de rappeler Hadija pour lui dire quels médicaments elle doit acheter pour son fils !

Éphrem retint un soupir.

Bien malgré lui, ses proches avaient tendance à confondre son métier de préparateur en pharmacie avec celui de médecin...

— Oui, oui, j'ai pas oublié. Buh-bye Tantie Nafi.

Mettant avec un grand soulagement fin à cette conversation téléphonique qui aurait pu s'éterniser, le grand gaillard empli d'une bonne inspiration ses poumons d'air frais et revigorant. De quoi dissiper son appréhension... au moins quelques instants. Puis, tenant l'anxiété aussi loin que possible, Éphrem reprit sa marche vers les panneaux d'affichage qui lui indiqueraient son hall d'embarquement.

Interrompu dans la dégustation de son sandwich saumon/crudités, un jeune homme détailla attentivement le numéro de téléphone animant son écran.

La précipitation s'empara de lui lorsqu'il pensa le reconnaitre.

Il s'essuya rapidement la bouche à l'aide de son mouchoir, balaya ses mèches brunes sombres de ses yeux offrant la même tinte, et décrocha sans laisser sa voix trahir la fin de sa mastication.

— Caï Xiin ? Bonjour. Ici Nia Kitchi, de l'agence d'intérim. Je remplace actuellement votre interlocuteur habituel.

— Oui, je me rappelle votre appel précédent. Bonjour.

— Bonjour, répéta la femme au bout du fil. Je vous contacte dans le cadre de l'actualisation de votre dossier et de vos disponibilités.

— D'accord.

— Bien. Je vois que vous êtes interprète diplômé, recherchez vous toujours uniquement des missions dans cette branche ? Ou pouvons nous vous positionner sur un rôle traducteur de documents administratifs, par exemple ?

— Et bien... S'il n'y a pas d'offres disponibles dans mon domaine de prédilection, cela me conviendrait aussi.

— J'en prends note. Vos langues maîtrisées sont le français, l'anglais, le mandarin chinois et le taiwanais. Est-ce bien cela ?

— Tout à fait.

— D'accord. J'ai donc deux missions à vous proposer, il semble néanmoins que vous soyez indisponible pour un temps.

— Pendant deux semaines, oui. Je suis sur le point de prendre l'avion pour aller rendre visite à mes parents.

— Ah... Je vais tâcher d'être rapide alors.

Et elle le fut. Caï pu, après avoir accepté la mission de longue durée proposée pour le mois suivant, terminer la dégustation de son sandwich en toute joie. S'il était indéniable qu'il était passionné par son métier, en vivre se révélait bien souvent un défi assez ardu que l'homme faisait même passer avant sa vie privée.

Tandis qu'il tapait un texto à l'intension de sa mère, le ''doun, doun, doun'' en écho précédent chaque annonces résonna dans le hall où il attendait patiemment depuis plus d'une heure.

* Votre attention, s'il vous plaît. Les passagers du vol TX260, à destination de Paris Charles de Gaulle, sont appelés à la porte H pour le début d'embarquement. Merci. *

Trente-cinq minutes plus tard, Caï pénétrait tranquillement l'oiseau de métal.

Après s'être installé à son siège, il envoya enfin son texto à sa génitrice pour l'en informer. Omettant volontairement la bonne nouvelle du jour, qu'il préférait annoncer de vive voix une fois de retour au domicile familial.

Attendant le départ du vol, le niçois exilé au Canada depuis le début de ses études passa le temps en défiant son meilleur temps au jeu du Rubik's Cub. Son attention ne se détacha de ses faces colorées que lorsqu'une hôtesse apparue à hauteur du siège vide à sa gauche.

— Bonjour, lança-t-elle avec un large sourire.

Caï opina. Ses yeux quittèrent néanmoins la femme à la présentation impeccable dans son bel informe beige, pour se poser sur l'homme à la stature impressionnante venant rejoindre cette dernière.

— Voilà, monsieur Kaleb, je vous laisse vous installer, annonça la femme au chignon roux.

— Merci, souffla l'intéressé.

Caï décela sous ses yeux bruns des petits cernes trahissant une certaine fatigue. L'hôtesse laissa le jeune homme ranger son bagage à mains dans le compartiment en hauteur, sans le moindre effort pour atteindre ce dernier. Elle reprit pendant qu'il s'installait.

— C'est vraiment très gentil de votre part de bien avoir voulu céder votre place à ce jeune papa. Au nom de Canadian Airlines, je m'excuse encore pour le dérangement.

— Ce n'est rien, assura l'homme à la peau ébène sous le regard curieux de son nouveau voisin de voyage.

Il conclut ensuite d'un air résigné :

— Les erreurs de réservation, ça arrive à tout le monde.

— Merci de votre compréhension. Je vous souhaite un très bon vol, lança poliment la femme en uniforme, avant de s'envoler vers sa tâche suivante.

— Ça c'est moins sûr, grogna le nouvel arrivant.

Tentant difficilement de ranger ses grandes jambes dans le petit espace alloué par le siège lui faisant face, il tourna brièvement la tête vers l'homme asiatique à ses côtés.

— Bonjour, le salua-t-il.

— Bonjour, répondit le brun.

Remettant le souk dans ses facettes à couleurs, Caï retourna au challenge l'opposant au chronomètre de son téléphone. Cependant, le tressautement incessant du genou de son voisin de gauche contre l'arrière du siège d'en face empêchait sa concentration. Pour la troisième fois, donc, l'interprète lança un regard de biais au jeune homme.

— Désolé... souffla sur le coup ce dernier en détournant les yeux du fil d'actualité défilant sur l'écran de son portable.

Il eut tout de même l'air un brin gêné en reprenant :

— C'est un tic nerveux. Je ne suis jamais rassuré, en avion.

Caï opina.

— C'est compréhensif, répondit-il, les yeux pleins de compassion. Nous n'avons plus le moindre contrôle sur les événements, une fois dans les airs. Mais si ça peut vous rassurer, statistiquement parlant, il n'y a qu'un accident aérien de ressencé tous les douze millions de vols. Nos chances d'arriver à Paris en un seul morceau sont donc plutôt larges, dit-il avec un sourire chaleureux.

— Ouais... Reste plus qu'à espérer ne pas être dans un jour de malchance, grogna l'autre, peu rassuré. Au fait, je m'appelle Éphrem, reprit-il en ancrant son regard franc dans celui de son voisin. Si je dois t'insupporter durant tout le vol, autant que tu saches contre qui tu vas pester intérieurement.

Cette remarque eut le mérite de tirer un rire à l'homme assit côté hublot, qui abandonna alors son excès de politesse.

— Charmante intention de ta part, répliqua-t-il gentiment. Moi c'est Caï, avec un ''C''... Si tu veux savoir qui tu vas enquiquiner le long de ce vol.

Au tour d'Éphrem de rigoler.

Les deux hommes s'avisèrent un instant, sourire amical aux lèvres. Éphrem ne manqua pas de contempler celles, plutôt charnues, du dénommé Caï. De même que ces mignons yeux foncés, cachés sous les mèches bouclés tombant sur son front ; les plus longues de sa coupe au bol moderne, au style dégradé.

Peu habitué à une attention aussi franche, Caï se pinça les lèvres sous le regard parlant du bel âtre un peu anxieux lui faisant face et brandit machinalement son Rubik's Cub.

— Ça m'aide à m'occuper l'esprit. Tu veux essayer ?

— Ce bidule ? s'étonna un Éphrem dubitatif. Il va plutôt me pousser à la folie...

— Mais non, c'est assez simple en fait. Je peux te montrer, si tu veux.

— OK... On n'a que ça à faire, de toute façon, accepta finalement le jeune homme, avec un très mince sourire.

Et jusqu'au moment du décollage, Caï coacha volontiers son voisin de voyage. Cela le changeait du quotidien assez solitaire qu'il s'était construit.

Ils firent ainsi plus ample connaissance, tout en passant le temps. Âgés respectivement de vingt-neuf et vingt-sept ans, l'un se rendait en France pour visiter ses parents, qu'il n'avait plus revu depuis quelques années déjà, et l'autre y rentrait après le mariage aussi éreintant que festif de son grand frère.

— Tu veux un chewing-gum ? proposa Caï lorsque vint l'heure du décollage.

S'étant raidit aux premiers bruits de moteurs du monstre mécanique, Éphrem tourna partiellement ses yeux inquiets sur le brun.

— Quoi ? questionna-t-il, incertain.

— Pour éviter les acouphènes durant le décollage, expliqua le franco-canadien. Puis tu pourrais regarder le paysage par le hublot, comme j'aime le faire. C'est assez apaisant.

— Non, j'ai le vertige, grimaça Éphrem.

— Oh...

— Mais... Je veux bien un chewing-gum, s'il te plaît.

Caï s'exécuta en adressant à son nouveau camarade un faciès rassurant. La voix calme du pilote tint aussi ce rôle pour tous les autres passagers.

* Mesdames et messieurs, bonjour. Il est actuellement 9h45, heure locale, et nous nous apprêtons à décoller. L'heure d'arrivée est prévue à... *

Éphrem n'écoutait pourtant pas, concentré sur les ronrons et les grondements de l'appareil qui se mettait en marche. Ils étaient bien trop perceptibles, malgré ses mastications de gum frénétiques.

Caï le couvrit d'un regard empathique, ne voyant pas vraiment que faire d'autre pour calmer les nerfs de ce grand peureux. Nonobstant l'agitation de ce dernier et les pleurs du bébé quelques rangées plus en avant, la phase de décollage se déroulera pour le mieux. Et une vingtaine de minutes plus tard, son voisin de voyage semblant calmé, le brun était déjà plongé dans le début d'un film à suspens.

— C'était quoi ce bruit ?? paniqua soudain Éphrem.

Serrant à nouveau les accoudoirs entre ses doigts vigoureux, il se redressa vivement dans son siège.

Le retour de sa nervosité poussa Caï à suspendre le visionage de son film, avant d'abaisser son énorme son casque audio.

— Qu'y a-t-il ? s'enquérit-il.

— T'as pas entendu ce bruit ?? s'anima Éphrem, le regard aussi hagard que préoccupé. On aurait dit que ça venait de derrière.

— Non, je n'ai rien entendu... Tu devrais essayer d'écouter un peu de musique, ça t'aideras peut-être à te détendre.

— T'as raison, haleta le bordelais. Je vais essayer... Désolé d'être un tel relou.

Caï inclina légèrement la tête, dégagea ses cheveux fins de ses yeux d'un petit geste de l'index, et répondit d'un sourire honnête :

— Ne t'inquiète pas, tu ne me déranges pas. Si je peux aider à rendre ton vol plus agréable, n'hésite pas à me le dire.

Éphrem sourit intérieurement devant cette proposition alléchante. Ne laissant jamais une opportunité lui filer entre les doigts, il s'apprêtait à lancer une réplique équivoque quand les insignes lumineuses indiquant la nécessité d'attacher les ceintures s'allumèrent subitement.

En simultané, la voix d'une hôtesse surgit dans les enceintes.

* Nous demandons à tous les passagers de rejoindre sans plus tarder leurs sièges et de boucler leurs ceintures. Je répète... Tous les passagers sont invités à regagner leurs sièges sans plus tarder, et à boucler leurs ceintures. *

— C'est pas normal, ça. Si ? s'alarma derechef le dragueur désarmé. Tu vas pas me faire avaler que c'est normal ?

Étant d'une nature calme et rationnelle, Caï tenta de relativiser.

— On entre peut-être dans une zone de turb-

Des cris effarés résonnèrent en cascade, plusieurs sièges plus loin, et remontèrent jusqu'au deux hommes tel un tsunami déchaîné tandis la cabine toute entière était remuée par de violentes secousses.

Les masques à oxygène tombèrent du plafond dans le plus grand des chaos. Des cris, pleurs et jurons couvrirent les consignes hurlées par l'hôtesse. La plupart des passagers étaient sans conteste sous un choc trop intense pour les appliquer.

— Bordel... On va mourir ! geignit Éphrem, les yeux exorbités.

Son corps, devenu rigide malgré un cerveau et un cœur tournant à plein régime, était paralysé par la peur. Il ne voyait pas sa vie défiler devant ses yeux comme l'idée populaire l'intimait. Non.. Il voyait les larmes de sa mère à l'annonce de la terrible nouvelle. L'amertume et la culpabilité infondée de son frère aîné, ainsi que l'affliction de toutes ces autres personnes auprès desquelles il pensait encore avoir des années d'anecdotes et de joie à partager. Ces personnes auxquelles il aurait souhaité pouvoir dire au revoir...

— Enfile ton masque ! s'égosilla Caï.

Son visage étant déjà paré du sien, il aida de ses mains tremblantes Éphrem à mettre le bout de plastique qui lui ajouterai peut-être une petite chance de survie. Bien qu'aujourd'hui, la chance ne sembla pas de mise.

Le brun partageait à présent la panique de l'autre homme au centuple. Autant les hurlements d'horreur que les crissements et secousses de l'appareil en chute libre, nez piqué en avant, ne firent que s'intensifier. Les deux hommes en hyperventilation se regardèrent dans les yeux.

Si les dernières pensées d'Éphrem furent habités par ses proches, celles de Caï le furent par le vide sentimental qu'avait été sa vie.

— J'ai vécu seul... haleta-t-il difficilement, les yeux emplis de larmes de désespoir. Je ne veux pas mourir seul, insista le petit brun.

— T'es pas seul, Caï, articula Éphrem dans un souffle pénible, avant de reprendre : On est ensemble... On va rester ensemble jusqu'à la fin.

Caï opina. Abandonnant d'une main l'accoudoir auquel il se cramponait, il posa cette dernière par-dessus celle d'Éphrem, qui l' enserra.

Les deux hommes ne se lâchent pas du regard. Se serrent les mains, le cœur... sans même ressentir la douleur lancinante de cette étreinte acharnée.

Le crash inévitable qui suivit mit fin à la terreur aérienne de tous les passagers du vol TX260, ayant décollé quelques dizaines de minutes plus tôt de l'aéroport international de Muskoka.

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