Tarenn se tenait debout devant une grotte sur le coté de la grande Horloge du temps. Chromie à coté prépara les dernières éléments pour la vision. Shiima lui avait donné une décoction à préparer pour que la vision soit encore plus précise.

Songeh, à coté de Tarenn, ne disait plus rien depuis que ce dernier avait affirmé retrouver sa mémoire et était prêt à tout. Il savait pourtant depuis le début que rien de tout cela n'était bon pour lui. Ses sentiments le faisait souffrir comme jamais. Et se tenir si près de l'Archidruide le mettait encore plus mal à l'aise.

- Tenez ! s'exclama Chromie

Elle tendit deux coupes d'une étrange boisson.

- Je pense que cela devrait suffire pour votre quête. Mais rappelez vous, les grottes peuvent vous imposer des visions que vous n'auriez jamais dû voir. Hélas je ne peux pas vous dire lesquelles. Elles sont propres à chacun d'entre nous.

- Nous devons boire cela? demanda Tarenn peu sûr de ce qu'il tenait dans la main.

- Oui, répondit Shiima, Il vous aidera dans la vision.

- Et surtout ne vous perdez pas en chemin, certains ne sont jamais revenu... peut être parce qu'il se complaisait dans leur vision...

Tarenn jeta un coup d'oeil à Songeh qui regardait la mixture, puis d'un coup il le porta à ses lèvres et la but entièrement. Cela donna assez de courage au druide qui le suivit en buvant à son tour son verre.

Tous deux toussèrent, et grimacèrent

- C'est... pas bon, pesta Songeh

- Oui, je ne peux pas dire que cela soit la meilleure boisson que j'ai pu boire... continua Tarenn

Le cri cristallin de la Gnomette coupa court à leur dégout.

- Allez il n'y a pas de temps à perdre, entrez !

- Songeh! je resterai le temps qu'il faudra et j'attendrai le retour de mon chef ! répliqua Shiima

Songeh hocha la tête et la salua puis entra le premier dans la grotte. Tarenn remercia Chromie et Shiima puis à son tour il entra.

Sa vue se brouilla subitement. Il eut mal à la tête et se mit à hurler de douleur. Personne ne l'avait prévenu qu'il souffrirait ainsi!

- Songeh!! Où es tu!?? cria Tarenn

Mais personne ne lui répondit, il était seul dans un brouillard étrange et mystique. Il regarda tout autour de lui puis il vit une lueur faible mais belle et bien présente. Il avança dans sa direction tant bien que mal, malgré cette douleur intenable. Il avança. Il était tout près de cette lumière suspendu dans le vide, puis brutalement l'éclat de la lumière se mit à briller tellement que Tarenn dut fermer les yeux.

- Hamza! Hamza!! C'est l'heure!

Il ouvrit les yeux lentement, les cligna et regarda de gauche à droite pour y découvrir l'environnement. Une chambre modeste de présenta à lui. Un lit où il était en train de dormir, une table de chevet et une chaise avec un bureau toute somme ordinaire. Il se releva doucement, comme s'il avait un peu trop bu la veille. Il porta sa main au dessus de sa tête, cachant les premiers rayons du soleil qui entraient dans sa chambre. Puis il vit sa main et... d'un seul coup il se leva complètement affolé, il toucha son corps frêle et d'un pâleur qu'il ne reconnaissait pas.

- Mais... mais.... Qu'est qu'il s'est passé!!! hurla t'il

Il s'approcha d'un miroir suspendu au dessus d'une vasque pleine d'eau fraiche, et se mira dedans. Des grands yeux bleus, une chevelure blonde, un visage de poupon... Ce n'était plus Tarenn qui se trouvait devant lui, mais un jeune homme, un humain.

On frappa à la porte et elle s'ouvrit sans qu'il donne l'autorisation d'entrer.

- Hamza! Voyons mais qu'est que tu fabriques!!?? Tu vas nous mettre en retard !

Tarenn se tourna vers celle qui venait d'entrer. Un petit bout de femme, les deux mains sur ses hanches, le regardait intensément.

- Je...

- Tu m'as dit hier que tu m'accompagnerais sur la tombe de ton père, tu t'en souviens au moins?

Tarenn resta muet. Il ne se souvenait de rien. Un grand blanc dans son esprit, comme si il n'était pas lui même, comme s'il était une autre personne.

- Quand tu seras prêt nous irons au cimetière,  ne traine pas trop, tu veux bien

Tarenn hocha la tête, puis la femme referma la porte, le laissant seul. Il attrapa machinalement une longue robe bleu ciel, puis une capeline qui trainait sur une chaise. Quand il fut habillé, il se regarda de nouveau dans la glace, silencieusement.

- Pourquoi ai je l'impression de ne pas être dans mon assiette?  dit il à haute voix.

Il observa de plus près l'homme qui se tenait en face. Ces grands yeux bleus étaient si innocents. Il remit sa capeline en place, puis soupira et à son tour il sortit de la chambre.