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Partie 30

Comme je l'avais prévue, Demba a encore une fois très mal pris le fait que je voulais m'entêter à faire cette formation. Il est même allé jusqu'à dire que c'était juste pour l'embêter. Sauf que cette fois j'étais vraiment décidée et je le lui ai fait comprendre.

- si je voulais vraiment t'embêter, je l'aurais fait depuis l'année précédente cette formation. Mais justement, je ne voulais pas avoir de problème. Maintenant, il faut que tu saches que je tiens à cette formation. J'ai toujours fait ce que tu me demandais de faire, toujours. Cette fois c'est moi qui te demande un peu de compréhension.

Il a gardé le silence, tripotant son téléphone sans rien dire.

- cette formation je vais la faire Demba. Si tu comptes me faire la tête tout le temps, ça sera pour six mois. Je reconnais que c'est contraignant, mais je ferais mon possible pour que vous ne le sentiez pas toi et Mohamed.

Il gardait toujours le silence. Je me suis approché et j'ai pris son téléphone. Mais il s'est contenté de me regardé toujours en silence

- je t'aime mon cœur. Tu es toute ma vie. Tu me combles sur tous les plans. Mais comprend que ce travail me tient à cœur et je veux réussir. Pour moi. Ne me laisses pas tomber.

Il a soupiré

- pourquoi ? Pourquoi tu persistes comme cela ? Tu penses que c'est raisonnable d'abandonner ton fils pour suivre des cours

- je n'abandonne personne. Ni toi ni mon fils. Arrête de dire cela...

Il m'a interrompu en criant

- alors explique-moi ce que tu veux faire là ???

J'ai soupiré. Et j'ai baissé d'un ton sinon, ça sera un dialogue de sourds.

- Ne cherches pas de raison. Je te demande juste de me soutenir pour cela. 6 mois ce n'est pas insurmontable.

Il a gardé le silence et est sorti de la chambre. Je me suis couchée le cœur lourd et vraiment pas décidée cette fois ci à lâcher l'affaire. Il boudait comme d'habitude et je ne l'ai pas suivi dans sa bouderie. Au contraire. Je lui parlais, lui expliquais les solutions pour Mohamed. J'avais déjà parlé à Maman Fanta de la formation et elle était ravie que je prenne en main mon avenir professionnel. Elle disait toujours qu'une femme devait être active et ne pas toujours se laisser entretenir. Surtout elle disait que c'était un aboutissement pour elle.

- Dans ta famille tu es la seule à avoir fait des études. En te prenant à ta mère, je voulais faire de toi une grande cadre, reconnu dans son milieu, une grande intellectuelle. Je t'encourage ma fille.

Son enthousiasme me faisait chaud au cœur et me convainquait que je ne prenais pas une si mauvaise décision que cela. Oui parce que je doutais toujours. La réaction de Demba me faisait encore douter de l'opportunité ou pas de cette formation. Au début elle m'a même proposé de garder Mohamed pendant les 6 mois et de le prendre uniquement les weekends, mais j'ai rigolé en lui disant que Demba ne serait jamais d'accord. Il était tellement attaché à son fils qu'il ne pourrait jamais rester autant de temps loin de lui. Ah s'il pouvait être aussi ravi pour moi que maman Fanta.

J'avais effectué toutes les formalités d'inscription et il me restait une semaine avant le début des cours. Demba ne m'avait toujours pas donné son accord, malgré le fait qu'on en parlait presque plus. Donc un soir, je l'ai relancé tout en douceur et cette fois, il a donné son point de vue disant qu'il me donnait son aval, mais que ça ne signifiait pas qu'il

- chérie, tu connais ma position. Je t'aime. Et je sais que tu y tiens vraiment à cette formation. Mais saches que je ne dis pas ça parce que je suis pour, mais juste pour te faire plaisir. J'avoue que je ne comprends pas vraiment ton entêtement, mais bon. Fais comme il te plaira.

Je n'ai pas aimé la façon dont il l'a dit, ni le ton d'ailleurs. Mais j'ai décidé de ne pas faire attention. J'ai creusé et enterré mon amour propre et je me suis juste contenté de cet accord. je lui ai sauté dessus et j'ai déposé pleins de bisous sur son visage. Au début, il tournait la tête car je savais que malgré tout, il ne voulait pas que je fasse ses cours, mais finalement, on s'est embrassé et même plus. Après tout c'est moi qui voulais quelque chose, donc je devais être souple.

Comme je m'y attendais, il a refusé la proposition de laisser Mohamed à maman Fanta disant qu'il fallait prendre une nounou qui devait juste s'occuper d'aller le prendre à l'école et de le surveiller le temps qu'on rentre. Caroline était la personne indiquée car Mohamed l'adorait et elle le lui rendait bien. Donc, on a finalement cherché une autre fille pour la seconder et l'aider dans les tâches. De toute façon, il n'y avait pas grand chose à faire dans la maison et j'étais persuadé que Caroline aurait pu tout faire et s'occuper de Mohamed mais bon. C'était quand même plus rassurant.

J'ai donc commencé la formation le cœur plus léger et surtout persuadée que finalement les choses n'étaient pas si terribles que ça. Après une semaine, j'ai un peu déchantée. Je terminais le boulot à 17 heures et le temps de rejoindre l'institut, j'étais fatiguée à cause des embouteillages. Il fallait encore suivre le prof pendant 2 heures de temps. La plupart du temps, il rajoutait encore une bonne demi-heure et on terminait très tard. Le temps de rentrer chez moi, avec encore les embouteillages, il faisait 21 heures passée. Les premiers jours, je trouvais Mohamed endormi et Demba qui boudait. Il avait déjà diné et j'étais obligé de manger seule. Mais il me demandait quand même comment se passaient mes cours et si ce n'était pas trop compliqué. Je me mettais à lui raconter les profs, les autres élèves qui étaient pour la plupart des cadres dans des boites mais qui cherchaient à s'améliorer. Il écoutait et parfois ne faisait pas plus de commentaires que cela. C'était déjà cela.

Au bout d'une dizaine de jours, même moi je me rendais compte que c'était difficile. Non seulement je ne voyais mon fils que les weekends, mais en plus, j'avais l'impression qu'il se détachait de moi et avait plus tendant à me demander caroline ou son papa. Toute la journée du dimanche, c'était des « maman ou est Cayo ? », ou alors quand je le prends dans mes bras, il me dit qu'il veut aller chez papa. Ça me faisait u peu mal, mais bon. C'était encore un enfant et je resterais toujours sa mère même si je manquais de temps à lui consacrer. Avec Demba c'était plus délicat. Avec mes heures impossibles, il avait toutes les raisons du monde de se plaindre, mais il gardait un calme bizarre. Il ne disait rien, ne se plaignait pas, mais ne me parlait pas beaucoup aussi. La plupart du temps, je le trouvais en train de suivre du sport à la télé et si au début, il faisait l'effort de discuter avec moi, plus le temps passait, plus il gardait le silence et me répondait à peine. Malgré son attitude, malgré ma fatigue, malgré mon envie de dormir, malgré que mon fils me manquait, je parlais toute seule, essayant d'installer un dialogue entre nous, même s'il me répondait par monosyllabe. Je m'en contentais. Je me sentais coupable et pensait qu'il fallait tout faire pour ne pas tomber dans le piège de la monotonie que cette situation allait nous mener. Et pourtant Dieu sait que je ne voulais que me coucher et dormir.

Même faire l'amour avec mon chéri devenait un supplice. Pas parce que je n'aimais pas non. Mais juste parce que j'étais fatiguée. Et le pire, je n'osais pas refuser, je n'osais pas dire que j'étais épuisée, que mon corps ne répondais plus. Non. Le sentiment de culpabilité était trop présent pour que je puisse encore le frustrer en me refusant à lui. Au contraire.

Le temps passait donc, et Demba semblait de plus en plus contrarié. C'est vrai que je revenais de plus en plus tard, car les profs accéléraient la cadence et surtout nous retenaient bien après 20 heures. Je m'étais lié d'amitié avec Nabou, une fille sympathique et qui était une nouvelle mariée. Comme moi, elle était toujours pressée de rentrer car elle vivait avec sa belle famille qui ne cessait de lui reprocher ses cours et le fait qu'elle n'avait même pas le temps de s'occuper convenablement de son mari. Mais son mari la soutenait et chaque soir, il venait la chercher. Il y avait aussi Justin, un vrai tombeur (oui, je reconnais qu'il était vraiment très beau), qui dès le début, m'a approché pour me dire qu'il me trouvait très jolie. J'ai tout de suite mis les choses au clair en lui disant que j'étais mariée et mère de famille. Il ne m'a pas cru et il a fallu que je lui montre les phots de Mohamed pour qu'il se résigne. Mais n'empêche, il ne cessait de me dire que c'était dommage et que malgré tout il m'appréciait. Mais il le disait avec tellement d'humour que malgré que je voulais prendre mes distances avec lui, finalement on est resté ami et on s'échangeait souvent nos notes, ou on restait à discuter avec Nabou jusqu'à l'arrivée du prof. C'étaient des cours très relax et souvent dans une très bonne ambiance.

Après deux mois de cours, la situation à la maison, ou plutôt la situation avec Demba avait empiré. J'avais l'impression qu'il s'éloignait de moi. Parfois, il éclatait et me reprochait pleins de choses, disant qu'il en avait marre de tout cela ; qu'il avait l'impression d'être marié à un fantôme, que je n'avais même pas le temps de m'occuper de mon fils encore moins de lui. Je passais mon temps à m'excuser, à me justifier, disant que c'était bientôt fini et que tout reviendra à la normale. Mais il boudait et je ne savais plus comment faire. Il allait jusqu'à me reprocher de négliger la prière. Un soir que j'étais rentrée très fatiguée, je me suis couchée sans même rendre la peine de me changer, me disant que je me réveillerais plus tard. Mais il est venu me secouer en disant que depuis que j'avais commencé cette foutue formation, je ne faisais plus mes prières et que rien que pour cela, Dieu n'agréait pas cette foutue formation. J'avais envie de lui crier que j'allais les faire ces prières, mais quand je me serais reposée. Mais pour ne pas polémiquer, je me suis levée et je les ai faites, ne voulant pas rajouter des problèmes.

Je me disais juste que dans quelques mois tout rentrerait dans l'ordre. Un autre soir, les embouteillages étaient particulièrement denses et quand je suis rentrée, il était 22h. Bien entendu, j'ai trouvé Mohamed endormi et ça m'a fendu le cœur. Je suis allée lui faire un bisou avant d'aller dans la chambre. J'ai trouvé Demba dans la chambre en train de lire. Je me suis jeté sur lui en soupirant

- chéri, je suis désolée. Je suis rentrée trop tard aujourd'hui. Je me demande si je pourrais continuer. On a fait un cours de gestion de projets et le prof nous a retenues...

Il ne m'écoutait même pas. Il était plongé dans un magazine de foot et n'avait pas relevé la tête. Je me suis arrêtée et je lui ai arraché le journal sur le ton de la plaisanterie. Mais il a mal réagi

- arrête Diouldé. J'en ai marre. Marre de tout cela. Tu rentres de plus en plus tard et j'ai l'impression que tu t'en fous. Tu n'as plus le temps de rien. Tu ne savais même pas que Mohamed était malade depuis ce matin et qu'il n'a pas pu aller à l'école. Toute la journée, tu n'as même pas pris la peine d'appeler ne serais ce que pour demander si tout va bien

J'étais sans voix. Mohamed malade ? Je l'ai déposé à la crèche ce matin et il allait bien. D'habitude j'appelle Caroline avant d'aller en cours pour voir s'ils sont bien arrivés à la maison et si tout va bien, mais aujourd'hui j'ai fini tard et je n'ai pas eu le temps.

- Mais il allait bien ce matin...

- oui, mais la crèche m'a appelé vers 10 heures parce qu'ils n'arrivaient pas à te joindre et je suis allé le prendre et toute la matinée j'étais à l'hôpital. Il vomissait et avait le corps chaud.

- pourquoi tu ne m'as pas appelé pour me prévenir ? Demandais je les larmes aux yeux et en me levant pour aller voir à nouveau mon fils

- madame est occupé...pourquoi la déranger pour des choses concernant sa famille qui passe en seconde position. Et ça se dit une bonne mère

La dernière phrase a été comme un coup de poignard dans le cœur.

- tu es injuste de me dire cela.

Je suis allé dans la chambre et il dormait paisiblement. J'ai réveillé Caroline qui m'a confirmé que la veille, il avait le corps un peu chaud. Moi quand je l'ai pris le matin, je n'avais rien remarqué. Mon Dieu quel genre de mère je suis. Elle m'a dit que son père lui a donné les médicaments et qu'il allait mieux. Je l'ai pris et l'ai ramené dans ma chambre. Demba me regardais méchamment sans rien dire alors que je serrais mon fils dans mes bras. Il dormait tranquillement et finalement je l'ai ramené avant de venir m'enfermer dans les toilettes et pleurer toutes les larmes de mon corps. Tout cela commençait à me peser. Les cours, le comportement de Demba, le fait que je néglige mon foyer. J'en avais marre. Je me demandais sérieusement si cette foutue formation en valait la peine. Valait-il vraiment le coup que je sacrifie tout cela. Je voyais à peine mon fils, mon mari était toujours fâchée contre moi, je n'avais aucune vie de famille. Le sacrifice était vraiment énorme. Je suis restée longtemps et c'est Demba qui est venu frapper à la porte

- tu va bien Diouldé.

Je suis sortie, les yeux tout rouges et évitant de le regarder. Il a surement eu pitié de moi et m'a attiré vers lui pour me serrer dans ses bras. J'ai encore éclaté en sanglot

- je suis désolé Demba. Je ne savais pas

Il me caressait le dos en me demandant de me calmer.

- c'est bon calme toi ma chérie.

Finalement, je suis allée me coucher et on est resté dans les bras l'un de l'autre. Ça faisait un bon bout de temps qu'il ne s'était pas montré si affectueux avec moi. Et j'en ai profité pour discuter avec lui, le câliner, lui demander encore une fois de me comprendre. On a fait l'amour de manière plus douce, plus tranquille que ces derniers temps. Le reste de la semaine, je ne suis pas allé en cours, préférant rentrer directement après le travail. Demba était tout content que je prenne un peu de temps pour eux. Oui, tout content de me trouver à la maison à sa descente du boulot, de voir que j'avais cuisiné pour lui, que je l'accueillais à la porte pour lui prendre son sac. Après tout c'étaient les hommes de ma vie, mes amours, et je comptais tout faire pour les rendre heureux. On a fait de petites sorties en famille en allant au restaurant, chez son père, voir maman Fanta, mon oncle. Le dimanche, on est allé à la plage se détendre et c'était tout simplement magnifique. Je retrouvais mon petit mari tout adorable, tout aimant qui ne se détachait pas de moi, qui me câlinais, m'embrassait sans se soucier du monde autour, me répétait que malgré tout il m'aimait. Le temps d'un long weekend. J'en ai même profité pour sortir la grande artillerie au lit et on a bien profité de ce petit répit. Pendant quelques jours on a repris le cours normal de notre couple.

Mais, la semaine a repris et les cours aussi. Nabou et Justin m'avaient prêté leurs notes et il me fallait rattraper tout cela. Eh oui, retrouvailles familiales avait un cout aussi. Mr Guissé aussi prenait souvent de mes nouvelles et s'inquiétait de savoir si tout se passait bien. Mes pauses, je les mettais à profit pour réviser et il voyait bien les efforts que je faisais aussi pour toujours être à jour dans le travail. Il m'aidait et faisait tout pour me décharger un peu pour me permettre de réviser. Il m'appelait souvent dans son bureau et on discutait de tout et de rien. Je le considérais comme un père et le remerciait pour tout. Donc côté professionnel ça allait.

A la maison, malgré les efforts que j'avais faits, après deux mois d'intenses cours, Demba avait repris ses bouderies et j'étais de plus en plus fatiguée. Les embouteillages et la densité des cours ont eu raison de mon endurance et le soir j'étais complètement lessivée. Quand Demba boudait, je préférais aller dormir et je sentais mon couple aller à la dérive sans avoir la force de faire quelque chose pour sauver les meubles. Un vendredi soir, j'étais tellement fatiguée que je suis entrée en collision avec un taxi. Ça m'a encore plus retardé et je suis arrivée à la maison plus tard que de raison. J'avais appelé Demba pour lui dire que j'étais bloqué dans la circulation, mais il a juste grommelé quelque chose avant de raccrocher. Quand je suis finalement rentrée, je l'ai trouvé endormi avec Mohamed près de lui. J'ai failli pleurer et sans les réveiller, je suis allé dormir dans l'autre chambre. Le lendemain samedi, je devais encore aller en cours et j'ai hésité longtemps avant de me lever. Mohamed était déjà réveillé et quand je l'ai serré dans mes bras, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer.

- Mon cœur, tu me manques tellement ces temps ci. Mais c'est bientôt fini.

Demba est entré dans la cuisine et n'a pas daigné me saluer.

- slt Demba. Je suis désolée pour hier, j'ai vraiment tardé à rentrer.

Il a parlé dans sa barbe avant d'aller se faire du café sans rein dire. Comme j'allais être en retard, je suis quand même allé l'embrasser rapidement sur les lèvres avant de le regarder un moment. Il semblait vraiment fâché et je n'ai pas insisté. Je lui ai juste murmuré que c'était bientôt fini avant de partir. J'ai fini vers 17 heures et je suis rentrée aussi vite que possible me permettant de passer un bon weekend en famille. Mais je n'ai trouvé personne à la maison. Quand j'ai demandé à Caroline, elle m'a juste dit que Demba était sorti avec Mohamed mais ne savait pas ou ils étaient partis. J'ai essayé d'appeler Demba, mais il avait fermé son téléphone. Je suis donc restée à patienter, mais jusqu'à 20 heures, pas de nouvelles, et le portable de Demba était toujours sur répondeur. J'ai appelé Adja pour voir si Demba était chez eux, mais non. J'ai pris la voiture pour aller chez son père, étant persuadé qu'ils y étaient, mais là bas aussi, pas de trace d'eux. Pa Sow s'est même inquiété, mais j'ai essayé de le rassuré en lui mentant et en lui disant que j'avais mal compris Demba et qu'il était surement à la maison. Maman Fanta avait voyagé et je ne savais pas quoi faire. Vers 22 heures, je suis rentrée après avoir fait le tour des connaissances ou il était susceptible d'être allée. Je commençais vraiment à m'inquiéter, surtout quand vers minuit, Demba était toujours sur répondeur et que je n'avais aucune idée de à ou il se trouvait. A ce moment, je me suis mise à imaginer le pire, me disant qu'ils avaient peut être fait un accident. Je tournais en rond dans la maison et j'ai finalement repris la voiture pour faire le tour des hôpitaux et des cliniques, donnant la description de Demba et Mohamed. Mais rien. J'ai appelé Babacar vers 4 heures du matin en sanglot en lui demandant de me dire par pitié ou était mon fils. J'étais sur la corniche et je ne savais même pas ou me tourner pour les chercher. J'étais morte d'inquiétude, les nerfs à fleur de peau et surtout j'étais fatiguée. Babacar m'a juré qu'il n'en savait rien et je suis finalement rentrée. Je n'ai pas pu dormir et chaque minute j'essayais de joindre Demba sans succès. Le lendemain dimanche, toujours pas de nouvelles. Je suis restée prostrée dans mon lit, ne comprenant pas ce qui m'arrivait.

Babacar est quand même passé et même si nos relations n'étaient pas au beau fixe, j'ai su qu'il n'avait aucune idée de là ou était Demba et semblait même regretter qu'il puisse parir comme cela sans me prévenir. Il était apparemment au courant des quelques difficultés que nous traversions car il en parlait à demi mot. Je n'ai rien dit et quand il est parti, je me suis recouché pour essayé de dormir. Caroline a voulu me forcer à manger, mais rien ne passait.

Vers 20 heures, j'étais au salon, couchée sur la canapé, complètement perdu, le visage rougi a force de pleurer, quand j'ai entendu la serrure et la porte s'ouvrir.

Demba est rentré avec Mohamed qui dormait dans ses bras. J'ai sauté avant de me diriger vers eux.

- mais ou étiez vous ? Je t'ai appelé sans arrêt. Comment as-tu pu partir comme cela sans me prévenir ? Comment ?

Il m'a regardé un moment avant de répondre.

- on était à Saly.

- et tu ne pouvais pas m'en parler ? Criais-je, les larmes aux yeux.

- pourquoi ? tu comptais venir avec nous ? demanda t-il tranquillement, me mettant dans tous mes états

Sans me répondre, il est parti vers la chambre de Mohamed, mais je l'ai rattrapé

- donne-moi mon fils, lui dis-je fermement

- il dort.

Je ne tenais plus.

- je m'en fiche, donne le moi, criais-je

Mohamed a bougé et s'est réveillé. Il a regardé autour de lui et dès qu'il m'a vu, il a tendu ses bras vers moi. Je l'ai pris avant de partir dans sa chambre. Je l'ai serré fort en pleurant et c'est lui qui essuyait mes larmes

- maman bobo ??Demanda t-il comme quand il tombait et se mettait à pleurer.

- Non mon chéri. Maman était inquiète c'est tout.

Il ne comprenait pas et je l'ai bercé un long moment avant qu'il ne réclame son diner. Je suis allé lui donner à manger et je lui ai fait prendre un bain. Quand il s'est endormi, je suis retourné au salon. Je n'avais pas envie de voir Demba encore moins lui parler. Il n'avait pas le droit de me faire cela. Même si je manquais de temps, il n'aurait pas du me faire cela. Un moment, il est venu et m'a regardé un long moment sans rien dire. Je n'ai pas réagi, je ne l'ai même pas regardé, fixant la télévision sans vraiment faire attention aux images qui défilaient.

- Diouldé ? Appela t-il finalement

Je n'ai pas répondu, préférant l'ignorer. Mais sans le vouloir, mes larmes coulaient et je n'essayais même pas de les essuyer. Il a soupiré avant de repartir. Je suis allée dormir dans la chambre d'ami car Caroline dormait avec Mohamed. Le lendemain, j'étais obligé d'entrer dans la chambre pour me doucher et l'habiller. Je n'ai pas adressé la parole à Demba alors que je sentais son regard sur moi. Mais il avait exagéré et je lui en voulais vraiment.

Après m'être habillée et maquillée, j'allais sortir tranquillement quand il m'a retenu par le bras.

- Diouldé, je suis désolé, dit-il doucement.

Sans répondre, j'ai dégagé mon bras avant d'aller prendre Mohamed pour le déposer à la crèche. La journée a été un supplice. J'avais des maux de tête et je ne me sentais pas bien. J'allais sécher le cours, mais on avait un devoir à préparer et je n'étais pas vraiment à jour. Donc je suis quand même partie sans grande conviction.


En plus des maux de tête, j'avais des vertiges et je me sentais de plus en plus mal. Je me suis rendu compte que je n'avais presque pas mangé ces derniers jours et je me disais que je devais être anémiée. Donc à la sortie du cours, je suis montée dans ma voiture et je me suis couchée sur le volant car je n'avais même pas la force de conduire jusqu'à la maison. J'ai essayé d'appeler Demba mais il n'a pas décroché. J'ai finalement bien garée la voiture avant de me décider à attendre un taxi. Justin est passé à ce moment pour me demander si tout allait bien. Je lui ai expliqué que je ne me sentais pas bien et que je voulais prendre un taxi. Il a dit niet et a proposé de me raccompagner. J'ai refusé et il s'est énervé en disant qu'il était hors de question qu'il me laisse dans cet état. Il m'a donc ramené et je lui ai indiqué la maison. Heureusement d'ailleurs car je ne tenais vraiment pas. Arrivé devant la maison, je l'ai remercié et il a rigolé en disant que ce n'était pas gratuit et qu'il fallait que je lui rembourse son carburant. Je suis donc sortie et me dirigeait vers la porte d'entrée, quand Justin est sorti et m'a rattrapé. J'avais oublié à l'arrière de la voiture le classeur contenant mes cours.

- Mme Sow, tu es vraiment fatiguée aujourd'hui. Tiens prend tes cours.

J'ai souri et j'ai voulu prendre le classeur, mais il a reculé sa main

- ça fait deux services. Donc demain tu me donneras deux chèques.

-promis. Et encore merci.

- de rien voyons. Mais je pense qu'il faut que tu te reposes. Tu n'as vraiment pas bonne mine.

- je vais essayer. De toute façon, il ne reste d'un mois et demi. C'est bientôt fini.

- sauf si tu t'inscris pour la prochaine cession ; c'est une formation super intéressante

Je l'ai interrompu en rigolant

- non merci.

Il est parti et avant que je ne touche la porte, Demba l'avait ouverte en grand et m'a lancé un regard glacial. Je l'ai dépassé sans un mot, mais il s'est mis à crier

- Non seulement, tu rentres tard mais en plus tu te fais déposer par un monsieur. Diouldé tu te fous vraiment de moi. Tu me prends pour qui ? Tu penses que je suis de la merde et que je dois tout supporter de toi tout simplement parce que je t'aime. C'est ça ?

- arrête Demba. C'est moi qui devais crier et je ne l'ai pas fait. Donc je t'en supplie. Je suis malade, je ne me sens pas bien

- ou est ta voiture ?

Je n'avais pas envie de répondre et j'avais vraiment faim. Je me suis dirigée vers la cuisine pour prendre un médicament

- c'est à toi que je parle, cria t-il encore plus fort.

- merde, arrête de me crier dessus. Je ne pouvais pas conduire. La voiture je l'ai laissé à l'école. Justin m'a déposé pour m'éviter de prendre un taxi parce que je t'ai appelé et non seulement tu n'as pas répondu, mais en plus tu n'as même pas rappelé pour voir comment j'allais.

- et tu te fais raccompagner par un monsieur au lieu de prendre un taxi.

- c'n'est pas un inconnu. On est dans la même classe.

- j'avais remarqué que ce n'était pas un inconnu. Vous avez quel type de relation pour qu'il te raccompagne à cette heure?

J'ai été choqué par sa question et je l'ai regardé fixement pour voir s'il était vraiment sérieux

- tu me fais chier Demba. Pense ce que tu veux. Je suis fatiguée et je m'en fous.

- ne me parle pas comme ça.

- je te parle comme tu me parles.

Il n'a pas répondu et il m'a tiré violemment par le bras pour m'amener dans la chambre. Je pensais qu'il voulait qu'on parle plus tranquillement, mais il m'a jeté sur le lit avant d'enlever le djellaba qu'il portait. Je voulais me relever, mais il est venu me rejoindre et a commencé à m'embrasser violemment. J'ai essayé de le repousser sans résultat. Il semblait fou de rage. Ses yeux brillaient. Pas de désir, mais plutôt de fureur. Il a arraché mon chemisier, faisant tomber les boutons, alors que j'essayais de le calmer car je savais que je n'avais pas assez de force pour le maitriser

- Demba calme toi. Je t'en prie.

Mais rien à faire. Il arrachait mes habits malgré les coups que j'essayais de lui donner. Ma jupe aussi a été pratiquement arrachée car il a tiré dessus violemment. J'avais juste un string et j'ai eu l'impression que ça l'a énervé.

- c'est avec ça que tu sors ?

Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il l'a enlevé sans aucune douceur, m'arrachant un cri de douleur. Ça faisait presque un mois qu'on n'avait pas fait l'amour à cause de ses bouderies, mais je ne voulais pas le faire de cette façon. Je voulais le repousser, mais j'étais trop faible et surtout fatiguée par ma dure journée. Je commençais à avoir peur, car c'était bien la première fois que je le voyais dans cet état.

- Demba, tu me fais peur. Arrête voyons.

Il ne m'écoutait pas. Un moment il s'est un peu écarté pour enlever son pantalon et j'ai voulu fuir malgré ma nudité. Mais il m'a rattrapé et s'est encore jeté sur moi en m'embrassant brutalement. Il haletait et cherchait à me faire mal. violemment. J'asseyais de le frapper, mais il a retenu mes mains et pendant que je me demandais comment sortir, il a rageusement écarté mes jambes

- Demba je te comprends, tu es en colère, mais je t'en supplie laisse moi. Arrête on va discuter. S'il te plait.

Il m'a regardé un moment et j'ai vu encore cette lueur froide au fond de ses yeux, cette fureur. Et j'ai su qu'il ne m'écouterait pas. Je le reconnaissais à peine.

- laisse-moi s'il te plait, lui dis-je avec un sanglot dans la voix espérant le sortir de cette rage qui bouillait en lui

Mais il a continué et a écarté mes jambes que j'avais serré à nouveau avec son genou ;

ensuite, sans aucun préalable, il a pénétré d'un coup, me faisant mal. J'ai crié et j'ai arrêté de me débattre tellement j'étais fatigué. Je me suis mise à pleurer comme il commençait à bouger violemment sur moi.

- tu me fais mal Demba, arrête.

Mon corps était secoué de sanglot et après quelques secondes il s'est arrêté et s'est retiré. J'avais les yeux fermés et sanglotais sans m'arrêter. Il s'est relevé et je l'ai senti me couvrir lentement. Je me suis recroquevillé, ramenant mes genoux sur mon menton dans une position fœtale et ne pouvant m'arrêter de pleurer. Je pleurais toutes les misères qu'il m'avait fait subir ces derniers temps, j'avais l'impression d'être arrivée au bout du rouleau. Mon propre mari, celui que j'aimais par-dessus avait osé me faire cela.

- je suis désolé Diouldé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Pardonne-moi...

Il a voulu me toucher, mais je me suis retourné pour lui ai crié dessus

- ne me touche pas.

Il a retiré ses mains avant de rester tandis que je continuais à pleurer. je me suis finalement calmé, mais je suis resté dans cette position, tandis que Demba était toujours assis à l'autre bout du lit.

- je suis désolé désolé désolé. Je...

Je n'avais pas envie de l'entendre, je me suis donc levée et emmenant le drap pour me couvrir, je suis allée dans les toilettes sans un regard pour lui. j'ai encore pleuré un long moment avant de prendre une douche et de me décider à sortir. Tout le corps me faisait mal et j'avais encore des maux de tête.

Quand je suis sorti, il était au milieu de la chambre et dès qu'il m'a vu sortir, il s'est passé les doigts sur ses cheveux avant de s'approcher lentement de moi

- Diouldé, je t'en supplie pardonne moi. Je ne voulais pas...

- Laisse-moi Demba. C'est bon ça suffit. J'en ai marre. Marre de tout cela. J'ai tout supporté sans rien dire, en me disant que j'abusais peut être avec mes heures impossibles, mais là c'est bon. Je te demandais juste de me comprendre pendant 6 mois, de me soutenir. Au lieu de cela, tu m'as fait vivre l'enfer

J'ai éclaté en sanglot, mais je n'avais pas fini.

- j'ai pourtant tout accepté venant de toi. J'ai accepté que ton ex vienne vivre avec nous pour te faire plaisir, j'ai accepté le comportement de ta fille pour toi. Tout. Mais quand il s'agit de moi, Monsieur, ne veut rien céder. J'en ai marre.

Je me suis dirigé vers l'armoire et j'ai commencé à sortir mes affaires

- qu'est ce que tu fais ? demanda t-il nerveusement

- je m'en vais. Je te déteste. Tu n'es pas le Demba que j'ai connu, que j'ai aimé. Ce Demba n'était pas méchant. Ce Demba n'aurais jamais pris notre fils et l'amener sans me prévenir pendant 2 jours. J'ai fait le tour des hôpitaux de Dakar, j'ai fait le tour de la famille. je ne savais pas ou me tourner. J'ai failli devenir folle. Non, Mon Demba ne me laisserais jamais vivre même une seconde avec cette angoisse. Ce Demba tenait trop à moi pour me faire souffrir. et là je souffre.comme jamais je n'ai souffert.

Il s'approchait tandis que j'essuyais mes larmes et a voulu me prendre les mains. Je me suis reculé violemment.

- Ne me touche pas. C'est bon. Tu n'as pas pris ton pied là ?

Il a accusé le coup et j'ai presque eu pitié quand il a baissé la tête

- je suis désolé Diouldé. Je t'en supplie. Pardonne-moi. J'étais jaloux

- tu m'as fait mal Demba. Tout simplement parce que tu étais jaloux d'un gars qui m'a ramené. Quoi tu pense que j'étais avec lui ? C'est pourquoi tu m'as forcé

Il avait les larmes aux yeux et a secoué la tête

- Non ne dis pas ça. Je t'en prie calme toit et discutons tranquillement...

J'étais hystérique et je lui criais de ne pas m'approcher. Je pleurais douloureusement car j'avais une boule au fond de la gorge qui m'empêchait même de respirer normalement. Demba semblait dépassé et ne savais pas trop quoi faire tandis que je jetais rageusement mes habits par terre

- Non, la coupe est pleine Demba. Tu es un égoïste. Tout doit tourner autour de toi. Tu n'accepte aucun compromis tant que ca gâche tes plans. Oui, le super Demba a les moyens, a de l'argent donc sa femme doit juste se conformer à ses désirs. Je dois rester à tes côtés toute ma vie. « Tu es entretenus, donc tu la fermes », dis je en essayant d'imiter sa voix.

- je t'en supplie ne dis pas ça. S'il te plait arrête, répétait-il invariablement

Mais j'ai continué

- quand une situation ne te convient pas tu te braques, parce que tu penses que les gens sont à ta merci. Même avec Sylvie c'était la même chose. Il faux toujours que les gens se sacrifie pour toi, mais toi tu n'es capable de rien pour les autres. Je pensais que tu m'aimais suffisamment pour me soutenir un petit 6 mois. Au lieu de cela, c'était tous les jours des prises de tête, des bouderies. Tu faisais tout pour me faire culpabiliser de laisser mon fils. Tu es ignoble et je te déteste.

Je ne pouvais plus parler. J'ai encore éclaté en sanglot et je me suis assise sur le lit. Il est venu s'assoir et a voulu me prendre dans ses bras. Mais je l'ai repoussé avant de sortir de la chambre pour aller dans les placards chercher un sac et revenir mettre des affaires dedans. Je ne savais même pas trop ce que je faisais. Je ne savais pas où aller, mais j'étais aveuglé par la rage et la déception.

- ne t'en vas pas. J'ai merdé. Je le reconnais pas je t'en supplie ne pars pas. Je t'aime plus que tout. Je ferais tout pour que tu me pardonnes

- je ne veux rien.

J'avais fini de remplir un sac et tout à coup, j'ai pensé à Mohamed.

- écoute reste, je m'en vais...dit-il finalement.

Je l'ai regardé et il semblait tellement désolé que je ne savais pas s'il était sérieux.

- Il est tard, je ne peux pas te laisser partir comme ça. Reste je vais dormir à l'hôtel et demain on en parle à tête reposée.

Je n'avais plus trop la force de lutter et de partir. Je me suis donc assise sur le lit et je l'ai regardé fourrer quelques affaires dans un petit sac avant de s'agenouiller devant moi.

- pardonne-moi. N'oublie pas que je t'aime.

Il a évité de me toucher et comme je ne disais rien, il est parti. Par la fenêtre, je l'ai vu monter dans sa voiture et y rester un long moment, fixant un point. Après quelques minutes, il a démarré et est parti. Je me suis couchée quand j'ai entendu frapper doucement à la porte. C'était Caroline qui me demandait si j'allais bien. Elle n'aurait pas du car je me suis remise à pleurer en lui disant que j'avais faim. Elle a du me prendre pour une folle, mais j'avais vraiment faim. Elle m'a ramené un plat de spaghetti que j'ai a peine touché avant de me recoucher. Elle a rangé les affaires qui étaient par terre avant de me demander doucement si j'avais encore besoin de quelques choses. Je l'ai remercié et lui ai juste demandé de m'amener Mohamed. Je l'ai serré tellement fort qu'il a rouspété dans son sommeil. C'est fou comme il ressemblait à son père. Les mêmes cheveux bouclés, le même front, le même nez.

J'avais mal partout, mais en dehors de la douleur physique, j'avais mal mentalement, psychologiquement, sentimentalement. J'étais envahi par une grande tristesse et je ne savais pas quoi faire. Regarder Mohamed n'apaisait pas les choses et j'avais envie que cette boule au fond de ma gorge disparaisse car elle m'étouffait, m'empêchait de respirer.

Pourquoi Demba, Mon Demba se comportait de la sorte ? M'aimait-il assez ? Avais-je fait le bon choix de l'épouser ? Sur le coup, j'ai passé en revue toute ma vie et j'ai éclaté en sanglot. Je n'aurais jamais cru qu'il me ferait cela. Non. Jamais.

Mon téléphone s'est mis à sonner et c'était Demba. Je n'ai pas pris le téléphone et il a commencé à m'envoyer des messages disant qu'il regrettait et qu'il changerait. J'ai fini par éteindre le téléphone.

Le lendemain, j'ai appelé au service pour leur dire que je ne me sentais pas bien et presque tous mes collègues ont appelé pour prendre des nouvelles. J'ai aussi demandé à Caroline d'amener Mohamed à la crèche et je me suis couchée. Demba a essayé de m'appeler à plusieurs reprises mais je n'ai pas pris le téléphone. A un moment donné, Caroline est venu avec son portable pour me dire que c'est Monsieur qui voulait me parler. Je lui ai fait un signe pour lui dire que je ne voulais pas lui parler et elle est partie. Je suis restée couché toute la journée sans vraiment arriver à dormir. Le soir je suis allé moi-même chercher Mohamed à la crèche et j'en ai profité pour aller prendre ma voiture devant l'école. Les autres n'étaient pas encore arrivée et j'ai recu un coup de fil de maman Fanta pour me dire qu'elle était rentré depuis la veille. J'étais toute contente et au lieu de rentrer, je suis allé directement chez elle. On a discuté un moment et elle m'a demandé si j'étais enceinte.

- quelle question ? Non, maman voyons...

- tu as mauvaise mine. Il y a un souci ?

Je ne voulais pas en parler. Je n'en avais pas l'intention, même si j'avais envie de me libérer de toute cette pression.

- c'est les cours qui me fatiguent maman. Tu vois, aujourd'hui je ne tiens pas. J'ai séché les cours. je suis complètement épuisée.

Elle m'a regardé bizarrement

- mhhuumm. Je suis sure que tu es enceinte. Tu n'arriveras pas à me faire croire le contraire.

J'ai rigolé et j'ai préféré la laisser croire cela. Je suis restée encore longtemps et mon téléphone ne cessait de sonner. C'était Demba et je n'avais pas envie de lui parler. Vers 21 heures, je suis finalement rentrée et j'ai trouvé sa voiture devant la porte. Dès que j'ai sonné, il m'a ouvert. En tant normal, il aurait crié et rouspété, mais il m'a juste regardé avant de s'écarter.

Il a alors pris Mohamed que je lui ai laissé avant de me diriger vers la chambre après un bref salut. Après une demi heure, il a frappé lentement à la porte de sa propre chambre avant de rentrer lentement

- je me suis inquiété tout à l'heure

- j'étais chez maman fanta, répondis- je nerveusement

- haaa...je ne savais pas qu'elle était rentrée

- si

Silence. Un long silence. Ou il était debout près du lit, les mains dans les poches et semblant chercher quoi dire.

- Ecoute, tu es ici chez toi. Donne moi quelques jours, je vais partir...dis je finalement

Il a ouvert la bouche avant de la refermer.

- Non, je t'en supplie reste. J'étais juste passé prendre quelques affaires.

Je ne disais rien

- j'ai merdé Diouldé. Je sais que j'ai merdé. Mais je te demande de me pardonner. Prend tout le temps qu'il te faut, mais je te dis que c'est hors de question qu'on se sépare. Je t'aime. Comme jamais je n'ai aimé une personne. Je suis jaloux, je le reconnais. Egoïste aussi si tu le dis. Mais c'est juste que je n'avais pas envie que tu t'éloigne de moi. J'ai toujours envie de t'avoir à mes côtés.

Je gardais toujours le silence.

- Ne pense même pas faire ta vie sans moi. Jamais. C'est juste une mauvaise passe qu'on traverse, mais je ferais tout pour réparer mes erreurs.

En parlant il s'était approché et quand il a voulu me toucher, je me suis écartée

- ne me touche pas...

Il a reculé, l'air désolé et triste

- je suis désolé.

Il allait sortir quand il s'est retourné.

-je t'aime Diouldé. Ça ne l'oublie jamais.

Les jours suivants, j'avais repris mes activités...sans Demba. C'était bizarre de me réveiller le matin sans lui, de rentrer sans le voir. Pendant toute la semaine, il venait chaque soir voir son fils. Quand je terminais mes cours, je le trouvais à la maison. Parfois Mohamed dormais et dans ce cas, il était au salon à regarder la télé ou alors, ils étaient ensemble en train de jouer dans sa chambre. Quand il était seul au salon, je lui lançais juste un bonsoir avant d'aller voir Mohamed et de rejoindre ma chambre ou je m'enfermais. Au moment de partir, il ouvrait un peu et me disais au revoir. Sans plus.

Sinon, je le retrouvais dans la chambre de Mohamed et comme lui, j'avais dans ce cas envie aussi de profiter de mon fils avant qu'il ne dorme. Mais je les laissais juste pour ne pas rester avec lui. Il n'insistait jamais. Je sentais son regard sur moi et moi j'évitais de le regarder, et de lui parler. Je ne savais pas ou il logeait, mais je voyais chaque jour son linge sale dans la buanderie et chaque soir quand j'entrais dans la chambre, je remarquais qu'il avait touché à ses bagages surement pour prendre d'autres tenues de rechange.

Le samedi, avant d'aller en cours, il m'a appelé au téléphone pour me dire qu'il comptait passer la journée avec son fils. A la descente, je lui ai juste envoyé un texto pour lui dire de rester avec lui tout le weekend et que j'irai chez maman Fanta. Il a essayé de m'appeler, mais je conduisais et je n'ai pas décroché. J'avais l'intention de tout expliquer à cette dernière. Je voulais vraiment quitter la maison de Demba et ce n'était pas une chose facile à dire. J'avais déjà divorcé et ça me fendait le cœur de devoir reconnaitre qu'encore une fois ça n'avais pas marché et que peut être que je ne méritais pas de vivre heureuse. Encore maman Fanta ca passait, mais rien que d'imaginer mon oncle quand il sera au courant, me faisait carrément flipper.

A la maison, j'ai donc pris mon temps et j'ai tout expliqué à maman Fanta, depuis le refus pour la formation jusqu'à la dernière crise de jalousie en omettant cependant la phase ou il m'a obligé à coucher avec lui, lui disant juste qu'il m'a un peu violenté. Elle m'a écouté sans rien dire avant de me demander ce que je comptais faire maintenant.

- Demba a quitté la maison pour ne pas que je parte. Mais je ne veux plus rester. c'est chez lui

Elle a gardé le silence un moment avant de secouer la tête.

- Diouldé ma fille. Tu ne partiras pas de chez toi. Et je n'accepterais jamais que tu te sépare de Demba. Ton mari est quelqu'un de bien malgré tout ce qu'il t'a fait. Il faut que tu comprennes que nul n'est parfait. Quand tu quitteras Demba tu trouveras un autre avec un plus gros défaut. Donc je te déconseille de quitter ton mari. Je ne reviendrais pas sur votre problème.

Elle a gardé le silence un moment avant de rajouter

- Pour ne rien te cacher, il est venu hier et on a discuté. Il a donné ses arguments et aujourd'hui j'ai écouté les tiennes. Je ne trancherais pas. Vous êtes tous les deux mes enfants. Mais je peux t'assurer d'une chose. Ton mari t'aime.

J'aurais du me douter qu'il viendrait voir maman Fanta et malgré mon insistance, elle n'a pas voulu me dire ce qu'il lui avait dit.

- je n'ai pas envie de le quitter définitivement. Mais je veux juste prendre un moment de recul. Lui donner le temps de réfléchir. Je n'ai pas envie de le voir tous les jours. Pas pour le moment.

Elle a compris et finalement m'a demandé de venir tout au plus 15 jours chez elle. J'ai sauté de joie et le soir même j'ai passé la nuit en appelant tout le temps Caroline pour voir si tout se passait bien avec Mohamed. Le lendemain, je suis rentrée juste après le déjeuner et j'ai trouvé mon bébé en train de dormir alors que Demba était couché dans la chambre. Je suis donc allé m'installer au salon ou il est venu me rejoindre une demi-heure plus tard.

- salut, dit –il en se penchant sur moi pour essayer de déposer un baiser sur mes lèvres.

J'ai tourné la tête pour l'éviter et il a suspendu son geste avant de se redresser et de me regarder un long moment. Je ne le regardais pas. Je n'avais pas envie de me plonger dans son regard au risque de flancher.

- Diouldé, il faut qu'on parle. J'ai essayé de garder mes distances toute la semaine, ne voulant pas te brusquer. Mais je t'en prie, il faut vraiment qu'on parle et qu'on arrange les choses. je t'aime et je te dis et te répète que je suis désolée. Mon comportement de ces derniers mois est tout simplement déplorable et Dieu sait que je regrette

Je l'ai écouté avant de parler faisant comme si je n'avais pas entendu ce qu'il venait de dire

- demain, je vais aller chez maman Fanta. J'ai envie de m'éloigner un peu. De réfléchir à tout cela. Je t'avoue que je ne sais pas ou j'en suis. Tu m'as déçue Demba. Jamais je n'aurais cru que tu me ferais une chose pareille. Jamais. Je pensais que tu m'aimais...

- mais je t'aime, m'a-t-il interrompu. Je t'en prie ne pars pas. Je viens de te dire que je regrette

- je m'en fiche de tes regrets. Je ne veux rien entendre de toi. Tu ne comprends pas cela. Je veux juste que tu me laisse tranquille. Je ne veux plus te voir, plus t'entendre.

Je l'ai regardé. Ses yeux étaient tristes et il avait changé. Il avait un petit air négligé, avait laissé pousser sa barbe, ses cheveux bouclés. J'avais juste envie de le prendre dans mes bras. Mais je lui en voulais toujours et j'ai vite détourné les yeux.

- c'est décidé. Pour Mohamed, il peut rester avec toi en semaine vu que je n'ai pas beaucoup de temps. Mais je viendrais le prendre les weekends et je te le...

Il m'a encore interrompu en secouant la tête

- arrête Diouldé. Je t'en supplie. Ne me parle pas de ça.

Il s'est approché et a voulu m'attirer à lui. J'ai résisté

- c'est de ta faute tout ça. Tu n'as eu aucune considération pour moi dès l'instant ou j'ai commencé à travailler et à faire cette formation. Tu m'as traité comme de la merde. Sans répit, sans pitié.

- je suis désolé...

- c'est trop tard.

Il a gardé le silence et je me suis levée pour aller dans la chambre, le laissant planté la bas

Il est encore venu me trouver alors que je rangeais mes bagages.

- ne pars pas. Si tu veux, je ne viens pas ici toute la semaine. Le temps que tu réfléchisses. Si tu pars, j'aurais l'impression de te perdre.

- désolé Demba.

Il est finalement parti. J'ai passé toute l'après midi avec Mohamed. Et le soir, j'ai eu la visite de Babacar. Cette visite m'a surpris et il l'a compris.

- je sais que tu te demande ce que je fais ici surtout que nos relations sont assez heurtées. Mais saches que Demba ne sait pas que je suis ici. Je suis venu te parler.

- pourquoi ? Pour me dire que tu avais raison, que j'étais une fille mal intentionnée qui ne voulais au final que faire du mal à ton ami

Il a souri.

- Non du tout. Quoi que tu puisses penser de moi, je ne suis pas si mauvais que cela. Mais bref. Demba est passé tout à l'heure et je peux t'assurer que je ne l'ai jamais vu dans cet état. Il regrette vraiment. Je suis venu te demander de ne pas partir.

Je l'ai regardé réellement étonnée. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse me demander cela.

- je ne vois aucune raison qui puisse ma pousser à t'accorder une quelconque faveur.

Il a parut gêné et s'est gratté la tête

- tu as raison. Mais je voulais quand même tenter le coup. Et peut être par la même occasion essayé de me racheter auprès de toi.

Il est resté un long moment à me parler de lui, de sa façon d'être qui ne plait pas forcement, et aussi d'Adja. Je l'ai écouté en silence et sérieusement, cela n'a rien changé à tout ce que je pensais de lui. Au contraire. Mais je lui ai quand même précisé que j'avais décidé de partir et que je le ferais sans préciser que c'était normalement pour quelques temps.

Le soir même, c'est son père qui est passé à la maison. Il venait rarement nous rendre visite et dès que je l'ai vu j'ai compris que Demba était parti le voir. Il est resté une bonne demi heure a saluer et demander des nouvelles de tout le monde avant d'entrer dans le vif du sujet. J'ai su que Demba était allé s'installer chez lui et il m'a dit ne jamais avoir vu son fiston dans cet état.

- Demba ne m'a pas dit ce qui s'était vraiment passé entre vous, mais je sais qu'il en souffre. Enormément. Et qu'il regrette car il m'a juste dit qu'il avait merdé avec toi. Si j'en avais la force je lui aurais donné une bonne fessée, mais là ca va être compliqué.

- oui. C'est assez compliqué entre nous ces temps ci. Je voulais prendre un peu de recul et réfléchir à tout ça.

- fais comme tu veux ma fille, mais pardonne lui. Demba n'a jamais accepté de compromis et a toujours eu l'habitude de se voir tout accorder.

- oui, mais maintenant, ça ne sera plus possible.

Il a changé de sujet et a demandé à voir son petit fils. Il est encore resté un moment avant de partir. Demba avait ameuté tout le monde et moi, je n'étais pas encore disposé à lui pardonner cela. Pas aussi facilement.


Ça m'a fendu le cœur de devoir me séparer de mon bébé. Donc après trois jours chez maman Fanta, je ne tenais plus. Après mes cours, je suis partie à la maison pour l'embrasser avant de partir à Nord foire. Demba m'a ouvert la porte et a paru surpris. Depuis que je m'étais installé chez maman, il m'appelait tout le temps. La plupart du temps, je ne décrochais pas et quand je le faisais, je gardais le silence tandis qu'il me demandait de revenir et qu'il m'aimait. Mais je n'arrivais pas encore à tourner la page. Le revoir, là devant moi, tout mignon avec ses beaux yeux là, ses lèvres roses qui s'étiraient en un large sourire en me voyant, me firent un peu d'effet, mais je me suis vite ressaisissait avant de le saluer rapidement et de rentrer. J'avais à peine franchi la porte qu'une une boule d'énergie a foncé sur moi en criant « mamannnnnn ». Je l'ai soulevé et serré très fort dans mes bras. Mon cœur.

- mon chéri comme tu m'as manqué. Tu sais ca que tu m'as manqué.

Lui aussi me serrais fort et avait enfoui sa tête dans mon cou. Je lui caressais les cheveux et mon regard s'est accroché à celui de Demba qui me fixait toujours debout en face de moi. J'ai détourné le regard pour observer mon fils qui me demandait ou j'étais depuis tout ce temps. Je suis allé m'assoir au salon et on a entamé une grande discussion. Il m'a raconté du mieux qu'il pouvait ses journées mouvementée dans un grand bafouillage. Il se débrouillait pas mal et arrivait à exprimer ses besoins. Demba est resté à l'écart et se contentait de nous écouter en souriant. Après une longue discussion et beaucoup de câlins, Mohamed s'est finalement endormi dans mes bras et Demba s'est approché lentement pour me proposer de le prendre pour aller le coucher

- laisse, je connais sa chambre, répondis-je en m'éloignant

Quand je suis revenue, il était debout à la même place l'air plongé dans ses pensées. J'ai juste pris mon sac et j'allais tourner les talons quand il m'a pris le bras.

- s'il te plait Diouldé. Reste un peu. Je veux qu'on parle.

- je suis pressée. Il est tard et je dois partir.

- s'il te plait...

J'ai retiré doucement mon bras avant de me diriger vers la porte. Il m'a suivi et avant que je puisse ouvrir la porte il a posé sa main dessus. Il était très proche de moi et malgré tout je gardais les yeux fixés sur la poignée de la porte.

- regarde-moi Diouldé.

Je n'ai pas bougé. Il s'est baissé et a voulu déposer un baiser sur mon front. Je l'ai poussé.

- laisse-moi Demba. Je ne veux plus que tu me touche. A moins que tu ne veuilles me forcer. Comme tu sais si bien le faire.

Je l'ai vu se décomposer et son visage s'est bruni. Il a prit un air triste d'un coup et s'est passé rapidement la main sur les cheveux comme quand il est perturbé. J'ai sur le champ regretté ce que je venais de dire. C'était méchant. Il s'est écarté lentement en respirant un grand coup

- excuse-moi...dit-il finalement

Je suis encore restée un moment sur place, hésitant entre m'excuser et partir. Je suis finalement partie sans un mot, mais le cœur gros. Pour lui. Je sais je ne devais avoir aucune pitié pour lui après tout ce qu'il m'a fait, mais le cœur à ses raisons et j'avais juste envie de lui dire que je l'aimais. Mais bon, je suis rentrée à la maison et dès que maman Fanta m'a vu avec mon air triste elle s'est mise à me taquiner

- rentre chez toi au lieu de rester ici à pleurer tous les jours. Tu aimes ton mari comme une folle et tu veux faire les dures ici.

Elle avait réussi à me faire sourire, mais je n'avais pas vraiment le cœur à parler de ça. Comme depuis son retour de voyage il y avait un monsieur qui passait à la maison pour la voir, je me suis mise à lui poser des questions en lui demandant de s'engager. Ils s'étaient rencontrés par le biais d'une de ses amies qui était son talibé. C'était le frère d'un marabout, appartenant à une grande confrérie religieuse. Il venait avec une grande délégation et restait peu de temps. Mais elle hésitait disant que ses grands marabouts ne s'engageaient que pour quelques temps et n'était pas fiable, en plus à son âge, elle se demandait ce qu'elle ferait d'un mari. Mais je la rassurais et surtout lui disait qu'elle était encore très jolie (et c'était vrai) et en plus même si elle avait les filles qui étaient à la maison pour lui tenir compagnie, un mari ne serait pas de trop.

- toi tu es là non. Comme à chaque fois que tu as des problèmes avec ton mari tu viens te réfugier ici, je ne serais pas seule longtemps...

- maman...hann c'est ça que tu me dis...dis-je avec un ton faussement frustrée.

- héé ne me fatigues pas. Retourne chez toi au lieu de me donner des conseils.

- je ne vais nulle part. Ici c'est chez moi.

Ensuite plus sérieusement

- tu sais, l'affaire avec Farah m'a complètement découragé de me trouver un autre mari. Je n'avais connu que le père de Malik, et walay, aucun homme ne peut l'égaler. Jamais je ne trouverai un qui lui arrive à la cheville.

Elle a encore continué à me raconter à quel point il l'aimait et qu'elle voulait essayer avec tonton Farah, mais ça a été la catastrophe. Elle n'avait plus envie de s'engager et préférer rester avec le souvenir de son mari. C'était triste et j'ai même versé quelques larmes. Au moment ou on discutait, le fameux monsieur mbaké-mbaké est arrivé et cette fois tout seul.

Je les ai laissés au salon pour aller me changer et me rendre compte que Demba me manquait. Je préférais encore ses bouderies à cette solitude. En plus, savoir mon mari tout triste me fendait le cœur. Mais je ne voulais pas lui pardonner comme ça. Même si, plus tard, j'ai bien failli flancher quand Demba m'a envoyé un long message disant qu'il regrettait tout et qu'il m'aimait, de tout son cœur, de toute son âme, et qu'il ne se voit pas sans moi dans sa vie. Je n'ai pas répondu, mais j'avais juste envie de rentrer.

Le lendemain, je n'avais pas vraiment la tête au boulot et j'ai fait une erreur dans le dossier d'un client. Heureusement que Mr Guissé l'avait remarqué avant d'y apposer sa signature. Mais il m'a quand même appelé pour me demander de faire plus attention. J'avais honte, mais c'était bien la première fois que ce genre de chose m'arrivait. L'après midi, j'ai reçue un message pour nous dire qu'on n'avait pas cours et je suis donc restée au bureau pour réviser. La formation finissait dans moins d'un mois et on avait des devoirs à rendre. Les bureaux étaient calmes car tout le monde était déjà rentré quand j'ai vu Mr Guissé se diriger vers moi. Après ma petite erreur du matin, j'avais juste envie de me cacher sous la table pour qu'il ne me remarque pas. Mais vue que j'étais seule, il n'y avait pas moyen. Il était surpris de me voir encore à cette heure.

- eh bien Mme Sow, que faites vous ici à cette heure ?

- heu, on a annulé notre cours, donc je voulais en profiter pour préparer un truc à rendre.

Il a souri

- à la maison la petite famille risque de vous perturber. Vous avez raison.

J'ai souri tristement et il allait partir quand il s'est à nouveau arrêté pour me regarder en fronçant les sourcils

- vous êtes sure que ça va bien ? demanda t-il sur un ton condescendant

Je l'ai regardé un moment ne sachant que répondre. Puis j'ai haussé les épaules

- pas trop ces temps ci. En fait c'est un peu compliqué avec mon mari à cause de mes heures de travail et de formation tardives.

J'avais pris un ton très triste et il est finalement entré dans le bureau et s'est assis sur la chaise en face de moi.

- Oh, je suis vraiment désolé. C'est vrai que c'est un peu dur et ça représente un vrai sacrifice. Mais que faites vous alors ici ? Rentrez chez vous et occupez vous de votre famille.

J'ai soupiré.

- en fait ces temps ci je suis chez ma mère à nord foire. Pour réfléchir à tout ça.

Il m'a regardé fixement avant de lancer un « ohh » énigmatique. Il ne disait toujours rien et moi aussi je ne savais pas trop quoi dire.

- je suis désolé. J'espère que ça s'arrangera pour vous.

- merci.

Il s'est enfin levé pour partir et j'ai pu replonger dans mes cours. Vers 20 heures, je suis passée à la maison, mais j'ai trouvé Mohamed endormi et Demba était sorti. Il ne devait pas être loin car sa voiture était dehors. J'allais partir quand je l'ai vu revenir avec un sachet de la pharmacie. J'allais entrer dans la voiture, mais je me suis arrêté et je l'ai attendu. Le voir s'approcher lentement me faisait de l'effet. On se regardait fixement et il est resté à bonne distance pour me saluer

- tu es malade ? Lui demandais- je en désignant les médicaments qu'il tenait

- ah...oui, j'ai des maux de tête terrible.

Un silence. Ou on s'observait.

-j'étais passé voir mon bébé. Mais il dort.

- oui, il était un peu fatigué.

- bon j'y vais

Il a fait comme un geste pour m'approcher avant de s'arrêter et de reculer un peu.

- Ok. Mohamed t'a réclamé toute la soirée, dit-il juste avant que je ne démarre. Tu lui manques...comme à moi aussi, dit-il doucement

- à moi aussi il me manque.

On s'est encore regardé avant que je ne me décide à partir. Toujours le cœur gros. Il n'a pas cherché à me retenir. Je me demande si j'aurais pu refuser s'il avait essayé.

Finalement, j'ai patienté le weekend pour aller le prendre le samedi juste à la fin des cours. Demba avait déjà préparé ses affaires.

- merci, lui dis-je. Je te me ramène demain

il n'a rien dit et s'est contenté de hocher la tête. Un moment j'ai cru qu'il allait pleurer et je me suis arrêté pour le regarder. Il a préféré détourner la tête et aller lui chercher son robot préféré. En revenant, il s'était ressaisi et affichait un large sourire à son fils. En me donnant le jouet, il m'a effleuré les mains et m'a soufflé

- Diouldé. Tu me manques.

J'étais sur le pas de la porte et je ne savais pas trop quoi lui dire. Finalement, j'ai fait comme je fais ces derniers jours, je suis partie sans rien dire.

Une fois à la maison, Maman Fanta était tellement heureuse de voir Mohamed qu'elle me l'a arraché et j'en ai profité pour aller me doucher et me changer. En sortant, j'ai remarqué pleins d'appels venant d'un numéro privé. Avant que je ne réfléchisse à qui était en train de m'appeler, le téléphone a sonné à nouveau et c'était Mr Guissé. J'étais carrément étonné de son appel et après de longues salutations, il m'a expliqué que puisque je n'allais pas bien ces derniers jours à cause de mes problèmes avec mon mari, il venait aux nouvelles. Je lui ai dit que ça allait

- écoute, j'étais aux abords de Nord foire et je me suis dit que je pourrais toujours passer vous voir.

J'ai voulu refuser et il l'a senti, mais il a insisté disant que c'était juste pour connaitre la maison. Je lui ai indiqué et une demi-heure plus tard il a sonné à la porte. Maman Fanta était avec Mohamed dans sa chambre et je l'ai reçu au salon un peu froidement. Je ne comprenais pas pourquoi il était ici et je trouvais cela un peu déplacé. On se voit dans le cadre du travail et c'est suffisant. On a discuté de tout et de rien et un moment Mohamed est entré dans le salon pour chercher son jouet. Il l'a tiré à lui et l'a embrassé. Je n'ai pas aimé qu'il montre autant de familiarité à mon fils. A celui de Demba. Heureusement que ce dernier était pressé de repartir pour montrer son jouet à mamie.

- il est beau ton fils...Son père n'est pas vraiment sénégalais on dirait.

C'est vrai qu'avec son teint et ses cheveux, on pouvait facilement le penser. Je n'ai même pas cherché à m'expliquer. Il avait déjà parlé à Demba au téléphone, mais ne s'était jamais vu. Donc il pouvait penser ce qu'il voulait, tout ce que je voulais c'est qu'il s'en aille. Mais il ne semblait pas du tout disposé à partir. Il m'a posé pleins de questions, allant jusqu'à me demander si je voulais engager une procédure de divorce au tribunal.

- j'ai un frère qui est avocat. Il pourra t'aider.

J'étais choquée. Mais de quoi je me mêlais ?

- Non, on en ai pas là. C'est juste de petits problèmes qu'on peut toujours régler. Il n'est pas question de divorce.

Il a souri avant d'arranger sa position

- écoute Diouldé. Je vais te parler sérieusement. Depuis le début tu me plais. Mais comme tu étais mariée, je ne voulais pas rien faire. Mais maintenant que tu es presque libre, je veux te faire comprendre que je suis prêt à t'épouser dès que tu te divorceras et tu ne manqueras de rien. N'aie pas peur de te libérer de ce gars.

J'étais sans voix et je le regardais sans trop savoir quoi lui dire. J'étais juste choqué. Mr Guissé, mon directeur que je considérais comme un père se met devant moi pour me faire des avances. Alors que je suis encore mariée. Je tombais des nues.

Avant que je ne puisse réagir, il s'est levé

- ne t'empresse pas à réfléchir. Je te laisse le temps de mettre de l'ordre dans ta vie. Je veux juste que tu te tranquillise et que tu saches que je suis là pour toi.

Je ne pouvais même pas me lever pour le raccompagner. Il a fait tomber une lourde enveloppe sur le bras du fauteuil

- tiens c'est pour acheter des bonbons pour ton fils.

Et il est parti. Avant que je ne puisse réagir, il était déjà dehors. Quand j'ai ouvert l'enveloppe, il y avait des liasses d'argent. J'ai couru à nouveau dans la rue, mais il était déjà dans la voiture et m'a fait un signe de la main. Je voulais l'appeler mais je n'avais pas son numéro car le numéro sur lequel il m'avait appelé était masqué. Il m'a grave énervé.

Je suis allé dans la chambre de maman qui m'a demandé qui était venu me voir. Je lui ai tout expliqué et elle a soupiré en disant que c'était de ma faute. J'avais décidé de me séparer de mon mari donc je devais m'attendre à ce que les prétendants frappent à ma porte. Décidemment ma maman Fanta n'était vraiment pas tendre avec moi. J'avais l'impression qu'elle prenait fait et cause pour Demba.

Le lendemain soir, j'ai appelé Demba pour lui dire que finalement j'amènerai Mohamed à la crèche le lendemain et qu'il n'avait qu'à aller le chercher directement la bas. Il a accepté sans polémiquer et quelques minutes plus tard, il est venu à la maison avec le sac de Mohamed qu'il amenait à la crèche. Mohamed dormait et il s'est installé au salon. Je l'ai remercié et suis resté assise à regarder la télé avec lui en silence. Il ne se décidait pas à partir et de temps en temps, je sentais qu'il me regardait mais ne disait rien. Mohamed s'est réveillé et s'est mis à jouer avec son père tandis que maman Fanta nous avais rejoint au salon et s'était mis à discuter avec Demba joyeusement. Je les écoutais sans participer et finalement, il est resté diner avec nous. Quand Mohamed s'est endormi à nouveau vers 21 heures, il n'avait toujours pas l'intention de partir et maman Fanta nous avait laissé seul.

- je dois aller me coucher Demba. Ça ne te dérange pas si je te laisse ici. Le gardien fermera la porte...

Il m'a regardé

- il faut qu'on parle Diouldé. Je ne supporte plus cette situation. Je ne sais pas quoi te dire pour que tu me pardonnes. Ça fait des jours que j'y réfléchis, mais je ne sais pas comment faire. J'ai déconné et je le reconnais. Je mérite que tu me quittes, que tu me rayes de ta vie car j'ai été minable sur ce coup. Mais je t'en supplie, ne me fais pas ça. Je t'aime, je suis désolé pour tout.

Puis plus doucement, et en baissant la tête

- pour tout.

Je ne savais pas quoi dire. J'avais encore cette boule à la gorge qui m'empêchait de parler.

- Demba...

- je voulais juste que tu m'écoutes, que tu saches que je suis désolé et que je veux que tu reviennes.

J'ai gardé le silence un moment...

- pas maintenant. Je t'en veux toujours.

-s'il te plait...

- tu m'as fait mal, tu n'avais aucune pitié pour moi pendant ces derniers mois. Tu m'as pris mon bébé pendant 2 jours sans nouvelles. Tu l'as fait pour me faire souffrir, tu n'as pas pensé à ce que je pourrais ressentir pendant tout ce temps ?

- je suis désolé, souffla t-il

- tu penses vraiment que ça me fait plaisir de rentrer tard, de ne pas voir mon fils, de ne pas te voir. Tu crois que j'aime te voir bouder tous les soirs, que je n'ai pas envie chaque soir d'avoir quelqu'un qui me réconforte et m'encourage après une dure journée. Au lieu de cela, chaque soir tu t'es évertué à me faire culpabiliser. Quand je te parle tu ne me réponds pas, quand je veux t'embrasser, tu boudes.

- je suis désolé Diouldé...

- moi aussi. Je suis désolée, mais j'ai besoin de temps pour comprendre tout ça. Je ne sais plus ou j'en suis.

- comprendre quoi ? Je t'aime. Et je te jure que tout cela ne se reproduira plus.

J'ai gardé le silence.

- tu mets en doute mes sentiments pour toi ? demanda t-il finalement en s'approchant et en me prenant les mains.

- je ne sais pas. Peut-on faire tant de mal quand on aime une personne.

- Oui, quand on l'aime à en perdre la raison...pardonne moi mon amour.

Il m'a regardé tristement et s'est mis à jouer avec mes doigts sans rien dire. Puis naturellement il a approché son visage pour effleurer doucement mes lèvres. Il a reculé son visage pour me regarder et comme je ne faisais aucun mouvement de recul, il s'est encore approché et a refais le même geste, mais cette fois en appuyant un peu plus et caressant mes lèvres avec la langue. Cette fois j'ai reculé et après m'avoir longuement regardé, il s'est levé avant de me dire qu'il partait. Je ne l'ai pas raccompagné et je me sentais encore plus mal.

Le lendemain, après avoir déposé Mohamed à la crèche, je suis allé travailler avec l'enveloppe contenant l'argent que Mr Guissé m'avait laissé. Il ne m'a pas rappelé après être venu à la maison et malheureusement, je ne l'ai pas trouvé à son bureau. C'est à l'heure de la pause qu'il est arrivé et a comme d'habitude lancé un bonjour pour tout le monde avant de traversé le couloir et de rentrer dans son bureau. Quelques minutes plus tard, les gens ont commencé à aller en pause et j'avais décidé de rester pour lui rendre son enveloppe et surtout remettre les points sur les i. Avant que je n'y aille, il m'a appelé sur le téléphone du bureau et sur un ton très professionnel m'a demandé de passer à son bureau. J'ai donc pris l'enveloppe avant d'y aller et comme sa secrétaire était en pause, j'ai frappé directement et suis entrée. Il s'est levé de son siège et s'est dirigé vers moi.

- la plus belle, dit-il en m'enlaçant et en voulant déposer un baiser sur mes lèvres.

Non mais. C'était quoi ce comportement. Je l'ai repoussé et me suis dégagée prestement.

- mais arrêtez donc. Je ne suis pas votre copine.

Il a souri

- je sais, mais je pensais qu'après notre discussion, tu comprendrais que...

- Non je n'ai rien à comprendre. Je suis mariée et j'aime mon mari. Je suis désolée de vous avoir parlé de mes problèmes mais je pensais que vous alliez me donner des conseils et m'aider. Vous pensez vraiment que j'ai la tête à ces choses là ?

- écoute, je sais que tu es surprise par tout cela et c'est pourquoi je n'ai pas voulu insister durant le weekend, même si je mourrais d'envie de t'appeler. Mais je voulais te laisser réfléchir. Désolé d'avoir été si rapide, mais je tenais à ce que tu saches que tu n'as rien à craindre. Si tu divorce tu trouveras en moi la personne qui pourra te comprendre et t'aimer à ta juste valeur.

J'étais complètement dépassée

- vous ne comprenez pas. Je ne vais pas divorcer. J'aime mon mari. On a des soucis ces temps ci. Comme n'importe quel couple.

- et tu as quitté ton domicile pour aller chez ta mère ? demanda t-il en haussant les sourcils

Je ne savais plus quoi dire. De toute façon il ne comprendrait rien. J'ai déposé l'enveloppe sur la table

- c'est à vous. Je ne veux pas de votre argent.

Il m'a regardé

- c'était pour ton fils.

- son père s'en occupe.

Sans plus attendre, j'ai tourné les talons, mais avant d'ouvrir la porte...

- Diouldé, réfléchis à ce que je viens de te dire. Je suis très sérieux.

Je me suis empressé de sortir. Je ne comprenais vraiment pas. Pourquoi il se comportait comme cela avec moi. Je n'osais pas en parler à ma collègue Mme Sall. Mais le soir, avant le début des cours, Nabou m'a approché pour me dire que j'étais bien froide ces temps ci et qu'elle avait l'impression que j'avais des problèmes. Sans me faire prier, je lui ai raconté mes soucis avec Demba, mon départ de la maison, le comportement déplacé de mon patron. Elle m'a écouté et on était encore dans la cour quand Justin est venu nous dire que le cours avait commencé et sans gène a voulu savoir de quoi on parlait. Nabou, sans me demander mon avis s'est mis à lui raconter, en lui disant que j'avais quitté mon mari. Elle n'aurait pas du. Vraiment. Le soir même, il s'est permis de m'appeler pour soit disant prendre de mes nouvelles et voir si je prenais bien les choses. Je lui ai presque raccroché au nez en m'en voulant d'avoir quitté ma maison et surtout d'en avoir parlé.

Les jours suivants, mon directeur se comportait normalement avec moi au bureau, mais m'envoyait des messages en me déclarant son amour. Je ne savais vraiment pas comment faire avec lui. Justin a été plus facile a évacué. Après son coup de fil, le lendemain en cours, dès qu'on est sorti, il m'a proposé d'aller diner avec lui dans un restau. Je n'ai même pas répondu et le soir, vers minuit, il s'est encore permis de m'appeler. Je n'ai pas décroché et le lendemain, je l'ai attendu devant l'école pour lui dire mes quatre vérités et lui demander de ne plus me parler. Je n'aimais pas cela. Il s'est excusé et j'ai laissé tomber.

Ma vie était assez compliquée comme cela. A chaque fois que je voyais Demba, j'avais mal. Il avait mauvaise mine, semblait triste et j'avais juste envie de le prendre dans mes bras. Mais au lieu de cela, je faisais l'indifférente, était tout miel avec mon fils, mais quand je devais lui parler, je restais froide. Je voyais que ça lui faisait mal. Très mal. Parfois, il me le faisait remarquer. Un soir, que j'étais venu voir Mohamed, avant de partir, il m'a attrapé

- comment se passe tes cours ? demanda t-il gentiment

- depuis quand mes cours t'intéresse ?

Encore une fois il a accusé le coup, et je l'ai vu regarder ailleurs semblant chercher une réponse

- tu es vraiment dure avec moi Diouldé.

Cette fois j'ai eu honte.

- désolée.

Je n'avais rien d'autre à ajouter et je suis partie. Le laissant debout à la porte l'air complètement abattu.

Les jours passaient et rien ne s'arrangeait. Sa mère Latifah est intervenu à plusieurs reprises me suppliant de rentrer car Demba l'avait appelé complètement perturbé. Je lui ai promis de le faire, mais pas maintenant. Elle a compris quand je lui ai expliqué mes raisons mais elle m'a dit avoir quand même pitié de son fils. Avec Babacar, je dirais que cela nous a permis de nous rapprocher. Oui oui, mon pire ennemi est devenu durant cette dispute, mon meilleur « ennemi ». Il appelait presque tous les jours pour me demander sur le ton de la menace de rentrer chez moi.

- Walay, si tu ne rentres pas, je vais chercher à Demba une autre femme, plus jolie, plus djongué, qui va lui faire gouter des choses que tu ne connais même pas.

- petit crétin, vas y. Ne te gène pas.

- tu joue avec le diable. Laisse la bonne viande comme ça sur l'étal tu va voir...je ne sais pas ce que tu as fait à mon copain. Mais héé si c'était moi.

- xhoxxhhoo..Babacar ne me fatigues pas. si c'était toi aussi rien...

On se charriait tous les jours et on en profitait aussi pour parler plus sérieusement et il me disait que Demba était vraiment désolé et que la punition avait assez duré et qu'il me promettait même de ne plus draguer d'autres filles si je retournais chez moi. je lui répondais d'aller se faire toutes les filles de la planète et que je m'en foutais. Et avec Babacar ça dégénérait toujours

- les choses bien là qu'il te faisait ne te manquent pas ?

- quelles choses ? Demandais-je d'un ton innocent

- ne fais pas la folle. Reviens on va te montrer de quel bois on se chauffe.

Et je partais sur des insultes disant que c'était juste un imbécile. Mais on en rigolait et les choses se sont un peu huilées entre nous. Adja aussi parlait sans arrêt me disant de retourner et de m'occuper de mon foyer. Maman Fanta, c'était limite si elle ne me chassait pas de chez elle disant que j'étais sans cœur. Mais je voulais juste le faire réfléchir à tout ça. je ne voulais plus que ce genre de choses se reproduise entre nous.

Donc les 15 jours que je devais passer chez elle se sont transformés en un mois. Mais avec quand même quelques évolutions. Au bout de 15 jours, Demba pensait que j'allais revenir et je lui ai dit que non, finalement je restais. Il n'a rien compris et dépité il m'a demandé si je comptais le quitter et que ce n'étais même pas la peine de penser à cela et qu'il était prêt à venir aménager chez maman Fanta. Finalement, cette dernière rigolait de tout ça, tandis que je bouillais.

Dans la semaine, alors que j'étais en pause, je l'ai vu débarquer au bureau alors qu'on s'était encore pris la tête la veille. Il y avait quelques collègues qui étaient resté et il a profité de cela pour m'embrasser. Je ne voulais pas le repousser devant tout le monde donc je l'ai laissé déposer ses lèvres sur les miennes. Il m'avait manqué et ce petit geste m'a fait frissonner. Il l'a remarqué et m'a regardé un long moment avant de me proposer d'aller manger quelque part. Mme Sall qui était toute souriante en voyant la scène s'est approché et j'ai fait les présentations. Alors qu'on partait, elle me faisait des clins d'oeils disant que je pouvais prendre mon après midi. Mais on est juste allé manger dans un restaurant et on a discuté calmement. Il s'est encore excusé et m'a sorti de beaux discours tout en émotion et j'ai bien failli lui dire que je rentrais le soir même. Mais bon.

Les jours suivants, dès qu'il le pouvait, il venait et on allait manger et petit à petit, une sorte de paix s'est installé entre nous. Mais je refusais toujours de rentrer et aussi qu'il m'embrasse ou qu'il me touche. Les cours étaient terminés et on avait remis tous les devoirs. J'étais soulagée d'avoir fini et en même temps, le soir même j'ai beaucoup pleuré en me disant que finalement ça m'a couté cher. J'avais l'impression en 6 mois d'avoir bousillé ma vie et je me demandais si ça en valait vraiment la peine. Mon directeur ne le lassait pas de me demander de sortir avec lui, de m'offrir des cadeaux que je lui rendais, de me proposer le mariage. J'avais juste envie de démissionner, mais juste après la formation comme convenu, j'ai eu un contrat en bonne et du forme et je ne pouvais pas démissionner. Mais la situation commençait à me peser. Je me disait que dès que je retrouverais mon mari, tout rentrera dans l'ordre

Mais il a fallu que quelques jours plus tard que Mohamed tombe malade. C'était un vendredi matin et Demba m'a appelé pour me dire que la crèche l'avait prévenu que ce dernier avait de la fièvre. J'ai paniquée et je suis parti le rejoindre chez le pédiatre qui nous a rassurés en nous disant que c'était une inflammation des amygdales et nous a prescrit des médocs. Comme il avait une réunion, je lui ai proposé de l'amener à la maison. J'ai trouvé Caroline qui était surprise de me voir à cet heure et je lui ai expliqué que Mohamed était souffrant et tout. J'ai aussi appelé maman Fanta qui est venu sur le champ. Elle est finalement rentré vers 17 heures après s'être rassuré que tout allait bien. Demba lui est rentré un peu tard et a trouvé Mohamed endormi. J'étais dans sa chambre en train de le regarder dormir quand il est entré. Il avait l'air fatigué et je l'ai rassuré. Il m'a regardé un long moment avant de sortir. je suis encore resté un moment dans la chambre avant de sortir à mon tour. Je l'ai trouvé dans notre chambre et il avait pris une douche et avait juste un débardeur et un pantalon. J'ai pris mon sac.

- je vais partir...dis je doucement. Sans grande conviction

Il a soupiré avant de prendre lentement les mains, semblant même hésiter.

- s'il te plait reste. Ton fils est malade, et moi j'ai besoin de toi. C'est bon Diouldé. Un mois sans toi c'est trop. Tu me manques tellement...tellement.

J'ai gardé le silence.

- tu sais que tu me manque Diouldé, dit-il lassement. Je me suis excusé de toutes les façons, je t'ai demandé de me pardonner. Je ne sais même pas si je le mérite mais je sais que je ne peux pas vivre sans toi.

- tu sais Demba, c'est juste que j'ai besoin de temps pour réaliser tout ce qui s'est passé. je n'aurais jamais cru que tu te comporterais comme ça avec moi. Je me suis peut être fait des idées en pensant qu'entre nous, c'était du dur, de l'acier, que rien ne pouvais détruire. Non je ne voyais nulle part ce qui pouvait nous séparer. Mais je n'ai jamais imaginé que le mal viendrait de nous, de toi.

- je suis désolé Diouldé. Encore. J'ai été vraiment minable sur ce coup. Je le reconnais. mais je t'aime...

Il s'est penché et a commencé à m'embrasser ; je ne voulais même pas résister et même si je le voulais, je ne le pourrais pas. Il m'avait trop manqué. Ces lèvres m'avaient manquées, ces sensations, son corps. Les choses se sont vite embrasées. On s'est retrouvé au lit, mais je le sentais qui se retenait. On s'embrassait, et il avait glissé ses mains sous mon top. Mais il se contentait de me caressait le ventre, sans vouloir aller plus loin alors que moi j'étais en feu. Un peu énervée, j'ai enlevé brusquement mon haut et je me suis retrouvé en soutif. Je l'ai vu déglutir, surtout quand je me suis remise à l'embrasser lentement. Mais, même ça, il ressemblait un ado qui tâtonnais. Il me touchait partout sauf les points « sensibles » qu'il connaissait pourtant si bien.

Un moment, il s'est carrément écarté.

- écoute Diouldé, je ne vais pas te brusquer. J'ai lu que...

Il semblait hésiter

- tu as lu quoi ?

- heuu..Comment dire, la dernière fois je t'ai fait mal, je t'ai forcé et ça jamais je ne me le pardonnerais. Et heuu, on m'a dit...enfin j'ai lu...les femmes qui ont subi des violences sexuelles ont du mal à surmonter les choses, à accepter à nouveau que leur partenaire les touches. Je ne veux pas te dégouter. Je prendrais le temps qu'il faut pour que tu me fasses à nouveau confiance.

Mais qu'est ce qu'il me racontait comme ça. J'avais envie de lui moi et je me demandais ou il avait lui ces conneries. Plus d'un moi s'était passé. C'était bon là. Mais il s'était déjà levé et après m'avoir sagement embrassé, est sorti. Frustrée, je me suis douchée et j'ai appelé mama Fanta pour lui dire que je restais pour surveiller Mohamed.

- j'espère que tu vas rester là-bas. Ne reviens pas. Je ne veux plus te voir ici.

On a rigolé et je lui ai dit que je reviendrais que ça lui plaise ou non. J'ai rejoins Demba au salon qui regardait un match de basket. Je me suis blotti dans ses bras et on a beaucoup discuté. De nous, de notre couple, du problème. Calmement. Finalement, j'ai eu sommeil et je suis allé me coucher pensant qu'il viendrait se coucher. Mais non. Le matin, j'étais seule dans ma chambre.

On a passé une journée tranquille et Mohamed allait beaucoup mieux. On avait repris nos câlins et Demba profitait de toutes les occasions pour m'embrasser, me prendre dans ses bras, me dire qu'il m'aimait. Le soir, on a décidé d'aller rendre visite à maman Fanta et aussi prendre mes affaires. Oui, j'avais décidé de rentrer chez moi. J'aimais mon mari et je n'avais pas envie de rester loin de lui. Maman Fanta était tellement contente que j'en étais frustrée. MDR. Non, mais elle m'a presque chassé en disant quand même qu'elle était contente qu'on ai réussi à s'entendre à nouveau et priait pour que ce genre de chose n'arrive plus.

Une fois à la maison, on a eu la visite de Babacar et de sa première femme. il était surpris de me voir et bien sur n'a cessé de me taquiner

- tu as pris mes menaces au sérieux. Tu as intérêt. Il y avait une belle jongoma prête à prendre ta place si tu avais tardé.

Malgré la présence de sa femme, je l'ai traité d'idiot. Même Demba était surpris qu'on se taquine comme cela, mais bon. Ils sont restés tard et quand ils sont partis, je suis allé me préparer car je ne comptais pas dormir cette nuit. j'ai attendu Demba en vain et j'ai compris qu'il était toujours dans sa logique de me donner du temps... énervée, je me suis changé et échangé ma jolie nuisette contre un vieux teeshirt avant de me coucher. Il est entré un moment et a semblé chercher quelque chose sur la table. J'ai allumé la lampe

- désolé, je ne voulais pas te déranger...

Il s'est quand même approché et s'est penché pour m'embrasser. Je l'ai enlacé et pas décidé à le laisser partir. Quand il a glissé sa main sous le teeshirt, il s'est rendu compte que je n'avais rien en dessous et j'ai senti sa respiration s'accélérer. Finalement, je n'aurais pas du me changer. Il s'est enhardi et me caressait, me faisait revivre d'incroyables sensations. il m'embrassait partout, les seins, le ventre...quand tout a coup, il s'est levé et a arrangé mon teeshirt avant de bafouiller disant qu'il s'excusait et allait partir. J'en ai eu marre ; j'ai enlevé mon teeshirt rageusement

- Demba, arrête de lire des conneries. Tu m'as forcé la dernière fois et j'en ai souffert. Mais c'est bon là. Je ne suis pas revenue ici pour manger et boire. Donc arrête de parler et viens ici.

-...

Vous ne le croirez pas, mais Demba m'a planté là cette nuit là pour aller dormir dans l'autre chambre. Incroyable. J'en étais complètement choquée. Le lendemain aussi. Il m'embrassait, me murmurait des mots doux, me caressait avant de me laisser en plan, avec comme explication que j'avais besoin de temps pour lui faire confiance à nouveau. J'ai vraiment cogité pendant ces quelques jours. me demandant si mon chéri m'aimait toujours, pourquoi il ne me désirait plus, avais-je trop tiré sur la corde et que finalement, il ne voulait plus de moi, avait-il une autre femme dans sa vie. J'ai stressé et il a fallu qu'un matin, je lui dise calmement que je retournais chez maman Fanta à la descente car je ne supportais plus qu'il ne me touche pas. Oui, je lui ai dit que j'étais désolée de l'avoir quitté car je me rendais compte que ça avait gâché pleins de choses entre nous. Il m'a écouté sans rien dire. Eh bien, il est venu me chercher à la pause de midi et je pensais que c'était pour parler autour d'un déjeuner, mais non, on est allé dans un célèbre hôtel et monsieur a pris une chambre luxueuse à souhait et cette fois, il ne s'est pas fait prier. Et les retrouvailles ont été chaudes, très chaudes même. Comme de nouveaux mariés. Vers 16 heures, on l'a appelé en urgence au bureau et il m'a supplié de l'attendre car il ne resterait pas une heure et je l'ai attendu. C'était grisant de rester dans une chambre d'hôtel à attendre le retour de son chéri, pour des galipettes. J'avais l'impression de transgresser des normes et je devais avouer que c'était...stimulant. Quand il est revenu, je dormais et je ne l'ai pas entendu rentrer. et le réveil a été très...mouvementé. Plus tard, il m'a avoué que tout son cinéma de ses derniers jours c'était une idée originale de Babacar pour me faire languir et le supplier de laisser tomber. Ce crétin de Babacar. Vous imaginez bien que je suis allé lui dire mes quatre vérités, mais comme maintenant, on était les meilleurs ennemis, il a rigolé aux larmes avant d'aller tapoter Demba et le féliciter. N'importe quoi. Mais bon, mon chéri m'avait quand même manqué et bon, on a reconnu chacun nos erreurs et surtout, il m'a fait promettre, jurer sur la tête de Mohamed que je ne le quitterais plus.

Notre réconciliation a coïncidé avec le début des vacances. Pendant quelques jours, maman Fanta nous a gardé Mohamed le temps qu'on s'évade un peu à Saly pour nous retrouver. Et c'était tout simplement magnifique. Au rythme des câlins, vous imaginez vite que le résultat ne s'est pas fait attendre. Surtout que durant notre dispute je ne prenais presque pas la pilule et monsieur se foutait pas mal que j'en sois à ma période.

Saran est venu quelques semaines plus tard, sans sa mère qui apparemment s'était trouvé un fiancé et devait aller avec lui en Espagne. Et sans sa mère, Saran est tellement plus gentille, tellement plus respectueuse. J'en profitais pour lui parler, en faire mon amie sous le regard tout content de Demba. Elle m'a parlé de son premier amour, un garçon de son lycée et même si j'ai trouvé cela un peu tôt, je lui donnais des conseils et elle était plus réceptive. C'était une fille très jolie, qui avait pris les yeux de son père, mais plus elle grandissait, plus elle ressemblait à sa mère. Enfin, tous ensembles, on est parti au Maroc voir maman Latifah. Cette dernière était toute contente de voir ses deux petits enfants et passait son temps à pleurer de joie. Trop drôle. On a passé d'excellents moments sauf peut être que je me sentais mal la plupart du temps. Oui, cette fois, je l'ai senti dès les premières semaines. J'étais fatiguée, j'avais des nausées, je vomissais. Mais j'ai quand même profité de nos vacances. Après trois mois, les choses se sont calmées et j'ai pu savourer ma grossesse.

A notre retour du maroc, Coumba était venu en vacance avec une grande nouvelle. Elle allait se marier. Depuis des mois, je me doutais bien qu'il y avait quelque chose entre elle et Moha. Ce dernier était toujours à Paris pour n'importe quelle raison. Quand j'appelais Coumba Moha était presque toujours à côté et quand je les taquinais, ils protestaient tous les deux, se traitant chacun de « pauvre con » ou de « femme désespérée ». Mais bon, je n'étais pas dupe. Je savais qu'il y avait quelque chose entre eux. Et c'est pourquoi quand elle m'a dit qu'elle voulait me parler, je savais à l'avance de quoi et je n'ai même pas été surprise quand elle m'a annoncé que non seulement elle était en couple avec Moha, mais en plus ils allaient se marier ; elle était venu uniquement pour parler à ses parents, mais vu ce qui s'était passé la dernière fois, elle ne voulait même pas assister à son propre mariage. Mais j'ai bien profité d'elle et elle est restée juste une dizaine de jours. Quelques semaines plus tard, la famille de Moha a envoyé une délégation avec une somme astronomique comme premier cadeau. Quand je dis astronomique ça l'était vraiment. En plus de parures, et de billets d'avions pour Fez pour les parents de Coumba. La famille de Coumba était ébahi et tata Fatou a éclaté en sanglot. Après tout ce qu'elle avait entendu sur le compte de Coumba, elle méritait bien ce répit, et bon, comme moi aussi j'ai un fleuve qui coule en moi, j'ai aussi beaucoup pleuré. Et le plus drôle, c'est que même Coumba ne savait pas tout ce que Moha avait préparé pour elle. Comme des madeleines on s'est mise à pleurer au téléphone quand je lui ai dit tout ce que son merveilleux mari lui avait offert. Le crétin était avec elle car ils avaient organisé une petite fête chez lui à Londres, et a fait celui qui ne savait rien. Son geste m'a vraiment touché et plus tard quand je l'ai appelé pour le remercier, il m'a fait comprendre que Coumba méritait plus que cela, et qu'il l'a surtout fait pour sa mère. Tata Fatou était une brave femme qui n'a jamais laissé tomber sa fille.

Au boulot c'était plus compliquée. Dès que je me suis réconcilié avec Demba, Mr Guissé ne m'adressait plus la parole, ne me confiait plus de travail et semblait m'ignorer. Un jour, je suis allé lui parler et lui dire que si je ne lui convenais plus, il pouvait toujours m'affecter dans un autre service de la boite. Il a accepté et en a profité pour s'excuser pour tout disant qu'il ne supportait pas de me voir alors qu'il avait des sentiments pour moi. moi aussi je me sentais à l'étroit et c'est avec soulagement que j'ai rejoins mon nouveau lieu de travail après les vacances au Maroc et bien sur avec le début de ma grossesse c'était un peu laborieux. Je voulais faire mes preuves mais c'était difficile. Demba m'aidait beaucoup. C'est lui qui m'amenait quand je ne pouvais pas conduire et revenait me chercher à la descente. Il m'encourageait et ne disait de ne pas baisser les bras. Quand vraiment je ne pouvais pas, c'est lui qui appelait mon supérieur pour lui expliquer et lui demander de me comprendre. C'était trop drôle. Demba qui ne voulait pas que je travaille, m'encourageait maintenant à faire carrière. Incroyable.

Vers le mois de Novembre, Demba a finalement accepté une proposition d'emploi pour la Suisse. Ca impliquait beaucoup de choses notamment déménager, changer de pays, quitter le Sénégal, mon pays pour un autre que je ne connaissais pas. J'avais peur, mais je l'encourageais à accepté car les avantages étaient tout simplement énormes. Il a hésité en disant que j'allais être obligé de laisser mon travail, mais je lui ai dit que ce n'était pas grave. Je pourrais toujours postuler là bas. C'était vraiment une chose de dingue dans sa carrière et je ne voulais pas, pour un petit travail qui me payait à peine 200 mille par mois le priver de cette opportunité. En plus avec ma grossesse, j'allais être indisponible pendant des mois et vraiment, ça n'en valait pas la peine. Donc il a accepté et nous a devancés là-bas pour régler les formalités d'installation et juste avant les fêtes de fin d'année, on devait quitter le Sénégal. J'étais à 6 mois de grossesse et ma mère est venue de la Guinée pour me dire au revoir et ne cessait de pleurer. Le plus drôle a été mon oncle qui ne cessait de lui dire que j'avais de la chance que mon mari me supporte et accepte de m'amener. Car lui à sa place il ne m'amènerait pas. Déjà lors de notre dispute avec Demba, il m'avait fait appeler en vain. Je n'étais pas suicidaire. Aller lui répondre signifiait aller à l'abattoir et j'avais maintenant une famille et ils avaient besoin de moi. Même quand je me suis réconcilié avec Demba et qu'on est parti ensemble le voir, j'ai eu droit à un coup de chapelet qui a laissé des marques de perles sur ma peau des jours. Il m'a traité de tous les noms d'oiseaux devant un Demba tordu de rire. Je ne trouvais rien de drôle à ca et c'est quand je lui disais que j'étais maintenant une grande fille et qu'il devait surveiller son langage avec moi que j'ai reçu le coup de chapelet. Mais Bon c'était mon oncle. Il ne changerait jamais.

Avant de partir, j'ai fait quelque chose qui me tenait vraiment à cœur. Je suis allé aux hlm. Passer devant le portail, voir la place de Pa Ablay a failli me faire pleurer. Alors que je saluais à l'entrée, Kiné est venu pour voir. Elle avait l'air tellement étonné qu'elle a failli tomber la pauvre. Je lui ai fait un grand sourire et elle est venue à moi pour une accolade et une bise. Incroyable. Elle m'a demandé comment j'allais avec gentillesse, allant jusqu'à me dire que je lui avais manqué. Peut être simple formule de politesse aussi. Mais de sa part c'était quand même étonnant. Elle a appelé sa mère en lui disant que c'était moi et la pauvre a accouru comme si on l'a poursuivait. Elle m'a salué chaleureusement, m'a fait une accolade aussi et m'a dit toute sa joie de me voir et comme Kiné m'a taquiné sur ma grossesse. Finalement, je leur ai expliqué que je venais leur dire au revoir car je devais aller m'installer avec mon mari dans un autre pays et que je voulais venir leur dire tous mes regrets sur le déroulement de nos relations. Oui, j'ai demandé pardon à mère Oussey, lui disant que malgré tout ce qu'elle a pu penser de moi, j'étais venue parce que j'aimais son fils et non pour semer la zizanie ou le tromper. Avant que je ne finisse de parler, elle a éclaté en sanglot disant que c'était à elle de demander pardon. Kiné aussi s'y est mise en disant que j'étais quelqu'un de bien et qu'elle demandait aussi pardon. Et moi, bizarrement, je ne savais pas ou étaient mes larmes. Et pourtant pour une fois je les sentais sincères quand elles m'ont dit regretter tout ce qui s'était passé avec Rassoul.

En parlant du loup, il est arrivé avec une très jolie dame. J'ai su après que c'était sa femme et lui est resté figé à me regarder. Ca faisait des années qu'on ne s'était pas vu et il n'avait pas trop changé. Finalement, il s'est ressaisi et m'a aussi salué et demandé des nouvelles de ma mère, de maman Fanta, de tout le monde. Dès qu'il a prononcé mon nom, j'ai senti sa femme me regarder fixement sans plus m'adresser la parole. Mais bon, on a discuté tous ensemble et mère Oussey a repris les motifs de ma visite, me faisant pleins d'éloges, disant que j'ai été une belle fille exemplaire et que c'est Satan qui est venu se mettre entre nous (oui vous avez bien lu, elle a accusé Satan). Elles m'ont toutes raccompagnée en faisant des prières pour moi et quand elles sont reparties, Rassoul est resté avec moi. On était à l'entrée, là ou je me mettais souvent avec Pa Ablaye pour lui lire ses journaux. On est resté quelques secondes sans rien trouver à se dire.

- Pa Ablaye me manque vraiment, dis-je finalement

Il a soupiré.

- il t'aimait beaucoup.

- Oui c'est vrai. Et je crois que c'était le seul à vraiment m'aimer ici.

Il a souri nerveusement

- donc tu as douté de mon amour pour toi ?

J'ai haussé les épaules.

- ce n'est plus la peine d'en parler. De toute façon je te souhaite tout le bonheur du monde. Et félicitation. Je ne savais pas que tu t'étais mariée

Il a rigolé

- tu ne prenais plus mes appels, tu m'avais rayé de ta vie. Comment pouvais-tu être au courant.

On a gardé le silence un moment

- j'espère que tu es heureuse ma diouldé...

- oui, très, dis-je en le regardant droit dans les yeux. J'ai rencontré un homme magnifique, qui m'a offert un petit garçon magnifique et me rend vraiment heureuse.

J'ai marqué un temps car je le voyais gratter sa tête et regarder ailleurs

- toi aussi tu étais magnifique. Mais ça n'a pas marché et c'est la vie. Et toi ? Tu es heureux ?

Il a souri nerveusement

- j'essaie de t'oublier Diouldé. J'essaie d'être heureux. Je te mentirais si je te disais que je t'ai rayé, mais bon. Je sais que tu as réussi à tourner ma page, mais moi il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à toi, sans que je me demande ou j'ai vraiment fauté pour te perdre, à quel moment j'aurais du réagir,

Il a secoué la tête, l'air vraiment perdu. Mon Dieu. Je me rendais compte qu'il n'avait pas vraiment oublié. Alors que moi, j'étais dans une autre dimension. Je ne pensais plus à lui. il a du sentir mon trouble.

- m'as-tu vraiment aimé Diouldé ?

- arrête avec ça. C'est...malsain. Je suis mariée maintenant et toi aussi

- si on avait eu un enfant, serais tu partie ? demanda t-il à nouveau comme s'il ne m'avait pas entendu. Si le bébé était vivant, serais tu toujours avec moi ?

Comme je ne répondais pas, il a continué à parler

- désolé, mais c'est ce genre de question qui tournent dans ma tête sans arrêt. Je me sens coupable. Si on ne s'était pas disputé, si je ne t'avais pas bousculé, si...

- Si tu avais osé dire à ta mère de nous laisser vivre, si tu ne t'étais pas marié avec Anta...complétais-je

Là, il a arrêté. Et a haussé les épaules.

- c'est toi qui es parti...

Comme je ne disais plus rien, il a arrêté. Je ne voulais plus en reparler.

- ça ne sert à rien tout ça. Je tenais à venir pour mettre à plat tout cela. Tu as été un pilier dans ma vie Rassoul. Sans toi, je serais peut être en Guinée à aider ma mère, tu as payé mes études, tu m'as soutenu quand je n'avais personne, tu as...

- fait de toi une femme...

Je l'ai regardé, on s'est regardé. Oui, il avait raison. C'était mon premier homme aussi. Mais c'était du passé. Et à cet instant, j'ai trouvé la vie pathétique. J'étais là en face de lui alors qu'il y a quelques années, je n'aurais jamais imaginé cette situation. J'ai gardé le silence, voulant trouver un moyen pour partir.

- excuse moi c'est pas très appoprié tout ce que je te dis. Et puis je vois que tu attends un autre bébé. Je suis content pour toi. Ca va

Heureusement qu'il avait changé de sujet. J'ai souri et on a discuté un peu plus légèrement. Il m'a expliqué qu'avec Anta ça n'avait pas marché, mais qu'il avait quand même rencontré une fille bien sur beaucoup de plans et surtout qui semblait agréer à sa famille. Ah il ne changera jamais avec sa famille. je l'ai félicité et lui ai souhaité tout le bonheur du monde.

- j'ai toujours espoir qu'un jour tu me reviendras...

J'ai tiqué.

- mais ca ne va pas toi Rassoul. Tu viens de me dire que ta femme te comble et tout...

- mais elle n'est pas toi Diouldé.

Finalement, j'allais bientôt regretter d'être venue. Heureusement qu'il a souri et on a parlé d'autres choses. De sa fille, de son désir de rejoindre le canada pour une carrière. Il a demandé si j'avais des photos de mon fils et je lui ai montré des photos de Mohamed que j'avais sur mon portable. Comme d'habitude, quand on le voit, il m'a demandé si mon mari était sénégalais. J'ai rigolé. Lui aussi ma montré des photos de la petite Oussey. Et elle ressemblait vraiment à sa mère Anta. Très jolie.

Finalement on s'est quitté en rigolant et avec la promesse de s'échanger des mails au moins de temps en temps.

Avant de quitter j'ai fait le tour de la famille pour dire au revoir et c'est avec maman Fanta c'était encore plus difficile qu'avec ma propre mère. Rama et sa petite famille était venus pour les fêtes, mais n'empêche. Ma maman allait vraiment me manquer. Elle s'était finalement marié à son Mbaké mbaké, mais le monsieur venait tellement rarement qu'on en oubliait qu'elle était mariée. Elle disait que c'était tant mieux car elle préférait sa liberté. Au moment de lui dire au revoir, j'ai tellement pleuré que Demba a eu pitié de moi. Il me demandait de penser au bébé et même Mohamed essuyait mes larmes. Finalement, Maman est allé s'enfermé dans la chambre en me demandant d'y aller sans la revoir. Elle aussi était affectée. Surtout qu'on partait pour s'installer. J'avais arrêté de travailler en fin octobre car j'avais vraiment trop de choses à faire. Ranger, et voir ce que je devais amener, ce qui devait être donné. C'était un gros travail ; la maison ressemblait à un vrai chantier avec pleins de cartons. J'avais décidé de donner ma voiture à mon frère et la plupart de la vaisselle à sa femme. Caroline a hérité de mon lit et elle a versé de chaudes larmes. Elle s'était attachée à Mohamed et ne cessait de pleurer quand elle le voyait.

Tout devait partir par fret avant nous et Demba devait les réceptionner avant de revenir nous prendre. Comme le gros était parti, on n'avait plus beaucoup de bagages et on a quitté le Sénégal vers la mi-décembre. On est passé par Paris ou on a passé les fêtes de fin d'année avant de partir pour la Suisse. J'ai pu voir Moha et Coumba. Ils ne changeront jamais. Malgré le fait qu'il soit marié, il ne cessait de se taquiner comme ils le faisaient avant. A mourir de rire. On a passé d'excellent moment et ça m'a fait chaud au cœur de voir mes deux amis si heureux ensemble. Quand je les ai vus partir en se taquinant, je n'ai pas pu m'empêcher de verser quelques petites larmes. Mohamed était autonome et Demba avait pu lui trouver une maternelle pas trop loin de la maison. C'était la première fois que j'étais confronté au froid. Je ne venais que durant l'été et les premières semaines j'ai été dépaysé et ne supportait pas ce froid, cette neige, cette grisaille. Surtout que je devais toujours sortir pour aller à mes rendez vous chez le gynécologue. Saïdou, un des amis de Demba qui était déjà installé là-bas avec sa femme Jessie, une américaine nous a beaucoup aidés. Elle était d'une gentillesse incroyable. Comme Demba venait de commencer, il ne pouvait pas toujours m'accompagner. Et avec mon gros ventre et le froid, c'était parfois difficile. Comme ils habitaient à côté, Jessie venait chaque matin prendre Mohamed pour l'amener à la crèche et m'accompagnait à l'hôpital lors de mes rendez-vous. Elle aussi avait deux enfants et le dernier avait l'âge de Mohamed. Elle m'a montré le coin, les boutiques, les commerces. Mais le plus difficile a été l'absence de Caroline. Oui, il n'y avait pas d'aide à domicile. Je devais tout faire. Enfin, n'exagérons rien. Demba faisait presque tout quand il rentrait. Je passais mes journées à déprimer et mon seul rayon de soleil, c'était quand Mohamed rentrait. Et comme durant la grossesse, je ne supportais pas Demba, je boudais tout le temps. Eh oui, il m'énervait. Sans raison. Il était tout gentille, me ramenait toujours de très bons chocolats (oui en Suisse il y en a d'excellents), mais je trouvais toujours une raison pour me disputer. Tantôt c'était qu'il me ramenait des chocolats pour que je grossisse et quand il n'en ramenait pas je boudais en disant qu'il n'était pas attentionné ; n'essayer pas de comprendre. Mais je crois que c'était surtout le climat que je ne supportais pas. Rester des jours sans voir de soleil, me déprimait au plus haut point. Mais que faire. je restais souvent à pleurer toute seule chez moi, ou alors, je passais mes journées à parler à ma mère ou adja...

J'ai accouché cette fois ci par césarienne car j'avais prévenu le docteur que si jamais il essayait de me faire accoucher par voix basse, je me suiciderai le lendemain, lui laissant deux orphelins et un mari qui ne s'en remettra jamais. Non, je n'étais pas prête à revivre les moments douloureux que j'avais vécu avant. Donc dès que les contractions ont commencé, heureusement c'était en weekend, Demba m'a rapidement amené après avoir déposé Mohamed chez Jessie. On m'a rapidement pris en charge et la césarienne a été programmée. C'était une fille. Demba avait dit qu'il l'appellerait Myriam comme sa grand-mère, et c'est avec surprise que je l'ai entendu dire à l'infirmière que le bébé s'appelait Fanta. J'étais tellement surprise et étonnée à la fois. J'ai versé de chaudes larmes quand il m'a dit qu'il voulait me faire la surprise. Maman Fanta représentait tellement pour moi. Les infirmières ne comprenaient pas trop pourquoi je pleurais autant, mais bon. Surtout quand elle m'a appelé et que je lui ai dit que le bébé s'appelait Fanta. Elle est restée silencieuse un bon moment et j'ai cru que la ligne était coupé mais non. Elle pleurait. Et je m'y suis remise. Plus qu'elle. Fanta était jolie comme un cœur et avait un teint vraiment plus clair. Je disais que c'était le froid qui lui a éliminé la mélanine mais apparemment cette explication ne tenait pas vraiment. Mais elle était adorable. Et elle au moins a accepté de prendre le sein. Oui j'ai allaité ma fille qui était vraiment gourmande. Elle a d'ailleurs vite poussé de grosses joues et affichait un poids supérieur à la norme. Je me souviens que je l'ai même amené en consultation chez le pédiatre à 4 mois tellement elle était potelée. MDR. Et comme elle prenait le sein, elle n'acceptait pas de dormir dans sa chambre et dans son lit. Elle était toujours au sein la nuit créant bien évidemment la jalousie de son père. Il pensait vraiment que je lui appartenais et quand Fanta prenait le sein, ça l'énervait. Allez comprendre pourquoi. Il disait qu'elle était déjà bien en forme et qu'elle devait se limiter à ses biberons. En plus, comme elle dormait dans notre chambre, et se réveillait au moindre bruit, c'était parfois assez difficile de faire des galipettes et ça le frustrait. Donc comme princesse Fanta ne devait pas être dérangée, on faisait nos petites gâteries partout dans la maison sauf dans notre propre lit qu'on lui laissait car elle ne voulait pas dormir dans son berceau. Oui, il fallait être imaginatif et ce n'était pas si mal que cela. Ça changeait. En plus, j'ai appris que les fantasmes différaient en fonction des cultures. Autant nous sénégalais sommes focalisé sur les perles de rein et autres petits pagnes, dans les sexshop (bah oui, j'y allais avec Jessie qui était une petite coquine) on trouve des déguisements pour satisfaire les fantasmes les plus délirants de nos chers monsieur. Ça allait du déguisement hyper sexy de la petite infirmière, à celle de la maitresse avec une petite cravache, ou encore la secrétaire avec la micro jupe. Et j'ai tout essayé. ( je vous vois déjà me demander de détailler, mais je refuse...Non mais...petites curieuses...)

C'est vrai j'avais appris à vivre la bas avec ma famille, à m'habituer au froid, à mener mes activités. Quelques temps après mon installation, j'ai reçu des coups de fil de mon frère, de mes cousines, de mes parents pour que je leur envoie de l'argent. C'était incroyable. Le pire je n'osais même pas refuser et heureusement que Demba me comprenait et m'aidait. Mais à un moment, j'ai commencé à filtrer mes appels, sinon on n'aurait plus de quoi manger.

La première année on est tous allé en vacance en Guinée. Eh oui. Demba a eu la merveilleuse idée de faire un crochet là bas pour qu'on rende visite à ma mère. On est resté juste 10 jours, mais ma mère était tellement contente de voir ses petits enfants qu'elle n'a pas eu le temps de trouver notre séjour trop court. Saran nous a rejoints par la suite toujours sans sa mère qui apparemment ne s'intéressait plus à Demba et à la limite semblait vouloir se débarrasser de Saran car c'est elle qui avait insisté pour que cette dernière vienne en vacance. Nous avons pris une maison meublée en location le temps des vacances. J'aurai préféré aller vivre avec maman Fanta, mais bon. On y passait presque toutes nos journées et elle ne se lassait pas de pouponner son homonyme. J'ai trouvé que c'était trop court et je n'avais pas envie de rentrer, mais il le fallait.

Au retour des vacances, Demba a refusé que Fanta dorme avec nous. Et il a été ferme. Donc il a fallu quelques jours de cris la nuit, mais bon finalement, elle a été sevré et a appris à dormir seule dans son berceau. Eh oui, son père voulait sa femme pour lui tout seul. Mais malgré tout j'ai encore déprimée et heureusement, Coumba venait d'accoucher et j'en ai profité pour aller en France lui tenir compagnie quelques temps. Ça m'a permis de me changer les idées et de retrouver mes amis. Les voir en couple faisait tellement plaisir, donc avec un enfant pour compléter le tableau, c'était le clou. Moha se vantait partout que le bébé lui ressemblait et il n'avait pas tord. Coumba était épanouie et ça faisait plaisir à voir.

De retour, je me suis plongé dans une certaine routine sans trop savoir comment m'en sortir. Heureusement que Demba était vraiment présent pour sa petite famille. Donc il y avait tous les weekends un programme, des sorties avec Saidou et Jessie, et parfois des amies en commun. C'est ainsi que de fil en aiguille, l'un de ses collègues m'a parlé de son père qui tenait une librairie, mais qui était vraiment vieux maintenant et avait besoin d'aide. J'ai sauté sur l'occasion. Fanta avait un peu plus d'un an et pouvait aller à la crèche. Demba comme d'habitude a été réticent, mais quand je lui ai rappelé nos antécédents, il a accepté et je suis allé voir Mr René. En Suisse, une bonne partie de la population parle allemand et même si on était dans une ville francophone, Mr René avait un français chaotique. Il avait vécu plus à l'ouest, mais se débrouillait quand même en français. Mais il m'a vite apprécié et m'a expliqué ce qu'il fallait que je fasse. Ce n'était pas un travail valorisant vi sous l'angle de mes compétences, mais je l'ai adoré. Déjà travailler dans une librairie, pour une personne qui adore lire c'était déjà le top. En plus je lui ai refais sa comptabilité, proposé des innovations car il gérait sa boutique un peu à l'ancienne. Je l'aidais pour les commandes de livres, lui contactait des auteurs qui faisaient des séances de dédicaces dans sa boutique. Oui j'adorais ce travail. Un moment Demba m'a encore fait une crise de jalousie disant que j'accordais plus de temps à Mr René qu'à lui. J'ai bien rigolé en lui disant qu'il ne se rendait pas compte qu'il était jaloux d'un vieux d'une soixantaine d'année. Mais n'empêche. J'ai continué. De toute façon, il fallait aussi que je m'habitue à ses crises de jalousie sans en faire des vagues.

Et puis quoi que je puisse lui reprocher, avec lui, c'était...Comment dire...le grand bonheur. Oui, on se prenait encore souvent la tête pour des futilités, mais on s'aimait comme pas possible. Chaque jour un peu plus. On communiquait sans se parler, on s'aimait sans se le dire. Nos corps ne se lassaient jamais l'un de l'autre et même après deux grossesses, c'était encore chaud sous la couette. Nos enfants étaient nos trésors. On profitait des vacances scolaires pour aller skier, ou nous rendre à Paris pour passer quelques jours et s'éloigner un peu de la morosité helvétique. Oui, les suisses étaient froids comme leur climat. Mais ça a ses avantages...on s'enferme plus, on est souvent blotti l'un contre l'autre, on fait souvent l'amour et ceci contribue à contribuer à nous rapprocher encore plus.

Deux années après notre installation, malheureusement Pa Sow, le père de Demba est décédé. Il était en France car son état s'était aggravé et Demba a remué ciel et terre pour le faire venir pour des soins. Mais rien. Il est décédé quelques semaines plus tard. Mon chéri était méconnaissable. Je l'ai compris. C'est très dur de perdre son père. On a tous accompagné le corps au Sénégal et c'était vraiment des moments très durs pour Demba. Mais je crois que ça a surtout renforcé sa foi et ça a aussi permis de mettre à plat pleins de choses avec sa belle mère. Oui c'est au retour des funérailles qu'il m'a expliqué ce qui l'opposait à tata Rougui. Et j'ai été étonné. En fait quand sa mère est partie, sa belle mère est devenue une vraie tigresse. Elle ne supportait pas de le voir. Demba avait une marque sur la fesse gauche et j'ai su qu'un jour que son père était au Sénégal, et qu'il était rentré un peu tard, elle avait pris une fourchette qu'elle a chauffé sur le gaz avant de lui enlever son pantalon et de le marquer. Comme un cheval. J'en ai pleuré. Et elle faisait tout en l'absence de son père et quand il se plaignait, sa belle mère versait de chaudes larmes en disant qu'il ne l'aimait pas et son père la croyait. Quand il a atteint l'adolescence, il a préféré aller vivre chez son grand père maternel qui l'a accueilli. Mais là encore, son père a fait des pieds et des mains pour qu'il revienne et son calvaire a continué. Je n'imaginais pas que tata Rougui pouvait être si cruelle. Mais bon après le décès du père, ils se sont parlé calmement et j'ai eu l'impression que ça allait mieux entre eux. Même si mon regard envers elle a un peu changé.

Quelques mois plus tard, Demba a postulé pour un poste dans un organisme international. Et il a été retenu. Sauf que c'était dans un pays asiatique. On était installé en Suisse depuis plus de trois ans et déménager à nouveau dans un autre pays, surtout aussi loin ne m'enchantais guère. Mais c'était une offre vraiment difficile à refuser. Il serait le chef, et surtout les avantages étaient tout simplement incroyables. Et cette fois, je ne voulais pas. Pas question de déménager à nouveau avec des enfants à bas âge. Fanta avait presque 3 ans et Mohamed 5 et demi. Non, On avait acheté une petite maison là-bas et c'était hors de question de tout laisser tomber pour aller s'installer ailleurs. Les enfants avaient leurs habitudes, leurs amis, j'avais mon travail et je ne pouvais pas laisser tomber Mr René. Mais Demba s'accrochait à ce poste. Et puis depuis le décès, je sentais qu'il voulait changer, la vie Suisse commençait à le peser. Donc, je lui ai proposé d'y aller d'abord pour ne pas perturber les enfants comme cela et après, il verrait dans quel mesure on pourrait s'installer là bas. Donc il a accepté le poste, mais avait d'abord un préavis de 6 mois avant de partir et en plus, il avait juste pris une disponibilité d'un an, pour se donner une certaine marge de manœuvre au cas où ça ne marchait pas trop.

On était encore en pourparlers pour voir ce qu'on allait faire quand Mr René est mort brusquement d'une crise cardiaque et malgré mes efforts pour essayer de vouloir tenir la boutique, sa famille l'a vendu et je n'avais pas trop envie de travailler avec les nouveaux qui m'avaient l'air trop compliqué. Donc la situation s'est brusquement retournée. Demba devait partir, et je n'avais plus de travail, et le pire, Jessie et Saïdou avaient décidé eux aussi de quitter la Suisse pour aller s'installer aux Etats Unis. Finalement, je n'avais plus trop envie de rester, ni aussi de partir dans ce pays asiatique. Donc, après mouts discussions et prise de tête, on a convenu que je reviendrais avec les enfants au Sénégal pendant au moins une année le temps que Demba s'installe et voit si vraiment il a envie de continuer là bas.

Donc après avoir mis notre maison en location, nous avons passé quelques semaines en France, d'où Demba a rejoint son nouveau poste. Je suis encore resté un moment avant de passer par le Maroc pour voir Latifah et depuis Septembre, la petite famille est installée ici. on a pris une petite maison en location. J'aurais voulu aller chez maman Fanta, mais comme elle est maintenant de santé assez fragile, Malik a préféré l'amener en France pour qu'elle s'y installe. Les enfants étant de nationalité française, je les ai inscrits assez facilement dans une école avec un programme adapté. La séparation avec Demba a été un peu difficile. Surtout pour les enfants qui ne cessaient de demander leur papa. Mais aussi pour moi qui pour la première fois devait rester tant de temps sans le voir.

Oui, quand les enfants ont commencé à aller à l'école, je ne faisais rien de mes journées. J'ai appelé Fred un jour pour juste prendre de ses nouvelles et après avoir discuté, il m'a promis de me contacter s'il voyait une opportunité. Je lui ai bien fait comprendre que je ne voulais rein de stable car je n'étais pas sure de rester ici plus d'un an. Et il a réussi à me mettre en relation avec un Mr Seck qui avait un cabinet d'étude avec souvent des consultations. Donc il me proposait un travail à mi temps. Quand il a une étude, il me contacte et on travaille ensemble quelques semaines. Et parfois je n'aI même pas besoin de me déplacer jusqu'au cabinet quand je suis vraiment fatiguée. Ça me convenait à merveille, mais il ne fallait pas être en grand besoin d'argent car il était pingre. Mais moi je voulais juste travailler.

J'ai aussi compris ce que devais vivre les épouses d'immigrés. C'est terrible. Parfois, mon chéri me manque tellement que j'en pleure. On se parle souvent au téléphone, mais bon. Il me manque quand même. Au mois de Décembre passé, il a pu venir, et on a passé les fêtes de fin d'année tous ensemble. C'était merveilleux. D'ailleurs, si vous vous souvenez, je disais souvent que je passais de merveilleux weekend et c'était vrai.

Coumba et Moha sont toujours mariés et vivent à Londres

Rassoul est finalement parti s'installer au canada. On échange souvent des mails et même si on n'est pas de grands amis, on se donne des nouvelles. Malgré son diplôme, il a du rester quelques temps à étudier à nouveau pour être à niveau. Mais maintenant il y exerce et à un autre garçon avec sa nouvelle femme.

Adja et Babacar ont divorcé et cette fois ci définitivement. Du moins pour le moment. et le plus cocasse, c'est que je me suis retrouvé à parler avec Adja pour lui dire de lui pardonner encore une infidélité. Oui, Babacar est finalement devenu un bon ami. Adja, qui a eu un autre bébé est installé chez sa mère avec ses enfants et Babacar me dit qu'il n'en a pas fini avec elle. Mais bon. Adja cette fois ci a juré que c'est belle et bien finie et actuellement elle a même un nouveau copain.

Mon frère et sa femme sont toujours ici, et ils ne cessent de m'escroquer. Mais bon.

Maman Fanta est maintenant installé en France avec Malik, mais je ne passe pas deux jours sans prendre de ses nouvelles.

Mère Oussey, Kiné, je n'ai vraiment plus de leur nouvelle depuis la dernière fois que je suis allé chez eux. Mais bon, je suppose qu'elles vont bien.

Mon oncle chéri est décédé l'an passé. J'ai tellement pleuré que s'il le pouvait il allait se relever de sa tombe pour me donner de bons coups de chapelet.

Rama n'est plus marié à son Raoul et est retourné s'installer avec bébé Ousmane au Canada. Je ne sais pas exactement pourquoi ils ont divorcé mais j'espère de tout cœur qu'ils se remettront ensemble.

Voila, je crois que j'ai tout dit. C'est en m'ennuyant que j'ai eu l'idée d'écrire cette chronique. Même si cela fait des années que j'ai cette inspiration. J'avais crée un blog mais je l'ai vite supprimé. Au début, j'avais juste l'idée de parler des premières années de ma vie. Mais plus le temps passait, plus je devenais accro à cette page, plus j'avais envie de me dévoiler. Et je ne l'ai pas regretté. J'ai trouvé une famille, une grande famille. Je me suis amusée de vos commentaires, j'ai pleuré parfois en écrivant, en me souvenant. J'ai essayé du mieux que je pouvais de vous faire revivre tout cela. Je ne sais même pas ce que je vais faire si j'arrête cette histoire. J'avais tellement l'habitude chaque soir de prendre ma machine et de tapoter en souriant, ou en pleurant. Enfin bref, je vous aime. Sis vous aviez été là plus tôt dans ma vie pour me donner tous ces conseils, qui sait...vous changeriez tout...les teamrassoul surtout. Mais aurais-je eu ces merveilleux enfants. Pour rien au monde, je n'échangerais les sentiments que j'ai pour mon Demba. Eh oui, je l'aime plus que tout. Aujourd'hui encore plus.

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