Dis, le vieux, tu pourrais arrêter d'être déprimant ? J'ai le moral dans les chaussettes, j'ai pas trop envie que t'en rajoute là.

T'as pas d'autre chose à raconter, de plus joyeux, de plus intéressant ? Parce que, franchement, tes lamentations de vieillard, j'en ai rien à faire moi !

Parle-moi plutôt de ce que tu vis, ce que tu aimes. Parle-moi du présent, d'maintenant, de ce que tu penses des gens.

La mort n'est pas encore arrivée, la fin peut encore patienter. Pourquoi t'apitoyer sur ton sort, le vieux ? T'es pas encore allongé dans ton cercueil. T'as encore des choses à faire.

Tu m'crois pas ? En te promenant dans ce parc, tu tiens compagnie aux vieilles, aux parents et leurs enfants turbulents, aux SDF qui dorment sur les bancs. Tu pourrais aller voir les autres, sourire aux passants dans la rue même s'ils n'ont pas le temps, même s'ils n'ont pas d'argent. Tu pourrais aller explorer le monde, aller danser dans les prés ou fouler simplement les pavés des allées, des villes, des rêves.

Tu sais, le vieux, j'crois que tu ne sais plus t'amuser. Tu passes ton temps à râler, à ressasser le passé. Tu devrais penser à demain, aller saluer tes voisins, et t'élancer sur de nouveaux chemins.

Tu es libre, tu as terminé tes années d'esclavages. Tu ne dois plus travailler, apprendre et t'épuiser. Tu n'as plus besoin de te lever chaque matin pour consumer tes journées. Tu pourrais faire tellement de choses, des rencontres, des découvertes. Dis-moi, le vieux, pourquoi fermes-tu tes fenêtres ?

Le monde s'ouvre à toi, il n'est pas trop tard.