Nous allions être bientôt le 1er Août, ce qui signifiait que le départ pour Stansword était prochainement. On pouvait sentir que malgré la joie de partir quelque part, la peur de retourner à Stansword faisait toujours partie des conversations des Différents. La plupart évoquait la visite des jumeaux et tremblait à l'idée de les voir ou pire, de les combattre. Zac essayait de leurs remonter le moral mais je savais que c'était quasi-inutile. Olivia, elle, était trop occupée à organiser ses vêtements pour avoir au moins trois valises à emmener. Elle m'avait entraîné de nombreuses fois au centre-comercial mais j'avais souvent refusé.

Le plus grand problème que nous avions était le transport. Certes, certains pouvaient se téléporter avec d'autres mais nous n'étions pas tous dans ce cas. Il ne nous resta plus que l'autocar et une heure et demi de marche ensuite. J'eu beaucoup de mal à faire accepter cela mais ils cédèrent tous à cette proposition. J'avais donc demandé de ne pas avoir trop de valises mais malheureusement, tout le monde ne respecta pas cette condition. Pour ma part, j'avais deux valises pour 1 mois contenant mes affaires comme mes chaussures ou des habits. Suivant la spécialisation des Différents, ils devaient mettre aussi dans leurs bagages des outils comme des médicaments pour les guérisseurs.

Le 31 juillet au soir, j'étais assise à mon bureau dans l'Immeuble des pouvoirs avec des vieux plans qui jonchait l'intégralité de ma table. Ils me montraient l'endroit où se trouvait Stansword avant la météorite. C'était d'ailleurs une rareté de trouver un plan papier des villes car maintenant et depuis longtemps, tout est sur Internet. Grâce aux satellites, les cartes sont actualisées à la minute près et on peut choisir si on veut voir en version plan ou avec des images. Le sommeil me faisait fermer les yeux mais l'anxiété les faisaient réouvrir aussitôt. Sans que je sois consciente, mon cerveau me relançait les images horribles de la fusillades et des Différents décédés. Je revoyais Reine ensanglantée qui souffrait terriblement et j'entendais les cris désespérés de ceux que les balles frôlait de trop près. Je me revoyais courir partout à la recherche d'un abris pour les sauver mais le résultat était nul.

Je me massais les tempes et bus une goutte de mon café que l'on pouvait facilement surnommer jus de chaussettes, tellement il était infecte. Le seul point positif était qu'il avait un grand apport en énergie. Je croquais dans mon biscuit sec et feuilletais dans les pages pleines de cartes.

J'entendis la porte derrière moi s'ouvrir mais je n'y prêtais pas une grande attention car j'étais trop absorbée par un plan détaillé. L'écriture m'était extrêmement familière et elle l'était puisque celle-ci appartenait à Andrew. Un sentiment de mélancolie vient en moi mais je le chassais. Après tout, ce n'était qu'un traître.

-"Tu es encore debout ? Il est presque minuit." me dit Zac en s'installant à côté de moi

Je me tournais vers lui et le regardais. Il avait dû faire une petite sieste sur le canapé de mon salon et s'était téléporté ici pour me voir. Ses cheveux châtains-clairs étaient en batailles et ses yeux turquoises étaient encore un peu bouffis par le sommeil. Il portait un simple t-shirt gris, un jeans et des vans noires. C'était dans cet ensemble que je le trouvais le plus beau.

-"Je dois encore travailler un peu." répondis en étouffant un énième bâillement

-"Tu auras du temps demain. Tu es littéralement en train de t'endormir sur tes cartes." protesta-il 

-"Tu oublies que demain, on part tous et je ne veux surtout pas faire ça à la dernière minute." répliquais-je en me remettant au travail

Zac soupira et se tourna pour contempler la vue qui s'offrait à nous depuis la grande baie-vitrée dépoussiérée récemment. La nuit avait couvert de son voile noir le ciel qui s'était revêtu de diamants. De son unique oeil, l'obscurité veillait sur la ville ensommeillée où certains immeubles avaient des lumières allumées comme si celles-ci voulaient rivaliser avec les étoiles. Le vrombissement discret des voitures rythmait le silence paisible de cette ville si active la journée et qui s'était transformée en un lieu calme.

-"Je suis sûr que tout va bien se passer." affirma-t'il après un court silence en se tournant vers moi

-"Je préfère tout prévoir. Imagine ils reviennent et c'est le bazar de nouveau." dis-je en buvant une goutte de mon supposé café

Zac hocha la tête en silence, signe qu'il savait que je ne capitulerais pas,  puis se leva. Aussitôt, ses 1m80 furent imposants face à moi. Même lorsque j'étais debout, je ressentais la même sensation que les Lilliputiens face à Gulliver.

-"Ne te couche pas trop tard." céda-t'il en m'embrassant sur le front

-"Non, ne t'inquiète pas." le rassurais-je en lui faisant un faible sourire

Zac sortit en silence, sûrement par téléportation et me laissa seule avec mes réflexions.