Part 14
Depuis ma petite discussion/mise au point avec maman Oussey, elle était au petit soin. Je ne comprenais même plus son attitude. J’étais sur mes gardes et à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche je me crispais réfléchissant à une réponse, mais non. Elle était toute douce et toute gentille avec moi. Un moment je me dis que Rassoul avait bien fait de lui parler. Comme elle avait mis un peu d’eau dans son vin j’en fis de même. Avant j’évitais de lui parler et me contentais juste de discuter avec Pa Ablaye. Mais comme elle était gentille, me demandais des nouvelles de ma nouvelle bonne, ca allait mieux entre nous. Un matin, elle m’appelait dans sa chambre et me remit une bouteille avec un liquide noirâtre
- tiens ma fille prend ca. Walay c’est fait uniquement avec des versets de Coran. Dans ton état il faut te protéger du mauvais œil. Quand Kiné était enceinte aussi…
J’essayais de l’interrompre mais elle continuait à parler. Mais qu’est ce qu’elle me raconte cette bonne femme
- mais maman, je ne comprends pas ?
Elle fit la tête de celle qui a tout compris
- ha, ma fille, je suis une vieille. J’ai compris dès que Rassoul est venu me dire que tu es malade. Ca commence comme ca. Moi aussi comme toi, je faisais des baisses de tensions lors de mes grossesses. Mais tout ca c’est normal. Maintenant, il faut aussi se protéger et cette potion m’a été remis par…(elle ne s’arrêtait jamais quand elle était lancée)
J’hésitais entre rire ou lui mettre un foulard dans la bouche pour qu’elle s’arrête de parler. J’attendis patiemment qu’elle finisse
- haa maman, je suis désolée, mais je ne suis pas enceinte. J’avais juste une baisse de tension car j’étais fatiguée entre les cours et le travail chez moi. Mais je ne suis pas enceinte
Je vis son visage se décomposer littéralement et elle fronçait les sourcils
- tu es sure ? Je ne me trompe jamais. Quand je dis qu’une femme est enceinte c’est qu’elle l’est. Je vais te mettre en rapport avec une sage femme qui va te consulter
- maman, moi aussi quand je te dis que je ne suis pas enceinte c’est que je ne suis pas enceinte.
Je lui tendis sa bouteille de potion.
- je te rends ca.
- non non garde la. dit-elle en secouant les mains et en refusant de prendre.
Elle semblait agacée et comme elle ne disait plus rien je suis sortie. J’étais un peu déstabilisée par tout ca. Elle espérait vraiment que je sois enceinte et c’était peut être la raison pour laquelle elle s’est radoucie avec moi.
Le soir j’expliquais à Rassoul mon entretien avec sa mère et cela le fit rire un bon moment. Ensuite, il m’enlaçait tendrement et me murmurait
- il serait peut être temps que tu arrête de boire tes pilules. Moi aussi j’aimerais que tu tombe enceinte.
Je souris et ne répondais rien. Ils voulaient me mettre la pression. Je ne trouvais rien à lui dire. Finalement, je lui assurais que j’arrêterais bientôt. Et pourtant on en avait parlé et on était tombé d’accord sur ce point. Mais je compris à ce moment qu’il tenait vraiment à avoir un enfant et je m’en voulus un peu d’être aussi égoïste. Et je lui promis d’arrêter les pilules. Avec certes un peu de regrets et d’appréhension, mais je le lui promis quand même. Il était tellement content qu’il faisait plaisir à voir. Même si il n’y avait aucun effet pour le soir même, il entreprit quand même d’essayer de faire un bébé.
Mon mariage civil fut aussi célébré le 30 Décembre à la mairie. C’était une cérémonie très sobre et très rapide. Il y avait Adja et Ibrahima comme mes témoins. Rassoul était magnifique avec un superbe costume et moi j’avais juste mis une robe noire toute simple agrémenté de bijoux et d’un foulard. Comme témoin, il avait fait appel à un de ses amis Bachir qui était aussi médecin et le mari de Kiné, Jules. Après la cérémonie, on est tous allé manger à la maison et j’avais demandé à Astou de préparer un bon repas. C’était une belle journée et je me sentais heureuse et épanouie. Rassoul m’aimait beaucoup et je ne pouvais espérer plus.
Le 31 Décembre de cette année, on se rendit dans un restaurant très classe avec un orchestre. Avant cela, on était passé chez maman Oussey pour leur souhaiter la bonne année et Pa Ablaye était parti à Thiès chez sa deuxième épouse. Quand il n’était pas à la maison, je me sentais un peu dépaysée et perdue. Surtout qu’il y avait Kiné et son mari et toutes les sœurs dans le salon. Je ne voulais pas trop participer à la discussion et me contentais de sourire. Avec Kiné et Maman Oussey dans la même pièce je préférais me méfier. Je passais quand même une bonne soirée avec Adja et son copain et un autre ami de Rassoul, Bachir qui était avec sa femme. La soirée s’est terminée très tard et le lendemain on a dormi presque toute la journée. En fin d’après midi, Rassoul ma demandé de préparer mes affaires car on devait aller à la maison de Toubab Dialaw. Je ne pouvais tenir en place tellement j’étais contente. Il disait que puisqu’on vient encore de se marier, on doit avoir encore une lune de miel.
Cette fois, je savourais pleinement ma lune de miel. Malheureusement, il faisait trop froid pour qu’on puisse profiter de la piscine et Rassoul qui essayait de jouer au petit guerrier est sorti congelé. Il ne parlait plus tellement il tremblait et il a fallu que je coule un bain bien chaud pour qu’il retrouve un peu de vie. Je riais à en avoir des crampes. Ensuite, c’était surtout le lit qui l’intéressait. Pour les couples, c’est toujours bon de changer d’environnement pour faire l’amour. Ca donne des idées et ca raffermit les liens. Bien sur, moi je le laissais faire, même si je ne ressentais pas toujours beaucoup de plaisir à l’acte. Mais il savait bien me satisfaire durant les préliminaires et prenait son temps à explorer chaque millimètre de mon corps avec sa langue, ses mains. C’était excitant, et parfois je le suppliais de laisser tomber tellement les sensations étaient intenses. Bon, même si la pénétration et l’acte était encore un peu douloureux pour moi, je n’en fis pas cas et après tout j’étais satisfaite.
On a aussi beaucoup discuté et il me fit comprendre qu’avoir un bébé avec moi serait l’aboutissement de ses rêves. Et comme l’environnement était tout simplement magnifique, on repartait de là beaucoup plus amoureux et plus complice. Je l’aimais vraiment et je priais pour qu’aucune ombre ne vienne perturber ce beau tableau.
A mon retour les cours avaient commencé et Rassoul aussi avait un rythme effréné. Dans la semaine, il pouvait être de garde la nuit jusqu’à 3 fois. Au début, c’était un peu difficile, mais je m’habituais. Il voulait que Sokhna vienne passer la nuit avec moi, mais je refusais et c’est Astou qui restait pour passer la nuit quand il n’était pas la. Je repris mon rythme et je trouvais aussi le temps surtout le weekend d’aller rendre visite à mon oncle et à tata Fatou, la maman de Coumba. Cette dernière avait promis de venir en vacance durant l’été et j’en étais toute contente.
J’avais promis de ne pas parler à mon cousin Ibrahima, mais je ne tenais pas ; un jour je suis allé le trouver dans son magasin et après les salutations, je lui ai demandé pourquoi il est allé raconter du n’importe quoi sur moi. Il ne savait pas trop quoi dire et se mit à nier tout. Il disait qu’il ne pensait que du bien de moi. Je savais que ma mère ne racontais pas d’histoire et après je lui dis quand même ce que je pensais et il le prit très mal. Mais je me sentais soulagée car j’avais cela en travers de la gorge. En partant, il me demandait si j’avais des nouvelles de tata Fanta et je lui dis que non. Il m’informait qu’elle passait le voir et lui demandais souvent de mes nouvelles. Je ne voulus pas croire ce qu’il disait et partait sans rien demander de plus.
Je passais par la même occasion voir mon frère et sa femme. Sa grossesse avançait et elle allait à tous ses rendez vous. Elle me dit qu’Ibrahima voulait qu’elle retourne en Guinée mais qu’elle n’était pas disposée à le faire. Je lui promis d’en parler à son mari et lui recommandait de bien se reposer. Les femmes en état de grossesse m’intriguaient et je me demandais comment elle faisait pour gérer cela. Ca me semblait tellement bizarre et j’appréhendais vraiment cette situation. Je ne savais pas si je pourrais supporter un être qui bougerait dans mon ventre, grandirait en moi. J’avais dit à Rassoul que j’avais arrêté la pilule, mais j’étais trop angoissée et au bout d’une semaine, j’ai racheté la boite et j’ai recommencé à boire en le cachant à Rassoul. J’avais trop peur et ne me sentais vraiment pas prête. J’avais quand même décidé d’arrêter à la fin de l’année scolaire et espérait vraiment que Rassoul ne le découvre jamais. Encore juste 5 mois et je serais prête. J’avais trop de cours, trop d’examens pour gérer une grossesse.
Je faisais mes cours normalement et quand Rassoul passait la nuit à la maison je dormais peu. Je prenais aussi du temps pour m’occuper de moi. Chaque semaine j’allais au salon pour des tresses et des soins du visage et Rassoul adorait cela. Il aimait que je prenne soin de moi et je le faisais surtout pour lui faire plaisir. Les hommes sont parfois bizarres et aiment fantasmer sur des détails. Quand je rentrais du salon, il me regardait avec un air coquin et me demandais
- tu as fait ca pour moi.
Il venait alors se coller à moi et commençait à m’embrasser et quand Astou était la, elle allait se cacher pour ne pas voir ca. Et quand il ne tenait plus, il demandait à Astou d’aller faire une course à score liberté, un supermarché assez éloigné tout en étant sur qu’elle durerait suffisamment pour pouvoir faire ce qu’il avait envie de faire. Ca me faisait rire, mais en même temps, mes coiffures ne tenaient pas très longtemps à cause des douches. Mais bon, je n’y pouvais rien aussi.
Je m’épanouissais dans mon couple et malgré de temps en temps de petites bouderies la plupart du temps du au fait qu’il bossait trop et qu’il me laissait souvent seule, je n’avais rien à lui reproché. Chaque semaine il me remettait de l’argent pour mes transports et autres besoins et chaque fin de mois, on partait ensemble faire les courses. Ne rigolez pas, mais on partait ensemble acheter du poisson, de la viande et tout les autres nécessaires. Sans que je ne lui demande, il remettait aussi l’argent d’Astou et me donnait aussi de l’argent pour que j’envoie à ma mère. Je refusais, mais il insistait et parfois je me disais que j’avais vraiment de la chance d’avoir un homme comme ca. Je ne manquais de rien, mais je voulais quand même travailler rapidement et être un peu autonome. Tout ce qu’il me demandait c’est d’être souple avec sa mère. Il n’était pas vraiment convaincu que sa mère ne me faisait pas de cadeaux mais ne voulait plus de problème donc pour aussi lui faire plaisir, j’évitais la plupart du temps de lui répondre.
Maman Oussey, bien sur, faisait encore des siennes, mais je ne disais rien et l’évitais au maximum. De toute façon, si ca dépassait les bornes, j’étais quand même prête à répliquer et n’eut été Pa Ablaye, je crois que je ne viendrais là bas que très rarement. En plus, depuis ma petite mise au point avec une des jumelles les deux me faisaient la tête. Et encore, je ne l’ai su que très tard. Donc, elles ont du me montrer de toutes les façons qu’elles sont fâché contre moi et comme je ne les ais jamais vraiment intégrée dans mon environnement car elles sont toujours enfermées dans leur chambre et qu’on ne parle pas beaucoup en temps normal, il a fallu que Sokhna me demande ce qui s’est passé avec les jumelles. Et encore j’ai du réfléchir un moment pour me souvenir du petit accrochage et je le lui ai expliqué en rigolant. Elle m’a alors expliqué pleins de problèmes disant qu’elles étaient indisciplinées et que la maman prenait souvent leur défense. Comme d’habitude, je n’ai pas préféré m’étendre sur le sujet. Même si Sokhna était quand même plus proche de moi. Elle me confiait ses soucis, me parlait de son petit copain et de leur problèmes et je la conseillais du mieux que je pouvais.
Au mois d’Avril, la grande famille Diop devait organiser un grand tour de famille et cette fois c’était maman Oussey qui était de tour. Toute la famille avait cotisé et c’était un grand évènement. J’avais dit à maman Oussey que c’était moi qui m’occuperait de tout ce qui était boisson pour la soutenir. Elle en fut contente et quand j’en parlais à Rassoul, il me remit de l’argent pour que je prépare les jus et j’ai appelé Adja pour m’aider à les préparer et les mettre en bouteille. Le jour du tour, je suis allé tôt le matin avec Astou pour les aider et il y avait déjà suffisamment de mains. Kiné est venue assez tard accompagnée de ma première ndjeuké Anta, la cousine de Rassoul. Comme d’habitude, elles me saluèrent assez froidement et je leur répondis sur le même ton. Rassoul est arrivée vers midi et dès qu’Anta l’a vue, elle a crié son nom et l’a enlacé
- mon Rassou chérie, comme tu m’as manqué s’écria t’elle en déposant un bisou sonore sur sa joue.
J’étais juste à coté et j’ai relevé la tête. Rassoul ne m’avait pas vu, mais Kiné m’observais quand elle s’est élancé vers lui.
- chérie boy, mais c’est toi qui m’as abandonné. Tu as peur de Diouldé et c’est la raison pour laquelle je ne te vois plus, répondis Rassoul qui accentuais son étreinte.
Je ne bougeais pas et me contentais de regarder. Kiné qui était dans les parages mis son grain de sel
- ahh on dit que les cousins sont faits pour les cousines. Donc considère-le comme ton mari
Les autres cousins se mirent à charrier tandis que Rassoul rigolait. Il s’est retourné à cet instant et m’a aperçu. Il s’est automatiquement détaché d’Anta et s’est dirigé vers moi.
- salut chérie. Tu dois être fatiguée
J’avais un peu bloquée à la vue de la petite scène et ne savais pas trop quoi lui dire. Je me contentais de lui sourire et lui assurais qua ca allait. Mais en fait j’étais complètement déboussolée et je fis comme si de rien n’était. Il y avait beaucoup de monde et je fis la connaissance des demi-frères et sœurs de Rassoul. L’autre femme de Pa Ablaye avait 2 fils et une fille. Le plus grand Ousmane Diop avait mon âge et était vraiment sympathique et très drôle. Il trouvait une blague pour tout et on ne s’ennuyait pas avec lui. On s’entendit aussitôt et il avait toute la gentillesse de son père. Son petit frère Abdou était plus réservé et tandis que la dernière était encore une ado très timide. Ils s’entendaient bien avec maman Oussey qui semblait vraiment les avoir adoptés.
Le petit frère de Pa Ablaye, tonton Cheikh était aussi venu avec ses enfants et d’autres membres de la famille. L’ambiance était bonne et le repas était exquis. Mais j’étais un peu fatiguée pour bien manger et puis j’avais l’impression d’avoir encore une chute de tension car je ne me sentais pas bien. En plus Anta était toujours collée à Rassoul et ne cessait pour la moindre occasion de le toucher, sous les encouragements de Kiné. Je ne disais rien et regardais Rassoul qui un moment était gêné. Juste après le repas, j’ai demandé à Astou d’aller avec sokhna chercher les bouteilles de jus.
A son retour j’ai commencé à servir et je donnais un verre à chacun. Je tendis une tasse à Kiné et après une seconde d’hésitation prit le verre. Comme d’habitude, elle me snobait, mais je n’en faisais plus ca et moi aussi, l’ignorais totalement
- d’où vient ce jus, demanda t’elle en regardant le verre de bissap comme si c’était du poison
Je ne répondais pas et c’est Sokhna qui lui dit que c’était moi qui avait préparé cela.
Au lieu de boire, elle reposait le verre sur le plateau et se tournait vers Anta pour parler d’autre chose. Celle-ci aussi avait reposé son verre sans y toucher. Je ne fis aucune remarque et continuais à discuter avec Pa Ablaye.
- toi Kiné pourquoi tu ne bois pas ton verre de jus.
Je me retournais. C’était Rassoul qui lui posait la question car il n’avait rien perdu de la scène. J’aurais préféré qu’il ne dise rien car son comportement me foutait au pole nord.
- est ce que boire c’est forcé répondit-elle avec dédain.
Je regardais Rassoul pour qu’il ne dise plus rien, mais il était déjà lancé
- c’est quoi ton problème avec Diouldé ?
Il régnait un moment un silence et kiné s’est levé
- toi tu me parle sur un autre ton.
Elle a alors pris le verre de jus et l’a renversée d’un coup
- j’ai le droit de dire que je ne bois pas ce jus. Ou en est ton problème.
Mon cœur battait vite et j’avais peur que ca ne dégénère.
- arrêtez tout de suite vos bavardages inutiles, les interrompit Pa Ablaye sur un ton sans réplique. Kiné c’est quoi cette façon de parler ?
Le vieux était vraiment énervé et bien sur ca aurait été trop beau que ca se finisse sans que Maman Oussey ne rajoute son grain de sel
- Bisimillah. Il n’y a jamais eu de dispute dans cette maison. Que Dieu nous préserve de Satan.
- MAMAN s’était écrié Rassoul qui semblait vraiment choqué par ses paroles. Mais arrêtez à la fin.
- Arrêter quoi ? Repris Kiné. Maye gnou sougnou diame (Toi fous nous la paix). Ici on est à Dakar, tout se sait. Kou dèfe rek sa dossier mou ngi né fanngue
Elle parlait en faisant des manières et en me regardant. J’eus un moment ou mon cœur s’est arrêté de battre et un moment de vide. Je n’arrivais plus à penser et d’un coup, il a régné un silence dans la pièce qui pour moi a duré une éternité.
- qu’est ce que tu veux dire par là Kiné ? Demandais Rassoul en fronçant les sourcils et en s’approchant de Kiné
Toute la famille était la et tout le monde écoutait leur échange. Je me levais et tint le bras de Rassoul
- Rassoul laisse tomber s’il te plait
Il tira son bras et se tournait vers moi
- non, qu’elle dise ce qu’elle a envie de dire. Je commence à en avoir marre de tout ca…
- mais j’ai dit que ca suffit, s’est à nouveau écrié Pa Ablaye en se levant d’un coup du fauteuil. Il tremblait de fureur et avait du mal à parler.
- Rassoul Kiné, taisez vous tous les deux continua t’il toujours en colère
Maman Oussey avait pris Kiné et la tirait et l’amenais tandis que je voyais tonton Cheikh saisir Pa Ablay et lui parler pour qu’il se calme. Il s’est ensuite tourné vers Rassoul pour lui demander de se calmer aussi.
J’avais l’impression d’être dans un mauvais cauchemar et d’un coup tout le monde se mit à parler en même temps. Presque toutes les filles se sont levées et ont suivies maman Oussey et Kiné dans la chambre tandis que je tenais toujours le bras de Rassoul et ne savais plus quoi faire. Et ces vertiges. Mes jambes ne tenaient plus. Et toute cette cacophonie. Je ne comprenais pas.
Je regardais Rassoul qui était encore énervé et grinçait les dents. Je le lâchais et sans un mot, allait prendre mon sac. Je l’avais laissé dans la chambre de maman Oussey et en approchant je les entendais parler de moi
- Elle sortait avec le mari de sa tante et c’est quand sa tante a tout découvert qu’elle l’a chassé de chez elle
C’était Kiné qui expliquait cela à Anta qui se tenait la bouche en écoutant. Maman Oussey m’avait aperçue qui m’approchais par la fenêtre et d’un coup a changé de visage et s’est mis à l’arrêter.
- aye Kiné, aaye Kiné
Je suis entrée dans la chambre et sans un mot pour personne, j’ai pris mon sac. Et suis sortie.
J’avais les larmes aux yeux, mais je ne voulais pas pleurer. J’étais trop bouleversée pour répliquer quoi que ce soit. Je ne comprenais pas comment tout ceci à pu se passer. Je suis sorti et j’ai marché pour aller chez moi. Arrivée devant, je me suis rendue compte que mes clés étaient avec Astou et e me suis assise au pas de la poste complètement prostrée et la tête vide.
Je me doutais bien qu’elle savait quelque chose à propos de maman Fanta, mais j’étais loin d’imaginer qu’elle comptait s’en servir comme ca contre moi. Mon dieu quand est ce que j'aurais la paix dans cette famille?
- Diouldé ? Lève-toi
C’était Rassoul qui venait d’arriver et dès que je le vis, mes larmes se sont mises à couler. Je les essuyais frénétiquement et me levais. Mais sans trop comprendre ce qui s’est passé ce fut le trou noir. Je me réveillais dans mon lit et toute seule dans la chambre. Il faisait nuit dehors et en regardant la montre, il était 20 heures. J’essayais de me souvenir de ce qui s’est passé et voulut un moment que tout cela soit juste un mauvais rêve. Mais je dis me rendre à l’évidence. Il y a bien eu un petit incident devant toute la famille Diop et tout tournait autour de moi. A ce moment Rassoul entrait dans la chambre et se dirigeait vers moi.
- bébé tu es réveillée ? Tu as fait un malaise et je dois te prendre ta tension.
Il se relevait et prit le tensiomètre et vérifiais en silence
- c’est bien ca elle est très basse. Tu as trop travaillée à la maison.
Je le regardais mais il gardais la tête baissée et semblait éviter mon regard.
- je vais à la pharmacie te prendre des médicaments.
J’avais le cœur gros et ne comprenais pas sa réaction. Il était au courant de tout cela. Il savait tout ce qui s’était passé avec maman Fanta et tonton Farah. Avant qu’il ne sorte, je l’appelais
- Rassoul
Il s’est arrêté, la main sur la poignée
- hum
Je ne savais pas quoi lui dire. Par ou commencer. Pourquoi il réagissait comme ca.
Avant que je ne dise autre chose il était déjà sorti me laissant dans un doute et une détresse incommensurable.
A son retour, il m’avait juste donné les médicaments et était sorti. Je n’avais pas insisté et me suis recouchée sans un mot. En essayant de me lever plus tard, j’avais encore des vertiges et ne tenais pas trop. Je me suis donc recouchée et le lendemain matin, qui tombait un dimanche, il s’est levé très tôt et est parti au sport comme chaque dimanche. Je ne comprenais pas pourquoi il s’enfermait dans ce silence, pourquoi il ne me parlait pas.
Comme Astou ne devait pas venir ce dimanche, malgré que je me sente vraiment faible, je me levais et me douchais. je mis une belle robe que Rassoul appréciait particulièrement et je m’assis au salon pour l’attendre. Il fallait qu’on discute. Je ne voulais pas laisser pourrir cette situation. On sonnait à la porte et je pensais que c’était Rassoul, mais j’ai été surprise de voir Sokhna. Elle était un peu gênée et ne disait rien. Je la fis entrer et on s’installait au salon.
- ca va Sokhna ? tu vas bien ? demandais-je pour briser la glace car je voyais qu’elle était ne savait pas trop quoi dire
- akh, je ne vais pas trop bien Diouldé.
Elle hésitait un peu et me regardait
- je tenais à venir ici te parler. Je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé hier au tour. Vraiment. Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis gênée. J’ai honte pour tout. Et je ne veux pas que tu penses que je suis d’accord avec ce que Kiné a fait. Tu n’a rien fait dans la famille pour qu’on te traite ainsi.
Elle avait les larmes aux yeux et je le sentais vraiment touchée. Je ne dis rien et lui pris les mains et les serrais.
- ce n’est rien Sokhna. Je te jure que ce n’est pas grave. Je sais que tu n’y es pour rien. Tu as toujours été très gentille avec moi, et Dieu n’est témoin que je ne t’en veux pas.
Elle était touchée et se leva brusquement pour prendre congé en me promettant de repasser. Elle avait les larmes aux yeux et est parti rapidement. J’étais encore à la porte quand Rassoul est arrivée.
- que faisait Sokhna ici ? demanda t-il en fronçant les sourcils
Je le regardais sans rien dire et lui simplement d’entrer. Il se dirigeait vers la chambre en me demandant si je me sentais mieux.
- je voudrais juste te parler lui lançais je avant qu’il n’entre dans les toilettes pour se laver.
Il me regardait un moment et me demandait d’attendre 5 minutes.
A sa sortie il s’assit sur le lit en face de moi et me regardais en s’essuyant.
- tu as fini ? Demandais-je
- oui. Tu voulais me parler ? me répondis-t-il de manière désinvolte. Trop désinvolte à mon gout.
- Rassoul tu es fâché contre moi ?
Il sursauta un peu et me regardais fixement
- tu rigoles ?
Il se tut un moment et baissais à nouveau la tête. A ce moment j’étais en panique et appréhendais ce qu’il allait me dire
- Diouldé, si tu savais à quel point j’ai honte. Pas de toi bien sur, mais de ma sœur, de ma famille. Je ne peux pas comprendre ce niveau de bassesse.
Il secouait la tête.
- non je ne peux pas comprendre. Je pensais que si j’amenais ma femme, elle devait l’adopter, l’aimer, ne serais ce que par amour pour moi. mais non. Je me retrouve tout le temps à devoir me mettre entre ma femme et ma famille, à devoir supporter les critiques à ton encontre.
J’eus un petit mouvement. Donc elle ne critiquait devant Rassoul. Et lui ne m’a jamais rien dit.
- qu’est ce qu’elles disent ?
Il me regardait un moment et me prit les mains
- ca n’as aucune importance. Ce que je veux que tu comprennes c’est que je t’aime.
Je m’approchais de lui et posait doucement mes lèvres contre les siennes. Puis me relevais un peu pour le regarder.
- Rassoul toute cette histoire que Kiné veut faire ressurgir c’est du passé pour moi. tu as au courant et c’est ton avis qui m’importe. Je peux tout supporter venant d’elles. Mais c’est toi qui m’importe. Depuis hier, j’ai eu l’impression d’être seule. J’avais cette sensation bizarre que tu m’en voulais car tu ne me parlais pas, tu ne me regardais pas.
Il s’était avancé et me faisait pleins de bisous sur le visage
- ne dis pas ca. Je ne savais pas comment te regarder. Tu n’as rien fait pour mériter ce qui s’est passé hier et en plus devant toute la famille. Je ne savais pas quoi te dire.
J’écartais son visage de mes mains et le regardais.
- je te répète que ce n’est pas grave. Tout ce qui m’importe c’est toi. Ta famille je saurais les gérer et entre nous, n’eut été ton père je n’y mettrais plus les pieds.
Il sourit faiblement et recommençait à m’embrasser, tout en entreprenant de m’enlever la robe.
- arrête, je dois aller préparer à manger.
Il enleva prestement sa serviette et se jeta sur moi.
- j’ai faim, mais pas de manger, me soufflait-il doucement
Il fit l’amour de manière désespéré en me regardant tout le temps. Je sentais en lui une profonde tristesse et je le câlinais pour essayer de le réconforter. Sa position ne devait pas être évidente car il était entre le marteau et l’enclume. Cet après midi, on est sorti pour aller nous promener tranquillement. On en profitait pour parler et un moment alors qu’on était en train de marcher sur la corniche, il me demandait si cette histoire avec maman Fanta me faisait toujours mal. J’hésitais un moment
- Oui. Ca me fait mal car ce qu’elle raconte n’est pas la vérité. Et puis rien n’empechais Kiné de venir m’en parler, de me demander. Au lieu de cela, devant tout le monde, elle se met à me parler mal comme ca. Si je te dis que je m’en fous complètement, c’est faux. Depuis hier, j’ai une boule au fond de la gorge.
J’avais la voix brisée et il s’est arrêté pour me prendre dans ses bras. J’avais enfouie mon visage sous son épaule et me mis à pleurer
- cette histoire me poursuivra toute ma vie. Je n’ai rien fait, et pour tant, elle me pourrit la vie.
- je n’aime pas te voir pleurer. Je t’en supplie. Arrête. Je parlerais à Kiné
- Non, ne fais surtout pas ca. Je te le demande. Ne lui parle pas. Laisse lui raconter ce qu’elle veut.
Il s’écartait un peu pour me regarder
- tu es sure ?
Je hochais la tête et on continuait tranquillement avant de rentrer à la maison. Une fois à la maison, maman Oussey l’a appelé au téléphone et je l’ai entendu lui parler et lui dire qu’il faisait tard et qu’il ne pouvait pas venir pour qu’ils parlent. Il disait qu’il n’était pas fâché mais juste fatigué et qu’il devait se reposer. J’imaginais la tête de maman Oussey et me mis à sourire
Toute la semaine, j’ai évité d’aller là bas et un jour, Pa Ablay m’a appelé au téléphone pour me demander de passer car il voulait me parler. Je ne me sentais vraiment pas bien et même si j’ai promis de venir, dès que je suis rentrée, je me suis couchée et ne me suis réveillé que quand Rassoul est rentré. Il m’a demandé si j’allais bien et je lui ai dit que ces temps ci j’étais vraiment épuisée. Il me prit ma tension et me dit que c’était normal et ne comprenait pas mes fatigues. Un moment, je vis son visage s’illuminer et il s’approcha de moi avec un grand sourire
- tu es peut être enceinte.
Mon cœur fit un grand boum. Je n’osais pas lui dire que non car je prenais mes pilules. Je n’avais certes pas vu mes règles, mais depuis le début, il arrivait qu’ils sautent un ou deux mois. Pour ne pas le décevoir rapidement, je fis l’innocente et lui dit que c’était possible, tout en me disant en mon fort qu’il n’y avait aucune chance. Je lui demandais de m’accompagner chez son père car ce dernier voulait me parler. Je ne voulais pas y aller seule.
- ma fille tu m’as manqué. Dit Pa Ablaye en entendant ma voix. je m’approchais et le serrais fort dans mes bras.
- toi aussi tu m’as manqué Papa.
- pourquoi tu ne viens plus, demandait-il en me serrant fermement les mains.
- j’ai trop de cours et je suis un peu débordée. Mais je pense tout le temps à toi.
On parlait un moment de l’actualité et comme Rassoul était à l’intérieur, il me demanda
- Diouldé, ne suis pas Kiné dans ses délires. C’est ma fille mais elle ne sait pas se tenir
Je souris faiblement
- je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé papa. Je ne voulais pas gâcher votre tour. Avec Kiné ne t’inquiète pas. C’est la grande sœur de Rassoul et je la considère comme telle. Rien ne changera cela.
Je disais cela pour le rassurer mais au fond j’éprouverais une profonde rancœur à son égard. Non, je n’étais pas prête à lui pardonner, mais ca je le gardais pour moi. Un peu plus tard, j’entrais et je trouvais Maman Oussey avec Rassoul au salon en train de discuter. Apparemment la discussion était sérieuse car Rassoul avait les sourcils froncés et semblait agacé. Je me contentais de saluer respectueusement maman Oussey et lui demandais comment elle allait
- je vais bien. Depuis le tour, je suis fatiguée. Ma tension est montée ; je ne supporte pas l’émotion.
Je compatis sans vouloir m’étendre sur le sujet et me levais pour aller voir Sokhna quand elle me retint
- Reste Diouldé, je dois te parler. Ma famille a toujours été unie. Il ne faut pas créer de problème. il y a juste un malentendu entre toi et Kiné. Il faut vous réconcilier et devenir amie. C’est la grande sœur de la famille, il faut la respecter.
Je regardais Rassoul qui ne disait rien. il regardait un point invisible derrière moi et je compris qu’il n’interviendrait pas
- je n’ai aucun problème avec Kiné. Je ne sais pas ce qu’elle ne reproche.
- walay, elle ne te reproche rien. Je t’ai dit qu’elle t’aime. Mais c’est Satan qui s’est mis entre vous. Je vais l’appeler comme ca tu va lui demander pardon.
Je tiquais et me tournais à nouveau vers Rassoul pour le regarder. Mais il ne me regardais toujours pas et ne disait rien. Je me sentais seule à ce moment.
- demander pardon pourquoi ? Qu’est ce que je lui ai fait ?
Elle semblait contrariée et se mit à secouer la tête.
- ne discute pas avec moi. Tu es jeune, tu viens d’arriver. Il faut faire ce qu’on te dit seulement.
- non je suis désolée, je ne demanderais pardon à personne maman. Je ne lui ai rien fait.
Elle se mit alors à crier.
- han c’est ca que tu réponds. Rassoul tu as entendu ce que ta femme vient de me dire. Même ton mari, qui est ton autorité, ton kilifa n’ose pas me répondre comme ca.
Elle se leva et partit de façon théâtrale.
Rassoul leva à ce moment la tête pour me regarder. Il avait un air désolé et semblait vouloir me dire quelque chose mais se ravisa et me demandait qu’on parte.
Cette boule à la gorge. Ce vertige. Il n’avait rien dit. Encore une fois, il avait laissé sa mère faire sans rien dire. Devrais lui en vouloir. Je ne savais même pas. Je commençais à me rendre compte qu’il ne pouvait rien faire contre sa mère. Il était impensable pour lui de la contredire, de lui dire non. En chemin pour rentrer, il me demandait d’attendre devant la pharmacie, mais je n’en avais pas envie et je l’ai devancé. N’ayant pas de clé, je suis restée à l’entré à l’attendre. Une fois à l’intérieur, je suis restée au salon et j’ai allumé la télé
- Diouldé ?
- hum
Je ne pris pas la peine de le regarder
- Ecoute maman Oussey est un peu dépassée par les évènements. Quand tout sera plus calme je lui parlerais
Je souris nerveusement
- Rassoul. je t’assure que c’est pas la peine. Ca va. Je ne lui en veux pas. Ce n’est pas grave je t’assure.
J’essayais d’être convaincante, mais au fond de moi c’était comme un miroir qui se brise. Je venais de me rendre à l’évidence. Rassoul était l’enfant à sa maman. Devant elle, même si je savais qu’il m’aimait beaucoup, je ne faisais pas le poids. Sinon comment comprendre que maman Oussey me demande d’aller m’excuser auprès de Kiné, devant Rassoul et qu’il ne dise rien. J’étais vidée et très triste. Mais je le cachais et essayait tant bien que mal de discuter avec lui.
Avant de dormir, il me montra un test de grossesse et me demandait de le faire demain matin dès le premier pipi. Je le prit en souriant et eut un petit pincement pour l’espoir que je voyait briller au fond de ses yeux. J’étais convaincue que je n’étais pas enceinte. Et puis avec toutes ces tensions, j’étais de plus en plus réticente même à laisser tomber la pilule. Cette nuit, je dormis à peine et ce sentiments de solitude, que je n’avais pas ressenti depuis bien longtemps ressurgit.
Le lendemain, je fis pipi sur le test et le posais sur l’évier avant de prendre ma douche. Ensuite je sortis sans faire attention. Je m’habillais vite de peur que Rassoul parte sans moi. Au moment de sortir il retournait pour voir le test et je m’attendais à une tête d’enterrement mais il déboula de la chambre avec un grand sourire et le test entre les mains
- félicitation Mme Diop, vous attendez un enfant.
Il m’enlaçait et déposait des tonnes de bisous sur mon visage. Il était tellement heureux qu’il ne remarquait pas mon étonnement. Je lui pris le test et regardais. Deux barres bien distinctes. Je n’en croyais pas mes yeux. Mais je prenais la pilule. J’avais juste interrompus cela une semaine, mais après cela je les prenais régulièrement. Je les avais cachés dans un placard de la cuisine au milieu des piments et du poivre. Avant de partir j’eus droit à un baiser intense et un « je t’aime » tout aussi romantique. J’essayais de partager la joie de Rassoul qui tout le chemin souriait sans pouvoir s’arrêter et me jetais des regards remplis d’amour. Tout le chemin, c’était
- ma chérie, je suis l’homme le plus heureux du monde.
- tu viens encore une fois de me combler.
Je l’écoutais d’une oreille distraire et était encore sous le choc. Non j’avoue qu’à cet instant je n’y ai pas cru. Je me disais qu’il y avait une erreur. Il a fallu attendre le lendemain pour que Rassoul, pressé comme il était me prenne un rendez vous avec Mme Gaye. Il était présent et apportait ne disait rien
- alors Mme Diop, c’est vraiment un plaisir de vous revoir.
Elle me demandait l’objet de ma visite. Je lui parlais du test de grossesse positif
- depuis quand n’avez-vous pas vu vos règles.
Je réfléchis un moment et me rendait compte que depuis que le mois de janvier, ils n’étaient pas revenus, mais je le mis sur le compte de la pilule. Ensuite, elle me demandait si j’avais d’autres symptômes. Et non. A part les vertiges et les malaises, je n’avais pas de vomissement et pas de nausées. Je lui dis tout ca et espérait entendre de sa bouche que ce n’était pas une grossesse. Mais rien ne vint. Elle nota tout ca et me demandais de me déshabiller et de monter sur la table. Je pensais que c’était une visite comme celle que j’avais eu à faire, mais je sursautais au contact de ses doigts qui s’incrustaient en moi. Je me crispais et refermais les cuisses. Elle me parla doucement et me dis que ca se passait comme ca et que je devais la laisser faire. Je n’en savais rien. Je me relâchais difficilement car c’était vraiment désagréable. Au bout de quelques secondes d’exploration au fond de moi, elle se releva et enlevait ses gants
- vous êtes à presque 12 semaines et apparemment tout se passe bien.
J’apercu Rassoul qui affichait un grand sourire. Je voulais me lever, mais elle me demandait de rester allongé car elle voulait faire une échographie. Elle mit un liquide froid sur mon ventre et y posa l’appareil. Au début, je m’entendais rien et tout à coup des battements. Rassoul s’était approché et regardait l’écran.
Je ne sais pas pour les autres, mais la première fois que j’ai entendus les battements du cœur de mon enfant, j’ai ressenti une peur bleue. Inexplicable. Je voyais à l’écran un petit truc étrange avec des amorces de pieds, de mains et j’avais du mal à croire que cette chose grandissait en moi. J’en fus vraiment bouleversée et sans m’en rendre compte des larmes coulaient. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. Rassoul me tenait la main et je voyais qu’il était bouleversé également et je l’entendis murmurer un « mon Dieu » et poser ses mains sur sa tête. Mme Gaye souris à lui demandais de se calmer. Cette fois ci je devais me rendre à l’évidence. Il y avait bien un enfant qui grandissait en moi.
Je me levais et m’habillais et rejoignit Rassoul. Mme Gaye était en train de remplir un carnet et me demandais depuis quand j’avais arrêté les pilules. Je ne pouvais lui dire que je ne l’’avais pas arrêté devant Rassoul et c’est ce dernier qui répondais à ma place.
- depuis la fin de l’année.
Ca c’était la version officielle. Elle me prescrivait aussi des analyses à faire et des médicaments à prendre pour la tension et les malaises. Je le remerciais chaleureusement. Rassoul devait retourner au boulot, mais il me raccompagnait d’abord à la maison. Mes anciens démons resurgissaient. J’avais envie qu’il me laisse seul pour que je plonge dans mes pensées. Mais il n’était pas pressé de partir. Il était trop heureux et débordait d’amour pour moi. je le laissais me câliner, me border, m’embrasser. Mais finalement, il est parti.
Les femmes qui viennent d’apprendre qu’elles sont enceintes sont heureuses, mais moi je plongeais dans une petite déprime. Je me mis à pleurer sans vraiment savoir pourquoi. Astou qui était dans la cuisine avait entendu mes sanglots et était accourue pour voir. Je n’avais aucune explication à lui donner sur mon mal être et même moi je ne savais pas trop pourquoi je pleurais.
Et puis ca devait être aussi psychologique, mais dès le soir du jour où on m’a confirmé ma grossesse, je commençais à avoir des nausées et à vomir. Incroyable non. Je ne savais pas pourquoi et plus bizarre encore, mon ventre avait poussé d’un coup. Dès que rassoul arrivait, il me faisait me coucher et soulevait mon chemisier pour poser son oreille sur mon ventre. Il était trop heureux, trop transcendé pour remarquer mon mal être et je faisais tout pour ne pas lui montrer. Seule Adja avait remarqué que je n’allais pas bien et un jour, une semaine peut être après l’annonce de la nouvelle, je le lui dis. Elle aussi était tellement contente pour moi que j’en déprimais encore plus. Pourquoi je ne ressentais pas cette joie folle. Pourquoi je n’arrivais pas à accepter mon état et à me réjouir de la venue de cet enfant.
- mais pourquoi tu pleure comme ca Diouldé ? tu n’es pas contente d’avoir un bébé ?
J’essuyais frénétiquement mes larmes et essayait de me calmer
- je ne sais même pas Adja. Je ne comprends pas. Je continuais à prendre la pilule donc je ne m’attendais pas à tomber enceinte. Mais je ne sais pas pourquoi je pleure comme ca.
Elle se mit à rire, mais d’un rire tellement contagieux que je ne pus à travers mes larmes me mettre à sourire aussi
- vraiment, toi tu dois être dépressive. Tu es mariée, tu as un mari magnifique qui t’aime comme un fou, tu ne manque de rien. Tu es enceinte et tu pleure ? Y’a un boulon qui te manque. Tu te rends compte de la chance que tu as ?
Elle se mit à me sermonner un bon moment. Je lui expliquais aussi mes craintes en lui disant que j’ai eu une enfance de rêve mais une adolescence un peu tourmentée et tout ceci me remontait à la tête. En un mot j’avais peur.
Les cours avait repris et comme on n’avait pas fini de parler, on est sorti pour aller nous installer dans un coin de la cour de l’école. Ce jour la je me suis soulagée en lui racontant ma vie, mon parcours, Maman Fanta, Malik, Rama, tonton Farah. Elle passait des rires aux larmes et parfois je devais m’arrêter pour la réconforter. Ensuite, je me mis à lui expliquer les petites misères de maman Oussey et mon problème avec Kiné et ensuite cette grossesse.
- je sais que j’ai beaucoup de chance d’avoir un mari comme Rassoul qui m’aime et me donne tout ce dont j’ai besoin, mais je sais aussi les limites de tout ca. Il ne peut rien refuser à sa mère. Et moi aussi je ne veux pas passer mon temps à tirailler et lui demander de trancher entre moi et sa mère. Je sais que je ne sortirais pas toujours vainqueur dans cette histoire.
Elle m’écoutait jugeais que je devais le mettre devant ses responsabilités et qu’il était hors de question que j’aille présenter une quelconque excuse à Kiné.
Après ma discussion avec elle, je me sentais mieux et un peu soulagée. Au lieu de rentrer, je filais au salon me faire toute belle et j’allais à la maison pour attendre mon mari après lui avoir concocté un bon diner. Je n’ai même pas accepté qu’il me touche prétextant toujours un petit malaise, même si je savais qu’il avait comme toujours très envie de moi. Ces derniers temps je ne me suis pas occupé de lui plongée dans une petite dépression. Je savais que ce n’était pas fini mais je voulais remonter la pente et me ressaisir. Rassoul rentrait et fut très content de me voir avec une nouvelle coiffure et il me prit tendrement dans ses bras pour encore me manifester toute sa joie de m’avoir à ses cotés. Après le diner, je mis une minuscule nuisette et entrepris de lui masser le dos. Il en profitait pour me dire que ca faisais un bon bout de temps que je ne m’étais pas occupé de lui. Cette fois c’est moi qui pris l’initiative de le séduire et de l’embrasser partout. Il gémissait et haletait mais je continuais toujours touchant et embrassant chaque millimètre de son corps. Quand il fut sur le point d’exploser, il me fit basculer et me dit que c’était son tour de se venger. Et le châtiment fut bestial et sensuel à la fois. Après ses moments d’intimité, il me serrait bien fort dans ses bras et me soufflait qu’il m’aime
- dis moi bébé commençais je doucement. Si la tension entre les membres de ta famille et moi se corsait, et que tu aie à faire un choix, tu me demanderais de partir ?
Il me fit me retourner pour lui faire face. Tous nos corps se touchaient et je sentais son cœur battre contre ma poitrine. Il m regardait ou plutôt me sondait du regard. Il fronçait les sourcils et pour la première fois depuis des jours il semblait voir ma tristesse, pour la première fois depuis des jours, il regardait autre chose que mon ventre ; pour la première fois depuis des jours, il voyait ma détresse
- tu sais que je t’aime non ?
Je hochais la tête, les yeux remplies de larmes
- pourquoi tu demande ca alors ? les évènements des derniers jours peuvent t’amener à penser que je ne te supporte pas. Mais ma chérie, c’est toi qui chaque jour voit que je suis fatigué, c’est toi à qui je raconte mes moindres soucis, c’est toi qui me réconforte quand ca ne vas pas. Tu es ma moitié, mon tout. Jamais je ne te demanderais te partir. Tu as compris
Mes larmes coulaient et il les essuyait tendrement en me rassurant du mieux qu’il pouvait. Malgré le beau discours, j’avais encore cette appréhension de l’avenir et m’empêchait de savourer pleinement ma grossesse
Après cette nuit, Rassoul a du comprendre que ca n’allait vraiment pas et dès le weekend, on est allé dans notre havre de paix à Toubab Dialaw. J’en avais besoin car je sentais que je sombrais dans un gouffre de tristesse indescriptible et vraiment sans comprendre pourquoi. Une fois l0 bas, la pression baissa d’un coup. Je respirais l’air frais et je profitais de mon mari. Malgré tout j’éprouvais un amour immense pour lui. Il était ma bouée, et quand je voyais qu’il changeait un peu de comportement, je me sentais perdue. J’étais trop dépendante affectueusement de lui peut être. Depuis notre mariage, je ressentais un trop plein d’émotion à son égard. Dès que j’entendais sa voiture se garer, sans le vouloir, je commençais à sourire et m’empresser de me blottir dans ses bras dès qu’il ouvrait la porte. J’adorais le regarder manger, rire, me regarder. J’adorais ses fossettes quand il riait, ses grands yeux noirs quand ils brillaient de désir. Je l’aimais plus que je ne le pensais. Je pensais que je ne ressentirais plus ce genre de chose depuis Demba. En tout cas, je profitais de notre petit weekend et cette fois, je plongeais dans la piscine et m’accrochais à Rassoul car je ne savais pas nager. C’était trop bon et j’en oubliais un moment maman Oussey, Kiné, maman Fanta et tout le monde. Je voulais juste profiter de l’instant présent. Rassoul faisait pleins de plans pour notre vie à trois et me parlait d’une maison qu’il voulait acheter. J’en fus toute contente et l’encourageais à investir. C’est un de ses collègues qui avait décidé de rentrer au Maroc qui voulait lui vendre sa maison. Il n’était pas encore allé visiter et voulait le faire avec moi. je lui sautais au cou rien qu’à la perspective de devoir m’éloigner de maman Oussey et ceci me donnait un peu de courage pour la suite.
Juste après le weekend, j’appelais ma mère pour la mettre au courant de mon état et elle se mit à prier pour moi. Elle me demandait si je voulais qu’elle vienne pour m’aider, mais je lui répondais que ce n’était pas la peine et que Rassoul est médecin et qu’en cas de problème il saurait quoi faire. Elle était un peu inquiète mais je la rassurais au maximum et finalement elle se mit à m’appeler chaque semaine pour voir comment j’allais. J’avais repris ma vie assez normalement sauf que je ratais pas mal de cours à cause de mes malaises. Les 3 premiers mois étaient passés sans que je ne sache que j’étais enceinte et la gynéco m’avait dit que le pire était dépassé. Les nausées ont persisté juste quelques semaines mais après c’était ce mal être qui revenait, ces doutes, cette tristesse que j’essayais de dissimuler à Rassoul pour ne pas l’inquiéter. Mais parfois, il remarquait que j’avais pleuré et me demandais pourquoi j’étais dans cet état. Un jour, il en eut un peu marre
- mais Diouldé qu’est ce qui ne va pas. Je ne te comprends pas. Tu as une mine d’enterrement ; je fais tout pour te rendre la vie facile, mais parfois j’ai envie de baisser les bras.
A ce moment, je crois que je cherchais une raison pour pleurer et il m’en a offert une sur un plateau d’argent. Je me mis à pleurer sans pouvoir m’arrêter. Astou était la et il lui demandait de m’apporter de l’eau. Cette dernière, la mégère en profita pour lui dire que depuis quelques semaines, je passe mon temps à pleurer sans raison. Elle rajoutait que même quand je regardais des films j’étais en larmes. Rassoul eut un moment un peu peur. Et s’agenouillait devant moi en essayant de me calmer.
- wa pardon, je ne te dirais plus rien ma chérie. Pardon. Dis-moi ce que tu veux ? Une glace ? Des brochettes ? De l’argile ?
Cette dernière proposition me fit rire. J’en achetais en cachette et il les jetait systématiquement en me menaçant et en disant que j’étais en train d’empoisonner son fils. Et maintenant parce que je me mets à pleurer, il m’en propose. Au début, il ne savait pas que je riais et continuait à me réconforter. Il devait vraiment être désespéré pour me proposer ca. Quand il s’est rendu compte que je rigolais franchement, il m’a repoussé et s’est exclamé mi-agacé, mi-amusé
- toi tu es complètement folle.
C’est vrai que j’avais des sautes d’humeur que j’arrivais difficilement à contrôler mais la plupart du temps ca allait quand même.
J’arrivais tant bien que mal à suivre mes cours et à passer mes examens normalement. Mes camarades de classe ne savaient pas que j’étais enceinte. Depuis que j’étais mariée, ils ne cessaient de m’épier et de me taquiner. Donc le jour où j’ai fais un petit malaise en classe, c’était le point de départ de toutes sortes de commentaires. Comme mon ventre n’était pas encore sorti, je les laissais dans le doute. Seule Adja était au courant et dès qu’on était seule, elle ne pouvait se retenir de me toucher le ventre.
Il y avait aussi Sokhna qui savait. Comme elle venait souvent me rendre visite malgré mes malentendus avec sa mère, un jour, alors qu’on discutait dans le salon, j’ai eus des nausées et je suis allé vomir et à mon retour, elle s’est mise à me taquiner. Je n’avais pas envie de lui cacher ca, mais je lui fis promettre de ne rien dire à sa mère. On évitait soigneusement de parler de maman Oussey et de Kiné. Je demandais quand même des nouvelles de Pa Ablay.
Je n’avais pas vraiment conscience de mon état. Il a fallu attendre les 5 mois pour que le bébé commence à bouger. Au début je croyais que j’étais ballonnée, car j’avais cette impression d’air qui bouge dans le ventre. Et puis un jour, alors que j’étais couché, un petit coup. Je n’ai pas voulu y croire et j’ai arrêté ma respiration. Et toc et autre coup. J’ai failli tomber en syncope tellement je bloquais ma respiration pour percevoir un autre. C’était pour moi le début de mon histoire d’amour avec mon enfant. C’était maintenant clair. Il y avait quelqu’un dans mon ventre. Plus ca poussait, plus on était en symbiose. Vous allez croire que j’étais folle, mais cet enfant comprenait ce que je lui disais dans le ventre. Dès que je posais ma main sur mon ventre, il donnait un coup excatement à la place ou je mettais ma main. Je l’imaginais alors en train de rigoler dans la ventre (ca devait être aussi une forme de dépression).
Mais je n’étais pas la seule à être folle de ce bébé. Rassoul a poussé le bouchon jusqu'à aller acheter un stéthoscope pour les fœtus à la maternité. Et chaque soir, il le mettait sur mon ventre pour écouter les rythmes cardiaques. Il se mettait alors à sourire bêtement et quand je lui faisais la remarque il disait qu’il était pressé qu’il sorte. Ca avait eu le don de raffermir nos liens et plus la grossesse avançait plus j’étais épanouie.
Bien sur un des autres avantages c’est que j’ai pris quelques kilos. Je n’avais certes pas de petits seins, mais avec la grossesse, ils ont encore plus augmentés au grand plaisir de Rassoul qui était en admiration total. (Un vrai obsédé). En plus d’autres petites rondeurs assez bien placées. J’étais en forme et presque tous mes habits ne m’allaient plus. J’étais obligé d’aller me chercher des tissus et de me faire coudre des robes plus amples. Mais la plupart du temps j’étais en meulfeu et j’étais plus à l’aise dedans.
Pour éviter les problèmes, je n’allais presque plus chez maman Oussey et je prétextais mes nombreux cours et autre examens. Maman Oussey ne me disais plus rien. D’ailleurs, je ne lui offris même plus l’occasion de me dire quoi que ce soit. Je passais les dimanches après midi et je restais le plus clair du temps avec Pa Ablaye à discuter. Ensuite, j’entrais lui dire bonjour rapidement et ne m’asseyais même pas pour discuter. J’attachais toujours un meulfeu quand j’y allais pour mieux cacher mon petit ventre. Un dimanche, Kiné était aussi la et comme depuis le tour, je ne l’avais pas vu, je fis comme si de rien n’était. Je lui tendis juste la main qu’elle mit du temps à prendre. Encore une fraction de seconde et j’aurais retiré ma main. Comme d’habitude je tournais le dos pour partir quand maman Oussey m’appelais. Je retournais donc et elle me demanda de m’assoir et qu’elle voulait me parler
- Diouldé, Kiné est la. Depuis la dernière fois, je te dis que je ne veux pas de problèmes entre les membres de la famille et toi je te considère comme un membre de la famille. Ce qui s’est passé entre Kiné et Rassoul ce n’est pas bien. Et tes relations avec Kiné doivent être améliorées. Maintenant, Kiné est là. Demande-lui pardon et serrez-vous la main
Je l’ai écouté parler et un moment je me suis tourné vers elle
- je t’ai dit la dernière fois que je ne demanderais pas pardon à Kiné parce que je ne lui ai jamais rien fait. Je ne sais pas pourquoi elle ne me supporte pas et ce n’est pas important pour moi. Ce qui s’est passé le jour du tour ne me concerne pas parce qu’elle ne s’est pas adressé à moi.
Je me levais pour partir
- tu vois maman cette fille est indisciplinée. Elle a oublié son passé et c’est pourquoi elle se comporte comme ca avec moi.
Je me retournais pour la regarder et voulut lui répondre. Mais ca aurait été lui donner trop d’importance. Mais elle se lança de plus belle et cette fois ci en s’adressant directement à moi
- c’est la faute de Rassoul. Laisser les filles de bonnes familles et aller ramasser une fille dans la brousse guinéenne.
Je ne tins plus
- toi, c’est ta situation qui te fait mal. Mais comprend que je ne suis pas à l’origine de tes malheurs. Va t’occuper de ta coépouse et de ta maison. Rassoul vous ne partagez pas le même lit. Que ca vous plaise ou pas, c’est moi qu’il aime et vous ne réussirez pas à nous séparer, bande de sorcières.
Je disais cela en partant et elle s’était levée en avançant dans ma direction. Avant que je ne finisse, elle a commencé à m’insulter de père et de la manière la plus salace possible. Elle voulait m’attaquer, mais je ne me suis jamais battue, donc dans mon état en plus c’était impensable pour moi. Donc je sortis rapidement et regagnais mon appartement. Les insultes de mères résonnaient encore dans mes oreilles et j’en étais particulièrement énervée. Je n’aimais pas les insultes. Non je n’ai jamais aimé cela.
Rassoul était de garde et j’attendais qu’il revienne. Il avait le visage fermé et n’a pas fait comme à son habitude. Il est allé s’enfermé dans les toilettes un moment. Dès que je l’ai vu j’ai compris que sa mère l’avais appelé. Pour lui dire quoi ? Je ne sais pas et je ne comptais pas demander. S’il voulait vraiment savoir ce qui s’est passé, il n’avait qu’à me demander.
Il est sorti et à commencé ses prières. Ensuite sans un mot, il est sorti alors que j’avais mis le diner sur la table. Par la fenêtre, je l’ai vu prendre le chemin de chez sa mère et j’ai eu à ce moment vraiment mal au cœur.
A son retour, il faisait tard et j’étais assise devant la télé à l’attendre. Il m’a juste salué à nouveau et est allé s’assoir pour manger avant d’aller au lit. Sans plus. J’étais de plus en plus désemparée et je ne savais pas quoi faire. J’ai pris mes cours et je me suis mise à réviser, mais sans rien retenir et sans m’en rendre compte, je me suis assoupie sur le canapé et le lendemain matin, quand il s’est réveillé, il est venu me trouver
- Diouldé ? Pourquoi tu as dormi ici
Je me réveillais difficilement en étirant mes membres engourdis
- je regardais un film et je me suis endormi sans m’en rendre compte.
Il me regardait en fronçant les sourcils et pendant un bon moment, on se regardait comme ca sans rien dire, mais les yeux pleins de questionnement
- il va bientôt être l’heure, vas te préparer, je te dépose.
Il ne devait pas aller travailler. Mais je ne voulais pas de ca. je voulais qu’on parle. Qu’il me dise pourquoi il était distant depuis hier. Je savais bien sur, mais je voulais que cette fois ci ca soit lui qui désamorce la bombe. Je ne peux pas passer ma vie avec lui à toujours m’excuser pour les problèmes avec sa famille.
Je me levais donc et fis une rapide toilette. Les examens avaient commencés et durant le trajet, je révisais mes cours et je ne levais pas la tête. Après l’examen, j’étais vraiment mal, j’avais envie de pleurer, envie de tout laisser tomber. Je ne supportais pas le comportement de Rassoul. Au lieu de rentrer, j’allais voir tata Fatou. Coumba devait venir dans moins d’un mois et je ne voulais pas attendre qu’elle vienne pour rendre visite à sa mère. Heureusement que je l’ai trouvé à la maison et dès qu’elle m’a vue, elle a commencé à me taquiner sur mon état. Elle était contente et me demandait d’être prudente, de ne pas sortir à certaines heures, de me couvrir la tête. Enfin bref, toutes les recommandations d’usage. Elle me demandait aussi de prendre soin de mon mari car c’était quelqu’un de bien et à ce moment, malgré que j’essaye de retenir mes larmes, elles se mirent à couler. Elle s’affolait un peu et me demandais ce qui n’allait pas.
- tata, ma belle mère et ma belle sœur ne m’aiment pas. Elles me fatiguent et racontent du n’importe quoi sur moi, dis je entre deux sanglots.
Elle me demandait de me calmer et de tout lui dire calmement. Je me mis donc à raconter ce qui s’était passé le jour du tour et la veille aussi. Elle semblait dépassée et me recommandait de me calmer et de ne pas en tenir cas. Elle se mit à se plaindre un bon moment et me conseillait d’être forte pour le bébé et aussi de tout faire pour rester uni avec mon mari.
Lui parler me fit quand même du bien, mais je rentrais toujours dans le doute. Rassoul était à la maison et il était un peu plus enjoué que la veille. J’hésitais être lui en vouloir et faire comme si de rien n’était et finalement j’optais pour la dernière solution. J’étais lasse de devoir toujours me disputer pour le même problème. Je savais que le problème sera remis sur la table un jour ou l’autre. Mais comme il n’était pas encore disposé à en parler je le laissais faire comme si de rien n’était. Il me serra dans ses bras et m’embrassait tendrement. Ensuite, pendant un bon moment, il se mit à m’observer en silence avant de me serrer encore et de me caresser la tête
- Ma diouldé, murmura t-il, si tu savais comme je t’aime.
Je ne répondais rien et restais comme ca un moment, puis repris mes activités habituelles. Je ne parlais pas de l’incident et lui non plus.
Les semaines passaient et je ne mettais même plus les pieds chez eux. J’appelais de temps en temps Pa Ablaye car il me manquait vraiment. Les examens se sont terminés et j’ai réussi avec une bonne moyenne. Les professeurs nous demandaient de chercher un stage pour compléter l’année, mais la recherche de ce stage incombait à l’étudiant. Mon ventre était bien visible maintenant et je ne demandais quel structure accepterais de prendre en stage une femme enceinte. Adja avait trouvé dans une banque, un stage de 2 mois et j’étais vraiment contente pour elle. Moi j’avais certes des entretiens, mais dès que je me présentais, je n’avais plus de retour. Ca me décourageait et Rassoul en était content car il disait que mon état n’était pas compatible avec un stage. J’étais à presque à 7 mois de grossesse et c’est vrai que j’étais déjà fatiguée et j’en avais marre de ce gros ventre. Coumba devait venir dans la semaine et c’est cette seule perspective qui me mettait du baume au cœur.
Le matin je restais avec Astou chez moi et depuis l’incident avec Kiné, je n’avais pas mis les pieds chez maman Oussey. Rassoul ne m’en avait pas parlé et moi non plus. Je m’ennuyais et heureusement que j’avais presque toujours des nouvelles de ma mère. Un matin, alors que j’étais devant la télé à suivre une émission, on a sonné à ma porte. Quand j’ai ouvert, j’ai failli tomber en syncope. Ma coumba se tenait à la porte. Je n’arrivais pas à y croire. Elle m’avait dit qu’elle viendrait la semaine suivante et je la vois ici. Je me suis mise à crier en l’enlacant et elle aussi (de vraies folles). Astou est sortie en catastrophe en pensant qu’il y avait quelque chose de grave et en criant aussi. On s’est arrêté un moment pour la regarder crier et Coumba lui a demandé pourquoi elle crie. Elle nous a regardés en nous demandant aussi pourquoi on criait et on est tous parti d’un fou rire qui ne pouvait s’arrêter. Depuis ce jour, Coumba ne pouvait voir Astou sans se mettre à rigoler et finalement, elle se cachait à chaque fois que celle-ci venait à la maison.
J’étais tellement contente de voir ma copine. Elle avait quand même changé. De noire, elle est devenue très claire avec un tissage très long sur la tête, un maquillage élaboré. Mais ce qui ne changera jamais chez Coumba c’était sa bonne humeur communicative.
- pourquoi tu ne m’as pas dis que tu venais ? Demandais-je en lui tapotant l’épaule
- parce que ca n’aurait plus été une surprise.
Elle se moquait un moment de mon gros ventre et me félicita encore. Elle tenait un petit sachet et me le remis. Il y avait une grenouillère blanche avec écris dessus « j’aime ma tante ». J’en eus les larmes aux yeux et la serrais fort contre moi. On se mit à papoter et elle me racontait sa vie là bas, ses cours, ses examens. Elle était en master et voulait faire une carrière d’économiste. Je fus très contente pour elle et moi aussi je lui racontais un peu de ma vie. De Rassoul surtout, du déroulement de notre mariage, de mon amour pour lui.
- et Demba ? Me demanda t-elle brusquement
Je ne savais pas quoi répondre. Il m’arrivait certes de penser encore à lui, mais rien de bien important.
- Demba c’est du passé. Pourquoi tu me le demande
- parce que je l’ai vu juste avant de venir à Paris.
- haaa. Et ?
Elle hésitait un moment puis se lanca
- il était avec sa femme et sa fille
« Sa femme ». J’eus un petit pincement au cœur mais n’en montrais rien. Je ne voulais même pas savoir
- c’est bien. Je n’ai plus de ses nouvelles depuis mon mariage. Et c’est tant mieux. Et ton petit copain ? Ces temps ci tu es très brève sur le sujet.
Je voulais changer de sujet. Je ne voulais pas parler de Demba. C’étais mon passé et je ne voulais pas en parler.
- ha ca… c’est une grande surprise et je te le présenterais dans une semaine.
- pourquoi dans une semaine ?
- parce qu’il arrive dans une semaine dit-elle malicieusement
Malgré tous mes efforts pour la convaincre de m’en dire plus, elle n’en fit rien. On a parlé toute la journée et quand Rassoul est rentré, il nous a trouvé affalé sur le tapis du salon à parler. J’ai fait les présentations et Coumba lui rappelait leur première rencontre quand j’ai été hospitalisé. Ils s’entendirent sur le champ car avec Coumba on ne s’ennui jamais. Finalement comme il était tard, on l’a raccompagné jusque chez elle. Au retour, au lieu de rentrer directement, Rassoul s’est arrêté devant chez maman Oussey et m’a demandé de descendre dire bonjour. J’ai hésité un moment avant de le suivre à l’intérieur, le cœur battant.
Pa Ablaye était très content de me voir et le serra fort en me demandant de m’assoir pour qu’on discute. Mais Rassoul lui a demandé d’attendre que j’aille dire bonjour à sa mère. Je la trouvais dans sa chambre en train de se reposer et je restais à l’entrée pour dire bonjour. Elle me demandait d’entrer et me tendis la main. Rassoul était juste derrière moi et elle lui demanda d’entrer aussi
- Diouldé, comme tu vas. Tu ne viens plus à la maison depuis ta dispute avec Kiné. J’en ai parlé à ton mari en lui disant que ce n’était pas bien et que cette maison était la tienne. Pa Ablaye te réclame tous les jours. Et moi aussi tu me manque. Depuis ce jour, ma tension est montée et je suis malade. Je n’aime pas cette situation
Elle fondit subitement en larme. J’étais partagée entre une envie de rire car je savais que tout ceci était un coup de théâtre de sa part, et un sentiment de stupeur. Je regardais Rassoul et il me lançait un regard désapprobateur. Je sentais qu’il me tenait fautif de l’état de sa mère.
Moi aussi je me mis à coté d’elle et me mis à pleurer. Elle n’avait pas plus de larme que moi surtout qu’avec la grossesse je cherchais toujours des raisons pour pleurer. Elle leva un moment la tête surement étonnée elle aussi de mes larmes. Je ne disais rien, je contentant uniquement de pleurer et parfois j’en rajoutais un peu en reniflant fortement.
- j’espère que tu te porte beaucoup mieux maman Oussey. Moi aussi j’étais malade, et tu ne peux pas imaginer à quel point tu me manques. Il ne faut pas te mettre dans ces états.
Elle était étonnée et me regardait. Je me levais finalement et sortais sans un mot, essuyant les larmes et dépassant Rassoul sans un regard.
J’en avais marre de tout ca. Rassoul me prenait vraiment pour une enfant. Il ne m’avait rien demandé sur cette histoire et je suppose qu’il a préféré croire sa mère. En plus de ca il m’amène directement devant sa mère. Qu’est ce qu’il espérait ? Que je m'excuse? de quoi? Je n’allais même pas lui poser de questions sur ca. Dans la voiture, je restais silencieuse et même à la maison, je ne fis aucun commentaire. Je le voyais me regarder, mais j’évitais soigneusement de le regarder. Et la nuit, je me suis recroquevillée bien loin et j’ai fait semblant de dormir. Il est venu et m’a appelé, mais j’ai préféré ne pas répondre et continuer à dormir.
Le lendemain, quand je me réveillais Rassoul était déjà parti. Je n’avais presque pas dormi pensant et repensant à tout ce qui venait de se passer. Je savais que la vieille faisait tout pour me mettre en mal avec mon mari. Et Rassoul, malheureusement pour moi n’avait qu’une oreille et la tendait à sa mère. C’était un fait et malgré qu’il m’assurait qu’il m’aimait et prendrait toujours ma défense, je savais que ca ne serait pas toujours le cas. Il me fallait réagir si je ne voulais pas que mon couple soit toujours parsemé de conflit dont l’origine serait soit mère Oussey, soit Kiné.
Mais pour le moment, je lui en voulais vraiment. Il était au courant du problème et ne m’a rien demandé et pourtant je voyais qu’il prenait fait et cause pour sa mère. Après m’être préparé, je l’appelais pour lui dire que j’allais voir Coumba. Une fois chez elle, tata Fatou m’appelait pour me demander encore des nouvelles de maman Oussey. Je lui dis simplement que ca allait et elle a sorti un beau tissu en me demandant dès mon retour d’aller le lui offrir
- Diouldé, le mariage c’est toujours des concessions qu’il faut faire. Ton mari est le fils unique de sa mère et je crois que c’est un peu normal qu’elle réagisse comme ca. Fais-t’en une alliée. Ca sera plus facile pour toi. Même si elle continue à te faire des misères, fais ca pour ton mari. Il ne t’en aimera que plus.
Je n’avais aucune envie d’offrir ce beau tissu à maman Oussey. Lors de fête de tabaski je lui en avais offert un et c’est à peine si elle m’avait remerciée. Mais tata Fatou insistait tellement que je lui promis de le faire.
- je te conseille comme je conseille mes propres filles. Tu ne tireras rien de te mettre en mal avec ta belle mère et je n’ai aucun intérêt à te demander de lacher du lest si ce n’est que pour ton bien. Fais le pour moi Diouldé.
Je n’avais plus de mots et était vraiment décidé à faire comme elle me l’avait conseillé. Elle avait peut être raison. Je n’étais pas convaincu, mais je décidais de suivre ses conseils.
Ensuite je retournais dans la chambre de Coumba et on se remit à papoter. C’était comme si on venait de se quitter et c’est elle qui parlait le plus. Quand je lui demandais de me donner des indices sur son nouveau thiof, elle ne voulait rien me dire et me demandait de patienter.
- tu as des nouvelles de maman Fanta
- non aucune. J’étais allé à sa boutique un temps et j’avais trouvé Rama. Et depuis, plus de nouvelles.
Elle était vraiment désolée que les choses se soient finies ainsi entre nous. Je lui exprimais également mes regrets. Malgré tout ce qui a pu se passer et se dire, je n’arrivais pas à en vouloir à maman Fanta, et je lui disais que tout cela c’était tonton Farah. Je restais toute la journée à discuter avec elle et ca me permettait de ne pas penser à tous mes problèmes.
Le soir même, avant d’aller chez moi, je passais d’abord chez mère Oussey et je la trouvais bizarrement en pleine forme. Pour celle qui se disait alitée à cause de la tension, elle était en super forme. Je ne fis aucune remarque et lui demandait si elle se portait mieux et lui tendis le petit cadeau. Elle était à la fois surprise et contente.
- mère, prend ca c’est pour toi.
- merci ma fille c’est gentil
- maman, Rassoul ne veut qu’il y aie des problèmes entre nous et je suis d’accord avec lui. Il y a eu peut être des incompréhensions entre nous.
- oui parce que tu es susceptible. A chaque fois que je te fais une remarque, tu le prends mal alors que je ne le dis que pour ton bien.
Je soupirais. Je n’étais pas venue pour polémiquer donc je baissais la tête
- tu as raison maman, et je suis désolée. Je te considère comme ma mère et je dois tout supporter de ta part.
- si tu le comprends c’est bien. Je sais qu’on n’a pas les mêmes valeurs. Moi j’ai éduqué mes enfants et ils sont polis. Quand je te parle c’est juste pour que tu leur ressemble. Rassoul a grandi dans cet univers et ton éducation peut lui poser problème.
J’avais à ce moment envie de crier, mais je me retins.
- tu as raison maman. Tu as raison
Ce fut ma seule réponse même pour les autres reproches qu’elle me faisait. Finalement, elle se levait et sortit de son armoire un talisman.
- depuis que j’ai vu ton état, je voulais te donner cela. Mais comme tu faisais la tête je n’ai pas osée. Maintenant mets ca sur toi. ca te protégeras et tu auras un enfant sans difficulté.
J’hésitais un bref un moment, puis prit quand même le talisman et la remerciait avant de prendre congé. Finalement, je remerciais intérieurement tata Fatou pour les conseils. Après tout peut être qu’il valait mieux l’avoir de mon coté. Pour Kiné, il était hors de question que je présente des excuses. Je rentrais donc le cœur un peu plus léger et quand Rassoul rentrait, je compris que sa mère l’avais déjà appelé pour le prévenir que j’étais passée. Vrai radio cancan.
- tu étais passé voir ma mère, demanda t-il en m’enlaçant
Je souris. Je lui en voulais un peu quand même de tout ca. Je trouvais qu’il avait mal agi avec moi dans cette histoire. Depuis le début, il ne m’a rien demandé et a pris fait et cause pour sa mère et sa sœur. Aujourd’hui que tout semblait apaisé, il voulait faire comme si de rien n’était. Il essayait de m’embrasser, mais je tournais la tête
- laisse-moi Rassoul. Dis-je en essayant de le repousser. Mais il me maintenait bien fermement.
- pourquoi ?
- pour rien. J’ai des choses à faire.
Il n’était toujours pas décidé à me laisser et finalement, je restais tranquille et le regardais dans les yeux.
- qu’est ce qu’il ya ma chérie
je soupirais fort et cette fois me dégageait prestement
- il y a que j’ai l’impression que tu me prends pour une petite fille. Et comme une petite fille, tu as voulu essayer de régler une situation par la ruse. Mais je n’apprécie pas du tout.
Il ne dit rien et se contenta de m’écouter
- je m’étais promis de ne plus me plaindre de ta mère. Je vais le faire pour la dernière fois. Il y a eu un problème, non seulement tu ne m’en a jamais parlé alors que tu été au courant, mais en plus, tu a été fâché contre moi alors que tu ne savais même pas l’origine du problème
- si je savais dit-il lacement
- non tu as eu une version de Kiné ou de ta mère, peut importe. Tu t’en es limité à ça Rassoul. Et moi dans cette histoire ? Pourquoi tu ne m’a rien demandé ? parceque je vais te mentir ? parce que ta mère t’a dit la vérité ?
Il secouait énergiquement la tête
- non tu exagères vraiment. Ce n’est pas ca. Je ne voulais pas en parler c’est tout
- tu ne voulais pas en parler avec moi alors. Parceque tu es allé en parler avec ta mère.
- mais merde Diouldé, quel problème tu as avec ma mère. Je parle avec elle c’est normal. C’est ma mère. Que je prenne position pour un problème c’est une autre histoire.
Il s’était mis à crier et comme je ne voulais pas envenimer les choses. Je restais immobile à le regarder un bon moment. S’il s’attendait à ce que je crie, il avait faux.
- qu’est ce que tu veux que je saches à propos de cette histoire. Tu as insulté ma mère et ma sœur alors qu’elles venaient pour arrondir les angles. Que voulais tu que je te dise de plus Diouldé. Quoi ?
Ahh. C’était donc ça. Et il n’avait bien sur pas jugé nécessaire de m’en parler et a préféré juste m’en vouloir. Je baissais la tête profondément touché
- tu as raison Rassoul. Il n’y avait rien d’autre à faire.
Je sentais le bébé donner des coups dans le ventre et j’avais sursauté. Il s’est alors un peu adouci et m’a demandé si j’avais mal quelque part. Je répondis difficilement que c’était juste le bébé qui donnait des coups
- il ne faut pas qu’on se dispute. Les bébés, ils ressentent ce genre de chose.
Je hochais la tête et me dirigeais vers la cuisine pour préparer le diner. Sans manger j’allais me coucher et il me rejoignit plus tard et se colla à moi.
- ma chérie, je ne cesse de te dire que je t’aime. Laissons tomber ces histoires.
Avais je vraiment le choix. Je devais me faire une raison. Malgré le cœur très lourd et les larmes qui pointaient, je le laissais me déshabiller et m’embrasser partout. Il voyait que j’étais triste car j’évitais soigneusement son regard. Il adorait me regarder quand il me donnait du plaisir mais cette fois, je ne savourais rien et me laissait faire comme une automate. Quand il eut fini, je me levais pour me laver tranquillement et m’installais devant la télé du salon pour regarder un film. Je ne suis pas arrivée à dormir de la nuit et c’est tôt le matin que j’ai senti le sommeil me gagner.
J’ai dormi presque toute la journée avec cette sensation bizarre de mal être que je ne pouvais exprimer. En début d’après midi, je rendis encore visite à maman Oussey et on s’est mis à discuter de tout et de rien, mais dans une ambiance un peu plus conviviale. Sokhna était de la partie et elle me demandait si j’avais mis le talisman. J’avais complètement oublié ce truc et je lui promis de le faire dès que je rentrerais.
Quand Adja sut qu’elle m’avait donné un talisman et que je le portais, elle failli tomber en syncope. Elle le prit et me promit de le jeter bien loin. Mais c’était sans compter avec la détermination de maman Oussey qui me remettait des décoctions, des potions pour les bains. Je les prenais, mais sans les utiliser. J’allais souvent avec tata Fatou chez une dame diola qui me massait le corps et me remettais des choses à porter pour la protection contre les djinns et autres esprits maléfiques. Je faisais plus confiance en tata Fatou qu’en maman Oussey.
Au fil des jours, la tension entre Rassoul et moi s’est envolé pour faire place à une tendresse immense. Je savais qu’il m’aimait et qu’il ne faisait peut être pas exprès de se comporter ainsi avec moi à chaque fois qu’il y avait un problème avec sa mère. Je ne pouvais pas aussi passer mon temps à lui en vouloir pour ca. Donc je laissais tomber et il me couvrait de tellement d’attention que je n’avais pas vraiment le choix. Il m’accompagnait à mes visites, appelait tout le temps quand il était à l’hôpital, me remettait toujours de l’argent pour que je ne manque de rien. Bien sur avec la grossesse la libido n’était pas toujours au rendez vous, mais il savait s’y prendre pour me faire rire et finalement obtenir ce qu’il voulait.
Les semaines suivantes, j’allais plus souvent chez maman Oussey au plus grand plaisir de Pa Ablay. Il me donnait pleins de prières à faire. Avec Kiné c’était toujours le statut quo. Quand j’entendais sa voix dans la maison, je n’entrais pas. Et je l’évitais au maximum. Je ne voulais plus de problèmes et c’était pour moi la meilleure solution. Je savais que maman Oussey était sous son influence et ceci même Sokhna me le répétait souvent. Mais, Kiné était le genre hargneuse et peste jusqu’au bout des ongles. Elle adorait m’humilier en public ou devant des membres de la famille. Quand je ne pouvais vraiment pas l’éviter et que j’essayais d’être disons normal, elle devait montrer à tout le monde que je ne m’entendais pas avec elle et dès que j’avais le dos tourné, elle se mettait à me critiquer. Je n’en parlais plus à Rassoul car il était parfois témoin des faits et ne disait rien. Donc, je l’évitais au maximum et un moment, ne lui parlais même plus. En plus j’avais cette impression que mon ventre qui s’arrondissait l’énervait au plus haut point.
Un jour, je vis la bonne porter le tissu que j’avais offert à maman Oussey tout dernièrement. Je lui ai demandé ou elle avait pris le tissu et elle me répondait que c’est Kiné qui lui avait remis cela. J’eus un pincement au cœur et je ne fis aucun commentaire sur ca. Je ne comprenais pas pourquoi elles avaient fait ca et je décidais de ne pas demander. Dès que Kiné venait à la maison , même si je commençais à m’entendre un peu avec maman Oussey, j’avais l’impression qu’il me fallait tout recommencer, car c’était bonjour les critiques, les insinuations mal placées et qui me faisaient toujours mal. Je n’en parlais plus à Rassoul car je savais sa position. J’avais cette fichue impression que la stabilité de mon couple passait par les relations que j’avais avec ma belle famille.
Mais je pris quand même un peu de recul, car j’en avais marre de leur courir ainsi, surtout avec ma grossesse et mes sautes d’humeur, je ne voulais pas que mon enfant leur ressemble. Heureusement qu’Adja passait souvent à la maison et Coumba voyageait beaucoup car elle devait aller rendre visite à ses grands parents à Kaolack, je ne me sentais pas trop seule. Un jour Adja se mit à m’expliquer ce qu’il fallait que je fasse le jour du baptême. Elle me parlait de valises de tissus à donner. J’en avais une vague idée, surtout que maman Oussey se mettait parfois à me parler des choses qu’elle avait données à la belle famille de Kiné lors de son baptême. C’était surement pour me mettre au courant de ce qu’elle attendait et je ne disais rien quand elle entrait dans ce genre de discussion. Avec Adja, j’en parlais librement et je rigolais quand elle m’en parlait. Jje lui répétais que je ne ferais pas ces folies puisque je n’ai pas d’argent et ma mère non plus. Un jour tata Fatou me fit appeler uniquement pour ca. Elle me disait d’en parler à ma mère et qu’elle pouvait me mettre en rapport avec une dame qui pourrait me fournir des tissus et je devais rembourser mensuellement. Rassoul m’avait ouvert un compte d’épargne et il y avait un peu d’argent. Mais je voulais le garder pour plus tard pouvoir payer les études de ma petite sœur Fanta. Elle me dit que si j’avais un enfant, il fallait aussi que je donne des térangas à ma belle famille. Je lui promis d’y réfléchir et quand j’en parlais à Coumba, elle me disait de ne pas suivre sa mère dans ses délires. De toute façon, il me fallait d’abord en parler à ma mère.
Coumba, je la harcelais pour pouvoir rencontrer son copain car elle m’avait dit qu’il était à Dakar. Comme elle n’avait pas trop le temps à cause de ses visites familiales, je dus rester patiente jusqu’à un jour ou elle me confirmait un rendez vous le samedi dans un restaurant pour qu’elle me présente son chéri mystère. Ce jour là, Rassoul était de garde et ne pouvait pas venir, et elle lui avait promis de me déposer jusqu’à la maison. Avec mon gros ventre, je ne trouvais rien à me mettre. A sept mois j’étais déjà comme ca, je me demandais ce que ca allait être à 9. Rassoul m’attendait pour me déposer avant d’aller bosser et je fis vite. En arrivant je ne m’attendais vraiment pas à voir Coumba en compagnie de…Babacar.
J’hésitais un moment, et quand elle me vit elle se leva avec un grand sourire pour m’enlacer.
- ma chérie tu es en retard.
Je n’arrêtais pas de regarder Babacar. Il avait pris du poids depuis la dernière fois et était plus…homme. Il se leva à son tour et me tendit la main
- Diouldé, ca fais longtemps. Comment tu vas. Tu as embelli. Dit-il sur un ton taquin
Je bloquais à cet instant. Je ne comprenais pas. Babacar s’était marié et avec Coumba c’était fini depuis longtemps. Je n’avais plus de ses nouvelles depuis le temps ou j’étais avec Demba.
Je m’asseyais machinalement en regardant Coumba et en essayant de comprendre.
- ne me regarde pas comme ca dit-elle en rigolant et en se blottissant contre Babacar. Admet que c’est une surprise
- oh oui, c’est vraiment une surprise je l’admets. Babacar comment tu vas ? ca fais vraiment longtemps.
Il me répondait et je n’écoutais que d’une oreille. Je voulais savoir s’il était toujours marié. Je n’eus pas l’occasion de le faire. il reçut un coup de fil de Demba. Je ne sais pas pourquoi mais mon cœur se mit à battre très fort
- fils arrête de me pister comme ca. Je suis en galante compagnie….oui….oui…
Il répondait en me regardant et je ne me sentais que plus mal. Finalement il passait le téléphone à Coumba et celle-ci fit à peu près le même scénario. J’avais envie de partir. Dès qu’elle raccrochait, elle se tourna vers moi
- tu as le bonjour de Demba.
Je répondis avec un sourire et tout le reste de la soirée se passait comme sur un petit nuage pour moi. Je ne saisissais pas trop les conversations et je répondais à peine. Juste après le dessert, je pris mon sac et Babacar me déposa devant chez moi. Je n’avais pas l’occasion de parler avec Coumba et ce n’était que partie remise. Une fois à la maison, j’appelais Rassoul pour lui dire que j’étais bien rentrée et il me demandait qui était la surprise de Coumba. Je lui répondais que c’étais un de ses ex depuis le lycée et que je pensais que c’était de l’historie ancienne entre eux. J’omis volontairement de lui dire que c’est aussi le meilleur ami de Demba.
Le lendemain, alors que je prenais mon petit déjeuner, Coumba sonna et entra comme un tonnerre en plaisantant avec Astou.
- joli madame comment vous allez ?
Je lui lançais un regard méchant et elle n’en fit pas cas et allait prendre un verre pour se servir
- tu ne crois pas que tu me dois des explications
- oui oui je sais. Ecoute, je ne savais pas trop comment te dire. Babacar est venu jusqu’en France pour me retrouver et on a parlé et on a renoué
- mais il est marié
Oui, je sais, mais on s’aime. Actuellement il est installé au Maroc avec sa femme et il a une fille. Mais c’est lui que j’aime.
Je n’approuvais pas et je le lui dis. Il y avait d’autres hommes sur la terre et elle ne devais pas s’accrocher à lui. J’étais convaincu qu’il ne faisait que lui mentir. Mais elle fit sa bornée et me dit qu’elle l’aimait et qu’ils étaient bien ensemble. Un moment elle voulut me parler de Demba mais, je lui dis que je ne voulais rien savoir à son propos. On reparlait de Babacar et elle essayait de me convaincre qu’il était l’homme idéal pour elle. Il serait la durant toute la période de ses vacances et d’ailleurs elle avait prévu de dire à sa mère qu’elle serait chez moi le weekend end prochain et comptait aller à Saly avec lui. Je n’étais pas d’accord et il y eut un petit accrochage entre nous et elle partit fâchée.
Je ne voulais pas de cette relation pour elle. Babacar, a cherché d’autres copines dès que Coumba a eu le dos tourné et s’est même marié. Ce n’est pas maintenant qu’il sera sérieux. Et puis tout ca m’avais refais penser à Demba malgré moi. Son image me revenait et ceci ne m’étais plus arrivée depuis un bon bout de temps. Dès le lendemain, je l’appelais pour lui présenter mes excuses et elle les acceptait en disant qu’elle me comprenait mais que je devais aussi accepter sa relation.
Au mois d’Aout, j’avais effectué fait ma visite du 7ème mois et Rassoul qui était toujours présent a posé plein de questions sur l’état du bébé. Le gynéco l’a rassuré au maximum, et moi, plus la grossesse avancait, plus j’avais une peur bleue de l’accouchement. Ma première relation sexuelle a été une épreuve. Je me disais pour que la tête d’un bébé passe, ca allait faire des dégâts. Je n’en dormais presque plus. J’étais une vraie peureuse et je stressais. J’en parlais au médecin lors de cette visite et elle me rassurait en disant que c’était les contractions qui étaient un peu douloureuses, mais qu’au moment de sortir, le corps s’adapterait. J’avais des envies de poser des questions à toutes les femmes qui portaient un bébé sur le dos. Pour me changer les idées, on a décidé d’aller faire des courses pour acheter de la layette. On avait fait l’échographie et le médecin nous avait dit que c’était un garçon. Moi, je voulais une fille mais la joie de Rassoul à la nouvelle me fit autant de joie. Je passais donc le prendre et on partit ensemble faire des courses. Il était super heureux de choisir des grenouillères et le vendeuse en profitais pour lui faire acheter plus. Au finish, il a même choisi un berceau et donnait une avance. On est ensuite allé nous faire un bon restau et beaucoup discuter sur l’avenir ; on avait convenu juste après mon accouchement de déménager et chercher quelque chose de plus grand et j’en étais super contente. Au retour, au lieu de rentrer, il fit un détour et m’expliquait qu’il devait remettre je ne sais quoi à Jules. Une fois devant la maison, il me demanda de descendre pour dire bonjour à Kiné ce que je refusais
- désolé, je ne descends pas. Je suis fatiguée
- mais, c’est quoi le problème. Ca te coute quoi de descendre lui parler
J’étais excédé qu’il insiste de la sorte.
Rassoul, je te dis que je suis fatiguée.
Je me tournais vers la vitre et ne répondis plus à ses questions. Il sortit au bout de quelques minutes avec Jules et Kiné. Jules vint se pencher pour me dire bonjour tandis que Kiné est restée à sa place, me regardant fixement. Je fis un effort surhumain sur moi et sur mon égo pour descendre de la voiture et m’avançais vers eux.
Je tendis la main à Kiné
- Kiné…
Elle a saisit sans rien dire et continuait à parler à Rassoul. Le vent que j’ai pris…
Sans attendre mon reste, je retournais sur mes pas et rentrais dans la voiture.
Rasssoul prit son temps et je dus attendre encore une bonne demi-heure avant qu’il ne vienne. Sans un mot, il démarrait la voiture en grinçant les dents. J’étais encore plus énervée que lui, mais je gardais mon calme. Une fois à la maison, je restais au salon tandis qu’il entrait dans la chambre. Je pensais toutes ces histoires finies depuis que j’avais fait la paix avec maman Oussey. Et aujourd’hui encore ceci. Et Rassoul qui chaque fois m’en voulait. J’en avais marre. Je me levais et allais dans la chambre en frappant la porte très fort. Il sursauta et me regardais étonné.
- j’en ai marre Rassoul. Marre que tu me traite toujours comme ca devant ta famille.
- moi aussi Dioudé j’en ai marre que tu te comportes comme ca. Je fais tout pour apaiser les tensions mais tu ne m’aides pas.
-t’aider comment ? En me rabaissant devant Kiné alors qu’elle m’a insulté de père et de mère. Devant ta mère. Sans parler de tout ce qu’elle dit sur mon dos sans que je pipe mot tout simplement pour préserver mon couple. Et toi tous ces efforts tu ne les vois pas. Je dois en plus aller lui demander pardon et faire comme si de rien n’était. Non je ne suis pas hypocrite moi. Je ne le ferais pas
- je t’interdis de traiter ma sœur d’hypocrite.
J’étais hors de moi.
- ta sœur ta mère toi, vous êtes tous des hypocrites.
Il s’était levé et me faisait face.
- arrête tout de suite Diouldé sinon…
Je lui fis face. La colère m’aveuglait
- sinon quoi ?
Il avançait et je reculais et sans faire attention j’ai trébuchais et je suis tombé lourdement.
Il eut très peut un moment et accourut pour m’aider à me relever.
- Mon Dieu, Diouldé, tu va bien.
Il tremblait et me touchait le ventre. Moi aussi j’ai eu peur et instinctivement j’avais aussi posé mes deux mains sur mon ventre. Il m’aida à m’allonger et j’avais juste un point de coté. Lui n’était pas rassuré et voulait qu’on aille à l’hôpital. Je lui dis que je sentais le bébé bouger et que ca n’était rien. il parlait encore, mais je ne lui répondais plus et fermais les yeux faisant semblant de dormir. Il est resté longtemps à m'observer avant de se coucher.
J’essayais de dormir le cœur gros et avec quelques douleurs au ventre qui me semblaient normal avec la chute...
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