Partie 20
Même si Rassoul a encore insisté pour que je reste chez maman Fanta, je tenais à aller passer la journée là bas, pour effectivement leur montrer qu'avec mon mari, que ça leur plaise ou non, on s'aimait et ceci malgré tout ce qu'elles faisaient pour qu'on se sépare. Maman Fanta m'a accompagnée jusqu'à mon nouvel appartement et a prié pour nous. Les choses n'étaient pas encore arrangées et le lit pas encore monté. Mais n'empêche qu'on a passé quand même une bonne soirée avec Rassoul qui essayait de rattraper tout le temps perdu. J'aimais bien ces moments après les disputes ou il était tellement plus câlin et on savourait chaque petite attention. Il se mettait à me promettre mont et merveilles et me faisait toujours promettre de ne plus jamais le quitter. On est resté presque toute la nuit sans dormir et le réveil le lendemain ne fut très pénible pour moi. Décidemment les recettes de maman Fanta allaient être difficiles à appliquer.
On n'a pas eu le temps de paresser au lit car il ne voulait pas rater la prière à la mosquée, il est parti avant moi et j'ai prit mon temps. Je me suis bien maquillée, bien habillée et je suis partie vers 11h. Arrivée à la maison, je trouvais Pa Ablay à l'entrée et dès qu'il reconnut ma voix, il m'enlaçait et s'était mis à me donner des bisous et Rassoul rigolait en disant qu'il avait l'impression que j'aimais son père plus que lui. Et c'était peut être vrai. Je restais quelques minutes à discuter avec lui et je suis rentrée et dès que Sokhna m'a vue, elle s'est mise à crier et elle aussi m'a enlacé en disant qu'elle était contente de me revoir. Les jumelles étaient dans la cuisine et je suis allée les trouver pour leur dire bonjour et c'est à peine si elles m'ont répondues. Je n'en fis vraiment pas cas et allait également saluer maman Oussey. Elle était au salon. J'ai trouvé de nouveaux meubles sur place, et moi qui pensait recevoir une douche froide de sa part, elle m'accueillit chaleureusement
- Diouldé, Diallo, Diallo, comment tu vas ? Et ta tante ? Comment elle va ? Tu as une jolie tenue...Machallah, c'est très joli. Tu as vu pa Ablaye ? Tu as vu les nouveaux meubles que Rassoul m'a acheté ?
Je répondais du tac au tac. Rien sur le mois d'absence, rien sur le retour, rien sur le déménagement. J'ai aussi joué son jeu et on a discuté de tout et de rien. Je la complimentais sur les nouveaux meubles. Après cela, je suis allé aider les filles dans la cuisine. Sokhna faisait tout pour me mettre à l'aise, même si les jumelles faisaient la tête et refusaient de me parler. Mais pour mieux les énerver, je leur parlais quand même. Malgré toutes les appréhensions, je passais quand même une bonne journée.
Juste après le déjeuner, je suis allé au salon faire un brushing et j'ai revêtu une belle tenue que maman Fanta m'avait donnée. Elle me l'avait offerte lors du baptême de bébé Ablaye, mais je ne l'avais pas porté et je devais avouer que j'étais vraiment très jolie ce jour là. Rassoul n'as pas pu s'empecher de m'enlacer pour m'embrasser et me dire que j'étais très en beauté quand je suis sortie et ceci au grand dam de sa mère qui s'est renfrognée et a commencé à rouspéter. Mais bon, Rassoul après une dispute et des jours sans câlins est très expressifs. Avec Rassoul on est allé faire le tour de ses amis et aussi tata Fatou et maman Fanta. On est également allé rendre visite à mon oncle qui malgré qu'il nous aie vu ensemble s'est mis à rouspéter sur mon comportement et mon manque d'éducation. Je sentais Rassoul sur le point d'éclater de rire tandis que moi j'étais plus pressée de partir. Je demandais à Rassoul qu'on aille voir Kiné. Il a refusé disant que je cherchais des problèmes et on est rentré pour prendre nos affaires et rentrer. Comme Dieu fait bien les choses, on l'a trouvé à la maison avec son mari et sa coépouse. Le top.
Jules était ravi de me revoir et comme a son habitude s'est mis à me taquiner en disant qu'il était sur le point de venir me chercher car j'avais trop duré chez ma tante. Comme les autres fauteuils étaient occupés, j'étais obligé d'aller m'installer sur Rassoul et cette fois maman Oussey n'a pas supporté. Elle a crié à une des jumelles de m'apporter un chaise et quand la chaise est venue, j'ai fait celle qui ne l'avais pas vue. Chaque seconde mère Oussey me demandait nerveusement de m'y assoir et je faisais celle qui n'avait pas entendu. Bien entendu, Kiné en a rajouté
- Rassoul dou ngène bayi sène yeufou gnake feyda yii (arrêtez vos enfantillages)
Rassoul n'a pas répondu et je me suis tournée vers Kiné pour la regarder bien dans les yeux en souriant et surtout je n'ai pas bougé. Elle s'est encore plus énervée et heureusement que Jules est intervenu pour lui demander ou était son problème car c'était mon mari et j'avais le droit de me mettre sur ses genoux. Débat clos, malgré les regards incendiaires qu'elle continuait à nous lancer.
Pour encore plus l'énerver, je me suis tournée vers sa coépouse Souadou pour discuter avec elle. Heureusement qu'ils n'ont pas duré et devaient se rendre dans la famille de Souadou. Ahh la polygamie. C'était un concept vraiment bizarre pour moi. Comme il faisait tard, on est finalement rentrée car je voulais continuer à ranger mes affaires, mais Rassoul n'était pas dans les dispositions pour me laisser faire.
Mon nouvel appartement avait pleins d'avantages. Il avait deux chambres, et j'avais ainsi un espace de rangement supplémentaire. En plus les toilettes de la chambre comportait une baignoire...et vous savez, moi j'adore les baignoires. J'aime m'y plonger, et décompresser. Bon ça c'est les côtés pratiques. En plus, comme l'appartement était assez éloigné de la maison de maman Oussey, je n'étais plus obligée de m'y rendre en semaine comme je le faisais avant. Maintenant, dès la fin des cours, je rentre et c'est mes weekend que j'essayais d'y aller et encore. Quand Rassoul n'est pas disponible, je n'y allais pas.
Juste après la fête, j'ai passé mes examens de rattrapage et heureusement je les ai réussies et j'ai ainsi obtenu le droit de rejoindre Adja et Fred. J'avais beaucoup de cours à rattraper et heureusement que Adja était là pour m'aider. La vie d'une femme mariée qui fais des études est parfois un peu difficile. J'avais décidé de ne pas reprendre Astou pour m'aider car Rassoul ne voulait plus d'elle depuis que qu'il a su que c'était elle qui m'avait rapporté sa discussion avec sa mère. Et puis, je ne savais pas pourquoi, mais je me méfais un peu d'elle. Donc je me retrouvais très fatiguée surtout que je devais également ranger et ordonner mes bagages. Le samedi, Rassoul était de garde la journée et j'ai eu la visite de Sokhna. Depuis qu'on avait découvert les talismans, je me méfiais un peu d'elle mais je ne voulais vraiment pas y croire. Mais c'était elle qui avait accès à ma maison. Rassoul m'avait confirmé que maman Oussey avait encore une clé, et je me disais qu'elle ou Kiné aurait aussi pu s'y introduire quand personne n'était là bas. Ça me torturait les méninges et j'avais décidé de jouer carte sur table avec Sokhna.
- tu sais Sokhna pourquoi je voulais déménager ? lui demandais-je alors qu'on rangeais les ustensiles de cuisine
- pour ne plus avoir ma mère sur le dos, répondit-elle en souriant
- en partie mais surtout que j'ai trouvé des choses bizzarres chez moi...
- bizzarre comme quoi.
Je lui dis qu'en faisant le grand ménage, j'ai trouvé des talismans derrière la bibliothèque, sous mon lit et même dans mon armoire. Elle me regardait avec des yeux rond et secouait la tête de temps en temps
- qui a pu faire ça, me demanda t-elle étonnée
Je la regardais en me disant que si c'était elle, elle devait vraiment être douée en comédie.
- Justement je ne sais pas. Quand je suis allé voir un oncle il m'a expliqué que ca m'était destinée et que ca devait servir à me séparer de Rassoul. Tu te rends compte Sokhna. C'est vraiment de la méchanceté.
Elle ne disait rien et avait baissé la tête
- je ne te cache pas qu'un moment j'ai vraiment pensé que tu y étais pour quelque chose. Je me disais que ta maman ou Kiné t'avais remis ça et sans que tu ne saches vraiment ce qu'il en était tu as amené cela. Car je sais que tu ne me ferais jamais de mal consciemment.
J'essayais d'atténuer les choses pour le cas où elle n'y serait pour rien. Durant les derniers jours, j'avais tourné et retourné ces phrases dans ma tête plusieurs fois. Mais je voulais savoir. Elle gardait toujours la tête baissée et au bout d'un moment, elle s'est relevée
- walay, Diouldé, je n'ai rien amené, mais je savais qu'elles étaient en train de manigancer des choses. Si tu veux savoir qui l'a fait appelle Astou ta bonne. Elle était souvent à la maison quand tu étais à tes cours pretextant qu'elle était trop seule et qu'elle voulait de la compagnie.
Astou. Je m'en doutais. Une grande menteuse. Et avec ça elle a osé faire ça.
- écoute Diouldé, ma mère reste ma mère. Personne n'est parfait et avec Rassoul ça a toujours été comme ça. Combien de petites amies a-t-elle chassée tout simplement parcequ'elles n'étaient pas assez bien pour son fils unique. Je n'ose même pas te le dire. Rassoul est toujours passé avant tout le monde. C'est la prunelle de ses yeux. Et Rassoul aussi c'est la même chose. Il adore ma mère. C'est pourquoi je te demande de ne pas lui en vouloir quand il prend position. Il t'aime sinon, il t'aurais demandé de partir depuis longtemps. Avant toi, il a eut un projet de mariage avec une fille. Un beau jour maman a décidé qu'elle n'était pas assez bien et du jour au lendemain, il a laissé tomber. Donc quand je te dis que Rassoul t'aime, il t'aime.
Elle parlait avec le cœur et sa voix tremblait. Je m'en voulus d'avoir pensé qu'elle était pour quelque chose dans cette histoire.
- je sais Sokhna et c'est pourquoi je suis revenue. Mais pense tu que c'est normal que ta mère ne daigne même pas venir discuter avec ma tante.
Elle sourit et secoua la tête.
- non ce n'est pas bien. Tu as vu le nouveau salon ? Rassoul l'a acheté pour amadouer mère et essayer de la convaincre de venir discuter avec ta tante. Mais elle a refusé. J'ai même harcelé Rassoul en lui disant qu'il ne devait pas laisser maman décider pour lui, mais il m'a rabroué. C'est pourquoi, quand on a su que tu reviendrais, elle est tombé malade et depuis, Rassoul est aux petits soins pour elle.
Je me mis à rigoler et on a continué à discuter. Cela me faisait quand même du bien de savoir que je pouvais compter sur elle. Elle était franche Sokhna et me dit que malgré tout, c'était sa mère et voulait que je la comprenne au vue de l'affection sans limite qu'elle avait pour Rassoul. Je promis de ne plus partir pour ces histoires. Je voulais aller sur le champ trouver Astou, mais là aussi, elle m'a demandé de laisser tomber car le mal était déjà fait.
Après ma discussion avec Sokhna, je ne voulais même plus en vouloir à maman Oussey. J'ai compris l'amour fou qu'elle vouait à son fils. Avec elle je pouvais comprendre, mais Kiné, non. Avec elle je ne laisserais rien passer.
Mais tenir ma promesse avec maman Oussey s'est vite avéré très difficile. Comme on habitait un peu loin, Rassoul ne pouvait pas passer aussi régulièrement la voir comme il le faisait avant. Donc elle attendait vers 20h 21 heures pour appeler en catastrophe et dire qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle voulait que Rassoul vienne lui prendre sa tension. Le premier jour, même moi j'avais eu peur et je suis allée avec lui et on l'a trouvé couchée sur le canapé du salon. Rassoul était en train de saluer une connaissance dehors et je l'ai donc devancé. Comme elle avait aussi recouvert sa tête avec le drap, j'ai un peu soulevé pour voir son visage. Et pensant que c'était Rassoul elle s'est mise à gémir.
- mère Oussey, ca va ? Demandais je inquiète
Elle a subitement ouvert les yeux avant de froncer les courcils
- boule ma tiime (ne te penches pas sur moi) boul ma tiime. Je ne suis pas encore morte pour que tu te penche comme ça sur moi. Khawma foma topé (arrête de me poursuivre comme ça)
Je me suis levée pour m'éloigner et j'ai failli faire tomber Rassoul qui était juste derrière moi. Il avait tout entendu et il me regardait pour voir si j'étais faché ou pas. Je lui souris avant d'aller rejoindre Sokhna. Elle était étonnée de me voir et je lui ai expliqué que c'était sa mère qui avait appelé pour dire qu'elle ne se sentait pas bien. Elle était encore plus étonnée et s'est levée pour aller voir sa mère. Je suis restée dans sa chambre jusqu'à commencer à dormir, mais je ne voulais pas sortir. J'ai regretté de l'avoir suivi surtout avec l'accueil qu'on m'a réservé. J'ai du m'endormir car c'est Sokhna qui m'a réveillé pour me dire que Rassoul m'attendait et je suis partie sans dire au revoir à mère Oussey. Une fois dans la voiture, je n'ai pas voulu faire de commentaires et Rassoul avait l'air soucieux. Je ne voulais rien demander et une fois à la maison, j'ai réchauffé le diner, mais il me dit qu'il n'avait plus faim. On a gardé tous les deux le silence et je me suis plongée dans mes cours. Il faisait tard quand il est sorti de la chambre pour me trouver sur la table
- tu ne viens pas te coucher ?
- si j'ai des choses à terminer, répondis-je en baissant encore la tête sur les feuilles
Il s'est alors assis à côté de moi
- tu es fâchée ? demanda t-il
Je le regardais étonnée
- pourquoi devrais-je être fâchée ?
- à cause de ma mère
Je souris et lui pris la main.
- non je ne suis pas fâchée ; je me suis faite une raison. Ta mère ne m'aime pas. Mais je n'en ferais plus un plat comme je te l'avais promis. Mais elle m'a joué une de ces scènes, digne d'un grand théâtre.
Il sourit et me dis qu'il était content que je le prenne ainsi avant qu'il n'aille se recoucher.
Je pensais que c'était fini mais le lendemain également, même heure, encore un coup de fil de mère Oussey et oups, Rassoul était parti. Il est revenu très tard alors que j'étais presqu'endormi et s'est couché automatiquement disant qu'il était épuisé. Et le cinéma a continué pendant presque un mois. Parfois elle laissait passer un jour ou deux et ça recommancait de plus belle. Et les weekend, quand j'y allais avec Rassoul, elle allait très bien. Mais il suffisait d'être en semaine et qu'elle sache qu'il est à la maison pour recommencer à se plaindre de sa tension. On était au mois de février et il faisait très froid quand il sortait. Je me retrouvais seule à tourner en rond dans la maison. Une fois j'avais sorti mes attirails pour passer une bonne soirée romantique et Rassoul était même à coté pour choisir et il est allé prendre une douche rapide avant de commencer les choses sérieuses. Je me changeais tranquillement quand son téléphone a sonné. Ce jour je pensais qu'elle n'appellerait plus car il commençait à faire tard. J'ai décroché quand j'ai entendu la voix gémissante de mère Oussey. On aurait dit qu'elle était sur le point de mourir.
- Rassoul viens, je ne vais pas bien. Je crois que je vais mourir aujourd'hui.
- Rassoul est occupé mère Oussey...aujourd'hui tu ne le verras pas. Je dois m'occuper de lui comme il se doit.
Avant qu'elle ne réplique j'ai raccroché le téléphone avant de l'éteindre. Quand Rassoul est sorti j'étais déjà prête et je l'attendais donc il n'a même pas eu le temps de s'occuper de son téléphone. Quand il s'est endormi, je l'ai rallumé et pleins de messages sont arrivés tous de mère Oussey lakalé et je les ai tous supprimé avant de me recoucher. Le lendemain à la prière de l'aube, le téléphone a encore sonné. J'étais dans les toilettes et je l'entendais donner des explications comme quoi je ne lui avais rien dit et qu'il n'a pas vu les messages. Je suis sortie et je l'ai trouvé en train de regarder son téléphone
- Diouldé ? tu as eu ma mère hier ? me demanda t-il nerveusement
- ta mère ? non pourquoi ?
- Elle dit qu'elle a appelé mais que tu as refusé de me donner l'appel
Je souris en secouant la tête
- Non elle a du se tromper. Je n'ai reçu aucun appel
Il m'a regardé bizarrement avant de sortir. J'avais promis de ne plus m'énerver à cause de mère Oussey, mais ces appels nocturnes commençaient à me taper sur le système.
J'allais en cours complètement découragée. Ça faisait un bon moment que je n'étais pas dans cet état.
Ce jour là, à la descente au lieu de rentrer, je restais avec Adja à l'entrée de l'école à discuter. Elle me donnait des milliers de plans aussi salaces les uns que les autres pour retenir Rassoul à la maison. Je l'écoutais en rigolant quand une voiture nous a dépassés un peu avant de s'arreter. J'avais l'habitude que les voitures s'arrêtent pour soit disant me déposer ou demander mon numéro, donc je n'en fis pas cas, quand j'entendis Adja murmurer entre ses dents
- wouaahhh, ne te retournes pas mais il y'a le gars le plus canon que j'ai jamais vu qui viens de descendre de la voiture et je crois qu'il se dirige vers nous. Woooyyy...
- bonjour mesdames...
Je reconnus cette voix. Je la reconnaitrais parmi milles autres voix et je ne voulus pas me retourner.
- Bonjour, répondit Adja de sa voix la plus câline, avec un sourire d'une oreille à l'autre tandis que moi, je me crispais.
- Diouldé ?
Je me retournais pour faire face à Demba. Encore plus beau que dans mes souvenirs. Il avait laissé pousser ses cheveux qui était tout bouclés. Ses superbes yeux marrons, son mignon visage...enfin bref, il n'avait pas vraiment changé sauf peut être qu'on voyait qu'il avait pris un peu d'âge
- Demba Sow.
On se regardait un moment sans trouver de mot. Il souriait et moi j'étais aussi bêtement devant lui sans savoir quoi dire.
- vous vous connaissez ? demanda Adja qui elle aussi affichait un sourire charmeur.
- oui..
On avait parlé en même temps sans qu'il ne cesse de me regarder.
- Diouldé, ça fais vraiment longtemps. Comment tu vas ?
- je vais bien et toi Demba ?
- tu n'as pas changé....toujours aussi...belle
Il me regardait de bas en haut et Adja me tirait la chemise en murmurant de la présenter
- Demba laisse moi te présenter Adja. On est dans la même classe. Adja Demba.
Il la salua rapidement et se remit à me regarder à mon plus grand désespoir.
- tu m'as manqué Diouldé ? Qu'est ce que tu deviens ?
Je souris et détournais mon regard. Je bafouillais et finalement lui expliquais que je suis étudiante en 3ème année
- toujours mariée ? demanda t-il alors que je n'avais même pas fini de parler
- oui, bien sur, dis je en regardant ailleurs.
- tu rougis...
Là je ris franchement...il avait l'habitude de me dire cela. Mais ça c'était avant et la discussion prenait une tournure que je n'aimais pas.
- toi aussi tu es marié non ?
- oui je suis marié
J'eus sans le vouloir un pincement au cœur et je ne trouvais plus quoi dire. Je voulu s prendre congé rapidement mais avec Adja qui était vraiment sous le charme impossible.
- comme vous venez de vous retrouvez, pourquoi pas un restau tous ensemble?
Je la regardais catastrophé en lui faisant un mouvement de la tête. Mais elle ne me regardait même pas. Toute son attention était tournée vers Demba.
- non je ne pense pas, répondis rapidement.
Je me tournais vers Demba et lui dit rapidement au revoir et j'ai arrêté un taxi. Avant d'entrer, je me suis tourné vers Adja pour lui demander de monter mais elle était en grande discussion avec Demba et je suis partie. Le revoir après tant d'année m'a un peu perturbé et durant tout le trajet, je ne cessais de me remémorer mon passé avec lui.
Mais une fois à la maison, je revins à ma réalité. Je préparais rapidement le diner et nettoyais la maison. J'étais fatiguée mais je fis couler un bon bain et je plongeais dedans. Quand il est arrivé vers 20h, je suis allée lui ouvrir vêtue d'une minuscule serviette. Il ne se fit pas prier pour me suivre. On était bien dans les bras l'un de l'autre et j'hésitais à lui parler de la rencontre avec Demba quand son téléphone s'est mis à sonner dans la chambre. Je me suis jetée sur lui pour l'embrasser, mais il n'était même pas concentré. Il a réussi à se dégager et est allé prendre. J'ai du aussi renoncer à mon bain et je l'ai trouvé en train de s'habiller pour aller voir sa mère.
- Rassoul, ton histoire de maladie avec ta mère, tu ne penses pas que c'est un peu exagéré ?
- elle est malade Diouldé. tu ne veux quand même pas que je reste. Et s'il lui arrive quelque chose ?
- pourquoi on ne l'amène pas à l'hôpital ?
J'avais laissé tomber ma serviette et je me suis mise devant lui. j'ai vu sa pomme d'adam monter et descendre en me regardant, mais sa conscience lui faisait encore des appels du pied. Je m'approchais de lui
- appelle ta mère et dis lui que tu viens plus tard
Il se déroba et se dirigeais vers la porte
- on reporte cela à tout à l'heure, je dois vraiment y aller. Je ne vais pas durer ma chérie. Ne dors pas. Attend moi
Et il est parti. A mon plus grand désespoir et de rage...maman Oussey vraiment elle commençait à exagérer.
Comme d'habitude, ce soir là, il est rentré tard et j'avais revêtue un pyjama en fin de vie et un bonnet tout aussi bizarre. J'étais en train de regarder la télé quand il a plongé sur le lit pour venir se blottir contre moi
- désolé ma chérie, mais comprend moi. Je ne peux pas ne pas y aller.
- humm
- ou es la belle tenue que tu avais mise hier...tu ne veux pas la remettre pour moi ?
Je le repoussais gentiment
- écoute, je suis fatiguée, vraiment. Il faut que je dorme.
Il se blottit encore plus contre moi et m'embrassant sur le dos
- non, ne me fais pas ça..J'ai envie de...
- arrête Rassoul, arrête.
Je l'ai repoussé plus fermement avant de me lever pour le diriger vers la cuisine ou il m'a suivi.
- Diouldé on ne va pas encore revenir sur ça. Tu ne vas pas recommencer.
J'ai tranquillement pris un verre d'eau et sans répondre, je suis retournée me coucher. Il s'est aussi couché et m'a enlacé. Je l'ai à nouveau repoussé fermement
- Diouldé, je t'en supplie, ne recommence pas
- c'est toi qui recommence Rassoul. Je suis fatiguée de faire la tête, fatiguée d'être toujours à me battre contre ta maman. Je ne veux plus. Fais ce que tu veux Rassoul, moi aussi je ferais la même chose. Tu as ta vie, ta famille. Moi toute ma vie tourne autour de toi et c'est pourquoi quand tu me laisse tous les soir ici, je suis seule.
-Diouldé
- tu as le droit de partir voir ta mère tous les soirs, mais moi aussi, laisse moi avoir le droit de te dire que je suis fatiguée et que je ne veux pas que tu me touche, s'il te plait...
Je l'ai senti hésiter un moment avant qu'il ne s'écarte et se couche de son côté. J'ai très mal dormi cette nuit et le lendemain, comme d'habitude, il m'a déposé à mon école en silence. Je n'avais rien à lui dire et lui parfois me regardais et j'avais l'impression qu'il voulait parler. Mais comme j'avais le visage renfrogné, il se ravisait.
A l'école, Adja a profité de la pause pour me casser les oreilles avec Demba. Elle était complètement sous le charme et je la comprenais. Elle voulait tout savoir sur lui. Au début, je ne voulais rien dire, finalement je lui révélais qu'on était sorti ensemble un temps avant que je ne me marie avec Rassoul. Elle était ébahie, et me demandais comment j'ai pu laisser tomber un gars aussi beau et charmant et grand et tous les autres superlatifs qu'elle connaissait. Je me contentais de sourire en lui disant que c'était Rassoul que j'aimais et Demba était marié et que c'était trop compliqué avec lui. Elle m'a ensuite expliqué que Demba lui avait remis son numéro et elle voulait vraiment mieux le connaitre malgré le fait qu'il soit marié. Même si je ne le pensais pas, je lui dis que ça ne me dérangeait nullement et qu'elle pouvait tenter sa chance avec lui. En fait, ce qui me dérangeait, c'était surtout que je ne voulais pas avoir à côtoyer Demba au risque que Rassoul soit au courant et ne me crée des problèmes. J'en avais déjà assez comme ça.
Donc les jours suivants, sans le vouloir, j'entendais souvent des nouvelles de Demba. Adja était à fond, même si elle disait que c'était toujours elle qui appelait et toujours elle qui insistait pour qu'ils se voient sans résultat. Au bout d'une semaine, elle n'avait toujours pas obtenu un rendez vous et commençait à se décourager, même si Demba lui parlait au téléphone, il ne semblait pas trop intéressé. Ça m'étonnait car je trouvais Adja vraiment très jolie et très classe comme il les aimait. Je ne la décourageais pas au contraire, mais entendre toujours parler de lui me dérangeais sans que je ne puisse le lui dire. Et puis j'avais vraiment d'autres problèmes.
Rassoul,malgré toutes les disputes ne lâchais pas du lest et mère Oussey non plus. Un jour, à la descente je suis allée aux Hlm par surprise parceque pa Ablaye me manquait. Je trouvais maman Oussey en pleine forme en train de manger avec appétit un plat de riz à la viande.
- maman Oussey, j'espère qu'il y a du mieux. Rassoul ne t'a pas prescrit de régime ? Ce que tu mange là ce n'est pas bien pour ta tension
Elle m'a lancé un regard noir et s'est mise à me maudire
- que Dieu me préserve du mauvais œil et des langues fourchues...ils sont à l'origine de tous mes maux de la terre.
Elle a pris un peu de riz qu'elle a versé par terre pour dit elle conjuré le mauvais œil sur son plat. Je commençais à m'habituer à ces remarques et au lieu d'en déprimer, je me mis à rire
- ahh mère Oussey, tu es en train de m'accuser. Je ne veux que ton bien.
Mon ton moqueur l'a encore plus énervée et elle a jeté sa cuillère et refermé le bol rageusement
- je ne t'accuse pas. Khawma sèye mame (Je ne connais pas tes aïeuls), je ne connais pas tes origines.
Comme je ne voulais pas faire envenimer les choses, je suis sortie la laissant rouspéter. Pa ablaye était dans la chambre et était tout content de me voir. On a parlé un long moment et il a abordé le problème de mère Oussey
- Rassoul vient ici tous les soirs à cause des caprices de sa mère. Je lui ai dit à plusieurs reprises qu'elle n'avait rien du tout et qu'il ne devait plus venir. Mais il est trop attaché à sa mère et cède à tout.
- ce n'est pas grave Pa Ablaye. Je comprends
Non, je ne comprenais pas, mais je ne voulais pas me plaindre auprès de son père.
- c'est parceque tu es quelqu'un de bien. Mais un grand gaillard de 34 ans, doit être ferme. Oussey, elle ne m'écoute jamais, ne fais jamais ce que je dis. Je lui ai dit à plusieurs reprise de vous laisser vivre votre vie, mais elle est têtue comme une mule
A ce moment mère Oussey est entrée dans la chambre et a encore commencé
- arrêtez de parler de moi dans mon dos. Ablaye tu crois que tu dois me faire ça. tout ça à cause de cette gamine.
Je me suis levée pour partir et éviter d'envenimer les choses, mais pa Ablaye s'est aussi mis à crier
- cette gamine ne t'as rien fait. Laisse la tranquille.
Encore une fois, je suis sortie rapidement et j'ai filé sans demander mon reste. Je crois que maman Oussey me supportais de moins en moins et les petits efforts qu'elle faisait avant pour cacher tout ça, elle ne les fait même plus. C'est pourquoi je préférais l'éviter pour ne pas avoir de problème.
Même si le soir, après son éternel tour chez sa mère, il est venu se disputer avec moi disant que j'étais allé chez mère Oussey et je lui ai manqué de respect. Quand il parlait je ne répondais rien et quand il a fini aussi je n'ai pas desserrée les dents. Finalement, il est sorti de la chambre fâché. Il lui a fallu quelques jours pour qu'il me parle à nouveau et de son plein gré. Moi je ne faisais plus aucun effort. J'étais fatiguée de tout cela et ça bousillait mon couple. Et le pire, je n'osais pas en parler. Ça faisait à peine 5 mois que j'étais revenue et qu'on avait déménagé. J'avais honte d'aller encore me plaindre auprès de qui que se soit. Je gardais donc mes problèmes pour moi et peut être un peu Adja et encore, je n'osais pas tout lui dire. Mes seuls exutoires étaient l'école et de temps en temps maman Fanta. et un moment elle est partie en voyage. Donc après les cours je restais seule à la maison et quand Rassoul rentrait du travail, la plupart du temps, il était parti la veille chez sa mère donc pas de crac-crac la nuit et le soir il était renfrogné et parlait à peine. Et quand je voulais laisser tomber et essayer d'égayer la soirée, sa mère appelait et cette fois c'était moi qui boudais.
Des fois j'avais envie d'exploser et dans ces moments, je sortais et j'allais au salon de coiffure. Eh oui, ma coiffeuse était ma plus grande confidente et mon psychologue de service. C'est venu comme ça, naturellement. Sans vraiment tisser de relation d'amitié, je me suis retrouvé un jour à lui parler de mes problèmes de couple et elle m'écoutait. Je crois que j'en avais besoin. Parfois, elle ne faisait pas de commentaires et se contentait de m'encourager à rester dans mon ménage. Elle aussi était mariée mais son mari était à l'extérieur et elle vivait avec ses beaux parents. Donc quand elle se mettait à me raconter les misères qu'on lui faisait, je me disais que je m'en tirais finalement à bon compte puisque je n'étais pas obligée de vivre avec eux. Elle me racontait des choses incroyables qui me donnaient la force de rester malgré tout, surtout la fois où je l'ai trouvé avec des marques sur le visage et qu'elle m'a raconté qu'elle s'était battue avec sa belle sœur. Je n'en pensais pas moins que mère Oussey exagérait.
Toutes ces frustrations accumulées ont-ils joué ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il qu'un matin, Adja qui faisait des pieds et des mains pour revoir Demba avait eu la merveilleuse idée d'aller dans le restaurant ou il mangeait à sa pause. Je ne sais pas où elle a eu l'information, mais quand elle m'a demandé de l'accompagner, je savais que j'aurais du refuser, mais je me suis retrouvé à jouer son jeu et à aller au restau en ville avec elle. A l'entrée du restau on l'a aperçu et Adja ne pouvais plus tenir en place. Elle est allée au toilette pour se repoudrer le nez. Je n'en voyais pas l'utilité car franchement, elle était magnifique avec sa robe courte qui dévoilait sa magnifique chute de rein, son tissage très long sur son joli minois. Elle était très belle. Moi à coté, j'avais juste attaché mes cheveux à l'arrière et j'avais même oublié de mettre des boucles d'oreilles. Donc je me disais qu'à côté d'elle je devais passer inaperçue. De loin, comme il ne me voyait pas, je me suis mise à l'observer discrètement, quand tout d'un coup, il s'est tourné et nos yeux se sont croisés...pendant des secondes qui m'ont semblé duré une éternité. J'étais là, et je ne pouvais détourner mon regard, quand tout à coup Adja est revenu, le temps que je lui parle, Demba s'était levée et venait vers nous. J'étais en panique et j'avais juste envie de fuir. Heureusement Adja l'a accueilli avec tout un cinéma pour dire qu'on était ici par hasard. Il nous a invités à venir à sa table et Adja a accepté. Sur place c'était comme si j'avais perdu ma langue. D'ailleurs avec Adja personne ne pouvais en placer une. Demba ne cessait de me regarder mais moi j'étais la plupart du temps comme absente, et de temps en temps nos regards se croisaient furtivement. Un moment, il m'a juste demandé pourquoi je n'avais pas mis de boucles d'oreilles pendant qu'Adja était lancé dans des explications. Il ne l'écoutait visiblement pas. Instinctivement j'ai touché mes oreilles. Il ne changeait pas. Toujours attentif aux détails. Je me contentais de sourire sans rien dire. j'étais mal à l'aise, et heureusement, avant qu'on ne nous serve, mon téléphone a sonné et c'était Sokhna m'appelait juste pour prendre des nouvelles, mais j'en profitais pour prendre mes affaires et leur dire que j'avais une urgence. Demba voulait me raccompagner mais j'ai refusé lui demandant de tenir compagnie à Adja et je suis partit aussi rapidement que possible. Une fois à la maison, je me dis qu'il ne fallait plus que je le revoie. J'avais déjà assez de problème comme ça. Je ne voulais pas prendre le risque que Rassoul soit mis au courant que je revoie mon ex. Heureusement, après cela, Adja a commencé à se décourager disant qu'il ne faisait rien malgré tous les signaux qu'elle envoyait. Elle m'a révélé qu'il passait son temps à poser des questions sur moi. Comme d'habitude, quand elle parlait de Demba, je changeais de sujet rapidement, ramenant tout à mes problèmes domestiques.
J'avais finalement réussi à trouver une fille pour m'aider dans les travaux domestiques. C'est la bonne de ma nouvelle voisine qui me l'avait recommandé. Elle n'était pas très jeune et au début j'avais un peu de mal à lui donner des directives mais heureusement qu'elle s'est montré très souple et aussi très efficace. Le matin je fermais ma chambre comme me l'avais recommandé maman Fanta et c'est le soir, quand je descendais que je l'arrangeais. Elle cuisinait très bien et était très propre. Ça m'a soulagé car les travaux commençaient à me peser. J'avais plus de temps pour apprendre mes cours, surtout avec les visites de Rassoul chez sa mère. Quand il y allait, je refusais systématiquement qu'il me touche à son retour. La semaine après l'incident chez mère Oussey, il y allait chaque soir où il n'était pas de garde et chaque soir je refusais qu'il me touche. Un vendredi, il est venu me proposer d'aller passer un weekend à toubab dialaw.
- désolé, je ne viens pas.
Je savais que je lui manquais. Je le sentais à ces regards appuyés quand je faisais exprès de me mettre de la crème sur tout le corps devant lui simplement vétue d'un slip, tout en évitant de le regarder. Je le sentais quand la nuit, il venait se coller à moi pour me faire sentir son désir alors que je faisais semblant de dormir. Je le connaissais. Il adorait le contact charnel, il ne supportait pas de rester longtemps faire l'amour. Oui son envie était palpable, mais je me dis que je l'aurais à l'usure.
- pourquoi ? demanda t-il intriguée.
Je le regardais et je haussais les épaules
- pour rien. Je n'ai pas envie d'y aller c'est tout. Et puis tu risque de rester 3 jours sans voir ta mère. C'est pas prudent.
Il soupira et s'assit sur la chaise à côté de moi
- Diouldé, ça nous fera du bien. On est resté combien de temps sans une petite sortie. Plus de restau, plus de promenade, plus de soirée coquine...
- pour faire ces soirées, il faudrait que je te voie. Je te rappelle que si tu n'es pas de garde, tu dois aller veiller et border ta mère. Comment dans ces circonstances peut-on faire des soirées ?
- arrête Diouldé. Je t'ai dit qu'elle était malade et qu'il fallait que je la surveille. C'est juste un temps. Ca ira mieux dans quelques temps
- dans ce cas on ira dans quelques temps. Quand elle ira mieux.
Il se leva. Et ce jour là, j'ai quand même accepté d'aller au restau avec lui à condition qu'il éteigne son téléphone. Ça faisait longtemps qu'on n'était pas sorti ensemble. En fait à cause des caprices de mère Oussey, je me rendais compte que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas de vie de couple. En temps normal, on pouvait rester des heures à discuter de ses patients, surtout des mamans qu'il endormait pour les accouchements, de mes cours. Mais vraiment je devais reconnaitre que mère Oussey était talentueuse pour briser un ménage. Je ne me rendais même pas compte que mon mariage sombrait. Durant le diner, je fis part de toutes mes craintes à Rassoul qui s'est évertué à me rassurer et à me dire qu'il tenait à moi et m'aimait. Mais je ne pouvais m'empêcher de lui révéler que je sentais qu'il s'éloignait de moi, qu'il me négligeait. Ses paroles eurent le don le laisser pensifs pendant des minutes. J'en profitais pour plus enfoncer les choses en pleurant et en lui disant que je ne le sentais plus. il a semblé vraiment affecté et m'a dit n'avoir jamais mesuré l'ampleur de mon désarroi. Je lui proposais pleins de solutions pour sa mère allant de l'hospitalisation le temps qu'elle se rétablisse à un infirmier en permanence pour la surveiller. Il ne disait rien et promit d'être plus présent pour moi. Ensuite il s'est excusé pour tout et on a fini la soirée en allant manger une glace.
On est rentré le cœur plus léger une fois à la maison, il a rallumé son téléphone et une demi-seconde après, coup de fil de mère Oussey. Apparemment elle était dans tous ses états car j'entendais Rassoul la calmer. Je ne pensais pas qu'il partirait à cet heure, et quelle ne fut ma surprise quand je suis sortie des toilettes de le voir debout à m'attendre.
- je dois y aller. Elle ne va pas bien du tout.
Je le regardais au bord des larmes, mais je me contentais juste de hocher la tête et d'ouvrir l'armoire pour me changer. Il était toujours à l'entrée de la porte de la chambre après quelques minutes, ensuite je l'ai vu partir et pendant des minutes, je n'ai pas entendu la porte de l'appartement s'ouvrir. Je me suis quand même couché et quelques minutes après, je l'ai entendu ouvrir la porte de la chambre et aller dans les toilettes. J'ai souri intérieurement et quand je l'ai senti se glisser sous la couette je me suis retourné pour lui demandé pourquoi il n'était pas parti
- j'ai appelé Sokhna et elle m'a assuré qu'elle allait bien.
Petit crétin va...depuis des mois, c'est aujourd'hui qu'il a pensé à appelé Sokhna. Je l'enlaçais tendrement
- tu sais que je t'aime quand tu fais ça ? Demandais-je tendrement
- quand je fais quoi ?
- ça...
Je n'osais pas lui dire qu'il avait tenu tête à sa mère et que à mes yeux, ça le rendais un peu plus mature.
- regarde ce que tu as failli manquer
Je pris sa main et la posa sur ma taille qui était ceinturé de bine-bine et autres grosses perles. Il en perdit ses moyens sur le champ et me sauta dessus.
J'imaginais la tête de mère Oussey et ceci contribua à rendre ma soirée encore plus agréable.
Je passais donc une nuit caline, que je n'avais plus eu depuis un bon bout de temps, même si je savais que c'était loin d'être gagné. En effet le lendemain, au lieu de me déposer comme d'habitude, il a préféré me laisser partir pour aller la voir avant d'aller travailler. Je ne fis pas de commentaires et suis partit seule. J'avais déjà fait un pas et je ne comptais plus reculer.
Les jours suivants, dès que je terminais les cours, j'allais à la maison me changer et j'allais le chercher à l'hôpital ou à la clinique et je lui proposais d'aller au restaurant. Il était toujours très content de me voir surtout que ses collègues le complimentaient et le charriaient sur moi. C'est vrai que je mettais vraiment en beauté quand j'y allais pour être sure qu'il ne changerait pas mon programme. Bien sure une fois au restau, maman Oussey appelait pour dire qu'elle était mourante. Mais je choisissais des restaurants tellement éloignés qu'il avait la paresse d'y aller. Surtout qu'une fois, je lui ai dit qu'il n'avait qu'à aller voir sa mère et que je l'attendais dans le restaurant car j'étais décidé à manger avant de partir. Il a refusé de ma laisser disant que j'étais trop jolie pour qu'il me laisse seule. Finalement il a rappelé sa mère pour lui dire qu'on était au restau et qu'il ne pourrait pas venir. Je cachais difficilement ma joie, même si je savais qu'elle devait bien m'insulter là ou elle était. Mais à la guerre comme à la guerre.
Même si ces petites sorties ne l'empêchaient pas d'y aller de temps en temps, au moins, j'avais aussi mes jours où je pouvais profiter de mon mari comme il se doit et ceci a contribué à m'apaiser un peu, même si je savais qu'elle allait encore me sortir d'autres problèmes.
Les semaines suivaient leur cours normales, entre les caprices de ma belle mère adorée et la patience sans borne de Rassoul. Et de plus en plus elle ne faisait plus d'effort pour montrer qu'elle ne me supportait pas. C'est pa Ablaye qui prenait toujours ma défense devant un Rassoul qui semblait dépassé par autant d'animosité de la part de sa mère. Je n'en demeurais pas moins gentille avec elle. De temps en temps je préparais un bon plat les weekends et je le lui offrais. Ça permettait de dérider un peu les choses mais il fallait que je retienne Rassoul un soir qu'elle disait être malade pour qu'elle m'en veuille encore. C'était une roue infernale.
Entre temps, maman Fanta était revenue de voyage et comme d'habitude m'avait ramené pleins de jolis tissus et autres habits à la mode. Une valise pleine. La plupart était des cadeaux de Rama et je l'ai alors appelé pour la remercier. On avait renoué le contact et elle m'appelait souvent. Je la remerciais donc chaleureusement et j'en avais offert pleins à Sokhna qui était toute contente. La semaine de son retour, alors que je lui racontais enfin le comportement démesuré de mère Oussey, elle prit une résolution
- Diouldé, ta belle mère ne t'aimera jamais. Ces tissus je les avais ramené pour elle, mais ne lui donne rien. Vas voir ses belles sœurs, les badiènes de Rassoul doivent te connaitre. Offres leur ses tissus plus de l'argent. Elles te béniront et Oussey sera seule dans son coin à t'en vouloir. Fais des autres membres de la famille tes alliés. Tu verras. Ca va aller.
- hii maman, je ne veux pas de problèmes. Un jour j'y suis allé avec Rassoul, elle nous a créé pleins de problèmes en disant que c'était elle qui devait m'accompagner la bas. Et elle ne l'a jamais fais disant toujours qu'elle était occupée. Si je fais ça, cela va envenimer les choses et Rassoul va encore m'en vouloir
- vraiment toi je me demande pourquoi tu es peureuse comme ça. Je crois que j'ai failli à ce niveau de ton éducation. Si tu étais plus rebelle, ta belle mère se serait calmée depuis longtemps. Mais si tu ne le fais pas je vais le faire moi-même.
Je soupirais. Elle était très entêtée.
- je ne connais pas où elles habitent toutes.
- si tu connais une adresse c'est suffisant. On demandera sur place.
Je fus obligée de concrétiser avec elle et dès le weekend, on est parti voir une des sœurs de Pa Ablaye. J'avais juste dit à Rassoul que j'allais dire bonjour à ses tantes et il en était très content. Badiène Fatou était très surprise de me voir et maman Fanta s'est alors chargée de présenter des excuses car elle disait que j'aurais du venir depuis longtemps, mais mieux vaut tard que jamais. Elle avait raison. Maman Oussey ne m'avertissait jamais des cérémonies familiales et Rassoul n'ayant jamais le temps, c'était à moi d'y aller. Mais ça c'était à condition d'être au courant. Finalement c'était Sokhna qui m'avertissait et j'y allais avec elle. Et tout le temps c'était des « c'est elle la femme de rassoul ? Elle n'est pas gentille, elle ne rend visite à personne (mome déh, dou séti kène) ». J'en prenais pour mon grade. Mais bon, je tentais tant bien que mal de me justifier et finalement la badiène a compris. On a discuté de tout et de rien et finalement, elle m'a donné plein de conseil et me disair(tt de bien m'occuper de son fils. Elle évitait soigneusement de parler de maman Oussey et avant de partir, on a sorti un beau tissu qu'on lui a remis avec de l'argent. Ça a délié sa langue
- haa ma fille que Dieu te préserve et te rétribue au centuple ce que tu viens de faire. il n'y a pas longtemps tu as distribué pleins de choses durant le baptême de ton fils. Toi, on n'a rien à te reprocher. Ta belle mère est pingre. Elle a toujours été comme ça. Elle ne nous a rien cédé après le baptême en donnant comme argument que le bébé était malade. Elle le savait quand elle prenait les térangas de ta mère.
Elle avait vraiment une dent contre mère Oussey. On ne fit pas de commentaires et elle nous a indiqué les adresses des autres tantes à qui je devais rendre visite et m'a promis de venir chez moi. On fit un grand tour et toutes les tantes furent trop contentes de me voir et surtout de recevoir des cadeaux et de l'argent. Je prenais cela comme une sorte de corruption, mais maman Fanta me disait que si je voulais faire long feu dans la famille, il fallait effectivement corrompre tout le monde. Chez un demi -frère de Pa Ablaye, je trouvais Anta, la cousine de Rassoul. Elle était vraiment étonnée de me voir et m'a complètement snobée. Je m'en foutais puisque j'étais venue voir ses parents. Sa mère s'est montré très gentille avec moi surtout la traditionnelle remise de tissus et d'argent. Elle m'a même avouée qu'un moment, elle destinait Anta à Rassoul parceque c'était un homme bien, mais finalement, elle est rassurée car elle sait qu'il est en de bonnes mains. Dès qu'on est sorti, maman Fanta m'a demandé de me méfier de cette Anta. Je ne voulais pas en rajouter et c'est pourquoi j'ai tue les antécédents de la clique Anta Kiné. Je ne regrettais pas finalement d'avoir fait cela et je compris que je devais le faire depuis longtemps. Les gens m'en voulaient de ne pas venir leur rendre visite et le disait à mère Oussey qui ne m'a jamais rien dit. Je comprenais pourquoi aucun membre de la famille ne venait chez moi ou ne m'appelait. A part quelques cousines, je n'avais pas de contact avec les tantes et oncles, et tout ça c'était maman Oussey qui ne voulait pas que j'y aille pour me mettre en mal avec eux. Mais c'était fini et je comptais bien le faire plus souvent.
Après le weekend de visite, même Rassoul était content au début, mais après un tour chez sa mère, à nouveau soudainement malade, il est revenu en râlant disant que je devais attendre sa mère avant d'y aller car ça pourrais être interprété n'importe comment. Comme à mon habitude maintenant, je ne répondais rien quand la dispute tournait autour de mère Oussey. Je me contentais juste de lui dire que c'était déjà fait et que je ne pouvais plus retourner en arrière. Pendant qu'il parlait encore et encore sur le problème, Pa Ablaye a appelé pour me remercier d'être allé voir ses frères et sœurs. Lui était content tandis que mère Oussey ralait...comme quoi on ne peut pas plaire à tout le monde.
Le weekend suivant, j'ai eu beaucoup de visite. Les tantes de Rassoul comme si elles s'étaient donné le mot, ont tenues à venir, chacune avec un petit présent. J'ai eu des calebasses, des draps, de l'encens. J'en étais très émue et quand j'avisais maman Fanta, elle me demandait de donner le transport encore...chiii société philanthrope quand tu nous tiens.
J'évitais d'aller chez mère Oussey car j'étais convaincue qu'elle allait me sortir cela et de toute façon Rassoul était en plein dans un projet de poste permanent dans une clinique très cotée. La proposition de la clinique était tellement alléchante financièrement, qu'il pensait sérieusement à démissionner. Il ne cessait de me demander mon avis. J'étais vraiment mitigée, car la fonction publique était plus nettement plus sécurisée que les structures privée. Finalement il avait décidé de demander une année de disponibilité pour voir ou tout cela allait le mener. Il devait néanmoins aussi aller en France pour une petite formation de quelques mois. Il a donc commencé et le rythme de la clinique était vraiment soutenu au début surtout qu'il devait assurer les réanimations et aussi les anesthésies lors des opérations chirurgicales. Il rentrait vraiment fatigué et je n'eus presque plus besoin de me battre pour qu'il reste à la maison. Et puis sa mère avait comprit au bout d'un moment que sa technique ne fonctionnait plus et donc elle s'est calmée.
La grande rencontre de la famille Diop, approchait et cette année, j'avais décidé de ne rien faire. Depuis ma tournée chez les belles sœurs de mère Oussey, je ne l'avais pas vu et j'avais juste des échos de Sokhna qui me disait que ça l'avait mis dans tous ces états et j'étais persuadé qu'elle m'attendait de pied ferme. Donc la semaine qui a précédé le tour de famille j'y suis quand même allé pour donner ma petite contribution financière et je m'étais préparé pour en entendre des vertes et des pas mures. Et je ne fus pas, mais alors là, pas du tout déçue. Elle m'a entrainé dans sa chambre pour me remonter les bretelles
- tu ne devais pas y aller sans moi. Tu ne devais pas. Je t'ai demandé de m'attendre pour ça et tu ne l'a pas fait. Tu n'en fais qu'à ta tête, tu es tétue et si je ne te connaissais je dirais que tu essaie de me mettre en mal avec mes belles sœurs. Han...
Elle a encore continué à rouspéter et à me maudire. Je n'ai rien dit et quand elle a finit, j'ai juste dit que j'avais suffisemment attendu mais elle ne se décidait pas à m'accompagner donc j'ai pris mes responsabilités. Elle m'a lancé un regard méchant et j'ai coupé court en lui tendant l'argent de ma participation. Là aussi elle ne m'a pas raté en disant que c'était l'argent de son fils. Elle a arraché l'argent des mains sans un merci. Je lui ai quand même fait mon plus beau sourire et elle s'est levée brusquement pour sortir de la chambre. J'avais l'habitude et je n'en fis pas cas. Je crois que c'est mon comportement qui la faisais plus raler. Avant, quand elle me faisait ce genre de remarque j'étais au bord des larmes et je boudais alors que maintenant, je faisais comme si de rien n'était. C'était quand même juste une apparence car au fond, je ne comprenais pas pour quelle raison, elle ne me supportait pas. Je ne comprenais pas pourquoi malgré les efforts que je faisais, elle ne pouvait pas m'aimer. Je n'osais pas en parler à Rassoul, mais au moins extérieurement, j'avais réussi à ne plus montrer mes sentiments et ça les énervait.
Le tour de famille, j'eus l'occasion de revoir Kiné que je n'avais pas vu depuis bien longtemps et elle était enceinte jusqu'au cou. Elle est arrivée bien tard en compagnie d'Anta. Mais ce tour, fut mon tour. Toutes les tantes qui venaient ne cessaient de faire mes éloges. Cette fois tout le monde me reconnaissait et tout le monde louait ma générosité. C'était incroyable. J'en étais même gênée. Mère Oussey et Kiné, étaient énervées quand elles entendaient dire des gentillesses sur moi. Maman Fanta a aussi fait une apparition éclair à la rencontre pour dire bonjour à la famille et elle aussi a eu droit à son moment de gloire. Le soir, Kiné a tenté tant bien que mal de me provoquer en lançant des flèches assassines en disant qu'elle détestait les femmes qui semaient la zizanie dans les familles. Je ne répliquais rien et dans son état, je me disais que ça n'en valait pas la peine. Je ne disais toujours rien, jusqu'à ce que je me décide à me lever pour sortir du salon. Je n'avais vraiment pas l'intention de lui faire le plaisir de lui répondre. Non pas après tous les éloges que j'ai eu depuis la matinée. Je suis allée me poser dans la chambre de Sokhna pour me reposer en attendant Rassoul, qui était allé déposer certains membres de la famille. Un moment j'ai entendu sa voix et je me suis levée pour y aller et je l'ai trouvé avec Anta. Cette dernière l'avait enlacé par la taille et s'était presque couché sur lui et ils parlaient doucement. On aurait vraiment dit un couple et j'ai tiqué. Je l'ai alors appelé et il a sursauté puis a voulu l'écarter de lui. Mais, elle est resté bien collé à lui et toujours les bras autour de la taille de Rassoul et me souriait sournoisement. J'ai aussi souri et j'ai tendu la main à Rassoul. Heureusement pour lui, qu'il a desserré rapidement les mains de ma petite chipie pour venir prendre ma main et j'ai légèrement tiré pour qu'on aille au salon. on est encore quelques minutes avant de prendre congé. Dans la voiture, je n'ai fait aucun commentaire sur Anta et c'est lui qui a commencé à en parler
- chérie, pour Anta ce n'est vraiment pas ce que tu crois. On a toujours été très proche. Elle a toujours été très collante avec moi. Il ne faut pas mal interpréter ses gestes.
J'ai juste souri
- je comprends t'inquiète.
En fait je bouillais à l'intérieur, mais je ne voulais pas me disputer avec Rassoul à cause de cette fille.
De toute façon j'eus de moins en moins le temps de m'occuper d'eux. Le mois de Juin tirait à sa fin et j'avais mes examens à préparer. J'étais à fond dans mes révisions et Adja était à fond avec Demba. Ils ne sortaient pas ensemble car apparemment Demba n'était pas intéressé, mais ils avaient quand même réussi à tisser une relation d'amitié. Elle ne se décourageait pas et disait qu'il finira par se rendre compte qu'elle l'aime. Malheureusement, il essayait de lui refiler tous ses collègues célibataires et ceci déprimait Adja au plus haut point. Moi j'évitais au grand maximum de le voir ou même d'entendre parler de lui. Parfois, il lui arrivait de passer devant l'école et s'arrêtait pour dire bonjour à Adja. Mais il passait son temps à me regarder. On ne se parlait presque pas à part les salutations. Mais nos regards se croisaient souvent et je détournais toujours les yeux alors que lui continuait à me sourire de manière bizarre, tout en continuant à parler avec Adja. Leur relation ne me dérangeait pas, mais c'était juste le fait de devoir entendre parler de lui souvent et le voir de temps en temps qui me dérangeait. Je devais avouer qu'il me troublait surtout quand il se mettait à m'observer fixement sans sourciller. C'était bizarre et ça m'énervait. Un jour, je lui ai quand même demandé comment allait son épouse et il m'a juste répondu qu'elle allait bien sans plus. je ne le comprenais pas. Il était marié et avait quand même le temps d'entretenir une relation amicale avec une autre fille. Si ca avait été Rassoul, je n'aurais pas supporté cela. Mais bon, Adja disait que le fait qu'il soit marié ne la dérangeait. J'essayais de la convaincre aussi de ne pas rejeter les collègues qu'il lui proposait. Qui sait ? Peut être que le bon était parmi eux.
De toute façon, on n'avait suffisamment de quoi s'occuper. On devait faire un stage obligatoire dans une structure et préparer un mémoire, j'avais déposé dans deux cabinets qui s'occupaient de finance et également dans des banques. Dans le premier cabinet, quand j'ai apporté le dossier, j'ai eu la chance de croiser le directeur à l'entrée qui ne cessait de me regarder. Le lendemain, la secrétaire m'a appelé pour me dire que le directeur voulait me rencontrer. J'étais toute contente et je sautillais, contrairement à Rassoul qui disait que c'était les ressources humaines qui devaient s'en occuper. Une vraie crise de jalousie. Le lendemain, il m'a accompagné sur place et était décidé à m'attendre. Et heureusement. Moi qui pensait venir à un entretien, je me suis retrouvé devant un monsieur qui ne cessait de me complimenter sur ma tenue, sur ma coiffure et au final m'a proposé de m'inviter au restaurant le soir même pour concrétiser le tout. Je n'avais pas de mot et je le regardais avant de lui préciser que j'étais mariée et que mon mari n'apprécierait pas trop. Il m'a sourit bizarrement avant de me dire que ce dernier n'était pas obligé d'être au courant. Je suis partie sans demander mon reste et quand Rassoul m'a demandé comment ça c'était passé, je n'ai même pas osé lui dire et j'ai juste dit qu'ils n'avaient pas besoin de mon profil. Et ce gros cochon m'a appelé le soir même pour encore me faire des propositions indécentes disant qu'il comptait m'embaucher. Il a fallu que j'en parle à Rassoul pour qu'il lui parle et depuis, je ne l'ai plus entendu. Finalement avec l'aide de maman Fanta et ses nombreuses relations j'ai pu obtenir un accord pour un stage dans une grande banque. Je devais commencer au mois d'Aout et entre temps, j'avais mes examens de fin d'année. Rassoul devait aussi partir pour sa formation au mois d'Aout et Rassoul rechignait à me laisser seule. Il voulait que je dépose en même temps que lui pour un visa, mais j'avais mon stage à faire et vraiment je ne voulais pas le rater car si je ne le présentais pas, je n'aurais pas mon diplôme. Finalement, en discutant avec ma mère un jour, elle me fit savoir que ma petite sœur Fanta voulait venir en vacance chez moi. J'en étais toute contente. Depuis mon voyage en Guinée je ne l'avais pas revue.
Avec Rassoul c'était vraiment le calme plat depuis que j'avais décidé d'appliquer les méthodes de maman Fanta : créative et coquine au lit. C'était laborieux, mais que du bonheur. Au marché HLM, il avait une dame qui ne vendait que des choses coquines, un genre de sexshop pour femmes. Au début, elle me proposait des choses assez soft, pour pimenter les relations, mais un jour, elle m'a demandé si j'avais suffisamment de courage pour essayer un produit. J'ai rigolé en faisant ma petite dévergondée, et en lui disant que je ne reculais jamais, mais je n'aurais pas du. Elle me l'a donné en m'assurant que c'était mon mari qui viendrait en redemander. Donc le soir même, moi en mode sexy et aguicheuse à souhait, je le provoque, mais ce fut chaud pour moi. Mon cher mari est resté en érection pendant des heures à son plus grand bonheur. J'ai tout tenté, pour abréger les choses, mais rien, Monsieur était toujours d'attaque. Un moment, je suis allé m'enfermer dans les toilettes (eh oui, je reconnais je n'ai pas assumé) et je l'entendais rigoler en disant que je l'avais bien cherché. Je fus obligé de retourner au charbon et au bout de quelques heures (non sans rigoler) on y est arrivé. Le monsieur s'est prit pour un superman sexuel. J'ai du plonger mes fesses dans de l'eau chaude pour me soulager un peu et j'ai eu toute la journée du lendemain des moqueries de la part de Rassoul qui disait vraiment avoir pris son pied et qu'il fallait renouveler la nuit d'hier. Toute la journée, il s'est montré collant et câlin, mais pour moi c'était stop. Les délires là, j'avais décidé de passer en mode naturel et je jetais à la poubelle toutes les cochonneries de cette bonne dame. Mais bon je devais quand même reconnaitre que ses petits excitants avaient mis du piment dans mon couple. Les weekends, quand on était chez mère Oussey et que je voulais rentrer il suffisait que je lui souffle à l'oreille que j'avais rendu visite à la dame la veille et que j'avais une surprise pour lui, pour qu'il prenne congé rapidement au grand dam de mère Oussey qui comme à son habitude rouspétait et disait que son fils ne la respectait plus et n'en faisait qu'à sa tête. Avec elle, c'était toujours de grands sourires et ceci avait le don de l'énerver au plus haut point. Et c'était le résultat souhaité.
Quand il s'est agi du départ de Rassoul pour six mois, j'avais l'impression de me préparer pour une guerre. Il y'a eu une réunion de famille entre mère Oussey, Kiné, moi et Rassoul. Mère Oussey disait que c'était inconcevable que je reste seule dans un appartement payé par son fils à dormir et à manger comme une princesse. Kiné à rajouter que puisque je n'avais pas pitié de son frère, elles au moins pensaient à son bien et donc je devais fermer l'appartement et venir vivre chez maman Oussey le temps que mon mari revienne. Comme à son habitude, Rassoul a joué au modéré disant qu'il allait réfléchir. Je n'ai pas tenue. Si c'était seulement mère Oussey j'allais ravaler ma langue et laisser passer, mais Kiné qui prenait ses grand airs comme si elle décidait pour nous, non je n'ai pas supporté. J'ai pris la parole pour leur dire ce que je pensais de tout ça.
- Rassoul, ce n'est pas la peine que tu réfléchisses. Je le dis ici. Je ne bougerais pas de chez moi.
- tais-toi, on ne t'a rien demandé. Tu feras ce que ton mari décidera, a répliqué mère Oussey en bégayant de colère.
Je regardais Rassoul pour qu'il dise quelque chose, mais non
- Arrête Diouldé. J'ai dit qu'on en discutera à la maison.
J'étais dépassée, mais par respect, je ne dis plus rien et elles continuèrent à donner des arguments comme quoi ce n'était pas prudent une femme seule dans un appartement. Il se contentait de les écouter et promis d'y réfléchir.
Sans un mot, je me levai et je suis allé trouver Pa Ablaye dans l'entrée de la maison. Je ne comprenais pas. C'était à Pa Ablaye normalement de prendre ce genre de décision, mais il était toujours mis à l'écart dans ce genre de décision.
Une fois à la maison j'ai attendu patiemment que Rassoul remette sur la table la question de son séjour en France et je lui ai dit excatement ce que j'avais dit avant.
- si je sors d'ici, ça sera pour retourner chez Ibrahima. Il est hors de question que je cède aux caprices de ta mère. Elle ne me supporte pas et d'un coup pour te faire économiser des sous, je dois aller vivre avec elle. C'est du n'importe quoi.
- mais reconnais quand même que ce n'est pas prudent pour toi de vivre seule
- Fanta va venir en vacance
- c'est une jeune fille.
- dans ce cas, laisse-moi aller vivre chez maman Fanta
- je te rappelle que tu es mariée avec moi. C'est juste un moment Diouldé. fais ça pour moi.
J'avais les larmes aux yeux
- je t'en supplie ne me demande pas ça. Ca va encore être des problèmes et tu ne seras pas là pour faire quoi que ce soit
Il s'était approché et me parlait tout doucement.
- je ne serais jamais rassurée en te sachant toute seule ou avec seulement des filles.
- mais et les meubles ? on na va pas tout déménager pour juste 6 mois quand même
Il m'a alors expliqué qu'il ne rendait pas l'appartement mais juste qu'il ne voulait pas que je reste seule.
Je ne m'étais pas résolu à aller vivre chez ma belle mère, mais devant l'insistance de Rassoul, je ne savais vraiment pas quoi faire ou dire...
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