Chapitre 57.
(Tom)
Et il m'a expliqué. La découverte de son homosexualité. Sa terreur d' être démasqué. Son jeu de badboy au lycée. Sa première rencontre.
Je me retrouvais dans son histoire et je réalisais à quel point, avoir des parents tolérants, était une chance.
Puis le ton de sa voix a changé, il m'a conté l'impensable, je le soupçonne même d'avoir minimisé l'ampleur de cette correction familiale.
Par moments, sa voix était si faible qu'il me fallait me concentrer pour le comprendre, certains mots la faisaient trembler. Son corps exprimait la même chose, recroquevillé contre le divan, pareil à un enfant effrayé.
Puis, les mots ont pris de la force et son corps s'est redressé : il me racontait son retour vers la vie.
La colère face aux homophobes et le déchaînement de violence qu'il avait du mal à contrôler.
Subitement, il s'est levé et il est parti se planter devant la fenêtre de la salle, me tournant le dos. Silencieux.
Je ne l'avais pas interrompu une seule fois. Et lui avais volontairement évité mon regard tout le long de son récit.
Que pouvais-je lui dire ? J'étais en accord avec tout ce qu'il avait dit et fait.
Mais je suis un flic. C'est à mon tour de lui parler, et de m'expliquer sur mes intentions.
— Voilà tu as toutes les infos, je ne sais pas ce que tu vas en faire, m'explique Matt toujours dos à moi. Par contre, je me dois de te préciser que je ne dirais rien. Tu as seulement mon récit, et tu n'auras rien d'autre.
— Pourquoi cela ?
— Tu n'as rien qui me relie aux agressions, à part la dernière puisque tu étais là. Et je ne porterai pas plainte contre mon père.
— J'ai entendu, pas forcément compris, mais j'ai entendu, Matt. Seulement je ne suis pas seul à décider... mon coéquipier doit valider, lui aussi. J'ai juste une question à te poser.
— Pose-la, mais je ne te promets pas d'y répondre.
Je m'approche de lui, l'oblige à se tourner vers moi. Ses yeux sont humides mais il garde le contrôle. Pourtant, même si cela le déstabilise,il me faut le faire.
— J'ai besoin de savoir Matt, et pour cela il va falloir que tu acceptes mes conditions, murmuré-je.
— Je t'écoutes, répond-il aussi doucement.
— Si tu décides de répondre à ma question, tu devras le faire en me regardant dans les yeux et ma main sur ton coeur.
— C'est une façon particulière d'interroger un suspect, petit flic ! ironise-t-il.
— Arrête avec tes sarcasmes, Matt, m'enervé-je.
— Et toi avec tes phrases de flic ! Pose ta question, articule-t-il en me fixant, le visage fermé.
— Vas-tu continuer à tabasser des homophobes ? lui demandé- je en scrutant sa réaction.
Il me prend la main, la pose à l'endroit de son coeur et me fixe à son tour.
— Je n'ai jamais cherché ces gars volontairement, Tom. J'ai fait en sorte, pour la plupart d'entre eux, qu'ils me tombent dessus. Je ne peux pas arrêter de le faire, ils sont tout ce que je déteste.
Il disait vrai. J'en étais sûr, les battements de son coeur étaient forts et rapides. Sa main enveloppait à présent la mienne, toujours sur sa poitrine.
— Mon coeur bat vite mais pour quelle raison, ta question ou la proximité de nos corps ? Est-ce que tu le sais, Tom ?
— Tu penses que je veux intimider un suspect ! Lui dis-je en le collant contre mon bassin de mon autre main.
— Ou que le suspect influence le témoin, me suggère t- il en frottant lascivement le sien contre le mien.
— En faisant cela, tu provoques l'homme, pas le flic.
— Exactement ce que je veux, pas toi ?
— Depuis hier soir, pour être précis.
Je ponctue cette phrase en l'embrassant. Et a priori , il n'y voit aucun inconvénient.
Nos bouches s'apprivoisent, chacun essayant de découvrir ce que l'autre désire. Très vite, nous avons besoin de nous toucher, de nous caresser, et de la même manière que lors de nos baisers, nous partons à la découverte de l'autre, du corps de l'autre, jusqu'à l'épuisement.
***
(Matt)
Tom s' est endormi à mes côtés. Et je profite de son sommeil pour le regarder.
En voyant ce corps musclé, je comprends pourquoi il lui a été si facile de me bloquer l'autre soir.
Il est comme moi, sans poils sur le torse. Il n'a par contre aucun tatouage. Ni piercings.
Il se passe quoi dans ma tête ? Deux nuits d'affilée. C'est la première fois depuis la correction de mon père. Il y a eu des brèves étreintes, du sexe pur mais depuis Nathan, aucune relation sérieuse.
Pas l'énergie de gérer cela.
Et si... N'importe quoi, bordel ! C'est un flic !
Et alors, tu es sûr que c'est cela le problème !
Ou est-ce l'idée de t'attacher à quelqu'un ? De souffrir à nouveau comme au départ de Nathan, qui restait en Argentine, tout compte fait.
Et puis bon, avant tout il faut peut-être se demander si, lui le flic, il a envie que cela dure un peu.
— Est-ce qu'il est possible de savoir à quoi tu penses ? me questionne-t-il.
— Non. Tu restes ou tu dois partir ?
— Je reprends à quinze heures. Après tu dois te lever à quelle heure, toi ?
— Je travaille chez moi, pas de contraintes d'horaires.
— Vraiment ! Tu peux être plus précis ?
— Oh, bien sûr ! Il faut juste le mériter... Crois-tu que ce soit le cas ?
— Matt, tu ne devrais pas jouer à ce jeu, tu pourrais le regretter...
— D'accord... Je suis traducteur. Et à l'occasion j'écris quelques petites choses, pour les enfants.
— Depuis longtemps ? me demande-t-il en posant sa tête sur mes cuisses.
— Non. As-tu un mec, Tom ? Ou l'intention d'en avoir un, tout du moins ?
— Pas de mec, non. Pour tout dire, j'ai eu une mauvaise rupture et depuis... Tu as déjà eu ce genre de discussions avec d'autres, Matt ?
— Ah Ah non, pas vraiment. Ça fait grave cliché. Je ne reste jamais dormir, je m'en vais très vite.
— Et là, tu veux que je parte ?
— Justement, non.
— Et ça te fait peur ?
— Un peu, oui. Et toi ?
— Moi, j'ai envie de voir si ça peut fonctionner...nous deux.
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