Chapitre 47.
— Ben dis donc Mattys, tu bandes mon vieux ! s'exclame mon frère Ted. Tu vois que tu n'es pas une tapette ?
— Putain. Même une mémé me ferait bander. C'est mécanique, gueulé- je hors de moi.
— Je le sais, petit con, Mais crois-moi, tu vas me remercier avant
la fin de la semaine, m'explique mon père à son tour. Je vais te changer.
—Je ne veux pas changer, Papa.
— Tu n'as pas le choix, Mattys. Rattachez-le tous les deux. Donnez-lui figure humaine. Votre soeur arrive.
***
(Isa)
Mattys n'est pas venu me chercher ce matin. Sans m'avoir même appelée, je suis donc arrivée en retard au lycée. Je lui ai laissé des sms, mais je n'ai pas eu de réponse.
A la pause, je fonce vers sa classe, il n' y a plus personne.
Dehors... il doit fumer. Je vois Joe mais aucune trace de Mattys.
— Joe ? Dis-moi, tu as vu Mattys ?
— Il m'a appelé. Il ne sera pas là de la semaine. Il est parti chez un oncle. Il n'a pas pris son téléphone.
— Ah ok ! Merci Joe, dis-je surprise.
— Il ne t'a pas appelée ? demande-t-il à son tour.
— Non. Sinon je ne t'aurais pas posé la question. Tu dois être heureux, non ? Tu vas pouvoir recommencer à me harceler !
— Tu crois qu'il t'a larguée ? me demande-t-il.
— Ça y ressemble, oui.
— Tu peux être tranquille. Personne ne t'emmerdra. J'y veillerai.
— Pourquoi ?
— Tu es, jusqu'à preuve du contraire, sa nana. Et même sans cela, et je te conseille de n'en parler à personne, j'ai appris à te connaître.
— Et Mattys t'a menacé, complété-je.
— Aussi. Tu veux que je vienne te chercher demain ?
— Non merci. Ça serait trop... bizarre.
***
( Joe)
Elle n'est pas au courant, Mattys ne l'a pas prévenue. Et j'aime pas ça du tout. Je serais tellement plus serein si mon pote cherchait à me joindre. Son père m'a donné l'ordre de rassurer Isa.
Pourquoi ?
Si j'étais Mattys, je débarquerais chez eux et je poserais des questions ! Sauf que je suis Joe... Un putain de branleur, qui a peur de son père.
***
(Isa)
Absent toute la semaine. Un rapport avec ce qu'il s'est passé avec Nathan ?
Oliv m'a expliqué, et Mattys allait bien.
Dois-je contacter mon frère ? Il n'aime pas trop que je l'appelle quand il aide des "amis". Sûrement pour me protéger, une fois de plus. On est lundi. Je laisse quelques jours à Mattys.
***
(Mattys)
J'ai essayé de convaincre mes frères. Cela m'a valu deux baffes. Mon père est le roi et ils n'iront pas contre lui. Et puis, ils sont du même avis.
J'aperçois ma mère qui entre dans le hangar.
— Maman. Détache-moi.
— Je viens t'amener à manger. Ne m'appelle pas comme cela. Tu es un dégénéré. Et d'un geste méprisant, elle crache à mes pieds.
Puis ma soeur est arrivée avec son mari Karl. J'ai entendu mon père lui dire que j'étais consigné dans le hangar. Qu'il lui interdisait formellement de m'approcher.
Il l'a dit à voix haute. Pour que j'entende. Aucun espoir à avoir. Je n'en ai jamais eu la preuve formelle mais je suis certain que ma soeur a, elle aussi, été corrigée.
Mon seul espoir restant est Isa. Elle doit s'inquiéter de ne pas me voir.
Mon père, tout sourire, s'approche de moi.
— Je viens d'avoir Joe. Il a exécuté mes ordres à la lettre. Tu es parti une semaine chez un oncle. Sans téléphone. Et son enculé de frangin a quitté le secteur. Je crois que tu as compris. On va pouvoir commencer sérieusement. Tu aimes toujours les mecs, Mattys ?
— Va te faire foutre !
Je sais ce que je déclenche en prononçant ses mots. Mais en effet, j'ai compris. Il ne joue plus. Il sait pertinemment qu'il n' y a qu'une issue.
Son regard est haineux.
Puis, c'est un déferlement de coups, de cris, de crachats.
Ils s'acharnent sur moi. Mon père. Mes deux frères. Mon beau frère. Et dans une certaine mesure ma mère et ma soeur puisqu'elles ne disent rien.
J'ai mal, les coups sont nombreux. Mais leur haine me détruit encore plus.
Leurs mots, leurs regards finissent de me briser.
Dans ma tête, je suis mort.
D'ailleurs, ai- je envie de vivre alors que ma propre famille me rejette ?
Je me sens lâcher. Seul la voix de Karl me sauve.
— Il faut arrêter, Monsieur. Son coeur pourrait lâcher.
— Et alors ? C'est une merde.
— Monsieur. Cela pourrait être délicat pour l'avenir, non ?
— Bien vu, Karl. On va le larguer dans un chemin. Après, il survit ou pas, j'en ai rien à foutre.
— Je m'en occupe avec Fred. Il est excusé au lycée, je suppose ?
— Ils ne savent rien mais ils appelleront pas.
— Vous pourrez dire qu'il s'est tiré, alors. Pour cela, il faut un minimum de mise en scène. Un sac avec des fringues, son portable.
— M'en fous, j't'ai dis. De toute façon, pour moi il n'existe plus.
Je sens que quelqu'un me tire et me porte sans aucune douceur. Puis un bruit de moteur. J'ai du mal à rester conscient. Chaque trou sur la chaussée m'arrache de la souffrance.
J'entends des voix : Karl et Fred.
— Fred, on va le déposer au bord d'un chemin.
— Pour qu'on le trouve ?
— Pourquoi ? Tu veux qu'il crève ?
— Je préfère pas. Mais...
— On dira rien à ton père. Ce sera plus crédible. Il aura été agressé à cause de son homosexualité.
—Remarque, c'est la vérité !
— Toi, tu es un vrai connard !
Je les entends rire de leur bonne blague. J'ai peut être une chance, je ne vais pas mourir.
— Fred, surveille si tu vois une voiture arriver, je m'occupe de lui.
— Fais toi plaisir, j'ai changé de tee shirt, j'ai pas envie de salir celui-là.
Des bras me saisissent et me portent.
— Mattys. C'est Karl. Je te pose sur le bord du chemin. Tu es salement amoché mais je ne pense pas que ta vie soit en danger. N' appelle pas les flics. J'ai rien pu faire. Ton portable, je te le mets là. Tu es à 5 km de l' étang direction Feytin. Reste loin d'eux.
J'entends parler, puis des bruits de portière, le moteur de la voiture. Ne flanche pas Mattys. Si tu t'endors... Je n'arrive pas à garder les yeux ouverts.
De nouveau des voix, différentes.
— Oh Putain. Regarde il y a un mec dans l'herbe ?
— Il est sacrément amoché ! Va chercher la voiture et au trot.
— T'appelle pas les pompiers ?
— Il s'est fait corriger. Je sais où aller. Va chercher la bagnole.
— N'aie pas peur, me chuchote une voix. Je vais t'emmener à l'abri chez un pote.
— Pas les flics.
— Compris. Voilà la voiture. Je vais te porter. Je vais faire gaffe.
— Tiens, j'ai pris la couverture, on va le mettre dedans, il aura moins mal.
— Bonne idée. Tu rentreras en premier. Je pense qu'il a au moins une fracture. Bon, gamin, on va te lever et te mettre dans une couverture pour te porter.
— Il tourne de l'oeil !
— J'ai vu. On va en profiter. Allons- y. A trois. Un. Deux. Trois.
— Je ne sais pas si tu m'entends, tu es dans ma voiture. Je t'emmène chez un pote.
— J'ai mal...
— On y est dans cinq minutes. Tiens le coup.
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