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▫️Chapitre 1

🌿 Herbe à pique 🌿

Mon smartphone couché dans la main et les yeux rivés sur l'écran, je fais glisser les profils sur cette appli de rencontres.

Tinder...

On y trouve de tout, c'est à la fois une aubaine et un cauchemar.

Il m'est arrivé de tomber sur des énergumènes assez... spéciaux, si on peut dire. Autant des cas sociaux en mal d'amour que des fous furieux avec des comportements et tendances bizarres.

Moi, je suis clair dès le début. Je ne souhaite que des rapports sexuels, avec d'autres hommes.
En place de mes yeux clairs intriguants et de mon charmant sourire, j'affiche l'image avantageuse de mon buste athlétique et mes abdominaux en photo de profil. Additionné à une description très directe, ça annonce la couleur.

Je suis homosexuel. Je pourrais dire que je l'assume, pour autant personne de mon entourage n'est au courant. Parce que... bah, c'est compliqué pour un antillais de vivre sur sa petite île aux mentalités fermés avec cette étiquette.
Ce serait un cliché de dire que tout le monde se connaît, pourtant ce n'est pas très éloigné de la réalité. Les rumeurs se propagent comme le coronavirus qui nous frappe en ce moment. Avec autant de rapidité que d'effets néfastes sur les familles et les personnes les plus fragiles.

J'aime ma vie telle quelle, je tiens à ce qu'elle reste tranquille. Mon ex serait capable de m'empêcher de voir les filles. Mes adorables abeilles jumelles, Amandine et Adélaïde. Petites têtes brunes pleines d'énergie, aux yeux noirs pétillants de curiosité illuminant leurs frimousses de chaton. Mes princesses vont bientôt souffler leurs six bougies respectives et sont tout pour moi, ma plus belle réussite. Mais avec leur mère, c'est une autre histoire.


À l'époque, j'ai fait pas mal de conneries. Certaines pour impressionner des potes, d'autres pour taire leurs interrogations au sujet de mon orientation... Je me suis montré irresponsable. Mais à l'annonce de la grossesse de Ludmila, j'ai assumé mes responsabilités et me suis montré attentif.

La parentalité est une expérience dans laquelle on s'est plongés à deux, c'est pourtant Ludi qui l'a vécu le plus intensément au début.
J'ai eu la chance de pouvoir l'accompagner tout du long. Ça n'a pas été facile, vu ses humeurs et les miennes, mais sentir ces petits êtres bouger dans le cocon protecteur qu'est le ventre de leur mère est à la fois étrange et magnifique. J'aurais été con de rater ces premières sensations de bonheur, liées à mes filles...

Malheureusement, quand les sentiments sont à sens unique, le ressentiment et la haine s'installent vite. Mon manque d'implication et de sérieux en ce qui concernait notre relation ont rendu Ludmila excessivement jalouse. Elle se doutait que je la trompais, même si elle n'a jamais su que c'était avec des mecs... Ses crises se voulaient hautes en couleur et me coûtaient souvent des effets personnels, aussi bien que l'achat de nouveaux pneus. C'était sa seule façon de m'atteindre un minimum.

Pas faute de son côté d'avoir tenté d'en venir aux mains, ce à diverses occasions. De mon ton le plus brigand je la prévenais alors que si elle s'aventurait à taper comme un bonhomme, je la traiterai aussi comme tel. Elle m'affublait de divers noms, rappelant ou rimant avec le mot 'connard'. Mais au moins, elle comprenait que basculer dans la violence physique n'était pas la solution.

Face au trop plein de frustration, j'ai décidé de mettre un terme à notre semblant de concubinage. C'était mieux pour tout le monde. En grandissant, les jumelles commençaient à comprendre et subissaient nos conflits.

Le bonheur et le bien-être, c'est tout ce que je veux apporter à mes petites. Je le fais mieux loin de leur mère.

Malgré tout je respecte beaucoup Ludmila, compte tenu de la place qu'elle occupe auprès des filles. Mais la seule chose sur laquelle on s'entende bien, c'est la garde partagée.
On l'a mise en place à l'amiable, suite à des négociations acharnées de ma part et avec l'appui de ma famille.
Ludi et moi n'étions pas mariés, l'intervention d'un avocat aurait sans doute été trop coûteuse. Donc mes liens avec nos bébés dépendent encore en grande partie de son bon vouloir...

Mes iris ambrés quittent un instant mon petit écran pour en épouser d'autres, plus conséquents. Les moniteurs alignés projettent les images de caméras, surplombant certains couloirs de la clinique privée du Fleuve Bleu, les sorties de secours et le parking, où est garée Séraphe. Ma moto.

Et, mh ? Ouais... Je fais mes emplettes sexuelles en ligne sur mon lieu de travail. Vive le sérieux, je sais.

À ma décharge les nuits sont très calmes ici. Le peu d'action provient de quelques vagabonds, animaux ou humains, et de rares petits malins. Il arrive que des individus tentent d'escalader les fenêtres pour rendre visite à des copines, ou des potes, séjournant en nos murs.

Ce soir, tout parait tranquille. Je lève la tête et regarde l'heure indiquée par l'horloge murale, fixée deux mètres derrière les moniteurs.

Je soupire. Place à ma ronde de surveillance.

Le fait que les soirées soient généralement paisibles ne signifie pas que je peux relâcher la vigilance.

Je recule ma chaise à roulettes et me lève, avec l'impression d'avoir le cul aplatit suite à l'heure passée en position assise. Je jette machinalement un regard demi circulaire en dehors de la pièce exiguë où je suis debout.

Les parois sont toutes les quatre équipées de grandes vitres blindées, descendant environ à hauteur de taille. Deux donnent sur le dehors, les deux restantes présentent le hall de la clinique. Elles me permettent de voir les menaces imminentes, depuis mon poste.

Ce kiosque de sécurité est annexe au bâtiment. Il est situé à l'extrême gauche de l'entrée principale. Il n' y a pas grand chose ici, hormis les serveurs et la table rassemblant les écrans de vidéo surveillance, un placard contenant des produits de premier secours. Un autre contient nos en-cas, les miens et ceux de ma collègue Diane, puis y'a le petit frigo dans un des coins.

Aucun signe d'activité à l'extérieur.

Un coup de gel hydro sur les mains, pour le plaisir, puis je procède à une check-list rapide :

- Clés de l'établissement, dans ma poche.
- Lampe torche, attrapée et hop, accrochée à ma ceinture.
- Matraque, suspendue à son attache.
- Liens de serrage en plastique réservés aux forcenés, en place.
- Portable pro, à mon ceinturon, dans l'étui dédié
- Portable perso, glissé dans ma poche arrière.
- Masque chirurgical stérile, dans son sac plastique et enfoncé dans une poche. Des fois que je croise un abruti, dehors.

Je crois qu'on est bon. Deuxième vérification au cas où... Ok, nickel. Mes yeux s'assurent à nouveau qu'il n'y a personne dans les environs, puis j'ouvre la porte et la referme derrière moi dans la seconde.

Une brise légère me fait frissonner. Je remonte mon col, la fermeture éclair de mon blouson, et commence à marcher, les mains bien au fond de mes poches.

L'endroit est bordé par la végétation. Arbustes, buissons, arbres, s'étendent pour dépeindre un paysage qui se veut apaisant. Il y a même un petit parc avec des bancs, des parterres de fleurs et des rochers décoratifs... Je ne suis pas quelqu'un qui devient extatique devant Mère Nature. En plus, y'a pas plus frileux que moi et tout ce vert retient l'humidité.

En dessous de 20°C, pour peu qu'il y ait un peu de vent ou de la pluie, j'ai l'impression de me transformer en glaçon... Je déteste le froid. Raison pour laquelle je me sens bien en Gwada*.

Une partie de mes amis d'enfance est partie vivre en France hexagonale, sous l'excuse de meilleurs débouchés professionnels après le lycée. Certains sont revenus à la fin de leurs études, d'autres pas.

Je me suis d'ailleurs fait avoir par un ce ceux qui se plaisent là-bas, il y a deux ans.

« Allez, viens, m'avait-il dit, tu verras, ce n'est pas si terrible. Puis tes filles vont adorer passer un Noël sous la neige. »

La façon la plus aisée de me rouler, c'est de mentionner l'intérêt des jumelles. Alors évidemment, j'ai accepté et négocié avec Ludi qui m'a concédé le voyage.
Les filles et moi ne sommes pas partis à Noël, mais sur une des deux premières semaines de Décembre 2019, qui m'étaient dédiées pour la garde alternée.

Adé et Didi ont été émerveillées : par l'avion - première fois oblige, les parcs d'attraction, les rencontres avec le Père Noël, et ces satanés flocons blanc impétueux tombant du ciel...
Moi ? J'étais à deux doigts de clamser à cause des températures négatives. Le seul point positif, a été l'incessant bourdonnement de mes heureuses abeilles. Il m'a réchauffé le cœur.

Ce sont de bons souvenirs, juste avant toute cette folie autour du covid et le délire du confinement l'an dernier.

Là, on est au mois d'avril en 2021 et j'ai le sentiment que l'insouciance et la liberté de 2019 remontent à des années lumières...

Oh, ma fesse droite vibre.

Ma main sort d'une poche pour plonger dans une autre. Il est minuit, qui peut bien m'appeler à cette heure ?

Après un bref coup d'œil à l'identifiant, je décroche en fonçant des sourcils.

— Maman ?

— Toto, sa voix est un peu tremblante, voir paniquée, je crois qu'il y a des gens dans la serre !

Ma mère, Nadine, est herboriste. Son commerce est modeste et subsiste depuis une dizaine d'années. Notamment porté par un bon bouche à oreille, mais surtout grâce à l'efficacité de ses herbes et des produits qu'elle concocte.

— T'es sûre ? je lui demande.

— Pas totalement, mais les chiens de la voisine n'arrêtent pas d'aboyer et j'ai entendu un pot se casser... Mr Valeyo a perdu tous ses plants d'herbe à pique la semaine dernière. Tu t'en rappelle ? Je ne veux pas subir le même sort !

— Ouais, je comprends.

Une rumeur assure que cette plante, endémique à notre archipel, guérit le nouveau coronavirus en quelques jours.

Les gens se sont rués dessus en pharmacie. La rupture de stock est vite arrivée, les particuliers en possédant se font désormais vandaliser par des personnes sans scrupule.

La serre de Nana n'est pas des plus sécurisée, j'entends son inquiétude. Pour autant, j'essaie de dédramatiser pour qu'elle ne s'emballe pas.

— C'est peut-être des chats errants.

— Ou des scélérats ! Reste en ligne, je vais aller voir.

Merde, la tentative n'a pas eu l'effet escompté.

— Non M'man, reste à la maison.

Mon ton calme extérieur ne reflète pas fidèlement mon inquiétude face à la situation. Ma mère s'en indigne.

— « Non » ? Je ne vais pas laisser les gens me voler comme ça !

Mais elle est folle ou quoi ? Elle n'a qu'à appeler les flics. Enfin, je ne peux pas lui dire ça de cette façon sans signer mon arrêt de mort.

— Ce ne sont que des plantes, si on te les vole tu fais une déclaration et tu les remplace. On fait quoi si t'es victime d'une agression en poursuivant des inconnus, au bon milieu la nuit ?

— Mh, tu as raison... me répond-elle après une courte réflexion.

J'en suis étonné. Le seul fait de l'admettre doit lui écorcher la bouche, j'en suis sûr.
Mes sœurs et moi sommes têtus, souvent aussi de mauvaise foi, et je crois savoir d'où ça nous vient.

Comme on dit, l'âge amène certainement la raison.

J'ai un petit sourire, sans joie, et reprend :

— On verra l'étendue des dégâts demain. Je demanderai aux voisins si quelqu'un a vu quoi que ce soit. Compose le 17 si t'entends encore des bruits.

— D'accord mon fils. Bon, je ne te dérange pas plus longtemps. Soit prudent au travail.

— Comme toujours, M'man. Bisous.

— Oui, à demain.

Elle raccroche. Un léger rire m'échappe.

Ma mère est super directe, elle va droit au but puis au revoir. On pourrait croire qu'elle se fiche de beaucoup de choses, alors que c'est tout le contraire. Il n'est juste pas dans son caractère de s'étendre indéfiniment en blablas, malgré une affection débordante.

Je plonge mes mains et mon téléphone dans les poches douillettes de mon blouson. Sous l'éclairage automatique, ma ronde vide d'événements continue. Mes pensées restent néanmoins avec Nana et la serre. Je vais devoir trouver de la main d'œuvre, pour m'aider à retaper cette dernière...

Nos parents sont séparés depuis une quinzaine d'années. Mon vieux n'assurait pas son rôle de mari, ni même celui de père, donc la daronne s'est toujours débrouillée par ses propres moyens. Que ce soit pour élever la fratrie de trois - dont je suis le benjamin, ou un peu plus tard, avec sa société.

Cependant elle ne rajeunit pas et s'est donc octroyé un unique employé, deux ans en arrière. Entre temps, je me dépatouillais avec ma rupture.

Le jeune homme est vite apparu comme peu investi. Puis la crise sanitaire a impacté 'Le jardin de Nana' de façon positive, si je peux me permettre l'expression. Dans le sens où la population locale s'est tournée en masse vers les remèdes de grand-mère, en vue de booster leur système immunitaire. Romuald, l'employé, s'est avéré contre productif.

Sous l'activité accrue, il s'emmêlait les pinceaux dans les livraisons, ne respectait pas les gestes barrière et pour couronner le tout, Maman a eu des retours peu flatteurs sur son attitude face aux remontrances des clients.

Elle l'a vite viré. Mais il est devenu impossible pour la sexagénaire d'assurer les livraisons en plus des préparations de commandes. C'est ainsi que Super Toto, le fils dévoué, est entré en scène !

Je m'occupe depuis de livrer les clients qui ne peuvent ou ne veulent se déplacer jusqu'à chez nous. Mais surtout d'épauler Mamoune dans ses tâches quotidiennes. C'est une vraie campagnarde. En plus de l'entretien de ses plantes, de la maison et de son petit domaine, elle a des animaux de basse-cour à nourrir dès le matin et à rentrer au crépuscule.

Ça me fait une belle jambe. Pas que je sois contre, j'ai grandis entouré de cocottes, d'oies, de cabris et des responsabilités allant avec. Sauf qu'être 'éleveur amateur', ça me botte pas plus que ça.

Mais bon... J'habite à titre presque gracieux l'appartement au premier étage de la maison familiale, depuis deux ans déjà. J'estime donc qu'aider ma mère est le minimum requis.

Quand je n'occupe pas mon temps libre à la recharge de ma batterie interne, je vais et viens avec mes pagnas*. L'épidémie a un peu perturbé nos habitudes. Généralement on se rejoint au moins une fois par semaine. On mange, bois, joue aux cartes ou dominos à différents endroits, drague... Sur ce dernier point je me contente de rigoler de leurs conneries.
Bien que je cache mes aventures, je ne fais plus semblant de m'intéresser aux femmes. Mes potes savent que l'expérience avec Ludmila était catastrophique et qu'avoir mes filles dans ma vie me suffit amplement.

À dire vrai, je crois bien que Jean, mon frangin de cœur, a parfaitement conscience que je suis gay. Pour autant, sauf si un de nous deux demande conseil, il s'occupe de ses affaires et moi des miennes. Que tout le monde sache faire pareil, allégerait bien des existences...

Après une vingtaine minutes de marche et d'œillades autour de la clinique, j'arrive au parking - coucou mon bébé - puis parcours les quelques mètres me séparant du kiosque.

Regard à gauche, regard à droite, seule l'obscurité m'observe en retour.

Je fourre la clé dans la serrure, ouvre puis referme la porte. Quelques pas de plus me portent jusqu'à la table, où je dépose tranquillement mon équipement avant de m'asseoir dans mon siège.

Gel hydro, puis un coup de lingette désinfectante sur mon tel perso, et je suis reparti pour une heure de surveillance via les caméras.

Je laisse tomber Tinder au profit de Netflix. Aucun des deux n'est réglementaire durant mes heures de boulot, mais je fais confiance aux grillons pour ne pas me balancer.

🌿

*Un.e renoi.e (argot) : une personne ''noire''

*La Gwada (créole) : diminutif de Gwadloup ou Gwadeloup, qui signifie Guadeloupe.

*Un.e pagna (créole) : un.e pote, ami.e

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