chapitre 1
Un cri déchira le silence mortel du cimetière de la Colline-aux-Corbeaux . Les oiseaux noirs, habitants des lieux,( d'où ce nom sinistre), croassèrent en guise de réponse à ce hurlement.
Dans une crypte ouverte sans doute par profanation, ruisselant de sueur, Hamza se releva péniblement de la couche où il s'était installé. Il soupira et regarda tout autour de lui. Il passa une main négligemment sur son visage pour essuyer le coup de sueur qu'il avait eu, puis il scruta la pénombre. Personne ne serait rester ici pour dormir. Après tout, qui oserait se reposer dans un caveau, avec en guise de colocataires, des squelettes animés d'une vengeance quelconque ?
Mais Hamza avait trouvé en ce lieu enfin la quiétude qu'il aspirait. Après la bataille du Portail du Courroux, il avait fuit ses amis, ses obligations d'émissaire, son rôle de soigneur, le Norfendre, l'Alliance, et finalement Tarenn... Il avait fuit tout, sauf les Ombres. Et elles étaient là sur chacun de ses pas. Il les avait accepté bien malgré lui.
Des mois d'errance s'en suivirent après sa fuite, voguant là où le destin l'emmenait. Puis il avait finalement échoué dans le bois de la pénombre et ses pas l'avaient amené jusqu'au cimetière lugubre de la Colline-aux-corbeaux. Là au moins on ne le chercherait pas.
Malgré des souvenirs douloureux*1, il s'était installé depuis quelques jours dans un caveau profané, loin de l'allée principale du cimetière au cas où des petits curieux venaient à avoir l'idée de le visiter. Mais les aventuriers étaient bien trop occupés en ce moment pour explorer un vieux cimetière à l'abandon.
Il s'étira légèrement et se frotta la nuque. Le cauchemar qu'il avait fait était loin de l'habituel qu'il faisait régulièrement. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il rêvait de façon régulière de la mort d'Akan *2. Dans ses rêves, le chevalier de la mort mourrait de différentes façons, toutes plus ou moins horribles.
Généralement, il se tenait nu et à califourchon sur son amant, les mains posées sur son cou froid. Encouragé par Akan d'une voix langoureuse, celui ci lui demandait de serrer de plus en plus fort, presque au bord d'une jouissance malsaine, comme à chaque fois.
Alors Hamza obéissait et serrait aussi fort qu'il le pouvait. C'est à ce moment là que le visage de Akan se déformait sous la douleur, et que le chevalier se débattait brusquement. Hamza voulait arrêter la torture qu'il infligeait à son amant. Mais il ne pouvait plus. Ses mains refusaient de lui obéir, et le chevalier étouffait sous les doigts du prêtre. Il suppliait Hamza d'arrêter, mais au lieu de mettre un terme à son supplice, lui continuait à lui broyer le cou, et il éprouvait un certain plaisir à lui faire subir cela.
Jusqu'au ce que le chevalier meurt sous la pression exercée.
Hamza se réveillait généralement en sursaut, hurlant le nom d'Akan. A bout de souffle, pleurant d'avoir fait subir les pires tortures à mon ami, puis il se repliait sur lui même, se roulant en boule, se balançant comme pour se calmer des cauchemars qu'il avait enduré.
Mais cette fois là c'était différent. C'était Tarenn qui s'était tenu devant lui. Et le plus étrange c'était cette impression si réel. Comme s'il aurait pu le toucher des bouts des doigts.
Il se mit la main dans ses cheveux pour les repousser en arrière, et réfléchit tout haut :
- Pourquoi ai je rêve de lui ? Pourquoi ai je la sale impression que c'était vraiment lui ?
Un autre cauchemar? Tu n'as pas rêvé de ton cher amant Akan? Quel dommage, nous nous amusions tellement avec lui... Mais... un elfe je ne dirais pas non.
Hamza releva la tête. Il chercha dans l'obscurité celui qui avait parlé en télépathie avec lui. Il tomba sur son Ombrefiel. Cette amas de volutes noir et bleu nuit était apparu encore une fois sans qu'Hamza l'invoque.
- Je ne crois pas avoir fait appel à toi ...
Effectivement...
L'ombrefiel se statufia subitement puis s'effaça. Hamza resta de marbre à la disparition de la manifestation de l'Ombre. Il s'était habitué à sa présence maintenant. De plus, il était son seul compagnon depuis des semaines et il avait cette étrange sensation que sa présence lui faisait du bien. Hamza avait l'impression qu' un lien très fort avec cet Ombrefiel s'était développé. Tout ce qu'Hamza pouvait ressentir, l'Ombrefiel le ressentait aussi. C'était presque le prolongement de son âme en perdition.
Il avait réussi depuis quelques semaines à restreindre les voix dans sa tête, et son double qui lui susurrait des pensées teintées de mort et de désespoir. Il avait enfin l'impression d'avoir reprit son esprit. D'être un peu plus lui même. Du moins c'est ce qu'il croyait.
Le prêtre resta quelque instants à regarder, là où la monstruosité était apparu, puis son ventre grommela comme un rappel à l'ordre. La faim le tiraillait depuis plusieurs jours maintenant. Il écarta de son esprit le rêve pour se lever et attrapa sa longue robe bleu foncé. Il la revêtit, et d'instinct, il se couvrit la tête avec la capuche attenant à la robe. Puis il attacha ses épaulières, mit ses gants, enfila ses bottes et enfin noua une petite bourse à sa ceinture.
Alors qu'il était presque prêt, une première secousse le fit trembler sur ses jambes. Il agrippa une colonne non loin de lui, pour ne pas tomber en arrière et attendit. Du sable de mortier se détacha des murs environnants. Puis le silence revint.
Hamza leva la tête, et inspecta les alentours.
- Qu'est ce que?? murmura t'il
A ses mots, un second tremblement de terre se produisit, plus fort que le premier.
- Merde!!! s'écria Hamza
Plusieurs blocs de pierre tombèrent à proximité. Il était en danger ici et il devait décamper au plus vite.
Il se mit à courir vers la sortie, zigzaguant entre les pierres tombant du plafond. Voyant le danger venir de partout, il incanta le seul sort sacré encore possible : son bouclier, pour se protéger et alors qu'il prenait les escaliers pour sortir de cet enfer, l'arche, qui faisait office d'entrée de caveau, s'effondra sur lui même, bloquant ainsi le passage.
Hamza s'arrêta juste à temps pour ne pas recevoir l'effondrement sur sa tête. Il redescendit les escaliers en tout hâte, protégeant son visage avec ses bras. Tout en bas de la pièce, il se recroquevilla, son cœur battant à tout rompre de peur.
Les secousses continuèrent ainsi pendant quelques minutes, détruisant une grande partie de la crypte. Puis le silence revint.
Quand Hamza releva la tête vers la sortie, il ne put que constater l'ampleur des dégâts. Il grimpa jusqu'à l'amas de pierre et essaya de les bouger. En vain. Elles étaient trop lourdes.
- C'est pas vrai! Je suis coincé... Constata t'il
Il s'assit brusquement et se mit à réfléchir. Il fallait absolument qu'il trouve un moment de sortir, sans quoi, il allait mourir de faim, et dans d'atroces souffrances.
L'Ombrefiel apparut subitement et se glissa jusque dans ses bras, dégoulinant de volutes violines, il ne fit plus qu'un avec le prêtre dans son étreinte fumante. L'Ombrefiel sonda son maitre.
- Lâches moi...dit Hamza agacé
Je ne fais que réconforter mon maitre...
- J'ai embrassé la voix des Ombres, et tout ce que cela m'a apporté n'a été que terreur, solitude et désillusion!
Tu as le pouvoir Hamza!
- Je n'ai que l'ombre d'un pouvoir, pauvre imbécile !
Non, tu ne fais que fuir... Tu essaie désespérément de nous repousser, tu as réussi en parti...Mais ne t'inquiètes pas, l'ombre ne fuit pas, elle va s'insinuer encore une fois en toi, tel un serpent pour te donner toute la puissance!
- J'AI SURTOUT RIEN DEMANDÉ !!!!!
L'écho de sa voix se répercuta sur les murs de la Crypte. Hamza haletant de colère, toucha son Ombrefiel et dit :
- Disparais !
Une fumée noir s'échappa de la bête, puis encore une fois, il se retira.
Seul, Hamza enfouit sa tête dans ses genoux pour se lamenter.
- Qu'ai je fait pour mériter cela.... Lumière...
Bien sur celle ci ne lui répondit pas. Elle ne répondait plus depuis qu'il avait embrassé les Ombres définitivement. Seul le sort "mot du pouvoir : Bouclier" subsistait de ses anciens pouvoirs du sacré, tout le reste avait disparu de son grimoire. C'était maintenant qu'un lointain souvenir .
Il se retourna vers la sortie, et monta à quatre patte jusqu'à la première pierre lui entravant le chemin. Consciencieusement il commença à les enlever une par une, s'écorchant les mains à chaque fois qu'il dégageait un peu plus le passage. Les longues minutes de labeur se transformèrent en heures. Il n'avait pas l'impression d'avancer d'un pouce. Il râlait, insultait, pestiférait tout ce qui lui passait par la tête, à commencer par Tarenn. Son cauchemar revint en tête. Mais dans ses rêves L'archidruide n'avait pas retrouvé la mémoire. Il lui avait juré de prendre soin de lui pour tenir la promesse à Akan. Mais finalement comme avant, le druide voulait qu'il revienne vers la Lumière, alors que celle ci n'était plus à ses cotés. Finalement tout était de sa faute... Il sentit le besoin d' hurler :
- Tarenn Brisevent ! Si je savais comment faire pour revenir en arrière, je le ferais!!!
Il fracassa un de ses poings contre un rocher et entendit un sinistre craquement. Les os de sa main venaient de se briser face à la dureté de la pierre.
Il hurla de douleur en attrapant sa main meurtri, et pleura enfin. Cette fois il ne retint pas ses larmes. Ce fut même une libération.
- Je te déteste...Je te déteste, murmura t'il
Puis d'épuisement et de douleur, il perdit connaissance, face contre les escaliers.
******
*1 voir l'Archidruide
*2 voir Death Knight
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