Aucun autre incident ne se produisit les jours qui suivirent. Seuls quelques mots atterrirent dans mon casier, mais je n'y fis pas attention, bien au contraire. Les discussions avec Kang-Min reprirent d'elles-mêmes, petit à petit, et nous passions de plus en plus de temps ensemble, ce qui plaisait énormément à Na-Yung, qui, elle, s'était beaucoup rapprochée de Min-Kyung.

- Profitez bien de vos vacances, mais n'oubliez pas de réviser !

ENFIN !! Ce fut une ruée générale hors de l'établissement. On convint de se retrouver le lendemain vers 9h30 au parc d'attraction pour y passer la journée. Nous devions partir juste après pour la maison de vacances de Hyun-Ki. Nous nous séparâmes, je partis avec Kang-Min. J'étais littéralement surexcitée.

- Je vais jamais pouvoir patienter jusqu'à demaaaiiin !!!

- Mais si, mais si.

- Mais j'ai trop hâte !

- Tu me rends dingue...

Je ris. Depuis que nous avions discuté, sur le toit, notre relation s'était considérablement améliorée. J'arrivais même de plus en plus souvent à lui tirer des sourires. Heureusement, il n'avait pas été rattrapé par ceux qui le faisaient souffrir. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ça, mais je comptais bien mettre ces pensées de côté le temps des vacances.

Arrivés à la résidence, on décida de se retrouver le lendemain matin pour aller ensemble au parc, puis on se sépara. Je préparai mes affaires pour le séjour à la plage, je dinai tôt et me couchai.

***

On frappa à ma porte.

- J'arrive !

Je mis ma valise près de la porte d'entrée pour la récupérer directement, le soir, et je sortis rejoindre Kang-Min.

- Coucou ! Ça va, je suis pas trop en retard ?

- Salut ! Non, t'es à l'heure.

Il m'observa, et dit, détournant le regard :

- Et... Hm... Sympa, ta robe.

J'avais mis la robe bordeaux achetée avec Na-Yung. Je rougis légèrement, mais je fis comme si de rien n'était.

- Vraiment ? C'est Na-Yung qui l'a choisi ! Elle a la même en rose pâle.

Pendant le trajet jusqu'au parc d'attraction, on discuta des vacances à venir.

Nous arrivâmes pile à l'heure, au parc. Je ne pus retenir une exclamation d'émerveillement face à la splendeur du lieu, mon âme d'enfant étant toujours ancrée en moi. Min-Kyung, qui était déjà là, ria. Le temps qu'on se dise bonjour, et que je m'énerve par rapport au fait qu'il se moquait de moi, Na-Yung et Hyun-Ki arrivèrent. Les autres nous rejoignirent quelques minutes plus tard. On réussit assez rapidement à se décider sur les attractions que nous vous voulions faire. On démarra en douceur, par la grande roue. Nous étions quatre par compartiment, et Na-Yung, Min-Kyung, Kang-Min et moi étions dans le même. Puis on entama les choses sérieuses, c'est-à-dire les attractions à sensations... Les filles et moi, on eut un peu de mal... Mais Na-Yung et moi réussîmes à en supporter quelques-unes. Et, bien sûr, j'entrainai les autres dans un concours de tir à la carabine. Sur 5 participants, j'arrivais 3e. Min-Kyung était en tête. Après ce jeu, il me prit à part, en milieu d'après-midi.

- Marie... Je... En-Enfin, tu vois, je...

Il baissa les yeux et se tut. C'était la première fois que je le voyais si gêné, ayant du mal à parler. Je lui souris. Il n'avait pas besoin d'en dire plus pour que je comprenne de quoi il parlait. Il avait passé toute la matinée à ne regarder que Na-Yung, et, dans la grande roue, j'avais bien vu qu'il aurait préféré être seul avec elle.

- Toi, tu aimes une fille, mais tu ne sais pas comment l'aborder... C'est ça ?

Il ne me donna pas de réponse, mais le regard qu'il me lança était éloquent, et confirmait ce que je pensais.

- J'ai remarqué que tu tentais de te rapprocher de Na-Kyung...

Il soupira.

- C'était si peu discret que ça ?

- Hum... Oui ! Mais je t'inquiète pas, je vais t'aider.

Avec un clin d'œil, je rejoignis les autres, et lançai :

- Les auto-tamponneuses, ça vous dit ?

- Ouais !

- Je me mets avec Hyun-Ki !

- Attendez, attendez, c'est pas dangereux ?

Je réussis à placer, ni vu, ni connu, et sans trop de difficultés, Min-Kyung et Na-Yung ensemble, et moi je me retrouvais avec Mi-Ran, une des amies de Na-Yung. Kang-Min était avec un autre de ses amis, et ils s'acharnèrent sur nous, pendant que Min-Kyung évitait les collisions, de peur que Na-Yung se blesse. Après cette attraction plutôt... mouvementée, on acheta des glaces, et on s'assit à une table. Je remarquai que Min-Kyung et Na-Yung se cherchaient de plus en plus, ils rigolaient ensemble, se taquinaient. Je donnai un léger coup de coude à Kang-Min et lui désignai d'un signe de tête discret ce que j'étais en train d'observer. Il comprit et sourit.

- Bon... (Il regarda l'heure) Il se fait tard, il va falloir qu'on parte ! Na-Yung, Min-Kyung, vous serez de corvée de diner, ce soir !

- Mais... Pourquoi nous ?

- Parce que ! On va alterner, mais ce soir, c'est vous !

Sur ces paroles, on se leva pour partir. Chacun rentra chez lui récupérer ses affaires, puis nous primes un bus qui devait nous déposer à proximité de la maison de Hyun-Ki.

***

On arriva 2 heures plus tard. Le paysage était magnifique. La maison aux murs de pierre blanche était située à moins de 100 mètres de l'océan, avec une terrasse longeant la façade tournée vers l'eau. Une grande baie vitrée la reliait à la cuisine moderne et au salon. A l'étage, 4 chambres étaient notre disposition, ainsi que 3 salles de bain. On se répartit les pièces. Comme Na-Yung et moi étions les 2 seules filles, les autres n'ayant pas pu venir, nous primes la même chambre, aux murs peints en bleu ciel. Min-Kyung, Kang-Min et un autre de leurs amis décidèrent qu'ils dormiraient ensemble, et Hyun-Ki choisit une chambre avec le dernier garçon.

On déballa nos affaires, puis Min-Kyung et Na-Yung descendirent préparer le diner. Je réussis à convaincre les autres de ne pas les déranger. Alors que je m'apprêtai à descendre pour aller voir l'océan, je reçus un appel.

- « Allô ?

- Kyyyaaaah t'es trop méchante !! Tu n'as pas appelé ta dongsaeng préférée depuis 5 jours, 8 heures et 37 secondes !!!

- Hey mais c'est pas ma faute !!! Tu m'as manqué !

- Tu m'as manqué aussi !! Dis, dis... Tu me ramèneras des poster, hein, dis, dis ??!

- Tu ne perds pas le nord, toi ! Ils attendent patiemment chez moi que je rentre en France !

- T'es la meilleure !!!

- Voui, je sais ! Bon ma dongsaeng d'amour, il faut que je te laisse ! Je te rappelle bientôt, promis ! Saranghae ! Et surtout, si tu peux, essayes de venir me voir en Corée !

- J'en meurs d'envie ! Saranghae, Unni ! Bisous ! »

Je raccrochai, le sourire aux lèvres. Je l'aimais vraiment trop, ma « petite sœur ». Sur cette note joyeuse, je descendis, et vis... Min-Kyung et Na-Yung s'embrasser.

- Ah bah ENFIN !

Ils se tournèrent vers moi d'un coup, et, gênés, se séparèrent.

- Ah... zut j'ai... J'ai parlé à haute voix, c'est ça ? Oubliez ce que j'ai dit et surtout, continuez ! Mais surveillez le dîner, quand même ! Et pas de bêtises !

Un sourire sur mon visage, je sortis. J'étais vraiment contente pour eux. Au bord de la terrasse, je défis mes chaussures et courus jusqu'à l'océan. Je ralentis en approchant de l'écume rejetée sur le sable et m'arrêtai lorsque j'eus de l'eau jusqu'aux chevilles. Je fermai les yeux, levai mon visage vers le ciel et laissai le vent le caresser doucement. Au bout de quelques minutes, une voix retentit à mes côtés.

- C'est vrai qu'on est pas si mal, ici.

Kang-Min se tenait à mes côtés. Je ne l'avais pas entendu approcher. Je l'observai du coin de l'œil. Il était de profil, la tête tournée vers le ciel. Il avait les yeux fermés, un air paisible sur le visage. A quoi pensait-il ? Je regardai la mer, et d'un balancement de mon pied, je lui éclaboussais les jambes. Puis, riant, je me mis à courir, interrompant les quelques secondes de paix.

- Hé !

Il me poursuivit, et m'attrapa par le bras. Alors que je me débattais pour lui échapper, riant aux éclats, il attrapa mon autre bras et plongea son regard dans le mien. Je n'osai plus bouger. Il plaça alors mes mains dans son dos et me serra dans ses bras. Posant son front sur mon épaule, il resserra son étreinte, collant un peu plus mon corps contre le sien. Lentement, je fermai les yeux et lui rendis son étreinte, mon front posé dans le creux de son épaule. Son souffle chaud contre mon cou me faisait frissonner.

- Pourquoi a-t-il fallu que tu me fasses ça... ?

- Que... (j'étais enrouée, je me raclai la gorge) Que je te fasse quoi ?

Il se redressa, sans pour autant desserrer son étreinte, et me regarda dans les yeux.

- Il y a quelques semaines, on ne pouvait pas se voir en peinture... Ils avaient tous peur de moi. Et maintenant... (Il pencha son visage vers le mien) Et maintenant, les autres ne me craignent plus, je n'ai plus envie de martyriser qui que ce soit pour me défouler, je veux juste...

Sa voix baissait au fur et à mesure qu'il parlait et qu'il se rapprochait de moi. Je pouvais sentir la chaleur de son visage contre le mien. Il posa sa paume sur ma joue, fit glisser délicatement son pouce sur mon œil droit, et laissa sa main se perdre dans mes cheveux. Alors qu'un autre frisson parcourait mon corps, il posa doucement ses lèvres sur les miennes, délicatement, comme s'il avait peur que je me brise. Il s'écarta de quelques centimètres.

- Maintenant, tout ce que je veux, c'est toi.

Il ne me laissa pas le temps de reprendre mes esprits et m'embrassa à nouveau. Cette fois, je pus lui rendre son baiser.