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Partie 29

Ces fêtes de fin d'année s'annonçaient magnifiques. Le lendemain de l'arrivée de Sylvie, j'avais décidé de les laisser en famille après le déjeuner, malgré l'insistance de Demba. Mais Coumba m'avait appelé juste après le petit déjeuner et à sa voix j'ai compris qu'il se passait quelque chose. La famille de Daouda avait fait les premières démarches et ils avaient fixé la date du 27 Décembre pour la cérémonie de mariage. Il restait juste une semaine et Coumba était à fond dans les préparatifs. J'essayais de l'aider mais avec la venue de Sylvie et de Saran, je sentais que ça allait être compliqué. Donc quand elle m'a appelé le matin, je ne pouvais pas ne pas y aller. Je voulais prendre Mohamed, mais Demba m'a demandé de le laisser avec lui car il voulait l'amener se promener avec Saran. Depuis le matin Sylvie gardait le silence et n'ouvrait la bouche que pour s'adresser à sa fille. Je l'ai finalement entendu appeler une de ses amies à Dakar et je suis sortie de la maison avant eux.

J'ai trouvé une Coumba en larme dans sa chambre. Quand je suis sortie pour lui chercher un verre d'eau, j'ai trouvé tata Fatou qui m'a gentiment demandé si j'avais vu ma copine. Apparemment, elle ne devait pas savoir qu'elle était dans cet état. Je l'ai forcée à boire pour se calmer et elle m'a finalement révélé qu'une des tantes de Daouda s'est opposée au mariage car elle a eu des informations concernant sa vie décousue en France il y a quelques années. J'étais choquée.

- tu avais parlé de tout ça à Daouda ? Demandais-je réellement en panique

- Oui et non, pas tout. Je lui ai juste dit que j'avais eu des soucis un moment et que j'ai failli dévier. Mais comment dire à quelqu'un comme Daouda que je buvais, que je fréquentais des milieux pas très catholiques...

Je ne trouvais rien à lui dire...

- hier, il m'a appelé pour me dire tout ce que sa tante venait de lui révéler. On s'est violemment disputé et il a dit qu'il n'y aura plus de mariage.

Elle s'est mise à pleurer.

- tu te rends compte. A une semaine du mariage. Toute ma famille est au courant. En plus le salaud me demande de lui rembourser l'argent de la dot qu'il a déjà donné.

Ça c'était le clou. J'essayais de la calmer tout en réfléchissant rapidement à ce qu'il fallait faire. Finalement, je lui ai demandé le numéro de Daouda que j'ai appelé pour lui parler. Je lui ai parlé de Coumba en lui disant que c'était une fille bien et que s'il l'aimait, il ne devait pas s'attarder sur ces détails car désormais elle avait changé. Mais il m'a crié dessus en disant de m'occuper de mes affaires. J'ai ravalé ma fierté et j'ai encore parlé avec lui, mais il m'a dit qu'il était divorcé et sa première femme était comme Coumba. Il avait pensé qu'elle changerait, mais elle ne l'a jamais fait.

- je ne vais plus retomber dans ces galères. Il y a tellement de filles vertueuses, c'est plus simple d'en chercher une que d'essayer d'en changer une autre. Ecoute Diouldé, ne te fatigue pas. J'en ai parlé avec la famille et ma décision est prise. D'ailleurs je rentre ce soir.

Et paf, il avait raccroché. Coumba était pendue à mes lèvres et me demandait ce qu'il avait dit. J'ai juste haussé les épaules et elle a encore commencé à pleurer. J'étais vraiment dépassée et ne savais pas trop comme réagir. Je l'ai finalement secoué en lui disant d'arrêter de pleurer car cet imbécile n'en valait pas la peine.

- quand on aime une personne c'est avec ses défauts. Certes tu as un passé, mais tu n'es plus dans ces choses la. Et ça il doit le savoir. S'il n'est pas capable de se battre pour toi, c'est juste qu'il ne te mérite pas.

J'ai continué à parler et elle s'est calmée avant d'aller se débarbouiller la face. Ensuite, ensemble, on est allé parler à tata Fatou. Mon Dieu. J'ai senti une grande douleur et surtout une grande déception sur son visage. Elle a tristement secoué la tête.

- qu'est ce que je vais dire à ton père ?

C'était une situation vraiment déplaisante et j'avais vraiment pitié de Coumba. Avant de rentrer, tata Fatou m'a pris à l'écart et on a encore discuté de tout ça. Ca m'a brisé le cœur de la voir pleurer et j'ai essayé de la réconforter comme je pouvais. Personne ne pouvait payer une maman. Malgré tout, elle m'a dit qu'elle avait pitié de sa fille car elle ne méritait pas tout ce qui lui arrivait. Et c'était vrai.

Donc c'est un peu triste que je suis rentrée à la maison. Demba s'amusait au salon avec bébé et Saran. Ça se voyait qu'il était heureux. Avoir ses deux enfants auprès de lui était un aboutissement et le voir comme ça m'a fait chaud au cœur. Quand il a vu mon air un peu abattu, il est venu et je lui ai brièvement expliqué la situation de Coumba. Sur le champ il a appelé Coumba pour essayer de la réconforter en lui disant qu'elle ne perdait rien car un homme qui n'était pas capable d'accepter la femme qu'il aime telle qu'elle est n'en valait pas vraiment la peine. Après le diner on est resté au salon tous ensembles et Mohamed s'est endormi sur son transat tandis que Saran lisait une bande dessinée sur le tapis. Sylvie boudait comme d'habitude et n'avait pas ouvert la bouche de toute la soirée. J'étais blotti dans les bras de Demba et on regardait un film en rigolant de temps en temps. Quans Saran a fini de lire, elle s'est levé et est venue se mettre entre moi et son père avant de le supplier de jouer au scrabble avec elle. Demba s'est levé et est allé chercher le jeu et ils se sont installé sur le tapis du salon.

- Maman, viens jouer avec nous, dit-elle en se levant pour aller chercher Sylvie.

Cette dernière s'est levée et est venu les rejoindre sur le sol tandis que Demba m'a fait un petit geste pour que je les rejoigne aussi.

- viens jouer avec nous chérie

- non, papa. Pas elle. Dit-elle en faisant une moue boudeuse.

Demba a changé de visage et était sur le point de répliquer quand je l'ai interrompu

- Non, je suis fatiguée...jouez. Je vais aller coucher Mohamed..

Je m'étais levée et au passage j'ai croisé le regard satisfait de Sylvie.

Je n'en ai pas fait cas et je suis allé coucher mon bébé et en sortant j'entendais les rires de joie de Saran et de Sylvie. J'ai eu un petit pincement au cœur et quand j'ai jeté un petit coup d'œil Sylvie était collé à Demba sous prétexte de regarder ce qu'il avait écrit sur sa barre. J'ai senti la moutarde monter au nez, mais sans rien dire, je suis allée dans la chambre et je me suis préparé rapidement avant d'envoyer un message salace à Demba en lui disant que j'avais envie de lui. J'ai cru qu'il prendrait la peine de mettre les formes, mais non. Dans la minute qui a suivi, il est entré dans la chambre et s'est jeté sur moi.

- vous avez fini de jouer ? Demandais-je innocemment

- non, je leur ai demandé de continuer. Que ma femme avait besoin de moi...

Sur ce il a entrepris de me faire répéter ce que je lui avais envoyé comme message.

Le lendemain, dimanche, j'ai amené Mohamed chez maman Fanta avant de passer chez Coumba pour voir comment elle allait. On discutait et elle m'a raconté avoir parlé à son père qui l'avait finalement bien pris en disant que ce gars était juste un lâche. Il ne connaissait pas le fond du problème et Coumba lui avait juste dit qu'il se désistait. Sans plus. Son père avait insisté pour qu'on lui rende l'intégralité de l'argent qu'il avait amené. Et dans les plus brefs délais. Elle disait aussi vouloir rentrer plus tôt que prévu avant que toute la famille ne soit au courant et ne débarque avec des airs compatissants pour la fatiguer. Même si elle disait tenir le coup, je sentais une profonde tristesse. Moha est venu avant mon départ et on lui a raconté ce qui s'était passé. Il n'en a pas cru ses oreilles pensant qu'on était en train de la charrier. Mais quand Coumba a commencé à pleurer, il nous a pris au sérieux et à commencer à la réconforter.

Je ne pouvais pas rester car je devais rejoindre Demba chez Alassane, le mari de Josie la rwandaise, car on devait déjeuner là bas. Depuis notre mariage, son groupe d'amis m'accusait de les éloigner de Demba. Mais je me demandais quel homme responsable pouvait soutenir chaque weekend de laisser sa famille pour aller papoter entre mec et regarder du foot. Demba y allait de temps en temps, mais pas au même rythme que quand il était célibataire et on rejetait toute la faute sur moi. Moi personnellement, depuis notre retour je ne suis pas allé à leur rencontre, même si tout le monde est passé pour voir le bébé. Je les avais souvent au téléphone, mais quand à y aller au même rythme qu'avant. Non c'était juste impossible. Et d'ailleurs, je n'en avais pas le temps avec mon bébé. Mais en y allant, je n'imaginais trouver Sylvie sur place. Saran était chez son grand père et elle en avait profité pour retrouver la « bande ». Non, je n'imaginais pas cela. Oui, j'avais oublié qu'elle avait vécu ici avec Demba et donc, connaissait aussi son groupe d'amis. Et apparemment tout le monde l'appréciait. Oui, plus que moi qui était celle qui essayait de les éloigner de leur ami. Donc je l'ai trouvé en grande conversation avec les filles tandis que les chéris jouaient aux jeux vidéos. Même Adja s'y était mise. Depuis ma dispute avec Babacar elle avait pris ses distances avec moi et j'ai vite compris qu'elle m'en voulait car elle m'a juste salué en prenant des nouvelles de Mohamed, mais sans plus.

Durant le déjeuner, il n'y en avait que pour Sylvie. Et elle s'y est donné à cœur joie. Monopolisant la parole et faisant rire tout le monde en me lançant parfois des regards moqueurs. Babacar, rien que pour m'énerver, la couvrait de compliments, lui rappelait les années ou elle était à Dakar. Je me sentais mal à l'aise surtout que Demba ne semblait rien remarquer et rigolait avec tout le monde.

Après le déjeuner, je n'ai pas tenue à rester. J'ai prétexté aller chercher Mohamed car maman Fanta devait sortir pour partir. Tout le monde a hypocritement eu l'air désolé que je m'en aille. Demba voulait partir avec moi, mais j'ai dit qu'il pouvait rester. Je le disais sans vraiment le penser, en songeant qu'il insisterait pour partir avec sa femme. Mais non. Monsieur, s'est confortablement installé pour continuer à jouer tandis que les filles s'étaient toutes regroupées dans une chambre pour papoter. Je suis donc sortie toute seule et au bas de l'immeuble, j'étais tenté de rebrousser chemin et tirer les oreilles de Demba. Mais j'ai tenu bon et je suis partie.

A maman Fanta, j'ai juste dit que Demba était avec ses amis et passerait me prendre. Il est venu un peu tard et je me retenais pour ne pas l'appeler. Sur le chemin du retour, je n'ai pas pu me retenir.

- tu exagères Demba. Non seulement tu amène Sylvie à cette rencontre, en plus tu me laisse partir seule. Mais tu me fais passer pour quoi ?

Il m'a regardé avec un air intrigué, ayant l'air de ne pas trop comprendre les motifs de ma colère.

- Diouldé, c'est quoi le problème. C'est toi qui a tenu à partir alors qu'on venait juste de déjeuner. Comment je pouvais savoir que tu voulais que je vienne avec toi ?

- si tu m'avais dit qu'elle serait là bas, je ne serais pas venu. Je trouve cela malsain

- arrête Diouldé. Elle les connait tous. Je ne vais pas l'empêcher de venir quand même.

J'ai soupiré. Il ne comprenait décidemment pas que cette situation était déplaisant pour moi. Je devais supporter son ex non seulement à la maison, mais aussi dans son sphère d'amis.

Il a gardé le silence, moi aussi et jusqu'à la maison, c'est uniquement les gazouillis de Mohamed qui égayait la voiture.

Sylvie n'était pas rentrée et Saran avait décidé de passer la nuit chez sa grande tante en compagnie de ses cousines. J'ai donc couché Mohamed avant d'aller me coucher sans plus lui adresser la parole.

Demba avait pris des jours de congé pour pouvoir être avec sa petite famille. Les jours suivants, il les passait donc à la maison avec ses enfants ou organisait de petites sorties. De toute façon depuis le déjeuner chez Josie, je lui faisais la tête et le lendemain, je suis allé chez Coumba, ou les choses s'étaient envenimées. La mère de Daouda avait appelé son père pour se dédouaner et expliquer pourquoi ils ne pouvaient plus finaliser le mariage entre leurs deux enfants. Elle en a profité pour raconter à ce dernier le passé pas très glorieux de Coumba que tata Fatou cachait à son mari. Bien entendu ce dernier l'a très mal pris et est entré dans une colère noire, ce qui a encore plus précipité le départ de Coumba. Le soir même elle a pu trouver une place pour aller au Maroc et de là rentrer en France. C'était triste. Elle était anéantie. Même si elle ne versait plus aucune larme, j'avais l'impression de me trouver en face d'une autre personne tellement en l'espace de deux jours elle avait changé. La rancœur, la peine, la déception sont des sentiments qui lorsqu'elles sont réunis peuvent si on n'y prend garde nous emporter. Donc j'avais peur qu'elle ne tombe dans une dépression et retourne à ses vieux démons. Mais avant de partir elle m'a regardé tristement

- ne t'inquiète pas Diouldé. Ma vie est déjà assez compliquée. Je ne vais pas en rajouter. Je t'avoue que j'ai envie de disparaitre, de mettre fin à mes jours, mais l'amour que me porte ma maman, ne me le permet pas. Déjà elle est obligée de supporter tout ça. A cause de moi. sa belle famille va s'en donner à cœur joie. Tout ça va lui retomber dessus alors qu'elle a tout fait pour me mettre dans le droit chemin. Même au plus fort de mes crises, elle ne m'a pas lâchée comme l'auront fait d'autres. Elle est allée partout ou elle savait qu'un marabout pouvait m'aider. Donc je ne peux pas retourner à mes vieux démons, et je ne peux pas me suicider. Pour elle.

On s'est regardé un moment. Elle m'a pris dans ses bras

- et pour toi aussi ma chérie car tu fais partie des personnes les plus importantes dans ma vie. Je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Elle a essuyé furtivement ses larmes en rigolant

- arrête, tu es en train de me faire pleurer et je ne voulais plus.

J'avais la gorge tellement nouée que je ne pouvais prononcer un seul mot. Elle m'a compris et on est resté dans les bras l'un de l'autre, elle en me réconfortant et moi en pleurant tous les malheurs qui lui arrivaient. Elle est partie le soir même et est restée quelques jours au Maroc. Moha m'a promis d'aller la voir une fois en France. Ca lui fera du bien.

Mais quand Sylvie est rentrée le lendemain, après avoir passée la nuit chez Josie, j'ai vite rangé la bouderie et la grande tristesse pour reprendre la petite opération de charme auprès de Demba. A son plus grand plaisir. Mais pas avec le même entrain qu'au début. Les jours suivants n'étaient pas calmes surtout avec Saran qui faisait toujours des siennes avec moi. Et quand son père intervenait, elle criait de plus belle et disait que son papa ne l'aimait plus à cause de moi. J'étais toujours obligé de demander à Demba de laisser tomber devant le sourire satisfait de Sylvie. Et c'était pire quand nous étions tous ensemble dans la même pièce. Elle faisait tout pour m'exclure. Quand je voulais quand même lui tenir tête, ça tournait à la bouderie générale. Demba se fâchait, Saran se fâchait, j'étais frustrée et le pire, Sylvie était contente. Et après je l'entendais reprocher à Demba le fait qu'il engueulait sa fille à cause de moi. Et ils se prenaient la tête. J'en avais un peu marre. Et parfois j'ai regretté de les avoir fait venir ici. La seule satisfaction que j'avais c'était qu'elle espérait toujours que Demba se retourne contre moi et il ne l'a jamais fait. Au contraire. Quand ça arrivait, il se montrait plus câlin, me demandait d'excuser Saran pour son comportement. Il le faisait à grand renfort de baisers et même de cadeaux. Je voyais Sylvie enrager et Saran bouder, mais moi ça m'allait comme cela.

La veille de Noel, j'avais décidé de faire moi-même une buche que j'amènerai au diner du lendemain chez Pa Sow. Je m'affairais quand Sylvie est entrée dans la cuisine. J'ai cru qu'elle venait juste chercher de l'eau. De toute façon nos relations (si on peut appeler cela relation) se limitaient à un « bonjour » le matin.

- Heuu, Diouldé...

Je l'ai regardé étonnée. C'était bien la première fois qu'elle m'interpellait par mon nom. Et je n'ai pas répondu.

- en fait c'était pour savoir si je pouvais t'aider. Comme Caroline n'est pas là...

Encore un regard étonné de ma part. C'était un exploit à noter dans le livre guiness. Elle a échangé une phrase entière avec moi sur un ton...normal. Mais au lieu de me rassurer, j'étais plus sur mes gardes. Elle a pris un couteau et j'avoue que sur le coup j'ai pris peur. je me voyais déjà décapitée et rangé dans la congélateur...Demba et les enfants étaient sortis pour aller chercher une pizza et je me retrouvais seule avec elle.

- tu fais quoi avec ce couteau, demandais-je craintive

Elle a regardé le couteau et a rigolé.

Non, c'était trop pour moi.

- Tu ne penses quand même pas que je vais te tuer.

Elle a encore rigolé avant de s'assoir sur une chaise

- écoute, depuis que je suis là, nos relations ne sont pas au beau fixe. On est de grandes personnes et je pense qu'on peut se comporter comme telle.

Je l'ai regardé sans vraiment la croire et j'ai quand même décidé de jouer le jeu en lui confiant quelques taches. Elle ne s'y connaissait pas et dans une assez bonne ambiance, on a préparé le gâteau. Je lui expliquais la recette d'autres gâteaux quand Demba est rentré, il est venu dans la cuisine et son air surpris était à marquer dans les annales. Son regard est passé de moi à Sylvie, surpris, intriguée, perplexe, et même douteux...il s'est approché de moi lentement et à profité d'une bise sur la joue pour me murmurer

- ca va ici ??Y'a un souci.

Il a soulevé la tête et m'a regardé et je me suis contenté de secoué la tête avec un petit sourire.

- tu es sure ??Demanda t-il toujours pas convaincu par tout ce changement.

Il a regardé Sylvie avec toujours le même air perplexe avant de sortir. Pour la première fois, on a échangé un petit regard complice avant de sourire. Malgré tout, je n'étais pas convaincu par ce changement si radical. Elle a été toute gentille avec moi le reste de la journée et même le lendemain. Elle n'a pas voulu venir assister au réveillon chez le père de Demba et elle s'est mise à m'expliquer sans que je ne lui demande quoi que ce soit que la famille de Demba ne l'aimait pas. Je n'ai pas fait de commentaires et je dois avouer que c'était tant mieux qu'elle ne vienne pas. Elle a rejoint le groupe de Babacar et compagnie pour un diner dans un restaurant, tandis qu'on passait une belle soirée en famille. A notre retour, on a couché Mohamed et comme Saran était resté chez son grand père, on s'est installé au salon pour soit disant regarder un film, mais les choses ont vite dégénérés. On s'est retrouvé à s'embrasser et à se déshabiller au salon et on n'a pas entendu Sylvie entrer. J'étais à moitié nue sur Demba qui lui aussi n'avait plus grand-chose sur lui. En la voyant, je me suis couchée sur Demba pour cacher ma poitrine. Elle nous a regardés avec un air méprisant avant de tracer et de frapper violemment sa porte. Elle est ressortie pour aller dans les toilettes en frappant encore très fort la porte et on a entendu bébé Mohamed crier. Demba s'est rapidement rhabillé avant d'aller voir son fils tandis que je ramassais mes affaires pour aller dans la chambre. Tout à coup j'ai entendu des voix. C'était Demba qui disait à Sylvie d'arrêter de frapper les portes et celle-ci s'est aussi mise à crier en disant qu'elle faisait ce qu'elle voulait. J'ai entendu Mohamed crier et je suis sortie le prendre pour le ramener dans ma chambre. Ils se sont encore chamaillés un moment et Demba est revenu rouge de colère et j'ai essayé de le calmer. Comme Sylvie était en colère et que je ne savais pas comment elle allait réagir, j'ai préféré dormir avec mon bébé.

Les jours suivants, la Sylvie d'avant est revenue, plus boudeuse que jamais, encore plus désagréable et ne m'adressant plus la parole. Ça ne m'a même pas étonnée et un jour, alors que Demba était sorti avec les enfants, je suis allée dans sa chambre.

- Sylvie, on peut parler, demandais-je prudemment.

Silence. Je suis quand même entrée.

- c'est toi qui la dernière fois m'a dit qu'on devait se comporter comme des adultes. Cette situation n'est ni facile pour moi, ni pour toi. Mais, je crois qu'on peut essayer de surmonter tout cela.

Elle m'a regardé un moment

- laisse tomber. Je n'ai pas envie d'en parler. On n'est plus là pour longtemps. On s'en ira bien vite.

Je ne trouvais rien à dire et je suis partie rapidement. Je suis allée voir comment allait tata Fatou et je suis restée longtemps à discuter avec elle. J'appelais Coumba tous les jours et elle allait beaucoup mieux ce qui n'était pas le cas de sa mère qui dépérissait à vue d'oeil. je suis resté pour la réconforter aussi longtemps que j'ai pu. Quand je suis rentrée, je n'ai trouvé personne à la maison et quand j'ai essayé d'appeler Demba, son téléphone a sonné dans la chambre de Sylvie. J'ai trouvé cela bizarre, mais je suis retourné au salon pour les attendre. Ils sont rentrés très tard et j'entendais leur rire depuis la rue. Sylvie tenait Mohamed dans ses bras. Dès qu'ils sont entrés, j'ai pris mon bébé sans un mot et Demba m'a suivi pour m'expliquer qu'ils étaient juste allé manger un truc au restaurant.

- je me suis rendu compte que j'ai oublié mon portable c'est pourquoi je n'ai pas pu te prévenir.

- je couche Mohamed, et on en parle ok ?

Il a hoché la tête avant de sortir tandis que je bouillais. Mais je ne voulais pas que Sylvie nous entende nous disputer. Donc, j'ai malgré tout fait bonne figure et au moment de dormir, j'ai remis les choses sur le tapis.

- quand tu partais tu as laissé ton portable dans la chambre de Sylvie.

Il a hésité un moment

- oui, elle m'a demandé de venir et comme Josie l'avait incité au restaurant, elle m'a proposé d'y aller avec elle. Je comptais juste la déposer, mais il y avait tout le monde, donc je suis restée. On n'était pas seule. Il n'y a vraiment pas de quoi être jalouse.

Là j'étais vraiment en colère.

- et vous êtes resté tout ce temps. Tu n'as pas songé à rentrer plus tôt tout simplement parce que tu ne m'avais pas prévenue et que je ne savais pas ou était mon fils. Dis-je en essayant de garder mon calme

- Diouldé arrête. Tu recommences tes crises de jalousie.

Il a soupiré en prenant un air excédé.

- je savais que tu allais encore le prendre comme ça.

J'ai crié sans le vouloir

- comment veux tu que je le prenne ? La dernière fois c'était la même chose. Je passe pour quoi dans cette histoire ? Celle qui ne veux pas que tu vois tes amis donc pour être à l'aise, tu y va avec ton ex, qui elle est la préférée des potes. C'est ça. Si tes amis ne me respectent pas toi, tu dois me respecter. Tu n'es pas avec Sylvie. Ce n'est pas parce que j'ai accepté qu'elle vienne que tu dois exagérer. Il y a des limites quand même

Il s'est aussi mis à crier

- Ahh, arrête avec ça. Je te respecte. C'est parce que je te respecte que je t'ai demandé ton avis. Mais c'est toi qui exagère en pensant que je ne suis pas en mesure d'assumer mes choix. Tu penses que je n'aurais pas pu faire venir Sylvie et Saran sans te demander ton avis ? Si j'aurais pu. Je t'aime Diouldé. Mais n'abuse pas...

- abuser ? Tu te fous vraiment de moi Demba

- parle-moi sur un autre ton. Cria t-il

Et il était parti pour ses belles envolées. Je me suis tue car je savais que ça ne servait à rien de continuer à polémiquer. De toute façon il n'écoutait plus. eh oui, finalement, elle avait vraiment réussi à semer la zizanie. Mais Demba allait regretter tout ça....


Quand Demba s'est calmé, je m'étais jurée de lui faire la tête pendant longtemps et surtout de le faire languir avant de passer l'éponge. Je me sentais humiliée et surtout quand il en a rajouté des vertes et des pas mures allant même jusqu'à traiter les sénégalaises de « compliquée et jalouses ». Oui, je lui en voulais. Mais j'ai mis la nuit à contribution pour réfléchir à tout cela. Je me suis d'abord calmée et plus tranquillement, je me suis sermonnée. Eh oui. Nul n'est parfait. Je ne voulais pas croire aussi que toutes nos disputes était exclusivement la faute de Demba. J'avais peut être aussi ma part de responsabilité.

Tout simplement parce que j'avais décidée de ne plus me laisser faire comme cela avait été le cas avec Rassoul, de ne plus me laisser piétiner comme le faisait allégrement maman Oussey, tout ceci devait retomber sur Demba. Oui, je me posais des questions sur tout cela. Et finalement, je me disais que je n'avais peut être pas à me comporter de la sorte, qu'intrinsèquement, je n'étais pas comme cela, que les turpitudes de la vie ne devaient pas m'amener à changer aussi radicalement. J'avais accepté que Sylvie vienne et je devais assumer les choses jusqu'au bout. Demba m'a a plusieurs reprise montré qu'il tenait vraiment à moi et après tout c'est un homme. Il ne changera jamais. Il ne verrait jamais l'attitude complètement hypocrite de ses amis, qui peuvent se permettre de donner leur opinion sur la vie des autres alors que leur propre foyer est rempli de démons qu'ils se gardent bien de divulguer, même devant leurs soit disant meilleurs amis. Il ne voyait pas le comportement parfois déplacé de Sylvie. Non, tout cela c'était des détails que seule moi, « la compliquée » comme il disait, pouvait voir. Mais comme disait maman Fanta toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, surtout quand il s'agit de remettre en cause les capacités de discernement du chef de famille. Je me remettais donc en question. Me rendant compte que jusque là, je n'avais pas encore trouvé la bonne méthode pour être en paix avec mon chéri. Que les disputes incessantes risquaient de miner notre couple. J'y ai réfléchi une bonne partie de la nuit sans trop trouver de méthode fiable pour remédier à tout cela. Mais mon cerveau commençait à s'épuiser et je me suis retourné pour essayer de trouver le sommeil en étant convaincu d'une seule chose, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne plus me disputer avec mon chéri.

Au moment, où je me retournais, il en a fait de même et on s'est retrouvé face à face car apparemment, lui aussi ne dormait pas. Nos regards se sont croisés. Longtemps. En silence. Comme pour se dire toutes les choses à laquelle on a pensé pendant ces heures de méditation. Finalement, il a avancé sa main et m'a caressé la joue. Je sentais qu'il voulait me dire quelque chose, s'excuser peut être comme il le faisait toujours. J'ai pris les devants. Ça flattait toujours leur égo de voir leur femme s'abaisser.

- je suis désolée mon chéri, lui dis-je finalement. Désolée d'être si jalouse. Mais je t'aime tellement...

Il a souri et a ouvert les bras.

- viens là.

Sans me faire prier, je suis allé me blottir à cette place chaude et réconfortante.

- moi aussi je suis désolé.

J'ai souri

- tu n'as pas à l'être. J'ai peut être exagéré

Il allait répliquer quand j'ai posé ma main sur sa bouche.

- c'est bon on en parle plus.

Il a hoché la tête, avant de me serrer fort.

- moi aussi je t'aime...

On est resté dans cette position quelques minutes avant qu'il ne se recule un peu et me fasse son regard charmeur là...

- mais c'était quand même une dispute et après une dispute, on a toujours une petite séance de réconciliation...

Le lendemain, je me suis réveillée tôt pour manger car je n'avais pas diné la veille. J'étais donc tranquillement installé devant la télé avec bébé Mohamed qui prenait aussi son petit déjeuner quand Sylvie est arrivée en mode pyjama et surtout super joyeuse.

- salut Diouldé. Tu as bien dormi.

Je lui ai fait un grand sourire. De toute façon j'étais aussi d'humeur très joyeuse.

- oui et toi ?

Elle s'est assise à côté de moi et a pris Mohamed dans ses bras. Je me demandais ce qui lui arrivait ce matin cette bonne dame. Elle changeait de comportement comme pas possible.

- écoute je suis désolé pour hier soir. Je ne voulais pas créer des problèmes entre vous. Je m'ennuyais et je lui juste demandé de m'accompagner. Je ne savais pas qu'il allait rester...

J'ai écouté ses explications avec un petit sourire.

- ce n'est rien Sylvie. Vraiment.

Elle a souri avant de me redonner Mohamed et de partir. Décidemment, je ne comprenais rien. Je suis encore restée un moment à regarder des clips à la télé quand elle est revenu à nouveau, encore plus joyeuse et m'intriguant encore plus. A croire qu'elle avait sniffé quelque chose. Elle m'a montré des photos qu'elle a prise la veille du groupe et surtout des photos d'elle et de Demba. J'ai regardé en souriant et même en faisait des commentaires et des compliments, même si intérieurement, je ne ressentais pas exactement ce même sentiment. Oui je devenais hypocrite. Je me faisais peut être des idées, mais je sentais qu'elle jouait la comédie. J'aurais pu être sincère si elle ne me lançait pas ce regard perçant, si elle n'avait pas ce petit sourire narquois, si elle ne riait pas faux. Enfin tout un tas de choses qui m'ont convaincu qu'il valait mieux ne pas déposer les armes et rester aux aguets avec Sylvie. J'avais hâte de mettre fin à ce simulacre de conversation qui a tourné autour de ses quelques jours de vacances et tout ce qui avait changé depuis la dernière fois qu'elle a quitté la ville.

Elle est subitement redevenue silencieuse quand Demba est entré au salon et s'est blotti tout contre moi avant de déposer un bisou sur les lèvres

-Pourquoi tu m'as abandonné bébé, dit-il avec une petite moue boudeuse

Je lui caressé la joue

-je ne voulais pas te réveiller. Tu dormais comme un bébé, répondis-je doucement tout en passant mes doigts sur ses cheveux.

Sylvie nous observait en silence avant de se lever brusquement

- Salut Sylvie, lui lança Demba qui je pense venait de la voir

Elle n'a pas répondu et est partie. Elle m'a fait à nouveau la tête toute la journée mais je m'y attendais aussi un peu. Chassez le naturel, il revient toujours au grand galop. Mais j'avais décidé de garder la zen attitude avec tout le monde et surtout de ne dépenser mon énergie que pour mon bébé et mon chéri en tentant du mieux que je pouvais de faire fi des influences extérieures. Sauf peut être celles de Saran qui était carrément désagréable avec moi. Elle ne me disait plus bonjour le matin et quand je lui parlais elle m'ignorait royalement. Au début, j'ai essayé d'être compréhensive en me répétant que c'était une enfant et que je ne devais pas la suivre dans ses délires de petite fille, mais bon, au bout d'un certain moment, j'ai laissé tomber. Demba m'a d'ailleurs demandé s'il y avait un souci avec Saran, mais ne voulant pas passer pour la méchante belle mère qui se plaint, j'ai préféré me taire. De toute façon avec sa mère dans les parages, rien de bien n'était possible entre nous.

Le jour du 31 décembre, comme l'année précédente, on est tous allé diner chez une tante de Demba, tandis que Sylvie avait un autre programme avec Josie et son mari. Tout s'est bien passé et la première fête de fin d'année de Mohamed s'est passée...entre cris et larmes. Comme on avait décidé de l'amener à la demande générale de la famille, au début tout allait bien et il était le centre d'attention de la famille. Mais quand les pétards ont commencé à résonner, c'était des hurlements à n'en plus finir, et à minuit, c'était un vrai concert. Il ne manquait plus que l'orchestre tellement Mohamed hurlait. Rien à envier à Johnny Halliday. Demba et moi n'avons pu souhaiter la bonne année à aucun membre de la famille, tellement nous étions préoccupé à le calmer le pauvre chou. Mais heureusement, juste après, il s'est endormi et nous avons quand même pu profiter un peu du magnifique buffet préparé pour l'occasion.

Le lendemain, Sylvie est venue me trouver dans la cuisine toute contente en me souhaitant la bonne année.

-Toi aussi, Sylvie je te souhaite pleins de bonheur, lui dis-je sincèrement.

On s'est regardé un moment

-je voulais aussi te dire que j'avais invité tout le groupe à diner demain. Comme je dois rentrer dans 3 jours, je me suis dit qu'il faudrait peut être organisé un petit repas d'adieu.

J'ai gardé le silence. Ça ne m'emballait pas particulièrement d'inviter la bande de Demba chez moi, surtout avec Sylvie dans les parages.

- j'en avais parlé à Demba et il était plutôt emballé. Mais bon, sa ça te dérange, on peut toujours le faire dans un restaurant, continua t-elle

J'ai soupiré

- Non du tout. Ça ne me dérange pas. Mais bon c'est quand même un peu juste. Demain alors qu'aujourd'hui c'est férié, en plus Caroline ne sera pas là...donc...

- on n'a qu'à commander un repas. L'essentiel c'est juste d'être ensemble...

- pas de soucis Sylvie. On va s'arranger.

Plus tard j'en ai parlé à Demba qui m'a confirmé son souhait de les inviter car depuis bien longtemps ses amis n'étaient pas passés chez lui et ce n'était pas forcément lié à la présence de Sylvie. Ne voulant pas trop polémiquer, je lui ai juste proposé des idées de menu et il a paru content de ma réaction car il m'a enlacé avant de m'embrasser tendrement.

Le lendemain donc, je suis allée faire des courses et très tôt, je me suis mise aux fourneaux, tut en songeant à tout le groupe qui devait venir chez moi. De tous, c'était le couple Adja et Babacar qui m'indisposait le plus. Oui, Adja m'avait beaucoup déçue. Plus que son mari qui ne m'étonnait guère à la limite. Les autres ne me connaissaient pas, ne savaient pas par toutes les épreuves ou je suis passée. Mais Adja était ma meilleure amie, ma confidente, ma sœur. Et aujourd'hui, tout simplement parce que j'ai des problèmes avec son mari, elle a préféré prendre ses distances. Et de quelle façon. Au début, je l'appelais quand même et prenait de ses nouvelles, mais j'ai vite constatée qu'elle me répondait à peine et me mettait à l'écart de la plupart de ses activités. Ça me désolait plus qu'autre chose et je me disais toujours qu'un jour ou l'autre l'occasion se présenterait et on pourra parler calmement. Mais avec l'épisode de Sylvie, je n'en avais plus envie. Non, j'aurais même préféré ne plus avoir à les rencontrer. Mais ce soir, il fallait encore faire bonne figure et soutenir une conversation. Mais je me préparais psychologiquement. Finalement, c'est Demba qui m'a aidé dans la cuisine car Sylvie a prétexté aller faire ses dernières courses avec Saran pour sortir et ne revenir que le soir. Tout était à point et j'avais même dressée la table.

Avant l'arrivée des invités, je suis allée me changer et j'ai revêtu une taille basse en wax avant de m'attacher un grand foulard sur la tête à la manière des belles driankés sénégalaises. Je n'en avais pas la carrure certes, mais je me trouvais vraiment pas mal dans cette tenue, surtout quand je suis sortie et que j'ai vu la micro robe de Sylvie. Oui, finalement j'avais bien fait de choisir cette tenue. C'était différent et Demba a beaucoup apprécié.

Comme prévu, tout le groupe est arrivé et c'est Sylvie, qui comme la maitresse de maison les accueillait et les installait, discutait avec eux et surtout accaparait toute l'attention. Je la laissais faire sans intervenir et surtout contente d'être dispensé de ces vas et viens incessants pour ouvrir la porte. Et même pour le reste, je n'ai pas cherché à m'imposer. C'était puéril et je ne me sentais pas dans ces choses là. C'était chez moi, j'étais blotti dans les bras de mon mari. Que vouloir prouver de plus. Mais j'ai quand même été sympathique avec tout le monde, sauf peut être avec le couple Adja et Babacar qui dans une certaine mesure m'insupportait. Mais je faisais quand même bonne figure et c'est dans une bonne ambiance que la soirée s'est déroulée. Du moins au début. Car après le diner, sans que je comprenne vraiment comment, la discussion a tourné dans une direction pour le moins déplaisant. Tout est parti d'une remarque de Babacar sur Demba qui me caressait le bras sans trop faire attention.

- Demba, maintenant c'est lui qui a le plus changé. Qui l'aurai cru. Le grand tombeur du groupe s'est rangé alors qu'il faisait feu et flamme

Tout le monde a rigolé, sauf moi peut être. Et il a fallu que Sylvie rajoute sa petite touche

- Oui, il est bien différent du Demba qui n'hésitait pas à me tromper quand une jolie femme lui passait sous le nez, ajouta t-elle

- c'est bien ce que je disais, repris Babacar. C'est vrai qu'il t'en a fait voir de toutes les couleurs pauvre Sylvie.

Elle s'est tenu la bouche avant de faire mine de lui jeté le coussin qu'elle tenait

- je te jure. J'ai du supporter ses infidélités. Je n'avais personne à Dakar et mon chéri me sortait toujours des excuses bidon pour aller forniquer...

Je crois que c'est à cet instant que j'ai un peu perdu le fil de la discussion. Je voyais les autres rigoler et j'attendais Demba démentir tout cela. Il a protesté faiblement et a demandé à ce qu'on change de sujet. Mais Babacar était lancé et s'étonnait des changements de Demba. Tout le monde rigolait et Sylvie était ravie. J'en avais marre...

- Comme dit la chanson, c'est seul les imbéciles qui ne changent pas, finis je par dire en regardant Babacar droit dans les yeux.

Ça a eu le don de calmer tout le monde et j'ai profité du petit silence pour me lever et m'excuser en prétextant aller voir bébé Mohamed.

Je savais qu'il dormait mais j'avais besoin de calme. Ce que je venais d'entendre m'avait un peu choquée. Je n'ai jamais su que Demba trompait Sylvie. C'est vrai que ce ne sont pas des choses qu'on peut facilement avouer, mais je devais admettre qu'après tout ce temps marié, j'étais déçue de me rendre compte qu'il y avait des choses sur Demba que j'ignorait et que j'étais obligé de les apprendre de cette façon. J'étais assise sur un petit tabouret dans la chambre, plongée dans mes pensées quand Josie est entrée.

- je ne te dérange pas, demanda t-elle doucement avec son accent chantonnant

J'ai levée la tête et on s'est regardé un moment

- je suis vraiment désolée pour tout à l'heure. C'était vraiment maladroit...dit-elle finalement

Je me suis forcée à sourire alors qu'en fait, j'avais surtout envie de pleurer.

- ce n'est rien Jo. Merci.

J'allais me lever pour sortir quand Demba est aussi entré dans la chambre. Voyant Josie, il m'a juste regardé un long moment. J'essayais de garder un visage impassible et évitais de le regarder. Josie à finalement pris congé et nous a laissé seul

- Diouldé, commença t-il avant de garder le silence et de s'approcher lentement.

Il a encore gardé le silence et moi aussi. Que dire dans ces situations ? Je ne sais pas. J'avais envie qu'il me dise que tout cela était faux. Je ne le voyais pas tromper sa femme, même si c'était Sylvie. Non, il ne pouvait pas être comme Babacar. Mais son silence était éloquent.

Josie a de nouveau toqué à la porte pour nous dire qu'elle partait avec son mari et on est sorti les raccompagner. Les autres en ont profité pour prendre congé et la maison s'est vidé. Sylvie était sur son petit nuage, tandis que moi j'étais plongé dans mes pensées. Je suis allée m'enfermer dans les toilettes pour encore réfléchir. Je sais c'était du passé, mais apprendre tout cela m'avait sérieusement porté un coup. Les paroles de Babacar quand il me demandait si j'étais sure que Demba ne me trompait pas me revenait en mémoire. Sa proposition de lui présenter une fille lors de notre dispute. Oui, je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. S'il avait été capable de tromper son ex femme, pourquoi il ne le ferait pas avec moi. Sylvie était une femme magnifique et pourtant il ne s'est pas gêné pour aller voir ailleurs, quelle que soit la raison. Qu'est ce qui était différent avec moi. Je devais peut être arrêté de penser qu'il m'aimait à la folie et n'oserait jamais me faire cela et redescendre un peu sur terre.

Des coups à la porte me ramenèrent sur terre et je suis sortie comme une automate.

- tu as vraiment trompée Sylvie ? Demandais je finalement sans le regarder.

Il a soupiré et s'est assis sur le lit à côté de moi.

- je t'en supplie, ne fais pas attention à tout cela. C'est du passé tout ça. Passé dont je ne suis pas très fier d'ailleurs.

Je l'ai regardé et j'ai effectivement vu de la gêne dans son regard.

- je sais à quoi tu penses. Et Non, je ne t'ai jamais trompé. Je n'y songe même pas. Je t'aime Diouldé. Si j'avais aimé Sylvie comme je t'aime, jamais je ne l'aurais trompé. Mais je l'ai épousé pour être avec ma fille, lui offrir une famille. Mais ça n'a jamais marché entre nous.

- pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ? Demandais-je tristement.

Oui je ressentais à ce moment une tristesse incommensurable.

- parce que c'est derrière moi. C'est toi mon présent, mon futur...je t'en supplie ne pleure pas...

Sans le vouloir, mes larmes coulaient. Sylvie avait eu raison de ma patience. Demba m'avait enlacé et me caressait les cheveux. Je ne suis un peu reculé.

- que dois-je encore connaitre de toi ? Je t'ai tout dit sur moi alors que toi, parfois je ne sais même pas ou je pose mes pieds.

- arrête d'aggraver les choses. Je n'ai jamais eu un comportement déplaisant avec toi. Donc tu n'as pas à t'inquiéter. Ils ne faisaient que me charrier.

Je n'avais plus envie d'en parler, donc je me suis tue. Mais avant de me coucher j'ai quand même rajouté

- tu sais pourquoi Sylvie est toujours là à te tourner autour ? Demandais-je

Comme il me regardait avec un air interrogateur, je lui ai dit ma pensée

- parce que tout simplement tu l'as trompé quand vous étiez marié. Donc elle pense que tu vas encore le faire. Elle est convaincue que tu vas me tromper.

- N'importe quoi. Diouldé je t'en prie laisse tomber.

De toute façon je n'avais pas l'intention de continuer. J'ai passé une nuit blanche à remettre en cause pleins de choses.

Le lendemain, heureusement que Caroline est venue car je ne me sentais pas la force de nettoyer tout le bazar dans la maison. J'ai juste récupéré Mohamed avant de le ramener dans ma chambre. Demba devait accompagner Saran dire faire ses adieux à son grand père et autres membres de la famille vue qu'elles devaient rentrer le soir même. A la limite j'étais pressée qu'elles s'en aillent. Sylvie avant de partir est venue me trouver dans la chambre de Mohamed alors que je le changeais pour me remercier pour le séjour. Quand à Saran, elle est partie sans me dire au revoir. Je n'en ai pas fait cas. Donc quand Demba les a amenés à l'aéroport, j'en ai profité pour appeler Coumba. La pauvre se remettait lentement des derniers événements et me racontais que ce crétin de Daouda l'avait appelé pour s'excuser et lui dire qu'il regrettait tout ce qui s'était passé et voulait qu'il reprenne leur relation. Je n'en croyais pas mes oreilles

- Si tu avais entendu les insultes que je lui ai assénées en guise de réponse, tes oreilles allaient siffler.

- tu trouveras une autre personne ma chérie. Qui t'aimeras telle que tu es. J'en suis persuadée.

On a encore discuté un moment et ça m'a fait du bien. Quand Demba est rentré, il avait l'air un peu contrarié et quand je lui ai demandé ce qui n'allait pas, il m'a jeté à la figure que je ne faisais aucun effort avec sa fille et qu'il avait l'impression qu'elle me dérangeait. Je l'ai écouté parler un moment et sans rien dire j'ai pris Mohamed et je suis allé le coucher. Au moment de dormir, je n'avais pas plus envie de parler et je me suis renfermée sur moi-même, tournant et retournant tous les évènements de ces derniers jours. Demba aussi semblait bouder et je ne l'ai même pas calculé.

Le lendemain, tombait un dimanche et j'en ai profité pour aller voir mon frère Ibrahima. Comme à son habitude il s'est mis à m'emprunter de l'argent. Depuis que j'étais mariée à Demba, il pensait que je roulais sur l'or. Encore une fois je lui ai fait comprendre que je ne travaillais pas et que les sommes que j'avais déjà eu à lui donner venaient de Demba. Mais il répétait que mon mari travaillait dans la plus grande institution financière et donc, il avait de l'argent et que c'était moi qui refusais de lui donner. Il avait pleins de projet et parmi eux, il voulait émigrer. Mais j'étais contre car ses affaires marchaient à merveille aussi bien à Dakar qu'en Guinée. Pourquoi vouloir laisser tomber tout cela pour aller crever la dalle en Europe. Il s'était déjà fait escroquer suffisamment d'argent (mon argent) et je ne voulais plus contribuer à enrichir des vendeurs de rêves. Donc j'ai catégoriquement refusé et bien entendu, il s'est fâché et je suis partie en colère. Décidemment, ces temps ci rien ne marchait pour moi.

Le soir, j'ai quand même décidé de lui parler de Saran et de son comportement avec moi, mais comme je m'y attendais, il n'a rien voulu savoir et s'est entêté à me dire que je ne faisais pas d'efforts. J'en avais marre et j'ai laissé tomber la conversation. J'étais dans le salon en train de ruminer tout ça quand il est venu me trouver. Au début, il regardait la télé sans rien dire, mais il s'est soudain tourné vers moi et a voulu m'embrasser. J'ai tourné la tête pour l'éviter, mais il a encore insisté et a posé sa bouche sur la mienne. Je ne réagissais pas, et on s'est regardé. Il a glissé sa langue sur mes lèvres et je ne réagissais toujours pas. Quand il a glissé ses mains sous mon body, j'ai gémi et j'ai arrêté ses mains

- arrête Demba. Il y a cinq minutes, tu me reprochais des choses injustes et maintenant tu veux quoi ?

- je te disais juste ce que je pensais. Ça n'a rien à voir avec ça, dit-il en m'embrassant.

Cette fois, je me suis laissé faire et quand il a relevé la tête, il m'a souri

- je suis désolé. Mais je t'aime Diouldé, et je sais que c'est temps ci tu en supporte un peu trop.

Je ne disais rien.

- Pour Saran, c'est une fillette. Elle est sous l'influence de sa mère. C'est vrai que j'aurais aimé que vous vous entendiez. Mais bon. Peut être la prochaine fois ça sera mieux.

J'ai hoché la tête. Même si je ne partageais pas son point de vue. Mais à ce moment, j'en avais assez de me disputer, surtout pour sa fille. J'ai préféré passer l'éponge et surtout passer une bonne soirée avec mon chéri.

Quelques jours après, il avait repris le travail et moi ma petite routine. Mais j'envoyais mon cv un peu partout bien décidé à trouver du travail. Avec Demba c'était encore plus compliqué. C'étaient peut être les effets secondaires de la discussion avec ses amis, mais je m'imaginais toujours qu'il était en train de me tromper avec une autre fille. Sans le vouloir, je me suis retrouvée comme ses femmes un peu paranos qui surveillent discrètement leur mari ; quand il déposait son téléphone pour se doucher, je le prenais pour vérifier ses messages. Quand j'en voyais un de Babacar, je flippais et me faisais tout un scénario sur comment ce dernier lui a présenté une fille et ou ils se sont retrouvés. Même si je ne lui en parlais pas, même si j'essayais de me comporter normalement, ça me rongeais. Et puis je n'osais pas en parler à maman Fanta. je ne me voyais pas lui expliquer que quand il était marié avec Sylvie, Demba la trompait avec d'autres femmes. Non, ce ne sont pas des choses qu'on dit à sa mère. Heureusement, un jour au détour d'une conversation avec Coumba, qui me disait que j'étais un peu froide ces temps ci, je lui en ai parlé.

- et tu compte lui tenir rigueur de son comportement passé ? demanda t-elle

- Non, sinon, je ne resterais pas avec lui. C'est juste qu'il l'ait fait une fois. D'après toi qu'est ce qui pourrait l'empêcher de recommencer. Ça me tue d'y penser Coumba. Je l'aime tellement. J'ai tellement peur de le perdre.

Elle a soupiré

- tu ne penses pas que tu dois lui accorder le bénéfice du doute. Demba t'aime.

Après quelques secondes elle a rajouté.

- je crois que Daouda a réfléchi comme toi en décidant de laisser tomber le mariage. Il a pensé que j'avais fait des choses pas très catholique et que je risquais de recommencer un jour ou l'autre. Dis...tu penses cela de moi.

J'ai protesté vivement

- Non Coumba, je sais que tu ne referas jamais cela. Non...

- dans ce cas, accorde ce bénéfice à ton mari...jusqu'à preuve du contraire.

Elle avait raison. Mais j'avais besoin de savoir. J'avais besoin qu'il m'explique pleins de choses.

Donc le soir, sans préambule, alors, qu'on était sur le point de se coucher..

- Demba, il faut qu'on parle. Je t'avoue que depuis quelques temps, je ne te fais plus confiance. Tu n'a rien fait cependant qui puisse m'amener à penser que tu me trompe, mais la conversation de la dernière fois avec Babacar et Sylvie m'a perturbée. J'avais décidé de laisser tomber car c'est du passé, mais je veux que tu m'expliques. Qu'est ce qui t'as amené à la tromper, avec qui ? Combien de fois. Je veux savoir. Sinon, j'ai peur de devenir folle.

Il a gardé le silence et m'a regardé avec des beaux yeux.

- ce n'est pas important Diouldé. Soit sure que je ne le referais plus jamais. Qu'est ce qu'il faut que je fasse pour que tu me croies.

- je t'aime Demba, un peu trop peut être. Raconte-moi.

Demba a rigolé un long moment avant de me regarder fixement

- désolé petite curieuse...je ne te dirais rien, dit-il après quelques secondes de silence. Sinon demain, tu me demanderas de te conduire à l'adresse de chacune d'elles, tu me demanderas à les voir personnellement, dans quel condition je les ai rencontré, comment ça s'est passé. Donc pour être tranquille tu ne sauras rien.

J'ai supplié, mais rien.

- mais tant que tu ne me dis pas j'aurais toujours cette angoisse, ce sentiment que tu peux recommencer avec moi.

- Non, parce que ce n'est pas la même chose. Et puis c'était juste pour fuir la maison et les délires de Sylvie. Elle me reprochait tout le temps pleins de choses, elle voulait être mannequin et à cause de la grossesse, elle a du mettre ses ambitions à l'eau. Ensuite, comme je n'assumais pas, ses parents, lui en ont voulu d'avoir hypothéqué sa vie pour moi. Plus tard, on s'est marié, plus par devoir qu'autre chose, mais je refusais de revenir vivre en France. Et c'est ainsi qu'elle a accepté de venir ici, tout en rejetant sur moi tous ses malheurs. J'aspirais à vivre tranquillement avec ma famille, mais à la place, c'était des prises de tête à n'en plus finir. Les relations dont elle parle, c'était juste pour m'évader mais rassure-toi. Je ne suis pas obsédé au point de courir derrière tout ce qui porte une jupe. Je ne couchais pas avec ces filles, je ne les entretenais pas, je voulais juste...

Il ne trouvait plus les mots et malgré tout, ma curiosité n'était pas satisfaite. je lui ai encore posé pleins de questions mais cette fois il n'a pas répondu et au contraire me charriait.

Il rigolait en disant que je n'avais qu'à penser qu'il s'était fait toutes les filles de Dakar

- mais pas toutes aussi, juste les plus belles...comme toi...

Je lui ai lancé un oreiller à la tête qu'il a évité avant de m'attirer à lui sur le lit.

- tu sais ce n'était pas vraiment des infidélités. Je te dis que je n'allais jamais loin avec ces filles.

- c'est vrai ce mensonge?

- Ecoute, je veux juste que tu me fasses confiance. Ais je fais quelque chose qui puisse te faire douter de ma fidélité ?

J'ai secoué la tête. Il a déposé un bisou sur mes lèvres, me faisant frissonner

- penses-tu que j'entretiens une autre relation présentement ?

Il m'a regardé avec ses beaux yeux là, me faisant fondre.

-non

- alors que veux-tu savoir ? Le passé c'est le passé. Toi aussi tu as un passé. J'aurais aimé être le premier homme pour toi, mais ce sont des détails. Je me contente de vivre l'instant présent avec toi.

Que dire de plus ? Il n'avait certes pas apaisé la curiosité, mais je me félicitais de lui avoir parlé de mon stress de ces derniers temps. Ça me soulageait. On a discuté et il était plié de rire quand je lui ai raconté que je lisais ses messages, que je reniflais ses chemises, que je fouillais ses poches.

- Non, mais ma femme est complètement folle, dit-il quand il a réussi à calmer son fou rire

- oui, une vrai parano, complétais-je. Dis moi Sylvie n'était pas jalouse elle ?

Il a semblé réfléchir.

- elle avait aussi sa vie...dit-il évasivement.

Je m'attendais à ce qu'il en rajoute mais il s'est tut, plongé dans ses pensée. Je l'ai vite tiré de cette rêverie en l'embrassant et le caressant lentement. Je l'aimais à la folie mon chérie et je crois qu'il valait peut être mieux que je ne sache rien. C'était plus reposant. Surtout que cette nuit là, il s'était évertué à me montrer tout l'amour qu'il me portait.

Les jours suivants, j'ai arrêté de psychoter sur mon chéri et c'était lui qui, surement pour me rassurer m'envoyait tout le temps des messages ou m'appelait dans la journée. Mais plus les jours passaient, plus j'avais une impression de vide. Maman Fanta était partie en France, Demba partait tôt le matin et ne revenait parfois qu'assez tard. Adja n'était plus de bonne compagnie. Donc je restais presque tout le temps à la maison à m'occuper de mon bébé. Je calquais mes journées par rapport à son emploi du temps : ses heures de sommeil, ses repas, ses biberons, ses changements de couches et je notais toutes ses petites évolutions sur un carnet. Son premier sourire, la première fois qu'il s'est assis, ses premières dents...tout tout...oui, j'étais une maman Poule. Quand il était malade je l'amenais parfois en pleur chez le pédiatre et parfois il passait des minutes à me rassurer avant de consulter mon bébé. Je ne m'ennuyais pas mais je faisais tous les jours la même chose. Certes j'adorais certes mon fils, on était fusionnel et je l'avais dans la peau ce petit bonhomme, mais la routine commençait à me peser.

A force de rester tout le temps à la maison, je connaissais tous les programmes télé du matin. Le matin je regardais « les zamours », « tout le monde veut prendre sa place sur france2, ensuite Mohamed se réveillait et quand je finissais avec lui, je me branchais sur « ça se discute », ensuite c'était « enquêtes impossibles », puis « un diner presque parfait », « le juste prix » enfin tous les programmes débiles qui me tombaient sous la dent et qui m'occupaient quand même. Je regardais des séries et des films à en parcoeuriser les répliques. En semaine, je ne sortais presque pas et j'étais impatiente que les weekends arrivent pour enfin bouger un peu et sortir un peu en famille.

En plus, je n'avais pas beaucoup d'amies. Avec Adja, c'était maintenant le statut quo. On ne s'appelait même plus au téléphone et c'était vraiment dommage. Il y avait ma voisine qui était très gentille et qui passait souvent à la maison, et Josie qui ne cessait de prendre de mes nouvelles et que j'avais appris à beaucoup apprécier. Sinon, il y avait deux connaissances de l'école de formation avec qui j'avais gardé le contact et qui prenait souvent de mes nouvelles. A part eux, je ne parlais qu'avec Coumba et elle était loin. Donc toute ma vie tournait autour presqu'exclusivement autour de Demba et de mon bébé. Quand il rentrait, il me trouvait toute pimpante, bien préparée pour l'accueillir (je ne faisais que cela) et parfois il était tellement fatigué par sa journée de travail qu'il s'endormait sur le sofa tandis que je parlais avec lui. J'étais parfois frustrée par ce comportement car toute la journée, j'étais impatiente qu'il rentre pour lui raconter les bêtises de Mohamed et surtout pour parler à quelqu'un. Mais en même temps, comment lui tenir rigueur d'être rentré fatigué du travail. Je me sentais frustrée et dans une certaine mesure inutile. Chaque mois j'avais suffisamment d'argent pour donner à ma mère, à mon oncle, faire des courses, acheter des habits que je ne mettais pas la plupart du temps car je n'en avais pas trop l'occasion. Mais je me sentais toujours inutile. Presque toutes les nuits, j'avais toujours des plans sexys à essayer avec mon chéri et il en redemandait à chaque fois. Sur ce plan, j'étais plus qu'épanouie et je savais aussi que mon mari était comblé car après une bonne nuit bien chaude, il appelait toute la journée disant que j'occupais ses pensées et qu'il avait encore envie qu'on recommence. Mais malgré tout, je voulais m'occuper.

Vers le début du mois de mars, j'ai un jour rencontré Fred, mon promotionnaire, en ville alors que je revenais de chez le pédiatre. Il avait rendez vous avec un client, mais est resté quand même quelques minutes à discuter avec moi. Il n'a pas compris pourquoi je ne travaillais toujours pas et m'a encouragé à le faire. Il m'a donné des nouvelles de la plupart des autres promotionnaires et presque tous travaillaient dans différentes structures et certains étaient même cadres dans des boites très cotées. Je me suis rendue compte que j'étais peut être la seule à ne pas travailler. Eh oui, je devais me rendre à l'évidence. J'étais juste une femme au foyer. Très comblée, très heureuse, mais n'empêche, j'avais envie de travailler. Il a promis de me mettre en rapport avec une de ses connaissances. Quelques temps plustard, il m'a demandé de lui envoyer mon cv et dans les jours qui ont suivis, j'ai finalement été contacté par un bureau d'étude pour remplacer un agent qui devait partir en congé de maternité. Ce n'était pas un emploi bien stable, mais j'ai sauté sur l'occasion et sans prévenir Demba, je suis allé le jour même pour discuter avec le directeur qui m'a parlé du travail à faire et aussi des prétentions salariales. Ces dernières n'avaient rien de bien attractif, mais j'ai de suite accepté et je devais commencer la semaine suivante.

Le soir j'étais toute contente et quand Demba est rentré, je lui ai sauté au cou...

- mon chéri, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer...lui dis-je avec un grand sourire.

- humm...laisse-moi deviner...le travail de ces derniers jours a porté ses fruits. Tu es enceinte ? demanda t-il avec un petit sourire ravi

- Non, tu sais que je prends la pilule...essaie encore

- tu es allé chercher les trucs là que je t'avais demandé d'aller prendre...dit-il avec un petit air malicieux

Il faisait allusion à une petite tenue en maille très très sexy qu'on avait vu dans une boutique de lingerie. Je l'avais déjà acheté et j'attendais juste une bonne occasion pour le mettre. Comme j'hésitais à répondre, j'ai vu ses yeux briller et il m'a fait un grand sourire.

- Non c'est vrai ??? Bébé Mohamed dors ? On y va tout de suite.

Je l'ai pincé bien fort pour qu'il redescende sur terre

- Non, j'ai trouvé du travail...

Il m'a regardé avant de s'écarter légèrement.

- Haaa...du travail ? Quel travail ?

Sa réaction m'a un peu refroidie et je me suis dégagé pour prendre son sac et le précéder dans le salon tout en lui expliquant le coup de fil du bureau qui me demandait de passer rapidement, et ma petite entrevue avec le directeur. Il m'écoutait sans rien dire et a froncé les sourcils quand je lui ai dit le salaire qu'on me proposait

- écoute, je ne comprends pas pourquoi tu veux travailler. Pour les miettes qu'on te paye, laisse tomber. Je te les donnerais à la fin du mois.

Je l'ai regardé complètement perplexe

- mais là n'est pas le problème Demba. Je veux travailler. Je ne fais rien de mes journées alors que j'ai un diplôme. J'ai envie de m'occuper l'esprit. Je passe la journée à m'abrutir de jeux télé bidon

Il a pris un air exaspéré

- tu ne fais rien de tes journées c'est trop dire. S'occuper de son fils est un travail à part entière. Pourquoi vouloir chercher un autre travail ?

- je sais et j'adore m'occuper de lui. Mais ce n'est pas une vie de tout le temps resté à la maison alors que j'ai des compétences pour faire autre chose

- tu penses que pour vivre donc il faut travailler ? Tu cherches quoi en travaillant que tu n'as pas en restant ici ?

- tu n'es pas sérieux ?

- tu l'es toi ?

On s'est toisé un moment. Moi qui pensais qu'il serait content pour moi et me féliciterait de vouloir faire quelque chose de ma vie. Au lieu de cela je l'ai senti très hostile à mon offre de travail. J'étais la à ne plus savoir quoi lui dire, réellement déçue par sa réaction

- tu ne veux pas que je travaille ?

Il a haussé les épaules, comme si ce que je disais ne l'intéressait pas.

- Non, mais au moins, si tu penses abandonner ton fils, que ça soit pour une bonne raison. Mais rester toute la journée dehors pour des miettes, je n'en vois pas l'utilité.

- Abandonner mon fils ? Mais qui parle d'abandonner mon fils ?

-c'est ce que tu vas faire en allant travailler, cria t-il presque

J'ai respiré fort pour garder mon calme.

-Je ne vais pas me disputer avec toi. J'en ai marre de toujours me prendre la tête avec toi pour des broutilles. Ce travail est un travail comme un autre. Je veux me faire de l'expérience, montrer de quoi je suis capable. Je ne peux pas prétendre à un salaire plus élevée car je n'ai aucune expérience. Maman Fanta s'est décarcassé pour que j'étudie, je me suis décarcassé pour finir mes études. J'ai toujours rêvée de faire une belle carrière et je veux réussir à la sueur de mon front et non vivre à tes dépends.

- tu ne vis pas à mes dépends. Tu es ma femme et je me dois de te nourrir et de t'entretenir. Tu n'as besoin de rien...et ton fils a besoin de toi

C'était un vrai dialogue de sourd. Et en plus il cherchait à me culpabiliser en voulant dire que je vais abandonner mon bébé.

- Ok c'est bon. Je te sers ton diner ? Lui demandais-je simplement mettant fin à la conversation

Il m'a regardé comme si ce que je venais de dire l'avais surpris. Avant qu'il ne réponde je suis allé dans la cuisine lui chauffer son plat. Il a surement pensé que je bouderais quelques temps, mais j'ai continué à me comporter normalement. J'étais déçue, très déçue de son comportement, mais j'avais décidé de ne plus passer par les tiraillements. En plus au fond de moi ces réflexions sur le fait d'abandonner mon bébé pour aller travailler me faisaient réfléchir. Il avait réussi à me culpabiliser. Le lendemain, j'ai appelé le directeur pour lui dire que finalement, j'avais décidé de renoncer à ce travail. Il m'a proposé de m'augmenter mon salaire pensant que c'était la raison de mon désistement, et cette fois je devais avouer que la motivation était plus attrayante. Mais j'ai décliné disant que c'était pour des convenances personnelles. Non, je ne pouvais pas dire que mon mari ne voulait pas que je travaille.

Je suis donc restée à la maison, à ma routine, qui commençait à me déprimer un peu.

Avec Demba, je n'avais plus reparlé du travail et lui aussi n'en parlait plus. Mais quand il rentrait le soir, au lieu de mes longs bavardages sur ma journée avec Mohamed, quand il me demandait comme s'est passé ma journée, je donnais une seule réponse

-la routine...

Je le disais avec un grand sourire et toujours, il s'attendait à ce que je développe, mais je m'en limitais là, et on parlait d'autres choses. Quand il insistait pour que je lui raconte ma journée, je racontais les programmes télé que je regardais. Il n'aimait pas ces émissions et disait qu'ils étaient tous justes débiles. Donc je me mettais à lui dire qui avait gagné dans tel jeu, quel était le thème de « ca se discute » et le summum, je lui racontais les aventures interminables de Brooke dans la série « top modèl ». C'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Il écoutait à peine et ne faisait aucun commentaire. Un jour, après lui avoir raconté tout ça, il m'a regardé tristement

- tu as passé ta journée à regarder la télé ?

- Oui, que veux tu que je fasse d'autres ? Répondis-je en le regardant bizarrement.

Il a soupiré et ce soir là, au moment de dormir, quand je me suis glissée sous la couette, il m'a attiré à lui et m'a regardé pendant un long moment.

- tu es heureuse ma chérie ?

Je lui ai souri

- Bien sure que je suis heureuse. Très heureuse. Toi et Mohamed vous êtes mes rayons de soleil

- pourquoi j'ai l'impression que tu es triste ces temps ci...

Il avait raison. Mais ce n'était pas vraiment de la tristesse. Mais plutôt une grande mélancolie depuis que j'avais du renoncer à ce travail. Je me sentais inutile, j'avais cette impression d'être prisonnière, d'avoir mis entre parenthèse mes compétences.

- c'est à cause du travail que tu voulais commencer ?

Je l'ai regardé sans rien dire et j'ai juste haussé les épaules. Avant qu'il ne recommence à parler je l'ai embrassé. Au début, il me repoussait en disant qu'on devait discuter, mais moi je ne voulais plus parler de cela. Je voulais qu'il prenne le temps de réfléchir à tout ça. Je n'avais pas l'intention d'insister. Quand j'ai glissé ma main sous le pantalon de son pyjama, il n'a plus protesté. Beaucoup plus tard, j'avais posé ma tête sur ma poitrine et j'écoutais les battements de son cœur. Je savais qu'il ne dormait pas.

- ca te dirais que je prenne quelques jours et qu'on aille quelque part

Oh oui, j'en avais envie. Mais il me fallait jouer la carte de la tristesse jusqu'au bout. J'ai donc gardé le silence quelques secondes avant de soupirer

- j'n'en ai pas trop envie. Peut être une autre fois.

- ça va te permettre de changer d'air, de décompresser.

- pffff

Je me suis écarté et après un rapide baiser sur ses lèvres, je me suis couchée de mon côté sans rien répondre.

Les jours suivants, il était aux petits soins. Il m'a payé des cours d'auto école que j'ai fait avec plaisir. Mais ça ne me prenais qu'une heure par jour et le reste du temps, je reprenais mes habitudes et mes programmes télé. C'est durant cette période qu'Adja a eu des problèmes avec Babacar au point de quitter le domicile conjugal. Je l'ai appris au détour d'une conversation que j'ai surpris entre Demba et Babacar. J'ai voulu appeler Adja, mais j'y ai finalement renoncé en me disant que puisqu'elle ne voulait plus me parler je n'allais pas insister. Donc, même pour les rencontres avec le groupe d'amis, elle ne venait pas et Babacar c'est ainsi que j'ai fait la connaissance de sa première femme. Comme elle pensait que j'étais toujours amie avec Adja, elle ne m'adressait pas la parole. Mais je m'en foutais complètement et c'était d'ailleurs tant mieux car je ne voulais rien savoir de Babacar. De toute façon, comme je ne lui adressais pas la parole et Demba aussi évitait de me parler de lui car je m'énervais toujours.

Heureusement, qu'on ne se voyait pas souvent, mais Demba faisait aussi des efforts pour m'occuper. Parfois, il rentrait plus tôt, et on sortait plus souvent même en semaine. Parfois, il trouvait le temps de venir à sa pause pour déjeuner à la maison. J'ai compris que tout cela c'était juste pour me faire oublier mes envies de travail. Mais malgré tous ces efforts, je continuais parfois à rester évasive, plongée dans mes pensées et je me disais que j'en faisais parfois trop. Mais le connaissant, j'étais sure qu'il allait céder.

Au retour de Maman Fanta, ne tenant plus, je lui en ai parlé et elle a râlé ferme en disant que Demba ne devait pas m'empêcher de travailler et avait même proposé de lui parler. Mais j'ai refusé en lui disant que je ne voulais pas qu'elle intervienne dans ce problème et j'ai même vite fait de regretter de lui en avoir parlé. Nos mamans prenaient toujours fait et cause pour leur fille parfois sans être très objective. Coumba je connaissais déjà sa position et je ne lui en ai même pas parlé. Donc, presque deux mois environ après avoir refusé la proposition du bureau d'étude, Fred m'a à nouveau contacté pour me proposer encore un emploi plus alléchant que le précédent et surtout plus stable. J'étais dans la cuisine en train de ranger les bols après le diner tandis que Demba était avec Mohamed. Pour ne pas mouiller le téléphone j'avais mis en mode haut parleur et j'étais assise pour répondre

- c'est un poste super intéressant Fred, mais c'est juste que ces temps ci je ne peux pas encore travailler. Dès que je serais disponible, je te ferais signe et tu remueras tes contacts

Il a insisté

- je te jure que c'est un poste pour toi. Il ne demande pas beaucoup d'expérience et en plus je connais le directeur qui est un partenaire. Mais je ne te comprends pas. Tu as étudié pour aller t'enterrer chez toi et te faire entretenir.

J'ai eu un sursaut d'orgueil.

- arrête Fred. Je suis heureuse comme cela. Je vais voir si je postule ou pas.

- ok, en tout cas ca serait vraiment dommage de ne pas tenter le coup.

J'avais les larmes aux yeux.

- merci. Envoie-moi quand même les références par mails

D'un coup, j'ai eu un accès de tristesse et sans le vouloir j'ai fondu en larmes, tout en me raisonnant. C'est vrai. Je ne manquais de rien, j'avais un mari aimant et un petit garçon magnifique. Ce n'était pas un travail qui allait me gâcher la vie, même si je devais avouer qu'appeler Coumba et l'entendre me raconter ses journées de travail me faisait un peu mal au cœur. Demba ne voulait pas que je travaille, je n'allais pas insister. On ne peut pas tout avoir dans la vie. J'avais cru qu'en voyant que je m'ennuyais, il changerait d'avis, mais non. Il n'en parlait même plus. J'essuyais mes larmes avec le dos de ma main, quand j'ai senti Demba m'enlacer par derrière. Je ne l'avais pas vu arriver. Il ne disait rien et je ne savais pas s'il avait entendu ma discussion avec Fred.

- tu veux vraiment travailler ? dit-il doucement

Je me suis retournée pour le regarder.

- oui, je veux travailler. Je ne comprends pas pourquoi tu adoptes cette position. Tu es un intellectuel. Tu peux comprendre qu'un intellectuel ne peut pas se limiter à être femme au foyer. Je laisse passer des opportunités tout simplement parce que tu ne veux pas que je le fasse.

Il a soupiré avant de me sourire

- c'est bon. J'ai compris ton message de ces derniers temps ma chérie. Tu sais je te connais. Quand tu te mets à me raconter des épisodes de « top modèle », je sais que c'était juste pour me faire comprendre que tu t'ennuies.

On a rigolé.

- Et encore ce n'était que la première partie de mon plan. Après j'aurai commencé à faire des cauchemars qui t'auraient empêché de dormir...mais j'avoue que j'allais laisser tomber. Tu n'en parlais plus...

- c'est bon. Postule et je te souhaite bonne chance. On va chercher une crèche à Mohamed et ça lui permettra d'être plus sociable.

J'étais plus que contente et pour le remercier, on a passé une belle soirée tout en créativité. Alors qu'on reposait dans les bras l'un de l'autre, il m'a tendrement déposé un baiser sur la tête

- tu sais, le fait que tu respecte ma décision de ne pas travailler m'a beaucoup touché.

J'ai souri

- pourquoi parce que tu as une femme soumise ?

Il a rigolé un bon moment

- j'avoue que ça flatte l'égo. Même si je sais qu'au fond tu n'es pas comme ça.

Il avait raison. Je n'avais pas abdiqué, mais j'avais juste décidé de changer de tactique pour m'amener à changer d'avis. Bon, les choses ne se sont pas déroulées comme je le voulais, mais la finalité était la même.

J'ai donc postulé et j'ai été retenu. Les prétentions salariales n'étaient pas si alléchantes, mais le travail était intéressant. Avec l'aide d'une de ses collègues, on a trouvé une crèche et après un weekend paradisiaque à Saly, je devais commencer le travail le lundi.

Je pensais que me séparer de mon bébé ne serait pas compliqué, mais j'ai psychoter toute la journée. Il pleurait quand je l'ai laissé entre les bras de la nounou, et j'ai failli le reprendre pour repartir mais la dame m'a rassuré. Sur le coup, j'ai regretté de vouloir travailler et je me suis dit que finalement Demba avait raison, j'étais en train de l'abandonner. Comme il m'attendait, il est sorti pour voir pourquoi je durais pour déposer Mohamed et il m'a trouvé en larme voulant récupérer mon bébé. Il a réussi à me convaincre que tout irait bien. Il avait 10 mois et pendant tout ce temps, on a toujours été ensemble. Donc forcément, la séparation était difficile. A eux deux, ils m'ont convaincu de le laisser et Demba m'a déposé dans les locaux de mon nouveau travail.

Toute la journée, j'étais triste et je ne cessais d'appeler la crèche pour demander si tout allait bien. Leur répétant qu'il préférait telle position pour dormir, que j'avais mis son jouet préféré dans son sac, qu'il fallait lui donner à manger à telle heure. Heureusement ma collègue a compris et ne m'a pas trop chargé de travail. Quand je suis allé le prendre à la descente, j'ai été agréablement surprise de le voir tout souriant et s'amusant avec ses enfants du même âge. Donc le lendemain, il n'a même pas pleuré quand je l'ai déposé et j'ai pu travailler plus sereinement. Je terminais avant Demba et je prenais un taxi pour aller chercher Mohamed avant de rentrer. La première semaine, je tenais le coup et je racontais avec passion mes journées à un Demba souriant, qui était content de me voir revivre comme il disait. Oui, ça me changeait de la routine et j'adorais mes collègues qui étaient vraiment sympas.

Au bout d'un mois seulement, j'ai commencé à rentrer fatiguée. Heureusement que Mohamed aussi était fatigué au retour de la crèche et s'endormait quelques temps après notre arrivée. Mais il fallait encore prendre au moins une heure de temps pour lui donner à manger, le changer, le mettre au dos pour qu'il s'endorme. Oui, c'était dur d'allier vie professionnelle et vie familiale. Quand Demba rentrait, Mohamed dormait déjà, et moi j'étais une épave qui avait à peine la force de soutenir une discussion. Je baillais à en pleurer et parfois je m'endormais en pleine discussion avec lui.

Pour les câlins, je remettais toujours au lendemain les séances de crac-crac. J'étais trop fatiguée. C'était les effets secondaires du travail qui était vraiment prenant et malheureusement Demba commençait à râler. Non seulement, il ne voyait plus son fils, mais en plus, je ne m'occupais plus de lui comme il se devait...bref je l'avais selon ses dires relégués au second plan. Et je devais reconnaitre qu'il avait raison. Je trouvais toutes les excuses pour ne pas « accomplir mes devoir conjugaux » car j'étais en train de calculer que je devais me réveiller tôt, que si je ne dormais pas au lieu de faire des galipettes, le lendemain, je serais fatiguée ...enfin, il avait quand même raison.

En discutant avec Mme Sall, une collègue, elle m'a avoué avoir eu le même problème, mais m'a vivement conseillée de ne pas sombrer dans une routine avec mon chéri. Ce jour là, à la descente, elle m'a accompagné dans une boutique de lingerie et autres accessoires. Demba est rentré un peu tard, et est directement allé voir si Mohamed dormait. Il est sorti de la chambre en boudant et en disant qu'il n'avait plus de vie familiale. Mais quand il est entré dans la chambre, il était scotché. Je l'avais décoré et allumé de bougies partout. Je l'ai aidé à se déshabillé avant de l'aider à se doucher. C'était déjà chaud sous la douche, mais je lui ai demandé de patienter car j'avais une autre surprise...eh oui, c'est ce jour là que j'ai découvert les menottes et la plume...(censurée pour les oreilles sensibles)...et ceci à mis un coup d'accélérateur à mon couple...


La vie d'une femme active n'était pas si facile. J'avais l'impression d'être en lutte permanente sur plusieurs fronts. Mais j'essayais de m'en sortir du mieux que je pouvais. Bien sur il fallait faire le sacrifice de pleins de choses. D'abord j'avais cette impression de ne pas accorder suffisamment de temps à mon fils. J'avais l'impression qu'il s'attachait plus à ses nounous de la crèche. J'aurais voulu qu'il montre un peu plus de tristesse en me quittant le matin, mais au lieu de cela, il me faisait le signe d'au revoir avec un grand sourire. Ensuite, il me fallait aussi m'occuper de mon chéri, essayer au grand maximum de faire comme au temps ou je ne travaillais pas. Je n'y arrivais pas toujours mais je faisais de mon mieux.

Un weekend, alors que Demba était sorti avec Mohamed pour aller voir son père, je pensais rester tranquille à roupiller quand j'ai eu une visite surprise. Quand j'ai entendu sonner j'ai cru que c'était Demba qui avait oublié quelque chose. Donc j'ai été surprise de trouver Adja au pas de ma porte. Depuis le fameux diner avec Sylvie, je ne l'avais pas revue et encore moins entendue. Elle avait été tellement désagréable avec moi ce jour là, en prenant fait et cause pour Sylvie, qu'elle m'avait étonnée. Mais je n'en avais pas fait cas et malgré les échos que j'avais de sa séparation avec Babacar, je ne l'avais pas contacté. Donc c'est avec une réelle surprise que je l'ai vu chez moi. Je l'ai invité à entrer et elle semblait tellement gênée que j'aie essayé de la mettre à l'aise

- Comment va bébé Marème (sa fille)

Elle a souri

- très bien et toi comment tu vas.

- je vais bien

Il y a eu un silence. Un long silence ou, on était assise, Adja à regarder ses chaussures et moi à remarquer de la poussière sur des meubles. Je ne savais vraiment pas pourquoi elle était là et je n'avais pas l'intention de briser la glace.

- Diouldé, je suis venue pour qu'on parle, dit-elle finalement

- ah oui ? De quoi ? Demandais-je

Elle a émis un rire nerveux.

- je ne sais pas comment les choses ont fini comme cela entre nous. Je ne comprends pas. Du jour au lendemain, tu as pris tes distances et tu ne me parlais plus. On était les meilleures amies du monde. Qu'est ce que je t'ai fait Diouldé ?

Cette fois c'était à mon tour d'émettre un rire nerveux

- Adja, ne fais pas l'innocente. Ce n'est pas la peine de faire comme si c'était de ma faute alors que toi-même tu sais que ce n'est pas le cas. Tu aurais pu te limiter à juste m'écarter de tes activités et ne plus me considérer comme une amie. Mais au lieu de cela, tu as fait plus. Tu es allé faire copine copine avec Sylvie, l'ex femme de mon mari, tu as cherché à me ridiculiser, à m'humilier devant tout le monde. Et encore j'aurais même pu passer l'éponge, mais après cela, tu fais comme si je n'existais pas. Si c'était les autres filles j'aurais compris. Mais toi Adja ?

- je ne suis pas venue pour me disputer, dit-elle sur la défensive

- je ne me dispute pas. Mais je savais qu'un jour ou l'autre on aura l'occasion de parler de tout cela. Je t'en veux Adja. Je te considérais comme ma sœur.

J'étais tellement en rogne que j'avais du mal à respirer

Elle a gardé le silence un long moment.

- je suis désolée. Vraiment. Mais tu te prenais toujours la tête avec Babacar et il m'a dit que je ne devais pas te fréquenter. Donc je ne savais pas trop comment prendre vos disputes incessantes et le fait que tu ne lui adressais plus la parole. C'était mon mari et j'étais entre le marteau et l'enclume.

J'ai rigolé nerveusement.

- ok et dans ce cas pourquoi tu es là, si on t'a interdit de me fréquenter ?

- tu dois savoir que je me suis séparée de Babacar...dit-elle tristement

- oui, j'ai entendu Demba en parler avec lui...

Elle m'a regardé brusquement

- et qu'est ce qu'il a dit ?

Elle avait une lueur d'espoir dans les yeux.

- je ne sais pas. Vraiment. Et entre nous, je n'ai même pas envie de savoir. Je ne pensais pas qu'on puisse en arriver là tous les deux. C'est peut être aussi de ma faute, mais ça a dépassé les limites. Je t'ai toujours tout pardonné, mais là...

Elle ne disait toujours rien et j'ai douté un moment si elle m'avait entendu. Tout à coup, elle s'est mise à parler, la tête baissée. Elle m'a expliqué qu'elle avait découvert que Babacar passait son temps à la tromper. Elle a toujours passé l'éponge, mais il est allé jusqu'à draguer sa propre cousine. Quand elle lui a demandé des explications, il s'est énervé et lui a demandé de quitter la maison. Ce qu'elle a fait sans se faire prier.

- après cela, il a lui-même envoyé des émissaires à la maison pour dire qu'il me libérait et que chaque mois, il enverrait de l'argent pour sa fille. Quand je l'appelle, il ne décroche pas, quand je vais le voir, il me crie dessus.

Elle s'est mise à pleurer et malgré toute la rancœur que je lui porte, j'avais vraiment pitié d'elle. Mais dans une certaine mesure, j'avais envie de lui jeter à la figure que c'était bien fait pour elle, qu'après tout je le lui souhaitais. Mais ca c'était le petit démon qui sommeillait en moi qui le disait.

- je suis vraiment désolée, finis-je par lui dire sans vraiment le penser.

Elle m'a regardée un moment avant de se lever et de venir se blottir dans mes bras. Je ne voulais pas la repousser, je l'ai donc réconforté, même si j'en avais encore plein sur le cœur. Je l'ai laissé pleurer et me raconter les petites misères que lui faisait vivre Babacar. Quand ça le chantais, il ne rentrait pas chez lui et il venait avec l'insulte à la bouche. Malgré les apparences, elle vivait un calvaire depuis la naissance de leur fille.

- écoutes, tu ne peux pas te morfondre comme cela. Tu te souviens quand j'ai divorcé ? c'est toi qui me remontait le moral, c'est toi qui me disait qu'il ne fallait pas baisser les bras, que la vie était encore devant moi et que mon lot de bonheur allait arriver. A l'époque quand tu le disais je n'y croyais pas, je me disais que c'était des paroles que tu me disais juste pour me réconforter. Mais tu vois. Aujourd'hui, je suis heureuse. Donc toi aussi, tout ce que je te dis, ne pense pas que ce sont des paroles en l'air. Crois-y et tu verras.

Je lui ai alors expliqué pourquoi je ne pouvais pas m'entendre avec Babacar, en lui racontant l'histoire de la fille qu'il voulait brancher à Demba, en passant par la relation avec Coumba et la fille qu'il draguait à Saly. Oui, je me suis donné à cœur joie. Elle a eu un sursaut d'orgueil et a arrêté de pleurer disant que c'était un beau salaud.

- ne lui fais pas de cadeau, finis-je par lui dire. Va au tribunal et prend lui tout ce que tu peux. Demande la garde exclusive de ta fille et ne lui pardonne rien.

Elle était du même avis que moi et un moment, je me suis vu en petite diablesse avec la queue, les cornes et même le râteau, tellement j'étais en colère contre Babacar. Elle est restée presque toute l'après midi et on a beaucoup discuté. Même si je lui ai dit que je lui en voulais toujours pour son comportement avec moi, je ne pouvais que compatir. Malgré tout, elle a été présente quand j'avais des problèmes avec Rassoul. Donc ça serait ingrat de ma part de la laisser alors qu'elle a besoin de moi.

Donc les jours suivants, j'essayais d'être présentes pour elle, de l'appeler souvent pour prendre de ses nouvelles et aussi souvent à ma pause on se retrouvait pour déjeuner. Comme avant. On a trouvé dommage que Babacar ai réussi à nous séparer et petit à petit on a recommencé à parler. Le problème entre Babacar et Adja a failli créer des tensions entre moi et Demba. Tout simplement parce que Babacar lui racontait du n'importe quoi sur cette dernière et moi je la défendais. Ça l'énervait et il me disait méchamment que de toute façon Adja m'a toujours tournée le dos quand elle voyait ses intérêts ailleurs. C'était vrai, même si c'était blessant, mais ma mauvaise foi en bandoulière, je continuais à la défendre en disant que c'était Babacar qui était derrière tout ça car il était mauvais. Mais lui ne voulait pas se rendre à l'évidence et c'était un vrai dialogue de sourd et de surtout de têtus. Ce n'était pas que je tenais coute que coute à la défendre, mais c'était juste que je n'aimais pas les arguments complètement débiles que sortait Babacar pour salir son ex. Je trouvais cela vraiment lâche. Même si venant de sa part ça ne m'étonnait même pas.

On se prenait la tête et un jour, alors que je venais de raccrocher avec Adja, il s'était encore mis à dire des énormités sur Adja. Cette fois je n'ai pas répondu. Après une dure journée de travail, Mohamed qui faisait des siennes à cause de sa dentition et que j'avais réussi tant bien que mal à coucher, je n'avais vraiment pas le cœur à me disputer, surtout pour un problème qui en somme ne me concernait même pas. Donc au nom d'une pseudo amitié, je ne voulais pas aussi miner mon couple. Donc alors qu'il parlait de Babacar qui soit disant a toujours tout pardonné à Adja, je me suis approché et lui ai posé ma main sur sa bouche pour qu'il se taise.

- tu sais quoi ? Je suis fatiguée d'entendre tout le temps Babacar et Adja. Je sais que tu es fatigué. Ça te dirait un petit massage.

Il m'a fait un grand sourire malicieux. Après cette proposition, me parler de Babacar était la dernière chose qui lui venait à l'esprit. Et les jours suivants, à chaque fois qu'il parlait de Babacar, je lui faisais un shutttt avec le geste du doigt sur la bouche et si c'était moi qui commençais, il faisait la même chose. Ça faisait qu'on éclatait de rire tous les deux et finalement, on ne se disputait plus pour cela.

De toute façon, on a eu par la suite assez de problèmes nous même. Comme je n'avais pas poussé très loin mes études, et qu'au bureau mon supérieur avait remarqué mes qualités professionnelles, il m'a alors proposé de financer une petite formation en cours du soir dans un institut privée pour me perfectionner. Quand Mr Niang m'a appelé dans son bureau pour m'en parler, j'ai sauté de joie sans trop réfléchir et j'ai accepté sur le champ. De toute façon je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité surtout qu'au bout du compte je pouvais avoir un contrat plus stable et surtout un plus sur mon CV. C'est Mme Sall, ma collègue de bureau qui m'a fait redescendre de mon nuage en me demandant si mon mari sera d'accord. Je lui avait parlé des problèmes que j'avais eu avant que mon chéri n'accepte que je travaille et tout. On parlait souvent et comme elle était plus âgée que moi, je trouvais souvent ses conseils très avisés. Donc quand le proposition de la formation est venue, elle m'a fait réfléchir à tout ça et je me suis rendue compte que ça voulait dire terminer le travail à 17 heures, aller faire cours de 18h à 21 heures, les weekend aussi il fallait les sacrifier pour des heures de cours, en plus de cela, les soirs il fallait prendre le temps de réviser pour être à jour.

Je suis restée pensive toute la journée et le soir aussi. Je n'avais même pas le courage d'en parler à Demba. J'étais sure qu'il ne le prendrait pas bien. Déjà qu'il estimait que lui et Mohamed passait en second plan malgré les efforts que je faisais surtout pour lui. Il m'aidait certes, et me comprenait parfois, mais dès qu'il en avait envie et que je lui disais que j'étais fatiguée, le lendemain j'avais droit à des remontrances. Je voulais bien faire des efforts mais bon. Je n'étais pas une machine aussi. Il me fallait mes heures de sommeil et des nuits tranquilles. Si en plus je devais en rajouter en lui disant que j'allais faire des cours le soir et les weekends, ça allait être le summum. Mais malgré tout je ne voulais pas renoncer à cette opportunité. J'avais déjà donné mon accord au service et heureusement que j'avais encore deux mois avant de commencer les cours. Temps que je devais mettre à contribution pour convaincre Demba.

J'ai profité d'un weekend qu'on était à Saly sans Mohamed. Maman Fanta avait insisté pour le garder et on ne s'était pas fait prier. Après une merveilleuse nuit, on était encore au lit à paresser quand je me suis lancée.

- j'ai une chose à te dire, mais je ne sais pas trop comment tu vas le prendre, commençais-je doucement.

Il s'est accoudé et m'a regardé un moment en fronçant les sourcils.

- ca a l'air sérieux. Vas-y je t'écoute.

Je me suis donc lancé en lui parlant de la proposition de formation, des bénéfices que je peux en tirer, mais aussi des conséquences. Il m'a écouté sans m'interrompre, soupirant de temps en temps. Quand j'ai terminé, il s'est couché et a regardé le plafond un long moment.

- tu manques de quoi Diouldé ?

- rien.

- pourquoi tu fais tout ça alors ? je peux comprendre que tu t'ennuie, et que tu as envie de mener une activité, mais de là à vouloir faire en plus une soit disant formation qui va t'éloigner de ta maison, de ton mari, de ton fils pendant un bon bout de temps, je me demande vraiment si ça en vaut la peine.

- mais c'est juste 6 mois Demba.

Il s'est levé et a tiré son pantalon de pyjama qu'il a revêtu rageusement

- même un mois Diouldé. Tu quittes à 7 heures, tu rentres à 21 heures-22 heures, du lundi au dimanche. Tu va voir ton fils quand ? Tu penses que ça en vaut vraiment la peine, cria t-il

Il n'a même pas attendu ma réponse et s'est dirigé vers les toilettes. Il s'est retourné

- tu commence vraiment à me saouler avec tes trucs là. Vraiment. D'abord c'est ton travail, ensuite c'est cette formation. Après tu va venir me dire quoi ? Il va falloir que tu choisisses Diouldé. Tu ne manques de rien.

Cette fois, il est rentré dans les toilettes me plongeant dans une profonde réflexion. Je savais qu'il ne le prendrait pas très bien, mais je n'imaginais pas cela. Quand il est sorti, je me suis levée pour entrer à mon tour et le reste du weekend s'est passé dans une tension palpable. Même maman Fanta a remarqué qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas et m'a appelé au téléphone quand je suis partie pour me demander si tout allait bien. Je ne lui ai rien expliqué et j'ai tout mis sur le compte de la fatigue du voyage. Au fond de moi j'étais déçue. Je trouvais dommage que Demba ne comprenne pas que j'ai envie de faire carrière. Que je ne pouvais pas me cantonner à rester à la maison ou encore me contenter d'un petit boulot sans réelle perspective. J'étais décidée à lui en parler, mais encore fallait-il qu'il m'en laisse l'opportunité. Il était en rogne et toute la semaine, on se parlait à peine. Et le pire je ne trouvais personne à qui en parler. Avec Adja, certes on essayait de redevenir amies, mais bizarrement, je rechignais à lui reparler de mes problèmes, me disant qu'elle aimait tellement Babacar qu'un jour ou l'autre, ils allaient se remettre ensemble et ce dernier serait au courant de tous mes états d'âme et je n'en avait pas forcement envie. Maman Fanta, je connaissais sa position et je savais qu'elle ne serait pas du même avis que Demba sur ce point et même si la position de Demba me déplaisait, je n'avais pas forcément envie qu'on le critique car après tout je l'aimais. Coumba, qui ne pensait qu'à sa carrière et avait relégué les hommes au second plan, n'était pas d'un grand secours et la seule fois ou j'ai essayé d'aborder le problème avec elle, elle a failli s'étrangler en me disant qu'il fallait que je fasse carrière sans me soucier de Demba.

Donc, je m'étais décidé à réfléchir toute seule, quand Moha m'a appelé pour prendre des nouvelles. J'en ai profité pour lui en parler et il a eu des paroles assez sages, me conseillant de ne pas trop tirer sur la corde, mais aussi de ne pas laisser une trop grande marge à Demba.

- c'est un homme. Nous les hommes, on a tendance à abuser et à penser que tout doit tourner autour de nous. Surtout dans ton cas ou tu ne manques de rien en fait. Donc

Je me suis décidé à exprimer ce que je pensais tout bas sans jamais oser le dire

- et si ça ne marchais pas entre nous ? Et si on se séparait ? Je ferais quoi de ma vie ?

- pourquoi pense tu celas ma belle ? Vous vous aimez non ?

J'ai failli pleurer

- Moha, la vie n'a pas toujours été rose pour moi. J'ai su rapidement que parfois l'amour seul ne suffit pas sinon, je ne me serais jamais séparé de mon ex mari. J'aime Demba. A la folie. Mais il faut parfois redescendre sur terre, ne pas dormir sur ses lauriers en pensant que rien ne peut affecter mon couple et donc je peux me la couler douce. Dans ce cas, la chute n'en sera que plus douloureuse...

Il m'a interrompu en rigolant

- tu es parano toi. Calme-toi. Tes expériences passées doivent te servir de leçon, mais pas de miroir. Tu ne vas pas revivre les mêmes choses tout simplement parce que ton ex mari n'est pas Demba. Ça tu dois le savoir. Et puis rentre dans ta tête que nul n'est parfait. Si tu compte partir à chaque fois qu'il y a un problème, tu va faire la moitié des hommes de la terre et tu ne trouveras jamais celui qui pourra te satisfaire. Il faut accepter les compromissions.

Il était con, mais il avait peut être raison. J'ai promis de réfléchir à tout ça et en fin de compte, j'ai tout rejoins l'idée de Demba. Oui, les sacrifices que je voulais faire pour ma carrière étaient trop grand et mon bébé était encore trop jeune pour le priver de sa mère pendant 6 mois. Car quoi que je puisse en penser, si j'acceptais, je ne le verrais presque jamais. Donc, un matin, je suis allée parler à mon directeur. Mr Guissé était un directeur très compréhensif et qui dès mes débuts m'avait un peu pris sous son aile. Il a dit déceler en moi des capacités qui si on les exploite, feraient de moi une employée modèle. Ça faisait un peu jaser, mais je m'en foutais et il n'a jamais eu de propos, ni de gestes déplacés en mon égard. En plus, modestie à part, je savais que je faisais du bon travail et que je me décarcassais pas mal.

Quand je suis allée le voir pour lui dire que finalement je ne pourrais pas faire cette formation il était réellement surpris et je lui ai dit que c'était surtout pour des convenances personnelles. Il a insisté car il ne comprenait pas que je refuse une telle opportunité qui serait un plus pour ma carrière et surtout un argument de taille pour avoir une place de choix dans la boite. Sur le coup, j'ai failli revenir sur ma décision, mais en imaginant la tête de Demba, j'ai commencé à lui expliquer que mon fils était encore jeune et que mon mari avait des heures impossible de travail si moi aussi, je devais être absente presque tout le temps de la maison, non seulement je ne le verrai pas grandir, mais en plus ma vie de couple pourrait s'en ressentir. Il m'a écouté parler un bon moment avant de me faire comprendre que dans la vie quand on veut quelque chose, il faut s'en donner les moyens.

- si vous voulez faire une grande carrière il y a forcement des sacrifices à faire. je comprend que votre fils soit encore un bébé, mais, moi j'ai des obligations de résultats. Et je veux m'entourer avec des gens compétents. J'ai vu en vous une grande potentialité, mais il faut aussi que je sache si vous etes prête à vous investir.

Il m'a regardé fixement, attendant ma réponse.

- bien sur Mr Guissé. Je souhaite plus que tout faire carrière. Mais pour le moment, je viens de commencer, je viens d'avoir un bébé. Laissez-moi le temps de mettre de l'ordre dans tout cela et je vous jure que je ne vous décevrez pas.

Il a hoché la tête un moment avant de conclure en me disant qu'il me faisait confiance et que pour cette cession de formation, il allait mettre quelqu'un d'autre mais espère que pour la prochaine je serais prête. Je lui ai fait la promesse tout en ayant une grosse boule à la gorge. Dans un an Mohamed sera plus autonome et j'avais vraiment espoir que Demba ne se plaindra plus.

A la sortie du bureau j'étais tellement découragé que j'avais des larmes de rage qui coulaient. Mme Sall ma collègue l'a remarqué et je me suis mise à lui parler et à lui expliquer le problème. J'ai compris que selon les positions sociales, les avis divergent. Coumba pensait que c'était une grosse bêtise car elle n'avait pas de famille et ne pensait qu'à sa carrière. Mme Sall qui était un peu comme moi, mère de famille avec un mari tout aussi compliquée, m'a compris et m'a expliqué avoir refusé pleins d'opportunités tout simplement parce qu'elle pensait que la famille passait avant tout.

C'est encore l'esprit vraiment confus que je suis rentrée à la maison, bébé Mohamed dans mes bras. J'ai trouvé Demba à la maison en train de regarder la télé. Il m'a dit qu'il avait des maux de tête et devait aller en Afrique du Sud pour des raisons de service.

Quand Mohamed s'est endormi, il m'a trouvé dans la cuisine en train de diner et m'a enlacé.

- je suis vraiment désolé d'avoir été désagréable la dernière fois.

Je me suis retournée et je me suis forcée à sourire. Ça faisait bientôt 15 jours qu'on se faisait la tête et j'en avais marre.

- ce n'est rien. Tu avais peut être raison. Et puis j'ai laissé tomber la formation. Ça aurait été trop compliqué.

Il m'a fait un grand sourire avant de m'embrasser. Je retrouvais mon Demba, mais avec cependant une petite pointe de déception. Je me rendais compte de ce que disait Moha...personne n'est parfait. Mais je l'aimais. Plus que tout. Donc j'ai laissé passer cette affaire. Il a pensé que c'était enterré et m'a couvert de cadeaux. Mais je n'avais pas laissé tomber.

Il est parti pour son voyage et à son retour, c'était les grandes vacances et encore une fois il était question de la venue ou non de Saran. Il était toujours au téléphone avec Sylvie et je ne m'en mêlais pas. Jusqu'à ce qu'il ne propose d'aller en vacance en France. je savais que c'était pour sa fille, mais moi, j'étais encore à l'essai et non seulement je n'avais pas droit à des congés, mais en plus je ne pouvais pas encore une fois tout laisser tomber pour prendre des vacances. Là Mr Guissé allait vraiment penser que je m'amusais. Donc on s'est encore une fois pris la tête quand je lui ai expliqué que je ne pouvais pas venir pour presque un mois. Il ne comprenait pas que pour un « petit boulot de rien du tout » comme il le disait, je veuille sacrifier des vacances en famille. Je lui ai expliqué que je pouvais demander une petite permission d'une dizaine de jours à la limite mais un mois, non. Il a boudé, mais cette fois, j'ai tenu bon malgré les menaces d'amener Mohamed sans moi et les accusations de ne pas aimer sa fille. Non, il fallait quand même qu'il comprenne que je tenais à ce travail. Finalement, il s'est encore excusé et on est parti pour une quinzaine de jours. (Eh oui, il fallait couper la poire en deux) pour le boulot, j'ai du inventer une grosse excuse en disant que mon mari devait se faire opérer. Il m'a soutenu et a poussé le bouchon jusqu'à appeler Mr Guissé pour lui parler de sa soit disante opération et ce dernier m'a même proposé de rester plus longtemps. Mais je ne voulais pas car ça signifiait aussi laisser passer des contrats et je ne voulais pas laisser la nouvelle stagiaire qui se débrouillait pas mal.

En France, comme d'habitude, Sylvie a encore fait des siennes, Saran aussi, mais je crois que je commençais à m'habituer. Je n'en faisais pas cas au plus grand plaisir de Demba. En plus tata Rougui était à Dakar donc la maison était vide et je devais m'occuper de tout. Au bout d'une quinzaine de jours, Demba m'a dit qu'il devait rester car il avait des entretiens pour un travail dans quelques jours. Je suis donc rentrée avec Mohamed, pas trop rassurée de je suis donc rentrée avec Mohamed, pas trop rassurée à l'idée de laisser Demba et Sylvie mais bon. Je n'avais pas trop le choix. Il est rentré une semaine plus tard et la vie a repris son cours normal.

Sans trop de surprise, Adja était retournée avec Babacar, mais cette fois, elle avait gardé le contact et essayait au grand maximum de ne plus faire attention aux remarques de son mari sur moi. Elle passait souvent à la maison et on passait des heures à discuter comme au bon vieux temps en évitant de parler de Babacar. Le groupe s'était un peu séparé car Josie et son mari sont partie au Japon et Junior et sa femme aussi étaient parties au Etats-Unis pour des raisons professionnelles. Donc, j'étais un peu obligé de mettre de l'eau dans mon vin pour ma relation avec Babacar sinon nos rencontres allaient être vraiment bizarres. On menait une vie tranquille, entre mon travail qui parfois énervait Demba et mes obligations familiales que je remplissais du mieux que je pouvais. Mon chéri était tout simplement adorable, aimant, gentil et tous les superlatifs que je pouvais trouver. Surtout qu'il m'a fait un cadeau magnifique pour mon anniversaire cette année. Il m'a offert une superbe voiture. C'était une petite clio, mais qui représentait tellement pour moi. J'ai pleuré des jours de joie au point de me voir menacer de rendre la voiture. Mais j'étais tellement contente. Pour le remercier, j'ai aussi sorti toutes sortes de plans salaces pour pimenter nos nuits à son plus grand bonheur. Oui, je reconnais, c'était cela notre fort. c'était comme cela qu'on se sentait vivre. on était tellement pris par le travail qu'il le fallait. qu'il fallait cette union, cette attirance sexuelle pour faire revivre notre couple et on s'en donnait à coeur joie. Demba de son côté aussi ne lésinait pas sur les astuces pour augmenter la dose de sensation forte.

Au bout de quelques mois, Mr Guissé m'a à nouveau appelé pour encore une fois me réitérer la proposition de formation. Encore une fois j'ai accepté avec cette fois ci la promesse ferme de la faire. Le soir même j'en ai parlé à Demba. Mohamed avait grandi, avait presque 2 ans et était vraiment autonome. D'ailleurs, les weekends, il les passait la plupart du temps chez maman Fanta car Demba voulait en profiter pour m'avoir à lui tout seul. J'avais moins de scrupules à le laisser et dans ma tête je m'étais déjà organisé. Mais je ne pouvais pas me douter de la réaction de Demba quand je lui annoncerais encore une fois que je voulais faire la formation. C'était parti, pour ce qui allait être la première grosse crise qu'a traversé notre couple....

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