Untitled Part 10
Enfin les examens prirent fin et je pensais que je m’en sortirais. Juste après, le jour la, on avait décidé avec toute la classe d’aller dans un bon restau pour manger et décompresser. C’était un vendredi et avec les fêtes de Noel qui approchaient, tout le monde était euphorique. Il y avait une bonne partie de la classe dans le restau et on avait rassemblé des tables pour former un grand banquet et tout le monde rigolait et s’amusait dans une bonne ambiance. Fred comme d’habitude était à mes cotés et ne cessait de me taquiner en disant que j’étais sa femme et qu’il m’amènerait dans son pays. On discutait quand je vis entrer Tonton Farah dans le restaurant en compagnie d’une jolie demoiselle. Je me figeais et mon cœur manqua de s’arrêter. Fred me demandait si j’allais bien car je venais de faire tomber les couverts que j’avais en main. Depuis mon départ de la maison je ne l’avais plus revu et j’éprouvais malgré moi cette peur associé à une rancœur tenace. Je voulais partir mais j’avais peur qu’il ne me remarque donc je restais bien sage et ne prit plus part à la conversation. C’était sans compter avec un autre étudiant qui assis à l’autre bout de la table voulait que je vienne prendre une photo avec lui. Il criait mon nom et je vis tonton Farah lever la tête et regarder dans notre direction. Nos regards se croisèrent et il eut un air très surpris. Je pris mes bagages et malgré les protestations de Fred, je leur demandais de m’excuser et je suis sortie brusquement. Je vis tonton Farah se lever aussi et j’ai pris mes jambes à mon cou. Je l’ai entendu m’appeler dans la rue mais j’ai couru aussi vite que possible sans m’arrêter, le cœur battant et la peur au ventre. Une fois bien loin, je m’arrêtais et me demandais pourquoi j’ai fui. Que pouvait-il donc me faire là bas. Mais je ne me sentais pas encore prête pour l’affronter. Non ni lui, ni maman. J’avais réussi à survivre à tout ce qu’ils m’avaient fait, j’avais juste souhaité ne plus jamais le revoir de ma vie. Je me promis d’éviter ce restaurant et rentrais directement à la maison. Je ne voulais plus de problème dans ma vie et je ferais tout pour rester dans mon coin.
Le lendemain, j’appelais ma mère et après moult essais et beaucoup de patience je l’eue finalement au bout du fil. Je lui parlais de Rassoul et de sa proposition de mariage. Je lui dis que c’étais celui qui était venu me rendre visite et elle ne cachait pas trop sa déception de ne pas me voir épouser un de mes compatriotes guinéens. Elle me disait qu’elle avait peur que les sénégalais ne m’intègrent pas et que la différence de culture constitue un vrai problème. Je dus lui faire comprendre que j’étais aussi sénégalaise et que le mélange de culture ne devais pas constituer un frein et que l’essentiel était qu’il était un bon musulman ainsi que sa famille. Je lui expliquais que sa famille était à Dakar et qu’il qu’on se marie rapidement. Elle me dit qu’il fallait qu’elle en parle au frère de mon père et me demanda de dire à mon frère de l’appeler pour qu’il lui dise ce qu’il fallait faire et qui avertir à Dakar. Elle me promit de venir dans les semaines à venir.
Une fois à la maison, j’en discutais avec Ibrahima qui me disait qu’il aurait préféré que je me marie avec un compatriote surtout qu’il y avait un de ses amis qui venait souvent à la maison qui disait toujours qu’il voulait me prendre comme épouse. Il disait que les sénégalais ne supporte pas toujours les étrangers et que quoi qu’on dise nous étions toujours considéré comme des guinéens. Je rigolais en lui disant que ca c’était dans sa tête et que moi je me je me réclame des deux nationalités donc je n’avais pas ce problème. Mais il dut avouer que Rassoul était quelqu’un de bien et qu’il ferait un bon mari pour moi. Il me souhaitait beaucoup de bonheur et promit d’appeler ma mère.
Le soir, quand j’eus Rassoul au téléphone, je lui fis part de ma conversation avec ma mère, en évitant de lui parler de ses craintes concernant le mélange de culture. Il me dit qu’il fallait qu’on en discute pour fixer une date et en faire part aux parents et que le plus tôt serait le mieux. Il était de garde le lendemain, mais promit de passer le surlendemain qui tombait le 24 décembre et me rappelait que ca faisait 3 ans que chaque année il me proposait de sortir et à chaque fois, je refusais. Je souris à cette évocation et lui dit que la persévérance paye puisque cette année on sera ensemble. Avant de raccrocher, il me soufflait qu’il m’aimait et que j’allais faire de lui l’homme le plus heureux de la terre.
Le lendemain, je décidais d’aller à la cité Claudel voir mes amies car je m’ennuyais à la maison. Je les trouvais en plein dans les préparatifs de la fête et fatou était en train de faire des mèches à Maty. J’en profitais pour me disputer avec Fatou qui lui avait remis mon numéro et elle me dit qu’il avait vraiment insisté. Je passais tout l’après midi avec elles et vers 17h, je reçus un coup de fil de Demba qui me demandait ou j’étais. Je lui dis que j’étais avec les filles et il me demanda de l’attendre. Au bout d’une heure, il entrait dans la chambre, tout beau et comme toujours très bien habillé. Il saluait les filles et restait un moment, puis me demandais si on pouvait parler un moment. Je pris mon sac et dis au revoir aux filles.
Il me demanda comment s’était passé mes examens et si je m’en étais bien sorti. Je répondais que ca allait et lui demandais des nouvelles de Babacar. Il sourit
- Coumba ne t’as rien dit ?
- non je n’ai plus régulièrement de ses nouvelles depuis quelques temps
Et c’était vrai. A chaque fois, c’était moi qui l’appelais et parfois, elle me faisait comprendre qu’elle était occupée donc depuis quelques temps, j’avais décidé de ne plus trop insister.
- Babacar s’est marié cet été.
- ha…me contentais je de répondre
Il me dit que de toute façon c’était fini entre lui et Coumba et qu’il avait rencontré une jolie femme et qu’il avait sauté le pas. On marchait vers sa voiture et j’hésitais à entrer. Il me rassura en disant qu’on allait juste manger quelque part et finalement je rentrais. Dans la voiture, il avait mis la musique et chantonnais en me jetant de temps en temps des coups d’œil. Je songeais à Coumba et me disait que je devais quand même l’appeler car apparemment, elle voulait prendre ses distance et je ne devais pas la laisser faire. On ne gache pas une amitié comme ca. Je me rendis compte qu’on allait du coté de l’aéroport et finalement il se gara près de la mer. Il me dit que cet endroit était magnifique et qu’il faisait les meilleurs poissons braisé du monde. Et il n’avait pas tord. L’endroit était beau et calme avec des atbles bien dressées et on s’isolait un coin. On parlait de tout et de rien comme si on n’avait rien d’important à se dire et un moment, le poisson arriva. On mangeait en rigolant dans la bonne humeur et après cela, il me prit la main et on partit du coté de la mer. On s’installait sous une tente en face de l’océan et j’avais cette impression qu’on était seul au monde. Il mit son bras sur les épaules et se baissait pour m’embrasser. Mais je le repoussais gentiment en disant qu’il ne fallait pas faire ca. Je dégageais aussi son bras et il me demandait pourquoi j’ai accepté de venir avec lui
- pour qu’on discute Demba. C’est toi qui a demandé à me parler et moi aussi je veux qu’on parle parce que je crois que je te dois bien ca
- oui, tu me dois des explications. Diouldé, tu ne peux imaginer dans quel état j’étais quand je suis revenu et que ta maman m’a raconté que tu entretenais en cachette une relation avec son mari et que tu le faisais chanter en échange de somme d’argent. J’ai failli devenir fou. Je ne voulais pas le croire et en même temps, tu avais disparu. Même Coumba ne savais pas ou est ce que tu étais. Fatou avait ton téléphone et ne disait rien. J’ai tout essayé pour qu’elle me dise ou tu étais, je lui ai même donné de l’argent et elle prenait en restant toujours muette.
- et tu as cru tout ce que maman t’as dit demandais je tristement
- je ne savais pas quoi croire. Si tu avais eu des antécédents avec lui, tu ne m’en a jamais parlé et pourtant je croyais qu’on se disait tout. Tu avais promis que tu ne me cachais plus rien
- c’est vrai, mais ca je ne savais pas comment le dire. Il me persécutait dans la maison et maman m’avait interdit d’en parler.
Je lui expliquais l’histoire de bout en bout et comme d’habitude, je me mis à pleurer. L’évocation de cet épisode avait toujours le même effet sur moi. Un moment, comme j’avais la tête baissée, il me prit le menton et me souleva le visage. Il se penchait et cette fois, je ne l’en empêchait pas. On s’embrassait et je me retrouvais à me blottir contre lui et à lui rendre son baiser. Je me ressaisis et m’écartai de lui doucement.
- excuse moi lui dis je en m’en voulant un peu d’avoir fait ca. Je pensais à Rassoul et me dit que je n’avais pas le droit de faire ca.
- Diouldé, tu m’as tellement manqué. Comment as-tu pu vivre tout cela sans me le dire. Tu me fends le cœur.
- tu as été la première personne que j’ai appelée mais tu n’avais pas mon temps. Tu étais avec ta famille, la mère de ta fille et moi je ne comptais plus
Il baissa la tête et me prit les mains.
- je t’ai expliqué pourquoi elle était là bas. Quand vas-tu faire entrer dans la petite tête que c’est toi que j’aime. Avant de partir on avait des projets de mariage Diouldé. A ce moment on aurait du parler de bébé, au lieu de ca tu essaie de me culpabiliser.
Je ne savais quoi répondre. Il me fixait avec ses beaux yeux et je me devais de lui dire ou j’en étais et lui dire qu’entre nous ce n’était plus possible
- je suis désolé Demba, comme je te l’ai dit, je suis avec quelqu’un. Quelqu’un qui a toujours été présent pour moi, qui m’a toujours soutenu, toujours encouragé et on doit se marier bientôt. On est ensemble et il est hors de question pour moi de le trahir pour toi alors que dans ma tête tu es toujours en relation avec la mère de ta fille.
- tu n’es pas sérieuse Diouldé ?
Je le regardais en secouant la tête. Il avait froncé les sourcils et affichait un visage très peiné
- et cette personne tu l’aimes ? Est ce que tu l’aime ?
J’avais les larmes qui pointaient et je lui dis oui dans un souffle. J’avais le cœur brisé par l’expression que je voyais sur son visage. Il continuait à me regarder et sans je m’y attende, il se penchait et commençait encore à m’embrasser. Je n’avais pas le courage de le repousser et je m’accrochais à lui. Il s’écartait et se leva d’un coup me laissant sur la natte. Il entreprit de marcher jusqu'à l’eau et y resta un bon moment. Je n’avais pas bougé et au bout d’un long moment, il revint et me tendis simplement la main pour m’aider à me relever. Sans rien dire on cheminait ensemble vers la voiture et une fois arrivé, il s’arrêtait et se tourna vers moi.
- je ne peux pas te forcer à être avec moi. Je t’aime et je sais que tu m’aimes aussi. Mais si tu as envie de bousiller ta vie avec un autre c’est ton choix. Je crois avoir fait tout c que j’avais à faire avec toi. Je ne sais même plus quoi te dire ou faire pour te convaincre. Tu es assez grande. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans la vie.
Il me regardait et ses foutues larmes revinrent d’un coup. Je ne disais rien et tournais mon regard ailleurs pour qu’il ne se rende pas compte que je pleurais. Je suis entrée dans la voiture et laissait les larmes couler sans essayer de les essuyer. Le trajet se fit en silence et il me demandait ou il devait me déposer. Je lui indiquais le quartier et arrivé au bout de la rue je lui dis que c’était bon. Sans un regard j’allais sortir quand il me prit la main. Je restais assise et finalement me tournait vers lui.
- je t’en supplie Diouldé, ne fais pas ca. C’est bien la dernière fois que je te demande de revenir sur tes positions. Je ne peux pas passer toute ma vie à te courir après. Réfléchis bien.
Je lui dis juste que j’étais désolée et il m’a quand même attiré à lui et on s’est embrassé de manière désespéré. Je ne voulais pas le lâcher, je ne voulais pas que ça finisse. Au bout d’un long moment, il s’est écarté et a posé son front contre le mien. Je gardais les yeux bien fermés, avec juste une forte envie de lui dire que c’était lui que j’aimais par-dessus tout. Mais je me suis retenue et je me suis détaché lentement avant de sortir et de marcher machinalement vers la maison. Je suis tombé sur Ibrahima qui me regardais sévèrement. Il me dit qu’il n’appréciait pas que je parte avec des hommes en voiture alors que j’étais sur le point d’épouser Rassoul. Je n’avais pas le moral pour répondre et je lui dis juste qu’il avait raison et je montais me coucher. Je dormais toute habillé quand je reçus un message poignant de Demba qui me disait qu’il m’aimait et espérait toujours que je prendrais la bonne décision. Je le lus le cœur gros et m’endormis en faisant plein de cauchemars.
J’étais vraiment dans le doute. Mon cœur me poussait vers Demba, en même temps, je me disais que je ne pouvais pas repousser encore Rassoul et puis il a été tellement présent ces derniers temps, tellement attentionné avec moi que je ne pouvais que l’apprécier et même plus. Le jour du réveillon, Demba avait appelé très tôt mais je décidais de ne pas répondre. Il insistait encore tout au long de la journée, mais j’observais le statut quo. Finalement, il laissa tomber. Ca me fendait le cœur, mais j’avais décidé de me donner un peu de temps et surtout de passer les fêtes avec Rassoul.
J’avais eus beaucoup de mal à trouver quoi me mettre. En partant de chez maman, j’avais laissé la plupart de mes habits chics et avait surtout pris des pantalons et des chemisiers. Heureusement j’avais pris aussi la jolie robe que j’avais mise quand je sortais avec Demba le 31 décembre de l’an passé. Je la remis donc en pensant à lui et j’ai laissé tomber mes cheveux sur les épaules après les avoir juste défrisés. J’avais acheté de nouvelles chaussures et des bijoux fantaisies pour compléter la tenue. Ibrahima chaque mois me remettais de l’argent de poche pour mes autres besoins et parfois avant la fin du mois, il me remettait encore de l’argent. Même si je refusais, il insistait en disant que j’en aurais besoin. Je ne comprenais pas trop d’où il sortait tout ca surtout qu’au début il se plaignait de ses nombreuses charges. Mais bon ca me permettais quand même d’acheter des habits et quand on est dans une école ou les filles sont tout le temps bien sapée, il faut aussi s’y mettre et l’argent me permettait d’acheter de jolies tenues. C’est donc bien habillé que j’attendais Rassoul et, il est venu vers 20h bien sapé d’un magnifique costume sombre et rasé de près. Je le trouvais vraiment très charmant avec ses grands yeux avec des sourcils bien dessinés, un sourire craquant et ses fossettes qui se creusaient quand il riait. Il tenait une petite boite qu’il me remit. Il y avait un pendentif en or et des boucles d’oreilles. Je le regardais ébahi et il s’avançait pour m’enlever le collier que j’avais et me mis le tout nouveau. Je le remerciais en l’enlaçant et en lui disant que c’était le plus beau cadeau que j’ai jamais reçu.
- attention, ce n’est pas un cadeau, je le vends dit-il en s’écartant
- a combien ?
- non pas à combien, disons plutôt comment
Il me tira à lui et m’embrassait. Quand il se releva, ses lèvres étaient rouges du gloss que j’avais mis et j’entrepris de les lui essuyer. Il sourit et finalement on partit.
Il avait amené une voiture et je lui demandais ou il l’avait pris. Il me dit que c’était sa voiture mais que depuis quelques semaines il était chez le mécanicien. Il voulait le vendre pour en acheter une autre, mais il me dit qu’il avait d’autres projets et c’est pourquoi il l’a repris. Quand je lui demandais quels étaient ses projets, il me répondit malicieusement qu’il prévoyait de prendre une épouse et d’en faire la femme la plus choyée du monde. Je souris et m’installait confortablement dans la voiture. J’étais un peu pensive et il me demandait pourquoi j’avais ce petit air triste. Je ne savais quoi lui dire et je répondis finalement que je stressais un peu pour mes examens. En fait, je songeais toujours à ma discussion avec Demba et j’avoue que ca me rendait un peu mélancolique. Mais je savais que je faisais le bon choix avec Rassoul et me dit que ca allait me passer. Je croyais qu’on allait dans un bon restau mais quand je reconnus le chemin de chez lui, je fis une grimace en songeant à sa maman et ses sœurs. Je lui demandais ou on allait
- en fait, noël, chez nous c’est toujours en famille et je voulais qu’on s’isole pour discuter, mais maman en a fait un scandale. Donc on va diner chez moi et après on va se promener quelque part. ca te vas comme ca
Je n’avais pas vraiment le choix et je lui fis un sourire un peu crispée.
Je fus bien accueillie par une Sokhna très contente de me revoir. Elle me complimenta sur ma tenue et me touchais les cheveux en me demandant si j’avais mis un tissage. Quand je lui dis que c’était mes cheveux, j’eus droit à un vrai interrogatoire sur ce que je mettais dessus, qui me tressais, comment je les entretenais…avant que je ne puisse répondre, elle m’amenait ses pommades de cheveux et me dit que malgré tout, elle n’arrivait pas à avoir de beaux cheveux. Rassoul nous observait en riant et les jumelles aussi sont arrivées et se sont joints aux commentaires. Finalement, je me contentais de sourire car à elles seules, elles entretenaient la conversation. La maman aussi arrivait et me fit la bise en me disant qu’elle me trouvait bien habillée et ravissante et me demandais des nouvelles de ma mère. C’est vrai que ce fut une fête en famille. Il y avait aussi la grande sœur de Rassoul, Kiné, qui est venue avec ses enfants et son mari. Elle m’a salué un peu froidement et c’est la maman qui a fait les présentations.
- ha c’est elle Diouldé. Rassoul m’a parlé d’elle. Mashallah, elle est très jolie disait-elle en s’adressant à sa mère et en me regardant comme si j’étais une marchandise.
J’étais un peu gênée et je gardais la tête baissée. Son mari, Jules, était quelqu’un de très drôle et très taquin. Il vint s’assoir à coté de moi et me glissa à l’oreille
- bienvenue dans la famille Diop.
Je relevais la tête et lui souris. Elles avaient formé un groupe autour de la maman et elles parlaient toutes en même temps.
- tu t’y feras ne t’inquiète pas. Elles parlent beaucoup mais elles sont très gentilles.
La je me mis à rire et Rassoul entra dans le salon. Il était accompagné de son père qu’il tenait par le bras et je me levais pour le saluer. Il n’était pas si vieux que ca et était encore très élégant. Il était grand et avait les cheveux blancs et une paire de lunette noire. Il me prit la main et levait la tête et je crus qu’il me regardait un moment
- c’est toi Diouldé ? Comment tu vas ? J’avais vraiment hâte de faire ta connaissance car Rassoul ne cesse de me parler de toi.
Il parlait en français très clair et me tapotais la main. Je répondis que moi aussi j’avais hâte de le rencontrer et il se tourna vers Rassoul qui lui prit la main pour le guider. Je compris à cet instant qu’il ne voyait pas. Mais qu’est ce qu’il savait discuter. On ne s’ennuyait pas avec lui. Avec Jules et Rassoul, on entamait une discussion sur la vie politique tandis que les autres filles s’activaient dans la cuisine et amenaient de temps en temps à boire. Je demandais à Sokhou si je pouvais être utile, mais elle me dit de laisser tomber car il y avait assez de bras ; les invités continuaient à venir. Il y avait des cousines de Rassoul et aussi ses demi-frères. Les repas arrivèrent et tout le monde mangeait dans une bonne ambiance. On taquinait Rassoul en lui disant qu’il fallait qu’il fasse vite pour le mariage et il promit de surprendre tout le monde. ca me surprenait qu’il ait parlé de moi à sa famille. Après le diner, il y’eu des desserts et j’avais vraiment bien mangé gourmande comme j’étais. On restait encore un peu et finalement Rassoul se leva et demanda à partir. J’allais remercier ses sœurs et sa maman qui me dirent qu’elles étaient aussi très contentes que je sois venue diner avec elles. Une fois dehors, Rassoul me demandait ou je voulais aller et je lui répondis que j’avais trop mangé et que je ne voulais que me coucher. Il alluma la voiture et roula quelques minutes pour se garer devant son immeuble. Je le suivis à l’intérieur et on s’installait au salon. Il me ramenait un bon thé bien chaud et me demandais de boire car ca aidait à digérer. Je le remerciais et il s’installait à coté de moi. Je me blottis dans ses bras
- j’ai l’impression que tu ne vas pas bien aujourd’hui. Tu as une petite mine
Je souris et le rassurais
- ca va je t’assure. En fait, avant-hier, j’ai rencontré Tonton Farah et ca m’a fait un petit choc. J’avais cru que j’avais oublié tout ca mais je crois que non
Il restait silencieux un moment et finalement, il soupira et me dit que je ne devais pas laisser ce salaud perturber ma vie. Ensuite il me parlait encore du mariage
Il disait qu’il voulait le faire rapidement car il voulait m’avoir à ses cotés tout le temps.
Mon cœur rata un battement et je pris conscience qu’il ne rigolait vraiment pas. Mon Dieu, je l’appréciait beaucoup, mais sur le coup je ne pus m’empêcher de penser à Demba.
- tu me mets la pression dis je finalement au bout de quelques secondes de silence
- non ma chérie, je ne te mets pas la pression, c’est juste que je t’aime et quand on aime, c’est normal de penser au mariage.
- tu as raison, mais je te demande juste de me laisser terminer cette année scolaire. En plus mon père est décédé il ya à peine 6 mois. Ca serait abusé de vouloir me marier sitôt.
Il ne dit rien et je l’entendais grincer les dents. J’avais bien remarqué qu’il avait ce tic à chaque fois qu’il était contrarié.
- tu ne réponds rien demandais je finalement.
Il se recula un peu et se mit en face de moi pour me regarder
- dans mes plans, je pensais qu’on se marierait au mois de janvier. Mais bon, tu as raison. Je te laisse un peu de temps pour terminer ton année mais au mois de juin ma chérie, je ne veux plus aucune excuse. Tu deviendras Mme Diop
Je souris et lui pris le visage entre mes deux mains.
- promis juré
Et je l’embrassais et il me serra fort en accentuant le baiser. Au bout d’un moment, il s’adossa au canapé et me prit dans ses bras. Il se fit une raison en disant qu’il compterait les semaines qui séparaient du mariage et si je voulais, on pouvait commencer à s’organiser. Ensuite, il me parlait un peu de la maladie de son père. Il me confiait qu’il avait choisi la médecine car il regrettait la façon dont ils ont négligé sa maladie pour qu’au final, il perde complètement la vue. Je le réconfortais en lui disant que nul n’échappe à son destin et que l’essentiel c’est que son père soit en bonne santé. Ensuite on parlait de choses et d’autres et à un moment, je songeais à lui parler de Demba, mais me ravisait rapidement. Il risquait de mal le prendre surtout que je venais de lui dire que je voulais encore attendre pour nous marier
Je restais un peu et vers 1h, il me raccompagnait à la maison. Une fois dans mon lit, je songeais encore au projet de mariage et me mettais encore à douter. J’appréciais beaucoup Rassoul car il était tout simplement adorable, mais en même temps, je n’arrivais pas à oublier Demba. Le lendemain, j’appelais ma mère pour lui dire que finalement on avait décidé d’attendre la fin de l’année scolaire pour le mariage. Elle me dit que c’était une sage décision et que de toute manière elle viendrait à Dakar bien avant cela.
Sans trop savoir pourquoi, j’appelais aussi Demba. Il me répondit froidement et je lui demandais comment il avait passé son réveillon
- sans toi. Je l’ai passé sans toi, car tu as refusé de me répondre au téléphone. Je crois que je commence à comprendre. Je voudrais juste savoir Diouldé, as-tu eu des sentiments pour moi ?
Mon Dieu s’il savait. S’il savait comment actuellement c’est dur de prendre cette décision, il ne me poserait pas cette question. Je pris du temps à réfléchir et il se trompa sur mon silence
- c’est bien ce que je pensais. C’est juste moi qui tenais à toi mais toi tu me prenais juste pour la personne qui à un moment aurait pu changer ta vie.
J’allais protester, mais il ne me laissa pas le faire. Il coupa le téléphone, me laissant dans un grand désarroi. Ca me peinait qu’il puisse penser ca de moi. Je pensais qu’il me connaissait suffisamment pour ne pas me dire cela, et je mis ca sur le compte de la déception. Moi qui espérais qu’il allait me demander de changer d’avis, qu’il essaierait de me convaincre de rester avec lui. Quelques heures plus tard, il m’a envoyé un message pour me dire qu’il partait en France pour quelques temps et qu’il m’appellerait à son retour.
Sur le champ, j’ai songé à la mère de sa fille. Ils vont encore se voir et qui sait, peut être même qu’ils sont toujours ensemble. Je lui souhaitai juste un bon voyage en réponse et éteignit mon téléphone. Je l’aimais, mais j’avais l’impression qu’il adorait me faire souffrir ce crétin. Je ne sus que penser après ce coup de fil et décida de laisser faire les choses.
Avec Rassoul c’était la vie en rose. Comment faire pour ne pas l’apprécier. Il était tellement attentionné avec moi, tellement tendre, tellement gentil, tellement…tout. Même en réfléchissant, je ne trouvais presque rien à lui reprocher. Ses coups de fils étaient tendre, il s’inquiétait toujours pour moi, me demandait si je ne manquais de rien. Chaque nuit, il me demandait si j’avais bien fermé ma chambre car il y avait beaucoup d’hommes dans la maison. Enfin bref, toutes choses qui font que je ne pouvais que l’aimer. Il n’avait certes pas le temps et le jour du 31 Décembre, il était de garde. Donc il est passé rapidement à la maison, les bras chargé de cadeaux et de nourriture et m’a promis de repasser si la clinique était calme. Il m’a pris dans ses bras et s’est excusé de ne pas être avec moi cette nuit la. Je lui répétais que ce n’était pas grave et que j’avais de la lecture. Il est parti après m’avoir tendrement embrassé. Toute la nuit, il a appelé et finalement, j’avais tellement sommeil, que c’est le combiné collé à l’oreille que je me suis endormie.
Le reste des vacances, j’avais décidé de rendre visite à mes parents éparpillé dans Dakar. Je suis d’abord parti voir mon cousin Ibrahima et sa femme et j’ai passé toute la journée la bas. Il ne cessait de me parler de Rassoul et disait combien il était gentil et l’avait assisté pour l’accouchement de sa femme. Il me demanda s’il y avait quelques chose entre nous et je lui répondis que oui et qu’on prévoyait de se marier. Il était content et disait que c’était celui qu’il me fallait. Après cela, je rendis visite à un cousin à mon père qui habitait les HLM grand yoff. Il avait réussi grâce à son commerce et avait même fais des investissements dans l’immobilier. On disait qu’il possédait des maisons qu’il louait dans la ville et après mon père, il représentait le patriarche de la famille. Il était très strict et me rappelait à certains égards mon père. J’y étais venu avec ma mère une fois alors que j’étais plus petite. En Guinée ma mère m’a beaucoup parlé de l’importance de la famille et que je devais tout faire pour les connaitre et les approcher. D’ailleurs une fois chez lui, il me reprochait le fait que je ne soie jamais venu chez eux pendant tout le temps que j’étais chez maman Fanta et me demandais aussi pourquoi j’avais quitté cette maison. Je ne voulais pas lui expliquer et je lui dis que je voulais juste rentrer retrouver mes parents en Guinée, et que je m’excusais pour n’être pas venu plus souvent mais que maintenant, je le ferais plus couramment. Eh oui, la famille c’est important ; en cas de problème, se sont les seuls à te secourir.
A part ses quelques visites, les vacances furent ennuyeuses et Rassoul avec son travail n’avait jamais vraiment le temps.
A la reprise des cours, sans vraiment m’en rendre compte, les semaines passèrent assez vite. Je partageais mon temps entre les cours, les révisions et de temps en temps des visites à mes copines à la cité Claudel.
Demba m’appela à son retour, mais se limitait juste à des salutations et autres petites plaisanteries. Sans plus. Dire que je ne ressentais rien pour lui serait un pur mensonge mais je n’avais pas des tendances sado aussi. Je savais que la meilleure chose que j’avais à faire c’est de rester avec Rassoul surtout qu’il me parlait de mariage et de notre vie à deux. Mais comme à chaque fois, les coups de fil de Demba me perturbaient et je voulus en parler à quelqu’un. J’appelais donc Coumba. On discutait un bon moment et je lui dis qu’elle me manquait vraiment et à ma voix elle me demandait si j’avais des soucis. Je lui expliquais en détail ma relation avec Rassoul, Demba qui était ressurgi dans ma vie et mes projets de mariage. Après m’avoir bien écouté, elle me conseilla vivement de me marier avec Rassoul. Elle m’a alors expliqué sa rupture avec Babacar et disait que qui se ressemble s’assemble. Que de toute façon, je ne pouvais plus revenir en arrière pour dire à Rassoul que je ne l’épouserais plus.
- ma chérie, pense à toi, à ton avenir. Un homme qui viens te voir jusqu’en Guinée, ca ne coure pas les rues et vu la façon dont il se comporte avec toi, je suis sur que c’est l’homme qu’il te faut. Laisse tomber Demba. Comme Babacar, c’est de petits crétins qui pensent que toutes les filles doivent être à leurs pieds.
Cet avis me fit un peu mal car au fond de moi, je cherchais toujours une raison pour me convaincre que Demba pouvait aussi être un bon choix. Je la remerciais et un moment elle criait au téléphone
- ma chériiiee, tu va te marier.. oh je suis trop contente. Si j’ai de l’argent je viendrais. Au fait ma mère m’a demandé de te dire qu’elle voulait te parler. Elle dit que depuis que je suis partie, elle ne t’as pas vu.
Elle avait raison et je savais que ce n’était pas très gentil. Je promis d’aller la voir.
Avant de quitter, elle me demandait de lui donner le numéro de Rassoul et me promit de l’appeler. Le coup de fil de Coumba me fit beaucoup de bien et me soulageait.
Après cela, on prit l’habitude de s’appeler plus souvent et retrouver ma Coumba me fit un bien fou. Même Rassoul avait droit à ses coup de fil et lui aussi l’appréciait beaucoup. Parfois quand on était ensemble, on s’amusait à l’appeler et à la taquiner.
J’appréciais Rassoul pour cela. Il prenait soin de mes amis et même de mes parents. Une fois j’allais voir mon oncle à grand Yoff et il avait décidé de m’accompagner et il lui a amené une natte de prière et ce geste a beaucoup touché mon oncle. Cependant, il me dit en peul que c’est dommage qu’il ne soit pas de notre ethnie. Il n’aimait pas les mariages entre peul et les autres ethnies et le disait partout et cette perception me fit un peu peur. Mais n’empêche je continuais ma relation avec Rassoul.
Cette année a coïncidé avec la mort de l’étudiant Balla Gaye et je me souviens qu’il y a eu beaucoup de perturbations. Les filles de Claudel ont même été obligées un moment de quitter les lieux pour leur sécurité car il y avait beaucoup de remous. Cette période, Rassoul pouvait m’appeler 50 fois dans la journée pour me situer et m’empêcher d’aller dans les environs de l’université. Mon école n’était pas de ce coté, mais il s’inquiétait quand même. Et chaque soir j’avais droit à un « tu me manque bébé » qui me faisait fondre. De l’extérieur il passait pour quelqu’un de très sérieux et il même parfois un peu hautain, mais avec moi, au fil du temps, il était tendre, affectueux et très câlin. Quand on sortait ensemble, il me tenait toujours la main, n’hésitais pas à me lancer des regards accentués, déposait parfois des bisous sur la joue ou au coin de la bouche. Dans les restaus, les couples sont souvent face à face, avec lui c’était impossible. Il tirait sa chaise à coté de la mienne et pour me parler, il se baissait à mon oreille et parfois en profiter pour me mordiller ou déposer un bisou sur le cou. On était parfois le centre d’attention des autres clients. Ca me gênait et quand je le lui disais, il disait qu’ils étaient frustrés ou alors n’aimaient pas leur femme comme il m’aimait. Son comportement poussait à la confidence et j’en profitais pour parler beaucoup de mon enfance, de maman, de Coumba. Un jour, je lui parlais même de Malik et après m’avoir écouté, il me serra fort et m’embrassait très intensément. Ensuite, il releva la tête et me demandait si je l’aimais toujours. Je rigolais et en le regardant droit dans les yeux, je lui dis qu’à l’époque je pensais qu’il était l’homme de ma vie, mais avec lui c’était une autre dimension et j’étais sincère. J’évitais cependant de lui parler de Demba sans trop savoir pourquoi. Je n’avais presque plus de ses nouvelles depuis quelques semaines et même si parfois je me surprenais à espérer qu’il m’appelle, j’étais bien décidé à tourner la page.
Au fil du temps, je découvris une autre facette de Rassoul. Sa jalousie. A cette époque, je dois avouer que j’attirais pas mal d’hommes. A chaque fois qu’avec les filles de notre classe on décidait d’aller faire du shopping en ville, il y avait des hommes qui se déclaraient. Ils semblaient attirés par les petites étudiantes souvent toujours à l’affut de l’homme plein aux as qui pourraient satisfaire leur moindre besoin. Moi, j’étais toujours en retrait et m’amusait de tout ca. Un jour, j’étais avec Adja une promotionnaire devant l’établissement, quand une voiture s’est arrêtée et un charmant monsieur est descendu pour venir me dire qu’il me trouvait très belle et qu’il voulait m’inviter. J’ai automatiquement refusé devant une Adja complètement surexcité qui ne cessait de me tirer le bras. Le monsieur sourit et après s’être excusé, a remis une carte de visite à Adja avant de lui faire promettre de l’appeler. Je la menaçais en lui disant de ne pas parler de moi au cas où elle l’appellerait. Le lendemain, elle vint s’assoir à coté de moi, euphorique comme ce n’est pas possible pour me parler de Mr Mbaye. C’était un chef d’entreprise pleins aux as et qui ne voulait qu’une chose, moi. Je me mis à rire en lui disant que j’étais fiancée et tout mais elle n’entendait rien. Le soir, quelle ne fut ma surprise de voir ce Mr Mbaye m’appeler au téléphone. Il était très courtois et me demandais comment se passait mes études et tout, et je me contentais de répondre très respectueusement, bien que son coup de fil me dérangeait énormément. Et il n’a pas été le seul. Quand je refusais de donner mon numéro, c’étaient les filles qui s’en chargeaient malgré mes protestations et parfois, je me fâchais contre elle. Et je me doutais que j’allais avoir des problèmes.
Un samedi, alors que j’avais un peu boudé car chaque weekend, il était pris, il avait décidé qu’on allait passer la soirée ensemble tranquillement chez lui. On était couché sur le canapé à se faire de petits câlins et il me disait à quel point je lui avais manqué quand mon téléphone se mit à sonner. Il était dans mon sac et malgré mes protestations pour qu’il laisse sonner, il s’est levé et m’a tendu le téléphone après avoir jeté un coup d’œil rapide. Je reconnus le numéro de Mr Mbaye et je répondis malgré moi. J’été assise mais il s’est collé à moi, et il était tellement proche de moi qu’il pouvait entendre ce que ce dernier me disait. J’ai voulu faire vite, mais Mr Mbaye m’a demandé de venir le retrouver dans un hôtel restaurant de la place. J’avais des sueurs froides surtout que j’entendais Rassoul grincer des dents et se lever. Je déclinais en lui disant que j’étais avec mon copain et que je ne voulais plus qu’il appelle. J’ai raccroché les mains tremblantes et ne sachant pas trop quoi faire. Rassoul était rentré dans sa chambre et au bout de quelques minutes, je suis allé le trouver
- bébé, tu es la, demandais je bêtement en m’avançant vers le lit ou il était couché
Pas de réponses. Je me couchais à coté de lui et lui fit une bise sur la joue. Il poussa son visage de l’autre coté et ne dis rien. J’aurais préféré qu’il me crie dessus et que je m’explique ou alors qu’il me demande quelque chose mais rien. Un silence lourd et j’entendais juste les grincements de ses dents et au bout d’un moment je me décidais
- Rass, ce n’est pas ce que tu crois, ce monsieur, je l’ai vu une fois devant notre école et c’est adja qui lui a remis mon numéro.
Il ne disait toujours rien et après avoir poireauté un peu, je me suis levée et je suis allée m’installer au salon. Comme il ne venait pas, j’ai pris mon sac et je suis sortie pour rentrer. Je me disais que je lui parlerais plus tard quand il sera dans de meilleures dispositions. Je marchais tranquillement, quand je l’ai entendu m’appeler et il m’a rejoint pour juste me dire de l’attendre pour qu’il me ramène. On a fait le trajet en silence et arrivé à la maison, je suis resté dans la voiture
- Rassoul, parle moi, je ne supporte pas ton silence. Dis-moi juste ce que tu penses au lieu de bouder comme ca
Après quelques minutes de silence, il poussa un gros soupir
- tu me déçois Diouldé, énormément dit-il ; je ne pensais pas que tu étais le genre à laisser un homme t’inviter comme ca.
- je ne l’ai pas laissé m’inviter. Je t’ai expliqué que c’est Adja qui lui a donné mon numéro et..
- même si Adja passait son temps à distribuer ton numéro dans tout Dakar, je pensais que tu avais assez de caractère pour ne laisser aucun homme t’appeler plus d’une fois. Au lieu de ca, il y ‘en a qui ose t’inviter dans un restau. Mais Dioudé, tu te fous vraiment de moi ? Je représente quoi dans cette histoire ?
Mon Dieu, j’avais honte et le pire c’est qu’il avait raison. J’aurais du recadrer ce Mr Mbaye depuis le début, mais je ne pensais pas à mal. Je me rendis compte à cet instant que je ne voulais pas le perdre et qu’il comptait vraiment pour moi
- tu as raison, je n’aurais pas du, dis je finalement, la tête baissée
- tu va là bas pour étudier et non pas pour te faire des connaissances hommes qui doivent te draguer. Si je ne te conviens pas dis le moi Diouldé, que je prenne mes dispositions, je n’aime pas passer pour un crétin.
- non, ne dis pas ca. Je t’aime et…
Les mots avaient du mal à sortir mais je me fis violence
- je suis désolée
Il ne répondit rien et comme il continuait à bouder, je suis sortie de la voiture et je suis rentrée. Je pensais qu’il m’appellerait, mais les jours suivants, je n’avais pas droit à mes coups de fil nocturnes et autres messages tendres. Il a fallu des jours et beaucoup d’explications pour qu’il me fasse encore un sermon et accepte enfin de tourner la page. Après cela, je prévins les filles qui avaient l’habitude de donner mon numéro de ne plus le faire et en plus, je ne décrochais pas les numéros que je ne connaissais pas. J’avais aussi supprimé le numéro de Demba et de tout façon, il faisait le mort et je n’avais que rarement de ses nouvelles. Et quand il appelait, j’avais l’impression qu’il m’écoutait et voulait que je lui dise quelque chose qui ne venait pas et donc il raccrochait toujours brutalement. Mais les mise en garde de Coumba me venait à l’esprit et je ne faisait plus rien pour l’encourager même si à chacun de ses coup de fil je devenais mélancolique. Mais, Rassoul me surveillait comme du lait sur le feu et ca le rendait encore plus affectueux et ce n’était pas pour me déplaire.
Vers le mois de mars cette année si je me souviens bien, il y avait la fête de la tabaski. Rassoul à quelques jour de la fête m’avais ramené une joli robe en basin, bien cousu avec des chaussures et des bijoux. J’en étais toute retourné et lui dit que vraiment il en faisait trop et il me répondait que rien n’était trop pour sa future femme. Donc le jour de la fête au soir, il vint me chercher et on allait chez lui. Comme d’habitude, sa maison était très animée entre sa maman et ses sœurs. Je fus bien accueilli et Sokhna se montrait très gentille à mon égard. Sa grande sœur Kiné, comme d’habitude se montra très froide et ce jour la je fis la connaissance d’une de ses cousines Anta, qui se montrait collante, un peu trop à mon gout envers Rassoul. Elle le prenait par la taille, l’enlaçait en lui disant des mon chéri et en m’ignorant totalement. Sa mère ne disait rien et semblait trouver la chose très drôle. Le mari de Kiné, Jules, toujours égal à lui-même, m’a même à un moment donné demandé si je comptais laissé faire la chipie charmer mon homme. Je me contentais de sourire en me promettant de régler cela plus tard. son père adepte des grandes discussions me prit la main et on s'installait cote à cote pour discuter des affaires politiques. il adorait cela et disait à Rassoul qu'il me trouvait très intelligente. sa maman, elle ne cessait de me poser des questions sur la Guinée et sur ma maman et sur ce qu'elle faisait là bas. je répondais poliment sans trop comprendre cette curiosité.
sur le chemin du retour, c’était à mon tour de bouder et, il ne cessait de me demander ce qui n’allait pas. N’étant plus adepte de la langue de bois, je lui dit que je n’aimais pas le comportement de sa cousine et il s’est mis à rigoler, disant qu’ils sont comme ca depuis tout petit et que c’est surtout sa petite sœur. J’eu un peu honte mais je maintins que maintenant il était à moi et que sa cousine n’avais qu’a se retenir. Il promit de prendre ses distances.
Le lendemain était férié et il est passé à la maison pour me voir. J’étais un peu mélancolique et je racontais à Rassoul la dernière fête de tabaski que j’avais passé. Il y avait mon père et ce jour la, il était sorti et avait mis une natte dehors pour discuter et recevoir ses invités qui venaient pour les traditionnels ziarras. Je ne pouvais m’empêcher de pleurer et Rassoul me prit dans ses bras et à sa façon de me réconforter, je sentis qu’il était aussi très touché et je l’en aimais que plus. J’avoue que vraiment je n’avais rien à lui reprocher et qu’il s’était toujours montré très bien avec moi. Le mariage avec lui qui au début me pesait un peu se révéla être une nécessité à cet instant. Ma vie avec lui devint une évidence et je le lui dis. Je ne pouvais m’empêcher de songer un peu à Demba mais je me dis que ca me passerais.
Vers le début du mois de juin, j’étais en plein dans les révisions et un dimanche, j’allais chez Rassoul pour étudier car c’était plus calme et le soir, alors que je me reposais sur le lit, il vint se blottir contre moi et me parlais à nouveau du mariage
- j’ai parlé à mon père Diouldé.
Je me retournais pour le regarder.
- ne me regarde pas avec tes gros yeux la. On est au mois de juin et bientôt tu finis tes examens. Maintenant, il faut qu’on songe à nous ma belle.
Il avait raison et j’allais d’ailleurs lui en parler, mais j’attendais de finir mes examens.
- mon père a dit que dès que tu finis, il va discuter avec son frère et ils verront comment s’organiser pour venir demander ta main.
- Tu me mets la pression.
- arrête de dire ca. On s’aime, et depuis des mois je n’attends que ca. N’attendons pas plus et faisons ça une bonne fois.
Je lui expliquais que j’en avais déjà parlé à ma mère et qu’il lui fallait un peu de temps pour s’organiser. Je lui dis d’attendre la fin de mes examens et avec ma mère on fixera une date. De toute façon elle avait déjà prévue de venir au courant de ce mois. Il acquiesça et il me demanda ce que je voulais faire pour le mariage. Je lui dis que je ne connaissais pas grand monde et que j’allais attendre ma mère pour tout organiser. Un petit silence s’installait et il me serrait dans ses bras et regardant la télé.
- j’ai vu ta maman Fanta hier, me dit il brusquement et murmurant presque. elle est venue à l’hôpital
Mon cœur rata un battement et se mit à battre très fort. Je n’osais pas demander comment elle allait et ce qu’il s’était dit. Je me contentais de le regarder et comme s’il savait toutes les questions que je me posais, il continuait
- on n’a pas parlé de toi. Elle voulait juste un rendez vous pour sa fille.
Rama. Donc elle était au Sénégal.
- tu veux que j’aille lui parler me demanda t-il après quelques minutes de silence.
- pour lui dire quoi ?
Non je ne voulais pas. Plus jeune, j’avais toujours pensé que c’est maman qui organiserait mon mariage, que ca serait de chez elle que je quitterais pour rejoindre mon mari. Au lieu de cela, je ne savais même pas comment elle allait et sans le vouloir j’en eus le cœur gros. Non, je ne voulais pas qu’il aille lui parler de moi. Mais le fait d’apprendre que Rama était revenue, me donnait des envie d’aller lui parler, mais je refoulais cette idée et me concentrait plus sur mes examens.
Au lieu d’appeler ma mère, j’attendais de finir mes devoirs. Quand plus tard, je le fis, on m’apprit qu’elle était déjà en route pour Dakar. Rassoul aussi, avait déjà parlé à son père et l’imminence du mariage était une réalité. J’en stressais gravement et il y avait de quoi, car les préparatifs ont frôlé l’incident diplomatique entre le Sénégal et la Guinée.
Ma mère est arrivée avec ma tante (Badiène), et Mariama, la femme d’Ibrahima. Elle a préféré loger chez mon oncle avec ma tante tandis que Mariama est venu à la maison. J’étais très contente de revoir ma mère et je n’arrivais pas à me détacher d’elle. Je lui demandais des nouvelles de tout le monde et lui reprochait de ne pas avoir amené Fanta. Elle me demandait aussi comment s’était passé mes examens et le soir même Rassoul vint me chercher chez mon oncle. Il trouva ma mère et ils discutèrent un moment. Rassoul lui dit que ses parents n’attendaient qu’une date pour pouvoir venir et ma mère lui fit comprendre que c’était mon oncle qui décidait et qu’il n’avait qu’à lui parler. Ce jour la mon oncle avait un décès et n’était pas sur place. Rassoul dut donc revenir le lendemain un peu grincheux car il avait beaucoup de malade. Il était accompagné d’un de ses copains Mohamed.
Comme je le disais, mon oncle était un de ses peul très à cheval sur certains principes et ca le révoltait de donner en mariage une peule à un homme d’une autre ethnie. Avant même que Rassoul ne vienne, il eut une discussion houleuse avec ma mère et mon frère Ibrahima car ils les avaient convoqué. Il disait que si mon père était vivant il n’accepterait jamais cela. Mon frère lui dit que de toute façon, Rassoul était quelqu’un de biens et ma mère aussi appuya en disant pleins de bonnes choses sur lui. Ceci augmentais mon stress et quand Rassoul arrivait le lendemain, je pensais qu’il se garderait de faire des commentaires et se contenterais juste de donner une date pour le mariage. Au lieu de cela, il se mit à leur faire tout un discours sur les peuls et leur dignité. Finalement, il leur dit de venir dans une semaine avec la cola. Ca tombait un dimanche et il leur dit qu’il ne voulait aucun folkhlore et que je rejoindrais le domicile conjugal le même jour. Dès qu’il est rentré, il m’a appelé pour me dire que mon oncle était complètement fou, mais qu’il ferait comme s’il n’avait rien entendu.
Ca aurait pu s’arrêter la mais non. Ca serait trop facile. Le lundi, j’étais allé à la cité Claudel prévenir mes amies de mon mariage et c’est la bas que j’ai reçu le coup de fil de Sokhna, la sœur de Rassoul. Elle me passait sa maman qui le lendemain, comptait venir pour amener les premiers cadeaux avec sa délégation. Je ne savais pas quoi répondre surtout que je ne savais pas comment ca se passait. Je lui dis donc de me laisser le temps d’en parler à ma mère avant de lui confirmer une date. Elle raccrochait en rouspétant sans que je ne sache pourquoi. J’annonçai après la nouvelle aux filles et elles se mirent à sauter et à faire des plans sur ce que j’allais mettre, comment tout organiser. Je leur dit que mon oncle ne voulait rien de festif et qu’on ferait ca le plus simplement du monde.
Je quittais rapidement et allait voir ma mère pour lui dire ce que la maman de Rassoul venait de me dire. Elle s’inquiétait en disant, qu’elle ne savait pas ce qu’il fallait faire et surtout elle ne savait pas comment faisait les femmes sénégalaises. Elle avait juste une vague idée des échanges de civilités dans les cérémonies mais ne maitrisait pas les tenants et les aboutissants. Mon oncle fut mis au courant et créa un scandale. Il disait qu’il ne voulait pas de ces choses dans la maison. Que le mariage sera célébré Dimanche et il n’est pas question que de bonnes dames viennent pour apporter de l’argent et créer des problèmes. Je ne savais plus quoi faire et j’appelais Rassoul pour lui expliquer la situation. Lui aussi était dépassé car il m’expliquait qu’il avait juste parlé à son père et ses oncles mais que sa maman a dit qu’il était son seul fils et qu’elle ne comptait pas faire simple. Elle était contre le fait que ca soit les hommes qui amènent les premiers cadeaux. Il avait essayé de la convaincre, mais elle n’en faisait qu’à sa tête et appelait partout pour annoncer le mariage. Je lui expliquais la réaction de mon oncle et au lieu de stresser comme moi, il se mit à rire et m’a expliqué qu’on avait qu’à régler tout ca et qu’il n’avait pas le temps.
J’expliquais alors brièvement à ma mère ce que la maman de Rassoul comptait faire et ca la stressa encore plus. Finalement, la femme de mon oncle, appela une de leur voisine, sénégalaise bon teint et lui expliquait le problème. Cette dernière conseilla à ma mère de ne pas éconduire les femmes qui voulaient amener ca car ca risquait plus tard de me créer des problèmes. Elle demandait à ma mère ce qu’elle avait prévu et celle-ci lui montrait les quelques tissus qu’elle avait ramené pour préparer la fête. La voisine se mit à rire et nous expliquait qu’il fallait qu’on cherche une griotte pour nous assister ce que ma mère refusait. Il faisait tard et on était toujours dans les discussions. La maman de Rassoul me rappelait et demandait à quelle heure elle pouvait venir. Je lui passais la voisine qui en des termes très courtois, lui demandais d’attendre le mercredi pour venir. J’ai cru devenir folle par tous ces protocoles.
Le lendemain j’appelais Coumba pour l’informer et elle pleura de joie. Moi aussi je me mis à pleurer et lui expliquais le problème. Elle me conseilla de me rapprocher de sa mère et me refilait le numéro. On est resté longtemps à parler et je lui expliquais toutes mes craintes. Finalement j’appelais sa mère qui était toute contente de m’entendre et je m’excusais de ne pas être passé la voir depuis que Coumba était partie. Elle me comprit et je lui annonçais mon mariage. Avec beaucoup d’hésitation, je lui expliquais le problème et sur le champ elle me proposait de venir voir ma mère pour l’aider. J’en fus vraiment touché et regrettais vraiment le fait de ne pas prendre de ses nouvelles souvent, surtout qu’elle a toujours été très gentille avec moi.
Rassoul était injoignable toute la journée et j’étais perdu entre ma mère, sa mère et mon oncle. Mon oncle avait décidé que c’est uniquement les hommes qui amèneraient la dot et je n’arrivais pas à joindre rassoul pour qu’il puisse parler à sa mère. Finalement je me lançais en l’appelant et je crois que c’est par ce coup de fil que j’ai ouvert les hostilités. La maman de Rassoul ne voulait rien entendre. Elle avait déjà planifié tout ca et puis elle me fit comprendre que ce n’était pas à moi de lui dire comment organiser le mariage de son fils. Je raccrochais rapidement et après avoir rendu compte à ma mère, je pris mes bagages et rentrait chez moi en laissant le numéro à ma mère. Je ne répondais plus au téléphone mais n’arrivais pas à dormir. Mariama que j’avais laissé là bas revint à minuit passé pour m’expliquer que finalement après moult discussions, ils ont décidé de recevoir la délégation chez la voisine et comme ca mon oncle n’en saura rien. Elle me dit aussi que la maman de Coumba était passée et avait beaucoup aidé à trouver un compromis. Rassoul appela finalement en disant qu’il avait éteint son téléphone car sa mère ne cessait de l’appeler pour se plaindre. Il était vraiment content qu’on en soit la et était pressé d’être à dimanche. Moi j’étais plus stressée qu’autre chose.
Le lendemain, j’appelais la maman de Coumba pour la remerciait et elle me demanda pourquoi maman Fanta n’était pas venu. Apparemment elle n’était pas au courant des nombreux problèmes qui étaient survenus. Je lui expliquais donc brièvement qu’il y a eu des soucis et que j’étais partie de la maison et lui promit d tout lui expliquer un jour. Je fus vraiment mélancolique et ne cessait de penser à maman Fanta. Je me demandais si j’avais le droit après tout ce qu’elle avait fait pour moi de me marier sans la prévenir. Même si les choses ne se sont pas passées comme il le fallait entre nous, je me dis qu’il fallait quand même que je la prévienne, mais j’avais trop de soucis pour vraiment y penser.
Je passais rapidement et je trouvais maman en plein préparatifs avec d’autres tantes guinéennes qui étaient venues pour l’aider. Comme ma présence n’était pas obligatoire, j’allais me réfugier chez mon oncle juste à coté. Mes cousines m’obligèrent quand même à porter une belle tenue et se mirent à me maquiller et à me coiffer les cheveux. En début d’après midi, la maman de Coumba arriva et vint me dire bonjour. C’était ma mère qui lui avait demandé de venir l’aider car elle ne s’y connaissait pas trop. Donc j’étais un peu rassurée. Maman Oussey, la mère de Rassoul vint à la tête d’une importante délégation. De la fenêtre je pouvais voir les voitures se garer et un moment mes cousines ne demandèrent si le mariage devait être célébré aujourd’hui. Je ne comprenais pas pourquoi une telle délégation pour juste remettre la dot. J’attendis donc anxieuse et un moment on me dit de venir dire bonjour à ma future belle famille. J’y allais donc toute tremblante et saluait toutes les femmes. Maman Oussey se leva pour me faire la bise et elle me présentait à ses amies et ses sœurs. Je ne retenais le nom d’aucune d’entre elle et je levais à peine la tête. Après avoir fini, j’allais partir quand une dame me retint. Je compris que c’était la griotte de maman Oussey et je cherchais du regard ma mère. Elle se tenait la bouche et semblait complètement dépassé par les événements. La maman de Coumba tenait une liasse de billet et des boites.
- Diouldé, peul bou rafète reste ici et écoute ce que ton futur mari a fait pour toi.
Elle se mit à chanter les louanges de Rassoul et de sa maman et me dit, qu’elle avait amené un million. A l’époque c’était quand même beaucoup d’argent et j’écarquillais les yeux. Rassoul ne m’avait rien dit et je ne pensais pas qu’il allait donner une telle somme d’argent. Et ce n’était pas tout. Elle tendit la main et maman Fatou, la mère de Coumba lui tendit les boites et elle en ouvrit une. Elle contenait une magnifique parure en or et des bouches d’oreilles et ca faisait aussi partie des cadeaux de mon mari en plus d’un magnifique portable (hé oui à l’époque ca faisait branché d’offrir un portable comme premier cadeau). Je voulais partir mais je n’avais plus de chemin tellement le salon était bondé et je me suis engrouffré entre tata Fatou et une de mes tantes. Tata Fatou soufflait qu’il fallait donner en retour une partie de l’argent et ma tante lui dit de faire le plus normalement possible. L’autre camp (j’avais cette impression qu’il y avait deux clans qui s'affrontait) était en train de chuchoter et tata Fatou s’est levé pour remercier et préciser que ma mère vient de la Guinée et qu’elle a perdu son mari y’a pas longtemps, donc, par sa voix elle remercie tout le monde. Elle leur expliquait aussi que j’avais été élevé à Dakar sous son aile et sait de moi que je suis une fille bien, posée et très timide. Près cela elle compta une somme d’argent qu’elle remit à la griotte qui un moment regardait l’argent comme si elle s’attendait à ce qu’on lui donne plus et sans mot, reit l’argent à maman Oussey et elles se penchèrent pour discuter pendant que tata Fatou s’était aussi penché vers ma maman pour parler. Enfin bref, l’autre camp a encore remis de l’argent et mon camp (MDR) a fait encore pareil. Je ne comprenais pas et un moment je sentais que l’autre camp n’était pas vraiment content et je ne savais pas pourquoi. Même tata Fatou était contrariée et avait fermé son visage et la griotte aussi ne cessait de lancer des piques. Finalement elles se sont levées pour prendre congé, ramenant presque le quart de ce qu’elles ont amené et n’étant toujours pas satisfaites. En les raccompagnant, j’entendais une femme dire
- « peulou guinée yi, ils se foutent de nous, si on ne sait pas comment ca se passe on demande, mais jouer au plus futée avec nous et dire qu’on ne connait pas vos traditions c’est trop facile »
D’autres en rajoutèrent et malheureusement une de mes tantes les avaient entendues et elle se mit à leur répondre en disant qu’il fallait être de vrais nobles pour avoir des distances avec l’argent. Et ce fut une foire de piques qui allait se transformer en dispute si tata Fatou n’était pas intervenu pour calmer les ardeurs.
J’étais complètement dépassé par les évènements et avant que ma mère m’appelle pour se plaindre je pris mes bagages rapidement et disparut. A ce moment je me rendis compte qu’effectivement le mélange de culture ce n’est pas chose aisé. Chez nous, la dot appartient entièrement à la future marié et la belle famille n’as pas de part. Je ne voulais pas polémiquer avec ma mère, ni avec mes tantes et c’est pourquoi je ne répondais même pas au coup de fil. J’allais chez moi et il se faisait un peu tard quand Rassoul m’appela pour me demander de sortir une minute. Je lui en voulais un peu de m’avoir laissé à toutes ses tracasseries avec sa famille. Je sortais donc et il était dans la voiture. J’entrais et après un bref bonsoir, je me tournais vers la fenêtre. Je l’entendis rigoler et il me tira à lui en me chatouillant les cotes.
- chérie Rassoul pourquoi tu es fâchée ?
Pas de réponse
- tu m’en veux de ne pas t’avoir répondu ces derniers jours. Tu sais moi ces trucs de femmes la je n’y comprends rien et entre toi et ma mère j’allais devenir fou
- et tu as préféré fuir tes responsabilités
- non ce ne sont pas mes responsabilités. Moi ma responsabilité, c’est dimanche. J’amène la cola et on célèbre le mariage. Le reste c’est vous. Tout ce que je veux c’est être à dimanche soir et faire de toi ma femme c’est tout.
Sans trop savoir pourquoi je me mis à pleurer en lui expliquant le coup de gueule de mon oncle, les réactions de mes tantes, de la griotte et les disputes. Je lui dis que sa famille considérait la mienne comme pingre qui ne sait pas donner des térangas. Il ne dit rien et alluma la voiture. On arriva chez lui et il me demanda de venir quelques minutes. J’entrais donc et m’assis au salon tandis qu’il me faisait son délicieux thé en me disant que celle-ci allait me calmer car j’en avais vraiment besoin. Je le bus et effectivement je me calmais un peu et posa ma tête sur son épaule.
- tu sais tout ce que je voulais c’était te rendre fière auprès de toute ta famille. C’est pourquoi quand ma mère m’a dit qu’il fallait telle somme je n’ai même pas hésité. Mais je ne pensais pas qu’il y avait tous ces protocoles.
- moi aussi je ne savais pas
- mais c’est fini, on a survécu à ca. Maintenant prépare toi pour dimanche. Je te promets de parler à ma mère pour qu’elle laisse tomber tout ca.
- ok merci.
Il se penchait et effleura doucement mes lèvres. Je le regardais et me dis que c’est avec cet homme que j’ai choisi de faire ma vie. Il me sourit à cet instant et je me blottis dans ses bras pour qu’il ne se rende pas compte du doute qui m’habitait encore. J’avais vraiment peur de m’engager et redoutais tout ceci. La vie ne m’avait pas trop faut de cadeaux et j’espérais vraiment que ce choix serait le bon. Comme s’il avait deviné, il me dit qu’il m’aimait plus que tout et que lui était convaincu d’avoir fait le bon choix en m’épousant. Je lui dis aussi que je l’aimais beaucoup et que moi aussi j’étais sur d’avoir choisi le bon. A ce moment la question de mon excision me revint en mémoire. Depuis qu’il était question de mariage, je ne cessais d’y penser. Et je me dis qu’il fallait vraiment lui en parler surtout que je n’étais pas sur de le revoir avant dimanche et donc je me lançais.
- je dois te dire quelque chose dis-je en me dégageant et en tripotant le coussin posé sur moi.
Il me regardait avec un air perplexe et fronçait les sourcils. Je baissais la tête et balbutiais des phrases incompréhensibles
- en fait, quand j’étais petite… en fait, ma mère…heuuu.. chez nous…comment dire…
Finalement il m’interrompit et me prit les mains.
- je sais Diouldé.
Je le regardais en écartant les yeux
- tu sais quoi ?
- quand tu es venu avec ta tante à l’hôpital ce jour la et que vous avez demandé à voir le gynéco, j’étais trop inquiet pour toi et j’ai demandé après à ma collègue si tu n’avais rien de grave. Elle m’a dit que tu avais subi….
Il ne terminait pas et je baissais à nouveau la tête.
- t’inquiète ma chérie. Je suis médecin. Si tu veux aussi on peut aller voir le gynécologue avant pour te rassurer et aussi pour que tu prennes des dispositions pour ne pas tomber enceinte tout de suite.
Cette discussion me gênait au plus haut point et j’avais le visage en feu. Ca impliquait beaucoup de choses et je baissais tellement la tête que mon menton arrivait à ma poitrine. Je l’entendis rire et il me releva la tête.
- ma chérie, dans quelques temps on sera marié. Il ne faut plus être gêné devant moi et tu sais que tu es très désirable et j’ai toujours envie de…
Mon Dieu, ma gêne a atteint à ce moment son paroxysme et une expression de vraie terreur se lisait sur mon visage. Il rigolait franchement à s’en tenir les cotes tandis que je ne voyais rien de drôle dans cette histoire. Mon excision était encore un souvenir terrible dans ma tête et rien que d’imaginer encore l’acte sexuel ca me terrifiait. Rassoul me rassurait encore et me dit qu’il ne me ferait jamais de mal. Je le crus et n’eut plus envie de parler de cela.
Il faisait tard et je voulais aller me reposer. Sur le pas de sa porte, il me prit par la taille et nos visages étaient à quelques centimètres. Il me regardait intensément et finalement déposa un léger baiser sur mon front en souriant malicieusement.
- je vais me réserver pour plus tard… tu sais…
J’ouvris la porte rapidement et sortit. Je commençais à en avoir marre de tous ses sous entendus. Il me ramena donc et il restait encore quelques minutes devant l’immeuble à discuter encore du mariage. Il me demandait d’appeler ma mère et de discuter avec elle. Avant de sortir il me remit une enveloppe et me demandait de la garder pour si j’avais besoin de me préparer. je refusais disant qu’il avait déjà donné tellement d’argent, mais il insistait et disait que maintenant je n’avais qu’a le considérer comme son mari et qu’entre un mari et sa femme…
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