Ch9 : déception
- Kang-Min !
Je vis Kee-Young s'avancer vers nous, sourire aux lèvres. Arrivée à notre hauteur, elle me regarda et prit un air attristé, qui paraissait presque sincère.
- Marie, je... Je suis vraiment désolée de ce qui t'est arrivé... Je n'ai pas pu te le dire avant. Tu vas bien ?
- Ou... Oui, ça va, merci.
J'étais perplexe. Je n'arrivais pas à savoir si elle était sincère ou non. Elle continua :
- Et... au fait, pour ta boucle d'oreille... Je suis vraiment désolée, je ne savais pas que c'était un cadeau de ta mère qui est morte...
Le monde autour de moi se mit à tourner. Je vacillai sur mes jambes.
- Com... Comment tu sais ?
- Bah... C'est Kang... Oups !
Elle posa sa main sur ses lèvres. Kang-Min le lui avait dit. Je n'arrivais pas à y croire. Même si son attitude laissait à penser qu'elle était sincère, ses yeux ne l'étaient pas, ni le sourire narquois qu'elle cachait derrière ses doigts. Je fermai les yeux.
- Marie... Marie, ça va ?
Kang-Min posa une main sur mon épaule, mais je me dégageais instantanément. Je murmurai, hargneuse.
- Toi... Je ne veux plus te voir.
Je partis d'une démarche saccadée, et rejoignis le toit. J'ignorais au passage Na-Yung et Min-Hyung qui m'appelèrent. Arrivée en haut, je m'avançais vers la balustrade et m'y agrippais de toutes mes forces.
- Quel con quel con quel con QUEL CON !
Je ne pouvais croire qu'il le lui avait raconté. Pourquoi à elle ? A ce moment précis, les paroles de Kee-Young me revinrent à l'esprit. Ils étaient sortis ensembles. Et ils étaient donc encore en contact. Tremblante, je posais une main contre mon cœur et m'accrochai à ma chemise. C'en était trop. Je restai ainsi, immobile, pendant plusieurs minutes, le temps de reprendre mes esprits. J'essuyai lentement les larmes de rage qui avaient trempé mon visage, et je rejoignis la classe. Je m'assis, droite, le visage de marbre, ignorant tout le monde.
- Marie...
Je ne lui répondais pas ni le regardais, et je sortis mes affaires pour le cours. La fin de la journée passa beaucoup trop lentement à mon goût. Dès que la sonnerie annonçant la fin retentit, je rangeai mes affaires précipitamment et partis, sans me préoccuper des regards ni des appels de mes amis. J'atteignais la route face à l'école lorsque l'on m'attrapa par le bras. Sans même me retourner, je sus que c'était Kang-Min. Je tentai de me dégager, en vain. Il vint se placer face à moi, et me regarda droit dans les yeux.
- Je peux savoir ce qu'il te prend ?!
- Tu... Tu veux savoir ? TU AS RACONTÉ A LA FILLE QUE JE SUPPORTE LE MOINS SUR TERRE UN ÉLÉMENT IMPORTANT DE MA VIE !!!
- J'ai fait ça pour-
- Kang-Min !
Et la voilà. Pour une fois, j'étais contente de la voir. Kang-Min reporta son attention sur Kee-Young, ce qui me permit de me dégager. Je partis précipitamment, sans me retourner.
***
- Kang-Min... il y a un problème ?
« Oui. C'est toi, le problème ». Au lieu de lui dire ça, je me contentais de lever les yeux au ciel, et soupirai.
- Ecoute. L'histoire de la boucle d'oreille, si je t'en ai parlé, c'était pas pour que tu t'en serves contre elle ! Et arrête de venir me voir ! Tu me gaves, et voir ta figure me rend malade. Alors maintenant, fous-moi la paix !
Je pris la direction de chez moi, ignorant les gémissements indignés de Kee-Young. Elle avait tout gâché. Je commençai enfin à m'entendre avec Marie, et il fallait que cette pouf détruise tout.
- Tu sais, si tu continues à te comporter comme ça avec Marie, autant lui dire tout de suite de rentrer en France.
Je me retournai d'un coup, pour me retrouver nez à nez avec Dong-Yul. Je le foudroyais du regard, et feignis l'ignorance
- Ça ne te regarde pas ! Et puis de toute façon, qu'est-ce que ça peut me faire qu'elle reste ici ou non ?! Continues à me faire chier, et tu as ma parole, cette fois, Marie sera pas là pour te sauver !
- Menace-moi autant que tu veux. Mais je ne te laisserai pas la décevoir. Elle ne mérite pas ça.
- Aiiisshhh... Je suis déjà énervé, et clairement j'ai envie de me défouler, donc me cherche pas... !
Je m'avançai vers lui pour le menacer. Mais quelque chose clochait. Il ne recula pas, mais resta immobile, me fixant d'un air déterminé.
- Je te l'ai dit. Je n'ai plus peur. Tout le monde voit que vous avez des sentiments l'un pour l'autre, même si ça m'énerve d'avoir à l'admettre. Donc je ne te laisserais pas la faire souffrir. Elle m'a protégé, c'est à mon tour. Sois gentil avec elle.
J'étais bouche-bée. J'avais du mal à croire que c'était le même Dong-Yul. Marie l'avait vraiment métamorphosé. Non, en réalité, elle nous avait tous changé. Je n'étais plus le même non plus. Et, même si j'avais désespérément tenté de me cacher la vérité, il fallait maintenant que je l'admette. J'aimais Marie, et je devais tout faire pour ne pas la perdre. Je fis demi-tour et partis en courant.
***
Arrivée chez moi, je fermai ma porte à clef et m'allongeai sur mon lit. Pourquoi fallait-il que ça m'arrive, à moi ? Après la boucle d'oreille, elle s'en prenait à moi en se rapprochant de Kang-Min. Elle devait savoir que j'avais des sentiments pour lui, ce qui pouvait expliquer sa façon d'agir. « Et moi qui pensait que j'arrivais à le cacher... ! ». J'étais encore perdue dans mes pensées lorsque l'on frappa à ma porte.
- Marie ! Marie, réponds-moi ! Il faut qu'on parle !
Je soupirai. Je ne voulais pas le voir, je désirais seulement que l'on me laisse tranquille. Les yeux clos, j'attendis, espérant qu'il parte. Mais il ne s'en allait pas.
- Ouvre-moi cette porte ! J'ai... Je dois te parler ! Il faut...
Je me levai tant bien que mal, mon corps donnant l'impression de peser une tonne. Je me dirigeais vers la porte, et, sans l'ouvrir, je m'appuyais dessus.
- Kang-Min. Je n'aurais pas dû m'emporter pour si peu, je suis désolée. Maintenant, je suis fatiguée, j'aimerais me reposer. En plus demain je dois bosser à la bibliothèque avec un mec de la classe, donc il faut que je dorme pour être en forme. Et... Tu n'aurais pas dû abandonner Kee-Young si tôt, tu devrais retourner la voir, je ne veux pas que tu aies des problèmes avec elle par ma faute. On en reparlera en cours.
- Nan ! Mais... Mais t'as rien compris !
Je me détachai de la porte, pris mes écouteurs et mis de la musique, suffisamment fort pour ne plus entendre la voix de Kang-Min. Je laissai mes larmes couler, indifférente à tout, l'esprit vide.
Le lundi suivant, je partis plus tôt pour rejoindre l'école. Je ne voulais pas croiser Kang-Min. Heureusement pour moi, ce ne fut pas le cas. J'arrivais plus vite que d'habitude devant le bâtiment. Je regardai ma montre et soupirai. 20 minutes d'avance. Je secouai la tête et décidai d'aller directement en classe. Je posai mon sac au sol, m'assis et m'étendai sur ma table, la tête posée sur mon bras droit, de telle sorte que je pouvais lire ce que les autres élèves avaient gravé dessus. « Pouffiasse », « dégages ! », « sale française », « Je t'aime »,... Je clignai des yeux plusieurs fois. Avais-je bien vu ? Ce graffiti était nouveau. Je me redressai et passai délicatement mon index sur les irrégularités formées par la gravure des lettres. Qui avait bien pu écrire ça ? Je regardai autour de moi. A part moi, deux autres élèves étaient présents, dont la fille qui était déjà là lorsque j'arrivai.
Ce ne pouvait donc pas être le garçon qui était arrivé après. Je n'eus pas le temps d'y réfléchir plus, les autres élèves arrivèrent, détournant mon attention. Je vis Dong-Yul arriver. Il me regarda, me sourit, et alla s'asseoir à sa place. Avec un soupir, je me rallongeai et fermai les yeux. Je ne les rouvris pas lorsque j'entendis la chaise à côté de la mienne racler le sol.
- Bonjour tout le monde !
Ce ne fut qu'à l'entrée du professeur que je rouvrais les yeux, pour voir Kang-Min de profil, le regard fixé sur le tableau, face à lui. Sa mâchoire contractée trahissait la tension qui le parcourait. Je me redressais, et portais à mon tour mon attention sur le discours du professeur.
La matinée passa tant bien que mal. Je tentais d'échapper au déjeuner avec tout le monde, mais ce fut peine perdue. Na-Yung et Min-Kyung m'attendaient de pied ferme, et ils ne me laissèrent pas m'échapper. Je fus conduite « de force » au réfectoire, Na-Yung s'installa à ma droite, et Hyun-Ki prit place à ma gauche, Kang-Min s'étant installé quelques sièges plus loin. J'aurais aimé lui en vouloir encore, mais ce n'était plus le cas. Au lieu de cela, mon cœur se serra de le voir si loin de moi. Seuls lui et moi n'étions pas très loquaces lors du repas, laissant les autres parler pour meubler la conversation. Après le déjeuner, on rejoignit tous le toit. Encore une fois, Kang-Min et moi parlions peu, ce qui eut pour effet d'énerver Na-Yung.
- Bon, maintenant ça SUFFIT ! Vous êtes vraiment énervants à faire la gueule ! Vous plombez l'ambiance de tout le groupe ! Alors on va tous partir, SAUF VOUS ! Vous allez rester ici, et vous avez intérêt à vous réconcilier avant le début des cours !
A ces mots, elle partit, suivie, après quelques instants de stupeur générale, par nos autres amis. Je les suivis du regard, désespérée, perdue, puis me retournai vers Kang-Min, qui paraissait tout aussi perplexe que moi.
- Heu...
Je soupirais. Je ne savais pas quoi dire. Je ne voulais pas lui parler, mais je ne voulais pas non plus vexer Na-Yung. Finalement, c'est lui qui parla.
- Je ne supporte pas plus Kee-Young que toi. Si je lui ai parlé des boucles d'oreilles, c'était pour qu'elle vienne te voir et te présente ses excuses. Enfin, c'est ce qu'elle aurait fait, avant. Elle respectait vraiment les problèmes familiaux des autres... Mais il faut croire qu'elle a vraiment trop changé. En tout cas, je... Je suis désolé.
- Ecoute... n'en parlons plus. C'est fait, on ne peut pas revenir en arrière. De mon côté, c'est oublié.
Je dis cela sans le regarder. Je n'arrêtais pas de l'imaginer avec Kee-Young, et ça me rendait malade. Je me dirigeais vers la sortie lorsque Kang-Min passa ses bras autour de mon ventre. Il posa son menton sur mon épaule, et murmura :
- Je suis vraiment désolé.
Je n'osais pas bouger, de peur qu'il arrache mon cœur en s'écartant de moi. Les battements de mon cœur me donnaient l'impression d'avoir couru au maximum de ma vitesse pendant des heures. Je fermai les yeux et posai ma main sur les siennes, nouées au niveau de mon estomac. Je chuchotai à mon tour.
- Ne t'en fais pas, tu es déjà pardonné.
Il resta ainsi quelques instants de plus, en silence, puis il se détacha de moi. Je me retournai pour lui faire face, mais ne pus prononcer un mot. Je sentais que mon visage était rouge, et mes yeux devaient briller. Kang-Min aussi était mal à l'aise, il fuyait mon regard. Je souris timidement, et prononçai à voix basse :
- Allez... Il faut qu'on y aille, sinon on va être en retard.
Je partis devant, jetant un regard furtif en arrière pour voir s'il me suivait. Je souris. Comme je le craignais, il avait emporté mon cœur avec lui. Qu'il m'aime ou non, cela n'avait plus d'importance. J'allais garder ces sentiments précieusement.
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