Le début de leur voyage fût étonnamment calme pour les deux druides. Après avoir voguer en mer pendant deux journées consécutives, ils arrivèrent au port de Menethil, petite ville côtière humaine. Delà ils prirent leur formes de voyages respectives et traversèrent les différentes contrées des Paluns pour aller à la capitale des nains Forgefer.  Broll profita de cette partie du voyage pour questionner Tarenn sur ses souvenirs et sa relation avec Hamza. Bien vite, il observa une grande frustration de la part de l'Archidruide. Tarenn avait beaucoup de difficultés à raconter toutes ses "aventures" qu'il avait vécu sur les terre glacées du Norfendre, mais surtout il taisait la plus part des passages avec Hamza.

- Tarenn, je cherche à comprendre Hamza, mais tu évites le sujet a chaque fois. Le peu que tu me racontes semble qu'il pourrait être assujetti à une dédoublement de la personnalité, ai je raison ?

- Es ce que tu connais des prêtres ombres? demanda Tarenn

- Quelques uns. Je n'entretiens pas d'amitié avec eux, leur magie est trop différentes de la notre, mais je sais comment ça marche, ils invoquent les Ombres.

- La plus part de ce que je connais, ont reçu une formation auprès d'un vrai mentor. Pris dès leur plus jeune age, ces prêtres contrôlent les ombres... Ce n'est pas le cas d' Hamza.

- Je vois,

- Durant notre combat contre le Nérubien, il a jeté un sort, un sort interdit pour ceux qui ont emprunté les voix du sacré, comme Hamza. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris. D'après lui, il a paniqué et a lancé le sort, alors que pour moi, nous avions l'ascendant sur notre ennemi.

Tarenn se tut. Il revivaient l'escarmouche avec le Vizir Nérubien. Peut être qu'Hamza avait été  pris dans une vision produite par le Nérubien ? Et si finalement il était pris d'une quelconque malédiction qu'il n'avait pas su détecter ?

Tarenn grommela et se concentra sur la suite de son histoire : 

- A la fin de notre affrontement, ses yeux ont changé de teinte. Puis par la suite, c'est son caractère qui s'est modifié. Il s'est mis à parler tout seul et à entrer en transe ci et là. Ces propos étaient violents et des fois incohérents. Même sa façon d'être avait changé... Il est devenu manipulateur. Il était quelqu'un d'autre. Pourtant à des rares moments, j'avais l'impression qu'il revenait à lui.

- Ouais, une double personnalité, cela pourrait coller... Mais dans ce cas, s'il est vraiment devenu ainsi, que pourrions nous faire pour lui?

- Je ne sais pas, de plus tu vas me prendre pour un fou. Je cours après quelqu'un qui ne m'aime plus et dont je n'ai plus de sentiments... Mais... Je ne sais pas, mon cœur me hurle de l'aider! Si j'ai la possibilité de le refaire revenir à lui, alors je n'hésiterai pas. Quitte à me sacrifier, s'il le faut!

Sa phrase mourut, pas certain de ce qu'il était en train affirmer.

- Je te crois Tarenn, je sais au combien ceux que tu aimes, ont une grande place dans ta vie. Je le sais car je t'ai déjà vu avoir cette réaction pour ...

A son tour Broll se tue. Il ne voulait pas remémorer des souvenirs douloureux. Hélas c'était déjà trop tard. Tarenn ralentit, jusqu'à s'arrêter complètement. Broll se mordit les lèvres d'avoir énoncer ne serais ce que son souvenir. Il calma la cadence et se retourna vers Tarenn. Puis voyant que celui ci n'avançait plus, il s'arrêta à son tour.

- Tarenn... nous devons continuer, si nous voulons arriver au plus vite à Forgefer.

Tarenn hocha la tête mollement, puis il se remit à trotter jusqu'à Broll. Quand il fut a sa hauteur, il jeta un regard si triste que Broll s'en voulu énormément.  Puis il le dépassa en silence et continua la route qui s'ouvrait devant eux.

- Tarenn...

Broll le rattrapa puis le doubla à son tour, et enfin se transforma en elfe pour lui barrer la route. Tarenn fit de même et se braqua immédiatement. Il repris lui aussi sa forme elfique.

-Broll, je ne sais pas tes intentions, mais surtout ne me cherches pas à m'entraver ! surtout pas sur ce terrain, et tu le sais!   Gronda Tarenn.

- Mon frère, je n'ai fait que montrer du doigts la passion qui t'anime quand tu aimes les gens... Je ne voulais en aucun cas te faire du mal...

Il s'approcha jusqu'à effleurer la joue de Tarenn, de ses longs doigts.

- Je sais au combien, elle te manque... elle nous manque...

Brusquement, Tarenn envoya valser la main de Broll loin de sa joue. Puis il se remit à marcher, rapidement. Broll lui emboîta le pas.

- Je sais combien tu l'aimais et aussi combien elle tenait à toi...

- Broll, cesses de faire comme si de rien n'était ! Se mit à crier Tarenn, De nous deux, c'était toi qu'elle préférait ! Elle ne voyait que toi... moi j'étais relégué au second plan... moi.... j'étais la cinquième roues de la charrette !

Broll ne laissa pas Tarenn continuer ainsi. Il l'empoigna et le stoppa dans son élan. De tout ses forces, il le rabattit contre son torse et attrapa ses épaules. Ainsi Tarenn ne pouvait plus bouger. Broll pouvait maintenant sentir le souffle court et affolé de son frère de cœur.

- Tarenn, dit il avec douceur, elle nous aimait tous les deux. Et toi, toi tu étais le plus passionné de nous tous. Tu as tout donné, sûrement plus que moi... Mais je suis sûr qu'elle n'aurait pas voulu nous voir se disputer ainsi...

Il sentit alors deux mains s'accrocher désespérément contre son dos.

- Si tu savais comme Aldoria me manque...

Tarenn se mit à geindre.

- Vraiment elle me manque, mais le pire, c'est que malgré mon amour pour elle, j'ai toujours en tête cet homme aux traits si doux. Il était d'une prévenance avec moi et... et ce regard bleu qui s'accrochait désespérément au mien. Avant... avant qu'il ne tombe dans cette sombre folie. Je suis sûr qu'Hamza attendait de moi que je me réveille de cette léthargie,  et moi... moi... ma mémoire...

Tarenn craqua dans les bras de Broll. Il pleura à chaudes larmes. Toutes ses angoisses refirent surface.

- Ma mémoire me fait défaut...

- Tarenn, arrête...

Broll lui attrapa le menton et le releva vers lui.

- Nous allons tout faire pour que tu retrouves ta mémoire et nous allons sauver ton ami.

Il posa tendrement un baiser sur le front de Tarenn. Puis il l'étreignit comme rarement il pouvait le faire. Il n'y avait qu'avec lui qu'il pouvait faire cela, se laisser aller à cela. Il inspira bruyamment puis décolla l'Archidruide de son plastron.

- Sèche tes larmes et continuons notre route. Plus vite nous serons partis, plus vite nous arriverons chez les nains et plus vite nous noierons notre chagrin tous les deux dans leur fameuse bière.

Tarenn cette fois hocha la tête plus vivement.  D'un revers de main ses larmes disparurent et son regard devint plus déterminé que jamais. Broll se mit à sourire voyant de nouveau la détermination de Tarenn, qui pour être honnête, était l'un de ses charmes les plus dévastateur. C'était aussi pour cette raison, qu'enfant, Broll s'était rapproché de lui. Il avait été attiré par l'aura que pouvait dégager Tarenn. Toute comme Aldoria.

Il reprirent chacun leur forme de voyage et avancèrent sur le chemin menant à Loch Modan, plus rapide qu'avant, pressé d'être enfin parmi les nains.