(Mattys)

Regonflé, je remonte en voiture et décide de rentrer à la maison.
En chemin, je change encore d'avis. Rester dans ma piaule n'est franchement pas une bonne option.

Aller chez Oliv et Isa me tente beaucoup mais Isa a besoin de temps avec son frère.

M : Joe ? Ça te dirait de boire un coup ?

J : Mattys ? Tu es sérieux ? Isa t'a enfin largué ?

M : Arrête de dire n'importe quoi ! Non, elle est prise ce soir. Alors ? Oui ou non ?

J : D'après toi ? On se retrouve où ?

M : Je passe te prendre chez toi.

Nous passons une soirée sympa. Dans un bar loin de notre ville. Sans risque de rencontrer des connaissances de mon père. J'ai voulu aller voir Nathan, mais avec Joe, c'est impossible.
Je dépose Joe chez lui vers deux heures du mat. Il est content. Moi aussi. Il est lourdingue par moment, mais il n'est pas méchant.

— C'était sympa, mec. Bizarre de ne pas te voir avec une fille.

— Je ne suis pas toujours avec une fille, Joe, tu sais. Honnêtement, des fois, elles me gonflent à me coller sans cesse !

— Depuis que tu es avec Isa, tu es tranquille.

— Carrément ! Elle est reposante, precisé-je.

Car elle n'est pas ma nana, pensais-je. Et si tu le savais, je ne crois pas que tu aimerais. Parce que je ne supporte plus de mentir. De jouer au beau gosse qui a toujours une nana à son cou. Parce que leurs baisers me donnent envie de vomir. Au moins avec Isa, je n'ai pas de souci. Elle ne ressent pas d'amour pour moi. Juste une amitié sincère. Sans contrepartie.

— Hé Mattys ? Tu m' entends ?

— Euh. Non. Excuse. J'étais dans mes pensées. Tu disais ?

— Tu fais quoi demain ?

— Je vais voir un pote à Isa, mens-je. Et non, tu peux pas venir !

— Cela a le mérite d'être clair. Bye mon pote.

— Salut Joe.

Je me gare sans faire de bruit. Normalement, à cette heure avancée de la nuit, il doit dormir. Tout du moins, je l'espère.
Pas de lumière, je me sers un verre d'eau et je monte dans ma chambre.
Je m'arrête net à l'entrée. Mon père est assis sur le bord du lit.

— D'où tu viens à cette heure là ? dit-il d'une voix cassante.

— Tu m'as fait peur !

— Répond ! Tu étais où ? Avec cette pute ? hurle-t-il.

— Non. J'étais avec Joe,  pour boire des coups, draguer un peu. Et ce n'est pas une pute. Il y a de fortes probabilités qu'elle soit vierge en fait.

— Perds pas ton temps avec cet idiot de Joe. Il n'est pas bon à grand chose.

A part pour m'espionner, peut-être ?

— C'est un pote, papa. Demain, je pars de bonne heure.

— Fais pas de conneries. A moins que tu es envie de tâter de ma ceinture, me menace-t-il en sortant de ma chambre d'un pas lourd.

— Bonne nuit, arrivé-je à articuler.

Oh bordel. Il ne va pas me lâcher. Je l'ai constamment sur le dos en ce moment ! Jamais il s'est inquiété de l'endroit où j'étais et de l'heure à laquelle je rentrais. Sauf si je dépassais l'heure fatidique du couvre feu.
Je m'allonge sur mon lit. Il est presque cinq heures. Par prudence, je mets un réveil. Rien que l'idée de réveiller Nathan ou de le regarder dormir va m'empêcher de dormir.

***
(Nathan)

Il est trois heures. J'ai fini mon service au bar. Les gars se sont moqués de moi toute la soirée. A cause du sourire gravé, paraît- il, au milieu de mon visage.
Je suis comme ça. Quand j'ai quelqu'un dans le collimateur, j'ai l'impression d'être l'homme le plus heureux de la planète. Mon plus grand problème est qu'en général je ne suis pas heureux longtemps.

Avec Mattys, c'est un peu différent. Sa curiosité, sa fraîcheur me rendent raide dingue. Il découvre et j'adore l'idée de l'initier. Je suis pressé de le voir. Dans quelques heures. Il a dit qu'il me réveillerait si je dormais à son arrivée. Et rien que d'y penser mon entrejambe réagit immédiatement. L'effet qu'il me fait juste en pensée est carrément dingue ! Je grimpe dans la voiture et un quart d'heure après je suis chez moi.

Habituellement je vais au pieu direct. Mais là, je vais à la douche. J'ai transpiré toute la soirée et je dois éliminer un problème d'érection.
Je sommeille plutôt qu'autre chose aussi j'entends le bruit de sa voiture, puis celui de la porte d'entrée. Je me mets sur le ventre, la tête dans l'oreiller.
Je l'entends enlever son blouson, puis ses chaussures. Et le matelas se creuse sous son poids. Ne bouge pas Nathan. Laisse le faire.
J'entends sa respiration, et je sens son souffle dans mon dos. Mon Dieu, que c'est excitant!

Sa main se pose sur mon dos et commence délicatement à me toucher, faisant des cercles. Je réalise qu'il est plus facile pour lui d'agir car il pense que je dors.
Puis je sens son souffle proche de ma peau, et ses lèvres remplacent ses doigts.

— Je sais que tu ne dors pas, Nathan. Ton corps se couvre de chair de poule.

— Il faut admettre que pour un débutant, tu es très doué.

— Chut ! Ne bouge plus, fais comme si tu dormais. Je rêve de ce moment depuis trop longtemps.

— Avec plaisir. Je vais rester immobile un moment puis ce sera ton tour. Déshabille-toi. Ou je le ferais moi même. Oui, c'est une meilleure idée : je te dénuderai en t'embrassant.

— Chutt, me dit-il. Tu es censé dormir. Tu as un corps superbe, musclé juste comme il faut. J'ai envie de laisser des traces. Je peux ?

— Je ne peux pas répondre, je dors. Fais ce que tu as envie, Mattys. C'est trop bon. Ton hésitation, tes troubles, trop sexy. Mais c'est à mon tour, maintenant. Cela fait une semaine que j' attends.

Et d'un seul mouvement je me retrouve sous lui.

— Bonjour toi ! Et il m'embrasse avec tendresse.

— Bonjour. Tu m'as manqué, Nathan. Caresse-moi.

— C'est si gentiment demandé. Laisse-moi te dévorer, petit agneau dit le grand méchant loup.

— Beeh !!!