Chapitre 12
«Fin de l'alerte, fin de l'alerte. Code rouge maitrisé. Les résidents sont appelés à attendre la venue d'un garde pour pouvoir quitter leur chambre.»
Le message de fin d'alerte sonne et résonne dans les couloirs.
Menteurs.
Ils n'ont rien maitrisé du tout.
Un rire moqueur s'échappe de mes lèvres lorsque je lève les yeux en direction du plafond de la pièce, attirée par le message tournant en boucle. Doucement je ricane à nouveau quand celui-ci prend fin. Les gardes se répartiront pour faire sortir les pensionnaires . Deux grands groupes, un pour chaque bâtiment. Deux sous-groupes dans chacun, pour s'occuper des deux étages occupés sur cinq, dans les deux bâtiments. Et encore, deux sous sous-groupes par étage, pour couvrir les couloirs des dortoirs des filles et des garçons.
Je rebaisse les yeux sur mes genoux, n'attendant plus que de pouvoir quitter ma chambre. Après quelques minutes d'attente, des coups brutaux retentissent, et sans attendre un mot de ma part, la porte s'ouvre à la volée, dévoilant deux gardes, tenant fermement leur bâtons électrique. Dévisageant leur arme, et sans prêter attention aux paroles inutiles, je quitte tranquillement mon lit.
J'avance, encadrée par les gardes. Autour de moi, des dizaines d'autres pensionnaires, certains encore apeuré, d'autre plus neutre. Il est facile de voir sur leur visage qui ne craint pas ces vulgaires alertes. Il est facile de voir, dans les regards durs, froids, presque inanimé qui a vécu la révolte. Enfin, il y avait bien Max aussi. Lui, il l'avait bien vécu la révolte, et pourtant... Ouais, c'est Max quoi.
Je passai la main sur ma nuque pour la masser, et entend derrière moi le bruit d'activation du bâton électrique. Difficilement je retiens un lourd soupir et laisse retomber ma main pour la glisser à nouveau dans la poche de ma combinaison. Les gardes me mène jusqu'à la porte de sortie pour aller au jardin, de là je passe rapidement mon regard sur l'entièreté de l'espace. Le jardin est grand. Vraiment grand. Enfin, il le faut bien pour accueillir plus de 400 personnes. Mes yeux se posent sur un banc, le banc. Ils sont là, Naëlle, Tim, Maxwell. Mais aussi Marco, le petit dont Max s'était occupé le temps d'un repas. Et un autre gars. J'haussai un sourcil en m'approchant.
Qui sont-ils ? Pourquoi ils sont là? Tim? Pas de réactions? En tournant les yeux vers le rouquin, je remarque bien vite que ses yeux fixent le vide. Il a l'air énervé en tout cas. Pour se retenir d'exploser comme ça, c'est assurément Naëlle qui lui a dit de la fermer. Mais je n'eus même pas le temps de me moquer que j'arrivai déjà à leur niveau.
<< -Oh! Alésou! Maxwell est le premier à m'apercevoir arriver derrière le banc où Tim est assit.
Tous les regards convergèrent vers ma personne tandis que je les regardai tous un par un en retour.
-Ouais salut. Max, ton job de nounou est toujours pas fini? T'es a même deux maintenant?
Max se contenta de rire nerveusement, et les deux inconnus de me regarder, le plus jeune en se cachant derrière son aîné.
-Alésia, je te présente Raoul et son petit frère que tu connais déjà, Marco. En fait Marco aime bien Maxwell, donc, Raoul était venu demander s'il pouvait continuer de le surveiller quand il ne le pouvait pas. Expliqua Naëlle avec son calme habituel.
J'écoutais, laissant une grimace se former sur mon visage tout du long de l'explication de la métissée. S'occuper d'un gosse? Evidemment que ça lui plaisait. Mais il fallait déjà savoir s'occuper de soi-même ici. Et en plus, Max avait déjà à sa charge un sacré boulet...
-Ah... Ok. Bon. Et puis ce n'était pas si j'allais m'y opposer, si? ça ne me concernait pas vraiment cette histoire. C'était juste chiant...>>
[...]
Les deux frères quittèrent notre groupe, laissant enfin l'occasion aux Anatomiques de raconter à la Cérébrale de leur groupe ce qui s'était passé.
<<- Bon, donc si je comprends bien, toi t'as trouvé l'alerte rouge. Tu l'as ramené à Alésia, et vous deux vous l'avez ramené à Tim? Ensuite vous avez cassé les caméras, et Maxwell l'a accompagné pour simuler... Son évasion, et là, il dans sa chambre? Naëlle récapitula en plissant les yeux.
-Bah en gros... Ouais. J'acquiesçais en tournant les yeux vers les deux garçons.
-Oui... Mais par contre... Il y a une chose que je comprends pas... Alésia, comment t'as fait pour occuper les gardes? Le brun à lunette tourna son regard naturellement humide et inquiet vers moi en posant sa question, question qui le taraudait depuis la mise en place du plan apparemment.
-Oh ça... J'me suis débrouillée. Pour seule réponse, j'haussai les épaules en détournant le regard.
-Nan, moi aussi j'veux savoir. Tim émit des paroles pour la première fois depuis ma présence.
-Pff... Bon bah ok, je vous raconte...>>
[Flashback]
Tim a rejoint sa chambre. Max et avec l'autre pour terminer le plan. Mais ça ne servira à rien si moi je ne réussi pas. Pff, quelle galère...
Accoudée à une fenêtre du couloir des dortoirs des filles au premier étage, j'attends avec patience que les gardes fassent leur apparition. Toutes les caméras ici ont été neutralisées, et cette simple pensée me rassure. Juste un peu.
Enfin, les six gardes qui montaient la garde au portail arrière passent sous ma fenêtre. Ils discutent fort. Si fort que j'entends ce qu'ils disent. Bouffe, augmentation, mal de dos... Que de choses passionnantes... Ils passent déjà l'angle du bâtiment et je ne les vois plus. bientôt, les autres passeront. Bientôt... Les minutes passent, et je continue à fixer l'angle par lequel ont disparu les précédents gardes. Les prochains vont arrivés... Combien de temps a passé? Une minute? Deux? Qu'importe, ces porcs sont enfin là! Je me redresse dès que je les vois et m'éclaircie la gorge.
-Mh mh. Heu hé! Messieurs les gardes!
Ils s'arrêtent et s'arment en prenant aussitôt une formation de défense totale. Tous dos à dos, ils observent autour d'eux.
-Heu... En haut.
Quelques secondes passent durant lesquelles, certains se regardent, méfiant, avant de finalement regarder en ma direction. Je les salue d'un signe de la main et ils finissent par quitter leur formation, gardant malgré tout leur armes.
-Qu'est-ce que tu fais là? C'est interdit! Tu dois rester dans ta chambre le temps de l'alerte!
-Heu ouais je sais... Mais je dis aller aux toilettes.
Certains haussent un sourcil, d'autres soufflent. Qu'importe à quel point ils me prennent pour une débile ou se foutent de moi tant que je gagne assez de temps. Hein? Qu'est-ce que je raconte moi? C'est juste super chiant! Woah, mais quelle façon de penser à la Naëlle.
-Tu... Tu dois aller... Aux toilettes?
-Bah ouais. Et c'est déjà l'alerte rouge, c'est mieux si vous êtes au courant nan? Sinon, je vais finir au trou et franchement... Bref, faut qu'j'aille aux toilettes.
Les gardes ne peuvent pas se déplacer seul. Donc sur les six, au moins deux viendront avec moi. Mais, les quatre autres...
-Pff... Vous deux, vous l'accompagnez. Toi, tu bouges pas! Attends qu'ils viennent te chercher.
-Oui, oui...
Tandis que deux gardes s'en vont au pas de course, je regarde ceux restants et réfléchis. Comment les faire rester? Alors qu'ils commencent à repartir je les interpelle de nouveau.
-Attendez!
Ils se retournent, visiblement lassés.
-Vous pouvez attendre qu'ils me rejoignent? J'sais pas c'que c'est votre alerte rouge là, et j'ai pas envie de crever en allant aux chiottes hein.
Ils grommellent tout en revenant se positionner sous la fenêtre.
-D'ailleurs... C'est quoi l'alerte rouge là?
Pas de réponses. Bon, au moins, ils ne bougent pas.
-Avant y avait eu... La fuite de gaz... Des résidents qui s'étaient débarrassés de leur bracelets... Une disparition...
-Ou un groupe d'ados qui avait voulu jouer les héros.
Connard. Je le tais en baissant les yeux. Enfoiré. Je le fixe, refusant de détourner les yeux avant lui. Je vois au coin de ses lèvres l'ombre d'un sourire. Enfoiré. Pendant un moment, l'envie de l'étrangler jusqu'à ce que sa tête se décroche de son corps me tente, mais il ne faut pas.
-Ah! D'ailleurs, heu vous pourriez me ramener des serviettes?
Le sourire narquois qui pendait à ses lèvres vacille jusqu'à disparaitre. Et voilà connard.
-Des ... Serviettes?
-Bah ouais. Des serviettes à foutre dans ma culotte. Je mets pas de tampons moi. J'ai mes règles, et j'suis une fille. Et vos collègues, ils vont déjà m'accompagner, ils peuvent pas aller en chercher.
Ils se regardèrent, mal à l'aise. Etonnament, qu'un garçon soit un garde, ou n'importe quoi, il restera mal à l'aise face à ces choses de la vie. Petites natures.
-Bon... Vous deux, allez-y...
Il n'en restait plus que deux. Juste deux. Je plissai les yeux en les observant. Vite. Ceux parti me rejoindre ne tarderont plus à présent.
-Heu, mais vous alliez où à six?
-ça ne te regarde pas petite.
-Mhh... Ouais p'têtre, mais en même temps, ce qui se passe ici me concerne forcément un peu. Je vis ici, je dépend du centre. Si un danger nous menace, vous, vous pouvez partir. Moi non. Donc, en plus voir six gardes pendant une alerte rouge...
-Ce n'est pas par rapport à ça.
-Ah bon?
-Non.
-Mais du coup... Maintenant que vous êtes plus que deux, vous pouvez plus y aller non?
Comme réalisant la chose, les deux se regardèrent, et l'un souffla en rengainnant son bâton. L'autre resta silencieux, et ce jusqu'à ce que les deux gardes m'aient rejoint. Enfin, ceux restant, discutèrent rapidement et firent demi tour.
Ma mission et réussi. Enfin... J'espère.
Après que j'eus raconté la façon si recherchée qui m'avait permit de faire gagner du temps aux garçons, les regards qui se tournaient vers moi changèrent. Tantôt surpris pour Max, tantôt admiratif pour Naëlle, ou bien écœuré pour Tim...
-Eurk. Genre... vraiment. Tim se décala du banc sur lequel nous étions tous deux assis et finit même par s'en lever, comme profondément dégouté de ma personne. Quelle importance, j'ai le banc pour moi maintenant.
-Est-ce que chacun de tes plans comporte une phase obligatoire en rapport avec les toilettes? Je laissai un rire sarcastique résonner en allongeant mes jambes. C'est gonflé sachant que la première fois c'est elle qui l'a fait.
-Bon, passons... Max, Comment ça se passe pour l'instant? Autant reprendre sur un autre sujet non?
-Heu, bien? Je veux dire... On a beaucoup parlé, et il était épuisé, du coup il s'est vite endormi. Mais... Il a très faim. Depuis qu'il est là... Il a pas bien mangé une seule fois... Du coup... Il faut lui ramener à manger. Au moins du pain! L'urgence dans la voix du brun me fit soupirer. Pourquoi j'avais l'impression que l'on s'occupait d'un animal trouvé dans la rue?
-Hé, on peut toujours voir avec les jumeaux s'il a tant besoin de manger. Si on se fait prendre à rapporter du pain dans nos chambres, on va encore faire un tour au trou... Tim soupira en laissant ses mains tomber dans ses poches.
-Merde... Sérieux? Les jumeaux? T'as été trop électrocuté ou quoi? Ta dette plus la notre, une vingtaine de seringues. Une putain de vingtaine! Sans m'en rendre compte, je m'étais rapprochée en haussant la voix, ce que Naëlle me fit remarquer en me repoussant contre le dossier avant de parler à son tour.
-On peut régler ça. Suffit de simuler un problème ici, dans la cours. Comme un malaise, une crise d'épilepsie, une crise d'angoisse. Un truc dans ce genre qui fera sortir le médecin de sa grotte. Comme ça, l'un de nous pourra aller récup-
-J'irai. Ma réponse était peut-être un peu trop rapide... Au point d'en couper Naëlle au milieu de sa phrase et d'attirer à nouveau les regards sur moi. Oups.
-Vraiment? Alésou, je croyais que tu n'aimais pas aller là-bas? L'inquiétude naturelle de Max... Ahlala.
Mais bon, je ne pouvais pas les laissez y aller. Sinon, ils seraient au courant pour Gloria... Non, je ne peux pas. En plus Naëlle chercherait à comprendre, et les gars la suivraient pour la faire sortir. Max paniquerait trop et en oublierait l'objectif de sa mission. Tim... Bref c'est Tim. Il serait capable d'embarquer plus que nécessaire et resterait figé devant Gloria sous le choque. Non. En plus... Rah, elle est pas du genre à aimer la pitié.
-C'est bon, j'irai. Et j'suis la dernière à y être allée, je me souviens mieux d'où les trouver. Je serai la plus rapide.
-D'accord. Donc, maintenant il faut trouver qui va simuler. Même si Naëlle parlait, sa déesse vivante, Tim me scrutait de ses petits yeux. Putain de dérangeant. Il trouvait ça si bizarre que je m'implique autant de moi-même dans un plan?
-Ouais, Max pourrait le faire. Quoi que... Nan. C'est clair que s'il simulait une crise d'angoisse, ce serait crédible. Mais il paniquerait tellement qu'il pourrait en faire une vraie au final et on le connait quand il est sous pression. Il perd tous ses moyens. Donc non. Les autres opinèrent à mon explication. Max étant sûrement le plus rassuré que le choix ne se porte pas sur lui.
-Oui... Moi, je ne sais simuler quelque chose comme ça... Tim? Tu saurais toi? Le rouquin tourna aussitôt la tête comme un suricate en entendant qu'elle lui parlait.
-Heu non. J'suis pas un bon comédien du tout moi. Mais Gloria pourrait elle. D'ailleurs, vous l'avez vu récemment?
-Non... La pauvre, après son troisième séjour répété au trou, j'ai entendu qu'elle était devenu si faible, qu'un seul pas lui prenait tout son énergie. Du coup elle est toujours soit dans sa chambre, ou à l'infirmerie... Max se mit à se triturer les mains après avoir finit de parler et baissa la tête. Un silence suivit aussitôt.
Ouais, ça c'est la version qu'on connait nous... Bordel!
-Mais il y a toujours Rawen! A nouveau, leurs yeux sur moi.
-Rawen... Ouais, c'est la meilleure pote de Gloria nan? Elles faisaient tout le temps des entrainements de théâtre... Elle devrait pouvoir le faire... Mais, pourquoi elle nous aiderait? Putain de Tim! Pourquoi il fallait qu'il ouvre autant sa gueule?
-Heu... J'peux m'en occuper.
Tim haussa un sourcil à ma réponse.
-T'es sûre?
-Ouais. Donc, arrêtes d'me fixer tu ressemble à une chouette!
[...]
Après le petit-déjeuner de 8:30 en compagnie de Tim, Max et... Marco, j'ai rapidement laissé les gars entres eux pour aller trouver Rawen. Rawen... Cette pauvre fille... Elle avait débarqué il y a 2 ans, avec son petit-frère handicapé.
Le pauvre petit a connu un triste sort... Le p'tit était autiste, est avait seulement 9 ans quand il est arrivé. Et trois mois plus tard, parce qu'il n'avait pas écouté un garde qui s'est vite énervé en pensant qu'il se moquait de lui, il l'a tabassé, électrocuté et ce, devant tout le monde dans son couloir de dortoir. Le petit Amir est décédé à seulement 9 ans parce qu'il avait voulu attendre un ami devant sa chambre au lieu de directement aller déjeuner. Que des enfoirés ces gardes.
Un soupir lourd m'échappa. J'étais déjà arrivée face au bâtiment Cérébral. Contre un mur, assise par terre et les yeux rivés sur des petits cailloux entassés, Rawen. Je m'approchai en déglutissant. Je n'avais jamais vraiment parlé avec elle, et je ne la connaissais que d'après les on dit, et les mots des autres. Une fille calme et silencieuse d'après certains. Une fille débordante de haine meurtrière, comme une tempête en continuelle préparation disent d'autres. Ou, une fille très serviable et effacée, mais très attachée aux liens, d'après Gloria. Un nouveau soupir. Je m'approchai d'elle, les mains dans mes poches, en me rendant soudainement compte que je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais pouvoir lui dire. Merde. Trop tard pour faire demi-tour maintenant non? Non, je pourrais, mais c'est ridicule.
<<-Hum, salut Rawen.
Elle s'arrêta dans son mouvement de déposer un nouveau petit caillou aplatit au sommet de son mini cairn pour relever son regard noir sur moi.
-Alésia. Salut.
Bordel, et j'dis quoi maintenant? Je m'humidifiais les lèvres en regardant autour de moi, quand mon regard se posa sur le banc où les autres attendaient. Et directement dans les yeux de Naëlle qui nous observait. Merde.
Je m'approchai pour venir m'asseoir contre le mur, côte à côte de la pensionnaire de un an ma cadette.
-Heu... Tu, tu vas bien? En ce moment?
Elle fit tomber ses petit cailloux et tourna les yeux vers moi en fronçant les sourcils.
-C'est pas pour ça que t'es venue me voir, ça se voit. Qu'est-ce qu'il y a?
-Pff, bon autant être claire, j'ai besoin de toi.
Je pris un des cailloux de la tour effondré et entreprit de le poser à nouveau sur la base. Oh, réussite.
-J'ai besoin que tu simules un truc. Un truc du genre crise d'épilepsie, ou malaise.
A son tour elle posa un caillou en équilibre sur le mien.
-D'accord.
-Hein? Juste, tu acceptes comme ça?
Sous la surprise d'une réponse si rapide j'en fit presque tomber la tour, mais rien ne tomba.
-Ouais. J'ai rien d'autre à faire ici. Comme tout le monde. Et, t'es Alésia. Si c'était pas important, t'irais pas voir quelqu'un d'autre que ceux de ton groupe.
-Woah... J'passe vraiment pour une telle associable?
Elle émit un petit rire et posa à son tour un nouveau caillou.
-Bah, ouais. Mais t'es plus vu comme... Un symbole . Ouais, vous tous, toi, Naëlle, Tim, Maxwell... Daniel... Vous êtes nos symboles. On a besoin de vous, et si vous avez besoin d'aide, personne ici ne vous la refusera.
Si je m'attendais à ça... Des dizaines de résidents avaient disparu après l'échec de la révolte. Des dizaines qui avaient des amis ici... A cause de nous, les choses étaient pire qu'avant. Mais, ils continuaient à croire en nous? Pourquoi? C'était Daniel... Daniel le symbole, pas nous... Son regard si sombre comme la nuit se mit à briller d'une étincelle vive qu'elle plongea dans mon regard d'incompréhension.
-Bon, pour la simulation, c'est pas un problème. Je suis asthmatique, donc je peux parfaitement simuler une crise d'asthme sans que personne ne trouve ça suspect.
-Ouais, mais, aujourd'hui je viens te parler, et juste après, tu fais une crise... T'es sûre que ça paraitra pas suspect?
-T'en fais pas. Je prenais des cours d'impro en tout genre avec Gloria, je vais gérer.>>
Elle ne m'avait pas dit ce qu'elle comptait faire exactement, mais tout c'que je peux faire à présent, c'est d'attendre. Bordel de putain de merde. J'aime pas ça attendre!
Je me passai frénétiquement la main dans les cheveux puis laissai de nouveau échapper un soupir. ça ferait presque un peu trop de soupirs aujourd'hui. Revoyons le plan. Rawen de son côté fait sa crise, les gardes vont tout de suite se rassembler autour d'elle et aller chercher le doc. Le doc va débarquer en urgence, regarder de quoi il s'agit, et pendant ce temps, discrètement, je vais me glisser à l'infirmerie et je récupère un masse de seringues. Ouais, facile.
Après m'avoir quitté, Rawen s'était précipitamment relevé et avait couru jusqu'à un arbre contre lequel elle s'adossa et passa son regard sur l'entièreté de la cours. Elle était restée assise pendant quelques minutes et entre temps, les gens s'étaient rassemblés en petits groupes au pieds du même arbre, de mon côté je continuai à faire de nouvelles tours de pierres qui finissaient toutes par s'effondrer bien rapidement tout en observant la jeune la jeune égyptienne. Attendre... Encore et toujours, je ne pouvais faire que ça. Putain de chiant...
A nouveau son regard se porta sur moi et, je crus percevoir l'ombre d'un sourire qui me fit me redresser contre le mur. Avant que je ne puisse me demander si le moment était venu, elle se mit à froncer les sourcils en serrant son poing contre sa cage thoracique. Elle se releva en s'aidant du tronc, et à partir de là, je dû me contorsionner pour tenter de voir quoi que se soit. Les nombreux résidents agglutinés autour de l'arbre entouraient Rawen et m'empêchaient de la voir. Tout ce que je pouvais voir était les têtes se tourner vers elles et des personnes se baisser. D'un coup, un des résidents se releva précipitemment et fit de grands gestes en direction des gardes.
<<-ON A BESOIN D'AIDE!>>
A mon tour je me relevai avec lenteur, assistant à un agglutinement massif autour de l'arbre. Bientôt les gardes rejoignirent le groupe, laissant les deux portes des bâtiments libre d'accès. Pendant que tout le monde se regroupai, je profitai de l'agitation pour me glisser jusqu'à une porte, celle du bâtiment Cérébral dont j'étais la plus proche et me mis à courir dans le hall, pour rejoindre l'infirmerie. En chemin, je m'arrêtai un temps, regardant autour de moi. Je n'étais venu ici qu'une fois je crois... Ou plus? Je ne m'en souvenais plus. Qu'importe. Rapidement, je me remis à avancer, en marchant en grandes enjambées cette fois, continuant à regarder autour de moi. Là, la porte de l'infirmerie. Et si l'infirmier n'était pas encore sorti? Non, je ne pouvais pas attendre ! Je me précipitai de nouveau vers la porte de l'infirmerie que j'ouvris à la volée.
<<-Monsieur vite!>>
Pas de réponse. Je passai rapidement les yeux autour de moi, au bureau juste à côté de l'entrée. Personne. Il était déjà sorti. Personne n'était là, mais il y avait toujours cette foutue caméra que je pouvais sentir braquée sur moi. Du coin je l'œil, je pu apercevoir un bac plein de seringues. Woah, c'est mon jour de chance! Feignant de chercher le docteur des yeux, je me décalai sur le côté et fit tomber la boite en plastique blanc. Aussitôt je me mis à jurer et m'abaissai, dos à la caméra. En me baissant, j'ouvris ma combinaison le plus discrètement possible et une fois accroupis, je fis tomber à l'intérieur de ma combinaison des seringues en prenant garde à ne pas me piquer. Vite. Vite! Du bac plein, j'en pris une vingtaine, sans prendre le temps de compter réellement et remis le reste dans la boite. Je m'empressai ensuite de refermer ma combinaison et, tout en restant dos à la caméra, remis la boite sur le meuble où elle se trouvait avant de quitter l'endroit. Une fois la porte fermée, je me mis à remuer ma combinaison pour faire tomber les seringues dans les jambes de mon vêtement, passant mon regard sur tout le couloir. Aussitôt je repartis vers la cours, reprenant doucement mon souffle à chaque pas m'éloignant de cet endroit. Bordel, j'ai réussi.
[...]
<<-Donc, tu les as?
-Bordel, Tim pour la quatrième fois: oui!
-Mh... Franchement t'es pas bien hein. Foutre ça dans ton pantalon.
-Oh Ti me fait chier! J'aurais dû les foutre où alors?! Dans mon cul?!
-Alésou, Tim, calmez-vous, on est arrivés...
Le silence se réinstalla, de nouveau lourd comme à chaque fois que nous venions ici. A la porte de la chambre de Jun, l'aîné des Sholm.
Tim arma son poing et toqua au panneau de bois. Il ne nous fallut pas attendre bien longtemps avant que Amya n'entrouve la porte pour nous scruter un à un. Comment pouvez-t-elle être si confiante au point d'ouvrir à la porte de son frère? Et si ç'avait été un garde?
-Amya, comment ça va? On peut entrer?
Pas de réponse. Elle continua à nous épier depuis l'entrebâillement de la porte, sans plus l'ouvrir, sans dire un mot.
-Heu... Amya? On peut entrer? On a ce qui est demandé.
Tim avait beau continué à lui parler, elle ne semblait plus décidé que ça à nous parler ou à nous ouvrir. Mais qu'est-ce qu'elle avait? En l'observant un peu plus, je remarquais que ses yeux était plus cernés, ses joues plus creusées, son teint, plus terne, ses cheveux donnait l'impression qu'elle venait de se battre ou de se réveiller. Peut-être qu'elle s'était battu dans son sommeil?
-Amya?
Une voix venant de l'intérieur la fit se retourner si tôt. Après quelques échanges incompréhensible pour nous, la porte s'ouvrit sur Jun. Toujours aussi svelte, toujours l'air aussi sournois. Mais, lui aussi semblait un peu différent. Ces yeux étaient également bien cernés. Certes il semblait mieux se porter que sa sœur, mais aucun des deux n'avaient réellement l'air à 100% de leur forme.
-Ohh, Tom, ça fait plaisir de te voir. Et tu as même ramené tes petits amis avec toi?
Je m'avançai pour couper Tim dans son élan en plongeant mon regard dans celui de Jun qui me surpassait bien d'au moins deux têtes.
-Et avec nous on a même vos petites copines les seringues. C'est cool hein?
Pas de réponse. Mais du coin de l'œil je pu apercevoir Amya se redresser comme un piquet. Dans un rictus indéchiffrable, Jun nous ouvrit la porte en grand, et nous entrâmes dans la pièce.
La chambre était en désordre. Leurs cahiers où ils répertoriaient tous les arrivants, étaient ouverts et entassés sur le bureau, Sur la chaise des plans et des feutres empêchaient de s'asseoir. Amya se dressa devant mes yeux, m'empêchant de voir de quel plan il s'agissait précisément. Sur le lit, brosses, ciseaux, vêtements du centre s'étalaient. Mais quel foutoir. Qu'est-ce qu'ils foutaient?
Les mots de Naëlle me frappèrent en plaine face à cette interrogation: - Ils se droguent où ils fabriquent quelque chose avec.
Oui... Je ne les voyais pas tremper dans la drogue... Au pire, ils la vendraient, mais n'en prendraient pas. Alors... Ils fabriquaient quelque chose. Oui, ils préparaient quelque chose. Mais quoi?
-Oh? Alésia!
-Hein?
Je sursautai en entendant crier mon prénom. Tim me regardait comme blasé ou encore désabusé. Depuis combien de temps il me gueulait dessus ce p'tit con?!
-Les seringues.
Insista-t-il en me présentant sa main.
Je le bousculai pour aller me placer face au lit et m'accroupi pour faire sortir une à une les seringues de mes jambes de pantalon et les placer sur le lit de façon aussi désordonnée que l'état du reste de la chambre.
-Voilà.
Je me tournai ensuite pour faire face aux jumeaux dont les yeux faisaient des allers-retours des seringues à moi pour l'aîné et restaient fixé sur le lit pour la cadette.
-Maintenant on est quitte, hein? Les dettes sont payés, et même plus. Et vu qu'on a ramené nos seringues si rapidement, on va vous demander autre chose: il nous faut de la bouffe.
Aucun ne semblaient m'écouter, trop concentré sur les seringues que nous avions ramené. Enfin, que j'avais ramené! Jun me décala et se mit à observer les seringues méticuleusement. A cet instant, il n'y avait plus l'ombre d'un sourire rieur au coin de ses lèvres, il arborait un visage totalement sérieux et concentré. Je comptais en même temps qu'il analysait les seringues. 23! J'en avais ramené 23! Fière de moi, je me mit à sourire en coin, les bras croisés en attendant la fin de compte de Jun. J'imagine qu'il va être surpris, peut-être même admiratif que j'en ai ramené autant. Ou alors-
-C'est pas bon.
-Quoi?
-Là, dans tout ça, elle ne sont pas toutes bonnes.
Jun s'écarta en pointant deux tas séparés de seringues.
-Là, elles ont déjà été utilisées, certaines ont même encore pas mal de produit dedans ou sont fissurées. Et là, elles sont intact.
Un silence s'installa alors que je fixais les seringues et que les garçons m'accompagnant faisaient de même. Pendant ce temps, Jun et Amya semblait attendre que nous parlions. Je me sentais bouillir. Tout ce putain de plan pour un "non ça ne marche pas?!" Mais quelle bande d'enfoirés de merde, je vais les-
-On est désolé de pas avoir fait attention. Mais c'était vraiment compliqué... Et, au moins, elles ne sont pas toutes à jeter!
Max était passé devant moi, sûrement après avoir vu que j'allais exploser. Pendant qu'il parlait avec les jumeaux qui semblaient se détendre au fur et à mesure, je pu l'observer parler avec tant d'aisance. Ouais, ce gars n'était pas le plus fort, le plus intelligent ou le plus courageux. Mais il était le plus attentionné et le plus observateur. Il savait quels mots dire à quel moment. Il pouvait voir ce que quelqu'un avait besoin d'entendre en le regardant. Max nous avait sauvé plus d'une fois grâce à ça. Et qui sait, peut-être que là encore, il réussirait à nous aider.
-Mhh, ouais... C'est vrai que pour une première fois, choper 23 seringues, c'est pas rien. Bon, bravo. Mais quand même, vous vouliez de la bouffe?
-Oui! En fait, un ami ne peut pas manger à la cantine. Du coup, on s'est dit qu'on pouvait lui ramener de la nourriture! Mais en prendre de la cantine est risqué... On est surveillé de partout... Alors, voilà, on s'est dit que grâce à vous, on aurait pas trop de soucis pour lui ramener à manger.
Maxwell se triturait les mains en observant l'aîné derrière ses lunettes. Celui-ci semblait réfléchir, et la panique se fit voir sur le visage de sa cadette.
-Jun, on ne peut plus rien fournir! En plus, le compte n'y est pas! Non, on ne peut rien leur donner.
Jun soupira en regardant sa sœur et une discution silencieuse débuta entre les deux. Finalement, Amya baissa les yeux en soupirant. Jun devait avoir gagné non? Je le suivis des yeux alors qu'il s'approcha de son armoire et sortit deux morceaux de pains ainsi qu'une barre de céréale au chocolat.
-C'est le max que je peux vous passer. Normalement vous auriez pas eu tout ça, mais Max, j't'aime bien. Et j'aimais bien Daniel aussi. Donc voilà pour vous.
-Merci!>>
Max tendit les mains pour récupérer la nourriture que lui tendait Jun en souriant, et il s'affaira à tout mettre dans ses poches. Dès qu'il releva la tête pour remercier de nouveau Jun, Amya nous poussa dehors, en soupirant, et claqua la porte derrière nous.
Le reste de l'après-midi passa rapidement. Max était retourné à sa chambre pour donner ce qu'on avait pu avoir à l'autre type. Tim et moi étions restés dans le jardin avec Naëlle. Je lui avais expliqué également notre passage chez les Sholm, et l'anxiété qui se dégageait d'eux, à croire qu'ils étaient attachés à une bombe. Naëlle nous rapporta que dans le bâtiment Cérébral, les gardes montaient bien plus souvent dans les couloirs, dont ceux qui n'étaient pas habités. Pensaient-ils que leur alerte rouge se cachait là-bas? Le repas du soir passa lentement, comme d'habitude en compagnie de Max, Tim et maintenant Marco, qui semblait prêt à tout pour nous impressionner et faire copain-copain avec Max, sa nouvelle nounou.
Contrairement en début d'après-midi, chacun regagna sa chambre seul, nous laissant enfin respirer après cette journée si chargée. Elle avait surtout du être longue pour Max. Le matin rendez-vous avec la vielle Thian, après ça rencontre avec l'autre alerte rouge, la mise en hors d'état des caméras, sa partie à gérer avec l'autre au portail arrière, et enfin tout ce qui s'est passé cet après-midi aussi.
Je soupirais en m'étirant les bras devant mon armoire. La journée avait été vraiment longue. Tout partait en couille depuis trois jours. Ouais... Tellement de choses étaient arrivées en seulement trois jours... Des coups résonnèrent à ma porte, me tirant de ma rêverie alors que je retirais mes bras des manches de la combinaison du centre et que, sans attendre le moindre mot de ma part, la porte s'ouvrit.
Là, à l'entrée de ma chambre se tenait Amya Sholm. Nos regards se percutèrent, sans qu'aucune de nous ne prenne la parole. Finalement elle baissa les yeux vers mes bras que je m'empressai aussitôt de cacher en les croisant.
<<-Heu... Qu'est-ce que tu fais là?
-Faut que je te parle.
Sans un mot de plus, elle ferma la porte derrière elle et s'approcha de moi en plongeant son regard dans le mien.
-Ah,ok... Heu et pourquoi?
-Tu étais à l'infirmerie. Tu l'as vu?
Je sentis des frissons me parcourirent à ces quelques mots, mon corps se crispant, comme si on venait de me percer à jour pour une bêtise que j'aurais faite.
-...
-J'imagine que ça veut dire oui. Alors je pense qu'on peut se trouver un accord.
Soudainement intriguée par le sens que prenais la conversation, j'haussai un sourcil d'interrogation à l'égard de la brune squelettique qui inspira discrètement avant de parler. Après tout, une Sholm qui vient demander de l'aide... C'est sûr que ça doit lui coûter beaucoup. Et surtout, personne n'aurait imaginer ça. Mais qu'avait-il donc pu arriver pour qu'elle en arrive là?
-Il faut que vous m'aidiez, toi et tes potes, à faire sortir mon frère du trou.
-Hein?
-Il doit s'évader.>>
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