Discussion
Nous entrons dans la salle à manger ? Une salle de banquet plutôt !
À l'intérieur, une table longue, assez grande pour cinquante personnes. Des cheminées ou brûlent les feux qui réchauffent l'immense pièce. Des tableaux de plus d'un mètre cinquante de haut et deux mètres de large habillent les murs. Sur la table ce n'est pas un repas mais un festin : de la dinde, du sanglier et autres gibiers trônent au milieu de légumes et verres de vin. Je suis étonné, j'ai l'impression de me retrouver dans un autre siècle.
Nous prenons place. Damon en face de moi aux cotés de Katarina et moi à ceux du docteur Cullen. Nous commençons à manger dans le calme mais je ne tiens plus: «Alexander? Comment connaissez-vous ma petite amie?
-D'après le majordome, elle est venue souvent en après-midi mais personnellement je ne l'ai rencontré que deux fois lorsqu'elle est restée dîner en notre compagnie.
-En votre compagnie? Je suis étonné qu'elle ne m'ait pas prévenue.
-Sans vouloir vous vexer il me semble qu'elle préférait la compagnie de Katarina à la vôtre.
-De quoi vous a-t-elle parlé (je serre les mâchoires. Comment ose-t 'il dire une chose pareille) ?
-De choses intéressantes notamment qu'elle était policière dans la section criminologie et bien d'autres choses.
-Elle est policière. De quoi vous a-t-elle parlé d'autre Alexander?
-Serait-ce un interrogatoire? Je sais que c'est courant d'interroger les gens dans la police mais de là à m'interroger alors que j'essaie de vous aider c'est irrespectueux! Je n'ai rien d'autre à vous dire. Il se fait tard alors après votre repas allez dormir dans l'une de nos chambres. J'ai horreur que nos chauffeurs roulent tard la nuit.
-C'est trop aimable de votre part. Peut-être devrais-je vous présenter des excuses pour mon interrogatoire. »
Alexander me dit qu'il peut être compréhensif parce que ma petite amie a disparue donc que cela me concerne personnellement. Je me pose vraiment des questions à son sujet.
Le dîner continue avec des discussions tout à fait banale, Alexander a l'air décontracté, gentil et attentif aux autres. D'ailleurs, il parle de la blessure que Katarina s'est faite. Il y a trois jours, elle est tombée dans les bois pendant sa promenade et s'est ouverte au niveau du ventre. Alexander l'avait défendue de courir mais elle n'en faisait qu'à sa tête. Chaque jour elle courait plusieurs heures et ce n'était pas sa blessure qui allait l'en empêcher. Ce soir elle a voulu prouver aux deux garçons que sa blessure ne lui faisait plus mal et elle s'est ré-ouverte en forçant de trop.
Je me dis que, pour un docteur, laisser une personne qui perd beaucoup de sang au ventre, sans même lui donner un tissu et lui dire de bien comprimer la plaie avec et se mettre à discuter avec un inconnu et prendre le temps de faire une demi-heure de trajet en voiture avant de seulement aller la soigner est un peu abuser.
Je me dis que sous ses airs d'homme avenant et parfait il pourrait se cacher un dangereux psychopathe qui aime faire du mal et torturer ses victimes...Je frissonne. Si c'était vraiment cela? Si Jenna avait été torturée? Que son corps ait de nouvelles cicatrices? Il faut que je la retrouve au plus vite! Et ce n'est pas en restant planté là, sur une chaise que j'allais savoir la sauver.
Je décide donc de mettre un terme à mon repas. Je dis aux frères Cullen que le repas était délicieux mais que j'aimerai me reposer et si possible me doucher. Alexander mange c'est donc Damon qui appelle le majordome pour lui demander de me conduire dans une chambre de l'aile Est. Je suis donc le majordome. Nous montons au deuxième étage, je fixe mes pieds en réfléchissant et la tête commence à me tourner. La fatigue, la terreur qui m'accable, la sensation de perte et le fait que ce sont des escaliers en colimaçons ne m'aide vraiment pas à rester debout. Enfin nous nous retrouvons devant un couloir. Il est assez long faiblement éclairé et une dizaine de chambres s'y trouve de chaque côté du couloir aux allures de films d'horreurs.
Lorsque je passe devant la première chambre sur ma gauche j'entends une longue plainte féminine suivie d'une quinte de toux étouffées. Je fixe le majordome. Il me répond que l'invitée du docteur Cullen est malade depuis son arrivée. Je lui demande depuis quand l'invitée du docteur est ici. Il me répond '' depuis hier monsieur''. Depuis hier...et comme par hasard Jenna a appelé ici hier? Maintenant que je sais que Jenna se trouve ici dans le même couloir que moi, j'ai la terrible envie de courir dans la chambre pour la délivrer. Sauf que c'est sûrement un piège.
Je pense que je risque d'avoir de gros ennuis si cela s'avère être vrai et de mettre Jenna dans une situation encore pire qu'elle ne l'est déjà. Je dois réfléchir à une manière de sorte que je puisse délivrer ma petite amie...à devoir la porter sans faire de bruit. Elle est sûrement blessée car elle n'a pas l'habitude de gémir de douleur aussi facilement et ensuite, je devrais trouver le moyen de nous échapper.
Le majordome me montre ma chambre et repars dans le silence. Mon envie irrépressible de courir jusqu'à la porte où elle se trouve et aller la chercher me reprends mais...je n'ai pas de plan et sans plan nous sommes perdus. Je vais donc dans la salle de bain attenante, pour prendre un bain et essayer d'oublier que c'est une personne que j'aime qui est en danger mais une personne que je ne connais pas comme j'ai l'habitude avec mon travail.
Au début je pensais à appeler Ed pour lui demander conseil mais je me suis rappelé que cet idiot d'Alexander l'avait réduit en bouillie en me percutant avec ses livres. Mais en fait il n'est peut-être pas si idiot que cela. En y réfléchissant. C'est vrai, c'est lui qui m'a proposé de venir chez lui, c'est lui qui a bousillé mon portable, c'est lui qui semble faire peur à Damon et Katarina, c'est lui qui a donné des informations pertinentes sur Jenna, qui ont attisés ma curiosité, c'est lui qui m'a obligé à rester ici et c'est lui qui a une invitée dans une chambre depuis hier qui semble mal en point et qui est sans nul doute ma petite amie! Mais oui ! C'est lui! Comment ais-je fais pour être aveugle à ce point ? Mais comment ais-je fais? Le crétin dans l'histoire c'est moi...
Je dois me rattraper. Je sors précipitamment de la salle de bain et m'assied sur le bord du lit. Je fixe ma montre: 22h41. Je vais encore attendre jusqu'à vingt-trois heures et ensuite je me glisserais sans bruit dans le couloir sombre. Après je vérifierais si la porte serait fermée à clé et si c'est le cas je chercherais un moyen pour forcer la serrure dans le silence et entrerais. Par la suite je libérerais Jenna et trouverais un moyen de sortir sans être repéré.
Je n'ai toujours pas trouvé d'issue car la porte d'entrée principale est fermée à double tour depuis mon arrivée et la serrure fait un bruit atroce lorsque l'on active le mécanisme interne. La porte de la terrasse donne accès au jardin qui est clôturé de part et d'autre de la face sud du manoir. La seule issue pourrait être par les toits mais c'est dangereux si Jenna est blessée et toutes les fenêtres donnent sur la face ouest du manoir là où dorment Alexander, Damon et Katarina. Ils en ont parler pendant le dîner. Donc je n'ai toujours aucun moyen de nous échapper sans danger alors que ma montre indique vingt-trois heures.
Je ne peux plus attendre. Au diable si je n'ai pas encore trouvé de sortie. Je finirai bien par en trouver une et Jenna sera sauvée. J'ouvre donc la porte de ma chambre doucement. Aucun bruit ne s'en échappe. Je regarde dans le couloir, mon cœur battant à tout rompre. Personne. Je traverse le long couloir, tous mes sens aux abois. J'ai l'impression de me retrouver à mes seize ans dans les couloirs sombres des sous-sols de mon ancien lycée, lorsque je devais retrouver les amies de Jenna et les miens alors qu'un psychopathe avait tué une femme et un homme et que nous étions les prochains sur sa liste. Je ressens la même angoisse qui monte au fond de moi lorsque j'ai vu le fou s'approcher de Jenna avec son couteau. Mais je ressens aussi cette force de vouloir la protéger à n'importe quel prix, la même force qui m'avait poussé à pousser Jenna loin du fou et de me battre avec lui alors qu'il avait un couteau et que la lame, même si je ne le savais pas encore, était empoisonnée et que j'avais été blessé.
J
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