Sira

Mon séjour à Cap a tiré à sa fin et dans quelques heures, je devais faire face à la réalité de Dakar. Ces derniers jours loin de tous m'avaient permis de remettre de l'ordre dans ma vie, dans ma tête et de revoir la liste de mes priorités. J'en étais arrivée à la conclusion que je devais me consacrer dorénavant uniquement et entièrement à mon fils, à ma famille et mes amis.

Il fallait me l'avouer en toute honnêteté j'appréhendais beaucoup mon retour ... Parce que j'avais peur de devoir faire face de nouveau à Tassem et parce que j'avais peur de me jeter à nouveau dans ses bras et d'oublier sa tromperie.

J'étais dans une phase où je ne faisais plus confiance à mes capacités de résistance ... surtout de lui résister. Tassem était un petit démon doté d'un grand pouvoir de séduction et dont il aimait utiliser pour me faire succomber... et quand il me regarde fixement sans sourciller, ses iris bleus profondément ancrés aux miens je ne veux que me noyer dedans.

Mon Dieu ... je ne sais pas si je serais capable de ne pas lui pardonner...

Comme à aller, le retour était aussi rapide.

L'avion avait atterri depuis plusieurs minutes déjà et je peinais à contrôler les battements effrénés de mon cœur...

Après avoir récupéré mes affaires je suis sortie retrouver Ibrahima qui m'attendait dans le hall de l'aéroport. Je lui avais demandé de venir me chercher, gentil et très serviable qu'il est, il avait accepté sans broncher. Ma sœur avait beaucoup de chance de l'avoir comme époux en plus de cela il était très respectueux envers ses aînés tout le contraire de Zeyni.

Quand on dit que les contraires s'attirent ce n'était pas des lol. Cependant cette règle ne s'appliquait plus pour moi et Tassem.

Pour quelqu'un qui devait me servir de chauffeur il était bien habillé trop même.

- Ne disparaît plus jamais sans nous donner de tes nouvelles. Je me suis tellement inquiété pour toi et mon filleul.

- Je ne le ferais plus ... Et moi aussi tu m'as énormément manqué où cas cela t'intéresse.

- On entre puisque madame Dia prend la grosse tête.

- Eh ne m'appelle plus jamais comme ça rouspétais-je en tirant sur ma valise.

- Oh veillez m'excuser votre majesté me répondit-il en faisant une révérence.

Exaspérée par son comportement enfantin, je ne le calculais même plus ... Et c'est tout en souriant par la suite que je l'ai suivi jusqu'au parking de l'aéroport. Le trajet de Diass à Dakar ne fût pas très long en ce début d'après-midi de dimanche. Il n'y avait pas d'embouteillages sur les postes de péages pour nous ralentir et ce qui nous a valu d'arriver très vite ... à treize heures nous étions à Ouakam.

Ibrahima s'était garé devant chez moi après il avait entrepris de porter mes affaires dans la maison, je le suivais derrière tout en prenant mon temps.

J'étais très heureuse de retrouver mes parents et surtout heureuse de pouvoir retrouver mon lit douillet mais cette bonne humeur s'était vite évaporée quand mon regard s'est braqué sur celui que je ne voulais absolument pas voir ni croiser nul part ailleurs encore moins chez moi.

Ce connard de Tassem était confortablement assis dans notre salon discutant et riant à gorge déployée avec mon père.

Pourquoi Tassem ne comprend-t-il pas que je l'avais rayé de ma vie ?

Pourquoi trouvait-il le moyen de m'énerver davantage tout en sachant que je gardais encore un goût amer de sa tromperie ?

Est-il aussi sans vergogne que je le pense ?

Et d'ailleurs je venais de noter la présence de ses parents, de sa sœur Nadine assise près du docteur Khalifa ainsi que d'autres personnes que je n'avais jamais vu. Ils étaient tous bien âpretés comme s'ils fêtaient un événement.

Que je sache mon retour n'était pas un événement à fêter.

De toute l'assemblée présente dans le salon de mes parents j'étais la seule à n'être pas en tenue traditionnelle. Tout ceci était vraisemblablement bizarre.

Quelque chose se tramait sous mon nez sans que je n'arrive à mettre le doit dessus.

J'essayais de capter l'attention de Nadine ainsi que celle de Zeyni mais elles faisaient tout pour ne pas croiser mon regard comme si ma présence les perturber en quelque sorte.

- Ma fille ne reste pas planter au milieu du salon. Rejoins nous ! M'interpella ma mère.

OK ! Sira fait preuve de retenue devant toutes ses personnes présentes me priais-je intérieurement. Une fois que je serais seule avec lui je lui ferais mordre la poussière.

J'ai été trop indulgente avec lui la dernière.

Tassem veut jouer et bien jouons.

Je saluais chaleureusement toutes les personnes présentes sans exception en prenant place avec la hâte de comprendre cet attroupement chez moi.

Cela devait attendre quelques minutes encore puisque ma mère m'a ordonné de suivre ma sœur pour me changer et quand j'aurais terminé, je pourrais redescendre car ils avaient à me parler de quelque d'assez urgent et délicat.

- Zeyni lane mo khew si keur gui ( Que se passe-t-il dans cette maison )

- Maman te demande de porter cette robe et après tu en sauras plus. Maquille toi un peu la face et souris par la même occasion, avec ton visage tout fermé tu donnes l'impression d'être constipée.

- Cela ne répond pas à ma question. Et puis je n'ai nullement l'intention de me changer pour être assortie à ce bâtard de Tassem sans que je ne sache ce qu'il se passe dans cette maison.
Zeyni s'il te plaît les parents n'ont pas osé me ...

J'arrêtais subitement ma phrase sachant qu'il était impossible que mes pensées puissent être vraies.

- Écoute Sira il y a là en bas des personns, des invités qui n'attendent que toi alors laisse-moi gérer Khalil et fais ce qu'on demande pour une fois sans ouvrir ta bouche.

Elle sortit de la chambre mon fils dans les bras me laissant ainsi aucune chance de répliquer.

Je me couchais sur mon lit avec l'impression de ne plus contrôler ma vie. C'est comme si j'étais devenue une marionnette aux mains du marionnettiste et que chacuns de mes déplacements étaient contrôlés.

Si je savais qu'en rentrant j'allais trouver ce genre de complot de merde je serais restée volontier à Cap. Là-bas au moins j'étais encore libre de mes actes et je ne voyais pas des faces de crabe de trompeur.

Finissant de me préparer, je jetais un dernier coup d'œil à mon reflet et le résultat était top. La robe sélectionnée par ma mère et Zeyni m'allait comme une deuxième peau et elle m'était énormément en valeur mon derrière. Je terminais en enfilant une paire de chaussures à talons carrés enfin je sortis de ma chambre.

À la dernière marche de l'escalier j'arborais mon plus grand et plus faux sourire. Elles voulaient me voir sourire; elles seront servies de sourire en pagaille.

- Enfin madame Dia disait un homme d'âge mûr.

C'était la deuxième fois en une journée que l'on m'appelait ainsi ... je ne veux absolument faire ma rabat-joie ni celle qui croit aux paroles d'un prédicateur d'avenir mais deux coïncidences dans une même journée ne peuvent pas être une coïncidence.

- Allons dans le salon du premier demanda mon père; nous serons plus à l'aise pour parler.

Docilement et confuse je montais réfléchissant cent à l'heure pour chercher une solution qui allait me sortir de cette blague de mauvaise goût.

Nous étions moi, mon père, Tassem et son père confortablement installés dans le deuxième salon de la maison.

- Ma fille tu dois sûrement te douter que nous organisons une fête ... un mariage pour être plus clair, le tien plus précisément ... Vendredi dernier a été célébré ici-même ton mariage avec Tassem.

Des tierces ... des secondes ... plusieurs minutes passèrent sans que mon cerveau n'arrive à traiter correctement l'information que je venais de recevoir.

- Papa me veux-tu bien répéter s'il te plaît ? Je crois que mes oreilles me jouent des tours ?

J'hallucine ... Ce n'est tout bonnement pas croyable ... Ils n'ont pas osé me faire ça.

Je crois que je suis entrain de faire une crise de panique là.

Inspire ... Expire ... Encore une fois j'inspire ... j'expire ...

Que quelqu'un me dise pourquoi je suis stupide pour m'être laissée berner par ma famille ?

Et Tassem dans tout ça ?

Il est vraiment perché s'il croit que je vais me laisser faire.

- Cara ! Nous sommes mariés depuis Vendredi. Je sais que tu es surprise par la rapidité des événements mais c'est ce qu'il y avait de mieux à faire pour concrétiser notre relation.

Concrétiser quoi même ?

- Tu la fermes Tassem ... Au cas où ta mémoire te jouerait des tours permets-moi petit imbécile de te rappeler deux ou trois petites choses ... Tu m'as trompé avec ta bonne alors enlève rapidement de ta tête cette idée stupide comme quoi nous sommes mariés ... je préfère mille fois me suicider que de devoir partager ma vie avec un bâtard de ton espèce ... Plutôt me tailler les veines oui crachais-je hors de moi.

- SIRA !

- Sira rien papa ! Tu n'aurais dû jamais te laisser avoir par ce connard assis en face de toi.

- Modère ton langage jeune fille ! Si tu ne me respectes pas; ait au moins du respect et de la considération pour ton beau-père car c'est son fils que tu traites de connard et de batard.

Ma colère venait de chuter de quelques degrés et je me rendis compte que j'avais insulté Tassem non je l'avais traité de batard devant son père.

Quand je suis en colère j'ai tendance à ne plus réfléchir ni à me contrôler et je dis tout ce qui me passe par la tête.

Et Tassem a tendance à mettre mes nerfs à rude épreuve.

Cette fois-ci je suis allée trop loin vis-à-vis de son père et surtout de sa mère même si Tassem mérite amplement mes insultes ... j'ai honte car je n'aurais sûrement pas apprécié que mon fils soit traité d'enfant illégitime.

- Je suis désolée dis-je timidement en baissant ma tête. Sachez qu'il est hors de question que je reste marier à Tassem ... Débrouillez-vous pour me faire divorcer comme vous m'avez marié à lui sans me tenir au courant.

Je me levais par la suite les laissant seuls dans le salon.

Wallaye c'est très mal me connaître s'ils pensent que je vais rester sagement marier à Tassem après ce qu'il m'a fait.

Les époux se doivent fidélité et confiance mutuelles ... C'est la première règle dans un mariage et ceci était mentionné dans toutes les religions or partager ma vie avec Tassem reviendrait à souffrir d'hypertension, à mourir d'amertume et de chagrin car je mettrais ma main à couper que Tassem ne me seras jamais fidèle.

Être fidèle ne fait pas partie de son génome.

Un homme qui m'a trompé pendant que nous étions seulement fiancés alors que fera-t-il lorsque nous serons mariés durant plusieurs années ?

Au point où j'en suis aucun homme ne me fera plus jamais souffrir.

Je claquais finalement porte de ma chambre furieuse et sidérée par le comporte de Tassem.

Je me couchais encore une fois sur mon lit fulminant.

Je déteste Tassem !

Je le répète encore haut et fort, je déteste Tassem. Et encore détester n'était pas assez fort pour qualifier ce que je ressentais ou ce que j'essayais de ressentir pour lui ... Je le haïssais.

Est-ce que haïr, était pire que détester ? Que mépriser ? Maudire ? Déplorer, ce dernier était un mot faible. Je me contenterais de le haïr tout simplement et au sens large.

Je remontais la couverture en pleurant comme une madeleine concrètement en bâillant comme un bébé, lorsque subitement une pensée m'est venue à l'esprit. J'avais l'impression que c'était toujours moi que ce genre de truc arrivait.

Mon mode opératoire était-il d'être toujours une victime ?

Il m'arrivait les mêmes histoires, les hommes me faisaient des sales coups et je souffrais parce que je ne suis pas foutue de les encaisser sans broncher.

Putain de merde j'en avais marre de toujours pleurer pour les mêmes types.

- Ioe Sira lomeu yabbei ? ( Tu te fiches de moi )

Pas besoin de sortir la tête de ma couette pour savoir que mon père se tenait en face de moi et très en colère.

- Je veux que tu te lèves immédiatement de ce lit et que tu viennes présenter tes excuses à ton mari et à son père.

- Je ne ferais pas ce plaisir à Tassem ... Papa tu m'as marié à Tassem, un homme qui ne jure que par son pénis. Est-ce vraiment le genre de mari que tu souhaites pour ta fille ? N'as-tu pas pris en compte au moins l'aspect religieux en me mariant avec lui ?

Je me levais du lit pour faire face à mon père.

- Je vois que tu ne me respectes plus pour tenir des propos crus devant moi ... Ce n'est pas parce que Tassem a une libido dépassant la normale qu'il n'est pas un bon musulman.

- Ce n'est pas un bon musulman papa. Il ment tout le temps.

- Tu le juges sans le connaître au fond. Tu me parles de l'aspect religieux alors que vous vous êtes fréquentés pendant des mois sans que son infidélité ni son manque de pratique dans sa religion ne te dérange le moins du monde. Laisse-moi t'apprendre une chose sur ton mari car je maintiens qu'il est ton mari, Tassem maîtrise sa religion plus que toi daffeu ndeuggu rekk wayei diangg neu ( Il est fourbe mais il appris sa religion ). Ton beau-père lui-même me l'a confirmé le Vendredi et j'ai vu Tassem de mes propres yeux me faire la lecture d'un hadith.

- Tassem est un fin manipulateur et du moment qu'il obtient ce qu'il désire le reste il s'en fiche pas mal ... Et ce par tous les moyens. Je ne serais pas surprise d'apprendre que derrière ce mariage précipité se cache un secret.

- Je vois que tu ne veux rien entendre mais sache que lors de ton mariage avec Badou j'étais contre mais malgré mon opposition j'ai respecté ton choix de t'unir à lui ... je n'avais pas donné mon opposition pour la simple et bonne raison que je te respecte en tant qu'humaine alors si aujourd'hui je juge que Tassem est le bon et d'autant plus que tu l'aimes ... Je ne peux que vous unir.

- Ne me demande l'impossible.

- Durant toute ta vie Sira ... T'ai-je une fois demandé de faire quelque chose de mauvais ? T'ai-je une fois demandé de faire quelque chose qui n'était pas dans ton intérêt ?

Mes larmes se sont mises à couler automatiquement sans que je ne les essuie. En réalité j'avais honte devant mon père et je ne pouvais tout bonnement pas le regarder en face. Il a tellement sacrifié pour moi que je ne peux qu'accepter sa demande.

- Ton silence confirme que j'ai été un bon père même si je me rends compte que j'ai raté ton éducation ... Pour la dernière fois je te demande de sortir de cette chambre et d'aller t'excuser au près de ces personnes envers qui tu as manqué de respect et un comportement inacceptable ... Prouve-moi que je n'ai pas totalement raté ton éducation.

Sortir ou rester ?

Que choisir ?

Prouver à mon père qu'il n'avait pas raté mon éducation et lui montrer que malgré tout je le respectais énormément ou rester dans ma chambre parce que là dehors se trouvait mon nouveau mari et l'homme qui me fait du mal actuellement.

J'avais finalement choisi la première option et je suis sortie m'excuser au près de Tassem et de son père.

Mon nouveau beau-père a été plus que compréhensif avec moi ce qui m'a valu de me sentir encore plus mal et j'ai fait mon sport favorite du moment à savoir pleurer vidant ainsi tout mon stock d'eau ...

Après ce petit moment de gène, nous avons finalement rejoins les autres en bas.

~

La journée fut longue extrêmement longue pour moi, dès félicitations et prières ont été formulées pour la stabilité de mon mariage, j'avais dit amen tout en sachant que mon mariage ne sera pas stable ni long feu.

Je n'ai jamais su jouer à un rôle et c'est ce que j'avais fait tout au long de cette journée où mon mariage a été fêté devant nos familles respectives; Tassem lui a cherché un petit rapprochement avec moi mais je ne voulais absolument rien venant de lui.

Au cours de ces dernières semaines je m'étais imaginée mon mariage avec Tassem et je ne le voyais pas ainsi. Nous n'étions le couple complice que nous étions il y a quelques jours.

Le soir quand tout le monde fût parti, il ne restait plus personne dans la maison, juste ma famille.

Et comme mon père m'avait prévenu au déjeuner, je ne passerai pas la nuit dans sa maison. J'avais appris aussi qu'avec l'aide de Nadine et de ma sœur toutes mes affaires ont été déménagées chez Tassem. En ouvrant mon armoire et mes tiroirs de rangement j'en ai eu la confirmation.

En somme je n'avais plus de main mise sur ma propre vie.

Qu'il en soit ainsi !

En quelques heures je suis passée de l'amour à la haine pour Tassem. Il m'a forcé à l'épouser alors qu'il en assume les conséquences.

J'en veux aussi à Zeyni ainsi qu'à toutes les personnes impliquées dans ce "mariage forcé ".

J'étais en ce moment même chez "mon nouveau mari", dans la chambre qui devait être témoin de notre amour.

Mon regard passa dans tous les coins de la chambre et un rire amer me prit ; quand je pense que j'ai pris un plaisir à la décorer avec lui, je ne peux m'empêcher de m'en vouloir, le pire dans tout ça était que je continuais à l'aimer comme une conne.

Je jetais au mur les photos de nous posées sur les deux tables de chevet.

Je me priais au calme ... Encore quelques minutes de patience et je pourrais commencer ma douce et longue vengeance.

Je me levais précipitamment du lit sur lequel j'étais assise tantôt en entendant les pas se rapprochaient.

Quand la porte s'était enfin ouverte laissant ainsi apparaître la tête de ce salop de Tassem, je cachais derrière mon dos l'objet de ma vengeance.

- Si ...

Ne le laissant finalement pas terminer sa phrase et comme la dernière fois je lui balançais la lampe de chevet que je cachais.

Je ne l'avais pas raté cette fois-ci. Il l'avait reçu en plein milieu du visage.

Et alors qu'il se tordait de douleur je passais à ses côtés pour rejoindre la chambre d'ami.

- Bienvenu cher mari ajoutais-je en sortant. Passe une douce et agréable nuit de noce.

~

Hello 😊☺😆

Sira tu vas tuer l'enfant de quelqu'un
😱😵😨😢😱

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Merci bah temps yi 😚😎

Bon début de week-end 😍😚

29/03/2019 Deekha15😎